Andrea nous raconte sa vie avec le VIH
"Malgré tout, j'arrive à vivre comme n'importe quelle femme, n'importe quelle maman, n'importe quelle épouse."
À 22 ans, Andréa a appris qu'elle était séropositive et sa vie s'est écroulée. Grâce à l'aide de ses proches et l'avancée des traitements elle s'est relevée. Aujourd'hui, elle a trois enfants, un mari et elle nous explique comment on vit avec le VIH.
Le #Sidaction2023 c'est ce week-end, pour ceux qui souhaitent donner ça se passe sur le site sidaction.org ou par téléphone au 110.
À 22 ans, Andréa a appris qu'elle était séropositive et sa vie s'est écroulée. Grâce à l'aide de ses proches et l'avancée des traitements elle s'est relevée. Aujourd'hui, elle a trois enfants, un mari et elle nous explique comment on vit avec le VIH.
Le #Sidaction2023 c'est ce week-end, pour ceux qui souhaitent donner ça se passe sur le site sidaction.org ou par téléphone au 110.
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00:00 Les gens pensent qu'on est tout le temps malade, qu'on est amégris.
00:05 On ne peut pas tenir un quotidien normal, que ce soit dans la vie de couple ou de tous les jours.
00:13 On ne travaille pas.
00:15 Les gens pensent vraiment qu'on est vraiment différents, alors que ce n'est pas le cas.
00:20 Comment tu as su que tu étais séropositive ?
00:23 C'est un copain de l'époque, justement mon ex-copain,
00:27 qui m'a proposé de faire mon test de dépistage,
00:30 parce que lui faisait son test de dépistage à chaque début de relation.
00:33 J'ai accepté de faire mon test, c'était la première fois que je faisais mon test,
00:37 mais je n'avais pas peur, je me disais que le VIH, je n'étais pas concernée, évidemment.
00:43 J'ai fait mon test dans un laboratoire à Lyon, et malheureusement il s'est avéré positif.
00:50 Ma mère s'inquiétait beaucoup, elle se disait "ma fille va tomber malade,
00:53 ma fille n'aura plus beaucoup d'années à vivre, c'est fini, sa vie est cachée,
00:57 elle n'a que 22 ans, mais qu'est-ce qui s'est passé ?"
01:00 C'était vraiment une période très difficile.
01:03 Et toi, tu pensais quoi ?
01:04 Je pensais pareil, je pensais que ma vie, c'était foutu.
01:08 Pour moi, je pensais qu'il me restait 10 ans à vivre,
01:10 j'allais tomber malade, j'allais maigrir, c'est fini, je n'aurai pas d'enfant,
01:15 mais ma vie allait s'arrêter là.
01:17 Je suis rentrée en dépression, c'était trop compliqué.
01:20 J'ai appelé mon médecin, parce que j'étais très vite prise en charge,
01:23 le médecin m'a expliqué que j'allais vivre un peu plus longtemps.
01:27 J'avais cette crainte de trouver un mari, de faire des enfants, de travailler, etc.
01:31 Et surtout, on a cette nouvelle identité,
01:34 c'est-à-dire j'étais une jeune fille tout à fait normale,
01:37 et là tout de suite, on me donne une étiquette de séropositive.
01:41 Je savais ce que les gens pensaient des personnes séropositives,
01:44 et je me suis mise à penser que j'étais comme ça.
01:47 Si les gens me voient et que je dis que je suis séropositive,
01:50 les gens vont se dire que non, c'est parce qu'elle a une mauvaise vie,
01:53 elle mérite ce qui lui est arrivé, etc.
01:56 Les gens vont me juger, se moquer de moi, il y avait la honte,
02:00 et aussi le fait de ne pas en parler.
02:03 Le poids du secret, tout le monde te dit "non, parle pas",
02:06 et tu as l'impression d'être une meurtrière.
02:08 Je n'ai pas eu de souci, j'ai eu du soutien.
02:11 Ça m'a énormément aidée, heureusement, parce que j'avais besoin de ce soutien-là,
02:14 et malgré ce soutien-là, j'étais en dépression.
02:17 Malgré tout ça, je fais une tentative de suicide.
02:19 Je n'imagine même pas si je n'avais pas de soutien,
02:21 et que je devais garder ça toute seule pour moi,
02:24 ça aurait été horrible.
