C'est une denrée précieuse, inestimable et pourtant, l'humanité la gaspille inconsidérément. L'eau, c'est la vie, c'est l'avenir. Nous devons tous apprendre à mieux la maîtriser pour lui donner, enfin, le respect qu'elle mérite. Apprenez en plus en regardant le replay de notre conférence, animée par Arnaud Gonzague, rédacteur en chef adjoint à L'Obs, en présence de plusieurs invités dont : David Wahl, auteur, dramaturge, La vie profonde (Arthaud éditions), Michaël Goujon, enseignant-chercheur en hydrogéologie et sites et sols pollués à UniLaSalle et Esther Crauser-Delbourg, économiste de l'environnement, spécialisée dans les questions de ressources en eau et Marie-Laure Vercambre, directrice générale du partenariat Français sur l’Eau.
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00:00:00 Bonjour à tous, ravie de vous accueillir aujourd'hui dans les locaux du Nile à Salles sur son campus de Rouen.
00:00:11 Voilà, donc pour ce... dans le cadre en fait de ce, je trouve, de cette initiative magnifique de l'OPS sur le monde en 2049,
00:00:21 quand on est un établissement d'enseignement supérieur et de la recherche,
00:00:24 eh bien on se projette, on prépare nos élèves et en 2049, eh bien ces élèves-là seront, je dirais, totalement à la manœuvre
00:00:33 et aux responsabilités de ce qui se passera dans ce monde.
00:00:40 Donc vous dire qu'on est heureux, honoré de vous accueillir, honoré aussi de vous accueillir dans le cadre en fait,
00:00:47 ou sous ce patronage, je ne sais pas si c'est le terme exact qu'il faudrait utiliser,
00:00:51 mais de cette initiative de Normandie pour la paix qui fait particulièrement sens dans un établissement lassalien.
00:00:57 Alors peut-être vous dire aussi que cette thématique en fait que vous avez choisie et que vous nous avez proposé aujourd'hui d'accueillir,
00:01:06 on en est extrêmement honoré, "L'eau, sources et ressources, usage".
00:01:12 C'est une thématique à laquelle nous sommes ici particulièrement sensibles.
00:01:16 Alors pourquoi ? Parce que une Nile à Salles, en fait, nous sommes, pour ceux qui ne nous connaîtraient pas,
00:01:21 un établissement d'enseignement supérieur et de recherche,
00:01:24 une grande école qui forme des ingénieurs, des bachelors, des masters, et puis depuis peu, des vétérinaires,
00:01:33 et avec un regard particulier, je dirais presque original, sur cette question de l'eau,
00:01:38 puisque nous arrivons à afficher en fait, par nos différentes compétences,
00:01:43 à la fois des compétences en matière de recherche et donc en matière de formation,
00:01:47 sur cette thématique de l'eau. Regards transversal, j'ai envie de dire, et regards vertical.
00:01:54 Voilà, nous travaillons dans différents domaines. Quand on parle de l'eau, on parle de la ressource.
00:02:00 La ressource, chez nous aussi, c'est les hydrogéologues, les géologues, le domaine des sciences de la Terre,
00:02:05 qui vont s'intéresser à cette nappe phréatique pour essayer de mieux la connaître, la caractériser,
00:02:09 et voir comment elle évolue dans un contexte, on le sait tous, extrêmement sensible,
00:02:15 en tout cas au niveau national, mais au niveau aussi international.
00:02:19 C'est bien sûr ensuite ses usages, ses usages, sa consommation.
00:02:24 Alors nous, nous sommes dans le domaine des sciences du vivant, dans le domaine de l'agriculture notamment,
00:02:28 de l'agronomie, une des activités, je dirais, consommatrices de cette ressource rare, précieuse qu'est l'eau,
00:02:37 mais avec un travail aujourd'hui qui est fait pour essayer de la préserver, pour essayer aussi d'optimiser les pratiques,
00:02:46 de faire évoluer les pratiques pour prendre en compte cette ressource bien rare, mais qui est indispensable au vivant.
00:02:54 Sans eau, pas de vivant.
00:02:57 Donc le domaine de l'agriculture, le domaine des énergies, parce que là aussi,
00:03:01 eh bien aujourd'hui la production électrique sans eau, ça ne fonctionne pas.
00:03:05 Donc en fait c'est une autre manière d'aborder cette question de l'eau.
00:03:09 Tout ce qui va être la question du recyclage, de l'économie circulaire, du bon usage et de l'utilisation,
00:03:17 je dirais, optimisée en fait de cette ressource, et notamment des questions de génie de l'environnement,
00:03:23 des questions de pollution, des pollutions, des bioprocédés,
00:03:26 en fait aussi que l'on peut développer pour accompagner un meilleur usage et une réutilisation de l'eau.
00:03:37 Les technologies du numérique, parce qu'aujourd'hui, eh bien dans tout ça,
00:03:40 il faut un pilotage, un pilotage, un monitoring, un pilotage le plus intelligent possible,
00:03:44 et donc on a vraiment aussi besoin des technologies du numérique.
00:03:47 Et puis dernier point, les sciences humaines et sociales.
00:03:50 Je pense qu'on en discutera largement.
00:03:53 L'eau c'est aujourd'hui, déjà dans beaucoup de pays, objet de multiples conflits,
00:03:58 vu sa rareté, son caractère précieux et indispensable,
00:04:04 et qui dit conflit, dit gestion de différentes communautés avec des points de vue différents.
00:04:09 Donc là c'est le domaine plutôt des sciences humaines et sociales,
00:04:12 où on a à coeur aussi de former des ingénieurs, eh bien qui sont capables de cette médiation,
00:04:18 sur des sujets qui sont complexes, sur des sujets qui nécessitent des approches globales,
00:04:23 et donc c'est ce que l'on essaye de développer au travers de la recherche ou de la formation, ici à UniLassalle.
00:04:29 Donc particulièrement heureux de vous accueillir et de réfléchir avec vous, ensemble,
00:04:35 eh bien aux enjeux, aux défis, aux questions que ça nous pose,
00:04:39 et puis aux actions, en fait, qu'il faut qu'on engage,
00:04:42 parce que 2049, c'est dès aujourd'hui, finalement, dans ce que l'on fait,
00:04:46 et les impacts que cela aura.
00:04:48 Voilà, donc merci de nous faire cet honneur,
00:04:51 et puis excellente après-midi de travail, de réflexion, d'échange, à nous tous.
00:04:57 [Applaudissements]
00:05:02 Je vous rassure, je vais être très bref.
00:05:05 Moi je suis François-Xavier Priolo, vice-président de la région Normandie,
00:05:09 en charge des affaires européennes et internationales,
00:05:11 et puis un peu le géniteur de Normandie pour la paix,
00:05:13 et je suis très heureux, pour plein de raisons, d'être ici aujourd'hui.
00:05:17 D'abord, madame la directrice générale déléguée, on est très heureux d'être à Unilassalle,
00:05:22 parce que Normandie pour la paix, c'est quand même une initiative
00:05:25 qui est destinée à la jeunesse, qui vise à lutter contre l'indifférence,
00:05:31 pour bâtir le monde de demain, et pour bâtir le monde de demain,
00:05:34 il faut déjà bien comprendre celui d'aujourd'hui,
00:05:37 et quand on est normand, on aime aussi se souvenir de celui d'hier,
00:05:40 mais ça ne suffit pas, et donc c'est cette idée-là, vraiment,
00:05:43 pour préparer 2049, de comprendre 2023, et de le faire avec l'OPS,
00:05:48 qui est un compagnon de route depuis quasiment le début de Normandie pour la paix,
00:05:54 à la fois dans le cadre de 2049, puisque la première conférence
00:05:57 était à la Chapelle-Corneille, juste avant le Covid,
00:06:01 et c'était sur une conférence autour des nouvelles guerres, nouvelles armes,
00:06:05 puis l'année suivante, on a fait ça, vous avez fait ça,
00:06:09 nous avons fait ça ensemble, au Volcan, au Havre,
00:06:11 sur les conséquences géopolitiques du changement climatique,
00:06:15 et cette année, en effet, sur l'eau, mais il n'y a pas que ça avec l'OPS,
00:06:18 puisqu'on a aussi fait une très belle soirée littéraire
00:06:21 sur les écrivains et la paix avec Jean-Rome Garcin,
00:06:23 lors d'un forum, et puis tous les ans, des débats thématiques de ce forum,
00:06:26 dont je vous dis un petit mot rapide, je vais plus vous parler du forum que de l'eau,
00:06:31 même si on parle aussi de l'eau au forum, pour vous dire que ce forum,
00:06:36 on prépare la 6ème édition, qui aura lieu les 28 et 29 septembre prochains
00:06:41 à l'abbaye Eau d'Âme, pendant deux jours, vous avez presque 10 000 personnes qui viennent,
00:06:46 où j'ai voulu un peu copier ce qu'avait fait la Sorbonne sur les cités de la réussite,
00:06:51 c'est-à-dire d'avoir pendant 48 heures, une vision la plus...
00:06:56 jamais exhaustive, évidemment, mais en tout cas,
00:06:59 on essaye d'être complet sur une photographie du monde,
00:07:02 et sur des enjeux, des sujets qu'on peut aborder avec des gens qui viennent du monde entier,
00:07:08 il y a en général 150 intervenants d'une cinquantaine de pays qui sont présents à Caen,
00:07:12 où on transforme l'abbaye Eau d'Âme en véritable campus pour la paix,
00:07:16 avec une approche très transversale, très pluridisciplinaire,
00:07:19 parce que si on veut bâtir une paix durable, on ne peut pas être uniquement sur le droit,
00:07:23 on ne peut pas être que sur la diplomatie, on ne peut pas être que sur la géopolitique,
00:07:26 il faut être sur tous les sujets en même temps, c'est en ça,
00:07:29 c'est ça qui fait un peu la patte de notre initiative et de notre forum,
00:07:33 c'est aussi l'idée de donner la parole pas toujours aux mêmes,
00:07:37 c'est l'idée de transmettre, on a créé une chaire universitaire, Normandie pour la paix,
00:07:41 on développe des contenus, des contenus audiovisuels,
00:07:44 des contenus thématiques et géographiques sur ces sujets-là,
00:07:48 pour aussi essayer de parler de choses compliquées de façon simple,
00:07:53 et d'élargir les publics, et par cela, de lutter contre l'indifférence.
00:07:58 Alors la thématique de cette année, ce sera résistance, la paix des peuples,
00:08:03 c'est un peu ambitieux, mais l'idée c'est d'essayer de comprendre
00:08:06 qu'est-ce que veut dire la résistance en 2023,
00:08:09 quelles sont toutes les formes de résistance, un peu comme le cholestérol,
00:08:13 il y a les bonnes et les mauvaises résistances,
00:08:15 et quelles sont les figures qui incarnent aujourd'hui dans le monde ces résistances,
00:08:20 en essayant de ne pas être uniquement franco-français ou occidental,
00:08:24 mais d'essayer de regarder continent par continent,
00:08:27 quelles sont les incarnations de ces résistances,
00:08:29 et puis dans un second temps, on essaiera de comprendre
00:08:31 comment on ne peut plus faire la paix sans les peuples,
00:08:34 en essayant d'analyser tous ces accords de paix qui ont échoué
00:08:37 parce qu'ils n'étaient que partiels,
00:08:39 et comment on remet un peu tout le monde dans la boucle pour bâtir une paix durable.
00:08:44 On le fera avec quelques prix Nobel de la paix,
00:08:46 qui seront là pour prolonger le manifeste normandie pour la paix,
00:08:49 qu'ils avaient écrit à Caen en 2019,
00:08:51 et qui sera un peu la feuille de route jusqu'à, non pas 2049, mais presque 2100.
00:08:56 Un mot pour conclure, pour vous dire que l'eau, on en a souvent parlé au forum,
00:09:01 et je vois le papier, c'est sûr, on est qu'au début des conflits sur l'eau,
00:09:06 mais on peut aussi avoir une vision optimiste des choses,
00:09:09 et que notamment, je me souviens très bien de Kabinet Komara,
00:09:12 ancien Premier ministre de Guinée,
00:09:14 qui était venu évoquer la gestion collective à plusieurs états du fleuve Sénégal,
00:09:18 et c'est très intéressant de voir que l'eau peut être aussi une source de rapprochement
00:09:24 de différents pays pour apprendre à mutualiser,
00:09:27 à gérer en effet une ressource rare, mais ensemble,
00:09:30 et à dénouer quelques situations parfois politiquement compliquées.
00:09:34 Et puis l'eau, c'est aussi une source d'innovation technologique.
00:09:38 Bref, on peut toujours voir le mauvais côté,
00:09:41 il ne faut évidemment pas le nier, parce qu'il existe,
00:09:43 mais on peut aussi se dire que finalement, c'est beaucoup d'opportunités,
00:09:46 et j'imagine que ce débat d'aujourd'hui, devant le public d'une île à Salles,
00:09:50 sera aussi l'occasion de susciter de nouvelles idées,
00:09:55 et une réflexion collective.
00:09:57 Voilà, bon débat, et à très vite.
00:10:00 (Applaudissements)
00:10:05 Je vous invite à venir vous installer.
00:10:09 Bonjour à tous, bonjour à toutes.
00:10:11 Je vais prendre mon téléphone, parce que j'ai besoin d'avoir l'heure.
