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00:00On accueille notre invitée, c'est vous Lisa Thomas-Darbois.
00:02Bonjour à vous, vous êtes directrice adjointe des études France à l'Institut Montaigne.
00:06Merci d'avoir accepté l'invitation de France 24.
00:09Un effort de 60 milliards d'euros qu'il va falloir réaliser.
00:13Comment est-ce que vous, vous qualifiez ce budget ?
00:15Le Premier ministre n'a pas souhaité parler d'austérité.
00:20Non, il s'agit pas véritablement d'un plan d'austérité dans la mesure où,
00:25effectivement, on a quand même des mesures qui sont assez ciblées.
00:29Déjà d'un point de vue de fiscalité, on ne touche effectivement pas aux ménages.
00:33Vous l'avez rappelé dans votre reportage.
00:36Il y a des taxes et des impôts qui sont particulièrement ciblés sur une partie
00:41des grandes entreprises et sur une partie également des plus fortunés.
00:48Pour autant, effectivement, il peut y avoir des impacts de manière assez significative sur la croissance,
00:54puisqu'on peut avoir affaire à une baisse peut-être de la consommation, de la production.
01:00Et ça, ça dépendra des anticipations des agents et de la crédibilité aussi de ces mesures.
01:06Vous l'avez rappelé, elles sont censées être temporaires et exceptionnelles.
01:10Seul l'avenir nous le dira.
01:13Effectivement, les agents économiques, comme les grandes entreprises,
01:15ont besoin d'anticiper leurs projets pour pouvoir complètement investir
01:21et permettre d'avoir des anticipations positives sur l'économie.
01:25Vous parliez à l'instant des taxes qui ne concerneront pas tous les ménages français
01:30et a priori seulement les plus aisés.
01:32Dans tous les cas, il va y avoir des coupes importantes dans l'éducation,
01:35moins de 4 000 postes supprimés, le système de santé également.
01:39Je reviens à l'école qui devait être une priorité.
01:41Ça, ça a quand même des conséquences sur tous les Français, même si on ne les taxe pas.
01:45Il va y avoir des économies dans les dépenses de ces secteurs-là et ça touche ?
01:51Effectivement, on a à peu près 40 milliards d'économies de baisse de dépenses qui sont prévues.
01:56Il faut rappeler que dans ces 40 milliards, on en a à peu près 15
01:59pour lesquelles nous n'avons pas encore véritablement de documents ou de détails.
02:03Ça peut être sur de la réorganisation, de l'efficience de la dépense publique.
02:08On a en revanche, c'est vrai, des budgets.
02:10Vous avez mentionné celui de l'éducation nationale.
02:13En réalité, on est sur un effet au niveau des salaires et des postes de fonctionnaires
02:18où, il me semble, le gouvernement justifie cette mesure par une baisse de la démographie scolaire.
02:23C'est-à-dire qu'effectivement, on a moins d'élèves à accompagner dans les prochaines années.
02:28Mais ça doit effectivement interroger au regard des priorités qui sont données par le gouvernement.
02:32Et là, vous soulevez un point important.
02:34C'est effectivement peut-être le manque de visibilité sur un cap politique,
02:39sur une vision politique du gouvernement de Michel Barnier.
02:43Et en ce qui concerne la santé, les Français vont devoir faire des arbitrages,
02:47aller chez le médecin ou pas, puisque le financement de la sécurité sociale est impacté ?
02:52Alors, on ne sera peut-être pas à ce niveau d'arbitrage.
02:55Effectivement, on est sur une augmentation potentielle du reste à charge,
02:58qui devrait être pris pour certains soins et certaines mesures en charge par les mutuelles.
03:04Il y a un risque, effectivement, de hausse du coût de ces mutuelles.
03:08Mais là, il faut bien comprendre qu'on est à un niveau d'endettement et de situation,
03:12au regard de nos finances publiques,
03:15qu'il y ait des mesures d'économie qui soient prises.
