Le maire de Béziers, Robert Ménard, était l’invité de Laurence Ferrari dans #LaMatinale sur CNEWS.
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00:00 Laurence, vous recevez Robert Ménard.
00:01 Bonjour Robert Ménard.
00:02 Bonjour.
00:03 Bienvenue dans la matinale de CNews.
00:04 La prise de parole d'Emmanuel Macron hier
00:06 est-elle de nature à faire baisser la tension
00:08 alors que des centaines de milliers de Français
00:09 vont descendre dans la rue aujourd'hui
00:11 pour protester contre une réforme des retraites
00:12 qui a été adoptée par le Parlement ?
00:15 Ça me semble mal barré, c'est étonnant
00:16 parce que, vous savez, les enfants ils disent
00:18 "ça n'imprime pas".
00:20 J'ai l'impression qu'il est inaudible aujourd'hui.
00:24 Vous n'avez rien retenu de son discours hier ?
00:25 Non, enfin, qu'est-ce que vous avez retenu ?
00:27 Il a dit des choses où il a raison en plus,
00:28 par exemple sur les violences, il a raison.
00:30 Mais même ça, il a la maladresse ensuite
00:33 de comparer avec ce qui s'est passé au Brésil
00:37 ou au Capitole.
00:38 C'est plutôt à l'État-Unis.
00:39 Oui, ce qui n'est pas évidemment comparable et tout.
00:42 Je ne sais pas, ça ne marche pas,
00:44 il n'a pas les mots,
00:45 il n'a peut-être pas l'empathie vis-à-vis des gens,
00:48 peut-être qu'il ne sait plus leur parler.
00:50 Enfin, moi j'ai été étonné, je me suis dit
00:52 "mais pour intervenir comme ça de façon un peu solennelle,
00:55 il faut annoncer un certain nombre de choses".
00:57 Annoncer un changement de méthode dans les trois semaines,
01:00 méthode de rien du tout.
01:01 Ça fait un an qu'ils essayent de trouver des moyens
01:05 d'accrocher telle ou telle majorité
01:07 sur tel ou tel projet de loi.
01:08 Ça ne marche pas.
01:09 Et puis demander à la Première Ministre
01:12 d'élargir la majorité, avec qui ?
01:14 Personne n'en veut.
01:15 Je veux dire, j'étais un peu sidérée.
01:16 À droite, à gauche, avec les écologistes, à Thierry.
01:18 Oui, enfin, attendez, vous en connaissez,
01:20 vous savez, des écologistes qui sont prêts
01:21 à venir avec lui, des socialistes.
01:23 Faire un projet de loi peut-être,
01:24 et en fait renouvelable, voilà.
01:25 Il l'a réussi, mais attendez,
01:27 sauf que là, ça se passe tellement mal.
01:29 Alors que sur le fond, c'est ça le pire.
01:31 C'est que sur le fond, quand il dit
01:33 "elle est indispensable, la réforme,
01:35 une réforme est indispensable",
01:37 il a raison, il a raison.
01:39 Le reste, c'est de la démagogie,
01:40 de dire qu'il faut pas, qu'on peut ne rien faire.
01:43 Mais même ça, il n'arrive pas à le faire entendre par les gens.
01:46 Est-ce qu'au bout d'un moment, plus personne ne t'écoute ?
01:49 C'est peut-être ça.
01:50 Est-ce qu'il avait raison de faire la comparaison
01:51 entre la foule qui n'a pas de légitimité
01:53 face au peuple qui s'exprime à travers ses élus ?
01:56 C'est une maladresse.
01:58 La phrase est une maladresse.
02:00 Si vous mettez en cause les casseurs, les voyous et tout,
02:03 il a raison.
02:04 Entre les casseurs et les voyous,
02:05 c'est pas eux qui vont faire la loi,
02:07 ça se fait au Parlement.
02:08 Mais la formule, elle est mal choisie.
02:10 Et là encore, c'est étonnant.
