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Une vidéo de Mathilde Caillard, plus connue sous le pseudo de “MC Danse pour le climat”, a fait le tour du monde, lors de la neuvième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, le jeudi 23 mars. Sur les images, on la voit dans le cortège d’une manifestation, dansant et chantant au son de slogans scandés sur de la techno. L’activiste pour le climat revient sur cette popularité express, la place de la danse dans les luttes et l’espoir qu’elle place, malgré tout, dans le combat pour la justice climatique et sociale.  

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Transcription
00:00 Retraite, climat, même combat.
00:02 Je m'appelle Mathilde Cahillard, alias MC Danse pour le climat.
00:09 J'ai 25 ans et je suis activiste à Alternatives à Paris depuis 2019.
00:13 Il y a une vidéo de moi qui a énormément tourné
00:15 dans laquelle je danse lors d'une manifestation
00:18 contre la réforme des retraites, c'était celle du 7 janvier.
00:21 Cette vidéo a énormément circulé à la fois au national
00:28 et même maintenant à l'international.
00:30 Pour nous, c'est un moyen de montrer qu'il y a différentes manières de lutter,
00:39 qu'on peut lutter de plein de manières différentes
00:41 et aussi de mettre un coup de projecteur sur le mouvement social en France
00:45 contre la réforme des retraites,
00:46 pourquoi la jeunesse commence à être particulièrement impliquée sur le sujet.
00:50 J'ai reçu énormément de messages de personnes qui m'ont dit
00:54 "Moi, je manifeste jamais ou je manifeste plus parce que j'ai peur."
00:58 Et là, ça me donne vraiment envie de venir et la prochaine manifestation, je viens.
01:01 Donc, plein de gens qui ont rehaussé leur niveau d'engagement
01:04 parce que ça les a inspirés, parce que ça les a touchés,
01:06 parce qu'ils se sont dit que c'était important.
01:07 Moi, déjà, à titre personnel, j'ai toujours adoré danser.
01:12 Et ensuite, dans la lutte, la danse a toujours été énormément utilisée
01:16 dans l'histoire des mouvements sociaux, notamment beaucoup par les femmes.
01:19 D'ailleurs, à ce titre, ça peut être beaucoup critiqué, dévalorisé,
01:25 notamment souvent par des hommes, il faut le dire,
01:27 avec une approche qui peut être un peu viriliste de dire
01:30 "Mais non, lutter, c'est quelque chose de dur, il faut être dur,
01:33 c'est quelque chose avec de l'affrontement, etc."
01:36 Et la danse, ça n'a rien à faire dans nos luttes.
01:38 Donc, je n'ai pas envie que cet exemple serve aussi à décrédibiliser
01:41 les personnes qui luttent autrement et qui veulent avoir
01:43 les modes d'action plus confrontatifs.
01:45 Par ailleurs, je fais aussi plein d'autres choses.
01:46 J'ai fait de la disobedience civile, j'ai fait des blocages,
01:48 j'ai fait plein d'autres choses dans la lutte.
01:49 En revanche, je n'ai pas non plus envie qu'on rejette ce modèle-là,
01:54 ce mode de manifestation-là et la danse,
01:57 parce qu'en fait, je pense que c'est hyper important
01:59 d'utiliser la danse, le chant, de manière générale, l'art, la culture
02:05 et plein de modes créatifs comme ça pour militer,
02:07 parce qu'en fait, ça fédère plein de gens.
02:09 Ça permet de percer aussi, de dépasser les cercles militants.
02:12 Moi, j'ai été énormément visibilisée,
02:14 mais c'est aussi le jeu médiatique qui veut ça,
02:15 de beaucoup incarner les luttes.
02:18 Mais en fait, on est un collectif, on est plein
02:19 et c'est assez épuisant sur la séquence en plus.
02:21 Ça fait trois mois qu'on est mobilisés.
02:22 Il y a les manifs, il y a aussi les piquets de grève dès 6h du matin,
02:26 on fait à manger pour les grévistes, pareil, pour qu'ils puissent tenir la durée.
02:29 Il y a toute une organisation.
02:30 Militer, c'est dur, c'est un gras.
02:32 Ça prend du temps, on encaisse souvent des échecs
02:36 et il faut garder la force et l'énergie de se réveiller le lendemain
02:41 à 6h du matin alors qu'on s'est fait gazer, interpeller la veille,
02:44 qu'on peut avoir des risques juridiques, des risques physiques.
02:46 Parfois, on le voit de plus en plus avec la violence grandissante
02:50 utilisée dans les schémas de maintien de l'ordre.
02:52 Et en fait, pour garder l'espoir, pour garder la force,
02:55 c'est important de conserver des espaces aussi au sein de la lutte
02:59 où on va créer de la joie et utiliser la joie comme acte.
03:03 Et c'est aussi un acte de résistance parce qu'en fait,
03:06 notamment moi, je viens du mouvement climat,
03:08 en fait, le système contre lequel on se bat,
03:11 c'est un système qui s'évertue à détruire nos conditions de vie
03:14 et à rendre la planète inhabitable.
03:16 C'est sur des problématiques qui sont très dures et très difficiles.
03:19 Nous, le monde qu'on veut voir advenir,
03:20 c'est un monde soutenable, un monde inclusif,
03:24 un monde où on ralentit, où on atterrit.
03:26 Et en fait, dans ce qu'on veut conserver,
03:28 qu'est-ce qui va nous rester ?
03:30 C'est aussi créer du lien avec les autres.
03:31 C'est un système dans lequel on veut nous faire travailler plus
03:34 pour produire plus.
03:35 La seule chose que ça va continuer à faire,
03:37 c'est d'enrichir une poignée de personnes complètement déconnectées
03:40 et qui sont en train de détruire nos conditions de vie.
03:42 Quand je me suis beaucoup renseignée sur l'écologie au départ
03:50 et que je voyais un peu tous les échecs qu'encaissait le mouvement social,
03:54 j'étais dans un truc un peu de paralysie,
03:57 l'éco-anxiété qui paralyse et qui ne me donne pas du tout envie
04:00 de se mettre en mouvement, qui m'a "sauvée",
04:02 c'est la mise en mouvement, c'est d'entrer dans un collectif
04:03 et c'est de faire des choses ensemble.
04:04 On peut toujours faire moins pire que le pire prévu.
04:06 Donc rien que pour ça, il ne faudra pas s'arrêter de lutter.
04:09 Puis il y a aussi un enjeu de dignité.
04:11 Notre fardeau, la chose qu'on va porter toute notre vie,
04:14 c'est la bataille contre le changement climatique
04:15 et l'excentréement de la biodiversité.
04:17 Et en fait, il y a aussi le fait de se dire,
04:19 si jamais je n'ai pas tout fait pour essayer de ralentir ça
04:24 ou de sauver ce qui peut encore l'être,
04:25 comment je pourrais m'en aller dans la glace dans 30, 40 ans ?
04:28 Sous-titrage ST' 501
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