Elle est humoriste, comédienne, réalisatrice, scénariste et productrice… Nawell Madani n’est pas une artiste comme les autres. En tournée dans les club de stand-up parisiens, cette jeune maman est également à l’affiche de « Jusqu’ici tout va bien », une nouvelle série Netflix réalisée et produite par notre invitée qui campe le rôle d’une journaliste prêt à tout pour aider son frère à échapper à la police, quitte à sombrer dans un incroyable chaos face à un baron de la drogue. Aujourd’hui, elle nous parle de cette nouvelle série palpitante qui donne le premier rôle aux femmes.
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00:00 -Elle est humoriste, comédienne, réalisatrice, scénariste et productrice.
00:03 Elle a tout de même trouvé le temps de passer nous voir
00:06 sur le plateau Télématin.
00:07 Bonjour, Nawal Madani.
00:08 -Bonjour, vous allez bien ? -Oui, vous ?
00:11 -Un peu dur, ce matin, j'avoue, avec la petite et tout.
00:13 -C'est vrai, vous êtes de jeune maman, en plus.
00:15 -C'est elle qui vous réveille ou c'est vous qui la réveillez le matin ?
00:17 -C'est elle qui me réveille.
00:19 -Et qui vous réveille le matin, vous, au Télématin ?
00:21 C'est quoi, vos habitudes du matin ?
00:23 -Moi, les habitudes du matin, j'en ai pas trop.
00:25 -C'est dormir le plus possible.
00:27 -Ouais, parce que je vais en club de stand-up le soir,
00:29 du coup, j'essaye de rattraper du sommeil.
00:32 Les journées sont longues.
00:33 -Les journées sont longues parce que vous êtes très occupée,
00:35 vous faites beaucoup de choses, notamment cette série
00:37 qui s'appelle "Jusqu'ici, tout va bien",
00:39 qui vient de sortir sur Netflix.
00:41 Vous avez quasiment tout fait, ou presque.
00:43 Vous l'avez écrite, vous l'avez réalisée, vous l'avez produite.
00:46 C'est vraiment votre bébé.
00:47 Comment vous est venue cette idée, précisément ?
00:50 -Ca m'est venu pendant... Juste après le confinement, en fait.
00:54 Et puis, j'ai suivi Gébril, qui faisait la tournée des Misérables.
00:59 -Votre mari. -Exactement.
01:00 -Qui joue dans la série aussi. -Exactement.
01:03 Et je voyais qu'il y avait pas de femmes, en fait,
01:06 quasi, dans le film.
01:08 Et l'idée nous est venue tout doucement, comme ça,
01:11 en se disant, tiens, il y a...
01:14 Voilà, on faudrait faire une série sur ces femmes
01:18 qu'on voit très peu en banlieue, qui sont le socle,
01:22 qui sont souvent les lignes de force de la famille.
01:25 -Et dans un milieu assez particulier,
01:27 où les femmes ne sont pas toujours assez visibles,
01:30 qui est le milieu des médias. -Exactement.
01:32 Et toutes ces arènes où on les voit pas assez,
01:34 où elles doivent se battre, faire deux fois plus que les autres,
01:37 j'ai été dans un...
01:40 J'ai fait un polar à ma façon.
01:42 Je vais dire ça comme ça.
01:43 -On va faire connaissance avec ce polar.
01:44 Dans "Jusqu'ici, tout va bien", vous jouez une présentatrice de télé
01:47 qui réalise son rêve, qui est celui de présenter un JT,
01:50 qui est en tranche 13h-15h.
01:51 Vous bossez dans une espèce de chaîne
01:52 qui pourrait être une Fox News à la française.
01:54 On ne va pas dans la nuance.
01:56 Sauf que vous vous retrouvez embarquée
01:58 dans une affaire de trafic de drogue à cause de votre frère.
02:00 Regardons ça.
02:01 -J'ai toujours rêvé de présenter le JT.
02:05 -On va pas se mentir, il nous manque...
02:07 -Votre quota diversité ?
02:09 -On garde les boucles ? -Non.
02:12 -J'ai mis des années pour y arriver.
02:14 Aujourd'hui, ma vie allait changer.
02:16 -Salim Zahiri, c'est ici ?
02:19 -Il fait quoi dans la vie, votre frère ?
02:21 -Il se débrouille. Il fait de la location de voiture.