00:10:16 Alors, Esther peut-être, Michael au milieu,
00:10:20 on va faire une fille-garçon comme on fait dans les mariages.
00:10:23 Et Marie-Laure, installez-vous.
00:10:26 Bonjour à tous, merci de nous accueillir ici,
00:10:30 on est très content de venir à Rouen,
00:10:36 ici, dans ce bel établissement, dans cet amphithéâtre, qui est très beau,
00:10:42 pour cet après-midi, effectivement, consacré à l'eau,
00:10:46 sources et ressources, donc domaine, thématique intéressante, importante,
00:10:50 et dans l'actualité, c'est peut-être de dire qu'elle est dans l'actualité,
00:10:53 alors je ne sais pas si c'est heureusement ou malheureusement,
00:10:55 mais en tout cas, elle est dans l'actualité,
00:10:57 et effectivement, une ressource qui est, vous le savez,
00:11:00 très bouleversée par le réchauffement climatique,
00:11:02 qui est très bouleversée par les usages agricoles excessifs,
00:11:05 par une gestion, effectivement, pas optimale, on va dire,
00:11:11 mais c'est ce que vous disiez, c'est-à-dire qu'il y a effectivement,
00:11:15 ce que vous disiez François-Xavier, c'est qu'on va aussi, effectivement,
00:11:18 faire des constats un peu accablants sur la situation actuelle,
00:11:21 mais on va aussi essayer de tracer des pistes de réflexion,
00:11:25 parce que quand on est au pied du mur,
00:11:28 effectivement, c'est la fameuse théorie du pied du mur,
00:11:31 quand on est au pied du mur, on est bien obligé à un moment de changer,
00:11:33 et on voit que, par exemple, l'eau, c'est vraiment une question,
00:11:35 typiquement, de gouvernance, où la gouvernance est en train d'être interrogée,
00:11:38 et quand on commence à lui poser des questions, c'est plutôt bon signe,
00:11:41 c'est qu'elle est sur le point d'être modifiée.
00:11:44 Pour parler de ces questions, j'ai le plaisir d'inviter sur ce plateau,
00:11:48 trois invités, donc, tout de suite, immédiatement, à ma gauche,
00:11:51 Esther, Esther Crozer d'Elbourg, bonjour, merci d'être avec nous,
00:11:55 vous êtes économiste, vous êtes diplômée de l'ESSEC,
00:11:58 vous êtes diplômée de l'École d'économie de Paris,
00:12:01 et vous avez passé votre doctorat en économie de l'eau à l'école Polytechnique,
00:12:05 et à l'Université Columbia de New York, beau pédigré, quand même,
00:12:10 Michael Goujon, bonjour, vous êtes enseignant-chercheur en hydrogéologie,
00:12:14 et sites et sols pollués, alors, il faut dire que l'hydrogéologie,
00:12:19 c'est la science qui s'intéresse aux eaux souterraines, voilà,
00:12:22 et vous enseignez à Uni-la-Salle, à Beauvais, voilà, vous c'est Beauvais,
00:12:26 et Marie-Laure Vercambre, bonjour, vous êtes directrice générale
00:12:29 du partenariat français pour l'eau, et vous nous expliquerez ce que c'est,
00:12:33 c'est pas forcément une institution très connue du grand public.
00:12:36 On va échanger à peu près tous les quatre pendant une petite heure,
00:12:41 et ensuite, on fera passer un micro dans le public,
00:12:43 donc si vous avez des questions, n'hésitez pas, réfléchissez-y pendant les entretiens,
00:12:48 parce que c'est aussi l'idée, comme on a un peu de temps ce soir,
00:12:50 enfin cet après-midi, comme on a un peu de temps,
00:12:53 c'est aussi l'occasion de faire passer les micros,
00:12:55 de réfléchir, de répondre à des questions.
00:12:57 Je vais commencer avec vous, Esther, Esther Creuser-Delbourg,
00:13:00 donc je rappelle que vous êtes économiste spécialisée sur les questions d'eau.
00:13:04 Prenez le micro, allez-y.
00:13:06 On a vu que ces dernières semaines, c'est vraiment les questions d'actualité,
00:13:10 on a vu que, notamment à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres,
00:13:15 des affrontements, des flambées de violence, même on peut dire
00:13:19 qu'elles étaient assez inattendues et un peu inouïes,
00:13:22 c'est vrai que c'est des choses qu'on n'attendait pas forcément
00:13:25 dans un pays comme la France où la question de l'eau jusqu'ici
00:13:27 n'avait pas été tellement mise en cause.
00:13:29 Comment vous, en tant qu'économiste, vous avez vécu,
00:13:32 vous avez observé ces épisodes ?
00:13:34 Bonjour à tous, déjà, et merci encore pour l'invitation,
00:13:37 on est vraiment ravis d'être là.
00:13:39 Alors, sur Sainte-Soline, en restant dans mon champ de compétences,
00:13:42 qui est l'économie, on voit deux choses.
00:13:45 La première, c'est que ça parle d'une détresse économique
00:13:48 de la part des agriculteurs qui ont peur de ne plus avoir d'eau
00:13:51 et peur de ne plus pouvoir cultiver, et ça, évidemment,
00:13:53 dans l'économie, on ne peut pas nier cette détresse.
00:13:56 Et d'un deuxième point de vue, on voit une résistance
00:13:59 extrêmement importante qui est de se dire qu'on ne peut pas faire
00:14:02 n'importe quoi avec notre eau, et il faut le dire.
00:14:04 Et parfois, il faut le dire avec des moyens violents.
00:14:06 Évidemment, la violence est entièrement condamnable,
00:14:08 mais ces deux choses-là, il faut les regarder.
00:14:10 Pour la première, qui est la détresse économique,
00:14:13 c'est vrai qu'il faut répondre à ces sujets-là.
00:14:16 L'agriculture consomme près de 60 % de notre eau dans le monde,
00:14:20 c'est énorme. Évidemment, elle en consomme trop,
00:14:22 parce que jusqu'à maintenant, on ne regardait pas vraiment,
00:14:24 on ne mesurait pas vraiment l'eau qu'on utilisait.
00:14:26 Donc dans beaucoup de pays, en fait, on y rit un peu trop,
00:14:28 parce qu'on ne mesure pas.
00:14:30 - Pas le cas en France ? - Pas qu'en France, évidemment.
00:14:32 - Mais c'est un peu le cas en France, oui.
00:14:34 - En France aussi, alors, encore une fois, il y a énormément de choses.
00:14:36 Il y a des petites structures qui font moins de 2 hectares,
00:14:39 et après, vous avez des gigastructures qui, elles,
00:14:41 sont plus organisées parce qu'elles ont plus d'argent,
00:14:43 elles mettent plus de techniques, mais de façon générale,
00:14:45 on a toujours vraiment un peu omis l'eau,
00:14:48 parce que l'eau, elle est, comme vous le savez,
00:14:50 à ma gauche, on le saura mieux que moi,
00:14:52 mais l'eau, elle est soit en surface, et vous pouvez la pomper,
00:14:54 la prélever, et puis vous l'utilisez,
00:14:56 et vous rejetez ce que vous pouvez,
00:14:58 soit elle est dans les nappes phréatiques,
00:15:00 et puis là, il y a un peu un côté gratuit, parce qu'on ne la voit pas.
00:15:02 - Elle est sous nos pieds. - Exactement.
00:15:04 - Elle est pratiquement invisible, donc. - Voilà.
00:15:06 Et on prend, et tant qu'elle est là, on l'a toujours prise.
00:15:08 Donc, on n'a pas fait assez d'attention à l'eau,
00:15:10 et donc, il faut revoir notre modèle agricole,
00:15:12 on l'entend beaucoup en ce moment.
00:15:14 On repense notre agriculture, mais évidemment,
00:15:16 on ne passe pas du bio, on ne passe pas à l'agriculture raisonnée en eau
00:15:20 du jour au lendemain, on ne passe pas au bio du jour au lendemain.
00:15:22 Donc, quand on dit aux agriculteurs,
00:15:24 arrêtez de cultiver du maïs,
00:15:26 parce que c'est extrêmement hydrovore,
00:15:28 oui, mais ça ne se fait pas du jour au lendemain.
00:15:30 Donc, il faut trouver une solution pour ces personnes-là.
00:15:32 - Vous parlez de l'agriculture bio, parce que, par ailleurs,
00:15:34 un des problèmes de l'eau en France, c'est aussi qu'il y a des résidus
00:15:36 de pesticides qui se retrouvent dans les nappes phréatiques.
00:15:38 Ce n'est pas simplement la quantité d'eau pompée,
00:15:40 c'est qu'il y a aussi la qualité de l'eau.
00:15:42 C'est pour ça que je précise. - Absolument.
00:15:44 Il faut toujours penser aux quantités et qualités.
00:15:46 Ce sont les deux grands problèmes qu'on a.
00:15:48 Et tout ça, si on ne mesure pas l'eau,
00:15:50 on est incapable de se dire quel est l'impact en quantité et en qualité.
00:15:52 Donc, il nous faut des données.
00:15:54 C'est vraiment hyper important, les statistiques et les données.
00:15:56 Ça, c'est pour l'enjeu de la détresse.
00:15:58 Et le deuxième enjeu, je pense qu'un hydrogéologue
00:16:00 sera mieux traité que moi,
00:16:02 mais c'est l'idée que les méga-bassines,
00:16:04 on le répète, on ne le répétera jamais assez souvent,
00:16:06 prélèvent l'eau des nappes phréatiques.
00:16:08 Ce n'est pas des solutions...
00:16:10 - Ce n'est pas de l'eau de pluie,
00:16:12 contrairement à ce que peut-être, un peu rapidement,
00:16:14 on pourrait imaginer. Comme ça ressemble à des grands bacs,
00:16:16 on se dit que c'est de l'eau de pluie. Pas du tout.
00:16:18 - Même l'eau de pluie en soi, par exemple,
00:16:20 même pour la consommation primaire,
00:16:22 elle ne peut pas être utilisée comme ça
00:16:24 parce qu'il faut la nettoyer. En général,
00:16:26 elle arrive quand même polluée.
00:16:28 Mais en tout cas, on prélève l'eau des nappes phréatiques.
00:16:30 Or, on les a surprélevées dans le monde entier
00:16:32 depuis des centaines d'années.
00:16:34 Elles sont presque vides, voire elles ont du mal à se recharger.
00:16:36 Et elles sont de plus en plus et complètement néfastes
00:16:38 pour le système hydrologique.
00:16:40 Donc, il faut arrêter de prélever dans ces nappes phréatiques
00:16:42 et il faut mettre en place des systèmes d'optimisation.
00:16:44 Encore une fois, on est capable de faire pareil
00:16:46 avec beaucoup moins d'eau.
00:16:48 On est capable de réutiliser nos eaux usées.
00:16:50 On est capable de recycler.
00:16:52 On est capable d'utiliser de l'eau de pluie.
00:16:54 Donc, avant de regarder les mégabassines,
00:16:56 il faut se dire qu'il y a plein d'autres solutions
00:16:58 avant ça pour utiliser moins d'eau.
00:17:00 - Il y a aussi la mégabassine,
00:17:02 on a l'impression que si elle incarne une telle...
00:17:04 Enfin, comme on le disait,
00:17:06 il y a une telle violence, d'une certaine manière.
00:17:08 Elle a provoqué une telle violence.
00:17:10 On a l'impression qu'elle est un peu un symbole aussi, politiquement.
00:17:12 Ça relève aussi de la symbolique politique.
00:17:14 C'est quoi la symbolique politique,
00:17:16 selon vous, derrière les mégabassines ?
00:17:18 - Alors, la symbolique politique,
00:17:20 c'est que...
00:17:22 On a parlé de privatisation de l'eau.
00:17:24 Et effectivement, on est dans un pays
00:17:26 où l'eau est un droit humain.
00:17:28 C'est comme ça qu'on la conçoit.
00:17:30 Si je peux me permettre l'eau pour vos besoins primaires
00:17:32 tous les jours, c'est-à-dire pour boire,
00:17:34 pour se laver, pour cuisiner,
00:17:36 oui, c'est un droit humain, mais l'eau qu'on utilise
00:17:38 pour l'agriculture, elle devient presque
00:17:40 un bien économique, c'est une matière première.
00:17:42 - On en parlera plus tard. - Oui, on en parlera après.
00:17:44 Mais c'est important parce qu'on a l'impression
00:17:46 qu'on touche à l'eau en tant que droit humain,
00:17:48 et donc privatiser quelque chose qui revient du droit humain,
00:17:50 c'est impensable.
00:17:52 Et je vais même tirer l'exemple,
00:17:54 c'est la même chose quand on parle des piscines.
00:17:56 On tape sur les piscines parce qu'on se dit
00:17:58 que c'est une utilisation privée de l'eau,
00:18:00 donc si on regarde en vrai dans les pourcentages,
00:18:02 les piscines, c'est pas grand-chose.
00:18:04 Mais on tape là-dessus, on tape aussi sur le CO2,
00:18:06 on peut faire beaucoup de parallèles
00:18:08 avec le CO2, je m'avance un peu,
00:18:10 mais le système des jets privés aussi, c'est pareil,
00:18:12 on tape sur tout ce qui est privé,
00:18:14 même si ça correspond à un tout petit pourcentage
00:18:16 de l'utilisation.
