Lundi 17 avril 2023, SMART TECH reçoit Vincent Holley (Fondateur, Geeglee)
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00:00 ...
00:05 -L'intelligence artificielle, nos nouvelles façons de travailler,
00:09 c'est le fil rouge de cette émission.
00:11 Dans "Smartech", pour en parler,
00:13 Pierre-Emmanuel Dumouchel, président-directeur général
00:17 d'Eudesia, Laurent Servony, professeur référent
00:19 en intelligence artificielle du MBA de Devinci,
00:22 exécutive éducation,
00:24 et Vincent Oley, fondateur de Gigli.
00:29 Tous les trois, on parle de ce sujet,
00:31 des nouvelles intelligences logicielles
00:34 qui viennent bousculer nos métiers, l'emploi.
00:37 On ne parle pas forcément que d'intelligence artificielle.
00:40 Vincent Oley, vous êtes le patron de Gigli,
00:43 société éditrice de logiciels d'aide à la décision,
00:46 d'aide à la conception pour les ingénieurs.
00:48 C'est basé sur la thèse de votre doctorat,
00:52 qui a démontré la capacité à anticiper les risques
00:55 de conception très tôt dans le processus.
00:58 Vous nous dites que ça ne passe pas forcément par de l'IA.
01:01 Exactement. C'est notre fer de lance.
01:05 Rappelons-nous que les plus grandes industries
01:07 ont bâti leur leadership et leur succès sur les hommes,
01:11 sur le savoir-faire des hommes.
01:13 Ce qu'on a fait, suite à ma thèse,
01:15 c'est développer un logiciel
01:17 pour faire de l'intelligence humaine augmentée,
01:19 automatiser le savoir-faire des hommes
01:22 et pas l'utiliser de l'IA.
01:23 De manière très concrète,
01:25 on apporte la solution qui a sauvé Apollo 13.
01:29 Mettre les meilleurs ingénieurs autour de la table,
01:34 leur mettre au milieu de la table tout l'équipement
01:37 et leur demander de trouver la meilleure solution
01:39 pour entrer dans un rond en moins de deux heures.
01:42 On met les meilleures expertises d'une entreprise autour de la table,
01:46 on capitalise leur logique de pensée.
01:48 Si vous analysez les coûts d'un produit,
01:52 ça va être de dire qu'ils se divisent en une partie d'investissement,
01:56 qui va s'amortir sur un nombre d'unités
01:59 et sur un coût de fabrication.
02:01 On saisit une quantité de données
02:05 aujourd'hui disponibles au sein de l'entreprise
02:08 qui permet de prendre des décisions. C'est du logiciel expert ?
02:11 Ça reviendrait à faire du logiciel expert.
02:15 On va demander à des ingénieurs d'expliquer en langage naturel
02:18 toutes les petites règles qu'ils auront en tête.
02:21 Ça va reconstruire l'arborescence complexe.
02:23 On est un peu perdu face à cette complexité.
02:26 Là, on utilise un logiciel, la puissance des ordinateurs,
02:29 pour reproduire ces petites règles,
02:32 et être capable d'explorer tous les scénarios.
02:34 Pourquoi passer à côté de la révolution IA ?
02:39 C'est une très bonne question. Merci de la poser.
02:42 On ne passe pas à côté de la révolution IA.
02:44 Le constat qu'on a fait avec certains de nos clients,
02:47 c'est que l'IA, lorsqu'il a besoin d'optimiser un drone,
02:50 pour être très concret, il va redémontrer la gravité terrestre.
02:54 Pour redémontrer la gravité terrestre,
02:57 il va avoir besoin de plus de données.
02:59 On est complémentaires à cette chaîne de valeur de l'IA.
03:02 On apporte à l'IA la capacité de dire
03:04 que tout ce que l'homme sait expliquer,
03:06 on va coupler l'IA pour apprendre sur des aspects plus petits
03:09 les choses essentielles, complexes, que l'homme ne sait pas expliquer.
03:12 Vous n'avez pas besoin de brasser un volume de données
03:16 aussi important que pour entraîner
03:19 des intelligences artificielles. C'est ça, la différence ?
03:22 C'est exactement ça. On nous appelle le "no data analysis".
03:25 On n'a pas besoin de données, on a juste besoin d'écrire les règles
03:28 comme on ferait dans un fichier Excel.
