Le Grand Prix Hassan II de tennis s'est clôturé ce dimanche. Le trophée de cette 37ème édition a été remporté par le joueur espagnol de 30 ans, Roberto Carballés Baena (82ème mondial), par 4-6, 7-6 et 6-2 contre le Français Alexandre Müller (126ème mondial). On fait le bilan de cette édition et le point sur le tennis marocain avec Mehdi Tahiri, entraineur national et capitaine de la Coupe Davis.
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00:00 Mesdames et Messieurs, c'est Younes Taleb au micro.
00:09 Bienvenue dans ce nouvel épisode de Riadacast, votre rendez-vous sportif sur Menara Podcast.
00:15 On va parler tennis aujourd'hui et du Grand Prix Hassan II.
00:19 La 37e édition de ce tournoi ATP a été remportée par l'Espagnol Roberto Carballes Baena ce dimanche à Marrakech.
00:27 Carballes Baena, 82e mondial, s'est imposé face au Français Alexandre Muller, 126e mondial, en 2-7-1, 4-6, 7-6 et 6-2.
00:39 Il s'est adjugé 1-6 en tout premier titre sur le circuit ATP.
00:43 Et pour ce numéro de Riadacast, j'ai le plaisir d'accueillir Mehdi Tahere, entraîneur national et capitaine de la Coupe Davis.
00:51 Mehdi, bienvenue et merci d'avoir accepté notre invitation.
00:55 Bonjour, merci pour ton invitation. C'est un plaisir d'être avec toi.
00:59 Tout le plaisir est pour moi. Alors toi, comment tu as vécu cette 34e édition du Grand Prix Hassan II ?
01:05 L'édition s'est très bien passée. Beaucoup de joueurs parmi les 100 premiers, la majorité.
01:15 Marrakech, c'est une date spéciale parce que c'est le premier tournoi à Grand Prix sur terre battue avec Estoril et Houston.
01:21 Il y a trois ATP 250 en même temps et c'est les premiers de l'année de la saison de terre battue.
01:27 Donc pas mal de joueurs, il y en avait deux ou trois parmi les 30 premiers. Evans qui a fait demi-finale.
01:35 Il y avait Mouzetti, 20e mondial, la nouvelle promesse du tennis mondial.
01:40 Malheureusement, je voulais qu'il aille plus loin parce que c'est un joueur qui a beaucoup de qualités, spectaculaires, avec un revers à une main.
01:48 Donc ça c'était les meilleurs joueurs. Et beaucoup de spécialistes de terre battue qui attendent les premiers tournois de terre battue pour pouvoir gagner le maximum de points.
01:58 Dommage, il y avait un bon joueur aussi, Coria, un Argentin qui n'a pas pu jouer. La dernière minute, il s'est blessé.
02:05 Voilà, et avec cette victoire de Carvalles, bon moi je le connais depuis quelques années.
02:11 C'est un joueur qui joue un tennis pour son âge, qui fait des bons choix, qui est spectaculaire, qui joue avec beaucoup de rage de vaincre,
02:20 beaucoup de coups droits décalés à la espagnole, beaucoup de premiers services.
02:24 Donc une belle finale, beaucoup de suspense en 3-7 avec une surprise aussi.
02:31 Muller qui est un Français, un jeune qui monte, qui a battu aussi Gasquet, qui était présent sur le cours central de Marrakech.
02:39 Il a battu en 2-7 le premier tour. C'est là où j'ai vu que c'était quelqu'un qui pouvait aller loin durant ce tournoi.
02:46 Donc voilà, une belle finale 3-7. Comme j'ai dit, avec beaucoup de suspense, beaucoup de vouloir chercher le premier titre.
02:52 Les deux étaient dans le même cas, donc ça a tourné vers l'Espagnol.
02:56 Avec aussi, j'ai vu l'aide du public qui l'a poussé à aller chercher son premier trophée de Grand Prix.
03:02 Je tiens à préciser aussi par rapport aux joueurs, j'entends à droite et à gauche pourquoi ils ne viennent pas ici.