02:12 Au lieu de, comment vous dire,
02:13 tu choisis une nouvelle formule,
02:15 ça t'arrive, ça arrive à tout le monde,
02:16 ça m'arrive plein de fois.
02:17 Après, tu dis "j'aurais pas dû le dire comme ça",
02:20 "j'aurais pas dû choisir ce mot".
02:22 Non, on a le sentiment que le chef d'État,
02:24 il est incapable du moindre mea culpa,
02:27 il est incapable de dire "c'était une mauvaise formule".
02:29 Écoutez, voilà, oubliez ce que j'ai dit là,
02:32 voilà ce que je voulais dire.
02:33 Je visais pas les manifestants.
02:35 Il le dit, mais il le dit pas,
02:37 je sais pas, avec l'empathie pour les gens.
02:40 Les gens aujourd'hui...
02:41 Attendez, moi je pense que,
02:43 aujourd'hui, encore une fois,
02:45 ne pas vouloir faire une réforme,
02:46 c'est un mensonge de dire ça aux gens,
02:49 qu'on peut se passer d'une réforme.
02:50 C'est un mensonge.
02:51 Mais en même temps, tu vois les gens dans la rue,
02:53 et tu te dis "qu'est-ce qu'il fait qu'ils sont dans la rue ?"
02:56 Ils le sont pour la réforme,
02:57 mais sûrement pour d'autres raisons.
02:58 Mais je sais pas, il...
03:00 Il a pas trouvé les mots, pardon.
03:01 Oui, il arrive plus à coller aux gens.
03:03 Quand il dit, il dénonce les factieux, les factions,
03:06 il s'adresse à qui en fait ?
03:08 C'est l'extrême gauche qu'il dénonce ?
03:10 Ces manifestants tard le soir ?
03:12 Pardon, autant, je suis pas d'accord avec ce que je viens de vous dire,
03:14 autant il a raison là.
03:16 Les petits casseurs insupportables,
03:19 il a raison de dire qu'on ne doit pas le tolérer.
03:22 Je ne comprends pas, je vais vous dire,
03:24 je ne comprends pas comment même on tolère un minimum,
03:26 on les tolère pas beaucoup, mais on doit les tolérer encore moins,
03:29 des gens qui, c'est depuis jeudi dernier,
03:31 il y a plus de 90 policiers qui ont été blessés.
03:35 Le problème, c'est pas seulement ces gens-là, c'est un problème,
03:38 mais c'est comment il se fait
03:41 qu'un certain nombre de gens, en particulier à l'extrême gauche,
03:44 aient pas les mots pour le dénoncer.
03:47 Regardez le nombre de leaders de la France Insoumise.
03:49 Jean-Luc Mélenchon, oui, regardez sur Ciotti par exemple,
03:52 sur le saccage, vous savez, enfin...
03:54 De la part de Manon Thierry de Ciotti à Nice.
03:56 Oui, c'est évidemment condamnable, mais il a juste...
03:59 Mais, Monsieur Ciotti, il faut arrêter avec le "mais".
04:03 C'est, on le condamne ou on le condamne pas,
04:06 parce que quand tu dis ça, finalement tu finis par trouver des excuses.
04:11 Et en plus, pardon, je vous rappelle que les assassins, bourreaux,
04:15 monstres à l'Assemblée Nationale,
04:17 si vous avez à face de vous des gens qui sont des assassins,
04:20 des bourreaux et des monstres,
04:21 évidemment que toute la violence est permise.
04:23 Mais c'est pas vrai que le gouvernement,
04:25 c'est des assassins, des bourreaux et des monstres.
04:27 Tu peux ne pas être d'accord avec lui.
04:28 Donc, il y a un vocabulaire de haine qui est tenu...
04:32 Qui attise la violence dans la rue.
04:33 Qui ouvre la porte à la violence.
04:35 Si je dis de vous, vous êtes un assassin,
04:38 madame, si le type à côté vous tape dessus,
04:41 il va dire "je tape sur un assassin",
04:42 il aura en plus la bonne conscience.
