Emmanuel Macron "doit être le seul en France avec quelques conseillers à croire que cette intervention, comme celle qu'il avait faite il y a quelques jours au 13 h, va servir à quelque chose" critique Jean-Philippe Tanguy. "Il n'a répondu à rien, il a ignoré la colère" des Français et "n'a tenu aucun compte de ce qui s'est passé depuis le début de cette réforme des retraites", estime le député RN. "Il est égal à lui-même." "C'est le mode fonctionnement, le mode de gouvernement de Monsieur Macron depuis six ans et il aura fallu sans doute six ans pour qu'une très large majorité des Français se rende compte de sa personnalité telle que Marine Le Pen l'avait pourtant très bien décrit dès le débat de 2017."
Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien
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00:00 Oui, avec Léa Salamé, nous recevons ce matin dans le Grand Entretien le député RN de la Somme,
00:05 président délégué du groupe RN à l'Assemblée Nationale.
00:10 Question/réaction au 01.45.24.7000 et sur l'application de France Inter.
00:16 Jean-Philippe Tanguy, bonjour.
00:18 Bonjour.
00:18 Et bienvenue à ce micro.
00:20 Emmanuel Macron s'est donc exprimé hier soir à la télévision pendant 13 minutes
00:25 pour tenter de clore le sujet de la réforme des retraites,
00:27 estimant que la loi avait été promulguée et qu'elle s'appliquerait à partir de septembre.
00:33 Une réforme nécessaire selon le président, qui a regretté qu'elle n'ait visiblement pas été acceptée,
00:39 mais qui entend la colère des Français.
00:42 Cette intervention selon vous est-elle de nature à apaiser les choses et désormais à tourner la page ?
00:50 Non, absolument pas.
00:51 Il doit être le seul en France, peut-être avec quelques conseillers,
00:54 à croire que cette intervention, comme celle qu'il avait faite il y a quelques jours aux 13h,
00:58 va servir à quelque chose.
00:59 Il n'a répondu à rien, il a ignoré la colère que vous mentionnez,
01:03 et il n'a tenu aucun compte de ce qui s'est passé depuis le début de cette réforme des retraites.
01:07 Mais il est égal à lui-même.
01:08 C'est-à-dire que c'est le mode de fonctionnement, le mode de gouvernement de M. Macron depuis six ans.
01:14 Et il aura fallu sans doute six ans pour qu'une très large majorité de Français
01:17 se rendent compte de sa personnalité telle que Marine Le Pen l'avait pourtant très bien décrite
01:21 dès le débat de 2017.
01:23 Oui, dès le débat de 2017 et ensuite en 2022, il a été réélu.
01:27 Ça ne vous a pas échappé ?
01:28 Oui, c'est effectivement très étrange à quel point le processus démocratique
01:33 pour combattre un ennemi imaginaire et fantasmé qui serait le RN,
01:38 a laissé rentrer à l'Élysée une personnalité qui aura durablement affaibli notre démocratie
01:43 jusqu'au Conseil constitutionnel.
01:44 On va y venir à l'ennemi imaginaire et fantasmé.
01:48 Mais d'abord, revenons sur Emmanuel Macron.
01:50 Hier, il se donne 100 jours pour lancer plusieurs chantiers, un meilleur pacte social au travail,
01:54 trouver un médecin traitant aux 600 000 Français qui n'en ont pas,
01:57 désengorger les urgences d'ici un an et demi, réformer le lycée professionnel.
02:01 Ces chantiers vont-ils au moins dans le bon sens ?
02:02 Et quand il dit on se retrouve dans 100 jours le 14 juillet pour faire un point d'état,
02:08 est-ce que ça ne va pas dans le bon sens ?
02:10 Et toute petite réforme qui permet d'améliorer le quotidien des Français
02:15 qu'Emmanuel Macron a abîmés pendant six ans est bon à prendre.
02:17 Moi, s'il y a plus de médecins sur le terrain, qu'ils ont plus de temps médical,
02:20 s'il y a plus de soignants, d'infirmières, d'aides-soignants
02:23 qui ont du temps médical pour nos compatriotes, moi j'en suis ravi.
02:26 On n'est pas dans la politique du pire,
02:28 mais ce n'est pas du tout à la mesure des défis qu'affronte le pays,
02:31 en particulier sur le pouvoir d'achat.
02:33 J'ajoute que choisir systématiquement les 100 jours,
02:36 c'est une référence historique qui est étrange.
02:38 Je rappelle quand même, parce que tout le monde sait,
02:40 que les 100 jours ont fini en débâcle.
