Mais dans quelle galère s'est embarqué Tuchel ?

  • l’année dernière
2 défaites en 5 matches, embrouille Mané - Sané, un triplé envolé : arrivé à la surprise générale en mars dernier, Thomas Tuchel enchaine les galères avec le Bayern Munich. Avant d'affronter Manchester City en quart de finale retour de Ligue des champions, zoom sur tout ce qu'il ne va pas en Bavière avec David Lortholary dans Tour d'Europe, à retrouver en podcast. (Real : H.Hiault / Q.Guichard)

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Transcript
00:00 On va parler de Thomas Tourrelle parce que c'est inévitable.
00:02 Depuis qu'il est arrivé, il n'y a eu que deux petites victoires et deux défaites,
00:06 dont une spectaculaire face à Manchester City.
00:09 On a vu les stigmates de cette défaite aussi sur le visage de le Roi Sane
00:14 ce week-end, puisqu'il y a eu l'altercation avec Sadio Mane.
00:18 J'ai envie de te poser une question très directe.
00:21 Dans quel traquenard est tombé Thomas Tourrelle ?
00:24 Oui, alors c'est vrai que vu des supporters, vu des suiveurs,
00:29 il y a beaucoup de moqueries parce qu'on change un entraîneur
00:32 et on s'aperçoit que ce n'était pas si mal avec le précédent
00:34 et que peut-être les soucis dépassent largement les compétences
00:38 du technicien, de l'entraîneur.
00:40 De toute façon, des gens comme Nagelsmann, comme Tourrelle,
00:42 comme les autres entraîneurs allemands que tout le monde connaît,
00:45 ne sont pas tellement à remettre en question.
00:47 Et on s'aperçoit en fait, Cyril, qu'on est vite dépassé par le simple sportif
00:52 et que les structures même du club sont en train, au moyen de vraiment changer,
00:57 de vraiment bouger et que ce n'est pas si facile de remplacer humainement
01:01 sur le management, sur le recrutement, sur l'impact qu'on peut avoir d'homme à homme
01:06 des gens comme Karl-Heinz Rummenigge, comme Uli Hoeneß.
01:10 Ça paraît bête, mais il y a un vrai challenge, un vrai défi
01:14 pour des gens comme Salihamidzic, comme Tourrelle bien sûr maintenant.
01:17 Oliver Kahn aussi.
01:19 Oui, Oliver Kahn bien sûr, qui ont des déclarations un peu surprenantes
01:25 par rapport à un club comme ça, qui a toujours été sûr de lui,
01:28 qui a toujours été le leader, le leader d'opinion,
01:31 le leader pour envoyer des messages forts.
01:34 Et aujourd'hui, on a la sensation que toute cette communication,
01:37 parce que c'est important aussi la communication dans le football,
01:41 elle n'est pas très claire, elle n'est pas très impactante, Cyril.
01:44 Alors, est-ce que la dispute et en tout cas le coup porté par Sadio Mané
01:50 à Leroy Sané et pas le symbole que finalement
01:55 tout ne tourne pas très rond en interne,
01:57 que même les joueurs ont un peu du mal à se positionner vis-à-vis de ça,
01:59 que le club vit mal tout simplement et que le pari qui avait été pris
02:03 par Kahn et Salihamidzic, c'est-à-dire virer Nagelsmann
02:07 pour garder des chances de tripler et attirer Thomas Tourrelle,
02:10 est en train de devenir un piège qui se referme sur le Bayern finalement.
02:15 Élimination en coupe contre Fribourg en ayant eu les armes pour gagner ce match.
02:20 Mais bon, ça peut arriver face à un adversaire robuste, pénible.
02:23 OK, mais c'est déjà une première tâche sur le mandat très récent encore de Thomas Tourrelle.
02:28 En championnat, on n'a pas d'avance du tout contre le Borussia Dortmund.
02:32 Alors oui, un petit point ou deux, mais on s'aperçoit que le Bayern
02:35 est à la merci de son adversaire et ça peut durer encore sur les quelques journées qui restent.
02:39 Donc ça, c'est mauvais signe quand même.
02:41 Et puis en Ligue des Champions, un défi énorme à remonter
02:44 avec les trois buts encaissés en Angleterre.
02:47 Oui, la sensation, en fait, c'est assez universel comme sentiment
02:53 que ce qu'on appelle en Allemagne "die Führungs", le domaine de domination,
02:59 le domaine de direction, s'est effiloché.
03:01 Qu'il n'y a personne, que ce soit sur le terrain, que ce soit sur le banc,
