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Peter Lorre dans l'ombre de M
Rencontre avec Stéphane Michaka, romancier, et Christian Viviani, historien du cinéma, pour tenter de
percer le mystère Peter Lorre

"La Dernière Fanfare" de John Ford
Analyse de séquence de "La Dernière Fanfare" de John Ford (1958)

Charlotte Reinhardt sur "Les Quatre Cents Coups"
La pianiste Charlotte Reinhardt nous parle de sa Mélodie du bonheur : la bande originale des "Quatre
Cents Coups" de François Truffaut (1959), composée par Jean Constantin

"La Poupée" par Anne Guérin-Castell
Transcription
00:00 ...
00:28 ...
00:37 -Salut à tous et bienvenue sur "Ciné + Classique".
00:40 C'est parti pour votre Viva Cinema
00:42 consacré à l'acteur Peter Lorre.
00:44 Au programme, le "Rosebud" de John Ford.
00:47 ...
00:49 La "Mélodie du bonheur" de Charlotte Reinhardt.
00:52 Et le cinéma retrouvé de Wojciech As.
00:55 On y va.
00:56 ...
01:03 Une silhouette étonnante, une voix inoubliable,
01:06 Peter Lorre naît sur les écrans
01:08 avec "Aime le maudit" de Fritz Lang, 1931.
01:11 Un film qui le consacre comme l'un des anti-héros
01:14 les plus célèbres de l'histoire du cinéma.
01:16 Une ambiguïté rare qui deviendra sa marque de fabrique.
01:19 Stéphane Michacard, romancier et auteur de la fiction radio,
01:22 "Peter Lorre le maudit",
01:23 et Christian Viviani, coordinateur et rédacteur à Positif,
01:27 tentent de percer le mystère Peter Lorre.
01:30 ...
01:39 -Je crois que ce qui caractérise Peter Lorre,
01:41 c'est le côté unique.
01:43 Il a une physique qui ne ressemble à aucun autre.
01:46 Ce qui entraîne des personnages et un jeu
01:51 qui ne ressemblent à aucun autre.
01:53 Il est déjà un acteur très reconnu dans l'Allemagne des années 1920,
01:56 la République de Weimar.
01:58 On le voit au théâtre, à la radio.
02:00 Sa femme est actrice aussi.
02:02 Tous les deux ont beaucoup de travail.
02:04 Ils sont sur scène avec les meilleurs metteurs en scène,
02:07 les meilleurs auteurs. Il est ami de Brest.
02:09 On le voit dans du théâtre d'avant-garde.
02:11 Il est très reconnu.
02:13 Dès ce moment-là, il est repéré par Fritz Lang,
02:16 qui va l'employer pour "Aime le maudit".
02:19 -Qu'est-ce que j'ai fait ?
02:21 Mais je ne sais pas du tout !
02:23 Mais qui me croit ?
02:26 Qui sait ?
02:28 Comment elle me ressemble ?
02:29 Comment elle crie et brûle devant moi ?
02:33 Comment je dois faire ?
02:34 Je ne veux pas ! Je dois !
02:36 Je ne veux pas ! Je dois !
02:39 -Le prodige dans "Aime le maudit",
02:41 c'est que c'est un personnage répugnant
02:46 qu'il réussit à nous rendre émouvants à la fin.
02:50 C'est un tour de force qui ne peut être que le tour de force d'un grand acteur.
02:54 -Il a ses deux mains, comme ça,
02:56 qu'on voit tout le long de la scène.
02:58 Les mains semblent appartenir à quelqu'un d'autre.
03:01 Il est poursuivi par ce démon qui lui dit en allemand
03:06 "Je ne peux pas, mais je dois tuer."
03:10 On est bouleversé.
03:11 On a l'impression qu'il est entièrement son personnage.
03:15 A l'époque, c'est perçu comme tel.
03:17 Il incarne tellement bien le rôle qu'on confond l'acteur et son personnage.
03:23 Quand il va partir aux Etats-Unis, quand il va émigrer,
03:26 étant juif, il ne peut pas rester en Allemagne, sa vie est en danger.