02:42 Donc ça fait plusieurs fois, ça me rappelle M. de Villepin qui avait fait pareil,
02:45 et c'était une débâcle.
02:47 C'est une drôle de référence historique puisque ça va mal finir.
02:50 Il aurait dû dire quoi en fait ?
02:51 Vous dites qu'il n'était pas à la hauteur,
02:53 il était insensible et n'a pas écouté la couleur des Français.
02:57 Très bien, mais vous auriez espéré quoi ?
02:59 Au bout de trois mois, qu'il retire sa réforme, sérieusement ?
03:02 Sincèrement, s'il avait tenu la plume de ce discours,
03:05 s'il m'avait demandé mon avis,
03:07 j'aurais conseillé ce qu'a conseillé Marine Le Pen encore dimanche.
03:11 Dans la Ve République, il y a trois façons de s'en sortir.
03:13 Il y a la dissolution, qui est une arme que De Gaulle a lui-même choisie en 1968.
03:20 Il y a le référendum, qui est quand même le pilier de la Ve République,
03:24 qui compense le pouvoir exorbitant donné au président de la République.
03:27 Et il y a la démission.
03:28 Voilà, ces trois solutions ont été choisies successivement par De Gaulle en 1968 pour régler la crise.
03:35 Il a choisi de les ignorer.
03:36 Et le deuxième grand chantier qu'il aurait dû engager,
03:39 c'est évidemment celui des salaires pour lutter contre l'inflation.
03:42 Il a donné son chiant, il a dit qu'il recevra les syndicats et le patronat pour parler des salaires.
03:48 C'est très sympathique, mais ça, ça fait plus d'un an qu'il le dit.
03:51 Il a laissé le marché faire, il a laissé les entreprises faire.
03:53 La hausse moyenne des salaires est entre 2 et 3 %,
03:56 l'inflation est entre 5 et 6, l'inflation alimentaire plutôt entre 15 et 25 %,
04:01 donc ça ne suit pas du tout.
04:02 Et je trouve, collectivement, parce que moi je ne donne leçon à personne,
04:04 qu'on sous-estime la gravité de la crise sociale quand l'alimentation va augmenter sur 18 mois de 25 %.
04:10 Je pense que M. Macron et beaucoup de gens, y compris parfois de bonne foi,
04:13 tellement ils sont objectivement déconnectés des réalités par la vie qu'ils ont la chance de mener,
04:18 ne se rendent pas compte de la gravité de la crise sociale
04:20 que va représenter la hausse de l'alimentation et des produits de première nécessité
04:24 dans le budget de plus de la moitié des Français.
04:26 - Jean-Philippe Tanguy, les syndicats ont critiqué cette intervention.
04:29 La CFDT demande un délai de décence avant de retourner discuter d'autre chose
04:34 que des retraites avec l'exécutif.
04:35 Pas de rencontre avant le 1er mai en tout cas, a bien fait savoir Laurent Berger.
04:40 Vous comprenez les syndicats ?
04:42 - Oui, à un moment, on ne peut pas se faire humilier sans réagir.
04:45 Moi je trouve que les syndicats sont vraiment, et je le dis d'autant plus qu'ils ne nous ont jamais soutenus,
04:50 parfaitement dignes dans cette affaire.
04:51 Ils n'ont jamais encouragé les violences, ils ont canalisé, maîtrisé le mouvement social
04:56 pour qu'il soit positif, pour qu'il rassemble les Français,
04:59 qu'il représente les attentes de nos compatriotes sur le sujet social.
05:03 Et jusqu'à présent, ils se comportent parfaitement, dignement.
05:06 Donc je n'ai aucune critique à formuler contre les choix des syndicats depuis quelques mois.
05:11 - Vous serez où au RN le 1er mai prochain ?
05:14 Laurent Berger appelle à casser la baraque et à avoir un maximum de monde dans les rues.
05:18 Vous, vous serez où devant Jeanne d'Arc ?
05:20 - Le 1er mai, on aurait pu être à Jeanne d'Arc.
05:22 Je pense que c'est une force morale qui inspire encore beaucoup de Français,
05:25 y compris dans la lutte sociale.
05:27 Sous la République, c'est une figure qui est imposée.
05:29 - Et alors vous serez où ?
05:30 - Nous, on sera, comme d'habitude, on fera une fête populaire au Havre.
05:33 Et donc il y aura une prise de parole de Jordan Bardella et de Marine Le Pen,
05:37 j'imagine, sur ce sujet.
