Roman Frayssinet est dans Small Talk avec David Castello-Lopes

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Transcript
00:00 [Musique]
00:03 T'as fait chinois de deuxième langue ?
00:04 T'as gué l'antar ?
00:05 T'as testé des piscines ?
00:06 T'as vendu des saucisses aussi ?
00:07 Ils sont marrants tes parents ?
00:09 Et tu lui avais pété sa gueule ?
00:10 T'as grandi à Chevilly-la-Rue ?
00:11 En quoi ça consiste un endroit ?
00:12 [Musique]
00:14 Euh...
00:17 [Musique]
00:20 Bienvenue dans Smalltalk.
00:21 Smalltalk c'est un...
00:22 Ça veut dire "petite conversation".
00:23 Ouais, ouais, je connais.
00:25 Et en fait le concept c'est assez simple,
00:28 c'est je reçois des gens connus.
00:29 En l'occurrence aujourd'hui toi, Romain De Fresciney.
00:32 Et on va parler de tout,
00:34 sauf de ce pourquoi tu es connu.
00:36 Ah mais c'est parfait.
00:37 Voilà.
00:38 Alors, ceci dit, c'est le concept du podcast.
00:41 Mais moi aussi j'aime bien faire des entorses des fois.
00:43 Tu vois, je lui mets des petites clés de bras immédiatement.
00:45 Et donc, je pense qu'on va quand même parler un petit peu
00:48 de ce pourquoi tu es connu.
00:50 On parle de ce que tu veux.
00:51 On parle vraiment.
00:52 Alors là, je suis bavard.
00:53 Donc, tout ce que tu veux.
00:56 Première question.
00:57 Alors, c'est un peu vache,
01:00 mais on s'est déjà vu dans notre vie.
01:03 Est-ce que tu te souviens où c'était ?
01:04 Canal Tour.
01:05 Exactement.
01:06 À Rennes.
01:06 Ouais.
01:07 Exactement, Liberté, je me souviens.
01:09 Tout à fait.
01:09 On avait bien rigolé dans nos souvenirs.
01:11 On avait bien rigolé.
01:12 Mais est-ce que tu te souviens que c'était une soirée un peu dure
01:16 pour les gens qui étaient passés sur scène ?
01:17 C'était très dur pour les gens qui étaient passés sur scène.
01:19 Juste pour les auditeurs,
01:20 qu'est-ce que c'est que le Canal Tour ?
01:22 Le Canal Tour c'est...
01:24 Le Canal Tour c'est une tournée de spectacle qui est organisée par Canal pour les abonnés.
01:29 Et donc, il y a des personnalités qui passent sur Canal+,
01:33 qui montent sur scène,
01:34 et il y a des choses qui sont présentées, etc.
01:36 Et les gens qui viennent, c'est des abonnés de Canal+, c'est ça ?
01:39 Et c'est pour qu'on voit des gens de l'antenne ?
01:41 Ouais, exactement.
01:42 C'est que des personnalités qu'ils voient exclusivement,
01:45 on va dire, à la télévision,
01:46 qui ont moyen de se rencontrer.
01:47 C'est une bonne idée en vrai.
01:49 Il y a quelque chose de très sympa.
01:50 C'est une bonne ambiance.
01:51 Et ce soir-là, il y avait Hakim Thumili,
01:53 il y avait Fadi Kamara,
01:54 il y avait toi, t'as été tête d'affiche.
01:56 Ouais.
01:57 Et c'était dur.
01:59 Ouais, c'est dur.
02:00 Le problème avec les blagues,
02:02 c'est que quand les dispositions...
02:05 En fait, il y a beaucoup de gens qui pensent que
02:09 on est capable de le faire n'importe où, n'importe comment,
02:11 et que ça peut marcher dans toutes les situations,
02:14 alors que l'humour a besoin d'un contexte vraiment précis.
02:17 Un contexte d'écoute particulier,
02:19 que les gens soient venus spécialement pour te voir.
02:22 La mayonnaise peut très facilement ne pas prendre.
02:25 Alors, plus t'as d'expérience, plus elle prend,
02:27 plus tu limites les dégâts.
02:28 Mais globalement, il y a besoin d'un certain contexte.
02:31 Et là, il était...
02:33 Bah, c'était pas là, quoi.
02:35 Parce qu'il y avait des choses qui étaient présentées,
02:38 tout n'était pas sur le ton de la comédie, la comédie, la comédie.
02:42 Et donc, quand nous, on arrive,
02:43 avant que les gens rentrent dans la machine,
02:45 il y a des gens qui ne te connaissent pas,
02:46 il y a des gens qui ne t'aiment pas.
02:48 Ils ne sont pas venus pour te voir.
02:51 Ils ne sont pas venus pour te voir.
02:52 Ils ne sont pas venus, donc ça change tout, quoi.
02:55 Et tu peux prendre les mêmes blagues.
02:56 Moi, ça m'est arrivé dans ma vie.
02:57 De toute façon, c'est nécessaire dans une vie.
02:59 Il faut...
03:00 Moi, tu sais que je vais le chercher, même volontairement.
03:01 - Tu vas chercher le bide ? - Je vais chercher le bide.
03:03 Je vais chercher les conditions très difficiles.
03:05 Pas tous les jours, je ne sais pas, Sadomaso a ce point.
03:08 Mais ça m'arrive régulièrement de me dire,
03:10 "Ah tiens, là, ça coche toutes les cases du bourbier.
03:14 J'y vais. J'y vais."
03:16 Je sais ce qui va se passer,
03:17 mais c'est important pour l'ego
03:20 et pour...
03:22 C'est important globalement.
03:24 Parce que je pense que si tu n'es pas capable,
03:26 si un bide, ça te détruit,
03:29 vraiment ton ego est en bas,
03:30 tu ne sauras pas gérer un succès.
03:32 - Oui. - Parce que ça vient nourrir la même chose.
03:34 C'est un peu comme à l'escalade.
03:35 Tu fais des lignes de plus en plus compliquées,
03:37 puis tu finis par des corniches de malade
03:39 où il n'y a rien qui est...
03:40 - Ouais. - Tu fais ça.
03:41 - C'est ça. - Tu apprends du coup à faire des corniches.
03:42 Tu apprends. Et puis, il ne faut pas chercher le confort.
03:44 Il faut se mettre... Heureusement, Dieu merci,
03:45 il y a plein d'endroits où on joue, c'est super confortable.
03:47 On est sur un tapis et tout marche très, très bien.
03:51 Et c'est super.
03:51 Et il y a des fois, il faut se mettre en danger.
03:53 Tu apprends des trucs.
03:55 Tu... Voilà.
03:56 Puis c'est bon pour l'ego.
03:58 Parce que c'est tellement facile de penser
04:00 que tu es arrivé à un niveau, etc.
04:03 Des fois, c'est vraiment bien de se remettre sur Terre
04:07 et de se dire, écoute, voilà,
04:09 l'échec fait partie du processus,
04:12 il faut l'accepter.
04:13 Et ça ne te détruit pas, en fait.
04:15 De dire, non, tranquille, ça va.
04:17 Parce que vraiment, je suis intimement persuadé
04:20 que si un échec, ça te démolit ton ego,
04:24 tu ne sauras pas gérer du succès.
04:26 Ça va, ton ego, il va exploser, tu vas devenir un fou.
04:29 Mais je me souviens de ce soir-là,
04:32 on avait parlé un petit peu après
04:33 et tu m'avais dit un truc, moi, qui m'avait complètement impressionné,
04:35 c'est que tu avais adapté ton passage à la volée
04:38 en fonction du public.
04:39 - Ah oui ? - Tu m'avais dit genre,
04:40 attends, là, je m'apprêtais à faire 10 minutes là-dessus,
04:44 vas-y, laisse tomber,
04:45 je vais droit dans le mur et hop,
04:47 tu zappes à la volée en direct.
04:49 - Ouais, ça arrive, ça arrive.
04:51 Mais quand ça, ça arrive,
04:52 c'est soit très bon signe,
04:54 soit que tu es en galère.
04:57 Tu vois, c'est soit, tu as ton plan,
05:00 il se passe quelque chose de génial,
05:01 et là, tu improvises
05:02 et il se passe quelque chose de magnifique, c'est super,
05:04 soit tu fais ton plan,
05:07 tu vois que les deux premières minutes, ça ne marche pas,
05:10 tu connais les cinq minutes qui arrivent,
05:11 tu te dis, si ça, ça ne marche pas,
05:13 les cinq prochaines minutes, ça ne va pas être mieux,
05:14 ça ne sert à rien que je m'entête,
05:16 on tente autre chose.
05:17 On tente autre chose pour voir si je ne vais pas prendre la décision
05:20 dans six minutes quand c'est trop tard.
05:21 Donc on...
05:22 - Mais je ne souhaite qu'une des conséquences de ça,
05:24 c'est que tu avais dit une phrase, en fait,
05:25 qui ne voulait pas dire grand-chose,
05:26 parce qu'en fait, normalement, il y avait un truc après,
05:28 et là, du coup, tu te disais,
05:30 et tu te souhaites plus vite, tu dis bon,
05:31 OK, je sacrifie, la personne n'a compris,
05:33 mais ce n'est pas grave.
05:34 Je sacrifie, voilà.
05:36 Mais vaut mieux ce sacrifice-là,
05:38 plutôt que six minutes où tu persévères dans un truc
05:41 et les gens, ils te regardent comme ça,
05:42 et tu vois, tu les perds complètement.
05:45 Vaut mieux assumer, et voilà.
05:46 Comme l'idée qu'en gros, il ne faut pas connaître la route,
05:50 il faut apprendre à conduire.
05:52 Il faut se dire, bon, je vais au point B, OK.
05:55 Il n'y a pas une route, il y en a mille.
05:57 Si je sais conduire, et voilà.
05:58 Et c'est pour ça aussi que c'est important
06:00 de se mettre dans des situations des fois compliquées,
06:01 parce que des fois, tu sors de là en te disant,
06:02 mais je ne pensais pas que j'étais capable de,
06:04 sur le moment, changer.
06:06 Ça donne des armes pour les shows qui sont plus confortables.
06:08 Est-ce que ça t'arrive de enlever de tes spectacles
06:13 des blagues qui marchent super bien,
06:15 mais tu n'es pas fier du rire que ça provoque ?
06:19 C'est rare.
06:21 C'est rare.
06:22 Tu dis, je vois pourquoi vous avez ri, mais je suis...
06:26 Souvent, celles-là, je les écris, mais je ne les essaye pas.
06:29 Je ne les dis pas.