03:29 Il part quelques jours avant l'incendie du Reichstag,
03:32 qui va donner les pleins pouvoirs à Hitler.
03:35 Il va d'abord en France, puis en Angleterre, où il va tourner avec Hitchcock.
03:39 Ensuite, aux Etats-Unis.
03:41 Et là, c'est fascinant de voir comment l'ombre de ce personnage de M,
03:46 de l'assassin psychopathe, le poursuit.
03:48 Tu as d'abord un beau cœur.
03:57 Comment tu t'appelles ?
04:02 Dès qu'il arrive aux Etats-Unis, il s'impose dans des rôles tourmentés,
04:07 soit de pur méchant, soit de victime égarée.
04:14 Par exemple, les deux premiers films qu'il tourne aux Etats-Unis
04:17 sont "Crime et Châtiment",
04:18 donc il joue le rôle de l'étudiant tourmenté Raskolnikov,
04:23 et "Les mains d'Orlac",
04:25 où il joue un méchant mémorable et terrifiant.
04:31 C'est vrai que son visage est étonnant, ce visage d'acteur,
04:34 avec les yeux protubérants,
04:36 avec ce visage et cette expression un peu poupine d'enfant.
04:41 Et en même temps, il joue des rôles de malfaiteur,
04:44 pire que malfaiteur, de psychopathe.
04:47 Mais c'est peut-être sa voix qui emporte le morceau,
04:50 avec cet accent singulier.
04:52 Il a quelque chose de traînant,
04:54 qui est unique chez les comédiens de toute cette époque.
04:58 Il est quasiment le seul à avoir une voix pareille.
05:01 Il y a ce moment dans "The Face Behind the Mask"
05:03 où il est avec un personnage très américain qui lui dit son nom.
05:07 Mon nom est Dinky.
05:09 - C'est quoi ? - Yannos.
05:12 Yannos ?
05:14 Ces deux syllabes, la façon dont il les prononce,
05:16 on ne le voit même pas à l'écran, il est tout dans le noir,
05:19 parce qu'il est déjà défiguré à ce moment-là.
05:21 C'est un acteur qui maîtrise parfaitement le micro
05:25 et qui sait que le micro, c'est une oreille.
05:28 Et il le dit de façon très soft,
05:31 il le chuchote quasiment,
05:33 et ce prénom a un impact incroyable.
05:36 C'est vraiment ça qu'il a apporté,
05:38 c'est-à-dire cette assurance d'un acteur qui est surdoué,
05:42 qui, avec le minimum d'effets, obtient le maximum d'impact.
05:47 Mais il ne va pas s'arrêter là.
06:02 C'est ça, peut-être, son génie d'acteur.
06:06 Il va être très vite engagé par la Fox,
06:10 qui va faire de lui un détective asiatique
06:13 dans toute une série de films, je crois qu'il y en a 8 ou 9,
06:16 qui s'appelle "M. Moto",
06:18 qui fera énormément pour la popularité de Peter Lorre aux Etats-Unis.
06:23 Il n'en pouvait plus, de ce rôle.
06:25 Heureusement, au début des années 40,
06:28 il fait coup sur coup "Le faucon maltais" et "Casablanca",
06:32 où là, il donne toute sa mesure,
06:34 à nouveau dans quelques scènes où il vole la vedette à la vedette.
06:39 Mais on voit clairement
06:41 que c'est un des meilleurs acteurs du cinéma mondial.
06:44 Et ça va être le début de sa période Warner.
06:48 Donc, il va être pris sous contrat à la Warner,
06:51 où il va tourner énormément de films.
06:52 Houston va écrire le scénario de "Three Strangers",
06:59 qui sera réalisé par Jean Legulescu,
07:01 et qui est un film très, très intéressant,
07:04 surtout parce que c'est le seul rôle romantique de Peter Lorre.
07:09 C'est absolument unique dans sa carrière.
07:12 Il n'aura plus jamais un rôle de ce type-là.
07:15 Dans la plupart de ses films, même s'il a peu de temps à l'écran,
07:30 il apporte une gestuelle qui n'appartient qu'à lui,
07:33 parce que c'est vraiment un bosseur.