04:44 Et dernier point, longtemps, trop longtemps,
04:47 les médias, globalement, la classe politique, globalement,
04:50 un certain nombre d'intellectuels, la majorité des intellectuels,
04:53 ont fait quoi ?
04:54 Ont trouvé des excuses à un discours de haine,
04:58 de haine qui est insupportable.
04:59 Et comme ça venait de la gauche,
05:01 - Pas les païtous.
05:02 - Voilà, si ça avait été le Rassemblement National,
05:04 moi je ne suis pas toujours d'accord avec le Rassemblement National,
05:06 mais qui avait dit le quart de ce que disent ces higots-tôt-là,
05:09 ces voyous-là, vous imaginez le tôlé.
05:11 - Vous faites la différence donc entre ceux qui manifestent le soir,
05:14 ces petits groupes assez mobiles dans les grandes rues,
05:18 dans les rues des grandes villes plutôt, ou des moyennes villes,
05:21 Rennes notamment,
05:23 et ceux qui vont manifester aujourd'hui,
05:24 ces centaines de milliers de personnes qui vont descendre
05:26 pour dire non à la réforme de la retraite.
05:27 - Ça n'a rien à voir.
05:28 Il y a, alors je ne dis pas un travail de pédagogie,
05:31 parce que je déteste ce mot,
05:33 il y a un travail d'explication qu'il faut faire
05:35 par rapport aux centaines de milliers
05:37 ou les millions de gens qui sont descendus dans la rue,
05:39 les autres, il faut les prendre et les mettre où ils sont,
05:43 c'est-à-dire en prison, c'est là leur place.
05:45 Mais pardon, ce sur quoi devrait s'interroger le chef de l'État,
05:49 c'est comment, malgré les débats patatis patatoum,
05:53 on n'arrive pas à faire entendre un certain nombre de choses.
05:57 Comment se fait-il que les gens restent sur la position ?
05:59 Vous avez vu les sondages, ça n'a pas bougé.
06:01 Alors je ne sais pas, peut-être que dès le début, on s'y est mal pris.
06:05 Expliquer que cette réforme n'est pas injuste, c'est un mensonge.
06:12 Elle est injuste, elle est injuste pour tout le monde.
06:13 C'est comme ça que les pensées la ressentent.
06:15 Mais oui, elle l'est.
06:16 23% d'entre vous sont en contre la politique sociale.
06:18 Elle l'est, elle l'est.
06:19 Et vous obligez à travailler de deux ans.
06:21 Alors je ne vous prends pas votre exemple,
06:22 parce que vous faites un métier un peu à part.
06:24 Pour les 9/10 des gens, travailler deux ans de plus,
06:27 bien sûr que c'est difficile.
06:29 Alors il faut simplement dire, ça, on ne peut pas éviter de le faire.
06:32 Expliquez pourquoi.
06:34 Il y a une démagogie.
06:35 Et ne pas laisser entendre qu'à un certain nombre,
06:39 qu'il y a une alternative.
06:40 Le Rassemblement national, moi j'ai lu, vous savez, leur motion.
06:44 Ils disent, elle est injuste, la réforme, ils ont raison.
06:46 Elle est inutile.
06:47 Bien sûr qu'elle n'est pas inutile.
06:49 Bien sûr qu'il faut répondre au fait qu'on a de moins en moins d'enfants
06:52 et qu'on vit de plus en plus longtemps.
06:54 Quant à la France insoumise.
06:57 Je ne sais pas si vous avez lu, ils proposent,
06:59 enfin quand même de temps en temps, tu tombes sur la tête là.
07:02 Ils proposent la retraite à 1 600 euros minimum.
07:07 Déjà, je ne sais pas comment on peut la payer.
07:09 Mais y compris pour les gens qui sont inscrits au RSA.
07:13 Concrètement, ça veut dire quoi ?
07:15 Ça veut dire que quelqu'un qui n'aurait jamais travaillé,
07:19 parce que tu peux être au RSA longtemps,
07:21 ce n'est pas une bonne chose, mais tu peux être au RSA longtemps,
07:23 tu pourrais avoir ne jamais travaillé et touché 1 600 euros de retraite.