05:38 - Et vous appelez aussi à des manifestations d'ampleur, comme les syndicats ?
05:42 - Moi, j'ai toujours appelé ceux qui nous soutenaient, qui avaient envie,
05:45 qui ressentaient le besoin de s'exprimer, d'aller manifester.
05:51 Mon suppléant, par exemple, qui a été président d'un syndicat salarié
05:54 pendant 20 ans dans la Somme et les Hauts-de-France,
05:56 a toujours été aux manifestations à Amiens et Beauvais.
05:59 Donc je n'ai pas compris cette critique du positionnement
06:02 du Rassemblement National sur les manifestations,
06:04 parce que nous avons toujours séparé l'action politique de l'action syndicale.
06:06 Mais jamais nous n'avons contesté le fait que les employés, les salariés,
06:10 les Français qui se sentaient le besoin d'aller manifester,
06:13 puissent le faire, en plus dans de bonnes conditions, essentiellement.
06:15 - Il y a d'autres critiques sur le Rassemblement National, Nicolas.
06:18 - Oui, pour ce qui vous concerne, le Rassemblement National,
06:20 quel bilan tirez-vous des trois mois que nous venons de vivre ?
06:25 Rappelons que les 88 députés RN, très présents en séance,
06:30 n'ont mobilisé que 9% du temps de parole sur les retraites.
06:34 C'est autant que les 22 communistes, les 31 socialistes, moins que les 61 LR.
06:39 Vous avez déposé 212 amendements, c'est moins que les Renaissance, moins que les LR.
06:45 Quel a été votre rôle, maintenant que vous pouvez regarder dans le rétroviseur,
06:49 votre rôle de premier parti d'opposition à l'Assemblée Nationale sur les retraites ?
06:53 - Mais nous avons fait techniquement ce qui nous semblait le plus efficace pour bloquer la réforme.
06:58 Par définition, quand vous avez un temps limité d'observation, de discussion du texte,
07:02 si vous voulez arriver à l'article 7 et les articles ensuite,
07:06 qui étaient les plus importants pour la réforme de retraite,
07:07 décalage de l'âge de 62 à 64 ans, accélération de Touraine, l'arnaque des 1200 euros,
07:13 dont on en avait déjà parlé ensemble d'ailleurs début janvier, il fallait arriver au texte.
07:17 Si vous déposez énormément d'amendements, si vous monopolisez la parole pour brailler,
07:20 raconter n'importe quoi, vous n'arrivez pas au texte.
07:23 Or, ce qu'a prouvé la discussion parlementaire, c'est ce qu'on a toujours dit.
07:27 Et d'ailleurs, je l'avais dit à votre micro en janvier,
07:30 le but du RN est d'affaiblir, mot pour mot, la coalition En Marche LR.
07:35 De pousser les députés LR à ne pas voter cette réforme.
07:38 Or, on sait maintenant que... - C'était votre but ? C'était de tuer LR ?
07:41 - Non, pas de tuer LR, mais de les empêcher de voter avec Renaissance et avec la Macronie.
07:46 C'est exactement ce que j'ai dit sur votre antenne début janvier.
07:48 Or, à la fin, on sait maintenant que les LR n'auraient pas voté l'article 7
07:51 et donc cette réforme serait morte.
07:53 - Donc votre victoire, c'est d'affaiblir les LR ?
07:56 - Non, notre victoire, malheureusement, on n'a pas pu gagner.
07:58 - Le texte passe, mais les LR sont affaiblis ?
08:00 - Malheureusement, on n'a pas pu arriver à cette victoire commune d'intérêt général,
08:06 puisque la NUPES a choisi de perdre le temps nécessaire à bloquer cette loi
08:10 et n'a pas voulu qu'on bloque l'article 7 et les autres articles.
08:13 D'ailleurs, les syndicats eux-mêmes l'ont dit.
08:15 Donc le fait de brailler, de faire de l'obstruction parlementaire,
08:18 a permis à la majorité de faire passer cette loi dans les pires conditions possibles.
08:22 Donc oui, le RN et Marine Le Pen ont déposé une motion référendaire,
08:26 la NUPES a boudé, a quitté l'hémicycle et a refusé de la voter.
08:29 S'ils l'avaient votée avec les LR qui voulaient la voter,
08:32 on aurait déjà une discussion sur le référendum sur les retraites.
08:35 Ils n'ont pas voté la motion de censure et ils ont joué les idiots utiles du gouvernement.
08:39 Maintenant on le voit, c'était les idiots utiles du gouvernement.