06:30 Je le sens quand je l'écris.
06:32 Je me dis, voilà, celle-là.
06:34 Celle-là, je ne suis pas sûr.
06:35 Et puis, j'ai des gens autour de moi, mais...
06:38 Mais c'est rare.
06:40 En vrai, c'est rare.
06:42 C'est rare, parce que j'essaye, dès l'écriture,
06:43 d'être vraiment en accord avec moi.
06:47 Je me dis, quand je vais l'essayer,
06:48 c'est que là-dedans, je suis prêt à tout assumer.
06:49 Si je l'enlève, c'est que ça ne marche pas.
06:53 Après, des fois, il y a des blagues qui marchent,
06:54 mais tu te dis...
06:56 C'est souvent pour des passages plus longs.
06:59 Tu dis, celle-là, elle marche,
07:00 mais elle ne rend pas service au global.
07:03 Donc, je la tue.
07:04 - Tu te niques peut-être un truc plus tard.
07:06 - C'est ça.
07:06 Je me nique dans le rythme, donc je la tue.
07:09 Mais sur le fond, je ne crois pas que ça m'ait déjà arrivé.
07:14 Parce qu'au moment où je l'écris,
07:16 j'essaie des choses que je sais que je n'assumerais pas,
07:19 je ne les mets pas.
07:21 - Il y a quelques années, quand moi, je suis déconnu,
07:23 je pense en même temps que tout le monde,
07:25 t'avais un style visuel un peu gender fluid.
07:29 - Ouais, bien sûr.
07:30 - Je crois que t'avais une boucle d'oreille,
07:32 t'étais blond, et tu portais des vêtements un peu...
07:35 - De femme.
07:36 - Ouais, un peu de femme.
07:36 - Complètement, ouais.
07:37 - Aujourd'hui, plus du tout.
07:38 - Plus du tout.
07:39 - Qu'est-ce qui s'est passé ?
07:39 - Maintenant, que des jogging.
07:40 - Ouais.
07:41 Qu'est-ce qui s'est passé ?
07:43 Déjà, c'était complètement moi.
07:44 C'était qui j'étais et qui je suis encore.
07:47 Je ne crois pas trop à l'idée du genre.
07:50 J'ai entièrement fait la paix avec la femme en moi,
07:53 et je pense que c'est nécessaire.
07:56 Et ça n'a rien à voir avec mon orientation sexuelle, en fait.
07:58 Je crois juste qu'on est...
08:01 On est juste d'un père et d'une mère,
08:03 donc un homme à moitié, une femme.
08:05 C'est essentiel dans la vie d'accepter
08:08 ce qu'il y a en nous qui est de l'autre genre,
08:11 parce que de toute façon, c'est là,
08:13 et que c'est beau.
08:14 Et donc, je suis très en paix,
08:16 et ça m'intéressait de jouer avec ces codes-là,
08:19 parce que je trouvais que ça dégageait un message intéressant.
08:21 Et c'était aussi une manière de me faire voir.
08:24 Parce que j'avais un nom compliqué.
08:27 Je me suis dit, il faut que je reste dans la tête des gens.
08:30 Ton nom, il est compliqué, Romane Fréciné ?
08:31 Oui, le Romane Fréciné, c'est quoi ?
08:33 C'est Romain, Précine, tac.
08:35 Il ne restait pas instantanément.
08:37 Et donc, je voulais donner des cartouches.
08:39 Si c'est le blond, péroxidé,
08:41 c'est celui avec la boucle d'oreille,
08:42 c'est celui qui met les tuniques,
08:43 comme s'il était...
08:45 Voilà, comme s'il était pharaon.
08:47 Et donc, je voulais donner des éléments,
08:49 et c'est aussi vraiment comme je me sentais.
08:50 C'était...
08:52 Je me sentais libre, j'adorais ça et tout.
08:54 Et avec le temps, surtout quand j'ai commencé à être un peu...
08:58 Quand des gens ont commencé à me connaître,
09:00 il y a plusieurs éléments.
09:02 Déjà, j'avais plus le temps d'aller chiner les vêtements.
09:06 Déjà, ça, c'était un.
09:08 J'avais plus le temps,
09:09 et donc, je ne voulais plus le faire n'importe comment.
09:11 De deux, je n'avais plus le temps d'être inconfortable.
09:15 Parce que je mettais des trucs, mais...
09:17 J'ai fait... J'ai une blague, là, dans le prochain show.
09:19 Je suis déjà allé à la préfecture en kimono santiague.
09:22 Je me suis tout permis dans ma vie.
09:25 Et c'était magnifique.
09:26 Même la gestion du regard des autres par rapport à ça,
09:28 à quel point tu es capable d'être bien avec toi-même,
09:30 peu importe ce que les gens te renvoient et tout.
09:32 Je pense que c'est important.
09:34 Et puis, j'ai cherché à être discret.
09:35 Au début, j'ai voulu qu'on me remarque à mort.
09:38 Et comme si avoir un peu de reconnaissance,
09:43 ça a comblé ce truc-là.
09:45 Et je n'avais plus besoin d'être si flamboyant.
09:48 J'ai cherché à être confortable, discret.
09:52 Et le dernier argument, c'est que...
09:56 Je trouvais que la meilleure manière de faire passer mon message,
10:00 c'était d'avoir plus l'air de monsieur tout le monde.
10:04 Comme si, en fait, le fait d'être aussi ouvertement...
10:10 Je ne dis pas à côté, mais ouvertement marginal,
10:14 les gens ne m'écoutaient pas de la même oreille.
10:16 C'est comme si, oui, mais de toute façon, lui, il n'est pas comme nous.
10:20 Et je trouve que ça ne servait pas à mon propos.
10:22 Il n'y avait pas d'identification possible.
10:23 Ça mettait une distance.
10:24 Ce que les gens se disent, mais de toute façon, lui,
10:26 il n'est pas comme...
10:27 Il est un peu ouf.
10:30 Et je me suis dit, non, il faut que j'arrive à défendre ces mêmes idées et les amener,
10:34 mais en étant quelqu'un de tout à fait banal et normal, en fait.
10:38 Et il y a eu un moment où ça a basculé, où ça a été progressif ?
10:41 Ça a été très progressif.
10:42 Il n'y a pas eu un moment où tu fais genre...
10:44 Non, ça a été d'abord, je n'ai pas refait la teinture.
10:47 Et ensuite, j'ai mis une boucle d'oreille plus petite.
10:50 Et ensuite, je n'ai plus mis de boucle d'oreille.
10:51 Tu as fade out, en fait, de ton look.
10:53 Mais c'est même pas une décision, en fait.
10:56 Je veux dire, c'est arrivé très naturellement par manque de temps,
11:00 chercher autre chose.
11:01 Je ne voulais plus qu'on me voit autant.
11:03 Je voulais être discret, bien, confortable.
11:04 Et surtout, je me suis dit, la meilleure manière de porter son message,
11:07 c'est que les gens prennent conscience que ça vient de quelqu'un
11:11 comme eux, en fait, qui n'est pas différent.
11:15 Qui pourrait venir de toi, qui veut faire écocher toi.
11:18 Que ce n'est pas quelqu'un en dehors du monde.
11:22 Et je ne voulais pas qu'il y ait une posture de personnage.
11:25 Et ça n'était pas un, mais ça pouvait avoir l'air d'une posture de personnage.
11:28 Et donc, je voulais que non, que ce soit le vrai moi,
11:30 quelque chose d'authentique, en fait.
11:31 Je me souviens que la première...
11:33 On est peut-être plein dans ce cas-là,
11:35 mais la première fois que j'ai vu ton visage,
11:37 c'était une vidéo hyper drôle
11:40 où tu étais devant un barman et tu te demandais...
11:43 - Si j'étais gay. - Si tu étais gay.
11:45 Et je me souviens très bien de me dire,
11:47 parce que je pense que tu avais encore ta boucle d'oreille à ce moment-là.
11:48 - J'étais blond aussi. - Et tu étais blond.
11:50 Mais il y avait même dans ton visage,
11:51 je me disais, putain, il y a un truc,
11:52 il n'a pas le même visage que tout le monde.
11:55 Et en particulier, mais en même temps, c'était un truc un peu familier.
11:57 Et hier, pour préparer cette interview,
12:00 j'ai vu plein de vidéos de toi
12:01 et je crois que j'ai trouvé à qui,
12:03 pourquoi c'est familier dans ma tête.
12:06 - Est-ce que tu veux que je te dise ? - Bien sûr.
12:08 Je pense que tu ressembles aux messieurs dans les Kamasutra.
12:12 - Tu sais, indien. - Ça me fait plaisir.
12:15 Ça me fait très plaisir.
12:18 Et du coup, est-ce que...
12:19 Personne ne t'a jamais dit ça.
12:21 Non, mais...
12:21 Je crois que tu as un truc dans les yeux.
12:24 Et en fait, j'ai fait...
12:25 Et j'ai chié. Et je me suis dit, mais attendez,
12:26 j'ai tapé Kamasutra indien machin.
12:28 Et alors, bon, du coup, ils sont dans des positions un peu cheloues.
12:31 Je ne t'ai jamais vu dans ces positions-là.
12:33 Mais en tout cas, le visage, il y a un truc.
12:35 Mais figure-toi que c'est un truc qui revient depuis toute mon existence.
12:40 Déjà, j'ai toujours eu l'air beaucoup plus vieux que mon âge.
12:43 Surtout avant, là, ça s'équilibre un peu plus.
12:46 Mais avant, j'avais 21 ans.
12:49 Les gens me disaient, bah non, physiquement, non.
12:52 Et donc, il y a toujours eu ce rapport-là.
12:54 Et pareil, une tête, on a l'impression qu'elle appartient à une autre époque.
12:59 Parce qu'on m'a déjà envoyé une photo du Kamasutra.
13:02 En me disant, parce que tu sais, des gens sur Insta, je meurs de rire.
13:04 Les gens qui m'envoient me disent, ça va, tu te mets bien.
13:07 Ça fait un moment que tu es là.
13:08 Et on m'envoie énormément de photos de vitraux, de moines dans des églises aussi.
13:15 De vieilles photos.
13:16 On m'envoie des photos.
13:17 La dernière fois, on m'envoyait les portraits de Fayoum, les vieux portraits d'Egypte.
13:22 Et donc, c'est comme si j'avais une tête d'une autre époque qui appartient à plusieurs peuples.
13:27 Vraiment.
13:28 Et ça me fait rigoler.
13:29 On m'envoie aussi.
