La députée LFI-NUPES de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain était l'invitée de Questions politiques sur France Inter, dimanche 16 avril, au lendemain de la promulgation express de la loi sur la réforme des retraites par Emmanuel Macron.
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00:00 *Musique*
00:08 Bonjour, bonjour et bienvenue dans "Questions politiques".
00:10 Le rendez-vous politique du dimanche midi sur France Inter à la radio, France Info à la télévision
00:14 et en partenariat avec le journal "Le Monde".
00:17 Notre invitée du jour, en direct avec nous jusqu'à 13h, est une députée en colère.
00:20 En colère contre l'exécutif et en particulier le président de la République
00:24 qui a promulgué très rapidement la réforme des retraites.
00:26 En colère également contre le conseil constitutionnel derrière lequel
00:30 elle voit des décisions guidées par la politique davantage que par le droit.
00:34 Quelle suite à leur donner au mouvement social ?
00:36 Faut-il attendre le 1er mai, puis tourner la page ?
00:39 Comment empêcher le Rassemblement National de tirer profit de la colère sociale ?
00:42 Quel rôle désormais pour la France Insoumise et plus largement pour la NUP à l'Assemblée Nationale ?
00:46 Et à moyen terme, quel avenir pour cette alliance tiraillée entre 50 nuances de gauche ?
00:52 Toutes ces questions et bien d'autres, nous allons les poser à Clémentine Autain,
00:56 députée LFI de Seine-Saint-Denis.
00:58 Questions politiques
01:01 Thomas Négarof sur France Inter
01:06 Et avant l'arrivée de Clémentine Autain, le tour de table de nos 3 éditorialistes préférés que je présente
01:13 comme chaque semaine à Télé 5 Cliques de France Télévision.
01:16 Bonjour Nathalie.
01:17 Bonjour Thomas Négarof.
01:18 Bonjour.
01:19 Clémentine Autain.
01:20 Bonjour Françoise Fressoz du Monde.
01:22 Bonjour Thomas, bonjour à tous.
01:24 Et bonjour Karine Bécart de France Inter.
01:25 Salut tout le monde.
01:26 Je comme alors un programme chargé avec vous 3, un bâton de pèlerin, une gueule de bois,
01:32 mais on commence Nathalie avec un divan.
01:34 Exactement, je ne vais pas me jouer mon Freud du pauvre, mon Jung minable,
01:38 mais je vais quand même relever la phrase qui est dans l'interview de Laurent Berger ce matin dans Le Parisien
01:42 où il dit "c'est psychanalytique au bout d'un moment le rapport qu'Emmanuel Macron a avec moi".
01:47 Alors on avait bien l'impression que c'était le cas, on ne sait pas si c'est les rapports d'Emmanuel Macron avec lui
01:52 ou ses rapports lui avec Emmanuel Macron, mais c'est vrai que depuis de bonnes semaines,
01:56 il s'injurie, enfin il s'injurie, il s'injurie quand même mollement, même à distance,
02:00 et qu'on a l'impression qu'il y a un facteur personnel.
02:02 Il se pique.
02:03 Il se pique, oui, on peut dire ça comme ça.
02:05 Ce n'est pas nouveau, ça fait une bonne dizaine d'années que ça dure.
02:09 On a l'impression que le phénomène déclenchant était probablement sous François Hollande
02:13 où Emmanuel Macron désapprouvait une espèce de cogestion qu'il y avait entre Laurent Berger et François Hollande.
02:19 On sait qu'il y a eu une une du Nouvel Obs, où on voyait des barbelés au moment de la loisir d'immigration
02:23 et que finalement Laurent Berger a traité Emmanuel Macron de quelqu'un qui était doté d'une forte inhumanité
02:29 et qu'à partir du moment où les relations se sont tendues, bref j'atterris,
02:32 est-ce que ça veut dire que c'est la fin de tout et qu'ils ne se parleront plus ?
02:35 Pas du tout.
02:36 Quand on regarde l'interview de ce matin, on entend des mots "mépris du président",
02:40 enfin on entend un tas de mots épouvantables, renforcés par la fameuse promulgation nocturne,
02:47 qui finalement est une plaisanterie parce que ça a été signé en fin de journée,
02:51 ça a été imprimé, enfin édité par le journal officiel en pleine nuit,
02:56 que ce soit à 7h du soir, à 8h du matin, de toute façon la loi devait être promulguée.
03:00 Mais quand on entend "on va casser la baraque le 1er mai",
03:03 oui on va casser la baraque, mais à partir de là, ce que Laurent Berger appelle un délai de décence,
03:08 on peut penser vraiment, vu cette interview, qu'ils vont le surparler.
03:11 D'ailleurs il y a une phrase très claire et très éclairante de Laurent Berger,
03:14 qui est "quand vous êtes dans une entreprise, même si votre patron a fait des actes que vous n'acceptez pas",
03:20 donc on peut imaginer que c'est Emmanuel Macron le patron en l'occurrence,
03:23 "à un moment donné, vous retournez discuter quand on est représentant du personnel",
03:27 tout ça après un délai de décence, donc peut-être qu'en tête à tête ça s'arrangera
03:31 et qu'on pourra sortir de la période d'affrontement et que la psychanalyse sera terminée.
03:36 Mais pour ça il faudra parler, comme en psychanalyse.
03:39 Parler, écouter, payer et écouter.
03:42 Allez la gueule de bois Françoise avec vous, ça ne dit rien du tout de votre soirée d'hier soir.
03:46 Et oui, parce que maintenant, que fait-on ? C'est au fond la question qu'on se pose tous.
03:51 Comment surmonte-t-on collectivement cette méchante gueule de bois qu'on éprouve tous
03:55 après cette évolution du conflit autour de la réforme des retraites ?
03:59 Pas de vainqueur ni de vaincu, veut croire la Première Ministre Elisabeth Borne,
04:03 alors que l'opposition et l'intersyndicale sont absolument indignés
04:06 par la promulgation rapide de la loi retraite qui a été validée pour l'essentiel par le Conseil constitutionnel.
04:11 En fait si, il y a un gros vaincu, le pays qui sort complètement déprimé,
04:16 déchiré par ces trois mois et demi de tensions avec le gros risque de rester complètement à l'arrêt.
04:21 Pour les protagonistes on le voit bien, la tentative c'est de camper chacun sur ses positions,
04:27 de faire payer à l'autre son intransigeance et l'éclairage de Nathalie est très intéressant.
04:32 On est dans une affaire un peu psychanalytique.
04:35 Le 1er mai vous allez voir ce que vous allez voir, disent la gauche et les syndicats, oui mais après.
04:40 Et le gouvernement en retour dit, j'accélère, oui mais avec qui ?
04:44 En fait le conflit des retraites a poussé jusqu'à son paroxysme,
04:47 la conflictualité entre des acteurs politiques et sociaux qui ne peuvent pas prétendre détenir seul la solution
04:54 parce que chacun est trop faible.
04:56 Il faut d'urgence se reparler, apprendre à construire des compromis.
05:00 Les français ont besoin de réponses concrètes et rapides à leurs problèmes quotidiens.
05:03 Le coût de la vie, les déserts médicaux, la dégradation des services publics, la transition écologique.
05:08 Ils ne pardonneront pas à leurs représentants de passer à côté.
05:11 Cela suppose d'être inventif dans la façon d'exercer le pouvoir mais aussi de s'opposer.
05:16 Alors ceci dit, je le reconnais, c'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire.
05:20 L'imagination au pouvoir, c'est votre appel.
05:22 Françoise Dumatin et Karine avec vous, on prend un bâton de Perrin.
05:26 Oui, le président Macron a donc décidé de retourner au contact des français.
05:31 Le premier déplacement est annoncé pour la semaine prochaine pour rediscuter les yeux dans les yeux avec eux,
05:37 écouter leurs questions, essuyer leur colère, écouter leurs questions, oui,
05:41 et se montrer capable de répondre techniquement sur absolument tous les sujets.
05:45 Souvenez-vous, ça avait bluffé tout le monde, ça, il y a cinq ans, au début du précédent quinquennat,
05:49 quand le jeune Emmanuel Macron, face à la crise des Gilets jaunes,
05:52 consacre des heures et des heures à répondre méticuleusement à chacune des questions qui lui est à ce moment-là posées.
05:58 Donc il reprend là une vieille méthode, éprouvée, d'ailleurs dans la majorité,
06:03 les députés se montrent soulagés, ils ne le cachent pas qu'ils sont rassurés par cette idée,
06:08 comme si c'était la seule vraie bonne nouvelle qu'ils étuent depuis maintenant des semaines.
06:13 Donc on va voir si ça marche, peut-être.
06:15 Pour l'instant, il est impossible de dire comment s'achèvera cette crise,
06:18 qui semble manifestement très loin d'être terminée.
06:21 Ce qui est certain, en revanche, c'est qu'il y a cinq ans, Emmanuel Macron n'était pas concurrencé, si j'ai ce dire, par les syndicats,
06:28 il était seul face aux Français, sans intermédiaires.
06:31 Le jeu est différent aujourd'hui, puisque 60% de nos compatriotes, 6 Français sur 10,
06:37 selon un sondage Harris Interactive publié ce week-end,
06:40 6 Français sur 10 attendent des syndicats, qu'ils jouent leur rôle et qu'ils continuent à appeler à manifester.
06:45 Autrement dit, d'un côté, Emmanuel Macron espère convaincre les Français,
06:49 mais qui sont de l'autre côté, une large majorité à rêver que la France reste mobilisée.
06:55 Résultat des courses, le dialogue présidentiel espéré avec les Français pourrait ne pas fonctionner.
07:01 Merci, Karine, et j'accueille notre invitée du jour, Clémentine Autain, et l'invité de Questions politiques.
07:06 Bonjour Clémentine Autain. Bonjour.
07:18 Merci d'avoir accepté notre invitation, vous êtes députée LFI de Seine-Saint-Denis,
07:21 vous appartenez donc à cet intergroupe de la NUP.
07:24 Hier, Elisabeth Borne a répété qu'il n'y avait ni vainqueur ni vaincu,
07:28 et devant le Conseil national du Parti Renaissance, elle a décidé de regarder vers l'avenir.