03:08 Dans le Grand Prix, il y en a trois en même temps sur terre battue et c'est les premiers.
03:13 Donc parfois, il y a des choix. Il y a ceux qui veulent jouer à Estoril, ceux qui veulent tout ce qui est sud-américain.
03:20 Les joueurs et puis les Américains eux-mêmes préfèrent jouer à Houston parce que c'est juste après Miami.
03:27 Donc ils ont ce changement de surface qui se fait dans le même pays vite fait.
03:31 Et puis chaque joueur aussi fait ses choix. Et aussi, je tiens à préciser qu'on a eu, grâce à Isha Marazi, directeur du tournoi,
03:40 on a eu Zverev, qui était numéro 4 mondial. On a eu Dimitrov à l'époque, il était 9e, je pense, il y a deux ou trois ans.
03:46 Et aussi, c'est un tournoi. On accueille tous les joueurs à bras ouverts, avec une hospitalité extraordinaire,
03:53 avec des gens disponibles tout le temps pour leur faire découvrir notre culture et notre savoir-faire dans l'organisation.
04:02 Donc c'est un tournoi où on ne donne pas de garantie. Je tiens à préciser ça parce que dans les tournois ATP 250 en général,
04:10 pour accueillir des joueurs top 10, beaucoup d'organisations donnent de l'argent sous table.
04:15 Dans nous, ce n'est pas dans notre objectif. Nous, on ouvre l'inscription comme tous les autres tournois et c'est des choix des joueurs.
04:22 Mais en général, on a toujours de super joueurs qui viennent. La preuve, à chaque fois qu'un vainqueur de notre tournoi,
04:28 à chaque fois qu'un joueur gagne le Grand Prix ou la fait finale au Trophée Hassane 2, on le voit dans les autres tournois à venir,
04:39 dans les deux mois, que ça lui ouvre beaucoup de portes et puis on voit qu'il fait d'excellents résultats derrière.
04:44 On va parler maintenant des joueurs marocains. Malheureusement, ils ont quitté la compétition dès les premiers tours.
04:51 Mahdi, comment on peut-on expliquer ceci ?
04:55 Comme j'ai dit, c'est un tournoi ATP 250. Ce sont des joueurs qui sont déjà classés dans les 100 premiers.
05:03 Et puis, ces joueurs-là, que tu sois 70 ou 80 ou 50 ou 20, les niveaux sont plus ou moins pareils.
05:12 Tout le monde peut battre n'importe qui dans les 100 premiers.
05:15 Nos joueurs ne sont pas classés dans les 100. Notre premier joueur est 400e mondial, le deuxième est 600e.
05:22 Eliott Benchetrit, qui a été 190e mondial avant, mais avec quelques blessures et quelques résultats qui n'ont pas été à la hauteur de ce que lui a l'habitude de faire il y a deux ans.
05:35 Ils ont joué avec des joueurs top 100, comme j'ai dit. Le score a été de 6-4, 6-4 de Benchetrit.
05:45 Il perd contre un joueur espagnol, spécialiste de terre battue.
05:50 6-4, 6-4, il a manqué un peu de justesse dans les points importants. Il s'est fait breaker deux fois.
05:56 À ce niveau-là, ça ne pardonne pas. Quand tu as des balles de break ou des points importants, il faut vraiment saisir les occasions.
06:04 C'est ça ce qui leur a manqué contre ces joueurs qui ont l'habitude de jouer ce genre de match durant toute l'année.
06:10 La wild card, j'espère qu'elle a servi d'apprentissage et à pouvoir gérer mieux les émotions dans les moments importants.
06:18 C'est pour tous les joueurs. C'est pour ça qu'on leur donne cette wild card, pour qu'ils puissent jouer à ce niveau et apprendre à gérer les moments importants avec plus de précision,
06:29 plus de concentration, plus de détermination. Ce n'est pas facile pour eux. Je sais ce que c'est. Ils ont cette wild card.
06:36 Ici, c'est une fois par an le Grand Prix SN2. Ils jouent devant leur public, les joueurs marocains. Il y a une petite pression extra.
