"Je ne suis jamais contente quand je sors de scène"
Ses débuts, son succès international, La France a un incroyable talent… Laura Laune est passée nous parler de son parcours, dans La Dalle
Ses débuts, son succès international, La France a un incroyable talent… Laura Laune est passée nous parler de son parcours, dans La Dalle
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00:00 Quand il me voit, il voit une blonde qui a l'air un petit peu innocente
00:03 et puis en fait il s'attend pas du tout à cet humour-là.
00:06 Et c'est quand je voyais la tête des gens parfois dans la salle qui disaient "Oh !"
00:09 comme ça, je me disais "Ah ok, donc c'est quand même un humour qui fait choquer."
00:11 Je m'appelle Laura Lone, j'ai 36 ans et je suis humoriste.
00:19 Je l'ai montré à ma sœur, elle m'a dit "Mais t'es au courant que normalement,
00:22 dans les trous, ce sont pas des micros ?"
00:23 J'ai toujours voulu faire de la scène, j'ai toujours été passionnée par le théâtre.
00:28 Moi j'étais pas du tout celle qui allait faire des blagues à l'école
00:32 ou qui allait se faire remarquer au réunion de famille, etc.
00:34 Moi j'étais plutôt toujours un peu dans mon coin.
00:37 J'étais très timide en fait, j'étais très réservée.
00:39 Mais par contre, j'étais très captivée par les gens qui faisaient de l'humour.
00:43 Donc quand je voyais mes amis à l'école, etc., je les voyais faire des blagues,
00:46 je trouvais ça génial de faire rire les gens.
00:48 Et du coup, j'analysais vachement comment ils faisaient en fait.
00:50 Je me disais "Ok, donc en fait, ils font des vannes sur tel sujet, dans tel contexte."
00:54 Et ça me captivait et je me suis dit "Un jour, j'aimerais bien arriver à faire ça."
00:57 J'avais fait un casting que j'avais trouvé sur Internet
01:03 et je suis tombée sur ce casting de Couscous au lardon, qui est une comédie.
01:07 J'ai joué dans cette pièce à peu près un an.
01:09 J'adorais faire rire les gens, mais je me disais vraiment
01:11 qu'il ferait encore plus si j'arrivais à les faire rire avec des choses que j'écrite moi-même.
01:15 Et j'ai commencé en parallèle de cette pièce à écrire des vannes
01:17 et à les tester sur des plateaux, mais parfois des trucs.
01:20 Il y avait cinq personnes dans la salle.
01:22 Pendant Paris, j'allais un peu tester n'importe où, mais c'était une chouette école.
01:25 J'étais prof pendant six mois dans une section maçonnerie en Belgique.
01:29 C'était un peu absurde comme expérience.
01:31 Et du coup, je m'étais dit "Tiens, je vais écrire un sketch sur cette expérience."
01:34 Après, dans le sketch, pour le coup, c'était vraiment extrapolé et caricaturé.
01:37 Je suis professeure d'histoire de l'art en CAP, soudeur, bétonneur, option foot.
01:42 Je me suis inspirée de cette expérience de prof pour écrire ce sketch.
01:45 Et c'est resté le premier sketch du spectacle pendant six ans que j'ai tourné mon spectacle.
01:53 En fait, je me souviens vraiment d'un moment où j'ai senti quelque chose basculer.
01:58 Au début, je jouais dans une petite salle à Paris, je jouais à l'Apollo
02:00 les mardis-mercredis pendant deux ans.
02:02 Et il n'y avait vraiment pas beaucoup de monde.
02:04 Il y avait vraiment des soirs où il y avait dix personnes.
02:06 Quand j'ai fait "Incroyable Talent", c'est vrai que tout de suite,
02:08 le soir de la diffusion, on m'a dit "Là, au théâtre, c'est complet sur six mois."
02:12 On a augmenté le prix des places.
02:13 C'était complet tous les soirs, c'était complet parfois des mois à l'avance.
02:16 Et là, j'ai commencé un peu à paniquer, à me dire "OK, là, les gens qui viennent,
02:19 ils viennent parce qu'ils ont envie de me voir, ils ne viennent pas par hasard,
02:22 ils ont acheté leur place."
02:23 Et vraiment, ça, ça m'a mis une grosse pression.
02:25 Quand on fait de l'humour et qu'on écrit sur des sujets graves,
02:31 forcément, ça devient de l'humour noir, parce qu'on parle de choses
02:34 qui sont sérieuses et qui sont parfois tragiques.
02:36 J'avais vraiment cette envie de dénoncer des choses tout en pratiquant cet humour-là.
02:39 Et ça, c'est quelque chose qui ne m'a jamais quittée.
02:41 Et là, dans ce deuxième spectacle, on retrouve encore ça,
02:43 même si je parle d'autres sujets, mais on reste toujours dans ce truc
02:46 de dénoncer des injustices, des discriminations et de sujets, en tout cas,
02:50 qui, moi, me touchaient personnellement et dont j'avais envie de parler.
02:52 Quand j'ai commencé à écrire,
02:54 je ne me rendais pas forcément compte que c'était de l'humour noir.
02:55 En fait, je ne me rendais pas forcément compte que c'était trash,
02:57 c'est juste mon humour.
02:58 Et c'est quand je voyais la tête des gens, parfois, dans la salle,
03:00 qui faisaient "Oh !", comme ça, je me disais "Ah, OK."
03:02 Donc, c'est quand même un humour qui fait choquer.
03:04 Quand ils me voient, ils voient une blonde qui a l'air un petit peu innocente
03:07 et puis, en fait, ils ne s'attendent pas du tout à cet humour-là.
03:10 Et si tu viens à mon spectacle et que tu n'étais pas du tout prévenue,
03:13 tu peux quand même te prendre une petite claque.
03:16 Je pense que ce qui est le plus dur, c'est la remise en question perpétuelle
03:26 de ne jamais se dire "Ça y est, c'est acquis."
03:28 Parce que je m'étais dit que quand mon premier spectacle aura marché,
03:31 finalement, la suite, ça va couler.
03:32 Mais non, en fait, il faut repartir à zéro sur un nouveau.
03:35 Il faut se renouveler tout le temps, il faut tout le temps arriver à surprendre les gens,
03:38 arriver à être sincère en même temps dans ce qu'on fait.
03:41 Même quand ça marche, tu te dis toujours "Pourquoi les gens viennent me voir, moi ?
03:44 Et pourquoi est-ce que ça ne va pas s'arrêter ?
03:46 Et pourquoi est-ce que je suis vraiment légitime ?"
03:47 À chaque fois que je sors de scène, je ne suis jamais contente.
03:50 Je me dis "Ça, ça n'allait pas."
03:51 Même si ça a marché, que les gens étaient debout à la fin,
03:53 je suis tout le temps en train de me dire "Non, non, il faut s'améliorer tout le temps.
03:56 Il faut encore chercher, c'est pas encore ça."
03:58 C'est une pression qui est constante.
03:59 Et c'est ce qui fait aussi la beauté de ce métier.
04:01 Mais c'est ce qui fait aussi que parfois, c'est dur.
04:03 [Générique de fin]