07:33 Alors dans les semaines et les mois qui viennent, autour du président de la République,
07:38 nous sommes déterminés à accélérer.
07:41 Une Première Ministre déterminée à accélérer, qu'est-ce que vous lui répondez ?
07:48 Accélérer quoi ? Accélérer la déconnexion du président de la République,
07:53 du gouvernement avec les Français, accélérer des choix politiques que les Français ne veulent pas,
07:58 que les syndicats ne veulent pas, accélérer quoi ? Accélérer le mépris dont ils font preuve ?
08:04 Il y a une dimension assez Orwellienne dans la façon dont Elisabeth Borne,
08:09 comme le président de la République, s'adresse aux Français jour après jour,
08:12 depuis le début de cette crise qui dure quand même depuis...
08:15 Oui mais attendez, chacun joue son rôle, la loi elle a été validée en grande partie par le Conseil constitutionnel,
08:22 elle a été promulguée, c'est un point marqué par le gouvernement ou pas ?
08:26 Non, la légalité ça n'est pas la démocratie, et vous le savez.
08:30 Donc cette décision n'a pas de légitimité ?
08:32 Elle a la légalité d'une certaine manière pour elle, mais ça n'est pas la légitimité.
08:38 D'ailleurs ça pose un problème au président de la République, parce qu'au fond il n'a plus d'autorité.
08:43 L'autorité vous savez, c'est justement ce qui s'assoit sur la légitimité.
08:49 L'autorité vient d'un mot latin qui veut dire "augmenter".
08:52 Donc un président de la République qui a de l'autorité, c'est quelqu'un qui est capable de nous hisser vers le haut.
08:58 Or ce qu'il fait c'est qu'il nous tire vers le bas, et qu'il n'a pas cette légitimité, du coup il devient brutal et autoritaire.
09:04 Le Conseil constitutionnel, et vous le savez bien, a pris une décision qui est assez irresponsable,
09:08 parce que la matière juridique, c'est pas une science exacte, c'est une affaire d'interprétation.
09:15 Et il y a de l'irresponsabilité dans le choix du Conseil constitutionnel de décider de valider un texte
09:22 qui est rejeté par l'écrasante majorité des Français, qui n'a pas l'aval des syndicats,
09:27 qui n'a même pas été voté à l'Assemblée nationale, qui met le pays dans un état de colère magistral.
09:33 C'est un sondage et plus valable qu'un Conseil constitutionnel.
09:35 Quand vous dites la grande majorité des Français, c'est des sondages d'opinion.
09:38 Et l'Assemblée nationale, et l'Assemblée nationale, et les syndicats,
09:43 dans une démocratie digne de ce nom, la démocratie sociale, ça existe,
09:47 dans une démocratie digne de ce nom, quand vous avez des millions de gens dans la rue, ça existe.
09:51 On ne peut pas être dans le déni.
09:53 Sinon, ça veut dire qu'un homme seul, un homme seul, peut décider au mépris du peuple, au mépris de la majorité.
10:00 C'est pas un homme seul, c'est un homme seul qui décide des choses.
10:02 Sur la légitimité, je voudrais juste...
10:03 Mais ça ne vous pose pas un problème ?
10:04 Qu'on revienne, on est parti partout, ça me pose un problème.
10:07 La légitimité, vous essayez de dire que c'est quelque chose, une espèce d'esprit public,
10:13 qui est quelque chose qui s'impose à tous.
10:14 Non, ça doit être des règles.
10:15 Comment vous faites cohabiter la légitimité de l'Assemblée,
10:19 parce qu'il y a quand même une vote,
10:20 la légitimité d'un chef de l'État qui jusqu'à nouvel ordre a été élu,
10:23 avec la légitimité que vous vous ressentez,
10:26 et que ce n'est peut-être pas la même que moi, que celle de Françoise, ou de Karine, ou de Thomas ?
10:30 Le sujet, c'est qu'il n'y en a aucune.
10:32 La promulgation, c'est...
10:34 Le sujet, c'est qu'il n'y en a aucune.
10:35 Alors, on va laisser Clémentine Autry répondre.
10:37 Le sujet, c'est qu'il n'y a aucune légitimité.
10:39 Vous le prenez par tous les bouts.
10:41 De personne, alors.
10:42 Il y a une légalité, si vous voulez, mais il n'y a pas de légitimité.
10:46 D'accord ?
10:47 Donc, vous avez un président de la République seul,
10:49 qui décide d'imposer aux Français de travailler deux ans de plus,
10:52 alors que...
10:53 Mais attendez, le vote du 49-3, c'est quand même le gouvernement
10:56 qui a mis en jeu sa responsabilité.
10:58 Donc, vous pouviez le renverser, si vous aviez la majorité de le renverser.
11:01 Mais écoutez...
11:02 C'est là qu'il y a un sujet.
11:04 C'est-à-dire que vous ne pouvez pas contester toutes les règles.
11:06 Non, je pense que le sujet n'est pas là.
11:08 Je pense qu'on est bien au-delà du sujet.
11:11 Alors, pour répondre sur la motion de censure,
11:14 il manquait neuf voix, ce qui est quand même très peu.
11:18 Et vu ce qui s'est passé avec le Conseil constitutionnel,
11:21 vous avez vu que les cavaliers législatifs,
11:24 c'est-à-dire des mesures qui ont notamment été introduites
11:26 sous la pression de LR, qui étaient censées être les carottes
11:29 par rapport au bâton de travailler 2 ans de plus.
11:32 L'essentiel est passé à l'amende.
11:34 Aussi bien l'index des seniors...
11:37 Ça peut revenir dans un prochain texte, a dit le gouvernement.
11:41 Potentiellement.
11:42 Mais ce qui est complètement fou, c'est qu'ils avaient une note du Conseil d'État
11:46 disant que ces cavaliers ne seraient pas validés.
11:49 Donc, ils ont menti.
11:50 Ils ont menti à la représentation nationale.
11:53 Ils ont menti dans les négociations avec LR.
11:55 Donc, vous voyez, il manquait neuf voix.
11:57 Et nous avons pris l'initiative, et c'est notamment mon collègue Eric Coquerel,
12:00 qui est président de la commission des finances,
12:02 de prendre attache avec nos partenaires de la NUPES
12:05 et avec le groupe LIOT pour redéposer une motion de censure.
12:09 Et on peut penser que, vu la situation,
12:11 les choses pourraient être différentes dans un prochain vote éventuel
12:16 d'une motion de censure.
12:17 Donc, ça, on va y aller.
12:18 Mais je veux dire ici très solennellement
12:20 que le problème que nous traversons aujourd'hui,
12:22 c'est une crise de régime.
12:24 C'est que, d'une certaine manière, le 14 avril est morte la Ve République.
12:29 Je rappelle qu'elle est née…
12:30 Pourquoi vous dites ça ?
12:31 Je rappelle qu'elle est née…
12:32 D'abord, je pense qu'elle ne correspond plus du tout, du tout à l'époque.
12:35 Mais pourquoi ?
12:36 Qu'est-ce qui s'est passé de si grave le 14 avril
12:37 pour annoncer la mort de la Ve République ?
12:39 Parce que si les sages, les prétendus sages…
12:44 Ça devient ironique de dire les sages,
12:45 parce qu'ils n'ont fait preuve d'aucune sagesse.
12:47 Mais si les membres du Conseil constitutionnel nous disent
12:50 que c'est donc légal, conforme à la Constitution,
12:53 de pouvoir imposer une loi contre la vie du peuple…
12:57 Mais c'est…
12:58 Mais attendez, le peuple…
12:59 Alors, c'est un problème constitutionnel.
13:01 Est-ce que ce sont les sondages d'opinion ?
13:04 Madame Fresseuse, Madame Fresseuse,
13:06 des millions de gens dans la rue,
13:07 tous les syndicats vendent de l'huile.
13:09 Non, pas des millions, c'est pas des millions.
13:10 Bien sûr que c'est des millions.
13:11 Il y a eu des millions.
13:12 À partir de combien de millions ?
13:13 Et alors, vous savez très bien qu'il y a eu des millions de gens dans la rue.
13:16 Mais des millions comme un chèque en forme de retraite ?
13:19 Vous ne contesterez pas cette contestation.
13:21 Madame Fresseuse, soyons un tout petit peu sérieux.
13:23 Vous contestez le fait que la majorité du peuple aujourd'hui
13:26 ne veut pas de cette loi, sérieusement ?
13:27 Sérieusement, vous êtes capable de me dire ça ?
13:29 Ça repose sur des sondages d'opinion.
13:31 Non mais, les questions…
13:32 Non ?
13:33 Si ça repose sur des sondages…
13:35 Attendez, pardonnez-moi Clémentine Notin,
13:37 juste une seconde.
13:38 On a plein de questions à vous poser.
13:39 On va laisser Clémentine Notin répondre aux questions qu'on lui pose.
13:42 Comme ça, après, on pourra nous-mêmes en poser d'autres.
13:44 Non mais on a un vrai problème.
13:46 C'est-à-dire que peut-être que la réalité a tort,
13:48 mais peut-être que la réalité est la réalité.
13:50 On ne peut pas exclure cette hypothèse.
13:52 Bon, je sais bien qu'on vit sous un régime très orwellien.
13:55 On nous explique que cette réforme, c'est le progrès social,
13:58 quel est le fruit d'un compromis, on ne sait pas avec qui.
14:01 Enfin, tout ça n'a plus aucun sens.
14:02 Les mots n'ont plus aucun sens.
14:03 Mais la réalité est têtue.
14:05 Vous avez une majorité écrasante des Français
14:09 qui est vent debout contre cette réforme.
14:11 Les gens ne veulent pas…
14:13 Les gens ne veulent pas transformer les deux plus belles années de retraite
14:17 en deux pires années de travail.
14:19 Ils ne veulent pas et ils le disent
14:21 par tous les biais qui sont possibles d'un point de vue démocratique.
14:24 Et ça ne fonctionne pas.
14:27 Jusqu'au Conseil constitutionnel et à la promulgation précipitée.
14:32 Moi j'insiste parce qu'on s'en fiche que ce soit la nuit ou au petit matin.
14:35 Non mais en tout cas, il doit promulguer.
14:37 Ce n'est pas une faculté, il doit.