03:30 Aucune donnée, quasiment rien.
03:32 Par exemple, lorsqu'on va marier des cellules de batterie
03:35 pour faire des packs batterie, on va demander aux ingénieurs
03:38 de dire comment on calcule un nombre de cellules en série ou en parallèle.
03:41 Les seules données dont on a besoin,
03:43 c'est les caractéristiques techniques d'une cellule de batterie.
03:46 Comment ça vient modifier la manière de travailler des ingénieurs ?
03:51 Ça change la manière de travailler des ingénieurs
03:54 parce qu'on leur offre la capacité,
03:56 d'étudier beaucoup plus de solutions
03:58 que ce qu'ils ont l'habitude de faire avec des outils non informatiques.
04:02 Avec Excel, on ne gère pas la combinatoire.
04:05 On leur donne la capacité de tester toutes les idées qu'ils veulent
04:08 et de tous les scénarios opérationnels,
04:10 y compris les incertitudes possibles sur un projet
04:13 et du dossier qu'il y a dans le monde.
04:15 Il y a un responsable de ce logiciel
04:19 qui va présenter toutes les options possibles aux ingénieurs
04:22 ou c'est chaque ingénieur qui a sur son ordinateur ce type de logiciel ?
04:26 Le logiciel est découpé en deux. C'est fondamental.
04:29 On veut que chacun puisse mettre et gérer son savoir-faire.
04:33 On ne veut pas un outil où le savoir-faire de tout le monde
04:36 va être partagé et tout le monde va se sentir dépossédé.
04:39 Les ingénieurs ont un logiciel sur leur ordinateur
04:41 et un autre, le "Gigli Intelligence",
04:44 qui permet de prendre des décisions collaboratives
04:46 avec le résultat de ce savoir-faire et pas en lui-même.
04:49 D'accord. On peut vraiment s'approprier son logiciel
04:53 en faire son assistant ?
04:54 Exactement. C'est ça, le but.
04:56 Chacun a sa propre logique qui est pertinente
04:59 et on fait juste marier les logiques entre elles
05:01 pour voir les points de convergence et de divergence.
05:03 Comment on apprend à travailler comme ça avec un nouvel assistant ?
05:06 Il y a un petit travail à faire, un petit effort,
05:09 parce qu'il faut réussir à expliciter son savoir-faire dans un outil.
05:13 On a beaucoup développé l'outil depuis 6 ans qu'on existe.
05:16 C'est devenu très simple. En moins d'une journée,
05:18 tout le monde sait se servir des 2 outils.
05:20 On saisit quoi comme information ?
05:22 L'exemple typique, c'est le coup de possession.
05:24 C'est un coup de CAPEX plus un coup d'OPEX.
05:26 En langage naturel, tel que je l'ai dit,
05:28 avec des espaces, on ne s'en sert à rien avec un Excel.
05:30 Le logiciel va automatiquement enrichir son moteur sémantique,
05:33 apprendre, et lorsqu'on va lui demander de dire "j'ai besoin d'un coup",
05:36 il va dire "je connais tous ces coups-là, est-ce qu'il y en a un qui t'intéresse ?"
05:38 Il y a un modèle de compréhension du langage naturel.
05:42 On a hérité de tous les projets qu'on a fait en interne
05:44 pour être capable de détecter s'il y avait des erreurs dans le raisonnement.
05:48 L'algorithme va construire le raisonnement et l'analyser.
05:50 Il va aussi être capable de nous challenger
05:53 pour être assuré que le modèle qu'on lui propose est le plus pertinent.
05:56 Il fonctionne en français ou en anglais ?
05:57 Il fonctionne dans toutes les langues puisqu'il va automatiquement s'enrichir.
06:01 Il fonctionne très bien en français.
06:03 Vous appuyez sur quel modèle de langage ?
06:05 C'est le langage naturel.
06:07 Non, mais derrière, sur quel modèle de langage ?
06:10 On a développé nos propres algorithmes.
06:12 On avait testé pas mal de choses sur les tricroisés de Monte-Carlo,
06:15 les réseaux bayésiens et même de l'intelligence artificielle.
06:18 On s'est rendu compte que ça ne fonctionnait pas.
