L'interview ciné : Adèle Exarchopoulos

  • l’année dernière
Cette semaine nous avons interviewé l'actrice Adèle Exarchopoulos pour son rôle de victime dans "Je verrai toujours vos visages", de Jeanne Herry. L'occasion de faire le parallèle entre la fiction et la réalité, la rencontre entre agresseurs et agressé.es.

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Transcript
00:00 On le voit pas assez ça au cinéma.
00:02 Et même dans la société, il faut toujours avoir des certitudes.
00:04 T'es pour ou contre le vaccin ? T'es pour ou contre ci ? T'es pour ou contre ça ?
00:06 T'en penses quoi de cette poémie ?
00:08 En fait, des fois, t'as le droit de pas savoir.
00:10 J'aimerais revoir mon frère.
00:11 J'ai pas envie de le croiser par hasard.
00:13 Enfin, je veux le voir pour être sûr de pas le croiser par hasard.
00:16 J'ai été agressée dans le supermarché dans lequel je travaillais il y a 5 ans.
00:19 Je suis là pour vous dire ce qui se passe pour les victimes quand vous commettez ce genre de choses.
00:22 Justice reconstructive, c'est une justice qui crée un espace de parole
00:27 entre des agresseurs et des victimes,
00:28 soit d'un même fait, donc en face à face,
00:30 où il y a une médiatrice qui nous prépare, comme mon cas,
00:33 enfin le cas de mon personnage.
00:35 Et ça peut aussi exister, un autre dispositif, c'est en groupe.
00:38 Donc une dizaine de personnes encadrées aussi par des gens
00:42 de l'aide de l'association aux victimes, ou des bénévoles,
00:44 ou des gens diplômés à ça.
00:45 Et dans le groupe de parole, c'est des gens
00:48 qui sont concernés, des agresseurs et des victimes,
00:51 pas de la même affaire, mais par la même typologie d'effet.
00:54 Violence conjugale, agression sexuelle.
00:56 C'est pas forcément le pardon qu'ils recherchaient à travers ça, tu vois.
00:58 C'est des fois, tu te tues pendant des années à essayer de comprendre quelqu'un,
01:01 à se dire "mais pourquoi il a fait ça ?"
01:03 Et d'arriver à peut-être soupçonner pourquoi il a fait ça.
01:06 Ou pire, des fois, je pense qu'il y a des rencontres
01:08 où il y a des gens qui se disent "putain, c'est marrant,
01:09 je viens d'avoir toutes les réponses aux questions
01:11 que je me suis posées depuis des années,
01:12 mais c'est pas ça qui va me guérir."
01:14 Mais j'avoue que ça m'a passionné.
01:15 Et Jeanne, c'est quelqu'un qui connaît extrêmement bien son sujet,
01:17 elle est diplômée, elle pourrait être médiatrice.
01:19 Et je pense qu'elle a et son amour du lien et des mots
01:22 qui l'a conduit à ça et son grand intérêt pour le cinéma
01:24 où c'est un immense terrain de jeu du coup.
01:26 Elle est très précise Jeanne, c'est un vrai chef d'orchestre,
01:29 c'est quelqu'un qui sait mener sa troupe,
01:30 qui est hyper animée, super bienveillante.
01:33 Du coup, moi je suis assez docile sur un plateau.
01:35 Donc je me suis vachement laissé porter par le regard de Jeanne
01:37 et celui d'Élodie, parce que c'est quand même la personne
01:39 à qui je me confie durant tout le film.
01:41 Déjà dans la vie, comme au cinéma,
01:42 quand t'as pas vécu quelque chose,
01:44 tu peux que essayer d'imaginer la douleur des gens,
01:46 mais tu peux pas la ressentir.
01:47 Alors heureusement, il y a tout le texte et la direction de Jeanne
01:49 qui t'y amène.
01:50 Déjà, elle te laisse jamais t'échapper du texte.
01:52 Tu vas pas dans tes zones de confort à dire genre ou en fait.
01:54 Elle me dit non, tu suis mon texte, même mes virgules.
01:57 Mais il est tellement bien écrit que c'est ça le refuge en fait,
02:00 c'est ça qui est rassurant.
02:01 Du coup, c'était beaucoup de choses nouvelles pour moi
02:04 et évidemment que t'as toujours un peu la pression,
02:06 surtout quand tu travailles autour de gens aussi immenses
02:09 que les gens qui m'ont entouré sur ce film.
02:11 Mais quand c'est de la bonne peur, c'est bien.
02:13 Elle est nuancée Jeanne, tu vois.
02:15 C'est quelqu'un qui a horreur des camps, des polémiques
02:18 où faut choisir un camp, où il n'y a pas d'humanité,
02:20 où c'est pour ou contre.
02:21 Et tu vois, ce que j'adore aussi dans ce scénario,
02:24 c'est que des fois mon personnage, il dit je sais pas.
02:26 Et on le voit pas assez ça au cinéma.
02:28 Et même dans la société, il faut toujours avoir des certitudes.
02:31 T'es pour ou contre le vaccin ? T'es pour ou contre ci ?
02:32 T'es pour ou contre ça ? T'en penses quoi de cette polémique ?
02:34 En fait, des fois, t'as le droit de pas savoir.
02:36 Ou c'est pire, les gens qui prennent pas parti
02:38 ou qui vont te faire sentir mal d'avoir parlé.
02:41 Et on était d'accord sur le fait, tu sais,
02:42 aujourd'hui c'est toujours un peu délicat de parler de victime.
02:45 J'ai l'impression que les humains, on a plus de facilité
02:47 à être coupable de quelque chose qu'à se sentir victime.
02:49 Il y a tout de suite, là, on monte.
02:50 La culpabilité, la peur de pas choisir ses mots.
02:52 Il y a un truc très bizarre, je trouve, autour de moi.
02:54 Même moi, personnellement, de me dire non,
02:56 je veux pas que ce soit une victime, comme c'était péjoratif, en fait.
02:59 Et comme si on avait le fantasme d'une victime
03:01 qui était tout le temps larmoyante.
03:02 Chose que t'as évidemment le droit de vivre.
03:04 Et d'ailleurs, heureusement, mon personnage y pleure dans ce film.
03:06 T'as toujours envie d'être à la hauteur de ton personnage.
03:08 Et Chloé, c'est quand même quelqu'un de lumineux,
03:10 quelqu'un qui est fort, quelqu'un qui veut continuer à aimer.
03:13 On était d'accord sur le fait que c'était quelqu'un qui avait envie d'y arriver.
03:17 En fait, t'avais compris que des petits moments de lumière
03:19 allaient valoir la noirceur du reste.
03:22 Et c'est comme ça que je la vois, en fait,
03:24 comme quelqu'un de très humain qui a envie de s'accrocher à la vie, en fait.
03:29 Sous-titrage Société Radio-Canada
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