00:18:18 - Parce que c'est de l'ordre de la politique, quoi.
00:18:20 C'est du symbolique, c'est du vivre ensemble,
00:18:22 c'est du partage des ressources, effectivement.
00:18:24 - Donc je n'ai pas dit que les piscines étaient
00:18:26 une bonne chose, j'ai juste dit que le sujet
00:18:28 en France de la privatisation des biens communs
00:18:31 est quelque chose d'extrêmement sensible,
00:18:33 c'est un sujet qui devient politique,
00:18:35 même plus qui devient moral, éthique, social,
00:18:37 et c'est pour ça qu'il nous touche chacun
00:18:39 et qu'on a du mal, quelque part, finalement,
00:18:41 à penser à un système économique,
00:18:43 régulé, et peut-être tarifié de l'eau.
00:18:45 - Michael, je vais vous passer la parole,
00:18:47 vous êtes, je rappelle, vous êtes donc
00:18:49 enseignant-chercheur en hydrogéologie.
00:18:51 Non, ça marche le micro, a priori ?
00:18:53 Ça marche ? Non, il marche. Ah si, il marche.
00:18:55 Comment vous avez-vous
00:18:57 - comment vous, si on a envie de savoir,
00:18:59 un peu vous, qui êtes, encore une fois,
00:19:01 un expert des questions
00:19:03 hydrologiques souterraines, comment vous observez
00:19:05 justement ces débats qui, honnêtement,
00:19:07 ça ne faisait pas débat pendant des années,
00:19:09 ça n'intéressait pas grand monde dans le grand public,
00:19:11 aujourd'hui on a l'impression que c'est devenu
00:19:13 une question essentielle, politique,
00:19:15 comment vous l'observez, ça ?
00:19:17 - Alors, déjà, je vais aller complètement
00:19:19 dans le sens d'Esther, donc merci beaucoup
00:19:21 d'avoir introduit un peu tous ces éléments-là
00:19:23 sur le côté privatisation, parce que finalement,
00:19:25 si vous... alors,
00:19:27 la matière que moi j'étudie,
00:19:29 que moi j'enseigne, les eaux souterraines,
00:19:31 la particularité c'est que c'est compliqué, parce que c'est quelque chose qu'on ne voit pas.
00:19:33 On a le cas à Beauvais,
00:19:35 on a une plateforme, tout se passe à 40 m sous nos pieds,
00:19:37 donc finalement, personne,
00:19:39 voilà, on parle de nappes phréatiques,
00:19:41 on a tout un tas de, comment dire,
00:19:43 d'avis ou d'imaginaire
00:19:45 derrière tout ça, sur les eaux souterraines,
00:19:47 alors que finalement, ceux qui connaissent,
00:19:49 c'est nous. Et en fait, notre rôle,
00:19:51 et notamment le mien, et puis l'équipe
00:19:53 hydro au sens large, c'est de
00:19:55 sensibiliser et de faire ça auprès
00:19:57 de nos étudiants. Donc c'est aussi pour ça que j'interviens
00:19:59 à Rouen, pour donner des cours avec
00:20:01 des deuxièmes années, alors peut-être
00:20:03 certains m'ont eu à leur grand désespoir
00:20:05 ou pas, sur le côté
00:20:07 gestion durable de l'eau
00:20:09 et de l'environnement, parce que finalement, le côté privatisation,
00:20:11 c'est finalement ce qui nous dérange le plus
00:20:13 en tant qu'hydro-géologue, sur le fait que ce soit un bien
00:20:15 commun, un bien public,
00:20:17 d'accord, contrairement à d'autres
00:20:19 pays dans le monde pour lesquels c'est
00:20:21 un bien privé et l'eau, on peut la vendre,
00:20:23 on peut la louer. - Oui, parce qu'aux
00:20:25 Etats-Unis, par exemple, l'eau,
00:20:27 elle appartient à celui qui possède la terre.
00:20:29 - Voilà, vous êtes propriétaire jusqu'au centre de la terre.
00:20:31 - La pratique de sou elle est à vous, autant ou même que
00:20:33 le sol. Ce n'est pas qu'en France. - C'est ça, en France,
00:20:35 on étudie, parmi les exemples qu'on cite
00:20:37 aussi dans nos cours,
00:20:39 il y a l'exemple du Chili avec les avocats,
00:20:41 où finalement, l'eau
00:20:43 est un bien privé là-bas, donc on peut la
00:20:45 vendre, on peut la louer, et finalement,
00:20:47 le propriétaire
00:20:49 agricole qui a
00:20:51 la possibilité d'alimenter
00:20:53 ses cultures
00:20:55 à de l'eau, et ainsi de suite, et les populations à côté
00:20:57 sont alimentées par des camions-citernes, et ainsi de suite,
00:20:59 ont pas vu de rivières depuis des
00:21:01 dizaines d'années. Et quand on y associe
00:21:03 ça, le réservoir, parce que finalement, ce qui est
00:21:05 important pour nous, si on regarde
00:21:07 un petit peu la géologie, la situation va être extrêmement
00:21:09 hétérogène à l'échelle de la France,
00:21:11 et aussi à l'échelle de la planète tout entière.
00:21:13 Si vous vous rappelez un peu tous les uns
00:21:15 les autres de la base
00:21:17 de notre enseignement, c'est le cycle de l'eau.
00:21:19 C'est les cours de SVT
00:21:21 effectivement. Voilà.
00:21:23 Exactement, qui est, c'est,
00:21:25 voilà, la mer, condensation,
00:21:27 la pluie, l'évaporation,
00:21:29 l'infiltration, et nous ce qui nous intéresse
00:21:31 plus particulièrement sur la partie eau
00:21:33 souterraine, c'est toute la partie infiltration.
00:21:35 Et parmi les,
00:21:37 comment dire, les idées reçues un petit peu,
00:21:39 voilà, on en a plein à l'école
00:21:41 aussi, dès qu'il pleut, tout le monde
00:21:43 nous croise en nous disant, finalement,
00:21:45 vous êtes contents les hydrogéologues, il pleut.
00:21:47 Voilà, alors on leur explique que c'est pas tout à fait
00:21:49 aussi simple, et qu'il faut voir ça comme une grosse
00:21:51 éponge ou une grosse baignoire.
00:21:53 Le sol, vous voulez dire. Voilà, le sol, d'une manière générale.
00:21:55 Le sol, une éponge, c'est...
00:21:57 C'est ça, c'est comme ça qu'on a eu
00:21:59 quelques phénomènes d'inondations il y a quelques mois
00:22:01 à Beauvais, parce que le système
00:22:03 d'absorption des eaux pluviales n'était pas suffisamment
00:22:05 important pour accepter
00:22:07 tout ça. Donc on s'intéresse à ça
00:22:09 et le côté public,
00:22:11 le côté bien public, bien privé,
00:22:13 l'eau d'une manière générale.
00:22:15 Et donc, voilà, mon travail c'est de sensibiliser,
00:22:17 de parler de chiffres aussi, parce que
00:22:19 les gens ont l'impression,
00:22:21 notamment quand il pleut, il pleut ça alimente
00:22:23 la nappe, la nappe, on est tranquille, voilà.
00:22:25 Le seul truc c'est que, finalement,
00:22:27 il faut avoir en tête que les eaux souterraines
00:22:29 ont des écoulements très lents, par rapport à tout
00:22:31 ce qu'on connaît et tout ce qu'on voit au niveau des eaux
00:22:33 superficielles. Je faisais un petit calcul
00:22:35 ce matin avant d'arriver,
00:22:37 quelque chose, un paramètre qui est important
00:22:39 en hydrogéologie, c'est ce qu'on appelle la perméabilité.
00:22:41 Tout le monde connaît un imperméable,
00:22:43 à quoi ça sert, ainsi de suite.
00:22:45 La crée sur laquelle on a toute la région nord de la France,
00:22:47 la perméabilité, c'est l'ordre de 10 - 5 m/s.
00:22:49 C'est une vitesse.
00:22:51 Donc ça c'est la vitesse de pénétration
00:22:53 d'une goutte d'eau dans le sol en question.
00:22:55 Non, c'est une vitesse à laquelle une particule d'eau
00:22:57 va se déplacer dans son réservoir.
00:22:59 Voilà, donc ça vous donne un ordre d'idée.
00:23:01 10 - 5 m/s, ça fait 0,01 mm/s.
00:23:03 Si on ramène ça à l'échelle de l'année,
00:23:05 ça vous fait un peu plus de 300 m/an.
00:23:07 D'accord ?
00:23:09 Voilà.
00:23:11 Ça vous donne un ordre de grandeur
00:23:13 de ce qu'on peut avoir nous sur la partie nord.
00:23:15 On n'est pas sur de l'eau stagnante à ce niveau-là,
00:23:17 mais par contre on est sur des écoulements très lents
00:23:19 et donc pour le coup on a forcément une inertie.
00:23:21 Là, aujourd'hui c'est les gigabassines,
00:23:23 demain on est sur les pesticides.
00:23:25 On vient de s'apercevoir que dans l'eau potable
00:23:27 il y avait un pesticide qu'on découvrait
00:23:29 et qui était interdit depuis 2020 et ainsi de suite.
00:23:31 On va en parler tout à l'heure.
00:23:33 Moi j'ai fait ma thèse sur les nitrates.
00:23:35 En travaillant sur les nitrates,
00:23:37 avec les modèles numériques
00:23:39 que j'avais créés à l'époque
00:23:41 sur la base de données,
00:23:43 ce que disait Esther tout à l'heure,
00:23:45 c'est ultra important dans le monde scientifique
00:23:47 d'avoir de la donnée.
00:23:49 Je pense que par rapport aux bassines,
00:23:51 on peut s'interroger aussi sur ce qui se passe
00:23:53 ou ce que nos voisins ont pu faire,
00:23:55 les Espagnols, ainsi de suite, dans d'autres pays.
00:23:57 Ce qui nous intéresse c'est la donnée.
00:23:59 Dans les modèles numériques qu'on avait calés
00:24:01 sur la réalité de terrain,
00:24:03 les prévisions montraient qu'il fallait 15 à 20 ans
00:24:05 pour terminer des apports,
00:24:07 pour arriver à un système qui soit purgé complètement
00:24:09 de toute la fraction azote-nitrate.
00:24:11 - D'accord.
00:24:13 - C'est pour vous donner un ordre de grandeur.
00:24:15 - On ne nettoie pas facilement.
00:24:17 Alors qu'on la pompe très facilement.
00:24:19 - Exactement.
00:24:21 - C'est-à-dire qu'il y a d'un côté un système
00:24:23 dans lequel c'est très facile de l'extraire,
00:24:25 et de l'autre, un système dans lequel
00:24:27 il est très difficile et très lent de la reconstituer.
00:24:29 - On parle aussi dans la partie courte
00:24:31 de cette évolution historique de l'usage de l'eau.
00:24:33 Quand il fallait aller chercher l'eau au puits,
00:24:35 bizarrement, on en consommait un tout petit peu moins.
00:24:37 Donc forcément, on mettait de l'ordre
00:24:39 de 20 à 30 litres par jour et par personne.
00:24:41 Là, en France, la moyenne, ça doit être aux alentours
00:24:43 de 150 litres d'eau par jour et par personne.
00:24:45 C'est facile, il n'y a qu'à ouvrir le robinet.
00:24:47 Donc il y a cette approche-là.
00:24:49 On travaille aussi
00:24:51 avec nos étudiants, avec l'école,
00:24:53 sur tout un tas de projets de recherche,
00:24:55 et notamment sur l'utilisation
00:24:57 à titre privé de l'eau,
00:24:59 notamment par le biais des puits.
00:25:01 On va en citer la localité sur laquelle on a travaillé.
00:25:03 Ça n'empêche qu'en Vendée, pas très loin,
00:25:05 il y a tout un tas d'îles sur la côte
00:25:07 sur laquelle on travaille pour caractériser
00:25:09 la ressource en eau douce sur un milieu fini.
00:25:11 Puisque l'eau n'est pas une ressource infime.
00:25:13 Donc on travaille là-dessus.
00:25:15 Et finalement, on travaille par rapport à des puits.
00:25:17 La mairie de la commune nous a donné un plan
00:25:19 où il y avait une trentaine de puits communaux
00:25:21 qui étaient référencés.
00:25:23 En faisant un peu porte-à-porte avec les étudiants
00:25:25 pendant une dizaine de jours,
00:25:27 on en a trouvé 160.
00:25:29 Il n'y avait nulle part aucune trace
00:25:31 de leur existence.
00:25:33 En faisant le point entre leur localisation
00:25:35 et forcément leur usage,
00:25:37 car finalement, les usages sont très variés,
00:25:39 on s'aperçoit qu'il y a des personnes
00:25:41 qui ne l'utilisent pas.
00:25:43 "Papi a creusé le puits au fond du jardin
00:25:45 et depuis on ne s'en sert pas."
00:25:47 - C'est décoratif.
00:25:49 - Voilà, exactement, l'ornemental.
00:25:51 Et puis il y a des puits pour lesquels
00:25:53 on s'en sert pour notre quotidien,
00:25:55 pour l'alimentation, des toilettes, etc.
00:25:57 On s'en sert pour l'arrosage des jardins
00:25:59 et ça c'est la majorité des gens.
