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Jean Lapègue, conseiller Eau d’Action contre la faim et membre de La Coalition de l’eau, répond aux questions de Dimitri Pavlenko à l'occasion de la Journée mondiale de l'eau.

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Transcription
00:00 Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le spécialiste de l'eau, le docteur Jean Lappegg.
00:07 Bonjour Jean Lappegg.
00:08 Oui bonjour.
00:09 Bienvenue sur Europe 1, vous êtes donc docteur en hydrologie environnementale, conseiller eau pour l'ONG Action contre la faim, membre aussi de la coalition de l'eau.
00:16 Aujourd'hui 22 mars, c'est la journée mondiale de l'eau, elle a lieu chaque année depuis 1993.
00:21 Mais cette année c'est un peu particulier parce que pour la première fois depuis 1977, les États vont se réunir pendant trois jours sous l'égide des Nations Unies à New York pour parler de l'eau.
00:32 Une grande conférence, quel est l'enjeu, quel est le thème de cette conférence Jean Lappegg ?
00:36 C'est un enjeu très important, comme vous le disiez, ça fait 50 ans que les États n'ont pas parlé sous l'égide des Nations Unies sur un sujet qui est absolument central pour des questions de santé publique avant tout,
00:48 des questions de développement durable, des questions de climat qui nous impactent directement en France mais qui impactent encore plus le reste de la planète,
00:56 des enjeux de coopération internationale transfrontalière et puis des enjeux d'atteinte des objectifs de développement durable qui sont prévus pour 2030.
01:04 Il faut dire, et ça c'est très important, que le statut de l'eau est un petit peu particulier, c'est comme on dit en latin une res communis, c'est-à-dire un bien commun,
01:13 donc ça n'appartient à personne, l'usage est commun à tous mais ça suppose aussi qu'en fait il n'y a aucun traité international de l'eau, ça n'est absolument pas régulé,
01:22 il n'y a aucune arène pour en discuter au niveau international Jean Lappegg.
01:25 Effectivement l'enjeu de cette conférence c'est vraiment un enjeu de gouvernance globale du secteur.
01:30 Comme vous le disiez aujourd'hui il y a très peu d'accords contraignants internationaux, il n'y a pas d'accompagnement des États pour atteindre leur objectif de développement durable,
01:39 il n'y a pas d'envoyé spécial et il est demandé accord et accri par 151 États dont la France pour justement encadrer et accompagner les États,
01:48 il n'y a pas de fonds verticaux comme on peut en avoir pour le climat ou pour la santé, bref la gouvernance globale est à construire.
01:55 Quand vous dites un objectif de développement durable en matière d'eau justement, quel est cet objectif Jean Lappegg ?
02:01 Les objectifs de développement durable sont des objectifs liés au droit, c'est-à-dire c'est une atteinte de 100% de couverture en eau et en assainissement pour la planète à l'échelle de 2030.
02:13 Mais est-ce que c'est géographiquement, physiquement possible d'y parvenir ?
02:18 Parce que justement là je fais appel à l'hydrologue que vous êtes, la répartition aujourd'hui de l'eau fondamentalement elle est inégalitaire sur la planète.
02:26 Effectivement il y a aujourd'hui 107 pays qui vont probablement ne pas atteindre cet objectif, c'est un objectif qui est aspirationnel,
02:34 qui demande effectivement une meilleure gestion de l'eau mais également une meilleure répartition de l'eau, il y a des enjeux d'État à État,
02:42 par exemple autour du fleuve Nil, il y a des tensions qui se créent.
02:47 Il y a un barrage notamment que vous bâtis l'Éthiopie et qui menace l'approvisionnement en eau de ses voisins Soudan et le Nil,
02:53 alors voilà ça typiquement ça fait partie des possibles guerres de demain, c'est guerre de l'eau.
02:57 Il y a 10-12 points chauds aujourd'hui sur la planète, le monde par exemple la Crimée,
03:03 aujourd'hui qui est un enjeu, qui a des problèmes d'accès à l'eau et dans le conflit de la guerre en Ukraine c'est absolument parlant.