07:36 Il a appris ça au théâtre dans les années 1920,
07:38 avec les meilleurs metteurs en scène.
07:39 C'est un plus formidable.
07:41 Donc, on peut dire qu'il a beaucoup donné au cinéma hollywoodien.
07:45 Il espérait avoir en retour des rôles plus artistiques,
07:48 des rôles plus complexes,
07:50 et il va difficilement les obtenir.
07:52 C'est une période tourmentée, à la fin des années 1940,
07:56 le retour de guerre, et le retour de guerre,
07:58 et puis après, les débuts du maccartisme
08:01 et le déchaînement maccartiste.
08:03 Il est très fidèle à Brecht, qui habite à Hollywood, à ce moment-là.
08:07 Et ça, ça va lui nuire.
08:08 Donc, il va être mis, sinon sur une liste noire,
08:11 du moins sur une liste grise.
08:12 Il va avoir des difficultés à trouver des rôles.
08:16 Et c'est pour cela qu'il va partir en Allemagne,
08:21 réaliser son premier film.
08:23 Il a envie de dire quelque chose sur l'Allemagne à cette époque,
08:30 et le film joue sur ces deux registres,
08:32 et en ça, il est assez complexe.
08:34 C'est à la fois un reportage sur l'Allemagne de l'après-guerre,
08:39 avec les décombres,
08:40 et c'est à la fois un document sur l'Allemagne de cette époque,
08:45 mais aussi, à nouveau, un polar avec un film noir,
08:48 avec Peter Lorre, qui...
08:51 Il semblerait que Peter Lorre, à ce moment-là,
08:53 il veut exorciser Hans Becker, de son rôle de M. Le Maudit.
08:57 On le voit même dire des répliques
09:01 qui sont droit sorties de M. Le Maudit.
09:03 La fin de carrière a probablement été difficile,
09:23 mais n'oublions pas qu'elle a probablement été difficile
09:25 par beaucoup de comédiens du même âge.
09:27 C'est une époque de grande mutation,
09:31 où des comédiens vieillissants ont du mal à trouver des rôles
09:35 et qui se tournent vers ce qu'on leur demande de faire,
09:37 c'est-à-dire la caricature.
09:39 Et donc, on fait appel à lui pour des rôles comme ça,
09:43 qui lui permettent de vivre dans les productions de Roger Corman.
09:46 Et tout le reste de sa carrière, jusqu'à la fin,
09:48 ça va être comme ça.
09:49 Il va mourir peu de temps après avoir fait un film avec Jerry Lewis,
09:53 un film qu'il détestait.
09:55 Et Lothar Eisner, l'historienne du cinéma,
09:58 elle dit que ça l'a littéralement tué de ne pas avoir des rôles à sa mesure.
10:01 Il est de ces acteurs
10:05 qui sont un petit peu des fulgurances dans l'histoire du cinéma,
10:11 qui n'ont pas d'équivalent.
10:14 Pour admirer l'étendue du talent de Peter Lorre,
10:21 retrouvez-le dans les cinq films du cycle
10:23 qui lui est consacré tout le mois d'avril sur Ciné+ Classique
10:26 et à tout moment sur MyKanal.
10:29 C'est mon esprit que la campagne politique de l'ancienne mode,
10:33 dans quelques années, sera aussi extincte que le dodo.
10:36 Tout sera télé et radio, tout sera streamlined, bien et facilement.
10:42 Je m'en souviens, je fais partie de la télé et de la radio, parfois.
10:45 Mais je m'en sors aussi dans les bâtiments.
10:48 Je parle dans les arénas de combat,
10:51 les armées, les quartiers de rue, les bâtiments, les bâtiments.
10:56 Les quartiers de rue, les quartiers de rue,
10:59 partout où je peux rassembler un public.
11:02 J'ai même baisé des bébés.
11:04 1958 est une année charnière dans l'immense carrière de John Ford,
11:07 le réalisateur aux 142 films et 4 Oscars du meilleur réalisateur.
11:12 Record inégalé.