07:28 Parce que c'est ça aussi le fond du problème.
07:31 C'est qu'aujourd'hui, il y a tout un tas de gens qui sont exaspérés aussi
07:35 par une assistance à des gens qui, oui, il faut faire de l'assistance,
07:38 mais avec des limites et ils n'en peuvent plus.
07:40 Une partie des propos d'Emmanuel Macron à ce sujet-là ont choqué.
07:43 Il dit jamais les smicards n'ont autant vu leur pouvoir d'achat augmenter.
07:46 Et puis il dit, il faut aller chercher les bénéficiaires du RSA,
07:48 les aider à revenir vers l'emploi.
07:50 Il dit, il y a des gens qui disent, vraiment, certains ne travaillent jamais
07:54 et ils auront quand même le minimum d'AS.
07:55 Il a raison là-dessus.
07:56 Il a raison, écoutez, moi, j'ai fait un truc dans ma mairie,
07:59 ça m'a valu le pire emmerdement.
08:01 Vous savez, la mairie, les mairies, pas la mairie, toutes les mairies,
08:03 donnent des aides sociales.
08:05 Vous savez, on donne des aides, je ne sais pas,
08:08 il y a des gens qui ne peuvent pas se payer le permis de conduire,
08:10 par exemple, quand tu as 20 ans.
08:11 Or, pour trouver un boulot, si tu n'as pas le permis de conduire,
08:13 tu peux t'accrocher.
08:14 Puis il y a des gens qui n'ont pas d'argent, on leur donne l'argent.
08:16 Moi, j'ai mis en place juste un système.
08:18 Je vous réponds ça parce que c'est le même système.
08:20 J'ai mis en place un système.
08:21 Pour avoir ces 1 000 euros, pour compter d'avoir le permis,
08:25 il faut que tu travailles, soit pour une association, soit pour la mairie.
08:28 Mais que tu travailles.
08:29 - C'est donnant-donnant quoi.
08:30 - Mais oui, donnant-donnant.
08:31 Mais attendez, la gauche a hurlé comment vous mettez des conditions à l'aide.
08:35 Oui, et là-dessus, il a raison.
08:37 Moi, je suis d'accord là-dessus.
08:39 Quand tu touches le RSA, tu dois, en échange, faire un certain nombre de choses.
08:43 Et je pense que tout le monde le comprend.
08:45 Tout le monde le comprend.
08:46 L'immense majorité des gens laissaient parler la classe politique, les syndicats.
08:50 Là, ils sont hors l'opinion publique.
08:52 L'opinion publique, elle ne supporte plus l'idée que tu puisses ne pas travailler
08:57 et avoir les mêmes avantages que quelqu'un qui travaille.
08:59 Ce n'est pas normal.
08:59 - Absolument. Et il faut que le travail paye aussi.
09:01 - Mais attendez, il faut qu'il y ait plus d'écart entre les gens qui ne travaillent pas
09:04 et les gens qui travaillent.
09:05 Moi, je vois des gens qui me disent "Mais regardez, ma feuille de salaire,
09:08 c'est quasiment la même chose que quelqu'un qui ne travaille pas".
09:11 Bien sûr que c'est désespérant.
09:12 Ça, il faut le faire.
09:13 Et ça, personne ne le fait.
09:15 Évidemment pas la gauche, mais même pas la droite a le courage de le faire.
09:17 - La prochaine loi sur le travail, déjà la loi d'immigration
09:20 va sans doute être mise de côté et découpée en appartements.
09:23 Celle sur le travail, elle est fondamentale.
09:25 C'est à la question des salaires, du partage de la valeur, de l'intéressement.
09:28 Avec qui il peut négocier ça ?
09:29 - Je ne sais pas.
09:30 Quand il dit à Mme Borne "Il faut construire une majorité", mais avec qui ?
09:33 - Vous avez vu la réaction des syndicats ?
09:35 CFDT, ils sont ulcérés.
09:37 - Ils sont ulcérés.
09:38 Aujourd'hui, imaginez qu'un texte de loi...
