Retraites. «Malgré la répression, ce mouvement est rejoint par la jeunesse et ça fait peur »

  • l’année dernière
Présents dans le cortège parisien contre la réforme des retraites, les étudiants ont témoigné mardi de leur "colère", ciblant le projet de l'exécutif et son adoption au moyen du 49.3 ainsi que les violences policières et des agressions liées à des groupes d'extrêmes droites.

La jeunesse a poursuivi sa mobilisation mardi pour la dixième journée d'action contre la réforme des retraites, avec des dizaines de blocages d'établissements universitaires, de lycées ou encore de collèges, avant de prendre part aux manifestations.

L'accès à des sites universitaires était perturbé dans plusieurs villes, dont Paris - où plusieurs bâtiments de l'université Paris 1 étaient touchés -, Lyon, Lille, Bordeaux, Rennes ou Nice.
Quand au syndicat étudiant Unef, celui-ci a annoncé 400.000 jeunes mobilisés dans toute la France dont 70.000 à Paris en fin d'après-midi.

Bloqué, le centre René Cassin de l'université Paris-I où Albane suit un double cursus en Droit et Sciences Politique a témoigné : «Nous avons été attaqués par un groupuscule d'extrême droite, qui s'appelle Waffen Assas, sur notre site, avec une quarantaine d'hommes armés de couteaux et barres de fer. Cette attaque a renforcé le mouvement car plus d'étudiants sont revenus lundi afin de montrer que nous ne cèderons pas et peu importe les attaques de l'extrême droite».

«L'interfacs a mis en place un service d'ordre qui réunit des étudiants.es de toutes les universités afin d'organiser nos manifestations afin qu'elles aillent jusqu'au bout car tout comme on souhaite aller au bout du mouvement, on veut aller au bout de nos actions.», souligne Mathis, étudiant à l'université Paris Cité.

"On compte 60 facs bloquées sur 80 mobilisées, avec aussi beaucoup d'étudiants qui sont allés bloquer le pays aux côtés des travailleurs pour massifier le mouvement", a expliqué à la presse Éléonore Schmitt, porte-parole du syndicat étudiant L'Alternative, au départ du cortège parisien.
"La jeunesse est un point d'appui, le gouvernement sait qu'on peut jouer un tournant, on ne cédera pas. C'est un bras de fer, on pense qu'on peut gagner", a-t-elle lancé.