14:39 Vous êtes d'accord qu'il s'est précipité ?
14:42 Autant couper court à toutes les…
14:44 Voilà, toutes les possibilités de RIB, etc.
14:46 Qu'est-ce que ça aurait changé s'il y avait eu dans 10 jours ?
14:48 OK, mais il se précipite alors qu'il sait que la colère est immense dans le pays.
14:52 Donc il prend de front le peuple.
14:55 Le président de la République, normalement, il est le garant de l'unité de la nation.
15:00 On est d'accord avec ça.
15:02 Et là, aujourd'hui, qu'est-ce qu'il fait ?
15:04 Il divise, il fracasse, il met en colère la majorité de la population.
15:09 Donc vous voyez bien qu'il y a un problème.
15:12 Et qu'il y a un problème qui est constitutionnel.
15:15 Il n'est pas normal, dans une République digne de ce nom,
15:18 qu'un homme seul puisse décider au mépris de la majorité sur des sujets positifs.
15:22 Justement, allons jusqu'au bout de cette idée-là.
15:24 Je suis étonnée de la nature du débat.
15:26 Vous dites "fin de la Ve République",
15:28 ça, c'est pas la première fois que la part d'un insoumis ou d'une insoumise, on l'entend.
15:31 Fin de la Ve République.
15:33 Fin du Conseil constitutionnel, si je vous entends bien.
15:35 Allons jusqu'au bout. On remplace le Conseil constitutionnel.
15:37 Par quoi ? Parce que dans tous les pays démocratiques,
15:40 on a des assemblées qui sont là pour contrôler la Constitution.
15:42 On aura toujours, j'imagine, une Constitution.
15:44 Donc en fait, on fait comment ?
15:46 Si on veut vraiment suivre le raisonnement jusqu'au bout, parce que c'est intéressant.
15:48 Pour prolonger la question, vous proposez votre réforme des retraites,
15:51 qui sera sans doute pas non plus de la volonté de la majorité du peuple.
15:55 Comment vous la faites adopter ?
15:58 Alors, déjà, je pense que c'est important de prendre acte du fait
16:02 qu'on est dans une cinquième République qui est nécrosée
16:05 et qu'il va falloir changer de régime.
16:08 Ça, c'est impréalable à la discussion.
16:10 Une fois qu'on dit qu'il faut changer,
16:13 il faut savoir quel est le sens.
16:15 Le sens, c'est donner davantage de pouvoir au législatif par rapport à l'exécutif.
16:20 Le sens, c'est de donner...
16:22 Je vous coupe une demi-seconde. Je fais le contraire de ce que j'avais dit,
16:24 mais juste parce que j'aimerais qu'on comprenne bien quand même.
16:26 Est-ce que pour vous, la Ve République...
16:28 Si je peux finir une phrase, vous allez voir que vous allez bien comprendre.
16:30 Non mais, je veux voir. Est-ce que la Ve République, à un moment donné,
16:33 trouvait grâce à vos yeux ?
16:35 Vous dites "là, elle fonctionnait bien, elle ne fonctionne plus",
16:37 mais vous dites "elle est nécrosée".
16:38 Donc ça veut dire qu'elle a fonctionné à un moment donné, et quand ?
16:40 Je pense qu'il y a un problème dès le départ.
16:42 Je n'oublie pas qu'elle a été fondée par et pour un général.
16:47 Ça a été d'ailleurs une forme... On l'oublie, hein,
16:50 mais c'est arrivé dans une forme de coup d'État.
16:52 On parlait de coup d'État démocratique à l'époque.
16:54 Oui, il y avait la guerre d'Algérie.
16:57 Et d'ailleurs, il s'agissait par cette cinquième
16:59 de redresser l'État et de sauver l'Empire colonial.
17:01 Et l'Algérie, contre eux, on parlait à l'époque des barbares indépendantistes.
17:04 Oui, enfin, n'oublions pas d'où elle vient.
17:07 N'oublions pas d'où elle vient et pour qui elle a été faite.
17:09 Et je pense qu'en effet, dans ce XXIe siècle,
17:12 où l'exigence de pouvoir participer aux décisions,
17:14 de pouvoir compter, ce qui est quand même bien légitimé,
17:17 notamment par rapport au pouvoir de...
17:19 Mais François Mitterrand s'y est coulé dans la cinquième.
17:20 C'est bien un problème, d'ailleurs.
17:21 Pour venir sur la légitimité, la loi contre la peine de mort,
17:24 65% des Français étaient contre cette abrogation.
17:27 Il l'a fait quand même.
17:29 Bien sûr.
17:30 C'était illégitime ?
17:31 Il y avait au moins une légitimité.
17:32 Non, il y avait zéro légitimité.
17:34 Mais c'était illégitime, d'importer ça au peuple ?
17:36 Je pense qu'à ce moment-là, il n'y a pas eu des millions de gens dans la rue
17:40 et une mobilisation telle qu'il fracturait le pays,
17:43 ça ne s'est pas passé comme ça.
17:44 Et à un autre moment, d'ailleurs, le président de la République,
17:46 François Mitterrand, quand il s'est agi de l'école libre,
17:49 il a reculé.
17:50 Parce que là, il voyait bien qu'il fracturait.
17:52 Donc, c'est une affaire, vous voyez, de compréhension du pays.
17:57 Et on a le sentiment qu'Emmanuel Macron, lui,
17:59 se fiche littéralement de cette ambiance du pays,
18:03 qu'il est déconnecté.
18:04 S'il y a quelque chose à chercher du point de vue psychanalytique,
18:07 à mon avis, c'est du côté de cette déconnexion.
18:10 Il y a une dimension que vous prenez peut-être.
18:12 Il y a quelque chose de toute puissance chez lui.
18:13 Mais le problème n'est pas d'analyser Emmanuel Macron d'un point de vue psychanalytique.
18:17 Le problème est de se dire,
18:18 comment pouvons-nous avoir un mécanisme institutionnel
18:22 qui permet à un homme aussi déconnecté
18:25 de pouvoir agir au mépris de son peuple ?
18:27 Eh bien, désolé, mais là, je pense qu'on touche à un problème
18:31 qui a trait au régime.
18:33 Et c'est pourquoi je pense qu'il faut prendre des initiatives
18:35 sur la VIe République.
18:36 Et ce n'est pas que la question des retraites.
18:37 Parce que la question de qui décide,
18:39 dans un monde où vous voyez bien que la finance a pris énormément de poids
18:43 sur le choix des citoyens,
18:45 eh bien cette question de qui décide,
18:47 elle concerne des champs entiers.
18:49 C'est aussi bien de savoir qui décide, par exemple,
18:54 du coût des prix aujourd'hui.
18:56 Qui va décider qu'on se laisse aller à l'inflation
18:59 ou est-ce qu'on est capable de comprimer les plis et de les contraindre ?
19:03 On a perdu un vote.
19:04 Mais alors, c'est quoi votre solution ?
19:05 C'est un compromis de tous les partis à l'Assemblée ?
19:08 Ou parce que, au fond,
19:09 personne n'est majoritaire aujourd'hui dans cette Assemblée,
19:11 personne n'est en mesure d'imposer sa loi.
19:13 Donc, comment vous faites, vous ?
19:15 Et surtout, qu'est-ce que vous proposez pour demain ?
19:17 Est-ce que ça veut dire qu'il n'y a plus de président de la République dans votre système ?
19:19 J'ai commencé à vous expliquer, vous m'avez coupé.
19:21 Donc, je vous disais d'abord,
19:22 le législatif qui doit primer sur l'exécutif.
19:25 Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
19:26 Ensuite, d'avoir davantage de médiation qui ait du pouvoir.
19:31 C'est ce qu'on appelle parfois aussi les contre-pouvoirs.
19:33 De les doter de davantage de pouvoir.
19:35 Je pense qu'il faut aussi consolider des droits
19:37 dans le cœur même de la Constitution.
19:40 Pour éviter que nous ayons des mesures aussi antisociales,
19:44 aussi injustes, aussi contraires
19:46 aux principes de liberté, d'égalité et de fraternité.
19:48 J'étais très choquée d'entendre le président de la République dire
19:53 "ne rien lâcher, c'est ma devise".
19:55 La devise de la République, c'est liberté, égalité, fraternité.
19:58 Et ce serait bien qu'il s'en souvienne.
20:00 Et ce serait bien qu'il s'en souvienne plutôt que d'en faire des coptes en papier.
20:03 Qu'est-ce que vous aimeriez mettre dans la Constitution ? J'ai pas compris ça.
20:05 Consolider des droits.
20:06 Vous savez que la Constitution peut être, par exemple, les biens communs.
20:10 On a un problème avec l'eau.
20:12 Typiquement.
20:13 Eh bien, on peut consacrer dans la Constitution
20:16 la consolidation d'un droit à l'eau.
20:18 Je prends cet exemple.
20:19 On le sait sur le droit à l'avortement.
20:21 On peut constitutionnaliser le droit à l'avortement.
20:24 C'est-à-dire que la Constitution peut élever le socle des droits et des protections
20:29 et que donc, le sens de notre avenir commun,
20:34 de notre bien commun qu'est la République...
20:36 Est-ce que c'est pas, pardonnez-moi, un peu contradictoire avec une phrase que vous avez dite au début de l'émission
20:39 quand vous dites "l'égalité, c'est pas la démocratie".
20:42 Là, vous voulez légaliser des tas de choses ?
20:44 Non, ce que je veux, c'est que le socle de départ ne permette pas
20:49 que des gouvernements successifs puissent produire tant de lois
20:52 qui sont régressives, qui sont contraires à l'intérêt général
20:55 et qui tournent le dos à nos valeurs premières, à nos principes premiers.
21:00 Et pour moi, la justice aussi en fait partie.
21:03 Donc, c'est ce que j'appelle consolider.
21:05 Mais tout ça doit être le fruit d'un processus constituant.
21:08 Je vais pas vous donner les réponses à tout de cette sixième République.
21:12 Mais est-ce que vous n'avez pas le sentiment de désidéologiser un peu les choses ?
21:14 Je pense que c'est exactement l'inverse.
21:16 Et je pense qu'aujourd'hui, si on est lucide...
