Retraites : "Emmanuel Macron a abimé la démocratie représentative, voulu enjamber le Parlement"

  • l’année dernière
"Le quinquennat d’Emmanuel Macron est en grande difficulté. Il a abimé la démocratie représentative, voulu enjamber le Parlement, hyperprésidentialiser au-delà du raisonnable, abaisser la fonction de Premier ministre" constate Max Brisson, sénateur LR des Pyrénées-Atlantiques, auteur de la proposition de loi : École de la liberté, de l'égalité des chances et de la laïcité.

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Transcription
00:00 – Merci Marc Frisson de nous accompagner pendant cette première demi-heure
00:03 élu des Pyrénées-Atlantiques, vous êtes membre du groupe Les Républicains,
00:05 auteur d'une proposition de loi sur l'école qui a donc été votée au cœur de la nuit.
00:10 On va bien sûr longuement en parler mais d'abord un mot sur la réforme des retraites
00:13 et on l'a vu Emmanuel Macron qui est donc en visite d'État de deux jours aux Pays-Bas
00:17 et qui a été rattrapé par cette réforme des retraites.
00:19 Son discours sur l'Europe a été brièvement interrompu par des manifestants.
00:22 Est-ce que c'est la preuve que son quinquennat est bloqué par cette réforme ?
00:25 – Oui, son quinquennat est en grande difficulté
00:28 et il est à l'origine de cette difficulté.
00:30 Je l'entendais finalement se repier sur nos institutions pour dire,
00:35 et en cela il a raison, que le processus est tout à fait constitutionnel et démocratique
00:41 mais enfin il a tellement abîmé la démocratie représentative en particulier,
00:46 il a tellement voulu enjamber le Parlement,
00:48 il a tellement voulu hyper-présidentialiser au-delà du raisonnable
00:53 le fonctionnement de nos institutions,
00:55 il a tellement abaissé la fonction de Premier ministre,
00:58 il a tellement méprisé les corps intermédiaires qu'il est aujourd'hui dans cette situation.
01:02 Alors bien sûr la France est une démocratie,
01:04 les agissements de quelques personnes qui ont une vision totalement déformée de la situation
01:10 ne sont pas respectables, en revanche le Président de la République
01:15 doit sortir de la crise sauf qu'il a abandonné un certain nombre des armes,
01:20 en particulier par exemple le changement de gouvernement de Premier ministre
01:23 qui était une arme traditionnelle du Président de la République.
01:25 – Qu'il aurait dû faire ?
01:26 – Il aurait peut-être dû le faire, je n'en sais rien,
01:28 mais il a tellement réduit la fonction de Premier ministre,
01:30 il a tellement dit qu'il était l'alpha et l'oméga de tout,
01:33 il a tellement concentré les pouvoirs de décision sur sa personne et à l'Élysée
01:40 que le changement de Premier ministre aujourd'hui n'est pas cette arme
01:43 que le général de Gaulle et Michel Debré avaient donnée au Président de la République
01:46 pour avoir un nouveau temps, un nouveau rebond dans son mandat.
01:50 Donc nous sommes, vous savez, je crois que dimanche c'était l'anniversaire
01:56 de la première année du premier tour de l'élection présidentielle,
02:00 il semblerait presque qu'il y a une éternité qu'Emmanuel Macron ait été élu,
02:04 tellement il est aujourd'hui usé alors que son quinquennat à peine commence.
02:07 – Comment il peut en sortir maintenant ?
02:08 Est-ce qu'il doit faire un geste en direction du Parlement,
02:11 en direction des syndicats, lequel ?
02:12 – Il devrait faire un geste à travers l'ensemble des corps intermédiaires,
02:16 il devrait, vous voyez on entendait dans le reportage parler de la convention citoyenne,
02:22 c'était une manière, une autre, d'enjamber le Parlement
02:25 et après les citoyens si convoqués lui renvoient à la figure
02:29 parce qu'ils ne les suent pas.
02:31 La démocratie représentative et parlementaire c'est très différent,
02:34 je crains que le Président de la République, avec tout le respect que je lui dois,
02:38 n'a pas tout à fait les ressorts pour être le chef d'État dans le contexte actuel
02:43 qui nécessiterait en effet beaucoup de discussions avec les groupes parlementaires.