06:20 On a développé nos propres algorithmes
06:22 qui permettent de reproduire une manière complètement explicite
06:25 la logique que l'homme va lui entrer en langage naturel.
06:28 Vous êtes ce qu'on peut appeler une start-up de l'IA ?
06:32 Oui, si vous voulez.
06:33 Vous faites partie de la cartographie du FranceIA ?
06:36 Je ne sais pas si on fait partie de la cartographie du...
06:38 Non, je ne crois pas qu'on en fasse partie exactement.
06:40 La raison est simple, c'est que nous, on est dans le très concret réel.
06:43 La voiture dans laquelle vous roulez a probablement été partiellement conçue
06:47 par Gigli, déjà aujourd'hui.
06:49 Et puis aujourd'hui, beaucoup de nos clients
06:51 qui font de la réponse à l'appel d'offres avec nos technologies,
06:54 ne souhaitent pas parler des activités qu'ils ont avec nous.
06:56 J'en parlais la semaine dernière avec un de nos clients
06:59 qui m'a très justement dit
07:00 "On ne veut pas dire qu'on travaille avec vous
07:02 "parce que vous êtes un avantage stratégique pour nous
07:04 "et on ne veut absolument pas que nos concurrents
07:05 "viennent jouer sur le même terrain que nous."
07:07 En même temps, quand vous en parlez à la télévision
07:09 ou vous diffusez des communications,
07:12 ça peut intéresser d'autres secteurs, d'autres entreprises
07:16 que celles avec lesquelles vous travaillez.
07:19 C'est cet avantage concurrentiel. Aujourd'hui, tout le monde peut y accéder.
07:23 Tout le monde peut y accéder, bien sûr.
07:24 Et puis moi, je suis même prêt à offrir à tous les gens
07:26 qui me contacteront aujourd'hui une licence gratuite
07:28 pour qu'ils puissent jouer, bien évidemment.
07:29 Mais mes clients souvent gardent ça sous le coude en disant...
07:33 Vous l'entendez, ça, cette difficulté à reconnaître aujourd'hui
07:36 qu'on travaille avec des outils d'intelligence artificielle
07:40 ou en tout cas augmentés ?
07:42 Ça dépend des domaines.
07:43 C'est vrai que nous, on est dans un domaine un peu similaire,
07:46 côté des SIA, et en fait, nous, on aide
07:49 sur des aspects un peu plus de design, sur la partie industrielle.
07:52 Et en fait, on propose aux ingénieurs
07:56 ce qu'on appelle une plateforme qui permet d'écrire leur savoir,
07:59 alors nous, non pas en langage humain, mais plutôt en Python.
08:02 Donc on est sur les approches low-code.
08:05 Et donc, en fait, on permet à ces ingénieurs
08:06 de venir écrire la manière dont ils vont dessiner, par exemple,
08:09 un réseau de refroidissement et de câblage.
08:12 Et donc, le premier ingénieur, il va expliquer, entre guillemets,
08:15 la manière dont il résonne,
08:16 et ensuite, il va stocker cela dans un bot,
08:19 et le bot sera capable de réexécuter, d'activer ce savoir-là
08:22 et de venir l'automatiser sur des sujets quelconques.
08:24 La question, c'était, est-ce qu'on a du mal à reconnaître
08:27 qu'on utilise ces outils ?
08:28 - Ça dépend des domaines. - Qui viennent nous aider.
08:30 Nous, on n'a pas trop de domaines,
08:32 donc on n'a pas trop de problèmes à reconnaître
08:33 que l'on travaille avec des SIA.
08:35 Par contre, précisément, en fait, ce que l'on apporte comme valeur
08:39 et qu'est-ce qu'on aide à automatiser,
08:41 là, par contre, il n'y a pas plus de confidentialité.
08:43 Et alors, vous m'avez cité l'exemple de l'automobile.
08:46 Vous travaillez pour le secteur automobile, j'imagine.
08:49 Oui.
08:50 Est-ce qu'il y en a d'autres qui sont très avancés
08:51 dans l'utilisation de ces outils ?
08:53 Oui, alors le lanceur réutilisable européen, Temis, par exemple,
08:56 on était en retard, on ne va pas se le cacher,
08:58 donc ils ont décidé d'accélérer,
08:59 donc ça fait trois ans qu'ils utilisent notre technologie.