21:18 On a l'idée que tout le monde est d'accord avec ça et que c'est dans la Constitution.
21:20 Si on est lucide, on voit bien qu'on a atteint un tel niveau de défiance
21:25 entre la majorité de nos concitoyens et celles et ceux qui les représentent.
21:29 Vous êtes d'accord avec ça ? Vous voyez bien qu'il y a un problème.
21:32 Oui, mais c'est pas en constitutionnalisant l'eau, etc.,
21:34 que ça va régler ce problème-là essentiel.
21:36 Et donc, du coup, on n'a pas très bien compris...
21:38 Vous ne comprenez pas que donner plus de pouvoir aux législatives sur les grégatifs...
21:41 D'accord, mais ça, ça fait penser à la quatrième.
21:43 Et alors ? Vous savez que c'est sous la quatrième ?
21:45 La quatrième n'a pas très bien fonctionné malgré tout.
21:47 Je pense que ça serait intéressant de re-regarder aussi cette page de l'histoire.
21:50 Parce qu'on fait l'éloge de la cinquième, mais je rappelle que c'est sous la quatrième république
21:54 qu'on a réussi à remettre notre pays sur pied.
21:57 Après, il y a un problème qui s'appelle la guerre d'Algérie.
22:02 Alors, le point pour vous, restez sur ce conflit-là.
22:04 Donc, vous dites qu'il faut passer à la sixième république,
22:07 mais en attendant, comment vous voyez la suite du conflit
22:12 et comment vous greffez sur cette journée du 1er mai ?
22:15 Comment vous essayez d'agir avec l'intersyndical,
22:19 sachant que les relations ne sont pas toujours très faciles ?
22:22 D'abord, vous conviendrez avec moi que rien n'est fini.
22:25 C'est-à-dire que la loi a beau être promulguée, je ne sens pas des Français prêts à rentrer chez eux.
22:30 Et d'ailleurs, vous avez cité tout à l'heure cette enquête d'opinion
22:34 qui dit que l'attente vis-à-vis des syndicats, c'est 60% des Français
22:37 qui disent aux syndicats "continuez".
22:40 Je pense que ce 1er mai va être historique.
22:42 Il va être énorme.
22:44 Les gens ne supportent pas, non seulement l'idée de travailler deux ans de plus,
22:48 mais maintenant ne supportent pas ce climat antidémocratique qui s'installe,
22:52 et par tous les bouts, par tous les bouts.
22:54 Parce que c'est aussi la répression.
22:56 Il n'y a pas eu de réaction, pardonnez-moi, au moment où la promulgation de la loi a eu lieu ?
23:01 Il y a eu des réactions, mais il y a eu une annonce immédiate, une tâte de mon avis.
23:06 Il y a eu une réaction réelle et massive.
23:08 Il ne s'est pas passé grand-chose pour l'instant, ce week-end.
23:10 Vous avez l'air déçu, ne vous inquiétez pas.
23:12 Ne soyez pas impatientes.
23:14 Au soir même du 49.3, utilisé et dégainé par Elisabeth Borne,
23:19 il y a tout de suite eu des réactions dans la rue.
23:21 Là, il n'y en a pas eu.
23:22 Vous allez voir.
23:23 Lundi soir, vous savez, il y a déjà un mot d'ordre qui est lancé de casserole
23:28 au moment de l'intervention du président de la République.
23:30 Il y a... Non mais je veux dire, il faut entendre, et c'est spontané.
23:34 Jeudi, vous avez une journée de la colère des cheminots.
23:38 La colère cheminote va s'exprimer dès jeudi.
23:41 Ensuite, vous aurez cette date du 1er mai.
23:44 Mais je vous assure que ça ne va pas être terminé.
23:46 Ça ne va pas être terminé.
23:47 Et si le président de la République pense qu'il suffit d'attendre
23:51 et se compte sur une forme de sidération,
23:54 parce que c'est vrai qu'il y a de la sidération...
23:56 Ou de la résignation.
23:57 Il peut y avoir une part de résignation,
24:00 mais je trouve que depuis deux mois et demi, ce n'est pas ce qui domine.
24:02 C'est plutôt au contraire une colère qui s'exprime
24:05 avec les difficultés qui sont les nôtres.
24:07 Moi, je voudrais à la fois tirer mon chapeau à l'intersyndical
24:10 qui a mené la bataille de main de maître,
24:13 mais aussi dire que c'est impressionnant
24:16 la mobilisation et les grèves qu'il y a eues
24:18 dans un contexte qu'on fait mine d'oublier,
24:20 mais qui est un contexte où les prix ont explosé.
24:24 Ça a explosé quand vous avez 17% d'inflation sur une année
24:28 et des salaires qui n'augmentent pas.
24:30 Vous voyez bien que pour les gens,
24:32 une journée de grève, c'est 70, 80, 100 euros.
24:36 C'est énormissime.
24:37 Et pourtant, ils l'ont fait.
24:38 Et vous avez des caisses de solidarité
24:40 qui se remplissent à une vitesse éclair.
24:42 C'est impressionnant.
24:43 Dites-nous comment vous voulez vous intégrer
24:46 dans ce travail de l'intersyndical,
24:48 alors qu'il y a eu jusqu'à présent
24:50 une volonté de l'intersyndical
24:52 de rester sur un mouvement syndical
24:54 et de ne pas être récupéré par le politique.
24:56 Oui, juste, je précise parce que vous venez de dire
24:58 que le 1er mai sera une journée importante
25:00 qui dépassera, si j'ai bien entendu, la question des retraites.
25:02 Vous évoquez la question de la démocratie.
25:03 Ce n'est pas le sujet de Laurent Berger et des syndicats.
25:05 Donc, est-ce qu'il n'y a pas là deux discours qui peuvent...
25:08 Je ne veux pas parler à la place de Laurent Berger qui...
25:10 Je ne suis pas sa porte-parole, mais je le lis.
25:13 Et je pense que la question démocratique
25:15 l'intéresse, Laurent Berger.
25:17 Quand on lui demande, par exemple,
25:18 s'il faut une nouvelle République
25:19 ou s'il faut renverser le gouvernement,
25:20 il dit "Ce n'est pas mon sujet".
25:21 Ça, ce n'est pas son sujet.
25:22 Mais par contre, le fait que la démocratie sociale
25:24 soit à ce point bafouée,
25:26 je pense que c'est le sujet de Laurent Berger.
25:28 Voyez ?
25:29 Et qu'il voit très bien quels sont les problèmes.
25:30 Le fait que la majorité des Français soient contre cette loi
25:32 et que cette loi s'est appliquée,
25:34 je pense que c'est un problème pour Laurent Berger.
25:36 Voyez ?
25:37 Donc, la question démocratique,
25:38 elle nous est à tous posée.
25:40 Qu'est-ce que vous faites à partir de maintenant
25:42 jusqu'au 1er mai,
25:44 qui doit casser la baraque, comme a dit Laurent Berger,
25:46 et après ?
25:47 D'abord, on appelle à la mobilisation historique.
25:50 Ça, c'est pour le 1er mai.
25:52 D'ici là, nous voulons l'abrogation.
25:54 Nous prenons toutes les dispositions
25:56 qui sont en notre pouvoir
25:58 sur le terrain institutionnel
26:00 pour essayer de continuer la bataille.
26:02 On a parlé tout à l'heure de la motion de censure.
26:04 On attend la décision sur le 2e RIP.
26:06 On peut aussi, si ça ne marche pas,
26:07 lancer une pétition, comme a proposé Olivier Faure,
26:10 pour essayer d'avoir très vite 5 millions de signatures.
26:14 Moi, je pense qu'il faut également
26:16 prendre une initiative sur le terrain des libertés publiques
26:18 et de la démocratie autour de la 6e République.
26:21 Si nous avions des assises partout dans le pays
26:24 pour poser cette question de qui décide
26:26 et pour faire avancer l'idée de
26:28 qu'est-ce que nous, puisqu'il y a une crise de régime,
26:30 comment nous ferions vivre cette 6e République ?
26:32 Je pense que la lupesse
26:34 est dans un front politique,
26:36 mais aussi social et culturel.
26:39 J'insiste, parce que souvent, on parle de front social et politique.
26:42 Mais je pense qu'il faut un front social,
26:44 politique, culturel.
26:46 Vous avez vraiment l'impression que vous êtes française.
26:49 Vous me disiez "Qu'est-ce que vous allez faire ?"
26:51 Je termine d'un mot.
26:52 Parce que pour moi, c'est aussi notre responsabilité,
26:55 c'est de travailler et de faire grandir
26:58 la perspective politique.
27:00 Puisque ce régime nous est insupportable
27:02 et qu'il faut en changer.
27:04 Puisque cette politique, qui est une politique
27:06 au service du monde de la finance,
27:08 qui est rivée sur la loi du profit,
27:10 et qui est obsédée par la réduction
27:12 de la dépense publique,
27:14 qui est toujours au service des grands groupes économiques
27:16 à qui on donne beaucoup d'argent,
27:18 vous savez, les exonérations des entreprises, etc.
27:20 Tout ça, ça a un coût,
27:22 et un coût qui est supporté par les ménages, en réalité,
27:24 et par la baisse du moins 10 ans en termes de service public.
27:27 Donc toute cette logique-là,
27:28 qui est en plus folle du point de vue écologique,
27:30 puisqu'on ne sort pas des clous du consumérisme
27:32 et du productivisme,
27:33 tout ça, il faut tourner le dos.
27:35 Donc il faut construire la perspective politique.
27:37 Est-ce que c'est la proposition de la NUPES ?
27:39 Et c'est notre tâche.
27:41 Est-ce que c'est une proposition de la NUPES
27:43 de faire de ce combat du 1er mai
27:46 un objectif politique
27:48 pour arrêter avec la Ve République ?
27:50 Non, le 1er mai,
27:52 c'est pas ce que j'ai dit,
27:53 je crois qu'on ne se comprend pas très bien.
27:54 Le 1er mai, c'est à l'appel des syndicats.
27:56 C'est au-delà.
27:57 Et nous mettons nos forces dedans.
27:59 Et après ?
28:00 Et nous suivons les initiatives prises par les syndicats.
28:03 Ça, c'est une chose.
28:04 Ça s'appelle la mobilisation sociale.