13:31 Il y a des gens, à chaque fois qu'ils vont au Louvre,
13:33 je le sais parce qu'ils m'envoient une photo de tableau.
13:35 Ils disent, il te ressemble.
13:37 Et c'est des univers super différents.
13:39 Mais quelque part, ça fait plaisir.
13:40 Je me dis, peut-être que j'ai une tête un peu universelle.
13:42 Ça fait plaisir.
13:43 Et ça a toujours été comme ça ?
13:45 Toujours.
13:46 Depuis que tu es enfant ?
13:47 Depuis que je suis enfant.
13:48 Toujours.
13:49 Depuis la puberté, disons.
13:51 Avant, j'étais vraiment un enfant.
13:52 Le pire, c'est que j'étais mignon.
13:53 C'est le pire.
13:53 Et après, il y a la puberté qui est arrivée.
13:55 Et là, la puberté, c'est comme si je me faisais percuter par un bus.
13:58 Mon monde s'est écroulé.
13:59 Je suis passé d'un enfant mignon à un adolescent dégueulasse.
14:03 Je suis passé de "Oh, il est mignon."
14:05 Mais c'est qui ?
14:07 C'est le père de qui ?
14:09 Vraiment, c'est catastrophique.
14:12 Et ça a toujours été le cas.
14:14 Vraiment, je me souviens,
14:15 même d'aller dans des musées à New York et voir des gens rigoler
14:18 parce que les gens me disaient,
14:19 "Vous ressemblez au tableau qui est là.
14:21 Vous ressemblez au truc ancien."
14:23 Et oui, on m'envoyait des trucs de Kamasutra.
14:24 On m'envoyait des gravures aussi de vieilles œuvres perces.
14:29 Oui, mais c'est ça, c'est perce.
14:31 Et je crois que là, c'était parce que tu as les grands yeux
14:33 qui partent jusque sur les côtés.
14:34 Il y a ces espèces de petits yeux là,
14:37 ronds et un peu en amante.
14:38 Mais j'aime bien, moi.
14:39 Vraiment, j'ai appris à beaucoup l'apprécier.
14:42 C'est quoi ton premier souvenir de toute ta vie, de ton existence ?
14:45 Si tu te souviens.
14:47 Le premier souvenir de mon existence ?
14:50 Les souvenirs de cette époque-là,
14:52 j'ai du mal à les mettre dans l'ordre.
14:54 Mais là, le premier qui me vient,
14:56 c'est moi qui fais des cabanes avec des couvertures avec mon grand-père.
15:02 Ça, c'est je pense le plus vieux.
15:04 En intérieur, avec des chaises,
15:06 on met des couvertures dessus et ça crée des châteaux.
15:09 Ça, c'est je crois un de mes plus vieux souvenirs.
15:13 Et tu en as peut-être un que tu peux dater.
15:14 Il y a souvent, on se souvient du premier...
15:16 Je sais que j'ai avant 4 ans.
15:17 Avant 4 ans, oui.
15:18 Et premier truc d'actualité ?
15:20 Est-ce que tu te souviens d'un premier truc ?
15:21 J'ai un souvenir très frandu en septembre.
15:25 J'avais 7 ans.
15:27 Mais j'ai vu le deuxième avion en live à la télé.
15:29 Ça, ça te... Voilà.
15:31 Et puis, tu n'as pas vécu assez pour comprendre la gravité des événements.
15:34 Tu n'as pas de comparatif.
15:36 Tu comprends que c'est grave.
15:37 Tu comprends que c'est un truc de fou, que le monde change.
15:40 Mais tu as 7 ans d'existence,
15:43 peut-être un an et demi de souvenirs comme ça.
15:45 Tu ne comprends pas grand-chose.
15:46 Mais le lendemain, je me souviens quand j'arrivais à l'école,
15:49 l'ambiance et tout ça, c'est quelque chose qui m'a...
15:51 Ouais, ça, c'est un vrai, vrai, vrai souvenir.
15:55 Ah non, mais j'ai un autre souvenir.
15:56 Mais ça, je trouve ça étonnant que je m'en souvienne
15:58 parce que je suis vraiment très jeune.
16:01 Je me souviens aussi avec mon frère qu'on a...
16:03 Pour Finale 98, j'ai 4 ans aussi.
16:06 Finale 98...
16:07 Ton frère qui est plus vieux que toi.
16:08 Mon frère qui est plus vieux que moi.
16:09 Et les deux, on a chacun un maillot de la France, un maillot du Brésil.
16:12 Je ne sais plus, je crois que c'est moi qui ai le Brésil
16:14 ou lui qui a le Brésil, je ne sais plus.
16:16 Mais j'ai cette image, j'ai ces deux couleurs,
16:18 j'ai le moment dans ma tête.
16:20 T'es né à Chevillers-la-Rue,
16:22 enfin, t'as grandi à Chevillers-la-Rue.
16:25 En quoi ça consiste ? C'est un endroit, c'est ça ?
16:27 Chevillers-la-Rue, ouais, c'est tout à fait...
16:30 Bon, c'est un lieu-dit, mais ouais, c'est une géolocalisation,
16:34 banlieue parisienne, assez classique.
16:38 Moi, je pense que c'était très riche de grandir là-bas
16:41 parce qu'il y avait de tout, en fait.
16:43 En même temps, on est proche de Paris et ses lumières
16:46 et ses moyens infinis pour certains qu'on comprend vite,
16:49 le luxe, tout ce que Paris, cette ville internationale,
16:52 cette ville monde, en fait.
16:53 C'est même pas la France, quoi.
16:55 C'est en France, mais bon, c'est des réalités qui sont mondiales.
16:59 Et en même temps, la banlieue, quoi.
17:03 Et moi, j'étais dans une famille de classe moyenne,
17:06 bien, bien.
17:08 Et donc, j'avais accès à beaucoup d'univers variés, en fait.
17:15 J'ai côtoyé des gens, voilà, des gens qui étaient en galère
17:18 et des gens qui étaient pleins.
17:20 Et il y avait cette espèce de mélange aussi,
17:22 un mélange culturel, un mélange de plein d'ambiances.
17:25 C'était riche, moi.
17:26 Je pense que c'était très, très formateur.
17:29 - T'as parlé dans plusieurs interviews de ton père.
17:33 - Ouais. - Ça, c'est normal.
17:34 Mais t'as dit que ton père avait eu un parcours professionnel
17:37 de ouf malade et qu'il t'avait inculqué une sorte de valeur travail.
17:42 - Ouais, il a un état d'esprit qui est surtout impressionnant.
17:44 - Ouais. Et il fait quoi, ton père ?
17:46 - Il a fait beaucoup de choses,
17:48 mais il est directeur général de société.
17:51 C'est-à-dire, donc, il n'est pas président.
17:54 Il n'est pas... Parce que j'ai vu ça sur Wikipédia,
17:55 qu'il est président de société.
17:57 Non, non, non. Il est employé par la société,
18:00 mais il est employé par la société pour la diriger.
18:03 Donc... Et il vient pas de là.
18:04 Il a commencé technicien, puis il est devenu ingénieur.
18:09 Puis après, il est devenu...
18:11 Donc, il a fait des cours de management
18:14 qui faisaient en même temps qu'il était ingénieur, en cours du soir.
18:17 Il a une capacité de travail phénoménale
18:20 et une ouverture sur le monde.
18:22 Voilà, il est parti très jeune, très tôt de chez lui.
18:26 Il est parti très tôt voyager dans d'autres pays tout seul
18:29 pour rencontrer des cultures, se cultiver et tout.
18:33 Et ouais, il a quelque chose de très précieux,
18:35 qui est vraiment un état d'esprit.
18:36 Juste avant de venir, je l'appelais pour des conseils.
18:38 Dire, voilà, qu'est-ce que tu penses de ça ?
18:41 Comment je dois faire ? Tu penses ?
18:42 Ben, fais comme ça.
18:43 Surtout, en fait, c'est des valeurs.
18:46 Je dirais le plus important, c'est ça, des valeurs.
18:49 Une volonté de droiture.
18:50 Et c'est des conseils de quoi, là ?
18:52 Là, c'est des conseils de...
18:55 Maintenant, je suis dans la situation où je...
18:57 Disons que je gère mon activité.
19:00 Et donc, je me retrouve dans la position
19:01 où j'ai des réalités qui sont très business, on va dire.
19:04 Et c'est un peu nouveau pour moi, même si j'aime ça.
19:07 Ça a toujours été là, mais je me fermais les yeux.
19:09 Là, c'est beaucoup plus assumé.
19:10 Et j'avais besoin de conseils, quoi,
19:13 par rapport à un sujet précis.
19:14 Et j'étais content parce que ma réflexion
19:16 m'avait amené aux mêmes conclusions que lui.
19:18 Je voulais juste...
19:19 Et je voulais aussi lui dire qu'il avait raison,
19:20 parce qu'il m'avait prévenu il y a quelque temps.
19:23 - T'avais raison, c'est vrai. - T'avais raison, voilà.
19:27 Et ils sont marrants, tes parents ?
19:30 - Marrants, ouais. - Ils font des blagues ?
19:32 Mon père est quand même assez réservé.
19:35 Mon père, c'est plutôt des caractères plus...
19:38 Je vais pas dire timides, mais il a une forme de...
19:41 Il est introverti, mon père.
19:43 C'est pas celui qui parle le plus.
19:45 Il est plutôt en observation, mais il a de l'humour.
19:48 Il a de l'humour, il est capable de rigoler.
19:50 Il a beaucoup d'humour, mais c'est vraiment introverti.
19:53 Dans son coin, il écoute beaucoup plus ce qu'il parle.
19:55 Et ma mère...
19:57 Ma mère, c'est...
19:58 Ma mère, tu prends un café avec elle, elle peut te kidnapper.
20:00 Elle te raconte tout.
20:02 Y a pas un détail que t'as pas eu.
20:04 Et elle est marrante, elle fait des blagues.
20:06 Et ma mère, elle a un rire très...
20:08 Tu peux la tuer de rire, en fait, ma mère.
20:10 Mon frère, il arrive à me tuer ma mère de rire, vraiment.
20:13 - Elle est cuite. - Mais pas toi.
20:15 Moi, je suis devenu moins marrant dans la vie.
20:18 Moi, j'ai moins la nécessité de...
20:20 J'ai comblé ce truc-là de...
20:24 J'ai plus besoin... Si la blague, elle arrive, elle est là, super et tout.
20:27 Et puis, je fais moins rire ma mère que...
20:29 Ma mère, elle préfère largement l'humour de mon frère que mon humour.
20:33 Moi, je vais faire... Si, des fois, j'arrive à la tuer.