« Si Gérald Darmanin commence à s'inquiéter de cette mobilisation, ce n'est pas pour rien car le gouvernement commence à avoir peur de cette mobilisation et il a raison d'avoir peur», martèle Imane Ouelhadj, présidente du syndicat étudiant Unef.
Transcript
00:00 La répression, qu'elle soit administrative dans les universités,
00:03 qu'elle soit policière ou qu'elle vienne de groupes d'extrême droite,
00:06 elle a un effet sur la mobilisation.
00:09 Mais pas forcément un effet des mobilisateurs.
00:12 Un effet où les gens sont révoltés aujourd'hui d'essayer de se mobiliser
00:16 et de se prendre la violence de l'État et la violence de bandes fascistes
00:20 qui font un peu les larbins du gouvernement qui mènent leur politique.
00:26 On veut la guerre !
00:28 Et on va le sauver !
00:31 Bon voilà, il y a Paris 1, il y a Paris 3, il y a Paris 4, il y a Paris 7,
00:35 il y a Nanterre, il y a toutes les facs de région parisienne
00:39 et cette interfac qui se réunit hebdomadairement,
00:44 elle a mis en place un service d'ordre réunissant des étudiants et des étudiantes
00:49 de toutes les universités avec l'objectif de dire que nous,
00:53 on ne va pas aller brûler des voitures.
00:56 Par contre, si on décide d'aller d'un point A à un point B,
00:59 c'est-à-dire qu'on veut que notre manif aille jusqu'au bout,
01:02 on se donne les moyens qu'elle aille jusqu'au bout.
01:04 Parce qu'il y a compris la semaine dernière, le dispositif policier nous empêchait
01:07 d'arriver jusqu'à la place de l'Opéra.
01:09 Il ne nous laissait pas aller jusqu'au bout de notre manifestation.
01:11 Et tout comme on a envie d'aller jusqu'au bout du mouvement,
01:13 on a envie d'aller jusqu'au bout de nos manifs, de nos actions,
01:16 que ce soit des blocages, que ce soit des manifestations,
01:19 des assemblées générales, des occupations.
01:21 [Cris de la foule]
01:26 Moi, j'ai plusieurs camarades qui ont été gardés à vue,
01:29 dont un de 14 ans qui est collégien.
01:31 J'ai des camarades qui ont été tapés par des policiers
01:35 à coups de matraque à côté de moi.
01:37 J'ai vu les zéboueurs se faire réquisitionner devant moi au piquet d'ivrier.
01:42 On s'est fait gazer parce qu'on refusait que des grévistes
01:45 puissent être forcés à se mettre au travail par le gouvernement.
01:48 Ça, on le subit tout le temps, dès qu'on se mobilise.
01:51 Et là, c'est encore plus fort.
01:53 Parce que depuis le 49.3, il y a un vrai rapport de force
01:55 qui est en train de se faire contre un gouvernement
01:57 qui a été totalement sourd aux mobilisations pacifiques
02:00 et qui aujourd'hui se prend la colère de la population dans la gueule.
02:03 Et il la mérite bien.
02:04 [Musique]
02:08 On a beaucoup parlé des violences policières,
02:10 mais il faut aussi parler des violences infligées par l'extrême droite
02:14 au mouvement étudiant aujourd'hui.
02:16 Je pense à une attaque du GUD, revendiquée d'une peut-être filiale
02:21 de ce groupe uscule qu'on appelle désormais Waffen-Assas,
02:25 sur le centre René-Cassin, samedi dernier.
02:28 Des étudiants qui bloquaient le centre ont été attaqués
02:30 par une quarantaine d'hommes cagoulés aux gants, coqués,
02:34 armés de couteaux et barres de fer.
02:36 L'un d'entre eux a été hospitalisé après avoir le nez cassé.
02:39 Il y avait des lits de fuite.
02:40 Ces derniers l'ont laissé gisant sur le sol
02:43 et ont signé d'une croix celtique et de leur nom Waffen-Assas
02:46 notre bâtiment, nommé après un juriste militant humaniste.
02:51 Ces attaques-ci ont tendance à démoraliser les étudiants,
02:54 mais en même temps à renforcer le mouvement.
02:57 Puisque après l'attaque, plus d'étudiants bloqueurs sont revenus lundi,
03:02 de manière à montrer que nous ne cèderons pas
03:04 et nous ne fuirons pas de nos centres,
03:06 peu importe les attaques de l'extrême droite.
03:08 [Cris de la foule]
03:12 La répression, qu'elle vienne de la police,
03:14 qu'elle soit administrative de la part des présidences de fac,
03:16 ou encore pire, qu'elle vienne de l'extrême droite depuis la semaine dernière,
03:19 c'est une preuve qu'en fait, les possédants, les bourgeois, ils ont peur.
03:24 Ils ont peur parce qu'ils voient que la jeunesse,
03:26 qui avait eu du mal à se mobiliser depuis le début du mouvement,
03:28 pour plein de raisons, à cause de la sélection à l'université,
03:31 à cause de la pression, à cause justement déjà
03:35 des fermetures administratives sur un certain nombre de facs,
03:38 là ça y est, cette jeunesse, elle en a marre,
03:40 elle est enfin rentrée dans le mouvement.
03:41 Du coup, ça fait peur, parce qu'un mouvement
03:43 où la jeunesse rejoint les travailleuses et les travailleurs,
03:45 les syndicats, là c'est un ferment d'explosion sociale.
03:50 Et donc c'est pour ça qu'on a vu que toute cette répression
03:53 a commencé à se déchaîner avec un niveau encore jamais vu.
03:56 Donc je pense que ça n'a pas entamé la détermination des jeunes,
04:00 au contraire, ça nous a prouvé qu'on faisait peur
04:03 et que c'était en continuant et en amplifiant le mouvement
04:05 qu'on réussirait à gagner.
04:07 Nous ce qu'on veut c'est la Grèce générale,
04:11 nous ce qu'on veut c'est la Grèce générale.
04:15 Aujourd'hui on a une mobilisation d'ampleur,
04:16 une mobilisation de masse, et donc la violence policière
04:19 elle va avec, c'est normal, monsieur Macron a peur,
04:21 a peur de la jeunesse, mais nous on va continuer,
04:24 on va pas s'arrêter. En passant en force comme ça,
04:26 en maltraitant le peuple comme ça, il ne peut qu'apporter
04:29 une dérive fasciste en plus, et une répression fasciste,
04:32 puisque les fascistes aujourd'hui, ils sont contre notre mouvement,
04:35 ils sont pas en manif, ils sont pas là,
04:37 et même ils sont contre nous quand ils viennent
04:39 agresser nos camarades dans les universités ou les lycées.
04:42 Abri, abri capitalisme !
04:46 On l'a très bien entendu dans ce qui a été dit
04:49 de la part des représentants de l'Élysée et du gouvernement,
04:52 qui cherchent à casser le mouvement en fait,
04:55 mais je pense que les gens n'en restent pas là,
04:57 on l'a vu, il y a des manifs sauvages,
04:58 les gens continuent à y aller,
05:00 même si c'est pas quelque chose qui en soit légal et organisé.
05:03 J'ai entendu des gens témoigner, par exemple une fille
05:06 qui a vu son meilleur ami se faire écraser par la police l'autre jour,
05:09 je crois que c'était à République, ou à Bastille, je sais plus.
05:11 Donc forcément il y en a qui ont peur,
05:13 mais comme on peut le voir du coup, cette fille-là,
05:15 même si elle a vu ça, elle continue à se mobiliser et à être active.
05:18 Donc je pense surtout qu'on en ressort de la colère
05:21 et de l'énervement contre lequel on veut lutter,
05:23 contre un gouvernement contre lequel on veut le guetter,
05:25 malgré toutes ces oppressions envers nous.
05:27 Si on reprend le drame, on va mourir !
05:30 Et on voit que le gouvernement commence à s'inquiéter
05:34 finalement de cette mobilisation,
05:36 et on sait que c'est l'une des clés de cette mobilisation.
05:38 Si hier Gérald Darmanin fait une conférence de presse
05:40 pour dire qu'il s'inquiète du nombre de jeunes dans les manifestations,
05:43 c'est pas pour rien, et c'est bien symptomatique d'une chose,
05:46 c'est que le gouvernement commence à avoir peur de cette mobilisation,
05:49 et il a raison d'avoir peur.
05:52 "Au revoir les jeunes"
05:55 "Au revoir les jeunes"
05:59 "Au revoir les jeunes"
06:03 "Au revoir les jeunes"
06:06 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10.

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