02:48 Nous avons un Président de la République qui est un petit peu l'anti-Chirac,
02:52 on aura repenché beaucoup à Jacques Chirac, parfois un certain immobilisme
02:56 parce qu'il était très attentif du corps social, il était très à l'écoute des Français.
03:01 On a un Président qui depuis 6 ans n'est pas à l'écoute des Français
03:05 et ça lui revient comme un boomerang à travers la figure.
03:08 – Comment on en sort ?
03:09 – Comment on en sort c'est d'abord à lui de le dire.
03:12 La première mission du Président de la République c'est pas de s'occuper du détail,
03:17 il s'est noyé dans le détail.
03:19 La première mission du Président de la République c'est de fixer un cap
03:21 et de sortir de ce type de crise.
03:24 Il lui faudra beaucoup de dialogue, beaucoup d'humilité, peu d'hubris.
03:29 Je ne suis pas sûr que ce soit là ses qualités premières.
03:32 – On va parler de ce qui s'est passé cette nuit au Sénat
03:34 puisque le Sénat a voté votre proposition de loi sur l'école,
03:37 on va voir les détails du texte et les temps forts de la séance avec Steve Jourdin.
03:41 [Générique]
03:50 – Bonjour Steve.
03:50 – Bonjour Yann, bonjour M. le Sénateur.
03:52 – Et Steve, le Sénat a donc adopté cette nuit la proposition de loi de Max Brisson
03:55 pour réformer notre école, c'est encore une réforme ?
03:58 – Difficile effectivement de comptabiliser le nombre de réformes
04:01 lancées ces 50 dernières années en la matière.
04:03 Tenez, pas plus tard qu'au mois de décembre,
04:05 le ministre de l'Éducation nationale appelait à une nouvelle refonte de notre école,
04:10 c'était dans une tribune publiée dans Le Monde.
04:13 Beaucoup de chantiers de ces dernières décennies
04:15 tentent de répondre à la question suivante, comment stopper la crise ?
04:19 Une crise qui s'illustre notamment par les difficultés de recrutement d'enseignants
04:23 mais aussi par le niveau des élèves.
04:25 Un exemple, Yann, qu'on cite souvent, ce sont les mathématiques.
04:27 Une enquête récente réalisée auprès d'enfants de CM1 et de 4e
04:32 dans une soixantaine de pays montre que la France se classe bonne dernière,
04:37 bonne dernière dans les pays de l'Union Européenne,
04:39 elle est avant dernière dans les pays de l'OCDE, Yann.
04:42 – Alors que faire, Steve ?
04:43 – Que faire, Max Brisson, c'est tout l'objet de votre proposition de loi.
04:47 La solution, selon vous, tient en quelques mots plus d'autonomie,
04:51 il faut donner plus de liberté aux écoles, aux directeurs et aux professeurs.
04:54 Vous proposez donc plusieurs choses,
04:57 et tout d'abord la mise en place d'une expérimentation,
04:59 les établissements scolaires qui se portent volontaires
05:02 pourront signer un contrat avec le rectorat et les collectivités
05:07 afin de déterminer eux-mêmes comment ils souhaitent s'organiser.
05:10 Plusieurs domaines sont concernés par cette autonomie,
05:13 le recrutement des élèves ou encore l'organisation pédagogique.
05:16 C'est une rupture par rapport à l'école telle qu'elle existe aujourd'hui
05:20 et les communistes y sont opposés, écoutez.
05:24 – Votre proposition consiste de fait à créer une forme de séparatisme
05:29 alors qu'il faudrait renforcer l'école de la République.
05:33 D'un service public national motivé par une obligation de moyens alloués par l'État,
05:39 nous basculerions vers une myriade d'écoles sur le modèle des écoles privées,
05:45 soumises à des objectifs particuliers
05:48 qui conditionneraient programmes, moyens, horaires et recrutement des enseignants.
05:54 – Et Sif, cette proposition de loi propose d'autres mesures pour réformer l'école.
05:57 Et notamment un renforcement du principe de laïcité.
06:00 Vous demandez, Max Brisson, d'étendre la loi de 2004
06:03 sur les signes ostensibles aux accompagnateurs de sorties scolaires.