20:36 Mais c'est plus fréquent qu'elle fasse...
20:39 Tu te souviens de la première blague que t'as faite dans ta vie ?
20:46 Je me souviens de la première fois que j'ai fait rire volontairement.
20:48 - Ouais. - Primaire.
20:50 Primaire, je fais tomber un enfant qui a mon âge.
20:53 - Oui, ce qui est marrant. - Ce qui est marrant, ouais.
20:55 - Mais c'est pas ça, la blague. - C'est de l'essai, j'espère.
20:57 - En fait, c'est de ma faute, ici. - Oui, oui.
20:59 Je me souviens plus comment je le fais tomber,
21:01 mais il est par terre, il pleure, et je sais que c'est de ma faute.
21:03 - Oui. - Souvenir, il commence là. Je sais que c'est de ma faute.
21:05 Et là, il dit la phrase terrible.
21:08 Je vais appeler la maîtresse.
21:10 Là, c'est le moment d'y s'écrouler. Non, pas la maîtresse, attends.
21:12 Et donc là, je me dis, il faut que j'arrive
21:15 à le faire arrêter de pleurer, en fait.
21:17 Et donc, j'essaie de le faire rire.
21:20 Volontairement, consciemment.
21:22 C'est un premier truc, ça marche pas.
21:24 Et finalement, je me mets à imiter comment il est tombé.
21:26 Et il rigole.
21:28 Et on passe devant mes yeux.
21:30 Je suis très jeune, primaire.
21:32 Un mec qui pleure des larmes à un mec qui rigole.
21:34 Volontairement.
21:36 Et ce jour-là, c'est comme si j'avais découvert un pouvoir magique.
21:38 Je me suis dit, mais c'est extraordinaire, le pouvoir que ça a sur les gens.
21:40 C'est fou.
21:42 Je les fais passer de celui qui pleure
21:44 à celui qui rit consciemment, volontairement.
21:46 C'était mon objectif.
21:48 J'ai cherché comment le faire et j'ai réussi à le faire.
21:50 Mais ce pouvoir-là, il est exceptionnel.
21:52 Et mon frère était déjà plus vieux.
21:54 Il était déjà très marrant.
21:56 Et c'est devenu un truc qui est devenu presque une obsession.
22:00 - Et après, tu en as parlé plusieurs fois,
22:02 mais il y a eu des humoristes qui t'ont marqué vers ces étoiles.
22:06 - En plein.
22:08 À partir de ce moment-là, j'ai mangé tout l'humour que j'étais capable de trouver.
22:10 Donc d'abord, francophone,
22:12 parce que je parlais que français.
22:14 Donc tout le monde, toutes les générations, tout le monde.
22:16 C'est simple.
22:18 "Si tu veux faire des blagues, je vais t'écouter."
22:20 Et il n'y a pas de jugement.
22:22 C'est "je... j'apprends."
22:24 "Ça peut me plaire, ça peut ne pas me plaire."
22:26 Mais je décortique, j'analyse.
22:28 Je me souviens, je regardais très peu la télé,
22:30 mais dès qu'il y avait de l'humour, mes parents m'appelaient.
22:32 Et j'arrivais comme ça.
22:34 Et il fallait que je regarde.
22:36 Et après, arrive... Donc plein, je les connaissais tous.
22:38 Finalement, arrive à la maison,
22:40 un pote de mon frère, le DVD "La vie normale" de Gad Elmaleh.
22:42 Alors là, c'est un tournant.
22:44 C'est marrant, j'en parlais tout à l'heure de ce spectacle.
22:46 C'est exceptionnel, il y a tout, des personnages mythiques.
22:48 Et là, Gad Elmaleh, ça devient...
22:50 ça devient vraiment quelqu'un d'important dans ma vie.
22:52 Je me dis, mais il est trop fort, lui.
22:54 Après, arrive, illégalement, il me pardonnera.
22:56 L'autre, c'est moi.
22:58 Et là, c'est...
23:00 Je le connais, ce spectacle.
23:02 À l'époque, je connais les time codes.
23:04 Ça veut dire, je rentre de l'école et je me dis...
23:06 Là, j'ai envie de regarder le passage qui est à 13 minutes 44.
23:08 Et des fois, je me mets en boucle dès 1 minute 30.
23:12 Je me dis, ça, c'est exceptionnel.
23:14 Après, je le rencontre, Gad.
23:16 Et je vais aller voir tous les humoristes.
23:18 C'est simple, tous.
23:20 Dès que j'avais l'opportunité, j'y allais.
23:22 Toutes les générations.
23:24 Je me souviens, un qui m'avait profondément marqué, c'était Michel Bougenat.
23:26 Et je l'ai rencontré il n'y a pas longtemps.
23:28 En plus, exceptionnel, monsieur.
23:30 Il nous a tué de rire, il a une profondeur.
23:32 Il était vraiment comme j'imaginais.
23:34 Super profond, super marrant.
23:36 J'ai kiffé.
23:38 Et je me souviens, j'allais là-bas.
23:40 J'ai 14 ans, j'ai 15 ans.
23:42 Il fait des blagues. Je vais voir.
23:44 Il m'avait fracassé.
23:46 J'étais cuit, quoi. Il m'avait tué.
23:48 Donc j'allais vraiment tous les manger.
23:50 Et une fois, je vais voir Elie Semoun et Gad Elmaleh,
23:52 il est dans la salle. Mon monde, il s'arrête.
23:54 Mon monde, il s'arrête. Et je vais le voir.
23:56 Je lui demande de signer un truc
23:58 et je lui fais une blague de gamin, tu vois.
24:00 De "Maintenant qu'on se connaît, prochain spectacle,
24:02 vous pouvez m'inviter." La blague bateau, quoi.
24:04 Éclatée. Et là, il m'a fait
24:06 meilleure réponse. Il m'a dit
24:08 "Tu sais quoi ? À chaque fois, je t'invite, mais mon producteur, il oublie."
24:10 Et puis, quand je lui avais dit ça,
24:12 il avait ri. Faussement ri, c'est sûr.
24:14 Mais à ce moment-là, pareil, ça...
24:16 Je me suis dit
24:18 "On va y arriver. On va le faire."
24:20 -Quand t'étais... Est-ce que t'as connu
24:22 des montagnes russes
24:24 de cool dans ta vie ?
24:26 C'était quoi ton niveau de cool entre primaire, collège ?
24:28 T'étais dans les populaires,
24:30 t'étais dans les boloss, t'étais dans les
24:32 "Nous, ventre mou", t'étais où ? -Primaire, j'ai vraiment
24:34 le souvenir que j'étais cool. En fait, primaire...
24:36 -Quand t'étais mignon. -Ouais, quand j'étais mignon.
24:38 Mais même, il y avait un truc bizarre, primaire, mes souvenirs,
24:40 j'avais vraiment le sentiment comme si j'avais
24:42 un rôle dans cette cour d'écrit, quoi.
24:44 Un rôle de médiateur. Comme si
24:46 lui, il a un problème avec elle.
24:48 -L'ONU. -Viens te me parler. J'y étais.
24:50 Mais je te jure, hein. Mais c'est fou, quoi.
24:52 Quand je m'en souviens, et puis t'es des trucs d'enfants, là.
24:54 J'avais vraiment le sentiment d'avoir un rôle dans cette cour d'écrit.
24:56 -Tu te souviens d'un problème que t'as réglé comme ça ?
24:58 -Je me souviens d'une nuit à me dire "Il faut
25:00 que je trouve des bonbons
25:02 pour les donner à telle personne
25:04 en disant que ça vient
25:06 de cette personne pour qu'il
25:08 pardonne l'histoire."
25:10 Et c'était mes casse-têtes !
25:12 Je me souviens d'être dans Molly en train de me dire "Comment je vais régler cette histoire ?"
25:14 Entre ces deux-là.
25:16 Moi, j'avais ce truc-là.
25:18 Après, arrive
25:20 l'adolescence. Là...
25:22 -Dégradation du visage. -Dégradation
25:24 du physique.
25:26 L'arrivée de plein de trucs. Adolescent torturé,
25:28 adolescent sensible,
25:30 adolescent... En plus,
25:32 laisse tomber, j'ai vécu des galères à ce moment-là.
25:34 En fait,
25:36 il y avait beaucoup de gens dans ma ville qui voulaient me tabasser.
25:38 -Pourquoi ? -À cause d'une histoire.
25:40 Je m'étais battu avec un mec
25:42 pour une histoire, des trucs d'adolescent.
25:44 Et après ça, j'étais
25:46 recherché dans la ville.
25:48 -Mais tu lui avais pété sa gueule ?
25:50 -Non, en plus, je suis un fragile, moi.
25:52 J'avais mis un coup, il était tombé.
25:54 Après ça, je lui avais dit
25:56 "Ecoute, moi, je suis pas
25:58 dans la bagarre. Remets-moi
26:00 le coup."
26:02 Il m'a remis le coup.
26:04 Et là, il m'a regardé, il m'a dit
26:06 "Ce sera jamais fini."
26:08 Et là, je dis "Ah, ça va être compliqué."
26:10 Et de là, j'ai pas voulu me rebattre.
26:12 J'étais tellement tétanisé
26:14 après avoir frappé quelqu'un, je voulais pas me rebattre.
26:16 Je me suis dit "Non, ce sentiment d'avoir été
26:18 violent, je le déteste."
26:20 Et donc là,
26:22 j'ai subi le truc, tu vois,
26:24 c'est protégeant, j'en sors tranquille.
26:26 Mais de là, il y avait
26:28 une espèce de truc qui s'était lancé où
26:30 dans ma ville, tout le monde... Je sortais
26:32 du collège en escaladant
26:34 le mur du fond.
26:36 Parce qu'il y a des gens qui m'attendaient. Donc ça, ça a été
26:38 quelques années compliquées. -Des années, ça a duré.
26:40 -Ça a duré 2-3 ans.
26:42 Je me suis fait pourchasser en voiture,
26:44 je me souviens d'une fois où
26:46 il y a une voiture qui arrive derrière moi, il me jette des trucs.
26:48 Là, je comprends.
26:50 Donc je cours, je fais demi-tour. Je me dis "La voiture, elle peut pas faire demi-tour."
26:52 Et j'ai jeté mon sac
26:54 sous une voiture et j'ai escaladé une maison au hasard.
26:56 Et là, je tombe devant une femme avec son enfant
26:58 et je lui dis "Écoutez, il y a des gens,
27:00 ils veulent me frapper, je suis venu me réfugier."
