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Le magazine de grand reportage de M6, créé par Patrick de Carolis, fête son 30e anniversaire. Le pari était osé : installer un magazine d’investigation face aux sacro-saints films du dimanche soir. M6 a relevé le défi avec succès en 1993. Sous la houlette des dirigeants de la chaîne, Nicolas de Tavernost et Thomas Valentin, Patrick de Carolis lançait le 7 mars « Zone Interdite » et son générique signé Michel Jonasz. 30 ans plus tard, l’émission est toujours là, plus moderne mais toujours avec la même ligne éditoriale : montrer les évolutions de la société. « L’idée de départ était brillante », reconnaît la présentatrice Ophélie Meunier, invitée médias de Célyne Baÿt-Darcourt, avec Patrick de Carolis

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Transcription
00:00 Bonjour Eufélie Meunier ! Bonjour Céline !
00:01 Vous êtes à peine plus âgée que Zone Interdite, mais 30 ans pour une émission de télé !
00:06 C'est vieux ! Il n'y en a pas beaucoup qui ont cet âge-là.
00:09 À quoi attribuez-vous cette longévité incroyable ?
00:12 Déjà à l'idée de départ, qui est ultra brillante.
00:17 J'imagine qu'on va revenir dessus.
00:19 Bien sûr !
00:20 Et puis depuis 30 ans, pour faire une réponse courte,
00:22 à la capacité de toutes les équipes successives d'avoir réussi à sentir
00:29 les phénomènes naissants et montants dans les bouleversements de notre société.
00:34 De quel reportage êtes-vous le plus fière ?
00:36 C'est une question très difficile bien évidemment.
00:38 Je pense qu'aucun de nous, quand je dis nous,
00:41 c'est tous ceux qui ont été un jour à la tête de Zone Interdite.
00:44 Aucun de nous n'est capable de répondre à cette question.
00:48 Non, évidemment j'ai eu des enquêtes qui m'ont marquée.
00:52 Pour parler d'enquêtes récentes,
00:55 je pense à celle sur l'aide sociale à l'enfance,
00:59 à un système terriblement défaillant dans notre pays.
01:02 C'est absolument inacceptable.
01:04 Je pense évidemment, il y a un an, à cette enquête sur la montée de l'islam radical,
01:09 qui a beaucoup marqué, en tout cas pour l'instant, ma carrière à la tête de Zone.
01:16 Et puis dans un autre style, à cette enquête sur Alzheimer,
01:20 qui a permis, je pense, à beaucoup de téléspectateurs de se sentir moins seuls.
01:24 Donc c'est vraiment difficile de faire un choix.
01:26 Vous vous sentez utile ?
01:28 Parfois. Parfois, quand nos émissions sont reprises en exemple à l'Assemblée nationale,
01:35 pour interpeller un député et dire "Monsieur ou Madame,
01:38 ce qui se passe actuellement et ce qui a été démontré dans Zone Interdite
01:41 n'est pas possible en France", oui, on se sent utile dans ce moment-là.
01:45 Alors on est en ligne avec le papa de Zone Interdite.
01:47 Bonjour Patrick De Carolis.
01:48 C'est un joli petit nom. Bonjour Patrick.
01:51 Bonjour à vous deux. Bonjour aussi à vous.
01:53 Ravi d'être avec vous.
01:54 On est ravis aussi de vous avoir un instant au téléphone.
01:57 C'est vous qui avez créé ce magazine en 1993.
02:00 M6 avait pris un gros risque à l'époque parce qu'en face, le dimanche soir,
02:03 il y avait et il y a toujours des films très populaires.
02:05 Racontez-nous comment est né ce projet, Patrick.
02:08 Ce projet est né dans l'idée,
02:12 c'était l'idée de Nicolas Taverneau et de Thomas Valentin d'installer un magazine,
02:17 un nouveau magazine de reportage le soir, le dimanche soir, face aux films.