02:26 Aujourd'hui, je suis indétectable.
02:30 Il y a ce nouveau stade là, indétectable.
02:32 Quand tu prends ton traitement, tu deviens indétectable.
02:36 Le traitement permet de supprimer la charge virale.
02:39 Le virus est toujours là. Il n'est pas parti, mais il est endormi.
02:42 Il faut savoir qu'il y a un certain nombre de virus dans le corps.
02:46 Moi, par exemple, quand on m'a détectée, j'étais à un million de copies,
02:50 et aujourd'hui, je suis à moins de 20 copies.
02:53 À moins de 20 copies, le virus ne peut plus se transmettre.
02:57 Il n'a plus assez de pouvoir pour se transmettre par voie sexuelle,
03:00 ou même de la mère à l'enfant, pendant la grossesse et l'accouchement.
03:04 Il y a toujours un petit risque de transmission pendant l'allaitement,
03:08 mais il n'y a plus de risque pendant les rapports sexuels.
03:12 Donc aujourd'hui, je suis indétectable.
03:14 J'ai une espérance de vie similaire à celle d'une personne séronégative.
03:17 Je ne transmets plus le virus.
03:19 Et finalement, c'est comme une affection chronique.
03:22 C'est vrai qu'on n'a pas trouvé de traitement pour guérir,
03:26 mais on a trouvé un traitement pour pouvoir vivre avec, sans le transmettre aux autres.
03:30 Je trouve ça magnifique.
03:31 J'en prends un par jour, tous les soirs.
03:35 C'est important de respecter son traitement, ses prises,
03:40 des pas à sauter, parce qu'être indétectable, ça n'est pas à vie.
03:45 Si on ne prend pas bien son traitement, on n'est plus indétectable.
03:48 Finalement, on retransmet le virus.
03:50 Ce n'est pas bon pour notre santé à nous-mêmes et pour les autres.
03:53 Le plus important, c'est de se faire dépister,
03:56 pour être rapidement mis sous traitement au cas où.
04:00 Et également, de faire attention.
04:02 Aujourd'hui, on a le préservatif qui permet de ne pas être contaminé.
04:07 Tout le monde est fatigué à cause des traitements.
04:13 Il faut assumer trois enfants.
04:16 Le mari travaille beaucoup.
04:18 - Je commence à prendre le chocolat.
04:21 - Ah, c'est pour combien de temps ?
04:23 Je suis maman solo pendant trois jours, parce qu'il est en formation.
04:28 Je vais devoir gérer les trois.
04:32 - Il y a quoi comme effet ?
04:34 - Il y a la prise de poids.
04:37 Et également, je dirais, le changement d'humeur.
04:41 Ça, ce n'est pas top, mais ça va encore.
04:44 - Tu le ressens beaucoup ?
04:46 - Oui, je le ressens beaucoup.
04:48 Malgré tout, j'arrive à vivre comme n'importe quelle femme,
04:50 n'importe quelle maman, n'importe quelle épouse, n'importe quelle personne.
04:54 Je vis, je sors, je m'amuse.
04:58 Je suis une maman comme les autres.
05:00 Il n'y a vraiment rien qui a changé.
05:02 C'est difficile au quotidien, mais je dirais,
05:04 tout le monde est confronté à des difficultés.
05:07 Il n'y a pas que les personnes séropositives.
05:09 Il y a d'autres maladies qui existent.
05:11 Donc, il ne faut pas...
05:13 C'est un drame de se dire que les personnes séropositives sont différentes des autres.
05:16 Les personnes séropositives ne doivent pas être en contact avec d'autres personnes.
05:19 Il y a des personnes qui ont peur de travailler avec des personnes séropositives.
05:22 Je te touche, je travaille avec toi, je discute avec toi.
05:24 Tu ne peux pas avoir le VIH.
05:26 Moi, je suis sous traitement.
05:28 Donc, moi, je te protège quand je suis sous traitement.
05:30 Tu devrais plutôt te méfier, je dirais,
05:33 de ceux qui ne connaissent même pas leur statut.
05:36 Ce sont ceux-là qui transmettent le virus.
05:38 Nous, on ne transmet plus sous traitement.
05:40 [Sous-titres par Nathalie Coulon]
05:42 [SILENCE]