02:24 Il est dans l'import-export.
02:25 Il est dans l'import-export de la location de la voiture.
02:27 -Je vais retrouver Salim.
02:29 Il a percuté un policier de 37 ans.
02:31 -Je voulais pas te mettre là, tout ça.
02:33 -Tu te fous de ma gueule ?
02:34 -Je présente le JT, je vais être grillée en deux-deux.
02:36 -Il faut qu'on bouge cette caisse.
02:38 Si les keufs la trouvent ici, je suis cuite.
02:39 -J'en fous de votre frère.
02:42 Ce que je veux, c'est son patron.
02:43 -En brûlant la caisse de Salim, on a brûlé la cam'.
02:47 -T'as compris ? On a une dette envers Omar.
02:48 -Je vais devoir m'occuper de ta famille, toi.
02:51 -On va trouver une solution. -C'est toi qui va payer.
02:53 -Combien on lui doit ? -Pas grand-chose.
02:55 -Un mille ou un demi, quand même.
02:56 -J'ai une mariée, je sais.
02:57 -Faut qu'on règle ça nous-mêmes.
02:59 -Alors Nawal, Farah, votre personnage dans le film,
03:01 elle dit qu'elle veut être la Claire Chazal Rebeu.
03:04 Pourquoi elle ?
03:05 Il y a une référence familiale, il y a une histoire,
03:08 il y a des souvenirs, c'est une vraie admiration.
03:09 -Oui, Claire Chazal, nous, elle rythmait nos soirées.
03:13 On était en admiration devant elle.
03:16 C'est une femme forte pour nous, une femme élégante, classe.
03:20 -Mais vous, Nawal, elle vous a inspirée, cette femme, ou pas ?
03:23 -Pour moi, c'était ma tata.
03:25 -C'est vrai ? -Elle était dans le salon.
03:26 -Il y avait une proximité de dingue.
03:28 -C'est elle qui nous disait ce qui se passait dans le monde.
03:31 J'étais petite, je la regardais, je la trouvais magnifique.
03:34 -Vous avez rêvé, vous, enfant,
03:35 de devenir animatrice-présentatrice de JT ?
03:39 -Pas vraiment, mais je me suis toujours dit
03:41 que c'était un exercice difficile.
03:43 Et avec les années, je me suis dit,
03:45 "Tiens, pourquoi j'arrive pas à m'identifier ?"
03:47 C'est comme ça que l'idée a commencé à venir, tout doucement.
03:50 À me dire, "Tiens, elles sont quasi toutes blondes,
03:53 "je me reconnais pas."
03:55 Puis il y a eu "66 minutes", où il y a eu Aida Touiri...
03:58 -Aida Touiri, oui, exactement.
04:00 -Qui a assumé, même ses cheveux bouclés.
04:01 On était tous choqués à la maison. -C'est vrai ?
04:03 -On s'est dit, "C'est elle qui doit produire, c'est pas possible."
04:06 -On n'a pas pu la choisir.
04:07 -On s'est dit ça, nous, tout de suite.
04:09 C'est fou.
04:10 Et quand on a commencé à écrire, on s'est dit,
04:13 "C'est une arène qu'on voit très peu."
04:15 -Pourquoi vous dites une arène ?
04:16 -Parce qu'on le sait, qu'il y a une compétition.
04:20 Maintenant, on s'est renseignées,
04:22 on a vu que c'était dur pour les femmes.
04:24 Elles devaient faire deux fois plus.
04:27 Bien sûr, c'est très compliqué.
04:29 -C'est dur pour les femmes,
04:31 et pour les femmes issues de la diversité, encore plus.
04:33 -Je voudrais qu'on revienne sur le titre de la série,
04:35 "Jusqu'ici, tout va bien", qui est une phrase du film "La haine".
04:38 -Exactement. -Qui a été inspirée de ça.
04:40 Pourquoi ? C'est parce que ce film vous a marquée ?
04:42 -Oui, bien sûr.
04:43 -"Jusqu'ici, tout va bien", c'est pas la chute, c'est l'atterrissage.
04:46 C'est un des films qui m'a vraiment donné envie de faire du cinéma.
04:51 Et je me suis dit, quand j'ai regardé le film,
04:55 parce que je le regarde assez souvent, d'ailleurs,
04:58 je me suis dit, "Tiens, c'est..."