06:45 Déjà, ils jouent contre des joueurs qui sont très forts, qui ont l'habitude de voir plus ou moins à la télé.
06:50 Tu te retrouves avec eux sur le terrain, avec un public marocain qui attend aussi une belle prestation et une victoire.
06:59 Il faut gérer cette pression aussi de jouer devant ton public qui attend de toi une victoire, contre des joueurs qui sont forts.
07:06 Tu as envie de jouer pour eux et pour ton pays, mais tu te retrouves aussi contre des joueurs qui sont redoutables et qui sont forts.
07:14 Maintenant, c'est à eux d'aller chercher des points à TP dans des tournois moins forts pour pouvoir venir l'année prochaine et essayer de gagner ici.
07:25 Il faut qu'ils progressent, qu'ils gagnent des points, qu'ils jouent des matchs durant toute l'année à ce niveau pour qu'ils puissent venir ici et créer une surprise.
07:35 Tu as parlé tout à l'heure d'Eliott Benchetrit, 445ème mondial. Il s'est disqualifié en 16ème de finale en s'inclinant face à l'Espagnol Jaume Munar en 2-7, 6-4, 6-4.
07:47 On l'écoute, il était au micro d'Abiadia.
07:50 Très très heureux d'avoir pu participer à cette 37ème édition.
07:54 Forcément, je tiens premièrement à remercier la Fédération Royale Marocaine de tennis qui nous donne l'opportunité de jouer ce grand tournoi.
08:00 J'ai l'habitude de jouer des tournois de deuxième ou troisième catégorie. Là, c'est un tournoi de la plus grande catégorie qui se compte.
08:06 J'ai fait un bon match. Cependant, le joueur contre qui j'ai joué était 83ème mondial.
08:11 C'est l'élite du tennis. Ce sont des joueurs qui jouent les quatre tournois du Grand Chlem qui sont dans les meilleurs au monde.
08:16 Je suis satisfait de mon match. C'était un bon match. Cependant, ça n'a pas suffi pour gagner.
08:21 Il faut rappeler que dans les catégories de tournois que je joue, j'ai gagné un tournoi en début d'année.
08:26 Mais on ne peut pas espérer dans ce genre de tournoi où il y a des joueurs beaucoup plus forts, gagner le tournoi du premier coup.
08:33 Je pense que la moyenne d'âge de ces joueurs-là est plus âgée que moi pour l'instant.
08:39 Je travaille très dur au quotidien pour arriver demain à battre ces joueurs-là ici et moi aussi à rentrer dans le top 100.
08:47 On note tout de même cette belle surprise qui hérita à Ben Nany.
08:51 16 ans, le jeune tennisman marocain a passé le cap du premier tour qualificatif en disposant de checks vite coprivat en 2-7, 7-6, 7-5.
09:01 Coprivat qui est 149e mondial alors que Reda Ben Nany figure à la 1374e place du classement ATP.
09:09 Mais dis un mot sur ces jeunes comme Reda ou encore Aya Aouni et Malak Lalami qui obtiennent des résultats encourageants et qui sont certes l'avenir du tennis marocain.
09:19 Exactement, très très belle victoire.
09:22 Bravo à Reda Ben Nany pour ce match exceptionnel.
09:27 Il a 16 ans, c'est la promesse du tennis national.
09:31 Il est 30e aujourd'hui mondial junior.
09:34 Donc pouvoir gagner un joueur 150e mondial à 16 ans, c'est vraiment très très bien.
09:41 Je pense que ça, ça va beaucoup beaucoup l'aider au niveau mental pour voir qu'il est capable de gagner ce genre de joueurs.
09:48 Donc c'est très bien pour sa confiance.
09:50 Et je lui dis bravo à lui et à son staff qui fait un excellent travail avec lui.
09:56 On lui souhaite bonne continuation sur les tournois à venir.
10:00 Concernant Malak et Aya, c'est des joueuses aussi qui sont prises en charge par la fédération depuis quelques années avec l'aide aussi de leurs parents, de la fédération, du comité olympique.
10:13 Donc on fait un excellent travail avec eux.