28:06 Et les syndicats conduisent cette marche-là.
28:09 Après, nous, en tant que force politique,
28:11 on a aussi des choses à dire et à proposer.
28:13 Je pense que nous avons besoin d'un front social,
28:16 culturel et politique,
28:18 pour évidemment se battre contre la réforme des retraites,
28:21 mais aussi aller plus loin.
28:23 Et je crois qu'aujourd'hui,
28:24 la crise démocratique, la crise de régime,
28:27 nous impose de travailler sur qui décide
28:29 et de mettre en avant un dans le pays, ce travail-là.
28:31 Mais vous avez vraiment l'impression que les Français sont prêts
28:32 à ce renversement de la Ve République ?
28:34 Vous avez l'impression que les Français sont prêts à supporter
28:38 qu'un homme décide tout seul ?
28:39 Vous avez l'impression que les Français sont prêts à supporter ça ?
28:41 Les Français me semblent effectivement opposés,
28:42 dans une grande majorité, à cette réforme des retraites,
28:44 de là à renverser la Ve République.
28:46 Vous allez vite ?
28:47 Qu'est-ce qui vous attache à ce point, à la Ve République ?
28:49 Moi, rien.
28:50 Elle est terminée avec De Gaulle, mais...
28:51 Clémentine Autain, de quoi vous voulez parler quand vous parlez d'un front...
28:54 Non, mais si vous ne voyez pas qu'il y a un problème
28:56 qui dépasse la question des retraites
28:58 dans ce qui est en train de se jouer en ce moment,
29:00 effectivement, nous avons une divergence d'analyses.
29:02 C'est pas ça, ma question.
29:03 Non, non, non, c'est pas ça, ma question.
29:04 Est-ce que les Français, c'est dans leur priorité ?
29:06 Est-ce qu'ils y pensent ? Est-ce qu'ils se disent
29:07 « Vraiment, mon problème, c'est changer la Ve République ? »
29:09 Non, j'entends bien que...
29:11 La question est comment vous liez.
29:13 Si vous parlez abstraitement, juste « changer la Ve »,
29:16 bon, peut-être que c'est pas au quotidien,
29:18 quand les gens sont là, confrontés à des tonnes de problèmes,
29:20 parce qu'ils sont confrontés aujourd'hui à des tonnes de problèmes,
29:22 on a l'impression qu'il n'y a plus grand-chose qui marche dans cette société,
29:25 donc ils vont faire leur course, c'est l'enfer,
29:26 ils voient leurs feuilles de paie, c'est l'enfer,
29:28 ils vont voir les services publics, ils sont détériorés,
29:31 ils veulent prendre le train, il n'y en a plus,
29:32 ou alors il est en retard, bref,
29:33 il y a quand même beaucoup de choses qui ne fonctionnent pas.
29:35 Donc c'est ça, le problème quotidien des Français.
29:37 Maintenant, se dire que...
29:39 Qui décide de tout ça ?
29:40 Qui décide qu'on investit ou pas de l'argent dans les hôpitaux,
29:43 dans les écoles ?
29:44 Qui décide qu'on donne plein d'argent aux grandes entreprises,
29:47 sans aucune contrepartie ?
29:48 Qui décide ?
29:49 Mais non, ce n'est pas les Français aujourd'hui,
29:51 parce que je pense qu'on a un système...
29:53 - C'est vous les parlementaires.
29:54 - Vous voyez bien que non.
29:55 - Vous voyez bien que non, c'est le résultat des élections.
29:57 - Onze fois, depuis le début de la mandature,
29:59 nous avons été empêchés de voter...
30:00 - Mais c'est vous qui n'avez pas voulu voter,
30:02 vous avez été bloqué par l'obstruction.
30:04 - Écoutez, quand même, à un moment, il faut dire les choses aussi.
30:07 À un moment, l'article 11 n'a pas été voté,
30:09 parce que vous avez organisé l'obstruction à l'Assemblée nationale.
30:12 - Écoutez, il ne vous a pas échappé que l'exécutif, aujourd'hui,
30:15 avait des pouvoirs exorbitants par rapport aux législatifs.
30:18 Donc moi, je vous dis que toutes les questions très concrètes que je pose,
30:22 elles ont à voir avec notre régime institutionnel et notre démocratie.
30:27 - Pour que ce soit clair et qu'on avance,
30:28 vous êtes favorable à un régime qui soit plus législatif, plus parlementaire,
30:32 et qui peut aller jusqu'à...
30:33 - Mais ce n'est pas simplement ça.
30:35 Parce que vous savez, quand on ouvre la boîte de Pandore, je vais vous dire...
30:38 - Mais qu'est-ce que vous faites avec le président de la République ?
30:39 - Je vais vous donner un autre exemple, Mme Sankré, qui va vous parler.
30:41 C'est que je pense que dans une République digne de ce nom,
30:44 vous voyez, le néolibéralisme, depuis très longtemps,
30:47 il a fait émerger aussi des experts pour nous raconter que Zéris non alternative.
30:52 - D'accord.
30:53 - C'est vrai.
30:54 Et qu'on a un problème de concentration dans les médias et d'accès à l'information.
30:58 Donc quand on touche à la...
30:59 Non mais quand on touche à la démocratie,
31:01 ce que je veux vous dire, c'est que ce n'est pas qu'un problème
31:03 de ce qui se passe au Parlement.
31:04 Le législatif doit prendre plus de poids sur l'exécutif.
31:07 Mais il faut aussi lutter contre la concentration dans les médias
31:10 parce qu'il faut qu'on ait un système d'information
31:12 qui permette aux citoyennes et aux citoyens d'être mieux éclairés, bien sûr.
31:16 Il faut toucher à la justice.
31:18 - C'est pour ça que vous parlez de front culturel ?
31:20 L'expression m'avait un peu étonnée tout à l'heure.
31:21 - C'est vrai, ça vous étonne ?
31:22 - En tout cas, ça me demande d'une explication.
31:25 - Non, ça veut dire que souvent, on parle évidemment de l'espace politique,
31:29 du mouvement social, et singulièrement du Banque du Travail et donc des syndicats.
31:33 Mais je pense que dans les batailles politiques,
31:36 il y a aussi le monde culturel.
31:38 Le monde culturel, ça veut dire des intellectuels, ça veut dire des artistes
31:42 qui ont aussi vocation à pouvoir s'engager et à participer à construire l'imaginaire
31:48 qui va nous porter, donner de l'espoir et nous amener à des victoires
31:52 pour la justice sociale et des victoires pour la démocratie.
31:56 Il n'y a pas de justice sociale s'il n'y a pas de démocratie.
31:58 C'est pour ça que je lis les deux.
32:00 Vous me dites "Qu'est-ce que les gens en ont à faire de la cinquième ?"
32:02 On peut le voir comme ça, mais si vous le prenez par qui décide,
32:04 je vous assure que les Français, ça les intéresse.
32:07 Parce qu'ils voient bien qu'il y a quelque chose qui tourne par où.
32:09 Ils le savent, ils le voient.
32:10 Questions politiques
32:12 Thomas Négaroff sur France Inter
32:16 Qui décide ? Qui décide en France ? Qui décide à la NUPES aussi ?
32:21 Fabien Roussel décide aujourd'hui un rassemblement assez large,
32:25 d'une gauche capable selon lui de prendre le pouvoir.
32:27 Et en général, il réagit, notamment à votre place, il y a deux semaines,
32:30 favorablement à l'idée de travailler avec Bernard Cazeneuve,
32:32 davantage qu'avec Jean-Luc Mélenchon si j'ai bien lu entre les lignes.
32:35 Est-ce que ça vous inquiète sur la pérennité de la NUPES ou de la NUP ?
32:38 Écoutez, moi je suis engagée dans la NUPES,
32:41 et je pense que l'enjeu aujourd'hui n'est pas de dépasser la NUPES,
32:45 mais de la construire sérieusement.
32:47 Et de la construire à la fois par le haut et par le bas.
32:50 On a besoin de plus de NUPES.
32:52 La NUPES, c'est la forme contemporaine de l'union de la gauche.
32:55 Et je crois singulièrement dans la situation politique qui est la nôtre.
32:59 D'ailleurs, on en parlait quand on parle de l'Assemblée nationale
33:02 et du fait qu'en effet, il y a un enjeu de savoir quelle peut être la majorité
33:05 dans cette Assemblée nationale,
33:07 parce que nous sommes confrontés à ce qu'on appelle une tripolarisation.
33:10 C'est-à-dire qu'il y a trois pôles politiques.
33:12 Vous avez la minorité présidentielle, puisqu'elle n'a pas de majorité,
33:16 en tout cas le camp macroniste.
33:18 Vous avez l'extrême droite et vous avez la NUPES.
33:21 Et c'est pas la même chose que quand on avait une alternance droite-gauche.
33:24 C'est très Quatrième République, ça. Les trois forces.
33:26 Mais arrêtez de comparer. On peut faire autre chose.
33:28 Ni la quatrième, ni la cinquième, et penser une sixième.
33:31 C'est juste une information pour les gens qui aiment l'histoire et qui nous écoutent.
33:34 Je pense qu'on peut essayer de se projeter dans l'avenir,
33:38 en retenant des leçons de l'histoire.
33:41 C'est pas moi qui vais vous dire autre chose,
33:43 puisque ma formation, c'est une formation d'historienne.
33:46 Néanmoins, ce que je crois, c'est que dans ce cadre de trois pôles,
33:52 l'éclatement de nos forces de la NUPES, c'est l'échec assuré.
33:57 Ça ne veut pas dire que l'unité, avec l'unité, on a gagné.
34:01 Mais ce qui est sûr, c'est que si on est divisé, alors là je vois pas comment on peut gagner.
34:04 Donc on a une responsabilité.
34:06 Est-ce qu'il n'y aurait pas, quand on entend, y compris Olivier Faure,
34:09 lors de la réaction commune au Conseil constitutionnel,
34:12 où on a entendu Mathilde Panot, puis Sandrine Rousseau, enfin, et Olivier Faure,
34:16 est-ce que finalement il n'y a pas des divergences quand on entend Cazeneuve, Hollande, Stéphane Le Foll,
34:20 Carole Delga, ou même Madame Froger ?