08:42 S'ils n'avaient pas fait de l'obstruction, l'article 7 n'aurait pas été voté,
08:45 la loi aurait été vidée de son sens et tout ça n'aurait pas...
08:48 Et heureusement, les Français n'auraient pas eu à travailler deux ans de plus.
08:53 C'est pas ce que pense Patrick Buisson dans le point, je sais pas si vous l'avez lu,
08:56 qui critique vivement votre stratégie au Rassemblement National.
08:59 Patrick Buisson qui est pourtant pas forcément opposé à toutes vos idées.
09:02 La NUPE a mené de bout en bout l'offensif contre le projet de loi de la retraite.
09:08 Le RN a été invisible dans la rue, à la remorque de la NUPE à l'Assemblée,
09:11 en position flatteuse dans les sondages mais incapable de capitaliser sur le terrain électoral.
09:16 Et on l'a vu pendant les partiels où vous avez perdu.
09:20 Oui, alors les partiels si on compare, parce qu'il faut toujours comparer les élections les unes aux autres,
09:23 on progresse en réalité. Les partiels sont une élection et tout le monde en convient,
09:27 très dure pour nous car la mobilisation est structurellement plus faible
09:30 et les classes populaires et moyennes qui nous soutiennent...
09:33 En Ariège, vous n'avez pas réussi à passer le second tour alors que vous étiez...
09:37 Non, pas non plus en juin mais on est au monté de 8 points je crois en Ariège.
09:42 Donc je pense que c'est pas si mal.
09:44 Mais au-delà de ça, M. Buisson fait des analyses sur la société française
09:48 qui sont aussi hors sol que celles de la Macronie ou de la NUPES.
09:51 Lui c'est hors sol réactionnaire.
09:53 Quand je lis dans sa bouche, enfin quand j'entends,
09:55 que pour lui le patriarcat a protégé le droit des femmes,
09:59 écoutez, franchement moi j'ai pas grand chose à attendre de M. Buisson.
10:02 Et je rappelle que c'est un soutien historique de M. Sarkozy
10:05 et qui a toujours passé son temps à taper sur Marine Le Pen puisque en fait...
10:08 Continue hein !
10:09 Les idées que nous représentons n'ont jamais plu à M. Buisson
10:12 puisque M. Buisson est dans une vision réactionnaire de la société française.
10:16 Il a jamais accepté la révolution française.
10:18 Alors que vous êtes progressiste ?
10:19 Nous on n'est pas progressiste.
10:20 Nous on s'inspire de l'ensemble des héritages français.
10:23 L'héritage classique, l'héritage chrétien et l'héritage des Lumières.
10:26 M. Buisson, il prend pas l'héritage des Lumières.
10:28 Nous on le prend et on prend tout ce que la France a construit de beau
10:32 entre 1789 et aujourd'hui.
10:34 Dans le point, il n'épargne pas Marine Le Pen.
10:36 Le handicap patronymique de Marine Le Pen est insurmontable.
10:40 Le nom Le Pen convoque un imaginaire d'embrasement général.
10:44 Son plafond n'est plus de verre mais en béton armé.
10:47 Le RN n'arrivera jamais au pouvoir.
10:50 Tant que Marine Le Pen en sera la candidate,
10:52 il n'en sera peut-être pas de même le jour où il se trouvera un nouveau champion.
10:56 Qu'en pensez-vous ?
10:57 C'est l'éternelle rengaine de M. Buisson et de ses amis.
11:00 Ils ont resté avec M. Zemmour.
11:01 La réalité c'est que Marine Le Pen incarne aujourd'hui la seule force alternative
11:05 et aussi la seule force morale capable de redresser le pays si elle était au pouvoir.
11:10 Il n'y a aucune autre personnalité en France qui incarne un tel espoir
11:13 chez les catégories populaires et moyennes.
11:15 Donc M. Buisson ferait mieux d'aller sur le terrain.
11:18 Ça le changerait des salons parisiens dans lesquels visiblement il moisit.
11:20 Si jamais vous revenez, vous arrivez au pouvoir,
11:24 vous faites quoi de la réforme des retraites qui va entrer en vigueur dans 3 mois ?
11:29 Marine Le Pen dit "elle sera défaite quand je serai élue".
11:32 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que vous revenez aux 62 ans, aux 60 ans ? C'est quoi ?
11:36 Elle sera abrogée au profit de la réforme que nous avons proposée aux Français depuis la présidentielle,
11:41 à savoir un départ progressif à la retraite entre 60 et 62 ans,
11:45 selon l'âge d'entrée dans la carrière professionnelle.