09:41 Je ne dis rien, parce qu'il y en a.
09:43 Ils viennent d'adopter celui sur les centrales nucléaires.
09:47 Là, aujourd'hui, c'est sur les Jeux olympiques encore
09:49 qu'il va falloir voir comment votent les uns et les autres.
09:51 Mais il obtiendra une majorité.
09:52 Mais dès qu'on touchera des choses essentielles,
09:55 aujourd'hui, je ne vois pas comment ça peut durer.
10:00 Et il ne peut pas ne pas faire des changements.
10:02 Alors est-ce que c'est son amour propre, son égo qui fait que...
10:06 Vous savez, souvent, on est comme ça.
10:07 Je te demande de faire quelque chose,
10:08 juste le fait de te le demander, tu ne veux pas le faire.
10:10 Alors est-ce que ça veut dire que dans trois semaines ou un mois,
10:13 il n'y aura plus Mme Borne et il acceptera les changements
10:16 qu'il n'a pas acceptés là ?
10:17 C'est un des scénarios possibles.
10:18 - Sur la loi immigration, il peut effectivement la découper en plusieurs textes.
10:21 Il dit "Il y a trop de lois en France".
10:23 Bon, OK.
10:23 - Ça fait combien de temps qu'il le dit ?
10:25 - Il en fait voter toujours autant.
10:26 - Tous les jours.
10:27 Mais est-ce qu'il peut faire une partie, par exemple,
10:29 sur la régularisation des sans-papiers qu'il pourrait faire voter par la gauche ?
10:32 Une partie sur l'expulsion des clandestins qu'il pourrait faire voter par la droite ?
10:35 C'est ça, ce qui va se passer ?
10:36 - Je ne suis pas sûr que la droite et la gauche soient assez stupides
10:38 pour ne pas comprendre la manœuvre.
10:40 Parce que, je veux dire, c'est tellement gros comme ficelle,
10:43 je ne suis même pas sûr que ça fonctionne comme ça.
10:46 Oui, je vois bien ce qu'il veut faire en se disant
10:47 "Je veux faire des majorités successives".
10:50 Mais là, on n'est pas...
10:51 Attendez, ça a été possible pendant un an.
10:53 Il a l'air de dire, le pari d'Emmanuel Macron, c'est de dire
10:56 "Ça, c'est une parenthèse, c'est sûr, ça se passe comme ça,
10:59 mais on va revenir à ces majorités successives".
11:02 Je ne suis pas sûr qu'on oublie facilement ce qui est en train de se passer
11:06 et que la droite et la gauche le fassent.
11:08 Et en plus, la droite est quand même implosée.
11:11 C'est quoi les Républicains aujourd'hui ?
11:13 C'est qui ?
11:14 - Faut qu'ils fassent un accord de gouvernement avec Emmanuel Macron ?
11:16 - J'en sais rien, c'est leur affaire.
11:17 Mais surtout, ils existent comment ?
11:20 Quand les Républicains s'engagent, c'est qu'une partie qui s'engage.
11:24 Vous avez vu quand même 19 qui ont voté la motion de censure.
11:28 Ça veut dire qu'aujourd'hui, c'est un parti en perdition.
11:32 - Un tout petit mot de la visite du roi Charles III.
11:34 Il doit arriver dimanche en France, dîner d'État à Versailles.
11:37 Vous pensez que c'est un bon timing ?
11:40 - C'est un mauvais timing pour deux raisons.
11:43 La première raison, c'est que j'aimerais pas être le roi dans les rues de Paris
11:46 parce qu'alors, il va falloir mettre un paquet de policiers au mètre carré
11:50 parce que la tentation sera tellement grande pour les opposants à la réforme
11:53 de foutre la pagaille.
11:54 Je veux dire, ça va être compliqué.
11:55 Et puis honnêtement, vous êtes sûr qu'aujourd'hui, l'image de la France somptueuse
12:03 à Versailles par rapport aux difficultés des gens
12:07 et à l'exaspération d'une partie de la population,
12:10 c'est le bon timing, votre réponse ?