27:02 Elle m'a dit "Viens prendre le goûter." Et je suis là en train de prendre le goûter
27:04 avec un petit, comme ça.
27:06 Donc ça, ça a été quelques années. Mais en même temps,
27:08 elles ont été cruciales.
27:10 Elles ont été
27:12 nécessaires. Parce que ça a fait 2 choses.
27:14 1, je passais beaucoup de temps dehors à ce moment-là.
27:16 Ça m'a fait rentrer à la maison
27:18 et là, je me suis beaucoup,
27:20 on va dire, instruit.
27:22 J'avais rien à faire, je m'ennuyais.
27:24 Donc il fallait faire quelque chose. Et je voulais pas sortir, j'avais trop peur de tomber sur une équipe
27:26 et qu'il m'arrive une folie.
27:28 Donc,
27:30 je me renseignais sur Internet.
27:32 Je découvrais des artistes.
27:34 C'est là où j'ai découvert plein d'artistes.
27:36 Jimi Hendrix. Je me suis trouvé des activités que je peux faire chez moi.
27:38 La guitare.
27:40 L'humour. C'est là aussi où j'ai découvert
27:42 Jerry Seinfeld. Les Américains.
27:44 Tout l'humour des Américains.
27:46 Je me suis beaucoup, à ce moment-là, on va dire, cultivé.
27:48 Et je pense que ça a fait
27:50 un socle
27:52 vraiment important. Et puis, il y a autre chose.
27:54 C'est que comme je pouvais pas sortir dans ma ville
27:56 parce que j'avais peur qu'on me tabasse,
27:58 j'allais plus loin.
28:00 Et donc, ce que je faisais, c'est que j'allais
28:02 à Paris, tout seul.
28:04 De ma banlieue. Mais à ce moment-là,
28:06 mes potes,
28:08 à moi, il y en a pas beaucoup qui avaient le droit
28:10 ou qui voulaient... J'avais arrêté le sport aussi.
28:12 J'avais dit, j'ai plus de sport.
28:14 - Tu faisais quoi comme ça ? - Je faisais du foot et j'ai arrêté.
28:16 - Pour toujours ne pas tomber
28:18 sur les mecs qui peuvent te péter la gueule ? - Il y a ça.
28:20 Mais il y a aussi parce que j'avais découvert
28:22 la sexualité.
28:24 Tout seul, évidemment, la sexualité solo.
28:26 Et que j'avais réalisé que dans l'emploi du temps, il y avait un moment clé
28:28 qui était le mercredi après-midi. Et je me suis dit,
28:30 si j'arrive à trouver ce mercredi après-midi où je suis tout seul,
28:32 je vais me régaler. Et donc,
28:34 j'ai choisi la branlette
28:36 à la place du foot.
28:38 J'ai eu ce débat. Et j'ai choisi
28:40 la masturbation.
28:42 - Et tu regrettes pas ? - Je regrette absolument pas.
28:44 - Parce que la masturbation, elle est finie. Qu'est-ce qu'on fait ?
28:46 - C'est ça qui m'a construit.
28:48 - C'était super. Un full soirée, c'était pas mal, mais c'est trop tard.
28:50 Qu'est-ce qu'on fait ? On se cultive,
28:52 on regarde des films.
28:54 J'ai appris plein de trucs à ce moment-là, plein d'artistes,
28:56 plein de destins,
28:58 de trucs. Donc ça, c'était super. Et j'allais dans Paris.
29:00 Comme ça, j'avais ma petite
29:02 pression de quand je sors, il faut que j'aille
29:04 vite là-bas, clac, clac, clac. Je prenais
29:06 bus, métro. J'allais dans Paris. Et là, je me baladais tout seul.
29:08 Je me baladais tout seul.
29:10 Et je me posais en terrasse, je prenais des cafés.
29:12 En fait, c'est là que j'ai commencé ma vie, qui est ma routine
29:14 aujourd'hui. J'avais toujours des
29:16 carnets sur moi, des calepins.
29:18 J'avais déjà cette volonté d'être humoriste,
29:20 assumée plus ou moins.
29:22 Du moins, d'écrire. L'écriture
29:24 était déjà là. Et je me baladais.
29:26 Je prenais des livres, surtout de la poésie.
29:28 Je lisais de la poésie.
29:30 Et j'écrivais. En terrasse, de café.
29:32 Et je faisais déjà plus vieux.
29:34 Personne ne me demandait rien.
29:36 - Tu te souviens comment tu te tenais ? Tu croisais
29:38 un peu les jambes ? - J'étais...
29:40 Ouais, j'étais... Ouais, ouais.
29:42 - Mais tu jouais un peu aux Parisiens ?
29:44 - Non. Non, pas du tout.
29:46 Pas du tout. De toute façon, je n'avais personne à impressionner.
29:48 Personne ne me connaissait. Je n'avais personne à retrouver.
29:50 J'étais tout seul. - Comment est-ce que
29:52 s'est terminée cette histoire de poursuite
29:54 pendant trois ans ? - Je ne sais pas. - À un moment, ils ont lâché l'affaire.
29:56 - Je crois. - Ouais.
29:58 - Ils sont où, ces gars-là ? - Je crois que tout le monde a grandi.
30:00 J'en sais rien. Je leur souhaite le meilleur
30:02 à tous. On était des enfants.
30:04 Mais je dirais
30:06 que c'est
30:08 disparu. Ça a fondu.
30:10 Ça a fondu.
30:12 - Tu as fait chinois
30:14 deuxième langue ? - Chinois LV2.
30:16 Par correspondance. - Tu sais encore des trucs ?
30:18 - Rien. Mais je ne savais rien pendant que je le faisais.
30:20 - Non, mais parce que je suis une embrouille.
30:22 - Moi, au début, il y a deux raisons.
30:24 Je me dis que c'est une bonne idée parce que le monde va...
30:26 Voilà. Le monde va être chinois. Enfin, je me dis
30:28 qu'un mec qui parle français, anglais, chinois,
30:30 admettons qu'il veut faire du business,
30:32 t'es bien. Ça t'ouvre la porte
30:34 à un monde extraordinaire.
30:36 Et à ce moment-là, mon père travaille beaucoup avec la Chine aussi.
30:40 Voilà. Et donc, je le vois.
30:42 Et il m'en parle. Il me dit qu'il se passe beaucoup de choses avec la Chine,
30:44 etc. Et je me dis, bon,
30:46 ça peut être un truc sur
30:48 le CV qui fait que tu bosses.
30:50 Voilà. J'étais encore dans cette optique où ça se
30:52 pouvait que... Voilà. Je ne savais pas ce que j'allais faire
30:54 au moment de ma vie. Autre calcul.
30:56 Je le faisais par correspondance.
30:58 Donc, j'avais
31:00 trois heures par semaine
31:02 où je n'avais pas à être en classe.
31:04 Je devais bosser tout seul
31:06 chez moi avec un truc, avec personne qui
31:08 vérifie. Mais vous rigolez
31:10 ou quoi ? C'est le paradis.
31:12 Je rentrais... Des fois, je finissais à 14h.
31:14 Je voyais tout le monde. "Moi, je vais en espagnol."
31:16 "Ah ouais, salut." Peau de Nutella,
31:18 la cuillère devant la télé. Non, j'étais
31:20 redoutable. Sauf que c'était ma
31:22 vraie LV2. Donc...
31:24 - Il y a un moment où il faut passer... - Des examens, des trucs et tout.
31:26 Et j'ai dû passer le bac.
31:28 Et figure-toi,
31:30 je pense qu'ils me l'ont donné, que j'ai eu 10/20.
31:32 Mais je pense qu'ils se sont dit quoi. Parce que moi, je sais
31:34 ce que j'ai fait à l'examen.
31:36 - T'as pas fait un truc qui valait 10. - Pas fait un truc
31:38 qui valait 10. Quand même, quand tout le monde a réalisé
31:40 l'urgence, j'ai eu une prof particulière de chinois.
31:42 En fait, j'en ai eu deux, deux ou trois.
31:44 La première, je l'ai rendue ouf. On a
31:46 recommencé le même cours à chaque fois qu'on s'est vus.
31:48 Des trois heures
31:50 en tête. Là, je l'ai payé cher. Ça, vraiment, je l'ai payé
31:52 cher. Toutes les années de glandouille,
31:54 je l'ai payé cher. Il fallait tout rattraper. Trois heures
31:56 où tu peux pas t'échapper.
31:58 Face à face, en chinois,
32:00 moi qui n'ai aucune volonté.
32:02 Je sais pas comment elle a fait pour pas être
32:04 agressive avec moi. Elle aurait
32:06 dû me planter avec une fourchette. Vraiment,
32:08 elle aurait dû me faire mal.
32:10 Et on a recommencé encore les mêmes cours.
32:12 Je me souviens d'un moment, ça,
32:14 je l'ai déjà raconté, je crois.
32:16 Des moments où t'en peux plus. T'as plus l'énergie.
32:18 C'est tellement difficile, en plus.
32:20 Et je me souviens, une fois, elle m'a dit un mot
32:22 en français. Elle avait un accent chinois, cette dame.
32:24 Elle m'a dit un mot en français. J'ai cru
32:26 que c'était un mot en chinois. Et j'ai répété
32:28 avec son accent. Et on est face à face,
32:30 comme ça. Et je lui répète le mot
32:32 comme ça. Évidemment, elle se dit "tu te fous de ma gueule ou quoi ?"
32:34 Et donc, je vois dans sa tête que
32:36 j'ai émerdé. Moi, je me dis "quoi, je l'ai pas bien prononcé ?"
32:38 Je réessaye, je mets des efforts. Et là, je comprends.
32:40 Il nous reste une heure, en face à face.
32:42 Je suis genre "oh là là, l'enfer".
32:44 Non, c'était intense. Mais ça m'a appris
32:46 à être très
32:48 résigné.
32:50 Parce que trois heures
32:52 d'un cours, où tu sais que
32:54 chaque semaine...
32:56 - Ça mènera à rien. - Mais ça,
32:58 voilà, ça mènera à rien. - Mais pourtant, t'as eu mention
33:00 bien au bac. - J'ai eu mention bien au bac, ouais.
33:02 J'ai eu mention bien au bac. - Donc, c'était que
33:04 le chinois le problème, en fait. - C'était que le chinois
33:06 le problème, ouais. J'avais des bonnes notes. En fait,
33:08 j'ai eu des bonnes notes au bac. Après, au lycée, je travaillais pas.
33:10 Tu sais, je fais partie de... J'ai eu de la chance.
33:12 Je fais partie de ces élèves de merde.
33:14 Où je bossais pas.