11:47 Vous retrouvez l'âge de départ de 62 ans.
11:50 Maximum. Avec un gain pour les personnes qui ont commencé à travailler tôt,
11:54 plus fort que le système ancien.
11:55 Budgetairement, comment vous faites ?
11:58 Comment vous allez financer ce retour aux 62 ans ?
12:01 Puisque vous le savez, cette réforme des retraites qui est décriée
12:05 permettrait de ramener 12 milliards d'euros à peu près par an.
12:10 Où vous les trouvez les 12 milliards ?
12:11 Puisqu'ils ne ramèneront pas 12 milliards si vous revenez aux 62 ans.
12:14 D'une part, on ne pense pas que ce scénario soit vrai,
12:17 notamment parce qu'il y a un transfert avec les comptes sociaux.
12:19 On pense que d'ailleurs, comme la réforme Wirth,
12:21 désormais c'est informé et renseigné,
12:24 la réforme Wirth devait faire gagner 5 milliards.
12:26 Elle a coûté 5 milliards en invalidité, sécurité sociale, chômage.
12:30 Donc ce sont des fausses économies.
12:32 Mais à la présidentielle, on avait présenté effectivement un plan
12:34 permettant de financer notre réforme,
12:36 qui effectivement, à ses 12 milliards théoriques,
12:38 pourrait ajouter 10 milliards.
12:39 Moi, je suis honnête, ça coûte 10 milliards d'euros.
12:42 C'est ce que j'allais vous dire, de toute manière,
12:43 il y aurait encore 12 ou même, dit le corps, 20 milliards de déficit.
12:47 Donc en gros, c'est 25-30 milliards d'euros de pertes chaque année.
12:52 Vous les trouvez ?
12:54 C'est beaucoup, 25 milliards.
12:55 Oui, c'est vrai, c'est un choix de société.
12:56 Oui, vous savez, ils ont trouvé 100 milliards pour le bouclier énergétique.
13:01 On fait un certain nombre d'économies,
13:02 notamment, évidemment, sur le contrôle de l'immigration,
13:06 sur d'autres dépenses inutiles qui nous paraissent pouvoir...
13:09 Ça ne ramène pas 25 milliards.
13:10 Si, je ne vais pas vous refaire tout le chiffrage de la présidentielle de Marine Le Pen.
13:13 Nous l'avons fait à l'époque.
13:15 Nous maintenons ces chiffres.
13:17 Nous pensons qu'on peut y arriver.
13:18 Ils ont été contestés.
13:20 Ils sont toujours contestés.
13:21 Ils sont toujours contestés en période présidentielle.
13:23 Et ils ont aussi, les mêmes qui nous ont critiqué,
13:25 ont validé les chiffres de M. Macron.
13:27 En un an, il a fait autant de déficit que ce qu'il annonçait sur 5 ans.
13:30 Donc, moi, les think-tanks qui valident toujours les dérives de M. Macron
13:33 et trouvent toujours plein de choses à critiquer chez nous,
13:36 je les conteste.
13:37 Nous, on a fait un chiffrage.
13:38 Les Français peuvent aller le voir.
13:40 Je ne dis pas qu'il est parfait.
13:41 Nul n'est parfait.
13:42 Mais je pense qu'il est sérieux.
13:43 Il y a beaucoup d'économies à faire en France avant de toucher aux droits sociaux.
13:47 C'est un désaccord profond que nous avons effectivement avec les libéraux depuis maintenant 50 ans.
13:51 Ça, on ne peut pas nous le reprocher.
13:52 On va passer au Standard Inter.
13:54 On nous attend, Jackie.
13:55 Jackie, bonjour.
13:56 Vous êtes éleveur et vous souhaitiez réagir à ce qu'a dit notre invité Jean-Philippe Tanguy
14:02 sur les prix de l'alimentation.
14:04 On vous écoute.
14:05 Bonjour.
14:06 Oui, bonjour.
14:07 Merci à vous de me prendre.
14:08 Et puis, j'écoute régulièrement France Inter.
14:11 Et régulièrement, tous les hommes politiques, et ça revient encore ce matin,
14:15 on dénonce l'augmentation des prix alimentaires à la consommation.
14:19 Alors, comme vous l'avez dit, je suis agriculteur.
14:20 Je suis éleveur de races charolaises, dans le charolais.
14:23 Et aujourd'hui, je voulais poser la question à votre invité,
14:27 à son avis, pourquoi les prix ont augmenté à l'alimentation ?
14:32 Pourquoi il y a une telle inflation ?