02:23 Et ils m'ont demandé, moi je venais de la 5, qui venait de mourir,
02:27 j'avais fait un magazine qui s'appelait "Reporteurs"
02:29 et ils voulaient réinstaller un magazine de grand reportage,
02:35 mais qui soit à la fois dans la contre-programmation, le dimanche soir,
02:41 d'ailleurs quand on a lancé une campagne de communication
02:44 qui était le dimanche soir avec Zone Interdite,
02:47 la réalité est plus forte que la fiction.
02:49 Vous voyez, on voulait installer vraiment cette case.
02:52 Ils souhaitaient que nous fassions du direct et voilà, c'est parti comme ça.
03:00 Et puis il m'a demandé de réfléchir à un titre, j'ai pensé à Zone Interdite.
03:05 Pourquoi ? Parce que ça m'a été inspiré en fait par un film du réalisateur russe Tarkovsky,
03:12 Andrei Tarkovsky, qui dans le film "Specter",
03:16 il y a une zone interdite, une zone opaque qu'il faut franchir
03:20 pour arriver à un monde meilleur sans doute.
03:24 Et j'ai pensé que le franchissement de cette zone
03:27 correspondait au travail journalistique que nous faisions,
03:29 c'est-à-dire amener le téléspectateur, le lecteur, l'auditeur
03:33 à travers une zone parfois opaque qu'on nous mettait sous les yeux.
03:39 Et je pensais que ça correspondait à notre métier journalistique
03:44 et on a appelé Zone Interdite pour cette raison-là.
03:47 - Ophélie, c'est la même ambition éditoriale 30 ans après ?
03:50 - Oui, ce qui n'a pas changé, c'est cette ambition éditoriale
03:53 de dévoiler des zones d'ombre, d'inspirer, de faire réfléchir,
03:58 de montrer parfois ce que la société n'a pas envie de voir
04:02 ou aussi parfois juste d'inspirer et de faire rêver.
04:07 Voilà, il y a différentes tonalités dans Zone Interdite
04:12 mais l'ambition de départ n'a pas changé.
04:14 - Et c'est toujours en direct ?
04:15 - Alors non, c'est plus en direct depuis que Patrick De Carolis
04:18 a passé les commandes de l'émission.
04:21 Je crois que le direct, Patrick, dites-moi si je me trompe,
04:25 mais c'est ça, je crois que le direct s'est arrêté en même temps que la suite.
04:28 - Pour quelle raison ?
04:30 - Parce que je pense qu'au départ, c'était à mon avis,
04:32 au-delà de ce que ça apportait à l'émission,
04:36 c'était, Patrick le dirait mieux que moi,
04:38 mais je pense que c'était l'occasion de faire venir des invités sur le plateau.
04:41 C'était l'occasion de créer l'événement face à,
04:44 donc vous le disiez, ces gros films du dimanche soir qui rametaient beaucoup.
04:50 Et puis finalement, une fois que le magazine a commencé à s'installer,
04:54 le direct n'était plus nécessaire parce qu'on a aussi voulu prendre le temps de l'enquête.
04:59 Je rappelle qu'un Zone Interdite, c'est quasiment un an de travail.
05:03 Donc voilà, et quand ils sont prêts, ils sont diffusés et donc plus en direct aujourd'hui.
05:06 - Patrick De Carolis, vous imaginiez à l'époque que l'émission existerait 30 ans plus tard ?
05:11 - Non, quand on crée un magazine, on le crée pour être en harmonie avec son temps,
05:17 avec sa période, mais jamais je n'aurais pensé que Zone durerait aussi longtemps.
05:24 Et il est prévu de durer encore plus longtemps,
05:26 parce que quand je vois la qualité du travail qui est produit,
05:29 je me dis qu'il a de belles années devant lui.
05:33 - Vous regardez encore ?
05:35 - Bien sûr, bien sûr.
05:36 Moi, je trouve, quand je regarde ce magazine,
05:40 je ne le regarde pas régulièrement, mais il m'arrive de le regarder,
05:45 je me dis qu'il a gardé une grande fidélité à son principe premier,
05:50 c'est-à-dire une grande curiosité pour les évolutions de la société.
05:55 Ophélie le disait très bien tout à l'heure.