12:12 C'est évidemment pas le bon timing.
12:14 Alors, est-ce que tu peux aujourd'hui annuler la visite ?
12:16 - Peut-être que c'est ce qu'il faut faire parce que là, honnêtement,
12:19 c'est le fiasco assuré.
12:20 - La question des poubelles, évidemment.
12:22 Elle est pregnante à Paris.
12:23 La grève est reconduite jusqu'à lundi.
12:24 Vous avez le même problème à Béziers ou pas ?
12:26 - Aujourd'hui, j'ai des gens, pas qui ramassent les poubelles en l'occurrence
12:31 parce qu'eux le font pas, mais des gens extérieurs.
12:33 Je vous garantis que je suis pas le maire de Paris.
12:37 Mais enfin, attendez, elle prend la monnaie de sa pièce.
12:39 C'est bien fait pour elle.
12:40 - Par l'état d'Inaldo.
12:42 - Madame Inaldo.
12:43 - Mais enfin, attendez, elle a ouvert son hôtel,
12:45 elle a fermé son hôtel de ville en signe de solidarité.
12:49 Elle a refusé de réquisitionner.
12:51 Elle a dit que jamais il ne briserait une grève.
12:53 Toujours, attendez, c'est bien fait pour elle.
12:55 Le problème, c'est que c'est bien fait pour elle.
12:57 Mais qui c'est qui paye l'addition ?
12:58 C'est les Parisiens.
12:59 Moi, ce qui me sidère, c'est qu'en même temps,
13:01 tout le monde me dit ça à Paris.
13:02 Quand je vois des copains, ils me disent "on en a marre d'elle".
13:04 Pardon, il y a un certain nombre de gens qui ont voté pour elle.
13:07 Enfin, c'est invraisemblable.
13:08 Mais ça, qu'elle ne se plaigne pas.
13:10 Mais peut-être qu'elle s'en fout des mauvaises odeurs, de l'accumulation.
13:13 Moi, ce serait comme ça chez moi.
13:15 A Bézier, je serais catastrophé.
13:17 Mais je ne le tolérerais pas.
13:18 - Et vous en verriez quoi ?
13:19 - Enfin, attendez, moi, je réquisitionnerais
13:21 et je ferais ramasser les poubelles.
13:23 Enfin, vous rigolez.
13:24 Vous rigolez, mais c'est inacceptable.
13:25 Les gens, la propreté et la sécurité,
13:27 c'est le béaba que doit assurer un maire.
13:29 Je ne suis pas sûr qu'elle assure beaucoup la sécurité.
13:32 La propreté, on a la preuve qu'elle est incapable de le faire.
13:34 - Un dernier mot sur Éric Zemmour,
13:35 qui ne vous épargne pas dans son dernier livre.
13:37 Il dit, il vous a traité de Judas, de Bézier.
13:40 Ça vous a blessé ?
13:41 Et d'ailleurs, on parlera de lui parce que le maire de Villers-Bannes
13:43 ne veut pas qu'il signe son livre.
13:45 - Ça, c'est dégueulasse.
13:45 Enfin, attendez, comment vous pouvez expliquer
13:48 que quelqu'un ne peut pas venir signer votre livre chez vous ?
13:51 Enfin, c'est absurde.
13:52 Il est de gauche, je suppose, ce type-là,
13:55 pour avoir une attitude comme ça.
13:56 Enfin, c'est méprisable.
13:58 C'est lui qui est méprisable et c'est lui qui est en faute.
14:00 Bien sûr que ça m'a blessé.
14:02 Ça m'a blessé. Pourquoi ?
14:03 Parce que moi, je m'attendais, comment vous dire,
14:05 à quelque chose sur le fond.
14:07 Enfin, quand vous avez des échecs,
14:09 vous vous demandez qu'est-ce qui s'est passé.
14:11 Pas du tout, c'est un règlement de compte.
14:13 Et en plus, les mots qu'il emploie à mon égard,
14:16 au fond, c'est les mêmes mots, la même violence
14:19 que je lui ai reproché tout le long de sa campagne.