34:23 Est-ce qu'il n'y a pas des gestes que vous pouvez faire, ou Fabien Roussel,
34:26 c'est-à-dire qui dit "on peut faire une union de la gauche large",
34:30 est-ce qu'il n'y a pas un effort à faire de votre côté, de manière à arrondir les angles,
34:35 et à pas donner l'impression que vous avez un comportement impérialiste vis-à-vis des autres ?
34:39 Alors moi je suis anti-impérialiste à tout sujet,
34:42 donc voyez, Madame Paul-Fritz, tout va bien,
34:45 vraiment j'ai pas de soucis avec ça, et je pense qu'en effet,
34:48 la NUPES doit être construite dans le respect des partenaires des uns et des autres.
34:52 Après le problème c'est que, vous le savez, il y a un certain nombre de socialistes
34:57 qui aujourd'hui pensent qu'il faut faire contre la NUPES,
35:00 et là le problème c'est que je vois pas où est le plan B.
35:03 Et notamment contre la France insoumise.
35:05 Il y a eu pendant tout le conflit des retraites,
35:07 des interrogations sur la forme d'opposition que vous initiez.
35:11 Par exemple l'obstruction, par exemple les pancartes, par exemple les cris,
35:15 par exemple tout ça, ça a mis un malaise dans une partie des troupes.
35:20 Je pense que c'est un malaise, voyez-vous.
35:22 C'est ce que vous dites, il faut peut-être qu'on change d'attitude.
35:24 Alors peut-être que ça dérange certains qui nous regardent,
35:27 mais je pense, ou pas, d'abord il y en a...
35:30 Non mais attendez, et d'autres, moi je trouve qu'il y a plein de choses qu'on a faites qui sont bien,
35:34 vous savez aussi que je pense qu'il faut toujours essayer de trouver une tension juste
35:38 entre des façons d'exprimer notre colère, notre insoumission,
35:42 et de la sonalité, indispensable, surtout si l'on veut, on prétend gouverner le pays.
35:47 Néanmoins, je pense que c'est quand même infiniment moins dérangeant
35:51 que le bilan de François Hollande, qui est autrement plus grave,
35:54 et autrement apprécié des Français.
35:56 Donc moi j'aimerais bien que ceux qui font la leçon à la NUPES
35:59 commencent déjà par balayer devant leurs hôtes.
36:01 Non, je m'arrête là parce que c'est quand même assez grave.
36:04 Sur le bilan de François Hollande, vous pouvez effectivement contester,
36:07 dire qu'il a été trop de droite, qu'il a trahi la gauche, ok.
36:10 Là, ce qu'on vous dit, ce qu'on vous reproche, ce que certains vous reprochent,
36:14 c'est de mener une sorte de contestation des institutions républicaines,
36:18 y compris au sein du Parlement,
36:20 et ça c'est beaucoup plus grave comme accusation qu'on vous porte.
36:24 Est-ce que vous pouvez mettre les deux sur le même plan ?
36:27 Non, parce que je suis attachée à la forme, et je trouve ça important,
36:31 et je vous ai dit mon point de vue, néanmoins, je suis désolée,
36:34 mais pour la majorité des Français, c'est quand même autrement plus grave
36:38 de par exemple voir qu'il y a un traité constitutionnel européen
36:41 qui est rejeté par les Français, et qu'ensuite, on va signer les choses à Amsterdam,
36:45 au mépris de la parole des Français.
36:47 C'est quand même infiniment plus grave.
36:51 Il est début en 2012.
36:53 C'est infiniment plus grave, là je parlais d'un autre bilan, j'entends bien,
36:58 mais c'est infiniment plus grave de faire des lois qui détricotent le code du travail
37:03 que d'avoir une pancarte brandie à l'Assemblée Nationale.
37:06 Donc de le mettre sur le même plan, là j'avoue que je ne suis pas trompée de là
37:09 à cette manière de le faire.
37:11 Il y a un débat politique, Madame Fresseuse.
37:13 - Allez-y Clémentine Autain, allez-y, il y a un débat politique.
37:15 - Non mais il y a un débat politique sur la NUPES.
37:19 C'est qu'effectivement, elle crée un bouger, qui est un bouger historique,
37:24 puisque c'est sans doute la première fois que la gauche qui vient,
37:29 dite radicale, celle qui veut prendre les problèmes à la racine,
37:33 qui est porteuse d'un certain nombre en effet de ruptures,
37:37 est la plus importante dans le rassemblement de la gauche.
37:41 Et en est le fer de lance.
37:43 Et je pense que profondément, moi je veux bien qu'on discute du profil de telle phrase,
37:46 mais il faut se rendre compte de ce bouger-là.
37:50 - La présidente du groupe dit "la présidente de l'Assemblée Nationale, c'est une chef de bande".
37:55 - Elle dit ça ? - Oui, Mathilde Panot.
37:58 Je suis désolée, mais est-ce que ce n'est pas une contestation ?
38:00 - Mathilde Panot a dit d'Elisabeth Bande qu'elle était une chef de bande.
38:02 - Ah pardon, d'Elisabeth Bande, je ne l'ai jamais compris.
38:04 - Est-ce que ce n'est pas une contestation de l'institution dans laquelle vous êtes ?
38:08 - Mais je pense que ceux qui aujourd'hui mettent à mal les institutions,
38:11 c'est la Macronie avant tout.
38:14 C'est eux qui, avec leur 49.3, avec la façon aussi dont ils répriment le mouvement social,
38:20 c'est eux qui délégitiment l'institution.
38:23 C'est eux les premiers responsables de la situation dans laquelle on est.
38:26 Ça me rappelle le débat sans cesse qu'on a sur les violences, vous savez,
38:28 sur tous les plateaux, on nous demande à nous "alors, est-ce que vous condamnez les violences ?"
38:33 Qui aujourd'hui génère de la violence ?
38:35 Quand par tous les bouts démocratiques, vous renvoyez le peuple dans ses cordes,
38:40 alors qu'est-ce qui lui reste ?
38:42 - Les gens qui sont en cagoule noire et qui allument des feux de poubelle
38:45 et qui s'en foutent complètement des retraites, ça on peut les condamner ceux-là.
38:49 - Oui, mais j'ai aucun problème avec ça.
38:51 - Il y en a avec des H.
38:52 - Vous le savez, j'ai un problème moral et un problème politique avec la violence.
38:57 Je suis en plus une militante féministe, donc c'est vrai que...
39:01 - C'est un problème moral, oui.
39:03 - Oui, quand on est féministe, c'est vrai que la violence est quelque chose
39:05 qui ne fait absolument pas partie de nos outils pour gagner et pour convaincre.
39:09 Et par ailleurs, je pense que c'est inefficace politiquement.
39:12 Donc, je n'ai pas de problème avec ça.
39:14 J'interroge juste ceux qui génèrent ça.
39:17 Voire même, il y a des moments où je me demande s'ils ne le souhaitent pas.
39:19 S'ils ne le souhaitent pas parce qu'ils se disent "si toute la journée on voit des feux de poubelle,
39:22 il va y avoir une volonté d'ordre, et cette volonté d'ordre, ça sera nous".
39:26 Je pense que c'est un pari qui est un pari d'un cynisme épouvantable et extrêmement dangereux.
39:32 - Mais si on veut revenir au fonctionnement de la NUP, puisque c'est en partie de là,
39:36 est-ce qu'il ne faudrait pas pour qu'elle fonctionne mieux
39:39 que les filles acceptent d'être un peu moins hégémoniques ?
39:42 - Alors...
39:44 - Parce que c'était ça la question de départ, qu'on a complètement perdu de vue.
39:47 Je crois qu'elle est intéressante, et surtout, est-ce qu'elle fonctionnerait mieux
39:51 avec un autre fonctionnement de la part de Jean-Luc Mélenchon, pour dire les choses très simplement ?
39:55 - Mais la NUP, c'est une alliance électorale qui a été faite en 13 jours 13 nuits,
39:59 qui a d'abord produit quand même un beau résultat,
40:02 puisque nous sommes passés de 75 députés à 150, ce qui est quand même pas rien.
40:05 Mais il faut que de l'accord électoral, nous passions à un accord politique, durable...
40:10 - On n'y est pas encore.
40:11 - Et qui soit mieux structuré, pour que nous devions avoir cette chorale,
40:15 cette chorale que nous sommes, de fait, et davantage sa cohérence,
40:19 davantage ce que nous partageons, et un peu moins, effectivement, les dissonances des uns et des autres.
40:24 - Il n'y a pas de gauche irréconciliable à l'intérieur de la NUP ?
40:27 Il n'y a pas de gauche irréconciliable ?
40:29 - Mais c'est justement une des leçons de la NUP.
40:31 - Non, mais Fabien Roussel, à cette place-là, il y a deux semaines, nous dit,
40:35 il faudra qu'on se mette d'accord, il y a des choses, sur la question de la République,
40:39 qui ne nous permettent pas de travailler ensemble.
40:41 - Je pense justement que la NUP a tourné deux pages.
40:45 La page de 2005, où le traité constitutionnel européen, vous le savez, a laissé des traches,
40:50 puisqu'il y avait une partie de la gauche qui a été d'ailleurs victorieuse et qui a mené une campagne,
40:55 et j'en ai une grande fierté d'avoir participé à cette campagne du nom de gauche,
40:58 qui était très populaire, et il y avait les tenants du oui.
41:02 Et ça a été quand même une forme de schisme à l'intérieur de la gauche,
41:05 qui a produit d'un côté, notamment le bilan de Hollande,
41:09 qui en quelque part est un prolongement de ces tenants du oui,
41:13 et de l'autre côté, le fait qu'au final, ceux qui sont devant,
41:16 et l'élection présidentielle l'a montré avec Jean-Luc Mélenchon, qui quand même a fait 22%,
41:21 donnent à voir que c'était plutôt de ce côté-là qu'était la dynamique populaire potentielle.
41:25 Et aujourd'hui, je pense qu'on raccommode les choses.
41:28 Quand j'écoute Olivier Faure...
41:30 - Je pense qu'il n'y a pas d'hypothèse d'une candidature unique aux européennes,
41:34 où... et pourquoi ?
41:36 - Vous n'êtes pas d'accord ?