09:01 Donc l'aérospatial, beaucoup, énormément l'énergie,
09:03 toutes les problématiques et le challenge qu'on voit aujourd'hui.
09:06 La défense, bien évidemment, un peu le médical,
09:08 tout ce qui est industrie manufacturière.
09:10 Aujourd'hui, l'aéronautique également,
09:13 travaille beaucoup avec nous.
09:14 On fait les trains autonomes du futur aussi,
09:17 dans lesquels vous roulerez d'ici quelques années.
09:18 Peut-être, j'espère.
09:20 Ils sont développés avec ces technologies-là.
09:22 Et ça veut dire que vous travaillez aussi en amont
09:23 avec les écoles qui forment les ingénieurs ?
09:26 Oui, tout à fait. Alors, effectivement,
09:27 je fais des cours à Centrale et à SupAéro
09:29 pour former les nouvelles générations
09:30 à ces nouveaux outils
09:32 qui leur permettent d'aller plus vite et plus efficacement
09:34 et surtout de gérer toute la complexité
09:36 dans le monde dans lequel on vit.
09:38 Oui, puisque l'enjeu, c'est la formation dès le départ,
09:40 pouvoir arriver dans le monde professionnel
09:43 en connaissant déjà l'existence de ces outils
09:45 et en apprenant à travailler à deux, finalement.
09:49 Tout à fait.
09:50 Donc, en tant que...
09:52 Vous m'avez cité en tant que professeur référent
09:54 du MBA Intelligence Artificielle,
09:56 donc j'interviens à la fois sur un MBA
09:58 qui forme à l'intelligence artificielle
10:00 donc des professionnels qui cherchent
10:02 à se reconvertir dans l'IA.
10:05 Et puis, j'interviens aussi dans un centre de recherche
10:07 dans une société qui s'appelle Talents,
10:09 où je dirige le centre de recherche.
10:10 Et effectivement, on combine...
10:12 La formation, c'est ce qui est essentiel.
10:13 D'ailleurs, on le voit dans le plan de la stratégie nationale
10:16 à l'intelligence artificielle.
10:17 C'est un volet important de cette stratégie
10:20 parce qu'en fait, quand on n'est pas formé,
10:23 ça crée des craintes ou des enthousiasmes démesurés
10:26 sur ce que peut être l'IA.
10:27 Donc effectivement, un des points importants,
10:29 c'est d'abord comprendre l'intelligence artificielle,
10:31 les fondements des outils qui existent.
10:34 On a beaucoup parlé effectivement ces derniers temps
10:37 de chat GPT, de Open AI,
10:39 mais d'autres outils d'intelligence artificielle.
10:41 Quand on ne comprend pas comment ça marche,
10:42 soit on en a peur et on se dit qu'on va perdre son emploi,
10:46 soit on lui prête des capacités qu'il n'a pas.
10:50 Et puis ensuite, c'est effectivement la formation.
10:52 Donc dans le cadre du MBA,
10:54 on forme depuis maintenant quatre ans
10:56 des gens qui cherchent à acquérir des compétences
10:58 en intelligence artificielle.
10:59 Ce sont des profits d'issue de tout métier
11:03 et de toute catégorie.
11:05 C'est-à-dire qu'on peut avoir des directeurs du marketing
11:07 qui se disent "Tiens, il faut que je comprenne ce qu'est l'IA",
11:09 des chefs de projet dans le domaine de la santé,
11:12 ça peut être dans le domaine de l'automobile,
11:14 on en a eu pas mal dans le domaine de l'automobile,
11:16 donc qui cherchent à trouver un nouvel élan dans leur emploi
11:20 parce que de manière évidente, l'IA est partout.
11:23 Aujourd'hui, elle est dans tous les outils.
11:25 Quand on prend son smartphone pour faire une photo,
11:27 il y a des dizaines d'algorithmes d'IA
11:29 qui sont utilisés.
11:30 Dans tous les métiers, il n'y a plus d'exception, je crois.
11:33 On va continuer cette discussion ensemble
11:35 sur la révolution de l'IA sur l'emploi et les métiers.
11:38 Vous restez avec nous, Vincent Aulet, de Geekly, donc, vous dites.
11:42 Merci beaucoup de nous avoir présenté votre outil.
11:44 C'est l'heure de notre Tech Talk.