33:16 Et y a des trucs qui me restaient en tête. Et ça marchait.
33:18 J'ai bossé trois semaines avant le bac.
33:20 Et puis, j'étais dans un lycée où ils étaient
33:22 durs, quand même, tu vois. Donc,
33:24 après, t'arrives au niveau du bac, c'est plus facile que ce que
33:26 t'as vu toute l'année. Et ouais,
33:28 bac S. - Bac S. - 16 en maths.
33:30 J'ai eu 5 de moyenne toute l'année.
33:32 Au bac, j'ai eu 16. Et ma matière
33:34 préférée, SVT,
33:36 qui était ma spécialité,
33:38 j'ai eu 13 et j'étais dégoûté. Parce que je voulais...
33:40 Genre, j'adore ça.
33:42 La vie et tout.
33:44 J'étais fou de ça. Et là,
33:46 j'ai eu... Voilà.
33:48 Mais bon, y a une justice. Parce que vraiment,
33:50 si j'avais eu mention "très bien",
33:52 non.
33:54 - Ça aurait été abusé. - Ouais, ça aurait été abusé.
33:56 - Ils sont où, les gens qui ont eu mention "très bien"
33:58 cette année-là ? Tu les connais encore ?
34:00 - Je pense que j'en connais.
34:02 Je pense que j'en connais. Je pense que dans
34:04 le groupe de gens que je voyais beaucoup à ce moment-là,
34:06 qui m'arrivent de voir encore en ce moment, de temps en temps,
34:08 y en a qui ont eu "très bien", je crois. - Y a des ingénieurs,
34:10 maintenant ? - Ouais, des médecins, même.
34:12 Des... Je vais peut-être exagérer avec le "des".
34:14 - Il doit y avoir une médecin ?
34:16 - Mais je pense que là-dedans,
34:18 y en a qui ont eu "très bien", ouais.
34:20 - Les meufs, à cette époque-là ?
34:22 - Catastrophiques. - T'as gué l'antar ?
34:24 - Ça va.
34:26 - Ça va ? - Ça va, autour
34:28 de mes 16 ans. - Ouais ? - Ouais.
34:30 Mais j'étais...
34:32 Bon, déjà, pas très beau. Mais pire
34:34 qu'être pas très beau,
34:36 je me détestais.
34:38 Et j'ai compris bien plus tard
34:40 que...
34:42 Y a beaucoup de choses
34:44 qui n'avaient rien à voir avec le physique, en fait.
34:46 Surtout dans le rapport aux autres.
34:48 Que finalement, si t'arrives à faire la paix
34:50 avec toi, et que tu t'assumes
34:52 qui tu es et que t'es en paix avec toi, tu vas rayonner
34:54 et tu vas attirer des gens bien et ça va être cool.
34:56 Moi, j'étais tellement dans la détestation
34:58 de moi-même que finalement,
35:00 y a rien qui pouvait bien se passer, en fait.
35:02 Et ça m'a pris du temps avant de comprendre
35:04 que le seul
35:06 moyen d'améliorer ton rapport aux autres,
35:08 c'est d'améliorer ton rapport avec toi.
35:10 Ça, j'ai mis beaucoup de temps.
35:12 Et puis aussi, j'étais en décalage.
35:14 Parce que
35:16 j'étais dans un délire.
35:18 Je cogitais,
35:20 je me créatif, tout ça.
35:22 J'avais l'impression que je trouvais pas
35:24 grand monde qui me ressemblait.
35:26 J'avais toujours l'impression d'être hors catégorie.
35:28 Pas que je sois...
35:30 Je suis pas plus intelligent.
35:32 Mais comme si...
35:34 Des trucs qui me semblent logiques
35:36 le sont pas. Et notamment
35:38 par rapport à des trucs d'émotion,
35:40 de sensibilité, de comment on ressent les gens.
35:42 Surtout dans des âges où on est stupide.
35:44 Les ados, on est stupide. Surtout avec la méchanceté les uns des autres.
35:46 Moi, j'étais très sensible.
35:48 Tu vois, un peu...
35:50 Tu te rappelles de méchanceté
35:52 forte qu'on t'a faite à cet époque-là ?
35:54 Non, non. Sérieusement, non.
35:56 Ou des vannes ? Non, non. Moi, j'étais très blagueur.
35:58 Ça, là-dessus, pas de problème.
36:00 Mais c'est plus dans...
36:02 Tu sais, ce truc un peu de...
36:04 Après,
36:06 j'avais parlé et j'avais les blagues.
36:08 Donc, j'avais
36:10 la chance de quand même facilement faire du contact
36:12 avec les gens. Mais amoureusement,
36:14 j'avais un rapport à moi qui était tellement catastrophique.
36:16 Je me dénigrais tellement
36:18 que je pouvais pas construire
36:20 des relations saines.
36:22 Et, Dieu merci, dans cette période,
36:24 il y a quand même eu des femmes magnifiques.
36:26 Tu vois.
36:28 Mais avec qui c'était catastrophique ?
36:30 À cause de moi.
36:32 À cause de mon rapport à moi, en fait.
36:34 Et après, tout s'est amélioré avec le temps.
36:36 En trouvant une forme de
36:38 confiance, en fait. Une saine confiance.
36:40 Pas se prendre pour je sais pas qui,
36:42 mais juste faire la paix avec soi, en fait.
36:44 Juste faire la paix
36:46 et laisser le temps faire.
36:48 Après tes études,
36:50 à un moment, tu as testé des piscines.
36:52 J'ai fait ça un été.
36:54 C'était quoi une journée type
36:56 de Romane Fréciné, testeur de piscine ?
36:58 J'arrivais là-bas à 10h.
37:00 Je testais la piscine.
37:02 C'était quoi que tu testais ?
37:04 Je prenais de l'eau, je mettais dans un espèce de truc
37:06 pour voir et ça me mettait
37:08 une espèce de ligne, si je me souviens bien.
37:10 Si c'était entre les deux lignes, c'est bon.
37:12 Et ça a toujours été entre les deux lignes ?
37:14 Voilà. Et j'avais un test après
37:16 à 14h.
37:18 Et j'avais un test à 16h30.
37:20 Et le reste du temps, bah...
37:22 Je parlais avec les maîtres-nageurs.
37:24 J'ai pas vraiment...
37:26 Je suis sorti de là, je me suis dit
37:28 je suis très content que la vie m'ait donné cette opportunité
37:30 parce que ça va me faire un peu de sous pour l'été.
37:32 C'est super.
37:34 Et de l'autre côté, je me dis que je peux pas me dire
37:36 que j'ai travaillé.
37:38 Je pense que travailler, c'est pas... sans manquer de respect,
37:40 mais je pense que
37:42 c'est pas vraiment
37:44 travailler.
37:46 J'ai été là, quoi.
37:48 T'as vendu des saucisses aussi ?
37:50 Je l'ai fait ça un week-end, à Montréal.
37:52 Pas longtemps.
37:54 J'ai préféré ça.
37:56 Tes petits boulots, ça s'est arrêté là ?
37:58 J'ai préféré ça. Après, y'a eu que des blagues.
38:00 Que des blagues. Quand je suis arrivé à Montréal,
38:02 j'avais de la chance, mes parents pouvaient m'aider.
38:04 Et très rapidement, je jouais dans les clubs
38:06 et ça me tenait à cœur d'être indépendant financièrement
38:08 le plus tôt possible.
38:10 Et rapidement, j'ai eu
38:12 une opportunité où j'animais des soirées
38:14 dans un bar
38:16 qui s'appelle "L'Abreuvoir".
38:18 Et ça a fait mon économie
38:20 jusqu'à... bon, c'était pas fou,
38:22 mais ça a permis d'installer le truc.
38:24 Puis après, avec les shows, etc.
38:26 Très rapidement, j'ai pu vivre des blagues.
38:28 On n'a pas parlé
38:30 des sandwiches.
38:32 T'as eu
38:36 un rapport changeant
38:38 avec les sandwiches, non ?
38:40 J'en ai mangé énormément dans ma vie.
38:42 Et aujourd'hui, j'en mange plus.
38:44 Et pourquoi t'as arrêté ?
38:46 Pourquoi t'en as mangé autant, à ton avis ?
38:48 J'en ai mangé autant parce que
38:50 déjà, j'avais un désir d'évasion.
38:52 J'avais aussi
38:54 probablement un rapport
38:56 avec certaines idoles.
38:58 Dans ma tête, ça correspondait
39:00 à l'idée d'être un artiste.
39:02 Je pense qu'il y a une part de ça.
39:04 Il y a l'idée aussi que ça me reposait,
39:06 la tête, et que j'avais le sentiment
39:08 que ça me rendait créatif.
39:10 J'étais aussi à Montréal,
39:12 qui est une terre extrêmement fertile.
39:14 Mais avec des sandwiches,
39:16 bien, j'ai chargé.
39:18 Oh, non, mais là-bas, j'ai...
39:20 J'ai perdu la moitié
39:22 de mes capacités cognitives,
39:24 c'est sûr et certain.
39:26 Je me souviens, je ne sais pas si on peut le dire,
39:28 mais tu avais le soir au Canal Tour...
39:30 Ah oui, je t'ai équipé.
39:32 Tu avais mangé un sandwich, et moi je me disais,
39:34 si je faisais ça...
39:36 Et toi, tu étais dans pleine possession
39:38 de tes capacités avec le gros sandwich
39:40 que tu avais mangé.
39:42 J'ai eu une phase folle.
39:44 Pendant toutes les chroniques
39:46 cliques et tout.
39:48 Je te jure, il n'y a pas longtemps que j'en parlais,
39:50 je me disais, c'est fou quand même.
39:52 Ma chance la plus incroyable,
39:54 ce n'est pas d'être arrivé là,
39:56 c'est d'être arrivé là, dans cet état.
39:58 Qui m'a aidé ? Ce n'est pas possible.
40:00 On m'a aidé de là-haut.
40:02 Je me suis fracassé.
40:04 Parce qu'il y a aussi un rapport à la sensibilité,
40:06 je pense, que j'ai voulu fuir
40:08 très longtemps ma sensibilité.
40:10 Que c'était une manière de m'échapper.
40:12 Parce que...
40:14 Voilà, je n'assumais pas être sensible.
40:16 C'est bizarre à dire, mais...
40:18 Des fois, quand je parle avec les gens,
40:20 dans leur voix, dans leur corps,
40:22 je sens qu'ils sont tristes,
40:24 ou je sens qu'ils sont...
40:26 Dans des ambiances, dans des atmosphères,
40:28 dans des trucs, dans une salle.