06:06 Le Sénat avait déjà adopté un amendement en ce sens
06:09 au moment de l'examen de la loi séparatisme.
06:11 Vous revenez à la charge et souhaitez interdire par exemple le port du voile
06:15 aux accompagnatrices de sorties scolaires.
06:18 Autre grande mesure qui constitue vraiment un marqueur de droite,
06:21 le port de l'uniforme à l'école que vous souhaitez imposer
06:26 afin de renforcer l'égalité et le respect entre les élèves.
06:30 À ces deux mesures, le gouvernement dit non.
06:32 On va l'écouter.
06:34 – Tous les gouvernements se sont opposés à cette disposition.
06:38 Les parents accompagnateurs ne sont pas soumis au principe de neutralité
06:43 mais sont bien évidemment interdits de tout prosélytisme.
06:48 Sur l'uniforme, le gouvernement est opposé à une obligation nationale
06:54 qui ne règle ni le sujet du harcèlement, ni les différences sociales
07:00 et encore moins les atteintes à la laïcité.
07:03 – Le gouvernement dit non mais le Sénat a quand même adopté
07:07 le renforcement du principe de laïcité pour les accompagnateurs de sorties scolaires.
07:11 Au final, votre proposition de loi a bien été adoptée par le Sénat.
07:15 200 voix pour, 118 contre.
07:18 Le gouvernement, je le disais tout à l'heure, est contre l'expérimentation
07:21 que vous proposez en matière d'autonomie des écoles.
07:23 Vous avez échoué à convaincre.
07:26 – Je ne pense pas avoir échoué puisque le Sénat a une large majorité
07:30 à approuver mon texte.
07:31 Oui parce que le gouvernement est dans le trophyle de ce qu'il fait depuis 5 ans
07:36 et finalement dans le trophyle de ce qui a été fait majorité après majorité.
07:39 On est dans la situation suivante, on met de plus en plus d'argent dans l'école.
07:43 La Nation fait un grand effort, +21% sur le quinquennat précédent,
07:48 +11% sur le quinquennat de François Hollande.
07:51 De plus en plus d'argent et comme vous l'avez dit, des résultats
07:54 qui ne cessent de se dégrader.
07:56 On injecte des fonds et il faut le faire, mais parallèlement,
08:00 on accepte de manière passive la dégradation des résultats de notre école.
08:04 Pourquoi ? Parce que toutes les réformes ont été pilotées par le haut.
08:08 À aucun moment, on a renversé l'ordre des facteurs.
08:10 Ce que propose ce texte, c'est de partir des établissements.
08:13 Il n'y a pas une école, il n'y a pas un collège,
08:15 il n'y a pas un lycée qui ne se ressemble.
08:17 Nos territoires sont différents,
08:18 les besoins éducatifs sont extrêmement différents.
08:21 Il est grand temps d'entrer dans une logique d'adaptation de l'école
08:25 aux besoins éducatifs des territoires.
08:27 Alors on va me dire, comme l'a fait Mme Brulère,
08:29 avec un sens de la nuance qui n'appartient qu'à elle,
08:34 on pourra me dire, tout cela va créer des inégalités, de la sérégation.
08:39 On s'éloigne du principe de l'école de la République.
08:41 Mais en fait, dans les faits, on s'en est éloigné.
08:44 Notre école unitaire produit plus d'inégalités,
08:47 produit plus d'échecs scolaires pour les classes,
08:51 les enfants des classes les plus défavorisées
08:52 que les systèmes européens autour de nous.
08:54 Au nom de l'égalité, on a un système installé
08:58 qui produit beaucoup d'inégalités et beaucoup d'échecs scolaires.
09:02 Donc ce que je propose, c'est faire confiance aux équipes.
09:04 C'est de rompre avec la pratique actuelle
09:07 et celle du gouvernement précédent.
09:08 Donc M. Papendia, il est dans le prolongement de ses prédécesseurs,
09:12 sauf qu'il est aussi dans le prolongement de l'échec.
09:15 Et si on faisait confiance aux équipes pédagogiques ?
09:18 Alors vous savez, on commencerait gentiment,
09:21 sur la base d'une expérimentation, sur la base du volontariat.
