Retrouvez "L'interview actu du week-end" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-de-nikos-aliagas
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00:00 "Europe 1 matin week-end", Léna Hickmoynier.
00:02 7h12 sur Europe 1, bienvenue à vous si vous nous rejoignez.
00:06 C'est donc l'information de la nuit, Emmanuel Macron a promulgué la loi portant l'âge de la retraite en France à 64 ans.
00:14 Elle avait été validée hier soir par le Conseil constitutionnel.
00:18 Bonjour Marie-Lise Léon.
00:20 Bonjour, secrétaire générale adjointe de la CFDT, merci d'avoir répondu à notre invitation.
00:26 Alors, promulgation de la loi au journal officiel ce matin même.
00:30 Vous vous attendiez à ce qu'Emmanuel Macron aille si vite ?
00:32 Alors, hier soir, Laurent Berger, Sophie Binet, l'intersyndicale, tout le monde lui demandait d'attendre un peu.
00:37 Le président de la République avait dit qu'il voulait aller rapidement à la promulgation.
00:44 Donc on a, je pense, fait notre travail de syndicaliste de l'alerter sur les dangers de cette promulgation précipitée.
00:51 Je pense qu'on est dans un moment social historique.
00:55 Nous sommes dans des mobilisations qui n'ont jamais réuni autant de monde depuis des dizaines d'années.
01:03 Et donc voilà, c'est la surprise de ce matin.
01:06 Il a dit ce qu'il avait dit.
01:10 Malheureusement, parce que je pense que l'intersyndicale avait une volonté d'apaiser les choses,
01:17 de continuer d'avoir un dialogue et de pouvoir remettre par exemple cette loi en discussion au Parlement.
01:25 Voilà, le président de la République, le Parlement, oui exactement, le président a décidé.
01:31 On a décidé autrement.
01:32 C'est très regrettable.
01:35 Ça ne veut pas dire que pour autant la partie est finie.
01:39 On a encore une possibilité avec un référendum d'initiative partagée
01:43 qui doit être encore examiné par le Conseil constitutionnel.
01:45 Et puis un grand 1er mai que l'on souhaite massif et exceptionnel.
01:51 Donc voilà, notre prochain objectif c'est la réussite de ce 1er mai.
01:56 Alors justement, Marie-Lise Léon, ce RIP bis un peu plus travaillé, Sophie Binet l'a admise, la CGTIR, faut retravailler un petit peu.
02:04 Là vous allez tous vous y remettre également.
02:06 Ça c'est un espoir pour vous ?
02:08 Manifestement, ça ne sera pas non plus validé.
02:11 Qu'est-ce que vous en pensez ce matin ?
02:13 Alors on va laisser le Conseil constitutionnel travailler comme il l'a fait précédemment.
02:18 Ça serait une bonne chose, je pense, effectivement, qu'il puisse y avoir cette consultation démocratique.
02:26 Ça serait une possibilité d'apaisement, de la possibilité que les citoyens, par leur signature,
02:32 permettent la possibilité d'avoir un référendum sur ce sujet aussi important que les retraites.
02:37 Ça serait effectivement une bonne chose.
02:39 Et donc en attendant, on va laisser le Conseil constitutionnel travailler.
02:43 Alors la question, Marie-Lise Léon, ce matin, c'est évidemment "et maintenant".
02:47 Vous allez vous réunir, vous l'intersyndicale, lundi soir pour les prochaines actions à mener.
02:53 Quelle est la ligne de la CFDT ?
02:55 Je parle en dehors de l'action du 1er mai, de la prochaine grande journée.
02:58 Alors pour la CFDT, c'est très clair.
03:02 On a toujours été extrêmement clair sur le fait que nous étions opposés aux 64 ans.
03:07 C'est une mesure extrêmement injuste, qui est brutale.
03:11 Aujourd'hui, le texte qui a été adopté, il est encore plus déséquilibré,
03:15 parce qu'on parle des 64 ans, ça c'est le cœur du réacteur de la réforme.
03:19 Et tout ce qu'il y avait comme ambition, les rares ambitions qu'il y avait en matière sociale,
03:24 sur les questions de seigneur, de pénibilité, tout ça, ça a été censuré.
03:28 Donc on est vraiment dans une réforme des finances publiques,
03:31 dont la facture est adressée aux seuls travailleurs, en disant "vous travaillerez deux ans de plus".
03:37 Et voilà, circuler, il n'y a rien à voir.
03:39 Donc nous, on reste extrêmement opposés à ces 64 ans.
03:43 Le président de la République nous a proposé d'avoir un échange le 18 avril.
03:50 C'est une demande que nous faisions depuis le 9 mars.
03:53 Il n'avait pas cru bon nous répondre depuis ce temps-là.
03:57 Aujourd'hui, notre objectif, c'est la réussite de ce 1er mai.
04:01 Et c'est l'ensemble, je pense, des organisations syndicales qui sont dans l'intersyndicale
04:07 qui poursuit cet objectif de réussite du 1er mai.
04:10 Rien de plus.
04:11 Et alors, vous êtes 8 organisations syndicales.
04:14 Pas une seule fois, l'unité n'a été remise en cause,
04:17 ce qui est assez exceptionnel en France depuis de très nombreuses années.
04:20 Mais justement, Marie-Lise Léon, comment est-ce que vous voyez-vous l'après 1er mai ?
04:23 Est-ce que ce n'est pas une dernière pour la route ?
04:26 On a toujours... l'intersyndicale, l'étonnement de beaucoup d'observateurs a tenu pendant...