03:18Nous avons collectivement, depuis des décennies désormais,
03:21fait dériver la dépense publique, la situation financière de notre pays.
03:25Nous avons des charges de la dette qui vont s'accroître.
03:28On estime peut-être que d'ici à quelques années, elle pourrait dépasser 70 ou 80 milliards d'euros.
03:33C'est important de l'avoir en tête par rapport à un budget, par exemple, de l'éducation nationale,
03:37qui est un petit peu au-dessus de 60 milliards d'euros.
03:39Et donc, il faut effectivement un effort collectif.
03:42Là où je pense qu'effectivement, il peut y avoir des attaques,
03:45des critiques et des craintes qui sont tout à fait légitimes,
03:47c'est qu'il n'y a pas, vous l'avez rappelé, en vérité, d'ambition et de programmes politiques
03:52qui permettent derrière de rassurer les Français
03:55et surtout de créer une forme de cohésion nationale derrière ces efforts budgétaires
04:01qui, derrière, vont effectivement servir la souveraineté de notre pays.
04:05Et loin de les rassurer, justement, des inquiéter davantage.
04:07Est-ce que cette situation n'est pas la conséquence des dérapages
04:11qu'il y a pu y avoir, justement, pour en arriver là ?
04:14Est-ce qu'on n'est pas en train de tenter de rembourser la facture
04:17des années Macron et du quoi qu'il en coûte ?
04:19Alors effectivement, c'est exactement ça.
04:22Les années Macron, c'est vrai que depuis 2017,
04:25il y a eu une augmentation de la dépense publique de plus de 400 milliards d'euros.
04:29Donc là, vous en payez la facture.
04:31Mais ce n'est pas uniquement depuis le quinquennat d'Emmanuel Macron.
04:33En réalité, il faut remonter.
04:35Et ça, tout le monde le sait très bien.
04:37On n'a pas eu un budget à l'équilibre depuis désormais 50 ans.
04:41Il y a une dérive de la dépense publique, mais qui est liée à un choix de société.
04:45Nous avons un modèle social qui est très large, qui a assez de publicité.
04:49On en parle relativement peu, mais c'est vrai qu'en France,
04:52on a un système de soins qui est quand même performant.
04:55On a effectivement de l'éducation pour tous, gratuite, accessible.
04:59On a un certain nombre d'aides sociales, d'aides de retour à l'emploi.
05:02On a un État-providence qui est très généreux.
05:05Ça a fait l'objet d'arbitrages politiques successifs.
05:09Simplement, aujourd'hui, on est peut-être allé trop loin, d'une part.
05:12Nous avons aussi une population qui est vieillissante, par exemple.
05:15Sur le sujet des retraites, ça pose la question de la pérennité,
05:18de notre capacité à pouvoir couvrir aussi bien la population des générations futures
05:24par rapport à ce que nous avons pu faire.
05:26Et puis, on a des défis qui s'offrent à nous.
05:28Vous avez présenté dans votre journal, évidemment,
05:31des défis, notamment en zone de guerre, assez importants.
05:35Il y a les enjeux de défense nationale, de notre capacité de programmation militaire.
05:40On a des enjeux, évidemment, de réchauffement climatique.
05:43Et ça, on en parle un petit peu moins ces dernières semaines.
05:45Mais la transition écologique nécessite un budget très important.
05:49Et donc, si on veut collectivement continuer à assurer notre modèle social
05:54et puis répondre à ces défis qui sont évidemment sérieux et prioritaires,
05:59il nous faut des marges de main-d'oeuvre budgétaires.
06:01Et pour ça, il faut faire des choix.
06:03Et là, effectivement, on est à l'ordre des choix et des arbitrages politiques.
06:06Je précise que ce plan doit être débattu à l'Assemblée.
06:09Merci beaucoup, Lisa Thomas-Darbois.
06:11Merci d'avoir pris le temps de répondre à nos questions sur France 24.
06:13Merci à vous.