10:15 Elles sont classées aujourd'hui entre les 50 premières juniors du monde.
10:20 Donc c'est très très bien pour le Maroc.
10:22 Elles vont participer aux grands jelems junior comme bien sûr Reda Ben Nany.
10:28 Donc on aura une présence féminine et puis aussi de Reda bien sûr.
10:35 Donc c'est très bien pour le tennis marocain.
10:38 Pour pouvoir avoir des joueurs comme ça, c'est vraiment excellent.
10:42 On leur souhaite tout le meilleur.
10:45 Mehdi, aujourd'hui, qu'est-ce qu'il manque au tennis marocain pour qu'on arrive à des résultats meilleurs ?
10:51 Ben écoutez, moi quand je jouais, déjà il y avait cette locomotive, il y avait mes grands frères Hicham, Arazi, Onsinawi et Karim Alhami.
11:01 Donc il y avait ce rêve qui était installé un peu partout.
11:08 On les voyait jouer dans les grands tournois, donc on avait envie de faire la même chose.
11:13 Il faut travailler, il faut y croire, il faut avoir les choses claires dans la tête, ce qu'on veut.
11:20 Comme vous le savez, aujourd'hui au Maroc, des gens qui sont dédiés qu'à ça, on en a peut-être 5 ou 6,
11:26 qui sont dédiés qu'à ça, qui ont arrêté leurs études, qui ont un projet sportif familial.
11:32 C'est un rêve, comme je dis, d'enfant et de famille en même temps.
11:36 Donc c'est des choix qui sont faits à un jeune âge.
11:40 Ce n'est pas facile pour les parents de faire ce choix.
11:42 Donc à un moment donné, il ne faut pas arrêter les études, mais faire des études en correspondance.
11:47 C'est ce qu'ont fait Malek et puis Aya et aussi tous les espoirs marocains.
11:53 Ils n'ont pas le choix que de faire des études par correspondance.
11:57 Donc c'est un choix dur pour la famille parce qu'il faut s'entraîner 6 à 7 heures par jour.
12:03 Il faut beaucoup voyager, il faut aller chercher des points un peu partout dans le monde.
12:09 Il faut beaucoup plus de pratiquants au Maroc pour qu'on puisse avoir beaucoup de jeunes qui peuvent se dédier à ça.
12:16 Et puis d'aller hisser le drapeau dans le monde entier.
12:20 Il faut faire un choix à un jeune âge.
12:22 Moi, personnellement, je vois qu'au Maroc, ces dernières années, on forme beaucoup de joueurs.
12:29 Ils arrivent à un bon niveau à l'âge de 17-18 ans, mais le choix d'aller chercher la sécurité passe avant le tennis professionnel.
12:38 Donc ils décident d'aller aux États-Unis pour faire leur université.
12:42 Et puis comme à travers leur tennis, ils ont une bourse, donc ça permet aussi d'avoir la sécurité.
12:48 C'est ça à ce que je pense que les parents devraient peut-être prendre un peu plus de risques.
12:54 Et puis les joueurs aussi doivent avoir les choses claires.
12:59 Il faut être passionné, il faut travailler dur, il faut avoir une rage de vaincre extraordinaire.
13:04 Donc toutes ces qualités-là, on va les retrouver dans la jeunesse qui va venir.
13:10 Cette perle rare, ce n'est pas facile d'être champion de tennis, je sais ce que c'est.
13:16 Mais si tu veux et que tu en as envie, et puis c'est ta passion et que tu veux travailler
13:22 et que c'est ton rêve de devenir champion, tu vas l'être.
13:25 Mais si tu es entre les études, le tennis, c'est un peu très très difficile.
13:32 Le message est clair. Mehdi Tahiri, merci encore une fois d'avoir été parmi nous sur Liadacast.
13:38 Merci à vous, c'est un plaisir. A bientôt.
13:42 C'est la fin de ce numéro de Liadacast. Merci de l'avoir suivi.
13:45 Je vous donne rendez-vous très bientôt pour un nouvel épisode. Sur ce, sportez-vous bien !
13:50 (Générique)
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