41:37 - Parce que les écolos ont déjà dit non.
41:38 - Le PS n'en veut pas, les Verts n'en veulent pas, et le PS...
41:41 - Vous n'êtes pas forcément d'accord, Follor, en fait.
41:43 - La rétrociliation européenne, je ne la vois pas trop.
41:45 - Non, non, je pense que sur le libéralisme économique, beaucoup de choses ont bougé.
41:49 J'ai même lu il n'y a pas très longtemps, Yannick Jadot, avoir une tribune dans Le Monde,
41:53 tout à fait intéressante, sur la relocalisation de l'économie et sur le libéralisme économique.
41:57 - Pour le libéralisme économique, non.
41:58 - Non, mais ça a bougé. Ne croyez pas, ça a bougé.
42:01 Et même dans la France insoumise, des choses ont bougé.
42:03 Et je pense que, justement, on arrive à maturation par rapport à ce schisme,
42:07 qui est un premier schisme, je reviendrai sur les européennes,
42:09 qui est un premier schisme qui a longtemps divisé à gauche.
42:13 Et le deuxième, c'est la République. Mais c'est absurde. C'est absurde.
42:17 - Faut pas dire ça à Faye de Roussel, hein.
42:19 - Moi, j'ai écrit un petit livre sur les faussaires de la République.
42:22 Et là encore, je pense que la NUPES est l'occasion de dépasser ce qui a été, à mon avis,
42:28 parfois mal compris, on finit par s'y perdre.
42:32 Je veux dire, dire "un tel" est ambiguë.
42:34 Ça veut dire quoi ? C'est quoi ?
42:36 - Ça veut dire qu'il peut appeler à aller à une manifestation de lutte contre l'islamophobie,
42:40 qui est un endroit qui est truffé de personnes éventuellement un peu douteuses.
42:44 C'est ça que ça veut dire.
42:46 Ou de considérer qu'il y a des gens qui sont fréquentables, parce qu'ils ne le sont pas.
42:49 - Madame Fresos, des manifestations que j'ai faites, moi, un peu douteuses,
42:54 il y en a eu d'autres, par exemple, quand j'ai manifesté pour Mireille Knoll,
42:58 je vous assure qu'il y avait beaucoup de gens pas fréquentables dans la manifestation.
43:01 - Mais attendez, on n'est pas là pour s'envoyer la certaine langue.
43:04 Vous dites que vous ne comprenez pas.
43:06 - Est-ce que la cause était juste pour Mireille Knoll ? Elle l'était.
43:08 Est-ce qu'il est juste de manifester pour dire qu'il y a un rejet des musulmans dans notre pays,
43:12 qui fait le lit de l'extrême droite, et que c'est inadmissible ?
43:15 Oui, c'est juste.
43:16 - Le collectif contre l'islamophobie, ce sont des gens quand même un petit peu particuliers.
43:18 - Oui, mais je vous assure que parfois, dans les manifestations,
43:21 je pense à celle de Mireille Knoll, il y a des gens plus que douteux également.
43:24 - Mais il y en a partout. Simplement.
43:26 - Donc parlons de ce qui nous rassemble.
43:29 Ce qui nous rassemble, retrouvons le fil et le cœur de ce qu'est la République.
43:34 C'est Manuel Valls en particulier qui a distillé ses deux gauchers reconciliables.
43:38 Et je le voyais il y a quelques jours encore, et maintenant il est à valeur actuelle.
43:42 Il est en train d'épouser la thèse du choc de civilisation.
43:45 - Et Bernard Cazeneuve, vous le mettez dans le même camp ?
43:47 Parce que Fabien Roussel, lui, dit qu'il peut y avoir une union,
43:50 qui aille jusqu'à Bernard Cazeneuve.
43:52 - Mais moi je suis toujours pour qu'on discute.
43:55 Il faut être ouvert et être capable de discuter.
43:57 - Mais ouvert quand Madame Frauger a été élue dans la Riège
44:00 contre une candidate qui a été investie par l'ANUST,
44:02 Mathilde Panot, dès lors de l'élection, dit
44:04 "Elle ne doit pas siéger chez nous, qu'elle aille ailleurs".
44:07 Ce ne sont même pas les socialistes qui parlent, c'est Mathilde Panot.
44:10 - Mais que disent les socialistes à Madame Frauger ?
44:12 - Ils disent des choses qui sont un peu gênantes à entendre.
44:14 - Qu'est-ce qu'ils lui ont dit ? Ils lui ont dit "Nous, on est un groupe socialiste,
44:16 on est dans l'intergroupe de la NUPES,
44:18 est-ce que tu es partante pour être dans l'intergroupe de la NUPES ?"
44:21 Madame Frauger a dit non, et Madame Frauger n'est pas dans le groupe socialiste.
44:24 Ce n'est pas moi qui le dit, ce sont les socialistes.
44:26 - Il y a quelqu'un qui a fait son retour dans le groupe de LFI, c'est Adrien Quatennens.
44:30 Vous n'avez pas pris beaucoup la parole depuis mardi,
44:33 depuis le vote interne et secret de LFI,
44:37 qui a voté son retour au sein du groupe, mais pas de l'intergroupe,
44:39 si j'ai bien compris de la NUPES, ça a l'air assez compliqué,
44:41 mais c'est comme ça que ça s'est joué, je crois, c'est ça ?
44:43 Vous confirmez ? Il revient chez LFI, mais pas au sein de la NUPE.
44:45 C'est ça l'histoire ?
44:47 - Il revient dans le groupe de LFI qui est à l'intérieur de la NUPE.
44:50 Je pense que la prévention qu'avaient nos amis
44:53 avec lesquels nous nous retrouvons dans l'intergroupe chaque semaine.
44:57 D'ailleurs, je veux dire ici, parce que j'y suis chaque mardi matin,
45:03 que c'est un endroit où la NUPES fonctionne bien.
45:07 C'est important de se le dire, parce que je pense qu'il faut plus de NUPES,
45:11 mieux structurée, etc.
45:13 Être capable aussi d'avoir des collectifs locaux qui la font vivre,
45:16 mais c'est important de dire aussi les endroits où ça fonctionne.
45:19 - En l'occurrence, j'ai entendu des déclarations très très dures
45:22 au retour d'Adrien Quatennens au sein de vos partenaires de la NUPE,
45:25 chez Sandrine Rousseau par exemple.
45:27 C'est quoi votre regard à vous ? Vous avez rappelé que vous étiez féministe tout à l'heure.
45:30 Je rappelle qu'Adrien Quatennens a été condamné à 4 mois avec sursis
45:33 pour violences conjugales. Est-ce que selon vous, c'est une bonne chose
45:36 qu'il revienne parmi vous ?
45:38 - Écoutez, je ne vais pas vous chanter "Dalida", "Non je n'ai pas changé",
45:41 parce que je ne vais pas vous faire une petite chanson.
45:43 Mais le coeur hier, écoutez, je pense toujours que 4 mois, c'est très court.
45:47 C'est trop court pour qu'Adrien Quatennens puisse faire le chemin
45:51 qui conduit des faits de violences conjugales pour lesquels il a été condamné
45:54 à la réintégration dans un groupe qui porte des valeurs féministes,
45:58 où les députés ont signé une charte d'engagement,
46:01 parmi lesquelles, je relis la charte d'engagement signée par les députés
46:06 et par les élus insoumis, défendent les valeurs féministes
46:08 et combattent les violences sexuelles et sexistes partout où elles se trouvent.
46:11 Maintenant, il y a eu une décision.
46:14 Et une décision à l'Assemblée nationale, je veux le dire et le saluer,
46:17 qui s'est faite dans des conditions démocratiques.
46:20 On a fait un travail au long cours, d'ailleurs, pas simplement sur ce vote-là,
46:24 mais on avait déjà eu une discussion pour la première décision
46:28 qui était de sanctionner Adrien Quatennens en l'excluant de notre groupe pendant 4 mois.
46:33 Et ça s'est fait à l'issue d'un débat.
46:36 Et donc, quand il y a une décision démocratique, je me dois de la respecter.
46:41 Alors, il y a cette règle qui consiste à dire qu'on ne doit pas dire son vote.
46:44 - Elle sort d'où, ça ?
46:46 - Ça peut être... Ecoutez, ça se discute.
46:49 Je suis d'accord avec vous, mais voilà, c'est ce qui a été dit.
46:52 - Le vote est rarement secret.
46:55 Le vote à l'Assemblée nationale est souvent public.
46:57 - Mais c'est pas à l'Assemblée nationale, c'est dans un groupe politique.
46:59 On n'est pas obligés de le transparer.
47:00 - Juste Clémentine Autain.
47:02 On explique parfois que le vote s'est fait à bulletins secrets, précisément,
47:07 pour ne pas savoir ce qu'ont choisi les uns et les autres.
47:10 C'est pas un souci, ça, quand même ?
47:11 - Non, je pense qu'un bulletin secret, quand il s'agit d'une personne...
47:14 On fait toujours des votes à bulletins secrets quand ça touche une personne.
47:17 Même quand vous votez pour votre présidente de groupe, on l'a fait.
47:20 On l'a fait à bulletins secrets parce que ça touche une personne.
47:22 - Mais là, ça touche une personne ou un principe ?
47:24 - Les deux.
47:25 - Alors, sur le principe, qu'est-ce que vous en pensez, vous ?
47:27 - D'abord, je crois que je viens de vous répondre.
47:29 Je veux bien recommencer, mais je vous ai répondu.
47:31 - Non, mais nous, on aimerait savoir ce que vous avez, vous, en vos fores intérieures, voté,
47:36 ce qui était important pour vous, et pourquoi, pour vous, ça peut compliquer plus tard
47:40 un dialogue, un discours politique sur les violences conjugales.
47:43 - Je crois que je vous ai répondu.
47:45 - Ça va quand même être difficile de tenir ce discours-là, maintenant.
47:49 Non ? Sincèrement.
47:51 - Il faut qu'on prenne toute la complexité du sujet.
47:53 D'abord, se rendre compte que c'est une histoire qui, depuis le début, nous a énormément divisés.
47:59 Énormément divisés, et je suis frappée de voir qu'il y a eu même un clivage souvent générationnel.