14:33 Eh bien, c'est tout simple.
14:34 C'est parce que, c'est vrai, l'an dernier, je reconnais, les prix ont augmenté aux producteurs.
14:38 Et les prix, il ne faut pas qu'ils baissent.
14:40 Parce que s'ils baissent à la consommation, ils baisseront forcément aux producteurs.
14:43 Et aujourd'hui, on a besoin de remettre la pression sur les agriculteurs, sur les producteurs,
14:47 au nom du pouvoir d'achat, pour que les prix baissent.
14:49 Mais il faut bien expliquer aux gens, et ça, dans les médias, on ne l'explique jamais,
14:52 les hommes politiques ne l'expliquent jamais non plus,
14:54 il y a de moins en moins d'agriculteurs, sur le gré des agriculteurs,
14:56 sur le gré de l'agriculture verteuse, avec tout ce qu'on demande aujourd'hui aux agriculteurs français,
15:00 en matière d'écologie, du net animal, il faut bien payer un prix.
15:03 Et aujourd'hui, un exemple concret sur la viande,
15:06 on a de nouveau des importations énormes, d'ailleurs, au nom du pouvoir d'achat,
15:10 parce que la production française est trop chère.
15:12 Et ça, c'est injuste et c'est insupportable pour le monde agricole.
15:15 À chaque fois qu'on nous ramène l'augmentation du prix de l'alimentation aux consommateurs,
15:21 alors, je suis tout à fait d'accord, il faut sûrement que les salaires augmentent,
15:24 mais il ne faut pas que les prix d'alimentation baissent.
15:25 Parce que si les prix d'alimentation baissent, ils baisseront producteurs,
15:28 et pour nous, ça devient insupportable.
15:29 - Merci, Jacqui. Merci pour cette intervention et votre témoignage.
15:34 Jean-Philippe Tanguy vous répond.
15:36 - Oui, mais j'entends parfaitement ce que dit notre auditeur.
15:39 Moi, je n'ai jamais, et le Rassemblement national ne l'a jamais opposé,
15:42 les consommateurs et les agriculteurs.
15:44 Il y a une chaîne de valeur au milieu,
15:46 et cette chaîne de valeur a toujours été au détriment des agriculteurs.
15:49 Nous l'avons toujours dit, nous avons toujours été pour une régulation des prix,
15:52 pour l'interdiction de la vente imperte,
15:54 pour que l'État soit l'arbitre des négociations entre la grande distribution
15:58 et l'industrie agroalimentaire d'une part, et les agriculteurs.
16:00 Nous n'avons jamais fait cette opposition.
16:01 Ce que nous avons dit, et Marine Le Pen, dès septembre 2021,
16:05 a dénoncé les profiteurs de crise,
16:07 c'est qu'aujourd'hui la marge est confisquée, soit par la grande distribution,
16:10 soit par l'industrie agroalimentaire.
16:12 Or, qu'est-ce que vient de confirmer le rapport qu'a commandé M. Le Maire lui-même,
16:16 à l'IGF, sur la situation de la marge ?
16:18 C'est que l'industrie agroalimentaire a fait passer ses marges à 40% de marge.
16:24 Donc il y a bien eu une concentration, d'ailleurs maintenant on les appelle,
16:27 on les appelle des surprofits tout simplement,
16:28 c'est exactement ce qu'on dénonçait à la présidentielle.
16:30 Il y a des profiteurs de crise qui tentent d'opposer l'agriculteur et le consommateur,
16:34 or c'est eux le problème.
16:35 Or, qu'est-ce qu'a voulu faire dernièrement le Rassemblement national,
16:38 et le seul qui s'y opposait à travers votre serviteur,
16:41 c'est de confier l'arbitrage des négociations commerciales à l'industrie agroalimentaire.
16:46 Ça s'appelle la loi de creusailles.
16:47 On a été les seuls à la dénoncer en discussion, heureusement ça a été supprimé.
16:50 Ça veut dire que ça a donné un pouvoir exorbitant,
16:52 complémentaire à la grande distribution, à l'industrie agroalimentaire.
16:56 Il faut donner le pouvoir, évidemment, aux agriculteurs.
16:59 En ligne, Frédéric de Toulouse, bonjour, bienvenue sur Inter.
17:04 Oui, bonjour France Inter, coucou Léa, Frédéric, banquier à Toulouse,
17:09 je vous appelle pour un coup de sujet.
17:11 (Rires)
17:14 On ne se connaît pas, je précise, au cas où les gens vont imaginer
17:17 que... (Rires)
17:19 Désolé, c'est un kiff personnel.