03:05 que ce soit dans la direction du club, pour vraiment imposer ce qu'on disait à l'instant sur le discours,
03:10 imposer quelque chose de fort, imposer un message fort qui ruisselle sur tout le monde.
03:15 Aujourd'hui, on n'a pas un capitaine fort, on n'a pas un entraîneur qui a pu encore s'imposer
03:20 parce que Thomas Tourelle s'est montré très laudatif, très positif au début.
03:24 Ça a surpris d'ailleurs parce que l'équipe n'était pas irréprochable.
03:27 Et puis, les dirigeants ont du mal à communiquer aussi.
03:30 Allez, un exemple très vite, Oliver Kahn sur le dernier match
03:33 pour faire passer son message, a envoyé un tweet.
03:37 Alors oui, c'est moderne, mais au Bayern, on ne marche pas comme ça.
03:40 On vient en conférence de presse, on s'impose, on roule un peu des mécaniques
03:44 et on dit "ben voilà, ça n'a pas été, il faut changer des choses".
03:46 Et Oliver Kahn est passé par un canal de communication moderne,
03:49 ça ne ressemble pas au Bayern et on a l'impression que la direction,
03:52 aujourd'hui, n'est pas claire, n'est pas forte.
03:54 Et ça se ressent, Cyril, effectivement, sur le terrain.
03:57 Pour Tourelle, ça veut dire que le travail, il est vis-à-vis de ses dirigeants
03:59 et il est vis-à-vis de ses joueurs. Ça fait un double défi.
04:01 La mission, elle est d'ampleur.
04:03 Est-ce qu'il faut s'attendre à quoi dans les semaines qui viennent ?
04:06 Alors, il y a ce match au retour face à Manchester City, avec ce 3-0 à l'aller
04:10 et cette équipe de City, il peut toujours se passer beaucoup de choses dans le football,
04:13 mais c'est vrai qu'on voit mal City s'écrouler.
04:16 Pep Guardiola a quand même dit cet éclat.
04:18 Le Bayern n'est plus dangereux dans cet état-là.
04:20 Parfois, il faut du conflit pour que cette équipe avance ensemble.
04:22 Je connais bien ce club.
04:23 Est-ce que tu es d'accord avec cette analyse-là ou pas du tout
04:25 et tu ne crois pas à un réveil magique du Bayern mercredi ?
04:30 Alors oui, il a raison dans le sens "il faut du conflit"
04:32 parce que l'histoire nous l'a montré.
04:34 Il y a eu des gifles, il y a eu des gueulantes,
04:37 il y a eu des mots forts, il y a eu des punchlines.
04:40 Oui, c'est comme ça que le Bayern se nourrit aussi parfois.
04:43 Mais aujourd'hui, très clairement, soyons concrets,
04:45 les deux leaders sur le terrain, Matthijs De Liert, Benjamin Pavard,
04:49 sont les deux seuls qui sont aujourd'hui au niveau de ce qu'on attend des joueurs du Bayern.
04:53 Devant, ça tricote fébrilement et il n'y a pas de but.
04:56 On ne s'entend pas forcément et on commence à s'agacer.
04:59 Sadio Mane n'a pas encore trouvé sa place,
05:01 il n'a pas encore retrouvé son meilleur niveau sportif.
05:04 On a l'impression que même si tout rôle installe une équipe, une structure claire,
05:09 les joueurs n'ont pas les moyens aujourd'hui pour...
05:13 Oui, je reviens sur ce mot d'impact,
05:14 pour marquer les buts, pour concrétiser les occasions,
05:17 pour avoir des idées quand c'est un peu compliqué.
05:19 Et oui, il faut peut-être retrouver du conflit.
05:23 On en a, il y a eu des disputes.
05:25 Nagelsmann ne s'entendait pas avec tout le monde.
05:28 On a peut-être surestimé aussi sa capacité à créer des conflits à lui.
05:33 Peut-être que le jugement par rapport à Nagelsmann est pour l'instant raté,
05:37 que c'est une erreur de casting de l'avoir dégagé.
05:39 On en saura plus dans quelques semaines.
05:42 Pour le championnat, ça va peut-être passer.
05:44 Pour la Ligue des champions, il faudrait vraiment un concours de circonstances, Cyril.
05:48 L'expulsion d'un défenseur de Manchester,
05:51 un Sané ou un Gnabry qui réussit sur sa première offensive et derrière ça s'enchaîne.
05:57 Oui, on peut espérer.
05:58 Mais globalement, aujourd'hui, les supporters sont déjà,
06:00 disons-le, passés à la saison prochaine.
06:02 [Réussi]
06:04 *Bruit de casque qui se casse*

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