40:30 Et ça, je ne l'assumais pas.
40:32 Ce truc de sensibilité.
40:34 Et j'avais l'impression
40:36 que ça me mettait des œillères.
40:40 Jusqu'à ce que ça ne devienne plus vrai.
40:42 Jusqu'à ce que ça ne devienne même dur.
40:44 Dans le sens où c'était pire.
40:46 Je devenais parano.
40:48 C'est dangereux, cette merde.
40:50 Jusqu'à un certain point,
40:52 je ne regrette pas d'avoir mangé autant,
40:54 mais je pense que ma meilleure décision,
40:56 ça a été de ne plus en manger.
40:58 - Et donc maintenant, sans ça,
41:00 tu es comment ?
41:02 - Je suis libre comme l'air.
41:04 - Et tu as libéré des choses que tu sens...
41:06 - Oui. Des choses que je pensais
41:08 que ça m'ouvrait, j'ai réalisé que non.
41:10 - C'est ouf que dalle.
41:12 - Je ne pense pas que ce soit nécessaire.
41:14 Je pense que...
41:16 J'essaie de ne regretter
41:18 aucune expérience de mon existence.
41:20 Mais ce n'est pas nécessaire.
41:22 Je pense.
41:24 Ou alors j'avais peut-être besoin de passer par là,
41:26 mais j'avais besoin d'arrêter aussi.
41:28 J'ai goûté, je sais.
41:30 Ma sobriété, elle n'est pas basée sur des préjugés,
41:32 elle est basée sur de l'expérience.
41:34 C'est super.
41:36 Mais maintenant, je veux être serein.
41:38 En fait, il y a cette idée que ça te calme.
41:40 Et finalement, je suis beaucoup plus serein maintenant.
41:42 Je suis beaucoup moins stressé
41:44 et angoissé qu'à cette époque
41:46 où j'étais persuadé que c'était le médicament contre l'angoisse.
41:48 Alors que non, je crois que ça a multiplié
41:50 mes angoisses à fond.
41:52 - Et tu as arrêté un jour précis que tu sais ou pas ?
41:54 - Oui. J'ai commencé la volonté
41:56 d'arrêter le 7 mars précisément de cette année.
41:58 - 7 mars 2022 ?
42:00 - Oui. Et j'ai fait des crescendo.
42:02 Comme ça. Clac.
42:04 Par contre, le même jour, l'alcool, net.
42:06 - 7 mars, plus d'alcool ?
42:08 - Oui. Ça m'est arrivé très peu.
42:10 Mais bon, je buvais aussi autant que je mangeais des sandwichs.
42:12 - Oui.
42:14 - Mais le 7 mars, oui.
42:16 Depuis, j'ai dû boire trois fois.
42:18 - Et donc, les deux ensemble...
42:20 En fait, c'est dur de séparer
42:22 ce qui vient du fait qu'on ait arrêté de boire,
42:24 du fait qu'on ait arrêté de boire.
42:26 - Oui. J'ai réalisé surtout que la cause de ces excès, c'était la même.
42:28 C'était cette idée de s'aveugler.
42:30 Cette idée de s'évader, sortir de la réalité.
42:32 Refuser d'affronter
42:34 le monde tel qu'il est.
42:36 C'était ça.
42:38 - Il y a un truc qui frappe quand même
42:40 et qui m'a frappé.
42:42 C'est que tu dis que tu es extrêmement sensible.
42:44 Et c'est vrai que tu es...
42:46 Je m'étais dit ça aussi quand on s'était vu à Rennes.
42:48 Tu es doux. - J'essaye.
42:50 - Et sur scène...
42:52 - Moins doux. - Tu es vachement moins doux.
42:54 - Mais je gagne en douceur.
42:56 Je pense aussi que je manquais d'expérience.
42:58 - Mais c'est ça aussi. C'est qu'on se dit...
43:00 En fait, il y a un moment où sur scène, c'était ça, ton personnage.
43:02 C'était quelqu'un qui pouvait
43:04 te crier très fort, en tension permanente.
43:06 Et comment
43:08 ça t'est venu de devenir cette personne
43:10 sur scène ? - La première fois, au début,
43:12 j'étais très doux sur scène. Et un jour,
43:14 je suis en retard à un spectacle.
43:16 Et c'est un spectacle super important pour moi.
43:18 C'était le Bordel à Montréal.
43:20 C'était un comédie club, le meilleur comédie club.
43:22 Je rêvais de jouer là-bas.
43:24 Et là, on m'appelle.
43:26 Et j'y vais et je suis en retard. Mais je suis vraiment
43:28 super en retard.
43:30 Pas parce que j'ai
43:32 un autre show juste avant. Donc je sors de scène
43:34 et là, je cours. Je cours, je cours, je cours
43:36 pour arriver. Et quand j'arrive dans la salle, je suis en transpiration
43:38 comme ça. Et là, j'entends
43:40 le MC qui dit "Et maintenant, Romane
43:42 Fréciné !" Moi, je viens d'arriver dans
43:44 la salle, j'ai mon sac, mon manteau.
43:46 J'ai tout et j'arrive sur scène dans cette tension.
43:48 Et j'ai joué un passage
43:50 que je jouais habituellement calme
43:52 avec du recul. Là, je l'ai joué en tension.
43:54 Et le niveau de rire a multiplié
43:56 par, je ne le ment pas, dix.
43:58 C'était le tonnerre.
44:00 À ce moment-là, je n'avais jamais autant fracassé une salle qu'à ce moment-là.
44:02 Et je m'étais dit "Ah, mais il y a quelque chose là."
44:04 Mais après, j'ai mis du temps
44:06 à réussir à le doser.
44:08 - Et ce qui s'est passé des fois, ensuite,
44:10 où tu es remonté sur scène, tu as fait le même truc en te sensant bon
44:12 chez la formule et en fait... - Bien sûr.
44:14 Parce qu'il n'y avait pas la vérité du moment.
44:16 Et finalement, toute la démarche,
44:18 ça a été de comprendre ça. Que ce n'est pas tant
44:20 une question d'intensité, c'est surtout une question
44:22 de vérité. C'est une question
44:24 de à quel point tu es
44:26 authentique en ce moment-là, quand tu es en train
44:28 de parler de peu importe de quoi tu parles.
44:30 D'ailleurs, on le dit souvent, par exemple, si tu as
44:32 une journée de merde et que tu es dans un vieux truc,
44:34 c'est souvent, on le dit ça, quand tu montes sur scène, comment tu te fais
44:36 pour mettre dans le... Parce que tu as une vie comme
44:38 tout le monde, des fois, ta journée pue la merde et tu dois monter
44:40 faire rire des gens. Comment tu fais ? Eh bien, en fait,
44:42 t'assumes. Moi, je pense qu'il ne faut pas
44:44 se mettre dans un état "Hey,
44:46 j'ai mis mon... Tout va bien." Il faut arriver,
44:48 dire ce que tu as à dire, de toute façon, tu as un plan,
44:50 mais être dans la vérité de ce que tu ressens.
44:52 Et ça fait des shows
44:54 différents, mais vrais, et tout aussi efficaces.
44:56 Ça met de la nuance.
44:58 Tu réalises que des fois, ça répond à un des trucs, mais beaucoup plus
45:00 à d'autres. Et que dans la globalité, ça fait
45:02 vraiment... Les gens sont dans la recherche, en fait,
45:04 de cette vérité. Consciemment ou inconsciemment,
45:06 ils la sentent. Quand tu mens,
45:08 les gens le sentent dans ta voix,
45:10 dans comment tu bouges.
45:12 Ils ne sont pas forcément capables de mettre le doigt dessus,
45:14 mais ils le ressentent profondément.
45:16 Et quand tu es super vrai,
45:18 ils le ressentent exactement
45:20 pareil.
45:22 - Il y a un passage de Smalltalk
45:24 où il y a toujours un moment qu'on appelle "le plus".
45:26 C'est des choses "les plus".
45:28 - OK. - En ce qui concerne...
45:30 Il y a une question
45:32 que j'aime beaucoup et que je pose à tout le monde, c'est
45:34 "Ta plus grande douleur physique ?"
45:36 - Parce que des fois, il y a des gens
45:40 qui disent "moi j'ai jamais eu mal". - C'est pas une question.
45:42 - "J'ai eu mal à la tête hier".
45:44 - J'ai pas envie de dire ça, parce que
45:46 je suis très superstitieux.
45:48 - Alors, ma plus grande douleur
45:50 physique...
45:52 Euh...
45:54 C'est intéressant,
45:56 mais il n'y en a pas
45:58 qui me viennent. - Tu t'es pas cassé un membre ?
46:00 T'as pas eu de... - Ah si !
46:02 Je me suis fait une entorse
46:04 à la cheville, à une époque où je faisais
46:06 du handball.
46:08 Pareil, adolescent. - Oui.
46:10 - Ouais. En fait, je me souviens
46:12 que je retombe, estore,
46:14 j'entends "clic".
46:16 Et là, je suis en pleurs et tout. Grosse douleur.
46:18 Je dirais elle. - Ouais.
46:20 - Vous avez été épargné quand même,
46:22 ensemble, par les méga douleurs.
46:24 - Ouais, mais j'ai vécu des douleurs psychologiques
46:26 puissantes.
46:28 Des moments de... Je dirais que
46:30 la plus grosse douleur que j'ai vécue dans ma vie, elle est pas
46:32 physique, quoi. - Elle est psychologique ?
46:34 - C'est une douleur...
46:36 C'est un bad trip aux champignons
46:38 où je ressentais une
46:40 douleur qui était, mais...
46:42 mais tellement profonde.
46:44 Et c'est de l'eau, de très,
46:46 très, très, très loin, la pire
46:48 douleur de ma vie.
46:50 - Et qu'est-ce que tu voyais ?
46:52 Pourquoi est-ce que ça faisait si mal ?
46:54 - J'étais jugé
46:56 et accusé
46:58 de tout ce qu'il y a de plus monstrueux sur la
47:00 planète.
47:02 On me demandait pourquoi je méritais de vivre.
47:04 On me demandait de m'immoler par le feu.
47:06 Et je devais donner des arguments
47:08 à une espèce d'entité que je voyais
47:10 à peine...
47:12 C'est très, très bizarre, cette histoire.
47:14 Très douloureux, surtout. Très douloureux.
47:16 Et ça a duré dix heures en vrai,
47:18 en vrai temps de la montre,
47:20 mais en ressenti,
47:22 je suis resté beaucoup plus longtemps là-dedans.
47:24 Et c'était...