14:22 Puis je le lui ai dit, il a tort de dire ça,
14:25 parce que j'étais un de ceux, je me rappelle,
14:27 on se voyait jusqu'au mois de juin,
14:29 on se voyait régulièrement pour sa campagne.
14:30 Dès le mois de juin,
14:31 on lui a dit que c'était une mauvaise idée.
14:33 Il est venu chez moi en octobre,
14:35 chez moi à Béziers en octobre,
14:37 j'ai fait une intervention dans son meeting
14:38 pour expliquer pourquoi je ne le soutenais pas.
14:42 Au mois de janvier, je le lui ai redit.
14:44 On s'est revus à Paris.
14:45 Je lui ai redit parce qu'il fait une bonne analyse.
14:48 Je lui ai dit dix fois, il a du talent,
14:51 il a de la culture, je conteste pas,
14:52 il fait une bonne analyse,
14:54 mais d'une brutalité dans ses conséquences
14:56 qui est insupportable aux gens.
14:58 La preuve, résultat.
15:00 Voilà, je pense que c'est difficile,
15:02 peut-être à chaud,
15:03 c'est difficile de se dire,
15:05 j'ai pas eu le bon ton,
15:06 je me suis trompé et tout ça.
15:09 C'est difficile pour tout le monde,
15:10 pour lui, pour moi et tout.
15:11 Je le regrette d'autant qu'encore une fois,
15:13 sur toute une partie de l'analyse
15:15 de la situation en France, je la partage.
15:17 On ferait mieux de trouver une façon de se parler.
15:19 Un tout dernier mot,
15:19 vous êtes inquiet sur l'état de notre pays ?
15:21 Comment est-ce qu'on va sortir de l'impasse
15:23 dans laquelle le gouvernement s'est mis ?
15:25 Je sais pas.
15:26 Je suis inquiet parce que je trouve
15:27 qu'il y a une violence dans les propos.
15:29 Tout à l'heure, je vous disais
15:30 ce qui se dit à l'Assemblée et tout.
15:32 Une détérioration du débat, du dialogue.
15:35 La démocratie, c'est quand même se dire,
15:37 je suis pas d'accord avec toi, mais je discute.
15:39 On n'arrive même pas à s'entendre
15:41 sur les bases de discussion.
15:42 Si on n'est pas d'accord tous les deux
15:44 pour dire que cette table est en vert,
15:46 c'est difficile de parler de l'avenir de la table.
15:49 Si en France, on n'est pas d'accord,
15:51 on n'arrive même pas à se mettre d'accord sur la base.
15:53 La base, par exemple, sur la retraite,
15:55 c'est, attendez, on a moins d'enfants,
15:57 c'est un constat.
15:58 On vit plus longtemps.
16:00 Il y a des gens qui ne font pas le même boulot que d'autres.
16:03 Si on veut que les femmes aient plus d'enfants,
16:05 il faut peut-être que les traiter mieux qu'on ne les traite.
16:08 Si on n'arrive même pas à se mettre d'accord sur ce constat,
16:11 comment on va construire ce pays-là ?
16:12 Le problème, c'est qu'aujourd'hui,
16:14 il y a une montée aux extrêmes qui est problématique.
16:17 Qui est problématique parce qu'elle est
16:20 la garantie qu'on ne trouvera pas de solution.
16:22 Je vais vous dire quelque chose.
16:23 Moi, je me fiche complètement de l'avenir de M. Macron.
16:26 Moi, ce que je veux, je ne proteste pas pour ou contre M. Macron.
16:30 Ce qui m'intéresse, c'est mon pays.
16:32 Aujourd'hui, chacun sait, est-ce que je vais lui faire la peau
16:35 ou pas lui faire la peau ?
16:36 Ce n'est pas la question.
16:37 Merci beaucoup, Robert Ménard, d'être revenu ce matin
16:38 dans la matinale de CNews.
16:40 À vous, Romain Désarbe, pour la suite.
16:41 [Musique]