"La transidentité n’est pas un caprice"
Transformation médicamenteuse, chirurgicale, sociale ? Travestisme ? Parentalité ? Morgan Zuli, homme trans, démêle le vrai du faux sur la transidentité dans notre INFO/INTOX ➡️
Transformation médicamenteuse, chirurgicale, sociale ? Travestisme ? Parentalité ? Morgan Zuli, homme trans, démêle le vrai du faux sur la transidentité dans notre INFO/INTOX ➡️
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00:00 Tu me vois avec ma tête rentrer dans les toilettes des femmes ?
00:03 Non, non, non, c'est pas possible, je crois.
00:05 Déjà avant, je rentrais dans les toilettes des hommes, honnêtement,
00:07 avant ma transition, parce que déjà j'avais un look dit masculin,
00:10 et puis surtout que les hommes sont plus rapides aux toilettes.
00:13 Salut à tous, Melty, c'est Morganzu,
00:16 et aujourd'hui, on va démêler le vrai et le faux,
00:18 des clichés sur les personnes transgenres.
00:20 Intox, c'est totalement faux.
00:25 On peut très bien faire une transition uniquement sociale,
00:28 sans passer par des opérations, un traitement hormonal,
00:32 il n'y a pas de règle.
00:32 Du moment qu'on se considère en tant que personne transgenre,
00:35 on l'est, c'est au fond de soi,
00:36 il n'y a pas besoin de passer par ce stade médicamenteux ou chirurgicale.
00:40 Intox, travesti, plutôt maintenant drag queen,
00:47 comme on utilise ce terme,
00:49 c'est une sorte de jeu de rôle,
00:50 c'est une durée limitée, ça n'a rien à voir.
00:53 La transidentité, c'est pas un caprice,
00:55 c'est pas du jour au lendemain, on se réveille,
00:56 on se dit "ah en fait, je me sens homme, je me sens femme",
00:59 c'est bien plus profond que ça.
01:00 Quand j'ai travaillé dernièrement dans la menuiserie,
01:06 mes collègues n'étaient pas au courant,
01:08 tout simplement parce que j'ai préféré me préserver,
01:10 j'avais un peu cette crainte.
01:11 Mes employeurs étaient au courant,
01:12 et ça n'a jamais été un souci.
01:14 J'ai eu de la chance, ou pas,
01:15 parce que ça devrait être une normalité,
01:17 mais le plus dur était de travailler en tant que femme
01:21 dans un milieu d'hommes à l'époque.
01:23 Ça a été vraiment très très très dur.
01:26 Un texte ?
01:27 C'est vrai qu'à l'époque,
01:28 moi on me disait que j'étais lesbienne
01:30 et ça résonnait mal en moi,
01:32 simplement parce que ce n'était pas ce que j'étais.
01:33 Maintenant, par exemple, la femme avec qui je sors aujourd'hui,
01:36 elle est sortie qu'avec des hommes cisgenres,
01:38 et quand elle a su que j'étais un homme transgenre,
01:40 c'est pas d'un coup "ah, elle est lesbienne", non non.
01:44 Elle est hétéro, elle est avec un homme,
01:46 je suis avec une femme, je suis hétéro.
01:48 Un foot, bien sûr, c'est un peu la même chose.
01:53 Un foot, bien sûr qu'il y a des effets indésirables
01:57 comme on peut avoir avec n'importe quel traitement.
01:59 Moi au début, sans mentir,
02:01 c'est vrai qu'il y a eu toute cette stabilisation,
02:03 beaucoup d'insomnie,
02:04 l'appétit grandissant où j'étais un peu plus nerveux.
02:06 Mais au bout du deuxième, troisième mois,
02:09 ça s'est totalement stabilisé
02:10 et puis je n'ai plus d'effet secondaire,
02:13 on va dire en tout cas au niveau du comportement maintenant.
02:15 J'ai toujours des douleurs au niveau des ovaires,
02:17 même si je n'ai plus mes menstruations,
02:19 c'est une réalité.
02:20 Parce que je n'ai pas encore fait l'hystérectomie,
02:22 c'est-à-dire l'ablation de l'utérus.
02:24 Ce n'est pas ma priorité,
02:25 mais il y a quand même des effets qui sont dits indésirables.
02:27 Mais pour moi, il y a beaucoup plus d'effets positifs à tout ça.
02:32 Avec un bon contrôle médical et des bons professionnels,
02:35 il y a tout qui s'arrange.
02:37 Un toxe, honnêtement, je ne me permettrais pas.
02:43 Je pense qu'à part me faire arrêter par la police,
02:45 ça ne va pas me servir à grand-chose.
02:47 Déjà avant, je rentrais dans les toilettes des hommes,
02:49 honnêtement, avant ma transition.
02:51 Parce que déjà, j'avais un look dit masculin,
02:53 et puis surtout que les hommes sont plus rapides aux toilettes.
02:56 Mais je veux dire, tu me vois avec ma tête
02:59 rentrer dans les toilettes des femmes ?
03:01 Non, non, non, ce n'est pas possible, je crois.
03:03 C'est un peu risqué.
03:04 Non, et puis je suis un homme,
03:05 je ne vais pas rentrer dans les toilettes des femmes,
03:08 tout simplement.
03:09 Un toxe.
03:14 Souvent, on associe le fait d'être un homme
03:16 avec ce qu'on a dans un pantalon.
03:18 Moi, je pense que c'est plus profond que ça.
03:19 Moi, je me suis toujours senti homme.
03:20 Un homme, c'est quoi ?
03:21 Ce n'est pas seulement être une caisse de muscles,
03:24 être viril.
03:25 Je veux dire, on n'est plus au Moyen Âge,
03:27 c'est tout là-dedans.
03:28 C'est une info.
03:33 Il n'y a pas de différence.
03:34 Je pense que j'en suis la preuve, et plein d'autres.
03:36 Peut-être que même on a une autre approche envers l'enfant.
03:39 En tant que personne transgenre,
03:40 moi clairement, quand ma fille me dit
03:42 qu'elle a envie de jouer au foot,
03:43 je ne vais pas lui dire non, c'est pour les garçons.
03:45 Elle choisit ce qu'elle veut.
03:45 Si elle veut porter du bleu, du rose ou autre,
03:47 c'est son choix.
03:48 Ce n'est pas une prolongation des parents,
03:50 les enfants, il faut savoir.
03:51 C'est un être humain à part entière.
03:53 En étant une personne transgenre,
03:55 j'ai beaucoup plus de recul là-dessus.
03:57 C'est comme ça, ça devrait passer
03:58 pour tous les enfants du monde.
03:59 [Générique de fin]