47:26 Se fouler
47:28 la cheville à côté, c'est rien.
47:30 Là, c'était une douleur... J'avais l'impression
47:32 que j'avais mal à l'âme.
47:34 - Et t'es rentré... T'as pris
47:36 le champi et t'es rentré
47:38 progressivement dans ce truc-là, et là tu fais "Ouh là là,
47:40 qu'est-ce qui se passe ?" - Ouais.
47:42 - Et là, de ta coup, y a l'entité qui te demande
47:44 de justifier pourquoi. - C'est ça.
47:46 Et qui m'envoie des images dans la tête, des trucs monstrueux.
47:48 Qui me dit que c'est de ma faute, des choses qui sont absolument
47:50 pas de ma faute.
47:52 Des choses de l'histoire, même. Des trucs fous, en fait.
47:54 Tout ce que j'avais en mémoire,
47:56 de ce qui est pour moi la définition de ce qui est
47:58 mauvais, ce qui est vraiment mal,
48:00 je me retrouvais accusé.
48:02 On me disait "T'es un humain, tu as l'image
48:04 de l'humanité, donc tu es responsable
48:06 de tous les torts
48:08 faits par n'importe quel humain." C'était d'une
48:10 puissance. J'avais mal
48:12 et j'arrivais pas à m'en sortir. Et on me disait
48:14 "Immole-toi par le feu."
48:16 Et je devais me combattre. C'est très dangereux, ces merdes-là.
48:18 Faut faire très attention. Ça, c'est la plus
48:20 grande douleur de mon existence de très, très,
48:22 très loin.
48:24 - Et t'as eu dans ta vie des...
48:28 Tu l'as déjà raconté, mais t'as eu des
48:30 petits problèmes
48:32 psychologiques à certains moments de ta vie. - C'était après ça.
48:34 - C'était après ça ? - Après ça, pendant un an.
48:36 Pendant un an, j'avais des voix dans ma tête.
48:38 J'en parle un peu dans le prochain spectacle.
48:40 Lié à toute cette histoire.
48:42 Très intense, ça.
48:44 Et après ça, il y a eu des pics de pareil,
48:46 de douleurs liées à ces moments-là, en fait.
48:48 Le truc de me dire "Est-ce que ma vie, ce sera
48:50 ça pour toujours ?"
48:52 Je me souviens de crises très
48:54 intenses où je dois garder un pied dans la réalité.
48:56 Je me souviens d'être à un
48:58 spectacle à l'école de l'humour,
49:00 chose que j'ai faite à Montréal, où on est dans le noir.
49:02 Tout le monde se succède
49:04 sur scène pour faire son passage et moi, je profite
49:06 d'être dans le noir, je pleure. Parce que j'ai des gens, ils me parlent dans ma tête,
49:08 en fait. Et je me dis "Ça va être ça toute ma vie ?
49:10 Comment je vais faire ?
49:12 Comment je vais faire ?" Et au final,
49:14 un jour, c'est parti.
49:16 C'est parti.
49:18 La personne décédée avec laquelle
49:20 tu aurais eu le plus envie de
49:22 faire l'amour ?
49:24 De faire de la sexualité ?
49:26 Ouais.
49:28 Faut qu'elle soit décédée.
49:30 Pas forcément il y a longtemps.
49:32 Alors...
49:34 J'essaie de réfléchir.
49:36 J'avoue qu'en ce moment,
49:38 je suis de moins en moins séduit par...
49:40 Par les gens décédés ?
49:42 Par les gens décédés.
49:44 Même mon rapport au physique est différent.
49:46 J'ai l'impression que c'est plus
49:48 une ambiance que tu peux pas saisir
49:50 en dehors de la conversation, comme une tension.
49:52 Je suis beaucoup plus séduit
49:54 par ça. Alors qu'avant,
49:56 j'étais "Oh, regarde !"
49:58 Évidemment, c'est un mélange entre les deux.
50:00 François Hollande, il a dit Simone de Beauvoir.
50:02 Et Eric Judor, il a dit
50:04 JFK.
50:06 Ouais, ouais.
50:08 Juste parce qu'il voulait Ken Kennedy.
50:10 Je comprends. Elle est pas mal.
50:12 Moi, je dirais
50:14 en tant que mec super premier degré,
50:16 je sais pas,
50:18 je sais pas. Je me dis, je vais trouver...
50:20 Y a pas une célèbre
50:22 maître du tantrisme ?
50:24 Tu sais que t'as
50:26 l'experte du Huc.
50:28 Est-ce qu'il y a une maîtresse du tantrisme ?
50:30 Je sais pas.
50:32 D'accord, mais genre
50:34 une nonne bouddhiste
50:36 de y a très longtemps.
50:38 C'est quoi justement une vraie meuf du
50:40 Kama Sutra, mais dans la démarche
50:42 genre, tu couches avec moi,
50:44 tu ouvres ton troisième oeil.
50:46 Tu vois le délire ?
50:48 Y a du cul du physique, mais c'est...
50:50 C'est une porte vers une autre dimension.
50:52 C'est une porte vers une autre dimension.
50:54 C'est un voyage.
50:56 C'est laisse tomber. Tu prends des miles.
50:58 Voilà, ce genre de délire.
51:00 C'est-à-dire du sexe mystique
51:02 où t'as des images de Lotus qui s'ouvrent et tout.
51:04 Ça, c'est ça que je veux.
51:06 Est-ce qu'il y a un humoriste où tu te dis
51:08 "Jamais de ma vie, quoi que je fasse,
51:10 je pourrais arriver à ce
51:12 niveau-là, c'est tout, c'est comme ça, je suis pas assez."
51:14 Y en a aucun ? - Non, aucun.
51:16 Je refuse.
51:18 Puis même arrive un moment où c'est difficile,
51:20 c'est pas comme le sport
51:22 où y a des statistiques, et encore même y a des débats
51:24 malgré les statistiques. Je pense que
51:26 y a un certain niveau où
51:28 c'est difficile.
51:30 Puis je le vois pas comme une compétition, surtout.
51:32 Y a des gens, c'est des maîtres
51:34 de ça, après savoir qui est plus maître
51:36 que pas. Et je me dis
51:38 que
51:40 je vois pas pourquoi je pourrais pas
51:42 à force de bonne volonté,
51:44 de bon état d'esprit, ne pas devenir
51:46 moi aussi un jour peut-être un maître
51:48 de la discipline. Je veux pas mettre de limites
51:50 et de barrières. - On avait parlé à Rennes de Louis Ciquet.
51:52 - Ah mais c'est mon... Lui, par contre, c'est mon...
51:54 Moi, je le trouve... Mais maintenant, je regarde plus.
51:56 Je regarde très peu d'humour.
51:58 - Ah t'as fini ? - Je regarde plus.
52:00 Déjà, je baigne tout le temps dedans, donc quand je suis
52:02 chez moi et que je veux me détendre,
52:04 je dis "Encore ? Encore la comédie ?"
52:06 Je regarde que des animaux. Et encore,
52:08 là, je les ai tous vus
52:10 et y a plus d'animaux qui sortent.
52:12 Donc bon, je suis comme ça.
52:14 Donc je regarde du foot.
52:16 Ça me détend. Voilà.
52:18 Mais ouais, Louis Ciquet,
52:20 c'est probablement celui que j'ai
52:22 trouvé le plus fort de ma vie.
52:24 Où j'ai vu des passages de lui et je me suis dit
52:26 "C'est très très fort". Après, y en a...
52:28 Sérieusement, y en a tellement qui m'ont tué.
52:30 - Merci. Avec plaisir.
52:32 Small talk, c'est fini.
52:34 T'as dit des choses sur toi aujourd'hui
52:36 et moi, je pense que ces choses-là,
52:38 elles sont sourcées puisque c'est toi
52:40 qui les as dites. Et donc maintenant, ce que vous pouvez faire,
52:42 vous, les auditeurs, c'est vous prenez ces
52:44 informations et vous les mettez sur Wikipédia
52:46 et vous mettez en source
52:48 ce podcast. Et du coup,
52:50 la connaissance universelle sur Romain De Fruscinet est
52:52 augmentée et tout le monde est content.
52:54 Merci beaucoup, Romain. - Ça, c'est pas mal.
52:56 Eh ben, merci pour l'accueil. - Avec un vrai plaisir.
52:58 Bon, ben, cet épisode,
53:00 il est fini. Va y avoir plein
53:02 d'autres épisodes et si vous voulez être sûr
53:04 d'en manquer aucun, eh bien, cliquez.
53:06 Cliquez sur le bouton qui permet de vous
53:08 abonner à Small Talk. Après, je sais
53:10 que s'abonner, c'est un choix personnel, donc je vais pas vous
53:12 forcer. Mais si j'étais vous, je le
53:14 ferais. C'est tout ce que je dis. A dans
53:16 deux semaines. Parce que c'est tous les 15 jours.
53:18 OK ?
53:20 Dominique !
53:22 Et j'ai l'impression que là, ce truc de Cristiano Ronaldo,
53:24 il fait une fin de carrière humiliante, mais
53:26 totalement humiliante, quoi.
53:28 Bah, un peu, surtout qu'on sait que c'était
53:30 un peu cette dernière Coupe du Monde qui
53:32 déterminait un peu, bon, alors c'est qui le débat
53:34 Cristiano Messi ? Il sait qu'il a un peu perdu
53:36 ce débat avec la Coupe du Monde. - Puis c'est un peu
53:38 la seule personne portugaise connue, tu vois, donc
53:40 c'est un peu... - Y a qui d'autre ? C'est qui ? Y a Cristiano
53:42 y a qui d'autre, à part des joueurs de foot ?
53:44 Y a le mec... - Bah, mais il est pas connu, en fait.
53:46 Mais le chef du
53:48 commissariat aux réfugiés
53:50 de l'ONU. - Ah oui, donc c'est des personnalités techniques, quoi.
53:54 Antonio Guterres, l'ancien premier ministre,
53:56 il était portugais, mais... - Ouais. - Et chez qui
53:58 d'autre ? - L'international, ouais.
54:00 - Non, c'est que des...
54:02 Et d'ailleurs, au Panthéon,
54:04 à Lisbonne, t'as quand même des footballeurs,
54:06 quoi, enterrés dans le Panthéon.
54:08 Donc ça montre, tu vois, aux grands hommes
54:10 la patrie reconnaissante. - Y en a pas, nous, ici ?
54:12 Aucun footballeur ? - Y a zéro, pour l'instant.
54:14 Pour l'instant. - Y a zéro footballeurs, quoi.
54:16 Pour l'instant.
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