04:35 depuis 3 mois.
04:37 Elle a su organiser des manifestations festives dans un cadre extrêmement sécurisé
04:48 où tous les travailleurs et les travailleuses qui avaient envie de s'y retrouver pouvaient le faire.
04:52 On avait un mot d'ordre, c'était le refus de cette réforme.
04:58 On est toujours aussi unis.
05:00 On est toujours aussi unis pour la préparation de ce 1er mai.
05:04 Et je pense que la clé de la réussite, c'est d'avoir toujours décidé au fur et à mesure,
05:09 en fonction des événements.
05:10 Et donc, on va certainement continuer sur cette ligne et garder cet objectif.
05:16 Aujourd'hui, c'est le 1er mai et ce n'est pas l'après.
05:18 Est-ce que vous craignez, Marie-Lise Léon, que le mouvement vous échappe ?
05:21 Il y a eu 112 interpellations cette nuit à Paris, des débordements à Rennes, des débordements à Nantes.
05:26 Vous craignez que cette colère déborde et n'échappe au mouvement social ?
05:32 Oui, depuis longtemps, on exprime, nous, notre inquiétude face à la surdité du gouvernement,
05:40 au fait de refermer toutes les portes qu'on a souhaitées ouvrir
05:45 en demandant à ce qu'il puisse y avoir une pause, une médiation.
05:48 Je pense que nous avons, nous, fait notre travail de syndicalistes pour trouver des sorties.
05:54 Le gouvernement s'est entêté et s'est empressé cette nuit pour promulguer au plus vite cette loi.
06:01 Et c'est certain, et on alerte depuis des mois sur le fait qu'il y a de l'inquiétude chez les travailleurs,
06:08 de l'incompréhension pour certains et certaines, de la colère.
06:12 Et donc, c'est exactement ce sur quoi nous avons alerté depuis des mois.
06:16 Donc, cette colère, elle s'exprime de manière de plus en plus en dehors de ce qui peut être proposé par l'intersyndical.
06:26 Et ce n'est certainement pas une bonne chose pour le pays.
06:28 Alors, vous le disiez, Marie-Lise Léon, vous avez fait votre travail de syndicaliste.
06:32 On comprend bien qu'Emmanuel Macron, lui, il veut clore cette séquence retraite, passer très vite à autre chose.
06:38 Comment vous voyez-vous, vous, à la CFDT, par exemple, travailler avec l'exécutif sur une future loi travail, par exemple ?
06:44 Vous reparlez de pénibilité, comment vous l'envisagez ?
06:47 Alors, les questions de pénibilité d'emploi des seniors, de conditions de travail, d'accidents de travail,
06:53 ce sont des choses qui intéressent beaucoup et sur lesquelles nous sommes, nous, alertés depuis des mois et des mois par les travailleurs,
06:59 qui nous disent que ce sont les sujets sur lesquels on veut pouvoir discuter, on veut parler de travail et pas de retraite.
07:06 Aujourd'hui, on est clairement dans un agenda politique, et pour être très claire,
07:11 la CFDT ne se pliera pas à un agenda politique.
07:14 Nous ne sommes pas là pour répondre à un plan de communication du gouvernement,
07:17 parce que c'est ni plus ni moins que la volonté de passer à autre chose.
07:22 Aujourd'hui, la séquence, si on parle comme le gouvernement, par séquence, la séquence retraite, elle n'est pas terminée.
07:29 Donc, nous restons aujourd'hui sur cette ligne, et nous n'irons pas à l'Élysée mardi prochain.
07:39 Alors, Marie-Lise Léon, il y a des millions de Français qui se réveillent ce matin.
07:43 Alors, ils ont entendu hier que le Conseil constitutionnel avait validé cette loi.
07:47 Ce matin, ils apprennent qu'ils devront travailler deux ans de plus, et manifestement très vite, puisque la loi pourrait entrer en vigueur dès le 1er septembre.
07:54 Ça va venir très vite. Que leur dit la CFDT par votre entremise ce matin, Marie-Lise Léon ?
08:00 Effectivement, c'est deux ans de plus pour tous ceux qui déjà n'arrivaient pas à aller au bout de leur carrière,
08:07 parce qu'ils sont fatigués, parce que les conditions de travail sont difficiles.
08:12 Je dirais que c'est deux ans bruts pour beaucoup de travailleurs et de travailleuses.
08:17 Moi, je leur dis rendez-vous le 1er mai 2023 pour avoir un monde du travail qui a fait preuve d'une grande dignité pendant tous ces mois,
08:26 qui a su s'exprimer de façon extrêmement respectueuse.
08:33 Le prochain rendez-vous, c'est ça, c'est le 1er mai.
08:38 Faisons de ce 1er mai une fête du travail à l'image de toute cette expression depuis trois mois.
08:49 Merci beaucoup Marie-Lise Léon d'être intervenue ce matin.
08:52 Votre première réaction de la CFDT ce matin sur Europe, après la promulgation de cette loi portant l'âge de la retraite en France à 64 ans.
09:01 C'est la fin d'une bataille au moins sur le plan juridique.
09:10 La réforme des retraites a été promulguée au journal officiel cette nuit.
09:13 Le conseil constitutionnel a validé une grande partie du texte hier soir.
09:17 Mais la bataille politique et sociale se poursuit.
09:20 Rendez-vous le 1er mai pour une mobilisation massive dit ce matin sur Europe 1.
09:24 Marie-Lise Léon de la CFDT.