"S'il faut endosser l'impopularité du pays, je l'endosserai". Selon une nouvelle enquête "L'Opinion en direct" mené par l'institut Elabe pour BFMTV, 61% des Français ont le sentiment que les propos tenus par Emmanuel Macron lors de son interview de mercredi auront pour conséquence de provoquer plus de colère dans le pays, en pleine crise politique liée à la réforme des retraites.
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00:00 Quel sera l'impact de l'intervention du président de la République hier à la mi-journée ?
00:03 Le président qui voulait rassurer, une nouvelle fois justifier évidemment du bien fondé de la réforme des retraites.
00:09 Quand on regarde le sondage BFMTV et l'app BFMTV, l'opinion en direct, on se dit que ce n'est pas gagné.
00:15 Oui parce qu'Emmanuel Macron ne change rien, du coup ça ne change rien.
00:19 Selon notre sondage, vous l'avez dit Christophe, 71% des Français ne l'ont d'ailleurs pas trouvé convaincant.
00:24 Et entre nous, ça n'est pas très étonnant parce qu'à partir du moment où il se refusait à faire un geste politique pour tirer la leçon du conflit,
00:30 en retirant son projet par exemple, en remaniant ou en choisissant de dissoudre l'Assemblée, il ne lui restait que la parole.
00:36 Et du coup, même s'il a rappelé les enjeux, la nécessité de la réforme, plutôt mieux d'ailleurs que tout ce qu'on avait entendu depuis deux mois,
00:43 il est resté campé sur ses positions qui pourraient se résumer à ce vieux slogan de Margaret Thatcher, "There is no alternative".
00:49 Vous savez, on peut traduire par "on ne peut pas faire autrement", pas d'alternative pour sa réforme, on n'aurait pas le choix parce que c'est la seule réforme
00:56 qui permettrait de sauver le système par répartition. Pas d'alternative non plus dans l'opposition qui a échoué à voter la censure.
01:01 Donc si on l'entend, c'est comme ça et pas autrement. Et comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, le chef de l'État s'est livré à un autoportrait en percourage.
01:08 Cette réforme ne lui fait pas plaisir, il ne cherche pas à être réélu puisqu'il ne peut pas l'être, il l'a fait par esprit de responsabilité et au nom de l'intérêt général.
01:15 C'est quand même une façon de sous-entendre que ses opposants ne seraient animés, eux, que par une forme de lâcheté ou par la défense d'intérêts particuliers.
01:21 Alors il y a un mot qui est beaucoup revenu hier dans les réactions des syndicats et des opposants, c'est le mot "mépris".
01:26 Oui, on l'a pourtant connu plus cassant, plus méprisant, mais l'arrogance est un trait d'image régulièrement associé au président.
01:32 Et l'interview d'hier n'a rien corrigé sur ce point. On a entendu par exemple parler de "smicard" pour désigner les personnes qui touchent le smic,
01:37 qui n'est pas un terme très élégant. Pire, son intervention a devenu apaisée, elle a plutôt attisé la colère, si on en croit toujours, notre sondage est là,
01:44 puisque 61% des personnes interrogées considèrent que son intervention provoquera encore plus de colère.
01:51 Il faut dire qu'il avait un peu ouvert la boîte à gifles hier, il s'en est pris à ses opposants qui, selon lui, n'ont rien proposé,
01:56 et selon ses mots, ne l'ont pas concurrencé sur le terrain de la responsabilité. Il s'en est pris à ses prédécesseurs aussi,
02:02 repeints en roi fainéant, qui se seraient contentés, selon ses mots, de mettre la poussière sous le tapis, ce qui est faux, factuellement,
02:07 puisqu'il y a eu une réforme des retraites sous François Hollande, une sous Nicolas Sarkozy, une sous Jacques Chirac.
02:11 Il s'en est pris aux jeunes qui brûlent des poubelles et d'immobiliers urbains, c'est factieux, dit-il, qu'il a comparé à la tentative du coup d'État du Capitole,
02:18 ce qui est évidemment excessif. J'assume ce moment qui en permettra d'autres, a-t-il dit, comme si ce que nous vivions, au fond,
02:24 n'était pas une crise sociale, politique, voire institutionnelle, mais n'était qu'un mauvais moment à passer avant d'imaginer la suite.
02:29 – Voilà, et l'idée, rapidement, pour le président de la République, c'est de continuer à dérouler son programme, ses projets,
02:34 travail, éducation, santé, écologie. – Oui, il a tenté, mais la vérité, c'est qu'il est coincé, parce que comment gouverner ?
02:38 En tentant de faire revenir les syndicats, par exemple, autour de la table, pour parler bas salaire, évolution de carrière, usure au travail,
02:43 ou cette fameuse taxe sur les entreprises dont nous parlait Nicolas tout à l'heure, ça ne suffira vraisemblablement pas.
02:47 Élargir la majorité aux hommes et aux femmes de bonne volonté, de droite, de gauche et de l'écologie, comme il invite à le faire Elisabeth Borne,
02:53 la belle affaire, ce n'est pas facile à faire. Du coup, quand on a du mal à faire passer des lois, on fera moins le loi, c'est ce qu'il a dit,
02:59 tout ne passe pas par la loi, on fera des lois plus courtes, plus techniques, moins respectives. Un principe de réalité qui revient quand même
03:05 à contourner le Parlement, une drôle de façon d'imaginer le renouveau démocratique.