17:21 (Rires)
17:23 Deux sujets qui me semblent essentiels.
17:25 Le premier, c'est, je pense, que la façon dont le pouvoir est géré
17:32 devient un petit peu asbile et hors des attentes des Français.
17:37 On voit que les conventions participatives,
17:40 enfin que les conventions citoyennes et la démocratie participative
17:45 fonctionnent lorsque les gens sont acculturés sur des sujets qui leur sont donnés,
17:50 des sujets qui peuvent être complexes,
17:52 mais lorsqu'il y a vraiment une acculturation par des ingénieurs,
17:55 par des spécialistes sur un groupe de personnes,
17:59 ce système fonctionne.
18:01 Il est pratiqué en...
18:03 Alors, partiellement, mais il est pratiqué un petit peu en Suisse,
18:05 ce sujet, puisque des cantons votent.
18:09 Et au niveau de la démocratie,
18:12 les gens se sentent beaucoup plus représentés qu'en France.
18:15 Voilà. Premier sujet.
18:17 Deuxième sujet.
18:17 Plus rapidement, dites-nous.
18:19 Le climat et l'eau, ce sont des sujets dont on n'en a pas parlé,
18:23 pas assez, je trouve.
18:25 Les Français doivent diviser par 5 leurs émissions de gaz à effet de serre.
18:30 Ils doivent passer de 10 tonnes à 2 tonnes.
18:33 Comment on fait ?
18:35 Il faut peut-être arrêter de manger de la viande, ou beaucoup moins.
18:37 Et comment on fait dans une justice sociale ?
18:40 Merci beaucoup Frédéric pour ces deux questions.
18:43 Alors la première, c'est sur la revitalisation de la démocratie
18:48 à travers ces formes que sont les conventions citoyennes, notamment.
18:53 Qu'en pensez-vous Jean-Philippe Tanguy, de ce que nous dit Frédéric ?
18:57 Moi, je suis parfaitement d'accord.
18:59 Le seul modèle étranger dont s'inspire parfois le Rassemblement national, c'est la Suisse.
19:03 Nous, nous sommes pour une version extensive de la démocratie directe
19:06 pour consulter le plus possible les Français par référendum sur les grandes réformes qui le concernent
19:11 et aussi de permettre aux Français de se saisir de sujets référendaires.
19:14 Sur la fin de vie, c'est une bonne chose qu'a été faite la convention sur la fin de vie ?
19:20 En soi, ce n'est pas une mauvaise chose.
19:21 Moi, ce que je regrette dans la convention, c'est le mode de sélection qui est très opaque,
19:25 le tirage au sort qui n'en est pas vraiment un.
19:26 Je trouve que ça gâte un peu l'idée.
19:29 Mais au-delà de la convention, moi je suis pour référendum,
19:32 en particulier, Marine Le Pen l'avait dit à la présidentielle,
19:34 tous les sujets sociétaux, parce que ça dépasse les clivages politiques, on le voit bien sur cette question,
19:38 doivent être rangés par référendum.
19:39 On a toujours été clair dessus.
19:40 Je vous rappelle que ça fait quand même 17 ans qu'il n'y a pas eu de référendum.
19:43 Sur la fin de vie, le projet de loi, il y aura une consigne de vote au Rassemblement national
19:47 où chacun votera selon sa conscience ?
19:48 Il y aura une liberté de vote sur les sujets sociétaux.
19:51 Il y a toujours une liberté de vote avec Marine Le Pen.
19:54 Sur le climat dont parlait notre auditeur,
19:58 certains se demandent s'il y a toujours des climatosceptiques au Rassemblement national
20:02 ou s'ils sont de retour.
20:04 Christophe Barthès, chez vous, député RN de Lodes, s'interrogeait récemment,
20:07 je le cite, il faudrait être idiot pour voir qu'il n'y a pas de changement climatique,
20:10 mais est-ce l'effet de l'homme ?
20:12 Peut-être que oui, peut-être que non.
20:13 Il y a longtemps, on a déjà eu de grosses inondations, ça marche par cycle,
20:17 la chaleur c'est peut-être pareil, on peut pas nier que le changement climatique est là,
20:20 mais pour combien de temps ?
20:21 Peut-être que plus tard, pendant 10 ans, il pleuvra tous les jours.
20:25 Ça contredit complètement ce que disent les scientifiques.
20:28 Est-ce qu'il y a des climatosceptiques chez vous ?