00:26:01 Et on s'en sert aussi pour rejeter les eaux usées.
00:26:03 Voilà.
00:26:05 Et donc, dans mon expérience professionnelle
00:26:07 d'avant, alors c'est absolument interdit,
00:26:09 on est bien d'accord que ce n'est pas l'idée du siècle,
00:26:11 ça n'empêche que dans l'expérience professionnelle
00:26:13 que j'ai eue avant d'arriver à New-York-Sales,
00:26:15 parce que j'ai travaillé aussi dans le domaine des cités-sols poluées,
00:26:17 on en parlait tout à l'heure,
00:26:19 donc voilà, c'est aussi un thème de proximité avec l'eau,
00:26:21 il se trouve que j'ai eu la chance
00:26:23 de rencontrer deux personnes qui étaient voisins
00:26:25 qui avaient un puits à 50 mètres l'un de l'autre
00:26:27 et l'un récupérait l'eau pour lui,
00:26:29 sa consommation, etc.
00:26:31 Quand je l'ai rencontré, il m'a dit qu'il y avait un goût
00:26:33 et une odeur. Voilà.
00:26:35 À l'époque j'étais étudiant, donc je me suis dit
00:26:37 "Tiens, c'est peut-être associé à de l'infiltration, etc."
00:26:39 Et puis je suis allé voir le voisin qui m'a dit
00:26:41 que lui rejetait toutes ses eaux usées, douche, toilettes, dans son puits.
00:26:43 Ah oui, d'accord. Vous fabriquez des bonnes fêtes
00:26:45 de voisins, vous, Michael Gougeon,
00:26:47 quelque part, bonne ambiance de voisinage.
00:26:49 Voilà, c'est ça, toujours.
00:26:51 C'est pour dire, sur cet exemple qui est un tout petit exemple vendéen,
00:26:53 à quel point tout ça est encore incroyablement opaque.
00:26:57 Incroyablement oscilleux, incroyablement...
00:26:59 C'est aussi, c'est exactement ça.
00:27:01 Mais alors, vous avez dit une chose, là,
00:27:03 je sais pas, c'est peut-être une question qui se poserait après,
00:27:05 mais moi, je suis comme tout le monde,
00:27:07 je me souviens de mes petits cycles, là,
00:27:09 avec la flèche, ça remonte, ça redescend, ça se transforme en nuage, ça re...
00:27:11 Et vous avez dit cette phrase qui, du coup,
00:27:13 est très étonnante quand on est néophyte,
00:27:15 c'est de dire "Oui, mais l'eau, c'est une ressource finie."
00:27:17 Mais elle est en permanence renouvelée.
00:27:19 Alors, où est-ce qu'elle disparaît, l'eau ?
00:27:21 Pourquoi est-ce que c'est si important de la préserver ?
00:27:23 Alors, ben, en fait, elle est...
00:27:25 Le cycle de l'eau, c'est un cycle infini.
00:27:27 D'accord ? Et de toute façon,
00:27:29 la nature ou le cycle, de toute façon,
00:27:31 aura tendance à s'équilibrer.
00:27:33 Elle cherche à s'équilibrer, même si, au bout du compte,
00:27:35 on n'y arrive pas jamais.
00:27:37 Donc, il y a une partie, c'est aussi ça,
00:27:39 sur les bassines, en fait,
00:27:41 le fer de lance, un petit peu, des gens qui sont pro-bassines,
00:27:43 c'est d'utiliser les surplus de la nappe.
00:27:45 Alors, dans certains dossiers,
00:27:47 j'ai lu qu'ils allaient récupérer ce qui déborde.
00:27:51 Alors, je veux bien qu'ils m'expliquent, d'un point de vue hydro-géologique,
00:27:53 qu'est-ce qui est considéré comme une nappe qui déborde.
00:27:56 D'accord ? Parce que c'est des phénomènes qu'on connaît plutôt bien,
00:27:58 nous, de notre côté. Mais je veux bien qu'ils m'expliquent.
00:28:00 Et puis, après...
00:28:01 - Ça déborde pas beaucoup, les nappes phréatiques.
00:28:03 C'est ça que vous voulez dire ?
00:28:04 Ça déborde pas beaucoup, les nappes phréatiques.
00:28:06 - Alors, si, mais dans des contextes géologiques bien précis.
00:28:08 L'artésianisme, des choses comme ça, qu'on connaît bien en France.
00:28:11 Mais pour le coup, c'est des phénomènes bien précis.
00:28:13 Et après, sur le long terme,
00:28:15 parce que c'est toujours le bassine et ainsi de suite,
00:28:17 des salinisations, c'est plutôt pour moi, des gestions...
00:28:21 avec des visions court terme de ces choses-là.
00:28:24 Le truc, c'est qui est capable de prédire, dans le long terme,
00:28:27 comment...
00:28:29 - Attendez, vous n'avez pas répondu à ma question.
00:28:30 Qu'est-ce qu'elle devient, l'eau ?
00:28:31 Puisque c'est un cycle infini,
00:28:32 pourquoi est-ce qu'on est tous alertés ?
00:28:34 Puisque, de toute façon, la quantité d'eau ne va pas bouger.
00:28:36 - Alors, pour vous donner un exemple sur l'île,
00:28:38 sur laquelle on a travaillé.
00:28:39 Donc, on est sur un volume fini de matériaux, de réservoirs.
00:28:43 A partir du moment où on la prélève et on l'utilise
00:28:45 pour la consommation diverse et variée,
00:28:47 forcément, vous supprimez ce volume-là du réservoir global.
00:28:51 Et notre travail, sur ces îles-là,
00:28:53 je vous donne l'exemple de l'île,
00:28:55 mais à plus grande échelle, on pourrait être sur la Terre, finalement.
00:28:58 Cette ressource-là n'est pas infinie
00:29:01 et elle est soumise à une pression autour,
00:29:03 notamment avec l'eau salée qui peut s'infiltrer, ainsi de suite.
00:29:06 Et finalement, toute l'eau qui est utilisée
00:29:08 ou toute l'eau qui est utilisée par les plantes, par les animaux,
00:29:11 et ainsi de suite.
00:29:12 - Donc, en fait, elle est utilisée pour créer de la vie.
00:29:14 - Voilà.
00:29:15 - Et toute la vie qui est là, c'est de l'eau en moins, de certaine manière.
00:29:17 - Ce qu'il faut avoir en tête, c'est que toute la ressource en eau souterraine
00:29:22 n'est pas là, utilisée que pour l'agriculture.
00:29:25 On s'en sert pour l'industrie,
00:29:26 on s'en sert pour l'alimentation d'eau potable,
00:29:28 on s'en sert pour... - On en parlera plus tard.
00:29:30 Merci de ces éclaircissements très SVT, c'est toujours intéressant.
00:29:34 Je vais vous passer la parole, Marie-Laure Vercambre.
00:29:36 Je rappelle que vous êtes directrice générale du Partenariat français pour l'eau.
00:29:39 En un mot, qu'est-ce que c'est, le Partenariat français pour l'eau ?
00:29:43 - Bonjour à tous. Merci pour l'invitation.
00:29:46 C'est une association qui réunit 200 grands acteurs institutionnels français.
00:29:54 Donc, ça va des ministères, des agences de l'eau,
00:29:59 l'Office français de la biodiversité, l'AFD aussi, des collectivités,
00:30:06 des entreprises, donc les grandes entreprises, Veolia, Suez, Danone, EDF,
00:30:12 mais aussi des petites dans l'innovation, des associations,
00:30:15 Action contre la faim, Secours Islamique France, etc.,
00:30:18 des centres de recherche, l'INRAE, CNRS, bon, 200 grands acteurs français
00:30:24 qui sont soucieux de la façon dont les enjeux d'eau douce sont mal représentés
00:30:30 dans les grandes politiques internationales, dans les questions de gouvernance mondiale.
00:30:34 Et du coup, on développe ensemble un plaidoyer sur les grands enjeux
00:30:40 et on le porte ensuite à l'ONU, par exemple, dans l'éco-climat,
00:30:44 ou bien à une grande conférence sur l'eau qui vient d'arriver.
00:30:47 - Vous militez pour qu'il y ait une bonne gouvernance, une bonne gouvernance mondiale de l'eau, on peut dire.
00:30:52 - Voilà, et évidemment, tout ça est emprunt du modèle français, de l'expertise française,
00:30:58 de gestion de l'eau, mais aussi de toute cette panoplie d'acteurs que je viens d'évoquer,
00:31:04 donc sur les questions humanitaires, sur la question des agences de l'eau,
00:31:08 sur la gestion de l'eau au niveau des bassins en France.
00:31:12 - Parce que les Français, parce que la France, on a une expertise en matière d'eau
00:31:15 qui est particulièrement pointue.
00:31:18 On a une façon de gérer l'eau, on parle de l'école française,
00:31:24 notamment au niveau des bassins hydrographiques,
00:31:28 alors pour vous c'est une évidence dans cette école,
00:31:31 mais c'est loin d'être le cas dans la majorité des pays, en fait.
00:31:37 Et la France, vraiment, promeut cette façon de gérer l'eau,
00:31:42 et puis la gestion intégrée, et puis une façon de gérer le grand enjeu.
00:31:46 - La gestion intégrée, ça veut dire le partage, le partage un peu...
00:31:49 - Ça veut dire la gestion...
00:31:51 - On discute un petit peu de comment on va partager la ressource, c'est ça la gestion intégrée ?
00:31:54 - Oui, c'est une gouvernance qui est collective,
00:31:57 qui met autour de la table, au sein des comités de bassins,
00:32:00 notamment les grands usagers, il y a des arbitrages qui sont faits,
00:32:06 et ça, et puis aussi le fait de prendre comme entité territoriale le bassin versant,
00:32:15 vraiment dans tout son territoire.
00:32:18 Ça, c'est la loi de 1964 qui a vraiment défini ça, il me semble,
00:32:25 et la France le promeut au sein de sa coopération internationale,
00:32:30 mais aussi, vraiment, les ingénieurs français sont payés pour aller conseiller,
00:32:39 dans des contextes aussi complètement... comme des consultants.
00:32:46 - Oui, c'est ça. Parce que justement, dans le monde, globalement,
00:32:49 l'eau est très mal gérée.
00:32:52 Si vous deviez faire comme ça un panoptique un peu de...
00:32:58 Tition, notamment, sur la répartition mondiale de l'eau, comment...
00:33:03 Vous avez une heure et demie.
00:33:05 - Vaste question, n'est-ce pas ?
00:33:07 - Alors, au niveau mondial, l'eau n'est pas gérée.
00:33:11 - Voilà, c'est simple.
00:33:13 - Je vais revenir sur le sens de chaque mot.
00:33:15 - C'est bien.
00:33:17 - Donc, au niveau mondial, elle n'est pas gérée.
00:33:19 On en est beaucoup moins loin que le climat, par exemple.
00:33:22 - Qui est déjà pas non plus extraordinaire, mais c'est encore pire.
00:33:25 - Voilà, on en est beaucoup plus loin.
00:33:27 Il vient d'y avoir une grosse conférence à l'ONU,
00:33:31 c'était la première depuis quasiment 50 ans, sur l'eau douce, à New York, à l'ONU.
00:33:36 On y était avec Esther, notamment.
00:33:39 Et c'était la première fois en quasiment 50 ans que les Etats se réunissaient,
00:33:44 comme ils le font à l'ONU, pour parler des enjeux d'eau douce.
00:33:47 Or, on est dans un monde globalisé, complètement...
00:33:51 On pourrait utiliser le terme d'eau virtuelle, justement,
00:33:54 qui est nécessaire à la production des biens.
00:33:57 Vous me demandez où va l'eau.
00:33:59 Elle va notamment dans tout ce qu'on produit.
00:34:02 - Des choses qu'on ne mesure pas forcément.
00:34:05 - Elles sont captées ou elles s'évaporent.
00:34:08 - Quand on achète un smartphone, un jean, etc., il y a de l'eau derrière.
00:34:12 - Il y a l'eau virtuelle pour tous les biens agricoles, bien sûr.
00:34:16 Et donc, il y a tout ce trafic d'eau qui a lieu à travers tout le commerce mondial.
00:34:23 Alors là, on est à des années-lumière de commencer à penser au niveau mondial
00:34:29 ce qu'on essaye de faire au niveau national et un peu territorial.
00:34:34 C'est-à-dire de mieux se coordonner, d'essayer de faire des productions
00:34:38 qui ne soient pas complètement absurdes sur tel ou tel territoire.
00:34:42 Au niveau mondial, on en est trop là.
00:34:44 Mais juste pour répondre un petit peu, parce que ça le mérite.
00:34:49 Donc, il y a une COP sur le climat, il y a une COP sur la biodiversité,
00:34:57 dont beaucoup ont découvert l'existence il n'y a pas longtemps.
00:35:01 Bref, dans le système multilatéral, il y a des choses sur la santé,
00:35:07 il y a des choses sur... Mais sur l'eau, il n'y a rien.
00:35:10 Il y a à peu près 40 programmes des Nations unies qui font chacun quelque chose.
00:35:15 Donc, c'est soit sur les aspects santé, soit sur les aspects au souterrain,
00:35:20 soit sur... Enfin, bon, bref.