11:14 Ford adapte avec son gendre et fidèle scénariste Frank S. Nugent
11:18 le roman d'Edwin O'Connor, "La dernière fanfare",
11:22 qui raconte l'ultime bataille électorale de Frank Skeffington,
11:26 le maire vieillissant d'une ville jamais nommée,
11:28 mais qui ressemble à Boston,
11:30 ce bastion catholique et irlandais, tout comme Ford.
11:34 Avec "La dernière fanfare",
11:36 Ford brise un tabou hollywoodien en filmant des personnages âgés.
11:40 Il convoque un parterre de comédiens et amis
11:42 qui l'ont accompagné durant toute sa carrière.
11:45 Pour l'occasion, il renoue aussi avec Spencer Tracy,
11:47 avec lequel il s'est ébrouillé.
11:49 Il faut dire que les deux hommes ont un sacré caractère
11:52 et un penchant immodéré pour le whisky.
11:56 Tracy est impeccable en maire qui court derrière son cinquième mandat,
11:59 et ce, malgré les rumeurs d'abus de pouvoir.
12:02 Toute ressemblance avec l'ancien maire de Boston,
12:04 James Michael Curley, étant évidemment fortuite.
12:08 Ford prend fait et cause pour ce maire progressiste
12:10 qui lutte pour le service public et les traditions communautaires.
12:14 Ford ne se fait pourtant guère d'illusions
12:16 quant à la survie de ses valeurs dans le monde moderne.
12:19 Il est féroce, mais pas résigné,
12:21 et crie à cette Amérique ses quatre vérités.
12:25 Je suis né ici, Adam.
12:27 Votre père-en-law, le sœur Roger,
12:48 est né là-bas.
12:53 C'est avant que ça devienne un sœur chinois.
12:57 - Vous voyez ces deux fenêtres ? - Oui.
13:08 Martin Burke.
13:10 - Vous voulez dire le cardinal ? - Oui.
13:13 C'était ça. Nous sommes tous nés ici ensemble.
13:21 Nous avons créé nos propres vies.
13:24 Je suis toujours là.
13:37 J'ai six ans quand j'ai rencontré votre mère Kate.
13:42 J'ai adoré elle depuis toujours.
13:49 Dans "À la recherche de Ford", Joseph McBride analyse très justement
13:53 l'incapacité du cinéaste à comprendre les changements de la société américaine.
13:57 Mettre la défaite de Skeffington sur le compte de l'ignorance d'une génération
14:01 influencée par la télévision est une erreur.
14:04 Ironie de l'histoire, deux ans après la sortie du film,
14:07 l'Amérique vote pour son premier président catholique d'origine irlandaise,
14:11 John Fitzgerald Kennedy, dont le grand-père avait été maire de Boston.
14:15 N'attendez pas à regarder la dernière fanfare de John Ford 1958
14:19 avec Spencer Tracy, Jeffrey Hunter et beaucoup d'autres visages fordiens
14:23 très bientôt sur Ciné+ Classique et sur My Canal.
14:27 Désolé, le défilé n'a pas eu un plus heureux fin.
14:29 Peut-être que je pourrai faire mieux la prochaine fois. Au revoir.
14:32 Petite nièce de Django Reinhardt, Charlotte Reinhardt est pianiste et compositrice.
14:43 Après le Conservatoire de Paris, sa musique s'oriente vers le jazz,
14:45 mais aussi vers le cinéma.
14:47 Devant son piano, elle nous parle de sa mélodie du bonheur,
14:51 les 400 coups de François Truffaut.
15:09 J'ai choisi la musique des 400 coups de Truffaut
15:13 parce qu'elle me bouleverse totalement.
15:15 Elle est très fragile, très intime et elle relève énormément d'émotions.
15:21 En plus, c'était le premier film de Truffaut.
15:24 Et Jean Constantin, en fait, il n'avait jamais fait de musique de film.
15:28 Il écrivait des chansons et il a écrit "Mon manège à moi"
15:33 et "Mon truc en plume" d'Edith Piaf.
15:36 Et Truffaut adorait Constantin et il lui a demandé de faire la musique de son premier film.
