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France 3 diffuse samedi soir « Disco, la révolution française », réalisé par François Chaumont



Il est né en 1973 et fait encore danser toutes les générations un demi-siècle plus tard. Le disco reste le genre musical festif par excellence. Si ce sont les Américains qui l’ont lancé, la France a aussi fortement contribué à son succès mondial. C’est ce que raconte François Chaumont dans son documentaire « Disco, la révolution française », à savourer samedi 15 avril à 21h10 sur France 3. Patrick Juvet a signé le 1er tube français du disco avec « Où sont les femmes » en 1977. Un an plus tard, c’est un chanteur de folk à l’origine, Patrick Hernandez, qui inonde les ondes avec son « Born to be alive », un titre dont aucune de maison de disques de l’Hexagone ne voulait. Même déconvenue pour Cerrone, qui doit sa gloire planétaire à une bourde d’un disquaire français. Et qui se souvient de Space, un groupe au son futuriste et dont les membres sont casqués ? Les ancêtres de Daft Punk !

Autant d’anecdotes compilées par François Chaumont, invité médias de Célyne Baÿt-Darcourt

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Transcription
00:00 Bonjour Céline Bidarcourt, votre invité média est l'auteur pour France 3 d'un documentaire
00:04 sur un genre musical qui fête ses 50 ans et qui triomphe encore sur les pistes de danse.
00:09 De nombreux artistes continuent à s'en inspirer, son nom tient en 5 lettres.
00:12 *D.I.S.C.O.*
00:20 Bonjour François Chaumont, disquo, la révolution française, c'est le titre de votre documentaire
00:26 passionnant à découvrir samedi soir sur France 3. En quoi cette musique a été si
00:31 révolutionnaire que ça ?
00:32 Je crois que c'est la première fois dans l'histoire de la musique que de la musique
00:36 a été pensée, composée pour passer d'abord en boîte de nuit et pas uniquement être
00:41 diffusée en radio. Donc ça a un peu explosé les formats, les durées et la manière d'enregistrer
00:46 le disco en s'appuyant vraiment sur une rythmique imparable avec une grosse caisse de batterie
00:51 qui marque absolument tous les temps. Le but c'était de faire danser.
00:54 Le disco en France, c'est Régine qui l'a lancé, en tout cas qui l'a popularisé ?
00:58 Disons qu'elle a créé un peu tout le décorum du disco. Elle avait une boîte de nuit, c'est
01:03 elle qui a au départ décidé de mettre deux jukebox pour pas qu'il y ait de blanc entre
01:08 les morceaux. Et après mettre du linoleum, mettre des lumières au plafond, le côté
01:12 un peu psychédélique du psycho. Oui c'est en loi à Régine.
01:15 Alors le premier tube disco c'est Gloria Gaynor qu'on entend, Never Can Say Goodbye.
01:20 Les français ne sont pas en reste, ils ont vraiment contribué au succès du disco de
01:25 Claude François à Dalida en passant par Gainsbourg et Sheila qui a cartonné aux Etats-Unis.
01:28 Il y a même Adamo qui a fait du disco. Et le premier à s'être classé numéro 1 des
01:33 charts c'est lui.
01:34 * Extrait de « Les Paroles » de Patrick Juvé *
01:40 1977 ?
01:41 C'est ça, c'est Patrick Juvé.
01:43 C'est un French Sound ? Le son français ça ?
01:46 Ça c'est fait avec Jean-Michel Jarre d'ailleurs. C'est Patrick Juvé à composer mais Jean-Michel
01:51 Jarre a enregistré et écrit les paroles de « Où sont les femmes ? » Ils sont allés
01:54 aux Etats-Unis et ils ont trouvé cette espèce de son qui traînait un petit peu déjà
01:59 dans le monde de la musique.
02:00 Même Dalida dès 1975 avait fait avec Jacques André l'un des premiers titres disco français
02:08 sous l'impulsion de son frère Orlando.
02:09 Mais oui ça c'est un French Sound qui va être réclamé avec plein de producteurs
02:14 aussi qui ont eu une renommée internationale derrière les manettes.
02:18 Un an plus tard, 1978, un chanteur n'arrive pas à percer avec son groupe.
02:23 Le disco c'est pas sa tasse de thé et pourtant il va créer l'un des plus grands tubes,
02:27 le seul de sa carrière d'ailleurs.
02:29 Je veux parler de Patrick Hernandez et son « Born to be Alive ». Il vous a confié,
02:32 alors je n'avais jamais entendu, la maquette de cette chanson.
02:36 Voilà à quoi elle ressemblait au départ.
02:37 Et maintenant la version finale, mondialement connue.
02:56 C'est pas pareil.
02:59 C'est pas pareil.
03:02 Le disco c'est un rouleau compresseur et quand ils prennent une mélodie etc. ça peut
03:06 faire des merveilles.
03:08 Parfois ça a été le cas là.
03:10 25 millions de ventes.
03:11 Oui depuis sa sortie en 78 je crois ou 79 je ne sais plus exactement.
03:15 Mais oui 25 millions de ventes, un des singles les plus vendus de l'histoire « Born to
03:19 be Alive ». Et au départ une chanson qui traînait dans un grenier qu'avait enregistré
03:23 Patrick Hernandez en 72-73.
03:25 Donc 5-6 ans avant que ça devienne ce tube.
03:29 Il galérait, il avait même arrêté la musique Patrick Hernandez.
03:31 Il était retourné vivre dans le Périgord et il élevait des veaux.
03:34 Et c'est un producteur belge qui allait le remettre en scelle en disant « inspire-toi