00:35:22 Et puis, il y a l'ONUO qui est un petit programme, une petite équipe
00:35:26 qui est censée faire en sorte qu'il n'y ait au moins pas 2 personnes
00:35:29 qui fassent la même chose. Mais vraiment, sans ironie,
00:35:32 ce n'est pas leur mandat de faire plus de toutes les manières.
00:35:35 Mais il n'y a pas de mandat politique au niveau international
00:35:38 et au niveau des Nations unies pour que les États se parlent
00:35:42 et essayent de se mettre d'accord un petit peu sur comment gérer les choses
00:35:45 au niveau mondial.
00:35:46 - Et pourquoi ? Est-ce qu'il y a une raison civilisationnelle, politique,
00:35:50 anthropologique, je ne sais pas, qui expliquerait cette absence quand même
00:35:53 invraisemblable quand on sait à quel point l'eau est fondamentale ?
00:35:57 - Je pense que c'est parce que l'eau est tellement vitale.
00:36:03 C'est l'État-nation, en fait. L'eau était perçue comme une ressource
00:36:10 qui devait être gérée de manière souveraine sur le territoire,
00:36:14 tout simplement. Et déjà, au sein du territoire, c'est compliqué.
00:36:18 Mais alors, les États...
00:36:20 - C'est-à-dire qu'on est un peu dans une vision, pas privatisée,
00:36:24 mais l'eau, elle vous appartient parce que vous avez la terre.
00:36:27 C'est votre pays, c'est l'eau, vous gérez l'eau.
00:36:29 Ce qui est sous vos pieds, ça vous regarde.
00:36:31 - Pour aller dans le sens de Marie-Laure, en fait, la gestion de l'eau
00:36:35 est forcément aussi associée à sa présence ou pas.
00:36:39 En fonction du réservoir ou de la partie dans le monde où vous vous trouvez,
00:36:43 la ressource, elle est présente ou pas.
00:36:45 J'avais une discussion en venant avec une de mes collègues,
00:36:48 parce qu'on arrêtait un petit peu avant de venir.
00:36:51 Et du coup, ce qu'on se disait, c'est que dans certains pays,
00:36:54 l'eau, c'est vu comme un dieu.
00:36:56 Ou la mer nourricière.
00:36:58 Forcément, quand on n'a pas besoin d'ouvrir le robinet,
00:37:03 quand il faut aller chercher l'eau au puits, et ainsi de suite,
00:37:06 forcément, la gestion...
00:37:08 - Elle a un prix symbolique un peu supérieur quand on doit faire 50 km à pied
00:37:12 pour aller la chercher, effectivement. Esther, vous voulez ajouter un mot ?
00:37:14 - Pour ajouter à ce que vient de dire Marie-Laure,
00:37:16 je pense qu'il y a une vraie raison aussi, qui est une raison économique.
00:37:19 Donc on part par rapport au pétrole.
00:37:21 Alors on a l'OPEP qui régule le pétrole depuis bien longtemps.
00:37:23 L'or est régulé à un prix, et il se trouve réparti dans l'ensemble du monde.
00:37:27 Et les réserves d'or ou de pétrole n'appartiennent pas forcément aux pays dans lesquels elles sont.
00:37:31 Donc on est capable de le faire pour ces biens-là parce qu'ils ont un prix,
00:37:34 parce qu'on peut en tirer un profit.
00:37:36 Et l'eau, encore une fois, attention, je parle pas de l'eau que vous allez utiliser
00:37:39 pour survivre tous les jours.
00:37:41 Je parle de l'eau en tant que matière première.
00:37:43 Cette eau-là n'est pas régulée et n'a pas de prix.
00:37:45 Et c'est vrai que je fais partie des économistes qui pensent
00:37:47 que tant qu'elle n'aura pas de prix, les entreprises privées
00:37:50 et les gouvernements ne s'y intéresseront pas.
00:37:52 Et donc on laissera tout ça de façon complètement incontrôlée.
00:37:56 Oui, c'est la tragédie des communs.
00:37:58 Elle est gratuite, elle appartient à personne, on peut se servir.
00:38:02 Donc en fait, la question principale, c'est en fait,
00:38:07 il serait temps qu'on se mette à la gouverner.
00:38:10 De changer la gouvernance, c'est de mettre en place vraiment une vraie gouvernance.
00:38:14 Justement, vous allez reprendre le micro, Esther.
00:38:16 Vous étiez, on le disait à la conférence,
00:38:18 la première conférence des Nations Unies sur l'eau depuis 1977.
00:38:24 C'est dire comme, voilà, ce n'était pas un sujet majeur des relations multilatérales.
00:38:29 Vous y étiez, vous.
00:38:30 Est-ce que vous avez senti le vent de l'histoire souffler, comme on dit,
00:38:33 ou on est encore très très très loin de ce qu'il faudrait faire ?
00:38:38 Sur le vent de l'histoire, je laisserai Marie-Laure.
00:38:40 Marie-Laure, pas grave, le vent de l'histoire.
00:38:42 C'est très symbolique de se dire qu'on va à l'ONU pour enfin assister à une conférence
00:38:47 qui est consacrée à ces sujets-là.
00:38:49 Je pense qu'on aurait tenu cette discussion il y a 10 ou 15 ans.
00:38:53 J'aurais tenu exactement les mêmes propos.
00:38:55 Et je pense que c'est pareil pour tout le monde ici.
00:38:57 Donc enfin, on nous écoute et enfin, c'est mis à l'ONU.
00:38:59 Et l'ONU est un préalable à une potentielle COP.
00:39:02 Comme l'a dit Marie-Laure, ce n'était pas une COP, c'était une conférence.
00:39:05 Donc il n'y a pas d'engagement, il n'y a rien qui sera ratifié à la fin.
00:39:08 Il y a eu 700 engagements volontaires de la part des entreprises, des associations, des ONG, des gouvernements.
00:39:14 Vous imaginez le bazar que c'est d'avoir 700 engagements volontaires.
00:39:18 Personne ne s'est forcément amusé à les contrôler un par un et à savoir s'ils vont vraiment être respectés.
00:39:23 Mais au moins, ça a eu lieu et vous avez eu énormément de nations
00:39:27 qui ont été réunies au même endroit pour en parler.
00:39:29 Et ça, c'est pour vous faire vivre un petit peu la réalité de la chose.
00:39:32 On était tous 150 dans des salles qui ne pouvaient en vrai enfermer que 20 ou 30 personnes.
00:39:37 Donc on essayait d'écouter bien que malgré nous les débats.
00:39:39 Et vous avez un tas de pays qui n'étaient pas représentés non plus sur place.
00:39:43 Parce que, ironie du sort, il y a eu des pays qui étaient blacklistés pour les visas américains, pour quelques pays là.
00:39:48 Donc ça veut dire qu'on parlait des problèmes d'eau dans des pays qui ne pouvaient pas venir en fait assister au débat.
00:39:52 Donc on en est aux prémices d'une discussion sur l'eau et c'est très très bien.
00:39:56 Tous les médias en parlent. C'est absolument génial.
00:39:59 Et je ne veux pas dire que c'est bien qu'il y ait des problèmes d'eau, mais au moins.
00:40:02 C'est vrai qu'on se met à en parler. Et c'est vrai aussi qu'on se met à en parler parce que ce qu'on disait en ouverture, ça commence à concerner directement.
00:40:09 C'est-à-dire que pendant très longtemps, l'eau a été un problème africain.
00:40:12 Pour le français moyen, c'était un problème... Non mais c'est vrai, c'était lié.
00:40:16 Vous fermez votre robinet d'eau quand vous lavez les dents.
00:40:18 Exactement. On en avait parlé également. On dit, on entend, on a entendu que le conflit en Syrie,
00:40:25 dont on parle beaucoup moins, mais qui est quand même toujours malheureusement très important, serait né aussi d'une question des ressources d'eau au départ.
00:40:33 En tout cas, une des causes. Est-ce que c'est vrai, Samar et Laure, par exemple, qu'on peut considérer que c'est un conflit de ressources d'eau parmi d'autres facteurs qui sont religieux, politiques, etc.?
00:40:43 Bien sûr. Entre autres, oui. C'est une région en stress hydrique chronique extrêmement fort.
00:40:49 Et là, il y a eu plusieurs années de sécheresse qui font que les populations rurales ont fui leur région et ont complètement déséquilibré l'espèce d'équilibre entre différentes populations qu'il y avait en Syrie.
00:41:09 Donc ça a joué. Oui, c'est vrai que vous, vous avez senti le vent de l'histoire dans votre chevelure à New York. Vous êtes mi figue, mi raisin qu'on pourrait dire.
00:41:20 C'est à dire c'est un bon début et en même temps, on est vraiment loin de. Alors quand on est habitué à tout ce qui se passe aux Nations unies,
00:41:30 il faut reconnaître qu'effectivement, cette conférence a eu lieu, que la question chatouille quand même beaucoup, beaucoup, beaucoup et que si on en est là, c'est pas vraiment qu'il y a une espèce de maturité qui fait que
00:41:45 et que d'une certaine manière, les négociations climat ont ouvert la voie que maintenant, là, on va rentrer dans la phase où dans les négociations climat, on va commencer à négocier de plus en plus sur les enjeux d'adaptation
00:41:54 au changement climatique et plus seulement à la question de l'atténuation qui est fondamentale, bien sûr, mais pour l'instant, ils ont énormément de temps sur la réduction.
00:42:03 Expliquer la différence entre atténuation et adaptation. Atténuation, ça veut dire essayer de tout faire pour que les problèmes se réduisent. Atténuation, c'est essayer de tout faire pour que les conséquences des problèmes ne soient pas trop catastrophiques.
00:42:14 L'atténuation, c'est la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Voilà. L'adaptation, c'est qu'est-ce qu'on fait pour s'adapter au climat ambiant, au climat qui a évolué déjà et qui va évoluer comme ça jusqu'à la fin du siècle.
00:42:29 Comment est-ce qu'on s'adapte, notamment ? Et là, évidemment, tout ce qui est hydrologie, etc. est absolument central dans toutes les revues nationales des États. Dans le cas des négociations climatiques, ils parlent tous d'eau, bien sûr, pour de l'eau dont ils ont besoin, pour la sécurité alimentaire, etc.
00:42:48 Et pour leur développement. Et donc c'est absolument central. On va enfin arriver à la phase d'adaptation. On n'a pas encore défini l'objectif mondial d'adaptation, qui est un des objectifs dans les négociations climatiques.
00:43:06 Et des données, c'est ça que vous voulez dire ? Le chiffre n'est pas donné de X% ?
00:43:11 Non, on n'a pas d'objectif, on n'a pas de déclinaison. Tout ça peut avoir l'air extrêmement décalé. Maintenant, il faut quand même se rappeler que ce sont les gouvernements élus qui vont négocier, n'est-ce pas ?
00:43:27 Donc voilà, ça, il faut se le redire et il ne faut pas attendre des miracles des COP. Évidemment, il y a beaucoup de gouvernements qui ne sont pas élus, donc ce n'est pas un propos politique uniquement.
00:43:44 Mais en tout cas, dans le domaine de l'eau, on en est très loin. Et cette conférence, elle va probablement déboucher de New York, elle va probablement déboucher sur la création d'un poste d'envoyé spécial sur l'eau.
00:43:58 Alors, ça ne nous fait pas...
00:44:00 C'est un CDD ou un CDI ? On a envie de savoir.
00:44:04 On n'est pas hyper impressionnés.
00:44:07 Wow ! À plein temps quand même, on espère. Un poste à 35 heures, on espère.
00:44:14 Mais vous savez, il faut voir, il y a quand même des conventions sur ce qu'on appelle les bassins transfrontaliers, donc les cours d'eau et les nappes.
00:44:25 Les nappes qui sont liées parce que les autres, c'est plus compliqué. Mais transfrontalières, ça concerne à peu près 60% de toute l'eau douce sur Terre.
00:44:31 Il y a 60% de toute l'eau douce sur Terre qui est partagée par au moins deux pays.
00:44:36 Alors ça, ils en commencent évidemment. Là, c'est plus souverain puisque c'est partagé.
00:44:41 Donc là, ils ont commencé à travailler dessus par la force des choses parce que la coopération était forcée,
00:44:46 mais totalement différemment d'une région à l'autre, entre deux pays, avec des pays très hégémoniques, toujours les mêmes,
00:44:53 et puis d'autres qui sont en aval à la fin du fleuve et qui n'ont plus qu'à accepter ce qu'on leur propose.
00:45:00 Ou bien il y a des zones comme l'Union européenne, par exemple, où on est allé très loin dans le concept de coopération.
00:45:07 Et tout à l'heure, on parlait de l'OMVS, de l'Organisation pour la mise en l'air du fleuve sénégal.
00:45:14 Là, il y a une organisation qui a une gouvernance extraordinaire où ils sont allés très très loin dans la coopération suite à des sécheresses extrêmement critiques.
00:45:25 Et là, au pied du mur, pour revenir à cette expression, ils ont créé l'OMVS qui rassemble quatre pays,
00:45:32 donc la Mauritanie, la Guinée, le Sénégal et le Mali.
00:45:37 Et ces États considèrent que le Sénégal, en gros, est un bien commun qu'ils vont gérer ensemble.
00:45:48 Le fleuve Sénégal.
00:45:49 Le fleuve Sénégal, oui. Ils cofinancent tout ensemble, toutes les décisions sur toute utilisation du fleuve, extraction, etc.