15:42 Sauf que Constantin avait un petit peu de mal avec l'exercice de l'orchestration
15:48 et il a demandé à Michel Legrand de l'aider.
15:52 Ils étaient amis et ça ne s'est jamais su.
15:57 Truffaut ne l'a jamais su, il n'est pas au générique.
16:00 Michel Legrand a tout de suite détecté la petite perle, la mélodie,
16:05 très belle, très forte.
16:07 Et sa grande force, justement, c'est, avec ses arrangements d'orchestre,
16:12 de révéler tout un panel d'émotions.
16:31 Tout le générique, on entend ce thème qui est orchestré.
16:35 Et à la fin du générique, on entend le thème qui se ralentit de plus en plus.
16:40 Il commence avec cette insouciance, cette légèreté, nostalgie, on voit Paris.
16:45 Et au fur et à mesure qu'on arrive à l'action du film,
16:48 il devient de plus en plus lent, de plus en plus prenant.
16:52 Ça fait vraiment entendre...
16:54 Et quand c'est joué lentement,
16:58 il y a quelque chose qui prend le cœur.
17:03 La musique est vraiment presque l'intériorité du personnage.
17:08 Et en même temps, à l'extérieur, il y a quelque chose de très grave.
17:12 Il y a ce monde d'adulte qui est cruel.
17:15 Après, il y a d'autres thèmes.
17:17 C'est plus la partie "Ecole buissonnière",
17:20 qui est plus une partie que maîtrisait parfaitement Constantin,
17:23 qui est plus jazzy.
17:24 Bonjour, madame !
17:25 Petit malheureux, va !
17:28 Mais pour moi, c'est plus du remplissage.
17:32 Pour moi, le thème du film, c'est vraiment la valse.
17:36 À chaque scène, il y a des arrangements différents.
17:39 Dans la nuit, quand on joue, on joue avec la valse.
17:42 Dans la nuit, on joue avec la flûte.
17:44 Dans la nuit, on joue avec la flûte.
17:46 Dans la nuit, on joue avec la flûte.
17:48 Dans la nuit, on joue avec la flûte.
17:50 Dans la nuit, on joue avec la flûte.
17:52 Dans la nuit, on joue avec la flûte.
17:54 Dans la nuit, on joue avec la flûte.
17:56 Dans la nuit, on joue avec la flûte.
17:58 Dans la nuit, on joue avec la flûte.
18:00 Dans la nuit, on joue avec la flûte.
18:03 À chaque scène, il y a des arrangements différents.
18:05 Dans la nuit, quand il fugue et qu'il est tout seul,
18:08 et il va dormir dans une imprimerie,
18:10 il va piquer du lait, et on entend le thème
18:13 avec une espèce de flûte qui descend en tout temps mineur,
18:17 avec des chromatismes.
18:19 Et c'est vraiment très triste.
18:23 On l'entend effectivement à la guitare,
18:27 accompagnée de cette flûte.
18:29 On l'entend au pizz de violon, très très lent.
18:33 Et puis, il y a toute l'orchestration de Legrand,
18:36 qui donne plus de légèreté.
18:38 "La simplicité fait la grâce",
18:53 c'est juste une phrase musicale.
18:56 Dans les aigus, c'est un brisqueur.
18:59 Là, j'aime beaucoup.
19:03 Voilà.
19:06 Et ensuite, on monte d'un ton, en mineur.
19:13 Et ensuite, on va monter ici.
19:17 Donc, on monte, c'est une marche harmonique.
19:20 Ce thème, il y a une intensité, ça monte, ça monte, ça monte.
19:24 Ces marches harmoniques, ça fonctionne parfaitement
19:27 pour faire monter l'émotion.
19:29 Retrouvez la version deluxe du dernier album de Charlotte Reinhardt,
19:48 "Colors", à écouter sur scène le 10 mai au Café de la Danse à Paris.
19:52 (Musique)
19:55 Neuvième long-métrage du cinéaste polonais Wojciech Haas,
20:01 "La poupée 1968" est un chef-d'oeuvre à redécouvrir.