09:24 Moi, je suis sûr qu'il y a des équipes pédagogiques,
09:26 si on leur laissait de la liberté, qui ont plein d'idées.
09:29 Mais pour l'instant, on a une liberté pilotée par le haut,
09:32 extrêmement dirigée.
09:34 La liberté de construire un projet d'établissement, par exemple.
09:38 Ça existe dans les textes depuis les années 70.
09:41 Mais ça se traduit par quoi ?
09:42 Par une multitude de circulaires, d'injonctions, de vademikon,
09:47 où on dit aux établissements,
09:49 "Vous ferez votre projet autonome comme ça, comme ça et comme ça.
09:52 Vous appliquerez telle mesure, telle mesure, telle mesure."
09:55 Il n'y a qu'en France qu'on invente l'autonomie décidée à Paris.
09:59 Et on continue avec le gouvernement.
10:01 Moi, je suis sûr que le président de la République,
10:02 sur le sujet, est très ouvert à l'autonomie.
10:05 – Vous avez eu des retours du président…
10:07 – Je n'ai pas eu de contact avec le chef de l'État,
10:09 je l'écoute dans ses discours.
10:10 Je l'ai écouté à Marseille.
10:12 Il parle d'autonomie à son tour.
10:14 Mais le fonds pédagogique qu'il a mis en œuvre
10:17 avec le ministre Pembendiay, c'est un fonds national décidé par l'Etat.
10:22 "Vous ferez de l'autonomie comme je le décide."
10:24 Ça, c'est très français, c'est très jacobin.
10:27 Moi, je suis profondément girondin.
10:30 Et je me dis, et si on faisait le contraire ?
10:31 C'est-à-dire, si on faisait la réforme par la base, par les établissements ?
10:35 Ça a été écrit, par exemple, un exemple qui a été choisi,
10:39 c'est une méthode qui a été choisie par un Premier ministre britannique
10:43 dans les années 90, pas Margaret Thatcher,
10:46 c'était le socialiste Tony Blair, le social-démocrate Tony Blair,
10:51 qui a rénové le système public d'éducation
10:54 par ce qu'il appelait les "charter schools",
10:56 c'est-à-dire les écoles sous contrat,
10:57 liberté dans le cadre d'un contrat, évaluation, on expérimente,
11:01 10% des établissements par académie, 20% des élèves,
11:05 vous voyez que je suis prudent, j'y vais doucement
11:07 parce que je connais la tradition très jacobine de notre système éducatif.
11:12 – Sur les accompagnatrices scolaires,
11:14 c'est la quatrième fois que le Sénat revient à la charge en 4 ans,
11:17 il y a vraiment urgence à légiférer selon vous ?
11:19 – Il y a urgence à rappeler le cadre très strict de la laïcité à l'école.
11:25 L'école a un rapport à la laïcité historiquement différent
11:29 des autres services publics, tout simplement parce que
11:31 notre République laïque et notre école publique laïque
11:35 sont construites en même temps, ce sont des constructions politiques parallèles
11:39 et la République en grande partie s'est construite à l'école.
11:43 Alors, moi j'observe une chose, c'est qu'il y a une exigence de laïcité
11:47 à l'école plus forte qu'ailleurs, c'est le seul service public,
11:51 contrairement à ce qu'a dit le ministre hier soir,
11:53 où la neutralité est exigée des usagers que sont les élèves.
11:59 À l'école publique, un élève ne peut pas manifester son appartenance religieuse.
12:04 – Là on parle des accompagnateurs, donc des parents d'élèves.
12:06 – Acceptez déjà l'idée que la société a imposé depuis longtemps à l'école
12:13 une exigence supplémentaire de laïcité par rapport à tous les autres services publics.
12:18 Alors après les accompagnatrices, une sortie pédagogique,
12:21 si ce n'est pas la classe, si elle n'a pas une raison pédagogique,
12:25 elle n'a pas de raison d'être.
12:27 Une sortie pédagogique, c'est la classe hors des murs.