00:46:01 C'est extraordinaire.
00:46:04 C'est super intéressant parce que pour le coup, ce sont des pays d'Afrique qui ne sont pas forcément des modèles qu'on passe notre temps à regarder et à suivre dans le monde.
00:46:12 C'est intéressant. Ce sont des pays très pauvres avec des problèmes de gouvernance qu'on peut imaginer mais qui ont quand même réussi à montrer l'exemple au monde, on pourrait dire.
00:46:20 Vous voulez dire un mot, Esther ?
00:46:22 Il y a un point qui peut être intéressant. Effectivement, sur l'OMVS, c'est formidable.
00:46:26 Et un pendant qui est moins formidable mais qui est en train peut-être de le devenir, c'est l'exemple du Nil.
00:46:31 On le connaît tous, qui commence en amont au niveau de l'Éthiopie et qui après arrive au niveau de l'Égypte.
00:46:37 L'Égypte est le dernier fleuve, sauf que l'Égypte a toujours eu une suprématie plutôt économique et militaire.
00:46:42 Et donc dans les années 1930, l'Égypte s'est octroyée la première fois au niveau du fleuve et a menacé l'Éthiopie de l'envahir ou de représailler militaire si elle osait prélever trop d'eau.
00:46:52 C'est un exemple typique de potentiel conflit transfrontalier.
00:46:56 C'est seulement récemment que les institutions internationales et les grands gouvernements sont intervenus pour dire que ça suffit, l'Éthiopie a le droit de bâtir un barrage.
00:47:05 Et puis c'est très bien parce qu'elle produira de l'électricité en amont et elle le revendra à l'Égypte, qui n'aura plus peur de manquer d'eau, etc.
00:47:12 Et on commence par le biais économique à mettre en place une coopération entre des pays.
00:47:17 Mais voilà, c'est pour dire qu'il y a un petit peu tous les exemples encore et que c'est intéressant.
00:47:21 Si on doit tracer d'autres pistes, Esther, vous les avez évoquées rapidement tout à l'heure, là qui sont des pistes qui pourraient être tout à fait franco-françaises,
00:47:28 enfin en tout cas européennes, quelque chose sur lesquelles finalement on est assez en retard, voire très en retard en France, c'est la récupération des eaux usées.
00:47:35 Par exemple, on ne récupère pas les eaux usées. Qu'est-ce que c'est les eaux usées et qu'est-ce qu'on pourrait en faire ?
00:47:39 On les récupère, mais on ne les utilise pas. C'est-à-dire qu'on utilise seulement 1% des eaux usées.
00:47:45 Les eaux usées, c'est les eaux de la salle de bain, des toilettes, c'est ça ?
00:47:48 Absolument. Normalement, c'est récupéré dans des canaux. Ça va être traité de façon plus ou moins forte en fonction des usages et en fonction de votre région.
00:47:56 Ça va passer par des stations d'épuration qui sont plus ou moins loin de votre domicile. Et après, ça va être rejeté.
00:48:01 On utilise seulement 1% qu'on réinjecte après dans le système. C'est rejeté où ? C'est extrêmement régulé. Pardon ? Rejeté où ?
00:48:09 Alors c'est rejeté parce qu'on en a beaucoup besoin dans les milieux naturels. Mais ça, effectivement, je pense que Michaëlle l'expliquera mieux que moi.
00:48:14 Mais c'est rejeté dans les milieux naturels parce qu'on en a besoin. Parce que par exemple, je prends toujours l'exemple de la Seine.
00:48:18 Mais la Seine ne pourrait pas exister si on ne rejetait pas une partie des eaux qu'on mettait dedans parce qu'en fait, elle baisserait de niveau.
00:48:27 Par contre, c'est très régulé l'utilisation de l'eau utilisée pour par exemple l'agriculture ou l'arrosage ou quoi que ce soit.
00:48:36 Mais j'ai lu qu'à priori, on devrait être 70% dans cette salle à être OK de consommer des fruits et légumes qui ont été irrigués avec de l'eau utilisée.
00:48:46 Posez-vous la question, est-ce que vous êtes d'accord ?
00:48:48 Est-ce que vous allez la passer sous le robinet avant le fruit en même temps ?
00:48:52 C'est ça, de toutes les façons, notre eau est un peu polluée par plein de choses. Donc de toutes les façons, on n'a pas d'eau parfaite.
00:48:58 Vous seriez plutôt partisane de que par exemple l'agriculture utilise, ce qu'elle actuellement n'a pas le droit de faire.
00:49:03 Ce n'est pas une question de bonne volonté. Je crois qu'elle n'a pas le droit. Si elle a le droit, elle le fait.
00:49:06 Il y a des endroits très connus comme la pomme de terre de Noirmoutier où je crois le maïs semence à Clermont-Ferrand.
00:49:13 Ça se passe très bien. Ça fait 20 ans ou 30 ans que ça existe et on a le droit.
00:49:17 Simplement, il y a quand même des blocages culturels. Il y a aussi des blocages techniques.
00:49:22 C'est-à-dire qu'on ne peut pas être trop loin. On ne peut pas irriguer avec de l'eau qui a été traitée à 50 km de là.
00:49:29 Donc il y a aussi des obstacles techniques. Mais c'est surtout qu'en fait, on ne sait pas encore quelle quantité d'eau on pourrait réutiliser si on ne la réinjecte plus.
00:49:37 Parce qu'attention, l'eau usée n'est pas une nouvelle ressource qui s'offre à nous de façon imprimée.
00:49:44 On la prend à quelqu'un d'autre, à quelque chose d'autre. Si on la prend, on la prend.
00:49:50 Vous voulez ajouter un mot, Michael ?
00:49:51 Pour la réutilisation des eaux usées, c'est aussi des pistes. Les bassines, c'en est une. La réutilisation des eaux usées, les usines de dessalinisation.
00:49:59 C'est aussi des choses sur lesquelles il y a beaucoup de travaux. Le fait que ce soit rejeté au milieu naturel, c'est plutôt bien contrôlé actuellement.
00:50:08 Ça n'a pas toujours été le cas. On imagine que l'environnement, il y a une trentaine d'années, n'était pas tout à fait là.
00:50:14 Donc il faut avoir ça aussi en tête. Il faut aussi se servir de l'expérience qu'on a eue. Et notamment, je pensais aux stations d'épuration en venant.
00:50:22 Je pensais à ça, parce qu'on a travaillé il y a quelque temps. Mon autre casquette, c'est cités sols pollués.
00:50:27 On a parlé laboratoire tout à l'heure. Finalement, il y a des modes au niveau des substances qu'on suit ou pas. Il y a 20 ans, quand j'ai commencé...
00:50:41 77, ça m'a fait rire, parce qu'on a une naissance. Il y a 20 ans, en cités sols, on était sur les hydrocarbures. Il y a une dizaine d'années, on était sur les solvants chlorés, trichloroéthylène, tetrachloroéthylène.
00:50:53 Actuellement, on est plutôt sur l'efface, et ainsi de suite. Donc c'est par mode. Et si on regarde un petit peu ce qu'on a pu faire comme bonnes idées...
00:51:04 Par exemple, sur les stations d'épuration, il y a eu la réutilisation des bouts de stations d'épuration qu'on a épandus dans les parcelles agricoles.
00:51:11 - Qui font une espèce d'engrais fabuleux. - Voilà, c'est ça. Mais il n'y a pas que des choses fabuleuses dans les résidus des stations d'épuration, que ce soit les bouts ou les eaux.
00:51:22 Donc là, si on regarde un petit peu ce qui ressort actuellement, c'est que finalement, on s'aperçoit que, notamment dans certaines parcelles au niveau de la vallée de la Seine,
00:51:32 que maintenant, on est plutôt en train de réfléchir à l'exposition des populations par rapport aux usages, et que finalement, on a apporté sur des parcelles agricoles,
00:51:40 ce qu'on appelle des métaux lourds pour faire peur, que nous on appelle des éléments de trace métallique, donc plomb, carbone, et ainsi de suite,
00:51:46 et qu'on retrouve assez allègrement dans les sols, dans les nappes, et ainsi de suite, et maintenant, on est en train de réfléchir à dire "Ok, finalement, ce n'est peut-être pas l'idée du siècle".
00:51:53 - Les bouts, les bouts, ce n'est pas... - Voilà. - Non mais c'est intéressant, parce que ça, on montre que... vous montrez qu'il y a une forme de tâtonnement.
00:51:58 Vous avez évoqué la désalinisation, donc clairement, on prend de l'eau, l'eau de mer ou l'eau des océans, on enlève le sel, on la réutilise.
00:52:07 A priori, on se dit qu'on n'est pas encore condamné... enfin, les eaux de mer ont plutôt tendance à monter, d'après ce qu'on entend. Pourquoi est-ce que ce n'est pas une solution, ça ?
00:52:15 Alors, en fait, c'est... je ramène toujours ça au site "Essol pollué", parce qu'on a un outil qui s'appelle le bilan "coût-avantages".
00:52:21 Et en fait, par rapport à une solution qu'on applique, il y a toujours les avantages et les inconvénients.
00:52:26 Par rapport à une solution comme ça, les avantages, c'est que ça offre aux populations locales une ressource en eau douce.
00:52:33 Et pour reprendre les termes d'un de mes étudiants, il y a quelques temps, à Beauvais, qui a un petit côté un petit peu cynique, de toute façon, les populations là-bas, elles s'en foutent, elles ont de l'argent.
00:52:40 Voilà. Donc voilà un petit peu l'état d'esprit.
00:52:44 Parce que ça coûte cher.
00:52:45 Voilà. Ça coûte cher. C'est extrêmement énergivore. Je pense qu'au niveau bilan carbone, on ne doit pas être très bien non plus.
00:52:51 Et ce qui pose question aussi, c'est au niveau des déchets qui sont produits par l'utilisation d'installations de ce type-là.
00:52:58 Qu'est-ce qu'on en fait ?
00:52:59 C'est quoi ? C'est du sel ? C'est ça ?
00:53:00 Ouais, voilà. Alors, on est extrêmement concentré. Une espèce de saumur, là.
00:53:03 Et c'est à quoi en faire ? On ne peut pas la remettre dans l'océan ?
00:53:07 Au départ, c'était entre... On les remettait dans le réseau ou on les remettait dans l'océan en créant localement des équilibres de notre cycle,
00:53:16 en haut ou pas, au sens global. Et on déstabilise les milieux, faune-flore, et ainsi de suite, dans des localités comme ça.
00:53:23 Donc la désalinisation, ce n'est pas génial. Ça paraît, la bonne idée comme ça sur le papier, mais en vrai, ce n'est pas...
00:53:29 Est-ce que c'est mieux ? Est-ce que c'est moins bien que la réutilisation des eaux usées ? Je pense que l'histoire nous le dira.
00:53:33 En tout cas, c'est ça, l'histoire nous le dira. Le fameux vent de l'histoire. Et Esther, peut-être un mot aussi sur...
00:53:39 Vous l'avez évoqué très vite, mais des systèmes d'eau, vous disiez, agricoles, qui permettraient un usage extrêmement, presque goutte à goutte, quoi.
00:53:47 Est-ce que ça, c'est déjà en place ? Parce qu'en France, ce n'est pas le cas. Quand on passe dans les régions agricoles,
00:53:52 on voit que ça arrose allègrement en pleine journée, en plein soleil, etc. Est-ce qu'un goutte à goutte, il y a des pays où ça a été mis en œuvre, déjà ?
00:54:00 Oui, absolument. Alors, on en a parlé. Il faut de l'argent pour un bon système de goutte à goutte. Et donc, si on regarde la plupart des pays où l'eau est un problème
00:54:08 et où elle a été régulée de façon privatisée, c'est ce qu'on appelle les marchés de l'eau. Donc ça veut dire qu'on vous octroie une quantité d'eau par mois ou par an.
00:54:17 On prend le cas de la Californie, mais ça existe aussi en Australie, en Nouvelle-Zélande. Ils ont des systèmes extrêmement performants de goutte à goutte.
00:54:24 Si vous regardez les vignes – c'est une grande passion pour le vin – en Californie, vous allez avoir par cèpe de vigne son propre petit robinet.
00:54:34 Et on sait exactement quelle quantité tombe par jour, à quel moment. On l'allume, on l'éteint comme on veut. Et ça permet d'utiliser avec parcimonie l'eau pour les vignes.
00:54:46 Alors évidemment, les vins californiens se vendent très cher. Donc effectivement, ils ont l'argent pour ce genre de choses. Et de toutes les façons, le gouvernement californien est très strict sur l'utilisation de l'eau.
00:54:56 Donc on met ça en place. Oui, c'est bien, parce que ça veut dire qu'on fait attention à chaque goutte. Maintenant, il ne faut pas que ça soit réservé uniquement aux cultures de « riches ».
00:55:05 Typiquement, j'ai beaucoup travaillé sur les grandes exploitations agricoles en Inde. Et là, typiquement, l'eau est surexploitée parce qu'en fait, on ne la mesure pas.
00:55:14 Et donc, par exemple, pour du blé, du coton ou du riz, on utilise peut-être 3 ou 4 fois trop d'eau, simplement parce qu'on ne mesure pas ce qu'on utilise.
