Différents représentants des principaux laboratoires et entreprises pharmaceutiques actifs en France étaient auditionnés mardi 28 mars par la commission d’enquête du Sénat sur les pénuries de médicament. Tous ont plaidé pour un allégement de la régulation tarifaire, invoquant des prix trop bas pour permettre à la France de rester compétitive dans la production de médicaments. Karine Pinon, présidente de l'Association des moyens laboratoires et industries de santé (AMLIS), évoque ici le cas du bicarbonate de sodium.
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00:00 Et on arrive maintenant dans un contexte inflationniste qui est, je dirais, qui vient s'ajouter à tout ça, dans un contexte déjà difficile.
00:09 Et on a parlé de l'augmentation des intrants. Donc qu'est-ce qu'un intrant ?
00:14 C'est les matières premières, c'est le verre, c'est le carton, c'est l'aluminium, c'est tout ce qui sert à la fabrication du médicament.
00:24 On estime à peu près qu'on est entre 15 et 20 % sur les deux dernières années en matière d'augmentation d'intrants, c'est-à-dire purement l'API.
00:34 Maintenant, il y a des cas très spécifiques et on ne peut pas généraliser. Il y a des cas où vous allez avoir, moi j'ai eu sur certains produits, plus de 300 % d'augmentation sur un API.
00:44 Après, vous avez également tout ce qui est augmentation de l'aluminium, du verre, qui sont dramatiques. Et on arrive aussi effectivement dans une concurrence industrielle
00:54 qui fait que, par exemple, sur le verre, aujourd'hui, on est non seulement à des augmentations qui sont de plus de 600 %, mais en plus, on a des temps d'approvisionnement qui sont de plus en plus longs.
01:06 Donc, tout ceci fait qu'on a des augmentations très significatives. Juste pour vous donner un exemple très concret de l'augmentation du coût de l'énergie.
01:15 Au niveau d'un CDMO, par exemple, que je connais, il avait à peu près 300 000 € de coût d'énergie en 2021. Aujourd'hui, il est à 850 000 €.
01:28 Ensuite, on a l'augmentation de la masse salariale. Donc, on est aussi dans une industrie qui est extrêmement soumise aux mêmes aléas que tout le monde.
01:41 C'est-à-dire qu'on a en face de nous des gens, notamment dans les usines, qui demandent des augmentations de salaire et qui sont parfaitement légitimes au regard de l'inflation que l'on a.
01:50 Et donc, du coup, on a en moyenne une augmentation salariale qui est plutôt autour de 7 % si on veut être compétitif.
01:58 Parce que l'objectif, c'est de faire tourner les usines et qu'on ait des gens qui acceptent de travailler pour nous.
02:03 Donc, tout ceci fait que votre boulanger, par exemple, quand il décide qu'il a son coût d'électricité qui augmente, il a son coût de sa farine qui augmente,
02:13 il a le coût de sa vendeuse qui l'augmente, il augmente sa baguette. Nous, ce n'est pas possible.
02:19 Nous, on a des prix fixes et ce qui fait que derrière, la baisse de marge est totalement pour nous.
02:25 Donc, on considère que sur des produits, je dirais, classiques, si on a une marge brute qui est de moins de 20 %,
02:34 on ne peut pas faire face à tout ce qui est coût réglementaire, coût de la qualité, etc.
02:42 Je vais juste vous donner un exemple parce que c'est assez intéressant.
02:45 Donc, Philippe vous a donné tout à l'heure l'exemple du bicarbonate de sodium.
02:49 Vous savez, le bicarbonate de sodium, c'est quand vous allez à l'hôpital, vous avez, par exemple, vous devez avoir une perfusion d'antibiotiques.
02:57 On ne vous met pas directement l'antibiotique dans votre veine, on va le mettre dans une poche de soluté qui va diffuser tout au long de la journée.
03:09 Donc, ce bicarbonate de sodium, vous êtes d'accord avec moi, c'est absolument indispensable.
03:13 Le bicarbonate de sodium, on nous demande de le vendre à 1,40 €.
03:18 Pour 1,40 €, on nous demande d'avoir un flacon de 500 ml en verre stérile et stérilisé.
03:26 Ça veut dire que chaque flacon de bicarbonate de sodium, on doit savoir où il se trouve.
03:31 1,40 €. Je ne vais pas vous refaire la front de la baguette, mais on est à peu près au coup de la baguette.
03:38 D'accord ? Donc, typiquement, aujourd'hui, ce 1,40 € de bicarbonate de sodium, le fabricant aujourd'hui, il met 1,74 € pour le produire.
03:49 C'est-à-dire qu'on lui demande de vendre moins cher que ce que ça la coûte.
03:53 Je vais vous donner un autre exemple, un produit que moi, je commercialise.
03:57 On me demande de fabriquer, pour 0,89 €, une boîte de 50 comprimés qui sont utilisés.
04:06 Ces comprimés, je ne vais pas soutenir la marque, qui sont utilisés dans les EHPAD pour calmer les personnes qui sont en démence sénile.
04:14 D'accord ? Qui sont utilisés aussi dans les prisons pour calmer les prisonniers qui sont en cure de désintoxication.
04:21 D'accord ? Donc, on me demande de vendre à 0,89 € 50 comprimés qui sont dans des blisters aluminium et d'avoir tout le suivi réglementaire et qualité que l'on doit avoir.
04:37 Le pharmacien, lui, quand il voit devant cette boîte, il a 1,01 € de marge de dispensation.
04:45 D'accord ? Donc, ça veut dire que le pharmacien, je suis pharmacienne, donc il n'y a rien contre les pharmaciens dans ce que je vais dire.
04:54 Le pharmacien qui se tourne pour ouvrir son tiroir pour chercher la boîte, il gagne plus d'argent que moi, qui derrière, moi je gagne 12 centimes par boîte.
05:09 D'accord ? Donc, moi je gagne 12 centimes pour tout fabriquer et derrière c'est 12 centimes de marge brute.
05:16 Je dis encore marge brute parce que derrière il faut que je paie aussi les gens du réglementaire, de la qualité, etc.
05:21 D'accord ? Donc, ça c'est totalement impensable. Je veux dire, derrière on ne peut pas gagner.
05:26 La conséquence de quoi ? C'est que nous, on décide derrière de dérembourser le produit.
05:33 Puisque nous, on ne peut plus assurer la production de ce produit, on décide du coup de se dire, tant pis, ce produit sera mis à disposition,
05:42 mais ne sera plus pour rembourser parce qu'on ne peut plus continuer à commercialiser à ce niveau-là de prix.
05:49 Donc...
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