12:29 Et dans la classe, qu'elle soit dans les murs ou hors des murs,
12:32 nous estimons avec constance, vous venez de le rappeler,
12:36 nous estimons que dans la classe, la neutralité doit s'imposer,
12:40 c'est-à-dire qu'on n'a pas à imposer à l'école publique, aux enfants,
12:44 la moindre affirmation qu'elle soit religieuse, philosophique ou politique.
12:48 Je dis bien dans la classe, cela veut dire clairement qu'une maman ou un papa,
12:53 lorsqu'il vient payer les droits de cantine,
12:55 ou lorsqu'il vient assister à la fête de l'école,
12:58 il peut très bien manifester son appartenance religieuse,
13:02 parce que ce n'est pas la classe.
13:03 Mais la classe, c'est un sanctuaire.
13:05 Et la sortie pédagogique, c'est une classe.
13:08 Ou alors elle n'a pas de raison d'être.
13:09 Quand on visite un musée, quand on visite un espace naturel sensible,
13:13 on est en sortie pédagogique.
13:15 Et la pédagogie, c'est la classe, et la classe, c'est la neutralité.
13:18 Et vous savez, pas depuis aujourd'hui, depuis Gilles Ferry.
13:21 – Obligation.
13:22 – Vous souhaitez aussi que certains territoires ruraux
13:25 bénéficient de moyens particuliers.
13:27 La Première ministre a fait des annonces il y a quelques jours,
13:30 elle était en déplacement sur le sujet,
13:32 notamment sur les fermetures de classes
13:33 avec un objectif de visibilité à 3 ans pour les maires.
13:36 C'est une bonne chose ?
13:38 – Oui, bien entendu.
13:39 Il y a 2-3 éléments dans le texte que nous avons voté,
13:42 je me réjouis de ce vote cette nuit,
13:45 dans lequel le gouvernement a montré de l'écoute.
13:48 Il y a la formation des professeurs du premier degré,
13:51 la reconquête des savoirs fondamentaux, le lire, écrire, compter.
13:55 Il passe par une autre formation des professeurs des écoles,
13:58 qu'on a appelé instituteurs.
14:00 Tout simplement, qu'on reconcentre leur formation
14:03 sur le lire, écrire, compter,
14:05 c'est un beau métier d'apprendre aux enfants à lire, à écrire, à compter.
14:09 Mais c'est un apprendre à apprendre, à lire, à écrire, à compter,
14:13 ça nécessite une formation particulière,
14:16 voilà pourquoi on arrive pas à un accord total avec le ministre,
14:19 mais on sent bien là qu'on a une sorte de convergence des plaques
14:23 qui devrait nous permettre très vite de déboucher sur un accord.
14:27 La ruralité.
14:28 Notre école, depuis très longtemps, a un regard particulier
14:32 sur les territoires de la politique de la ville,
14:34 sur les territoires de l'éducation prioritaire.
14:36 Ce que l'on souhaite, ce que l'on dit à travers cette proposition de loi,
14:40 et là aussi il y a eu un dialogue avec le ministre qui est intéressant,
14:43 c'est que l'État, les recteurs, pas depuis Paris,
14:47 définissent des territoires ruraux à besoin éducatif.
14:50 Vous savez, il y a des territoires ruraux où il y a un éloignement très fort,
14:53 où il y a un enclavement, où il y a un accès à la culture
14:57 qui est plus difficile qu'ailleurs,
14:58 où il y a un niveau de précarité extrêmement fort.
15:01 Et qu'est-ce qu'on constate dans ces territoires-là,
15:03 qu'il y a une très grande précarité des équipes enseignantes,
15:07 un turnover considérable, là où il faudrait qu'elles soient stables.
15:11 On s'aperçoit qu'au contraire, les jeunes professeurs, dès qu'ils sont nommés,
15:14 ont envie de partir.
15:15 Un peu comme d'ailleurs dans certains des territoires de l'éducation prioritaire.
15:19 On constate qu'il y a certainement une prise en charge différente.
15:23 Donc c'est une école, vous voyez, qui joue la diversité des territoires.
15:27 Les territoires urbains, les quartiers en difficulté,
15:30 mais aussi les territoires ruraux où les besoins éducatifs particuliers sont importants.
15:34 – Autre mesure plus médiatique, peut-être moins qui vous intéresse.