20:04 Pour en parler, votre viva a donné rendez-vous à l'Institut polonais,
20:08 à la spécialiste du cinéaste, Anne Guerin-Castel, Cinema Retrouvé.
20:13 (Musique)
20:17 (Sanglots)
20:20 - Le fait que Haas soit toujours méconnu,
20:30 bien que certaines personnes aient pu déclarer
20:34 que c'était un génie du cinéma,
20:38 peut sembler toujours un mystère.
20:40 Ça s'explique très bien.
20:43 Mais c'est une longue analyse
20:46 de ses rapports avec le pouvoir,
20:50 avec l'institution.
20:52 Il est irrévencieux.
20:54 Ça se voit bien dans "La poupée".
20:56 (Propos en russe)
21:11 - Vous imaginez, en Pologne, se permettre de faire des pics
21:15 comme ça contre les catholiques, ça passe difficilement.
21:20 - Il m'aurait pu se dire que c'est quelque chose de grand.
21:24 - Mais il était soutenu par un directeur de production,
21:28 d'un ensemble caméra qui le protégeait.
21:32 Et il a réalisé film sur film pendant plusieurs années,
21:38 jusqu'au film très connu "Manuscrit trouvé à Saragosse".
21:42 A partir de là, il a eu des difficultés.
21:45 Il a vu qu'il y avait un projet de tournage de "La poupée"
22:02 qui était abandonné.
22:04 Et il l'a repris.
22:06 Contrairement à son habitude,
22:09 dans le scénario, ça coupait beaucoup de choses du roman.
22:14 Et il a voulu, c'était son intention,
22:17 de faire un film pour le grand public.
22:20 Alors qu'il faisait des choses assez compliquées,
22:23 là, il a construit une intrigue tout à fait linéaire,
22:28 même s'il y a énormément de personnages.
22:31 Donc c'était son choix.
22:33 Au point que l'écrivain qui était chargé du scénario a eu peur.
22:40 Il a dit "Non, je ne signe pas ce scénario".
22:43 Parce qu'il touchait à un roman
22:47 dont on sait que dans chaque maison en Pologne,
22:51 il y a un exemplaire de ce roman.
23:03 Lassens a été peintre et garde.
23:07 Ce regard de peintre,
23:09 quand il construit ses films, quand il fait sa mise en scène.
23:13 Mais il a, depuis ses premiers films, aussi travaillé la profondeur de champ.
23:17 Et utilisé beaucoup, beaucoup les premiers plans,
23:22 les arrière-plans, des entrées dans le champ.
23:25 Il ne fait pas un cinéma comprimé.
23:28 On entre droit de cadre, on sort gauche cadre,
23:31 comme on voit dans la majorité des films.
23:35 Donc il travaille l'espace complètement.
23:38 Et quand il tournait, tout était décrit parfaitement
23:42 sur un découpage technique qu'il faisait lui-même.
23:45 Il y a ce contraste entre les gens qui vivent dans la misère
23:58 et l'aristocratie qui vit dans le luxe.
24:02 Et c'est un côté que Haas non seulement a retenu,
24:06 mais qu'il a encore accentué.
24:08 Ça se retrouve dans différents plans
24:11 où les différentes couches de la société coexistent
24:17 sans se parler.
24:20 (Explosion)
24:22 (Explosion)
24:34 (Bruit de chien)
24:36 Il y a eu en Pologne, en France aussi,
24:42 des cercles de Haasophiles.
24:45 Mais ils n'ont jamais réussi à faire sortir Haas
24:50 de l'ombre dans laquelle il a été maintenu
24:54 plus ou moins officiellement.
24:57 Et qui fait que ce cinéaste, qui est mort il y a 20 ans quand même,
25:02 est toujours à découvrir.
25:04 - Ne manquez pas la poupée dans une flamboyante copie restaurée
25:08 actuellement sur Ciné+ Classique et My Canal.
25:11 Quant à votre vivat, il vous attend bien sagement
25:14 sur les réseaux sociaux de Ciné+ et sur My Canal.
25:17 - Tu ne peux pas tenir sur ma vie.
25:20 (Musique rythmée)
25:26 ---
25:41 [Musique]