00:55:22 C'est dommage. Et comme vous l'avez dit, ce n'est quand même pas normal finalement qu'on puisse utiliser autant d'eau pour produire un t-shirt ou même pour produire du riz, alors qu'il y a d'autres gens qui, à la verse, vont mourir de soif à d'autres endroits.
00:55:34 Marie-Laure Vercambre, vous l'avez dit, l'eau en France, c'est une question de gouvernance depuis longtemps, puisque vous disiez que c'est les années 1964. Donc, c'est les années 1960. On était très pionniers en la matière.
00:55:47 Récemment, Emmanuel Macron a émis un plan O. Il a donné un plan O. Cette conférence est vraiment dans l'actualité, encore une fois. Comment vous l'observez ? Quels enseignements on peut tirer de ce plan O ?
00:56:00 Est-ce qu'il va dans le bon sens ? Est-ce qu'il va assez loin ? Qu'est-ce qu'on peut en dire ?
00:56:06 Nous, on travaille vraiment sur les enjeux internationaux. Je ne pense pas être la meilleure personne pour m'exprimer sur le plan O. Je peux vous parler de gestion un petit peu en France et de gouvernance.
00:56:19 Mais sur le plan O spécifiquement, ce n'est pas... Non, c'est plutôt sur l'ONU, moi.
00:56:24 Est-ce qu'il y a d'autres pays... Esther nous parlait de la Californie. Est-ce qu'il y a d'autres pays qui pourraient montrer l'exemple ? Parce qu'ils sont déjà habitués à se serrer la ceinture, si on peut dire, en termes d'eau.
00:56:34 Avant de parler du plan O, il y a eu quand même plusieurs épisodes. Il y a eu le Varenne de l'eau agricole il n'y a pas longtemps. Je pense que vous en avez peut-être entendu parler ici.
00:56:47 Il y a eu aussi les Assises de l'eau en 2018 et 2019. Ces gouvernements se sont pas mal penchés. Il y a eu plusieurs initiatives.
00:57:01 Et moi, ce que je note, c'est que la situation se durcit et que les contraintes font qu'on essaye de trouver des solutions.
00:57:17 Par exemple, dans le cadre du Varenne et des Assises, on a parlé des projets de territoire pour la gestion de l'eau, les PTGE, un peu comme une solution d'avenir réellement.
00:57:33 Alors là, ça vous parle peut-être à vous. Ça parle pas forcément aux auditeurs. Mais ce sont des nouveaux projets. On met vraiment tout le monde autour de la table.
00:57:42 Et puis, c'est pas sur l'allocation de l'eau. C'est vraiment qu'est-ce qu'on va faire sur ce territoire en matière d'eau. Mais c'est des territoires et des projets très, très spécifiques.
00:57:52 Parce qu'il n'y a pas deux territoires qui se ressemblent, évidemment. Chaque endroit est spécifique.
00:57:56 Les contraintes se durcissent. Et on va vers... On essaye d'aller vers des solutions de la moitié mesure.
00:58:03 D'une certaine manière, c'est le pied d'huile, un peu, ce que vous dites.
00:58:05 Voilà. Les techniques d'irrigation, goutte à goutte, c'est une possibilité aussi, etc. Ça devient de plus en plus compliqué.
00:58:12 Mais ce qu'il faut espérer, c'est que tout ça amorce des changements qui sont plus profonds et qui sont plus structurels.
00:58:20 Justement, on va en parler avec vous, Esther. Je rappelle que vous êtes économiste et que vous défendez une vision. Vous l'avez évoquée rapidement.
00:58:27 Je vais rentrer un peu dans le détail parce que c'est un peu technique. Vous dites, en fait, que contrairement à ce que nous tous, on pense,
00:58:35 il y a deux eaux possibles. Il est possible de séparer, en quelque sorte, l'eau en deux. Un usage qui serait un usage pour survivre,
00:58:43 ce que l'alimentation et puis l'hydratation des humains et des bêtes, etc. Et puis des usages qui sont des usages de matières premières économiques.
00:58:51 Donc, par exemple, ce qu'on disait pour faire un djinn, il faut beaucoup d'eau. Pour faire pousser du maïs, il faut beaucoup d'eau, etc.
00:58:57 Chaque goutte pourrait, selon vous, être lestée d'un prix, mais uniquement sur ce marché-là, en quelque sorte.
00:59:06 C'est-à-dire que, comme il y a des systèmes d'échange de marché de carbone, de créer des systèmes d'échange d'eau, d'eau industrielle et agricole.
00:59:14 C'est ça ? Si je résume ça ?
00:59:16 Oui, alors, effectivement, on tourne autour de cette idée. Si je donne un petit peu de contexte, effectivement, il y a bien l'eau que vous utilisez tous les jours.
00:59:23 Et celle-ci relève du droit humain. Et attention, on ne veut pas y toucher. Le but, ce n'est pas de vous la faire payer plus cher,
00:59:28 même s'il y a un sujet de tarification progressive dans le plan eau qui est tout à fait discutable. Et on pourra en parler s'il y a des questions, en tout cas, dessus.
00:59:35 Et à côté de ça, qui consomme la majorité de l'eau dans le monde, il y a l'eau matière première. Au même titre que, je l'ai dit tout à l'heure, le pétrole, le charbon sont des matières premières.
00:59:44 Et l'eau, on l'a toujours mise de côté. Donc, il faut la réguler de cette façon-là. Une fois qu'on a dit ça, l'eau matière première, vous l'utilisez tous les jours.
00:59:52 En prenant le train tout à l'heure, moi, j'ai mangé un sandwich triangle au jambon fromage. Et puis, j'ai bu un Coca. Donc, je me suis amusée à calculer l'empreinte eau.
01:00:00 Mon sandwich triangle, c'était à peu près 600 litres d'eau. Et mon Coca, c'est à peu près une vingtaine de litres.
01:00:05 C'est incroyable.
01:00:06 Et ça, on ne s'en rend pas compte. Et un verre de vin, c'est 120 litres d'eau à peu près pour votre verre de vin.
01:00:12 C'est important de se dire que là, vous avez mangé ce matin, ce midi, et vous en mangerez ce soir beaucoup d'eau.
01:00:18 Et c'est cette eau-là, on en parlait tout à l'heure, qu'on peut optimiser. Potentiellement, un sandwich triangle, ça pourrait être peut-être 400 litres au lieu de 600 litres. Vous imaginez.
01:00:26 Donc, à cause de ça, si on commence à tarifier l'eau, peut-être que les industriels qui l'utilisent vont y faire attention et vont l'utiliser de façon la plus économique possible,
01:00:35 vu que c'est ce qu'ils font, surtout si on connaît le prix d'un salaire. Du coup, on va utiliser une personne au maximum de ses capacités sur ses 35 heures.
01:00:43 Il faudrait quelque part qu'on fasse pareil pour l'eau. Et ça, c'est un grand absent du plan sur l'eau parce qu'on parle d'une tarification assez sophistiquée pour les foyers,
01:00:51 pour vous et moi, qui serait une tarification progressive. Mais il n'y a pas de tarification qui est évoquée pour l'utilisation de l'eau en tant que matière première pour l'agriculture et l'industrie.
01:01:01 Donc ça, c'est vrai que c'est très décevant.
01:01:04 Ça, c'est un manque, justement, qu'on peut noter. Avant de passer le micro au public et aux questions, j'aimerais vous entendre, Mikaël, sur... Parce que vous, vous êtes capable...
01:01:16 Là, il pleut un peu en ce moment dehors, donc ça fait plaisir. Mais on a appris avec vous qu'il ne suffisait pas qu'il pleuve pour se réjouir.
01:01:23 Donc on fait un peu la tronche. Oui, il pleut, mais attention. C'est une éponge. Non, mais sérieusement, là, on dit que cette année, on va rester sur la France.
01:01:31 C'est une année qu'on entend parler de termes qu'on entendait très peu avant, qui est le stress hydrique. Donc ce déficit chronique en eau, on pourrait dire.
01:01:40 L'année 2023 a l'air quand même particulièrement corsée. L'été arrive. Comment vous l'observez et qu'est-ce qu'on peut en dire quand on est spécialiste de la question ?
01:01:49 Alors on l'observe de façon très factuelle à Beauvais. Parce qu'on a la chance d'avoir sur notre site... Alors on vous invite tous, si vous voulez venir sur la plateforme hydrogeologique.
01:01:57 On a 20 ouvrages, 20 forages qui font 100 à 110 mètres de profondeur, qui capent la nappe de la Cray, donc qui est présente sur toute la partie nord de la France.
01:02:05 Et à l'échelle du bassin versant, on est d'accord que nous, c'est une petite rivière, le terrain qui fait une centaine de kilomètres et quelques kilomètres carrés de bassin versant.
01:02:14 Donc on suit ça. Le niveau des eaux souterraines, on est plutôt sur la partie haute du versant et on est en lien avec la rivière quelques centaines de mètres plus bas.
01:02:22 Et donc le niveau d'eau en standard, il est aux alentours de 40 mètres par rapport au niveau du sol. On observe ça à l'année.
01:02:30 On a des cycles hydrogéologiques, ce qu'on appelle haute eau-basse eau. L'été, le niveau est plutôt bas et puis l'hiver est plutôt haut.
01:02:40 Ce qui nous intéresse, c'est de faire le lien entre la pluviométrie, la partie qui s'infiltre, et donc l'évolution de notre niveau des eaux souterraines.
01:02:48 Ce qui ne suffit pas, justement, ce que vous l'avez dit, mais c'est bien de le rappeler, il ne suffit pas qu'il pleuve beaucoup pour que les nappes phréatiques soient très remplies.
01:02:54 Globalement, l'été, il pleut, il y a tout un plateau des pluies qui n'ont pas d'effet visible sur nos ouvrages, parce que ce sont des choses qu'on mesure, donc c'est très factuel.
01:03:04 On mesure ce niveau-là à l'année, donc on a à peu près 3 à 4 mètres de battement entre la partie haute eau et basse eau, sur un réservoir comme le nôtre.
01:03:13 Et donc on s'aperçoit, là on a mesuré il y a quelques jours le niveau des eaux souterraines, on est à peu près 2 mètres plus bas que l'an dernier.
01:03:19 Sachant qu'on a parlé de 2022 sur l'été, mais en fait, comme nous on regarde le niveau...
01:03:23 2 mètres plus bas sur une différence de 3 à 4 mètres, donc c'est pareil un domaine très bas.
01:03:28 Et donc on a observé que finalement l'été 2022, c'était déjà depuis à peu près septembre/octobre 2021, où notre niveau était en chute libre.
01:03:39 En chute libre, alors tout est relatif par rapport aux vitesses d'écoulement dont je vous parlais tout à l'heure.
01:03:43 Ça n'empêche qu'on suit ça au quotidien et en ce moment, on se targue aussi d'avoir eu 40 jours sans pluie, donc on a établi un nouveau record au mois de janvier/février.
01:03:52 Mais ça n'empêche que c'est des périodes qui sont ultra importantes dans les cycles hydrogéologiques et notamment en termes de recharge.
01:03:57 Parce qu'au mois de janvier, l'eau pluviométrique recharge plus qu'après.
01:04:02 Le système est en place pour être rechargé. La végétation est plutôt en sommeil, on a une part du sol qui va permettre l'infiltration.
01:04:11 Je parlais de la baignoire, le réservoir des eaux souterraines, c'est comme une grosse baignoire.
01:04:16 Votre bande de fond, c'est notre rivière qui va jouer le rôle d'exutoire de notre système et de notre bassin versant.
01:04:23 Et puis le robinet, c'est la pluie. Vous essayez chez vous, vous fermez la bande de fond, vous ouvrez le robinet très fort, félicitations, vous avez fait des inondations.
01:04:32 Voilà ce qu'on a eu à Beauvais il y a quelques jours. Faites l'inverse, coupez le robinet, ouvrez la bande de fond.
01:04:37 Il y a un moment, vous risquez de nager sans beaucoup d'eau.
01:04:42 On en est là dedans. Nous on suit ça au quotidien. On a des outils très bien qui font ça à notre place, plutôt que d'avoir des mesures manuelles.
01:04:50 Et on essaie de faire de la prédiction, notamment avec des modèles numériques, avec sur la base de données ultra importantes dont Esther parlait d'entrée de jeu,
01:05:00 sur la base de données, de compréhension de la géologie, du système hydrogéologique qu'on a et du bassin versant, d'essayer de faire des modèles,
01:05:07 de faire la prédiction sur finalement si notre robinet s'arrête, qu'est-ce qui va se passer. Et en fait on a des exemples, on parlait d'exemples à l'échelle mondiale.
01:05:15 On a deux exemples particuliers. Vous parliez de la Californie tout à l'heure. Le lac Mead par exemple qui permet d'alimenter en électricité.
01:05:23 Valérie ?
01:05:25 (inaudible)
01:05:27 Typiquement, le lac Mead, après quelques saisons sèches, a perdu 10 à 15 mètres et donc par rapport à l'alimentation d'une petite ville comme Las Vegas,
01:05:36 a priori ça devient un petit peu compliqué. Il y aura sûrement des choix à faire. Un autre exemple qu'on traite aussi en cours, la ville du Cap, en Afrique du Sud,
01:05:45 qui sont alimentés en eau par le biais de 7 ou 8 réservoirs, enfin lacs aériens. Et 2013-2014, tout était bon, les indicateurs étaient verts.