15:38 Vous allez nous le dire, l'obligation du port de l'uniforme,
15:41 ça a été rejeté par le Sénat.
15:42 Est-ce que vous le regrettez, vous, personnellement ?
15:45 – Céline Boulay-Espéronnier, qui était à l'origine de ce texte,
15:49 a une volonté que je comprends, que j'ai défendue.
15:51 J'ai co-signé sa proposition de loi et j'ai accepté
15:55 qu'elle rejoigne la proposition de loi plus générale
15:58 que je portais au nom du groupe Les Républicains.
16:00 C'est une sorte de sentiment d'appartenance.
16:02 La Cour des comptes dit une chose,
16:05 en France, le sentiment d'appartenance à l'établissement est extrêmement faible,
16:11 alors qu'il est beaucoup plus fort dans beaucoup de pays d'Europe
16:14 et que quelque part, la cohésion, le vivre ensemble dans l'établissement
16:19 est facteur de succès scolaire.
16:21 Parmi les raisons de notre richesse scolaire,
16:23 c'est que le niveau de l'établissement est celui qui est le moins pris en compte
16:27 et les pays qui réussissent le mieux sont ceux où il est le mieux pris en compte.
16:31 Donc l'uniforme, c'est un moyen de donner une identité à l'établissement.
16:35 Bon, le Sénat, hier soir, en a jugé différemment.
16:38 Le Sénat est sage et tant qu'aujourd'hui, je me range à la sagesse du Sénat.
16:42 – Hier avait lieu également au Sénat, juste avant l'examen de votre proposition de loi,
16:46 un débat sur le harcèlement scolaire, qui est évidemment un sujet de société.
16:50 Le ministre de l'Éducation nationale, hier matin, a dit qu'il voulait proposer
16:53 un changement réglementaire pour qu'en cas de harcèlement scolaire en primaire,
16:57 ce soit l'élève harceleur qui soit transféré dans un autre établissement
17:01 et non l'élève harcelé, et ce en dernier recours.
17:03 Qu'en pensez-vous ?
17:04 – Le Sénat a toujours une longueur d'avance et le gouvernement se fait inspirer,
17:08 plutôt que de réinventer le fil à couper le beurre, à partir des textes du Sénat,
17:12 parce que notre collègue Marie Mercier avait déjà déposé une proposition de loi
17:17 qui dit exactement la même chose.
17:20 Mais voyez, on en parlait au début de l'émission,
17:22 cette incapacité de jouer la démocratie parlementaire,
17:25 et après on s'étonne que quand ça vous explose la figure,
17:28 que vous n'ayez pas d'alliés.
17:29 Mais si on nous avait écoutés plus tôt, si on avait plus gentiment,
17:32 avec un peu d'humilité, repris le texte de Marie Mercier
17:36 pour en faire un texte qui est nécessaire,
17:39 on soutiendra le gouvernement sur ce sujet.
17:42 Au fond, que se passe-t-il ?
17:44 Un enfant qui subit du harcèlement, qui souffre le plus souvent,
17:48 il doit quitter l'établissement.
17:50 C'est quand même la double peine,
17:51 et Marie Mercier très justement, et je l'en remercie,
17:54 nous propose d'inverser l'ordre des facteurs
17:58 et de faire en sorte que ce soit le harcèleur qui soit sanctionné
18:02 en devant quitter l'établissement, en devant aller ailleurs.
18:04 4% seulement des élèves qui harcèlent leurs camarades
18:09 sont sanctionnés au niveau des établissements.
18:11 Hier après-midi, dans le débat sur le harcèlement,
18:13 on a bien dit que cela ne suffisait pas.
18:15 Alors il y a des efforts qui sont faits avec ce qu'on appelle le programme Phare,
18:18 mais pour l'instant celui-ci reste trop théorique
18:21 et on a appelé le gouvernement à être plus opérationnel.
18:24 Et la mesure proposée par Marie Mercier, par exemple,
18:27 est une mesure très opérationnelle et très simple.
18:29 – Merci Steve.
18:30 – Merci Orianne.
18:31 – A tout à l'heure.
18:31 – On parlera de Gérald Darmanin et de la loi immigration,
18:33 enfin de ce qui reste de la loi immigration.