20:30 Non, sincèrement, je perçois cette tentative d'attaque sur nous depuis quelques mois,
20:36 je la trouve très injuste, nous sommes totalement derrière le consensus scientifique du GIEC,
20:40 le programme de Marine Le Pen était très clair.
20:42 Je rappelle que le plan Marie Curie que nous avons proposé,
20:45 qui est un plan de transition énergétique visé une économie neutre en carbone,
20:49 fondé sur la réindustrialisation, sur la production d'énergie propre,
20:52 sans aucun pari technologique hasardeux.
20:55 Donc je ne comprends pas cette attaque.
20:56 Et je vous rappelle qu'il s'est passé d'ailleurs quelque chose de très grave
20:58 dans l'entre-deux-tours de la présidentielle.
21:00 Je vous rappelle que les équipes d'Emmanuel Macron ont envoyé un SMS aux Français,
21:04 il y avait plein dessus, disant que Marine Le Pen allait rouvrir les centrales à charbon.
21:07 Il n'y avait pas une ligne dans notre programme sur la réouverture des centrales à charbon.
21:11 Par contre, Emmanuel Macron, il a réouvert la centrale à charbon de Saint-Avold
21:13 un mois, quelques semaines après son arrivée au pouvoir.
21:16 Donc je pense que ça est vraiment d'une très grave mauvaise foi.
21:19 Il n'y a pas de climatoscepticisme.
21:20 Pour ce qui est de M. Barthez, que je connais très bien,
21:22 il a une réflexion ouverte, lui, à titre personnel, pour le connaître,
21:25 je sais qu'il n'est absolument pas climatosceptique.
21:27 Marine Le Pen dans La Republica affirme que la dirigeante italienne,
21:31 Giorgia Melloni, n'est pas ma sœur jumelle, elle est avec l'OTAN, pas moi.
21:35 Alors expliquez-nous qu'on comprenne bien la France avec Marine Le Pen présidente,
21:39 c'est une France en dehors de l'OTAN ?
21:41 Non, c'est une France sur la ligne gaullienne, c'est-à-dire en dehors du commandement intégré de l'OTAN.
21:46 Nous avons toujours contesté, nous ne sommes pas les seuls d'ailleurs dans le paysage politique français,
21:50 à avoir contesté le fait que la France s'aligne trop sur les Etats-Unis,
21:54 ce qui lui empêche d'avoir une voie particulière.
21:55 D'ailleurs, on voit bien qu'Emmanuel Macron, avec l'incident qu'il y a eu sur Taïwan,
21:59 est toujours en train d'hésiter là-dessus.
22:02 Vous êtes d'accord avec lui sur Taïwan, non ?
22:04 Sur le fait que la France n'a pas s'aligner sur les Etats-Unis, systématiquement, oui.
22:07 Qu'on soit dans une alliance des démocraties occidentales, oui.
22:10 Que la France ait une voie particulière, oui.
22:12 C'est la ligne transpartisane qui a été retenue par les dirigeants français.
22:17 Il n'y a que M. Sarkozy et M. Hollande, malheureusement, qui l'ont transgressée.
22:19 Si demain la Chine envahissait Taïwan, on serait neutre ?
22:22 Je ne pense pas qu'on soit neutre.
22:24 Je pense qu'on prendrait des sanctions les plus efficaces possibles.
22:27 Mais je pense qu'aujourd'hui, il faut surtout éviter qu'on n'arrive pas à la situation
22:31 qui s'est produite en Ukraine par une trop grande naïveté.
22:35 Aujourd'hui, et c'est d'ailleurs l'un des problèmes du voyage de M. Macron...
22:37 Trop grande naïveté à l'endroit de l'OTAN ou à l'endroit de Vladimir Poutine ?
22:40 À l'endroit de la Russie, nous avons considérablement...
22:42 Les partis qui nous critiquent aujourd'hui, qui critiquent le Rassemblement national,
22:45 ont considérablement renforcé les liens économiques avec la Russie.
22:48 Ils nous ont mis sous une dépendance.
22:49 Ils font pareil en Chine.
22:50 M. Macron a signé des contrats pour construire des Airbus et pour transférer des technologies
22:53 nucléaires vers la Chine.
22:54 Donc en fait, ils ne retiennent aucune leçon de leurs erreurs dans la mondialisation et
22:57 continuent à transférer à des puissances potentiellement hostiles nos technologies
23:01 et de nous rendre dépendants.
23:03 Aujourd'hui, on l'a vu avec la crise sanitaire, nous sommes hélas terriblement dépendants
23:06 de la dictature chinoise.
23:07 (Nicolas Demorand - 8h48)