05:00 D'ailleurs, le chef-op qui a commencé avec moi la série,
05:01 parce que j'ai eu deux chefs-op, Pierre Haïm,
05:04 était le chef-op de "La haine".
05:05 -D'accord. -Il y avait une vraie référence.
05:07 -Vraiment.
05:08 Je me suis dit, "Tiens, les hommes ont ouvert les portes
05:11 à ce cinéma de banlieue, et c'est les femmes qui vont le fermer."
05:15 -Mais vous êtes sympa, parce que vous embauchez quand même
05:16 votre mari dans la série, qui vous appelait "ma choupinette"
05:19 sur le tournage.
05:21 C'est bizarre.
05:23 Comment vous avez pris ça, le fait d'être en proximité ?
05:26 -C'était dur, oui.
05:28 -Comment on fait pour diriger son mari ?
05:29 -C'est très compliqué.
05:31 C'est très compliqué parce qu'il se permet des choses
05:33 que d'autres ne se permettraient pas.
05:35 Il change le texte avant même qu'il ait essayé, d'ailleurs,
05:40 la scène elle-même.
05:41 -Ca se règle sur le plateau ou le soir à la maison ?
05:42 -Non, ça se règle tout le temps.
05:44 On ramène les problèmes à la maison.
05:46 Mais en même temps, c'était lui qui me disait
05:48 de ne pas culpabiliser quand je laissais ma fille.
05:51 Il y a eu des moments où j'ai craqué, bien sûr.
05:53 C'était long, ce tournage, très très long.
05:55 -Vous êtes capable maintenant de faire un long métrage ?
05:57 -J'en ai déjà fait un. -Je sais.
05:58 Mais après cette série, vous pourriez en faire tellement.
06:00 -Ah oui, là, c'est trop.
06:01 -Parce que l'exercice de la série, c'est pire qu'un long métrage.
06:03 -C'est bien pire qu'on ne le pense.
06:05 -Et vous vient d'où cette envie d'être sur tous les fronts,
06:07 d'être sur scène, d'être devant, derrière la caméra ?
06:09 Le "one woman show", ça continue, il y en aura encore ?
06:12 -Bien sûr, je reviens sur scène.
06:14 L'envie, c'est peut-être parce que j'ai envie de défendre
06:17 des projets qu'on ne me propose pas encore.
06:19 Je me suis permise de sortir de la comédie
06:26 dans laquelle on veut m'enfermer.
06:27 J'ai voulu faire un polar, je me suis amusée.
06:31 Et Netflix m'a permis vraiment d'aller dans ce genre.
06:35 On ne m'a pas posé la question.
06:36 Quand d'ailleurs j'ai vu "Baron noir" ou "Cade dedans",
06:41 il était extraordinaire.
06:42 On ne s'est pas dit "c'est un comique, il ne doit faire que de la comédie".
06:46 On a aimé et c'est là où, après, il y a eu, je pense, pour lui,
06:51 une toute autre carrière qui s'est proposée à lui.
06:53 Et ce n'est pas parce que j'ai envie de faire mon "Ciao Pantin",
06:56 attention, mais...
06:57 -Mais pourquoi pas ?
06:58 -Non, pas vraiment.
07:00 La comédie, c'est ce que j'aime.
07:02 -Vous voulez pas qu'on vous mette des limites, en fait ?
07:04 -Voilà, pourquoi ?
07:05 Donc, il a fallu tout doucement endosser toutes ces casquettes.
07:08 -Il y a vraiment deux salles des ambiances dans le film,
07:10 parce qu'il y a eu le côté télé, chaînes d'infos, etc.
07:13 Et puis, vous le disiez, c'est vraiment aussi un polar.
07:15 -C'est un polar, la sororité, la famille qui est au coeur du récit.
07:18 -Les femmes. -Les femmes, les femmes.
07:21 -Et si vous nous lanciez la pub, comme vous le faites sur votre chaîne ?
07:24 -Ah oui, je dois regarder où ? -Voilà, c'est là.
07:27 -Et le prompteur ? -Il n'y en a pas.
07:29 -Ah, il n'y en a pas chez vous ? -Ah, d'accord.
07:32 -Et je lance la pub comme ça ? -Exactement.
07:33 -Alors, vous êtes sur Télématin, et maintenant, la pub.