18:35 Je ne sais pas quand est-ce que cette loi arrivera d'ailleurs au Parlement,
18:37 je ne sais pas si vous avez des infos.
18:38 – Je n'ai pas d'informations particulières.
18:40 – Voilà, on en parlera quand on en parle.
18:41 – Mais le signe aussi quand même de la paralysie de l'action gouvernementale.
18:44 Nous attendons.
18:46 Ce sera le débat du climat tout à l'heure Steve.
18:48 On va aller chez vous en Nouvelle-Aquitaine.
18:49 – Avec plaisir.
18:50 – On retrouve Jefferson Desport, journaliste à Sud-Ouest.
18:53 Bonjour Jefferson, merci beaucoup d'être avec nous.
18:56 Jefferson, pas moins de 4 ministres étaient en Gironde hier soir
18:59 pour annoncer le plan du gouvernement sur la lutte contre les fautes forêt.
19:04 – Oui exactement, Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur,
19:06 est venu accompagné de 3 autres ministres, vous l'avez dit,
19:09 en Gironde sur la base aérienne de Cazaux à la test de Buche
19:12 où il a annoncé, je le cite,
19:13 des moyens sans précédent pour lutter contre les incendies.
19:16 Alors l'année dernière, 30 000 hectares de forêt sont partis en fumée en Gironde
19:20 et pour faire face, le ministre de l'Intérieur a annoncé des moyens sur tous les plans,
19:23 des moyens supplémentaires à commencer dans le domaine aérien
19:26 où le nombre d'hélicoptères et d'avions dédiés à la lutte contre les incendies
19:30 va passer de 38 à 47.
19:32 Les moyens terrestres vont être renforcés, les moyens de l'ONF aussi
19:37 et le président du conseil départemental de la Gironde, Jean Luglès,
19:40 estime avoir été entendu.
19:42 Ma question, Max Brisson, est-ce que la réponse de l'État a été à la hauteur sur le risque incendie ?
19:47 D'abord, je voudrais vous saluer, chef de Santé-Port,
19:50 et surtout dire que moi j'étais touché par ce qui s'est passé l'été dernier en Gironde.
19:58 Je suis élu du député de la République de l'Atlantique
20:00 mais le massif forestier des Landes de Cascogne
20:03 débute à 25-30 kilomètres de chez moi
20:07 et c'est aussi un massif forestier qui évoque beaucoup de souvenirs d'enfance.
20:12 Donc la manière dont ce massif a été dévasté est extrêmement préoccupant.
20:17 Ce n'est pas la première fois.
20:19 Alors, je pense que les moyens mis en place, annoncés par le ministre intérieur, sont intéressants,
20:25 il faut les saluer,
20:27 mais là aussi je pense qu'il y a une réforme plus structurelle
20:31 et je propose au gouvernement, mais je pense qu'il est ouvert sur le sujet,
20:37 de regarder de très près le travail fait par le Sénat,
20:39 la proposition de loi votée par la commission spéciale que présidait Jean Bassi
20:44 et qui aujourd'hui va plus loin que les moyens.
20:47 Les moyens, il faut les saluer, il faut donc saluer l'action du gouvernement,
20:51 il y a une prise de conscience qui dépasse ici tous les clivages politiques
20:54 parce que les massifs forestiers en général,
20:57 et celui des Landes de Cascogne en particulier,
21:00 participent à la biodiversité et à l'équilibre écologique de la France,
21:06 mais au-delà des moyens, il y a certainement des réformes de structure
21:09 et en particulier la manière dont on associe les séviculteurs,
21:13 dont on fait cohabiter une exploitation économique et la protection de l'environnement,
21:18 dont on assure un partage des usages,
21:20 je pense qu'il n'y aura pas de reconquête de ce massif
21:24 sans y associer profondément les séviculteurs
21:27 et c'est le sens de cette proposition de loi qui a été votée par le Sénat
21:33 à la fin du mois de mars, qui est maintenant dans les mains du gouvernement,
21:36 mais dont on me dit qu'il pourrait la prendre en considération,
21:39 ce dont je me réjouis par avance.
21:40 – La manière de gérer avec les départements également,
21:43 il faut revoir ça pour vous ?
