La normalisation des relations entre l'Arménie et la Turquie est-elle possible ?
Alors que l'Arménie et la Turquie s'affrontent samedi en éliminatoire de l'Euro 2024, Euronews fait le point sur les relations entre ces deux pays, au point mort depuis 30 ans.
Transcript
00:00 C'était en 2009, à la faveur d'un match de football.
00:04 Les dirigeants turcs et arméniens de l'époque se rencontraient.
00:07 Un événement qui a permis un rapprochement et des déclarations de bonnes intentions.
00:11 Mais 14 ans plus tard, les deux pays n'entretiennent toujours pas de relations diplomatiques.
00:15 Un nouveau match se tient ce samedi, l'occasion de faire le point sur les relations
00:19 entre les deux voisins déchirés par l'histoire et le souvenir du génocide.
00:23 Je doute fort qu'il y ait un véritable changement dans les relations bilatérales
00:28 parce que Erdogan contrôle sur sa base électorale.
00:31 Afin d'être conduit président, il s'appuie normalement sur un électorat ultra-nationaliste.
00:37 Donc ça c'est un facteur intérieur.
00:39 Et vous avez le facteur géopolitique et l'alliance avec l'Azerbaïdjan.
00:44 L'Azerbaïdjan, un acteur central dans ce dossier qui souhaite que l'Arménie
00:48 reconnaisse sa souveraineté sur le territoire du Haut-Karabakh peuplé d'Arméniens.
00:52 Ankara est totalement solidaire de Bakou sur cette question.
00:56 Les relations diplomatiques entre la République de Turquie et la République d'Arménie
01:01 ont été unilatéralement suspendues par la Turquie après la première guerre du Haut-Karabakh.
01:12 Quand l'Arménie est devenue indépendante, après la chute du mur de Berlin
01:19 et l'implosion de l'union soviétique.
01:22 Depuis 1993, la Turquie maintient sa frontière fermée avec l'Arménie,
01:27 pays déjà enclavé pour soutenir Bakou.
01:30 Mais la Turquie n'est absolument pas opposée à l'ouverture des frontières
01:35 si les Arméniens arrivent à mettre de côté la question du Karabakh
01:40 et surtout à obtenir ce que les Azéries demandent, c'est-à-dire des concessions territoriales.
01:45 A ce titre, l'Azerbaïdjan réclame aussi la création d'un corridor
01:49 passant sur le territoire arménien pour relier son esclave du Nakhichevan,
01:53 ce qu'Erevan refuse catégoriquement pour des questions de souveraineté.
01:57 Peu de chance donc que les choses bougent à court ou moyen terme,
02:00 même si l'opposition turque, qui s'est unie derrière un seul candidat,
02:04 remporte la présidentielle en mai prochain,
02:06 car des partis nationalistes sont membres de cette coalition, comme le I.I. Parti.
02:11 Le I.I. Parti est un parti issu du parti d'extrême droite nationaliste des Lougris
02:18 et ce parti, par exemple, serait très réticent à passer outre la volonté d'Azerbaïdjan.
02:25 Donc s'il y a un changement de gouvernement et de majorité,
02:29 il ne faut pas trop s'attendre à des changements rapides et significatifs sur ces terrains-là.
02:37 Par contre, ce qui peut changer, c'est peut-être une attitude moins agressive
02:43 vis-à-vis des voisins, moins menaçante vis-à-vis des voisins
02:49 que l'attitude déployée ces derniers temps par la diplomatie de Taïper Doab.
02:55 Récemment, des rapprochements symboliques ont permis tout de même de nouer un semblant de dialogue
03:00 entre Ankara et Erevan, comme l'aide apportée par l'Arménie
03:03 après le séisme dévastateur du 6 février en Turquie.
03:07 C'est-à-dire que l'opinion publique turque ne s'attendait pas
03:10 à une telle démonstration de solidarité de la part de ce voisin complètement fantasmé qu'est l'Arménie.
03:16 En Turquie, il y a tout un narratif extrêmement hostile aux Arméniens
03:22 qui sont perçus encore comme des ennemis intérieurs, comme des traîtres
03:26 ou comme des ennemis extérieurs qui visent à ternir l'image de la Turquie
03:31 puisqu'ils ne reconnaissent pas ce génocide.
03:33 Donc le fait de voir des équipes de sauveteurs arméniens, ça a eu un impact indéniablement positif
03:37 à la fois au niveau du leadership turc mais aussi des opinions publiques.
03:43 On témoigne la couverture médiatique qui a été faite à cet effet.
03:48 Malgré le négationnisme de l'état turc sur le génocide
03:52 et le soutien politique et militaire d'Ankara à l'Azerbaïdjan
03:55 qui a conduit à la déroute arménienne dans le Haut-Karabakh en 2020,
03:58 l'actuel gouvernement à Erevan se dit prêt à nouer des relations avec la Turquie
04:02 pour sortir de son isolement géographique et de son ultra-dépendance à la Russie.
04:07 Mais le verrou azerbaïdjanais semble pour l'heure empêcher tout développement des relations arméno-turques.
04:12 - C'est parti. - C'est parti pour toi.
04:13 [Roulement de tige]