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Transcription
00:00 Alors que la dette française frôle les 3000 milliards d'euros.
00:02 Caroline Decamaré, vous nous avez rejoint.
00:05 3000 milliards d'euros, c'est du jamais vu.
00:07 Oui, on tutoie ce seuil très, très symbolique des 3000 milliards d'euros.
00:10 On se félicite un tout petit peu que c'était moins que prévu, mais quand même, c'est énorme.
00:15 111% du PIB, du produit intérieur brut.
00:20 On est un peu meilleur qu'attendu aussi sur le déficit lui-même.
00:24 4,7% on prévoyait un chouïa plus.
00:28 En attendant, avec le retour de l'inflation, vous le savez, la Banque centrale européenne a engagé une hausse des taux
00:34 qui fait que ça devient plus cher d'emprunter.
00:38 C'est une des conséquences.
00:39 Il y a aussi le fait que la France s'est endettée et continue à s'endetter.
00:42 Bien sûr, elle est dans le peloton de tête.
00:45 Si on regarde ce tableau des pays les plus endettés, cinquième plus mauvais élève sur 27.
00:52 Ce n'est finalement, elle n'est dépassée que par l'Espagne.
00:55 115% du PIB, le Portugal 120%, l'Italie 147% et la Grèce 178% des pays qui ont été sous plan de sauvetage de l'Union européenne.
01:06 Rappelons-le et qui, d'ailleurs, améliore plutôt leur situation.
01:10 La France est bien au-dessus de la moyenne des 27 en matière de dette 86%.
01:17 Et à l'inverse, il y a des pays comme l'Estonie, la Bulgarie, le Danemark qui ont des taux très bas, moins de 30% de dette.
01:23 On n'a plus de marge de manœuvre budgétaire.
01:26 Emmanuel Macron a voulu, en quelque sorte, donner un signal, engager une réforme des retraites impopulaire pour ne pas creuser le déficit d'année en année.
01:36 Pourtant, j'ai interrogé le commissaire en charge des droits sociaux.
01:40 On lui demandait d'équilibrer son régime des retraites, mais pas forcément de le faire de cette manière-là.
01:44 La manière lui appartenait en quelque sorte.
01:47 Ce n'est pas Bruxelles, en effet, qui dicte cette manière.
01:50 L'Allemagne, elle, elle est, pour ce qui est de la dette, à 60%.
01:55 Donc, elle est encore dans les clous du pacte de stabilité et de croissance.
01:59 Je le disais, la France, avec un déficit de 4,7%, elle est très, très loin des fameux 3%.
02:06 Voyez, il y a 15 pays qui sont quand même bien au-dessus des 3%.
02:09 Alors, c'est vrai que c'est difficile.
02:10 Ça va être très difficile de rassembler tout le monde sur la réforme du pacte de stabilité.
02:15 Pourtant, c'est maintenant qu'on est en train de la négocier.
02:17 Mais elle en est où, alors, cette fameuse réforme ?
02:19 On voit bien que malgré les bonnes déclarations d'intention,
02:21 les pays européens s'habituent à ces dettes abyssales.
02:26 Oui, c'est-à-dire qu'en fait, on a suspendu le pacte de stabilité depuis trois ans
02:29 pour cause de pandémie, puis guerre en Ukraine et crise énergétique.
02:34 Ça s'appelle la clause de sauvegarde.
02:36 Mais on avait dit, allez, ça y est, on revient dans les clous.
02:39 Et surtout, on revient à un pacte de stabilité rénové avant la fin de l'année.
02:42 Sauf que, eh bien, il ne s'est rien passé en début d'année,
02:45 alors qu'on devait effectivement tous signer à 27 un nouveau pacte.
02:48 Alors, la commission avait fait d'ailleurs une proposition
02:51 qui consiste à garder les fameux 3% de déficit, ainsi que les 60% de dette.
02:57 C'est deux gros indicateurs, mais avec une approche plus individualisée par pays,
03:02 avec donc des marges de tolérance en fonction de l'état de chaque pays.
03:06 Et ça, c'est le, vous savez, le fameux ministre libéral dont on parle beaucoup,
03:11 le ministre des Finances allemand, qui s'oppose, le fameux Christian Lindner,
03:16 à nouveau, à ce qu'on fasse un peu du à la carte.
03:18 Il demande que la commission n'oublie pas les réserves émises par son petit parti
03:22 dans la coalition d'Olaf Scholz pour que les règles soient claires
03:27 et qu'elles soient sanctionnées quand il y a non-respect des fameux 3% et 60%.
03:33 Alors, la Commission européenne, du coup, n'a pas pu présenter au dernier sommet
03:37 du tout cette réforme du pacte de stabilité parce qu'elle est beaucoup trop contestée.
03:43 On doit trouver un accord entre les plus orthodoxes des pays
03:46 et ceux qui demandent toujours plus de marge de manœuvre.
03:49 La France, originellement, elle est toujours dans une position d'équilibre.
03:53 C'est ce que voulait d'ailleurs Emmanuel Macron.
03:54 On est entre le Club Med et finalement les ultra-orthodoxes.
03:58 Mais là, en l'occurrence, quand on regarde l'étendue de sa dette et de son déficit,
04:02 on a clairement penché du côté du Club Med.
04:04 C'est clair. Merci beaucoup, Caroline.

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