en pleine période conflit sur la réforme des retraites qui a mobilisé la jeunesse, le gouvernement multiplie les gestes pour se rabibocher avec les jeunes. Une enveloppe de 500 millions d'euros pour les étudiants boursiers, le service national universel restera seulement expérimentale.
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00:00 Mathieu Croissando, la politique, les jeunes deviennent un enjeu en plein conflit sur la réforme des retraites
00:05 et l'exécutif du coup multiplie les gestes à l'égard de la jeunesse.
00:09 Tout ça n'est pas dû au hasard, bien sûr.
00:11 Oui, et je ne vous parle pas de l'interview gadget du président de la République à Pif le Chien,
00:15 non, je parle de gestes concrets pour tenter de calmer ou en tout cas de ne pas échauffer la jeunesse
00:20 qui a rejoint, on le sait, les cortèges.
00:22 Premier geste avec le premier volet de la réforme des bourses étudiantes, on en parlait dans le journal,
00:27 de 500 millions d'euros qui se traduira à la fois par une augmentation du nombre de boursiers,
00:31 ils sont déjà 720 000, et par une augmentation de 37 euros par mois pour tous les boursiers,
00:35 c'est la plus forte depuis 10 ans, s'y réjouit la ministre.
00:37 Autre mesure, les barèmes des bourses, c'est-à-dire le seuil de revenu qui permet d'être reconnu comme boursier,
00:42 sera réévalué, ce qui n'avait pas été fait depuis 2013.
00:44 Ça c'est le premier geste.
00:45 Deuxième geste, le service national universel.
00:47 Vous vous souvenez, ce service qui devait concerner tous les jeunes, peut-être de plus de 16 ans,
00:51 il ne sera pas rendu obligatoire ou en tout cas pas tout de suite.
00:54 C'était une promesse SNU d'Emmanuel Macron en 2017,
00:57 ça s'est traduit par un séjour en internat de 15 jours avec porte de l'uniforme,
01:01 suivi d'une mission d'intérêt général.
01:03 Ça hérissait les organisations de jeunesse et ça devrait pour l'instant rester expérimental.
01:07 Est-ce que ces mesures peuvent être efficaces pour calmer la colère des jeunes ?
01:11 Oui, si on considère que l'objectif c'est surtout de ne pas mettre de l'huile sur le feu, pour le SNU en tout cas.
01:15 Annoncer le SNU obligatoire en ce moment, alors que je le disais,
01:18 la plupart des organisations de jeunesse y sont opposées,
01:20 ça aurait été vécu comme une provocation de plus à un moment où les étudiants et les lycéens
01:24 sont plus nombreux à manifester, ça ne servait à rien de rajouter de la colère.
01:28 Non, en revanche, pour les bourses, parce que le geste est conséquent,
01:31 mais les organisations étudiantes attendaient plus d'argent pour les bourses et plus de boursiers,
01:34 donc ce n'est pas ça qui va éteindre la colère lycéenne ou étudiante aujourd'hui.
01:38 On a l'impression que les jeunes font un peu peur au pouvoir.
01:41 Oui, parce que la jeunesse c'est l'armée de réserve du mouvement social.
01:44 Ils sont dynamiques, ils sont disponibles et la grève ne leur coûte rien.
01:47 Alors certes, ils ne sont pas toujours faciles à mobiliser,
01:50 les insoumis en savent quelque chose, ils ont tenté plusieurs fois sans succès,
01:53 mais dès que les jeunes descendent dans la rue, c'est la panique dans les ministères,
01:56 car les débouchés politiques, les ports de sortie des mouvements de jeunesse,
01:59 elles sont difficiles à trouver très souvent.
02:01 Selon le bon vieux théorème, vous le connaissez, le théorème du dentifrice,
02:04 qui est marqué en lettres d'or au ministère de l'Éducation nationale,
02:07 les lycéens c'est comme le dentifrice quand ils sont sortis du tube,
02:10 on ne peut plus les y faire rentrer.
02:12 Et d'ailleurs, si on regarde sur les dernières décennies,
02:14 les jeunes ont plus souvent réussi que les syndicats à obtenir le retrait de réforme,
02:18 vous prenez la réforme de l'enseignement supérieur de la loi de Vaquay, retirée en 1986,
02:22 la réforme Fillon du baccalauréat en 2005, retirée,
02:25 le CPE deux ans plus tard, retirée.
02:28 Bref, de ce point de vue, on voit bien qu'il y a une panique un petit peu au sommet de l'État,
02:32 et de ce point de vue, je disais, le report du SNU obligatoire,
02:35 c'est aussi un indice de la paralysie actuelle du pouvoir,
02:38 parce qu'on a des ministres claque-murée, des projets de loi découpés ou reportés,
02:41 en fait, c'est comme si la réforme des retraites avait vitrifié l'action gouvernementale.
02:46 Jusqu'à quand ?