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00:00 - Bonsoir Olivier Dussopt, merci d'être avec nous, comment ça va ?
00:03 - Ça va très bien.
00:04 - Ça va très bien ?
00:05 - Ça va très bien, c'est beaucoup de travail mais ça va très bien.
00:07 - Attendez, un ballon à votre effigie,
00:09 trois semaines de débat où vous êtes égosié à l'Assemblée nationale contre les députés,
00:14 une fronde à nouveau contre le texte des retraites,
00:17 un rétro-pédalage à faire parce que soi-disant la Première Ministre
00:21 aurait dit qu'elle avait 50% de débiles dans son gouvernement ?
00:24 Je vous pose la question, comment ça va Olivier Dussopt ?
00:27 - D'un des points la Première Ministre a démenti d'avoir tenu cette phrase
00:30 et c'est à la fois une forme d'évidence pour nous mais c'est bien qu'elle l'ait démentie.
00:33 - Ça fait plaisir non que ça soit démenti ? Parce qu'à un moment donné on a le doute non ?
00:36 - Non, non, non, il n'y a pas de doute.
00:38 - Jamais, à aucun moment ?
00:39 - Pour le reste, trois semaines de débat certes,
00:42 des débats très compliqués à l'Assemblée, des outrons, des attaques parfois personnelles,
00:46 et ça n'est pas agréable.
00:48 Et quand vous ajoutez à ça, parce que ça a été le cas pendant cette période,
00:51 le fait d'avoir été un peu malade et en cumulant une bronchite, une laryngite et d'autres joyeusetés,
00:55 d'où la voix, comme je dis parfois, la laryngite est plus efficace pour me faire taire que la France Insoumise.
00:59 Et c'est un autre avantage, c'est que ça passe plus vite.
01:02 Donc le débat était fatigant mais d'abord on est là pour ça,
01:05 c'est d'une certaine manière notre fonction.
01:08 - On n'a qu'une vie, vous avez 45 ans Olivier Dussopt ?
01:10 - Pas tout à fait.
01:12 - Enfin, on n'a qu'une vie, vous n'avez jamais eu l'envie de sauter en marche en disant
01:15 "après tout j'ai qu'une vie, je peux faire un autre boulot, je peux aller plus compétent" ?
01:20 - J'ai une immense chance, c'est que depuis que j'ai l'âge de travailler,
01:23 depuis que je suis en activité, j'ai toujours fait des métiers
01:27 où j'ai occupé des fonctions qui me plaisent.
01:29 Qu'est-ce qu'il y a de mieux, qu'est-ce qu'il y a de plus incroyable que de pouvoir servir son pays ?
01:34 Le président de la République m'a témoigné d'une vraie confiance en 2017,
01:39 il a renouvelé cette confiance en menomant, après la fonction publique, au budget, aujourd'hui au travail,
01:44 et nous mettons en oeuvre un programme, nous mettons en oeuvre un projet politique.
01:47 Alors oui, il y a des moments qui sont plus durs que d'autres,
01:49 mais d'abord nous ne sommes pas là pour nous plaindre,
01:51 quand nous sommes fatigués il faut se reposer.
01:54 - Et vous y arrivez ?
01:55 - Bien sûr, j'ai la chance de dormir peut-être, mais d'abord il ne faut pas nous pendre, il faut se reposer.
02:00 Et en fait, on arrive au bout d'un processus parlementaire.
02:05 La loi a été adoptée au Sénat, elle a été adoptée à l'Assemblée par le rejet des motions de censure.
02:09 - Mais dans quelles conditions ?
02:10 - Des conditions difficiles, parce que, en première lecture, difficile à l'Assemblée nationale,
02:14 parce qu'en première lecture, la gauche a organisé de manière systématique l'obstruction,
02:19 avec 20 000 amendements, des amendements répétitifs.
02:22 Lorsque vous déposez des amendements qui consistent à bouger une décimale après la virgule,
02:27 et que vous répétez le même amendement à 100 exemplaires,
02:30 lorsque vous déposez un amendement pour demander au gouvernement de remettre un rapport à telle ou telle date,
02:35 et qu'après il y a des sous-amendements, modifiant la date de l'aujourd'hui...
02:38 - Ça vous l'avez dit aussi au Sénat, d'ailleurs c'est pour ça que vous avez sorti le 44-3,
02:41 en disant "maintenant ça va bien, on va garder 70 amendements et on va..."
02:43 - Contrairement à l'Assemblée, il y a un certain nombre de choses dans le règlement du Sénat
02:49 qui permettent de contourner ou de surmonter l'obstruction.
02:52 Et donc nous avons eu recours à des procédures constitutionnelles.