21:45 – Oui bien sûr, avec les collectivités,
21:47 cela dit, le massif des Landes de Cascogne était après les grands incendies
21:53 de l'après-guerre, marqué par aussi déjà une coopération étroite
21:59 entre les collectivités, l'État et les séviculteurs,
22:01 c'était un massif dont l'exploitation économique était forte,
22:05 mais il y a eu certainement, et je ne suis pas un spécialiste,
22:08 un peu de relâchement et en tous les cas,
22:12 la période de sécheresse que nous avons connue,
22:14 que nous connaissons a généré des feux considérables,
22:18 d'abord l'historien que je suis rappelle que c'est une sorte
22:22 de reconquête permanente, que la vigilance qu'il faut avoir,
22:26 parce qu'on a eu dans le passé,
22:28 après des incendies après la seconde guerre mondiale,
22:30 qui avaient d'ailleurs été dramatiques en nombre de morts,
22:33 parce qu'il faut saluer, par rapport à ce qui s'est passé l'été dernier,
22:37 et qui montre qu'on n'est pas dans la même époque,
22:39 c'est que ces incendies ont été terribles sur le plan écologique,
22:41 mais qui n'ont pas entraîné, comme après la seconde guerre mondiale,
22:44 un nombre important de morts.
22:46 – Jefferson, vous avez une autre question ?
22:48 – Oui, une dernière question plus politique, Max Brisson,
22:50 simplement, le Conseil constitutionnel rend son avis vendredi
22:53 sur la réforme des retraites, la droite est sortie profondément divisée
22:56 de ce débat, est-ce que Éric Ciotti, le nouveau président de LR
22:59 et son candidat pour 2027, Laurent Wauquiez, sont déjà affaiblis à vos yeux ?
23:03 – La droite est sortie affaiblie, si on regarde les chiffres des parlementaires,
23:08 par exemple, la majorité très importante de parlementaires,
23:12 les républicains, a voté ce texte, le bureau politique avait pris décision,
23:17 alors il y a un certain nombre d'hommes amis
23:19 qui se sont affranchis des décisions collectives prises,
23:22 moi j'ai voté en conformité avec un vote du bureau politique
23:27 de ma formation politique et avec un vote de mon groupe très largement majoritaire.
23:32 Alors si notre famille s'enraffaiblit, oui j'en conviens,
23:36 il faut qu'on retravaille au fond, on vient de montrer que le Sénat,
23:40 que la majorité sénatoriale et que le groupe Les Républicains
23:43 est producteur d'idées, on l'a vu là sur l'école,
23:47 on l'a vu sur le harcèlement, on vient de le voir sur la défense incendie
23:50 et je crois que c'est la manière de sortir de l'impasse
23:53 dans laquelle nous nous trouvons, réaffirmons nos marqueurs,
23:56 réaffirmons nos propositions pour le pays.
23:58 Après si la droite est affaiblie ou est divisée,
24:02 permettez-moi de vous dire que la majorité présidentielle serait elle aussi
24:05 très affaiblie et le président de la République de cet épisode
24:08 et que c'est la démocratie qui est affaiblie et qu'il est temps en effet
24:14 que l'on retrouve quelques fondements de notre démocratie parlementaire,
24:17 du fonctionnement de nos institutions,
24:19 ça renvoie aux discussions que l'on avait au début de cette émission.
24:22 – Merci Jefferson, merci beaucoup d'avoir été avec nous,
24:25 la une de Sud-Ouest, incendie des avions et des hommes,
24:28 c'est à la une de Sud-Ouest à lire évidemment ce matin le plan du gouvernement
24:32 qui est venu en Gironde annoncer les moyens de lutte contre les feux de forêt.
24:36 Merci beaucoup Jefferson Despord d'avoir été avec nous,
24:38 merci Max Brisson d'avoir été notre invité pendant cette première demi-heure.
24:43 Dans 20 minutes, dans le Club des territoires,
24:45 grand débat sur la question de l'immigration entre les séistes
24:48 Malika Sorel et Didier Leschi,
24:50 directeur général de l'Office français de l'immigration et de l'intégration.
24:54 Mais d'abord, on va accueillir notre prochain invité, c'est Brice Hortefeux qui nous rejoint.

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