48:05 Parce que ce sont, dans nos cadres militants, souvent les plus jeunes qui étaient vend-debout
48:09 et qui ne comprenaient pas, et d'autres, à l'inverse, qui disaient "mais enfin, c'est incroyable,
48:13 il y a la justice, elle est passée, si on commence comme ça, on va mettre tout le monde..."
48:17 Donc, il faut entendre qu'on a une difficulté, une difficulté et une fracture.
48:23 Donc moi, ma question, c'est comment on va résorber cette fracture, et de préférence par le haut,
48:28 c'est-à-dire certainement pas en s'assayant sur les principes féministes,
48:31 mais en essayant de convaincre et de faire avancer les choses.
48:35 Et d'ailleurs, je note que dans le communiqué de presse qui a été adopté mardi,
48:39 c'est un communiqué de presse qui dit, par exemple, moi, ça me tenait à cœur,
48:42 et je trouve que c'est vraiment une bonne chose,
48:44 que la défense d'Adrien Quatennens sur BFMTV et dans La Voix du Nord,
48:49 où au lendemain de sa condamnation, il inversait les rôles entre l'agresseur et l'agressé, ne convient pas.
48:55 Et en quatre mois, d'après ce que je comprends, c'est pas moi qui ai discuté avec Adrien Quatennens,
49:00 mais ce que je comprends, c'est que lui-même en convient.
49:03 – Évidemment, il a convenu, un, qu'il avait fait un stage, deux, que c'était pas bien,
49:06 trois, qu'il avait eu tort. C'est tout ce qu'on lui demandait pour pas être réintégré.
49:09 – Je parle aussi de BFMTV, de la façon dont il s'est exprimé à ce moment-là.
49:14 – Je suis totalement d'accord.
49:15 – Et ça, pour moi, c'est important.
49:16 Donc je réitère une proposition concrète, parce qu'une fois que je vous ai dit ça,
49:19 qu'on est fracturé, je vous ai donné mon point de vue, je dis qu'il y a une décision démocratique.
49:22 – Ah non, pas totalement.
49:23 – Écoutez, je pense que c'est assez clair.
49:24 – On n'est pas allé jusqu'au bout du vote.
49:26 – Je crois que c'est assez clair.
49:27 – On peut imaginer que vous avez voté contre.
49:28 – Vous avez voté contre, on a compris.
49:30 – Celles et ceux qui m'écoutent auront compris.
49:32 – Vous acceptez maintenant de siéger à côté d'Adrien Quatennens ?
49:34 – La question maintenant, c'est comment on fait, parce qu'il y a Adrien Quatennens,
49:37 mais avant il y a eu Tahaboif, et demain il y aura encore d'autres choses,
49:40 et il y aura des cas dans toutes nos formations de gauche, et je pense qu'on ne peut pas chacun…
49:44 – Tahaboif, pour l'instant, il est hors de…
49:46 – Oui, j'entends bien, mais c'est un épisode qui…
49:48 enfin moi je le dis d'autant plus que j'ai été impliquée.
49:50 Je pense que la façon dont les choses sont faites continue de poser des questions.
49:54 – C'est-à-dire, on va pas ouvrir le débat.
49:56 – Non, non, je ne pense pas que la façon dont on ait agi ait réglé toutes les questions que ça ouvre.
50:02 – C'est-à-dire que vous voulez que la procédure d'enquête interne soit totalement refondée ?
50:05 – Je pense qu'il faut travailler, et qu'il faut travailler à l'intérieur de la nupèce.
50:09 Je sais que les cellules, les cellules qui sont d'ailleurs toujours animées par des femmes,
50:13 évidemment parce que la parole des femmes s'adresse davantage aux femmes,
50:17 mais l'idée que c'est que les femmes qui s'occupent de ces histoires est quand même un petit problème.
50:21 Ça serait bien que tout le monde s'en occupe, et c'est pour ça que je réitère solennellement ma proposition,
50:25 qu'il y ait enfin un groupe de travail à l'intérieur de la nupèce,
50:29 dans lequel il n'y ait pas que des femmes, mais qu'il y ait aussi des hommes de premier plan,
50:32 et qu'on réfléchisse à comment on fait, comment on fait, quelle est la graduation des sanctions,
50:37 comment il peut y avoir réparation, comment un homme qui a commis de tels actes peut continuer.
50:43 Vous vous souvenez de cette phrase d'Adèle Haenel qui m'a tellement marquée,
50:46 qui disait "ce sont nos frères, ce sont nos amis, ce sont nos amants, etc., ce sont nos collègues,
50:52 ils sont avec nous". Voilà. Donc moi, mon sujet, c'est pour faire vivre ces principes féministes
50:58 auxquels je tiens et je n'ai pas changé. Nous avons besoin de la clarté dans nos discours,
51:03 mais nous avons besoin aussi de dégager les procédures qui permettent qu'à chaque cas,
51:08 on ne soit pas à ce point déboussolé, à ce point fracturé.
51:11 Clémentine Autain, il nous reste quelques minutes, j'aimerais revenir en politique sur la question du Rassemblement National.
51:17 Marine Le Pen est en ce moment sur RTL, elle évoque l'importance pour elle du moment que l'on vit,
51:23 elle vous met dos à dos avec le gouvernement sur les raisons de la colère sociale.
51:27 Est-ce que vous craignez, oui par l'obstruction que vous avez pu produire à l'Assemblée Nationale,
51:31 ce n'est pas moi qui parle, c'est elle, est-ce que vous craignez que de cette colère sociale
51:35 naisse finalement un chemin de rose pour l'arrivée au pouvoir du Rassemblement National ?
51:40 Moi, je suis une responsable politique. Donc comme je suis une responsable politique,
51:44 je dis qu'il faut impérativement à la fois mettre fin à la Macronie et en fait à ces politiques néolibérales
51:52 qu'on a depuis les années 80 et qu'on empêche l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir.
51:58 C'est notre responsabilité.
51:59 Mais est-ce que vous y prenez bien aujourd'hui ? Est-ce que vos excès ne favorisent pas aujourd'hui le Rassemblement National ?
52:05 Vous êtes sûre que c'est le problème ? Les excès de quoi ?
52:09 Je vous demande.
52:10 Je ne sais pas si on s'entend tout à fait sur ce que vous voulez dire.
52:13 La responsabilité à l'Assemblée Nationale.
52:16 Le fait qu'ils jouent les institutions et que vous, vous jouez contre les institutions,
52:21 est-ce que ce n'est pas ça un canon d'achat pour la gauche ?
52:24 Moi, je pense que ce que nous dénonçons, c'est le système institutionnel actuel
52:27 et que ça, ça peut rencontrer aujourd'hui une majorité dans le pays, cet esprit critique.
52:32 Vous n'avez jamais aucun doute sur votre stratégie ?
52:35 Si, si, mais moi, je ne suis pas en train de vous dire que notre profil est en tout point parfait.
52:39 Non, je ne vous parle pas de parfait.
52:41 Je veux dire que ça peut générer en réaction un désir d'ordre.
52:45 Je pense que, aujourd'hui, ce qui brouille le paysage et crée cette espèce d'angoisse,
52:54 qui vient aussi du Covid, qui vient de plein de choses.
52:57 On est dans un pays qui est quand même sidéré, angoissé, c'est dingue.
53:00 C'est d'abord les politiques qui ont été menées,
53:02 la responsabilité, c'est d'abord du côté de ceux qui gouvernent.
53:04 Après, je ne veux pas dédouaner de notre responsabilité.
53:07 Je pense qu'en effet, il faut avancer, réfléchir sur notre profil politique plus avant,
53:13 gagner, je le crois, en solennité, ce qui ne veut pas dire ne pas critiquer les institutions.
53:18 Et ce qui ne veut pas dire non plus…
53:20 Solennité, ça, vous le dites, c'est très important.
53:23 Ça veut dire qu'il y a une petite autocritique sur peut-être des excès que vous avez pu pratiquer.
53:27 Il y a une tension entre les deux.
53:29 Vous voyez, moi, je pense que quand on chante la marseillaise dans l'hémicycle,
53:33 mais ça peut être l'objet de discussion.
53:36 Et quand on chante les Gilets jaunes, on est là à l'Assemblée nationale, par exemple.
53:39 Ce n'est pas la marseillaise.
53:40 C'est en écho à la mobilisation.
53:42 Mais vous avez le sentiment d'avoir marqué des points dans cette lutte que vous avez menée
53:46 contre la réforme des retraites ?
53:47 Parce que dans les sondages, Marine Le Pen monte,
53:49 parce que les syndicats engrangent de plus en plus d'adhérents.
53:53 On n'a pas le sentiment que la gauche ait marqué des points ?
53:55 D'abord, c'est très lent le moment entre un mouvement social et l'effet politique.
54:01 On l'a vu toujours dans l'histoire.
54:02 Pour Marine Le Pen, ce n'est pas lent.
54:03 Non, mais ce que je veux dire, c'est que quand vous avez 68, c'est vrai que c'est long,
54:06 parce qu'on est 67, on voit tout de suite.
54:08 Mais ça germe.
54:09 Et parfois, c'est plus court. 95, 97.
54:11 Mais dans votre partage du temps, vous ne devriez pas tabler un peu plus aussi sur le point.
54:15 Voilà. Donc, moi, je suis à la fois, en effet, inquiète.
54:20 Inquiète du poids de l'extrême droite dans notre pays,
54:23 alors qu'ils ne font rien, ils ne participent pas à rien.
54:26 Ils sont contre la hausse du SMIC.
54:28 Ils sont pour toujours que l'on continue de donner plus d'argent aux plus riches.
54:32 Et ils ne font plus rien dans cette mobilisation.
54:34 Donc, c'est incroyable qu'ils puissent profiter de ce moment.
54:37 Mais j'ai confiance dans le temps long et la capacité de la NUPES,
54:41 qui est la clé pour nous conduire à la victoire.
54:43 Il y a urgence.
54:44 Et donc, j'appelle à notre responsabilité collective.
54:47 Il faut que la NUPES se consolide, se renforce en haut et en bas.
54:51 Merci Clémentine Autain, qui était l'invité de Questions politiques.
54:53 On se retrouve dimanche prochain pour un nouveau numéro.