02:55 Les sénateurs, parce qu'il n'y a pas que le gouvernement,
02:57 les sénateurs, les présidents du groupe, les présidents du Sénat,
02:59 ont eu recours à leur règlement, celui qui organise leur débat.
03:02 Vous savez, on nous a reproché, et donc on m'a fait ce reproche-là à ce moment-là,
03:07 d'avoir, à la fin du débat au Sénat, demandé un vote unique sur un certain nombre d'articles,
03:12 sur les derniers articles restants en discussion, pour justement permettre d'aller au bout du débat.
03:17 J'ai regardé les archives, j'ai ouvert les archives, et qu'est-ce que j'ai trouvé ?
03:22 La réforme des retraites de 2003, qu'on appelle la réforme Fillon.
03:25 La réforme des retraites de 2010, qu'on appelle la réforme Wirth.
03:28 Et celle de 2013, portée par Marisol Touraine.
03:31 Les trois ont fait l'objet de votes bloqués, soit à l'Assemblée, soit au Sénat.
03:34 - Mais est-ce que c'est une raison de le refaire ?
03:36 Ça veut dire que c'est la seule solution pour gouverner ?
03:38 Là on apprend que le gouvernement veut gouverner par décret, par ordonnance ?
03:41 - Pas par ordonnance, ça n'est pas une raison en soi.
03:46 Mais deux points sur vos dernières remarques.
03:49 Ça n'est pas une raison, mais ça signifie simplement que le débat sur les retraites dans notre pays
03:53 est tellement passionné, tellement passionnel, que la plupart du temps, quand il y a une réforme,
03:58 il faut avoir recours à des outils constitutionnels, donc démocratiques,
04:01 qui permettent de limiter le temps de débat, sachant que pour la réforme des retraites que je porte,
04:05 nous avons débattu entre l'Assemblée et le Sénat pendant 175 heures,
04:08 ce qui est plus que les deux réformes précédentes réunies.
04:10 Et puis la deuxième chose que vous avez dite et qui me fait réagir,
04:13 vous dites que le gouvernement veut gouverner par décret ou par ordonnance.
04:16 Vous savez, pour prendre un décret, et prendre un décret avec des décisions par décret,
04:20 il faut que la loi autorise le décret.
04:21 Donc ça signifie des ajustements, mais pas des changements très profonds.
04:24 Si on veut changer profondément, il faut la loi.
04:26 Et pour prendre une ordonnance, il faut que le gouvernement autorise le Parlement à prendre une ordonnance.
04:31 Les choses ne sont pas aussi simples et directes que ça.
04:33 - Donc du coup, on ne voit pas l'idée de gouverner par décret ou par ordonnance ?
04:38 - Si, peut-être une précision là-dessus ? Pas par ordonnance.
04:40 Les ordonnances, je le répète, tant que le Parlement n'a pas voté une habilitation, vous ne pouvez pas.
04:46 Par contre, les décrets, si la loi telle qu'elle existe vous permet et vous donne des marges de manœuvre,
04:51 parce que souvent la loi renvoie à des décrets,
04:53 là vous pouvez apporter des changements, des changements très concrets,
04:55 sans nécessairement repasser par un débat parlementaire, mais à condition de respecter les lois qui existent.
05:00 - Vous voulez dire que l'avantage, c'est que ça n'est pas de répéter et de ressasser les mêmes choses,
05:03 ce qui vous a agacé en première lecture, notamment sur ce texte sur les retraites ?
05:07 - Très franchement, que ça m'agace, ce n'est pas le sujet.
05:10 - Si ça vous agace, c'est que ça agace le gouvernement.
05:14 - Ce n'est pas le sujet, ce qu'il faut c'est qu'on puisse avancer.
05:17 Le débat à l'Assemblée nationale en première lecture,
05:19 je suis désolé de le dire comme ça, mais ce n'est pas un débat qui est respectueux du Parlement.
05:24 Lorsque vous avez des parlementaires qui, par l'obstruction,
05:27 empêchent le reste des députés d'examiner plus de deux articles sur les 20 du texte,
05:31 et finalement en faisant ça, qu'est-ce qu'ils font ?
05:33 Ils privent le Parlement de sa capacité à voter.
05:36 Et qu'est-ce que devient un Parlement lorsqu'il ne vote pas ?
05:39 Se priver soi-même de la capacité à voter.
05:42 J'ai la chance d'être député depuis 2007.
05:44 Quand on est député, c'est pour voter.
05:46 On est pour, on est contre, c'est ça la démocratie.
05:48 On se défend et on donne des arguments.
05:50 Mais répéter 50, 100, 170 fois le même amendement uniquement pour perdre du temps,
05:53 ça ne fait pas progresser le débat et ça ne change pas les rapports de force.