05:57 Et ça, c'est l'ADN de ce magazine.
06:01 Et quelle que soit la présentation, Ophélie est aux commandes depuis 7 ans, elle bat des records.
06:06 - Oui, c'est ça.
06:08 Moi, je n'ai été aux commandes que 4-5 ans, les toutes premières années.
06:13 Tant qu'on aura cette vigilance-là, cette volonté d'être dans l'ADN,
06:21 ce magazine aura de belles années devant lui.
06:26 - Et pourquoi avez-vous arrêté de le présenter, Patrick de Carolis ?
06:28 - Tout simplement parce que j'ai quitté la chaîne à ce moment-là
06:32 pour partir sur France 3 à l'époque
06:35 et créer notre magazine qui est toujours aussi jeune et vivant,
06:39 qui est "Des racines et des ailes".
06:41 - Décidément.
06:43 - Ce magazine, d'ailleurs, aurait pu naître sur M6,
06:47 mais le hasard a fait qu'on me l'a proposé,
06:50 on m'a proposé d'autres fonctions et j'ai changé la chaîne.
06:54 Je tiens simplement à dire une chose, si c'est possible.
06:57 - Bien sûr.
06:58 - C'est la grande liberté que nous avons et que nous avions en tout cas,
07:01 et je pense que les équipes ont toujours.
07:03 - Tout à fait, tout à fait, Patrick.
07:05 - Je pense que vous savez, le travail qui est fait,
07:07 c'est un travail de présentation,
07:09 c'est un travail journalistique avec des équipes,
07:12 un réalisateur, un rédacteur en chef, une rédactrice en chef, des équipes,
07:15 mais surtout aussi l'accompagnement d'une équipe managériale.
07:20 Un magazine est libre quand l'équipe managériale vous permet de l'être.
07:27 Et ça, je tire un chapeau à Nicolas Tavernaud et à Thomas Valentin à l'époque,
07:31 en tout cas, qui ont permis cette liberté sur ce magazine.
07:34 - Vous confirmez Ophélie ?
07:35 - Tout à fait, et je voudrais juste raconter, quand je suis arrivée,
07:39 donc il y a sept ans, quand M6 m'a proposé de prendre le magazine,
07:43 une des premières choses qu'ils m'ont dites, c'est "Appel Patrick Decaire au lycée".
07:47 Donc nous sommes rentrés en contact et puis ensuite, on s'est vus à des événements
07:51 chaîne, les 30 ans d'M6, puis les 35 ans d'M6.
07:55 Et j'ai trouvé très beau et très visionnaire de la part de la chaîne
08:00 de vouloir quand même créer un lien entre le fondateur, Patrick Decaire-Aulisse, et moi,
08:04 qui arrivait 6 ou 7e présentatrice de l'émission, pour justement confirmer et justifier
08:10 tout ce qu'on vient de vous raconter tous les deux.
08:12 C'est qu'à la fois, c'est une histoire qui se rapproche de ce qui a été créé,
08:18 avec la nouvelle pâte et la modernité qui a été ajoutée au fur et à mesure
08:25 des années qui ont passé et des présentateurs qui sont arrivés.
08:28 On a évoqué, c'est Patrick qui disait "Ophélie, bal record du nombre d'années de présentation".
08:32 Pas encore, c'est comme Bernard de la Villardière, vous êtes au même niveau, vous l'avez battu !
08:36 Non, j'ai mal calculé ! Bernard a fait 6 ans et moi, je terminerai cet été ma 7e année.
08:44 Et vous serez à la rentrée encore à la présentation de "Women" ?
08:47 C'est en cours de discussion.
08:49 Mais vous en avez envie ?
08:50 Oui, bien sûr.
08:52 Merci à tous les deux d'avoir été les invités de France Info.
08:55 Merci d'être venus dans le studio, Ophélie Meunier.
08:57 Et merci à vous, Patrick de Carolis, de nous avoir accordé quelques minutes au téléphone.
09:01 Merci, je vous embrasse.
09:02 Merci Patrick, à très vite.

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