03:09 Mais plus généralement on observe, Jean Lapègue on en avait parlé sur Europe 1 il y a quelques semaines de cela,
03:13 une diagonale de la soif qui va courir en gros de Tanger du nord de l'Afrique jusqu'au nord de la Chine, c'est immense.
03:19 Et voilà, le problème de l'accès à l'eau va se poser pour une partie significative de la planète.
03:24 Pour nous humanitaires, par exemple Action contre la faim, on travaille dans 51 pays, on apporte de l'eau à 6 millions de personnes par an.
03:31 En 2022, les besoins, le nombre de personnes qui avaient besoin d'un appui humanitaire dans le secteur de l'eau c'était 100 millions de personnes.
03:39 Et quand vous dites "vous apportez de l'eau", c'est-à-dire cette eau elle est sur place mais inaccessible ou bien il faut la faire venir d'ailleurs ?
03:45 - Il y a tous les cas de figure. Quand vous travaillez sur l'Ukraine, vous travaillez à apporter de l'eau aux populations,
03:51 à réhabiliter les infrastructures qui ont été bombardées.
03:54 Dans certains pays, par exemple en Afrique subsaharienne ou dans le Moyen-Orient, on fait du forage,
04:00 on aide les populations à accéder à la ressource hydrique de sous-sol.
04:04 Tous les contextes sont divers. Il y a un très fort enjeu également sur l'assainissement.
04:09 Aujourd'hui, un quart de la planète n'a pas accès à de l'eau potable, mais plus de 40% de la planète n'a pas accès à un assainissement et les deux sont très connectés.
04:18 - Alors l'assainissement qui est aussi un sujet en France, on sait que notamment il y a aussi des problèmes de fuite, de perte d'eau.
04:24 Est-ce qu'il est question, au niveau des... Vous, dans les milieux humanitaires, Jean Lapec,
04:29 vous discutez d'éventuelles répartitions de l'eau à une échelle planétaire, à une échelle mondiale. Est-ce seulement envisageable ?
04:38 - Je pense que c'est lié à ces enjeux de gouvernance globale de l'eau. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il faut vraiment considérer ce qu'on appelle "concycle de l'eau",
04:44 c'est-à-dire l'eau dans son entièreté, y compris atmosphérique. Et en fait, aujourd'hui, les solutions globales, comme les solutions basées sur la nature,
04:53 tout le passage au solaire, la réduction des gaz à effet de serre, tout ça, ça va dans le même sens.
05:00 Donc en fait, cet enjeu que les États se parlent est fondamental pour ça. Il faut bien rappeler que, devant les crises que l'on souffre actuellement,
05:10 crise sanitaire, les conflits, la crise climatique, les États ne se sont pas parlé depuis 46 ans sous l'égide des Nations Unies.
05:18 - Il est fort possible que cette conférence, malgré tout, Jean Lapec, soit un échec. On le voit bien aujourd'hui, cette idée d'une communauté internationale,
05:27 comment dire, elle est devenue plus que théorique.
05:30 - Cette conférence, elle n'est pas censée, dès le début, produire des déclarations politiques. Par contre, c'est un point d'attention qui est très important,
05:39 qui arrive au milieu de la décade de l'eau des Nations Unies. On attend la nomination par le secrétaire général d'un envoyé spécial pour l'eau,
05:47 qui permettrait d'incarner le secteur, de coordonner les pays entre eux, de les appuyer à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.
05:56 Déjà, si on obtient ça, c'est énorme. Et puis, les 151 États qui sont présents à la conférence vont également échanger sur les sujets essentiels dont on vient de parler.
06:05 - Merci Jean Lapec d'être venu ce matin sur Europe 1. Je rappelle que vous êtes conseiller eau pour l'ONG Action contre la faim, elle-même membre de la coalition de l'eau.
06:13 Bonne journée à vous. Merci à vous. - Merci à vous.

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