03:39 de « You make me feel » de Sylvester.
03:41 Pompe la ligne de basse, la batterie, garde le même tempo, 130 bpm qui est un rythme
03:47 très rapide pour le disco.
03:48 Et à mon avis ça peut marcher.
03:50 Et voilà.
03:51 Et ça a donné « Born to be Alive ».
03:52 Mais alors la France n'en voulait pas au début.
03:54 Non il ne s'est pas fait signer en France.
03:55 Il s'est fait signer en Italie.
03:56 Après il s'est fait signer aux Etats-Unis.
03:58 Et ça a d'abord été des cartons un peu partout dans le monde.
04:01 Le boss de la maison de disques française à l'époque dans les années 70 s'est
04:04 fait virer parce qu'il était passé à côté de Patrick Hernandez.
04:07 Il y a aussi l'histoire incroyable de Céronne, grand nom du disco.
04:11 C'est la bourde d'un disquaire qui lui a fait connaître la gloire internationale.
04:16 Racontez-nous ça François.
04:17 Oui, il n'avait aucune maison de disques française ne voulait de la musique de Céronne
04:21 qui était beaucoup trop longue.
04:22 Ça faisait 16 minutes.
04:23 Donc il avait beau leur expliquer que c'était pas fait pour passer à la radio mais pour
04:26 passer en boîte, ils n'en voulaient pas.
04:27 Il presse lui-même des disques, il les distribue dans des magasins de disques à Paris.
04:32 Et la bourde d'un disquaire qui renvoie en pensant que c'est des invendus, il les
04:36 envoie aux Etats-Unis.
04:37 Et là ça tombe entre les oreilles de DJ américain qui vont se mettre à passer ce
04:40 titre en boucle dans les boîtes de nuit à New York.
04:42 Et là il y a eu un buzz.
04:44 Et ça cartonnait dans les boîtes de nuit.
04:47 Du coup les gens sont intéressés à cette musique et ont voulu acheter ce disque.
04:50 Du coup il est parti là-bas le réenregistrer.
04:53 Enfin pas le réenregistrer mais le titre est sorti aux Etats-Unis.
04:55 Et Saron a fait une carrière pendant des décennies.
04:58 C'était une star aux Etats-Unis.
04:59 Il était beaucoup moins connu en France.
05:00 Donc ça fait partie de ces histoires assez étonnantes où la France a pu passer à côté
05:04 de certains talents.
05:05 On avait des talents mais on ne savait pas forcément les repérer.
05:08 Les exploiter, les maisons de disques sont passées à côté de Patrick Hernandez, de
05:11 Saron et tout.
05:12 Mais bon, ils se sont très bien débrouillés.
05:13 Ils sont venus dans le monde entier.
05:15 La question très difficile pour vous, le plus grand tube disco ?
05:18 Il y en a énormément.
05:21 Mais je dirais peut-être les YMCA des Village People.
05:24 Bah tiens on l'a !
05:25 Pourquoi ce serait cette chanson ? Pourquoi vous avez choisi cette chanson-là ?
05:32 Franchement, je pense que c'est pareil que pour Born to be Alive.
05:35 Mais je crois qu'elle est encore plus vendue que Born to be Alive, qu'elle passe vraiment
05:39 dans je pense à peu près toutes les soirées en permanence.
05:42 Elle est très étonnante.
05:44 C'est fait par deux Français, deux producteurs français Henri Bellolo et Jacques Moraly.
05:48 Et surtout Jacques Moraly qui a composé tous les titres des Village People.
05:51 Donc c'est des Français qui ont composé tous les titres des Village People qui sont
05:54 allés enregistrés aux Etats-Unis et qui ont détourné toute une partie de l'imaginaire
05:57 américain.
05:58 Donc c'est assez marrant que ce soit deux Français qui aient fait ça.
06:00 Et qui ont mis en avant la culture gay de manière en filigrane.
06:05 C'est-à-dire que pour le grand public, ils voyaient un marin, un cow-boy, un indien avec
06:10 des chansons hyper dynamiques et joyeuses.
06:11 Mais de manière sous-jacente, il y avait des messages cachés à l'intention de la
06:16 communauté gay et très réconfortants, leur disant que tout allait bien se passer.
06:21 Et puis il y avait toute cette imagerie qui a été très avant-gardiste à l'époque.
06:27 Toute cette culture gay et LGBT avant leur.
06:30 Au début des années 80, le disco va s'éteindre.
06:33 Et tel le Phénix, il revient grâce au DJ David Guetta, Bob Sinclar, Daft Punk.
06:39 Et alors la jeune génération, celle d'aujourd'hui, il retourne.
06:42 Clara Luciani ou Juliette Armanet qu'on écoute.
06:47 Il a encore de beaux jours devant lui le disco.
06:50 Je pense parce que même quand ça s'est éteint, comme vous dites, un peu dans les
06:54 années 80, les maisons de disques se sont détournées, les artistes en ont moins fait.
06:58 Mais il est resté présent dans toutes les soirées, sur toutes les pistes de danse,
07:02 ce qui est son but originel.
07:03 Donc oui, tant qu'on fera la fête, je pense qu'il y aura du disco.
07:07 Et après, il y aura des modes avec plus ou moins de disco.
07:09 Mais en ce moment, en effet, il y a beaucoup de codes disco dans la musique mondiale.
07:12 Merci beaucoup.
07:13 Merci François Chaumont.
07:14 Et alors je précise que ce documentaire disco, la révolution française, est co-produit
07:17 par Flair Media et France Télévision.
07:19 Merci d'être venu.
07:20 Merci beaucoup de m'avoir invité.

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