01:05:54 2015, première année de sécheresse. 2016, deuxième année. 2017, troisième année. 2018, ils ont failli passer ce qu'ils ont appelé le point zéro.
01:06:01 Et alors qu'est-ce que c'est le point zéro ? C'est le moment où vous ouvrez votre robinet et il n'y a rien qui se passe. Parce qu'à un moment, on a coupé l'arrivée.
01:06:12 Ils sont passés à un cheveu. Heureusement 2018-2019 ont été un petit peu mieux en termes de pluviométrie, en termes d'affiltration, ainsi de suite,
01:06:19 et en termes d'alimentation de ces réservoirs-là. Et on est remonté. Mais on avait perdu en 3 ans 70% du volume global.
01:06:26 Rien que par les préparations.
01:06:28 C'est au Paolo aussi, au Brésil.
01:06:30 Voilà, il y a des exemples. On a initié avec les bassines. Finalement, si on regarde un petit peu ce qui se passe chez nos voisins, tout ce qui a été tenté ou tout ce qui se passe,
01:06:37 on peut dire quand même qu'il y a un petit peu à prendre.
01:06:39 Les conséquences ne sont pas très bonnes. A long terme, à moyen et à long terme, elles ne sont pas très bonnes.
01:06:42 Alors nous, on est très contents. On en parlait tout à l'heure.
01:06:44 Vous les hydrogéologues, vous voulez dire. Ils se réjouissent du malheur de l'humanité. Bravo.
01:06:48 C'est un peu notre côté humour noir. Il y a 20 ans, on a eu besoin de nous par rapport aux nitrates. Moi, j'ai fait ma thèse sur les nitrates. On ne parlait que de nitrates.
01:06:55 Les polluants, notamment du lisier de porc.
01:06:57 Voilà, exactement. En Bretagne.
01:06:59 Pas très loin d'ici, en Bretagne.
01:07:00 J'avais ça et finalement, c'est passé de mode. Et puis là, on revient sur le devant de la Seine. Donc tant mieux ou tant pis.
01:07:06 Je ne sais pas dans quel sens on le met. Mais voilà, par rapport au niveau qu'on observe, on n'est pas très 2022. C'était pas terrible.
01:07:13 2023, il y a des chances que ce soit pire.
01:07:16 Les enjeux de qualité et de quantité sont hyper liés aussi. Parce que ce que beaucoup de gens ne savent pas, c'est que quand il y a très peu d'eau, la pollution est très concentrée dans moins d'eau.
01:07:27 C'est une catastrophe.
01:07:29 C'est une question de santé dans tous les cas.
01:07:31 Est ce qu'il y a des questions, des remarques, des interrogations ?
01:07:50 Merci. D'abord, bravo pour vos exposés. C'est très intéressant. Je suis Pascal Magouarou. Je suis ingénieur retraité du ministère de l'écologie de la JDN et de la Commission européenne.
01:08:04 Je m'aperçois que ça fait des décennies qu'on fait le même constat et que les choses empirent. J'ai vécu pendant des décennies ce constat.
01:08:17 Les choses empirent. On connaît les solutions, mais rien ne s'améliore. On peut se demander pourquoi.
01:08:27 Vous n'en avez pas trop parlé, mais il y a des lobbys qui ont intérêt à ce que rien ne change.
01:08:37 Là, vous devez en dire un peu plus.
01:08:39 Oui, notamment le lobby de la chimie, de la fabrication des pesticides et le lobby de l'agriculture productiviste qui font en sorte que rien ne change.
01:08:51 Je voulais évoquer aussi la directive cadre sur l'eau qui, en 2001, demandait aux États membres de se mettre en conformité et d'atteindre le bon état de toutes les eaux.
01:09:05 Pour 2015, on est très loin d'avoir obtenu ce résultat. Je voulais aussi évoquer la réutilisation des eaux usées.
01:09:18 Là aussi, il y a le lobby des vendeurs d'eau, Veolia, Lyonnaise des eaux et compagnie, qui n'ont pas envie que les gens consomment moins d'eau, quitte à mettre de l'eau potable dans les toilettes.
01:09:32 J'ai vécu à Bruxelles, en Belgique. En Belgique, quand vous construisez une maison, vous êtes obligés d'avoir un circuit de récupération d'eau pour les toilettes et le lavage du linge, par exemple.
01:09:50 C'est vrai que nous, on fait nos besoins dans de l'eau potable. C'est quand même une source d'étonnement sans fin.
01:09:56 Il y a des gens qui ont intérêt à ce que ça ne change pas. J'ai piloté le projet de récupération des eaux usées sur l'île de Ré, un des premiers dans les années 80, ça ne rajeunit pas, pour arroser les pommes de terre.
01:10:16 C'est exemplaire, c'est le premier en France. Il faut dire aussi que dans l'île de Ré, il n'y a pas de rivière, il n'y a pas de lape.
01:10:28 C'est pratique, ça donne de l'imagination quand on n'a pas le choix.
01:10:31 C'est comme en Israël, ils récupèrent chaque goutte d'eau. Ce sont des situations particulières.
01:10:38 Est-ce que vous voulez dire un mot sur les lobbies, Esther ?
01:10:42 Vous avez entièrement raison, il y a des industries entières, je ne vais pas commencer à les citer, mais qui ont bien conscience de ce que l'eau représente pour elles et qui se taisent depuis des années.
01:10:54 Vous parlez de l'industrie agroalimentaire ou des entreprises comme Bayer, pour ne pas les nommer, qui étaient là de façon très significative à la conférence de l'eau à New York, parce qu'ils ont bien conscience qu'ils ont une place à jouer.
01:11:09 Nous, on est obligés de naviguer très prudemment parce qu'on a besoin de travailler avec ces entreprises.
01:11:14 C'est comme ignorer Total, si on veut travailler sur la transition climatique et le CO2, on ne peut pas. Donc on doit travailler avec eux, mais vous avez entièrement raison.
01:11:21 Il y a ce lobby-là, ils connaissent ces problèmes de l'eau. Et ensuite, vous avez raison, c'est très frustrant parce que je pense, encore une fois, on aurait fait la conférence il y a 20 ans, cette discussion il y a 30 ans, vous auriez dit la même chose.
01:11:34 Mais encore une fois, en France, on avait historiquement toujours de l'eau, ou alors on avait de l'argent pour aller la chercher quand on n'en avait pas. Et donc on a simplement regardé, licoté ce problème-là.
01:11:44 On regardait le pétrole et l'or, on le répète souvent, et maintenant on va regarder l'eau. Donc c'est effectivement très frustrant, mais il faut continuer, il faut éduquer les générations qui ne l'ont pas été.
01:11:53 Il faut prendre exemple sur le carbone. Les grands absents de la conférence à New York, c'était notamment le monde de la finance, les grandes banques, les grandes assurances, qui n'ont pas encore pris la mesure du rôle qu'elles vont devoir jouer pour financer cette transition-là.
01:12:06 Donc pour tous les futurs élèves qui ne savent pas où aller travailler, il faut intégrer ces endroits-là et intégrer pas seulement les directions RSE. Il faut aller dans les directions de la finance, des investissements.
01:12:18 Il faut qu'on commence à orienter les flux financiers vers l'eau parce qu'on a besoin d'argent, on a besoin de beaucoup d'argent pour...
01:12:25 (...)
01:12:50 Donc il y a de l'eau et c'est le travail qu'on a fait avec nos étudiants. Alors après, exploitable ou pas, à voir au terme de ressources. C'est ce qu'on a essayé de quantifier sur les îles en Vendée, là, juste en face.
01:13:01 Et en fait, le déclic qu'il y a eu, ou plutôt le gros changement qu'il y a eu, notamment au niveau des îles comme l'île de Ré et l'île de Léron, c'est la quantité d'eau qu'on a eu besoin, et notamment le déclic ces années 65-70.
01:13:16 Et en fait, sur les îles sur lesquelles on a travaillé, qui sont voisines de l'île de Ré, qui font partie des associations... L'association, c'était des îles du Ponant, dont on ne fait pas partie de l'île de Ré et de l'île de Léron, puisqu'elles sont reliées par un pont au continent.
01:13:27 Il se trouve que ces îles-là sont reliées au continent par une canalisation qui les alimente, mais c'est associé aux besoins quotidiens et notamment aux flux de personnes en période estivale.
01:13:37 Mais il y a de l'eau. Et c'est ce qu'on a cherché à quantifier et qui est généralement utilisé plutôt par des particuliers, dont on parlait tout à l'heure.
01:13:46 Merci de cette précision. Marie-Laure, vous voulez...
01:13:49 Oui, non, je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous quand vous parliez des lobbies contre la réutilisation. Je ne pense pas que ce soit ce qui soit joué en France.
01:14:01 Il semblerait qu'il y ait un certain scepticisme qui s'exprime dans la salle. Prenez le micro, monsieur ou madame. Je ne sais pas si on t'a entendu.
01:14:10 Au contraire, ce sont des opportunités de développement. Je pense que ce n'est pas du tout quelque chose qui dérange.
01:14:15 Peut-être quand même l'idée que l'agriculture productiviste, notamment, n'a pas envie de passer au goutte-à-goutte, a priori, sans être...
01:14:23 Je parlais spécifiquement de la réutilisation des eaux.
01:14:29 Vous voulez un mot ?
01:14:32 Je peux rajouter un mot sur le système français de l'eau. Effectivement, vous avez dit que ce système est assez exemplaire. Il faut relativiser.
01:14:40 J'ai travaillé à Bruxelles. Les Français ont tendance à dire qu'on a le meilleur système du monde, l'organisation du monde.
01:14:48 Quand on travaille dans des organisations internationales, on relativise quand même.
01:14:53 Les agences de l'eau, c'est bien. J'ai travaillé personnellement une dizaine d'années. Mais elles n'ont pas de pouvoir réglementaire.
01:15:01 Cela limite leurs compétences. Il y en a qui payent plus que d'autres, notamment les particuliers.
01:15:11 Quand vous avez une nappe d'eau polluée par des pesticides, quand il faut la dépolluer pour faire de l'eau potable, c'est le particulier qui paye, pas le pollueur.
01:15:19 Vous avez aussi le monde agricole qui est surreprésenté dans le comité de bassin qui décide des actions à engager.
01:15:33 C'est un bon système, mais avec certaines dérives.
01:15:40 Merci de ce témoignage. Y a-t-il d'autres questions ?
01:15:45 Tout là-bas au bout. Monsieur à côté va faire la loi de proximité.
01:15:51 Yvon Gervais. Je suis très content de tous les exposés qui ont eu lieu. Je salue bien sûr Mickaël Goujon avec qui j'ai travaillé dans mon passé professionnel.
01:16:05 Je suis un directeur de laboratoire d'une organisation qui est répartie dans le monde entier et qui est née à l'origine à Rouen, s'agissant de SGES, qui est le leader mondial du contrôle et de la certification.
01:16:17 Je suis réjoui de voir dans les propos notamment de Mickaël les travaux qu'il fait, s'il s'agit d'une école d'ingénieurs, sur la modélisation.
01:16:27 Il nous a précisé d'ailleurs que pour son doctorat, il y avait de la modélisation concernant les nitrates.
01:16:33 Donc ma question aujourd'hui, c'est complément d'information. Je crois beaucoup et je suis passionné par l'intelligence artificielle, les modèles prédictifs.
01:16:43 Et au moment où le débat de l'eau a une certaine acuité, où on en est dans tous ces modèles prédictifs et l'usage notamment des réseaux de neurones, par exemple, pour prévoir l'avenir,
01:16:55 le construire avec la communauté générale et celle des ingénieurs en particulier en matière d'intelligence artificielle.
01:17:03 Par rapport à la géologie, l'hydrogéologie, tout ce qui est... Valéry le disait en introduction, on a fait une place de plus en plus belle au numérique appliqué aux géosciences d'une manière générale.
01:17:19 Après dans l'hydrogéologie, c'est vrai que l'outil que j'ai utilisé à l'époque qui a beaucoup évolué par rapport à ça, on s'en sert majoritairement pour la compréhension d'aquifères ou de nappes localement,
01:17:37 notamment par rapport à une situation dégradée, par rapport à une pollution, par rapport à une compréhension des captages qu'il faut protéger et on en est là.
01:17:47 Ce qu'il faut avoir en tête, c'est par rapport à l'intelligence artificielle et ainsi de suite, on en est au tout début, et ce qu'il faut aussi avoir en tête,
01:17:56 c'est que le géologue ou l'hydrogéologue, avant tout, c'est un vieil homme de terrain, avec la caricature de la moustache, de la boussole et de son marteau.
01:18:06 C'est quelque chose qui se développe à grands pas et pour lequel moi, je n'ai pas eu la chance ou l'opportunité ou le temps parfois de me pencher.
01:18:15 Mais en tout cas, ça vient à grands pas. Au-delà de ça, je réfléchissais tout à l'heure, on arrive tous les quatre d'horizons assez différents.
01:18:23 De toute façon, on s'en sortira, quel que soit le moyen, que si on a une vision globale de la chose et que si on gère ça à grande échelle.
01:18:33 On est bientôt 9 ou 10 milliards avec des pays qui émergent et qui ont des besoins aussi.
01:18:40 L'Inde, premier pays du monde officiellement.
01:18:47 Il y a un train de vie qui s'améliore, qui augmente et qui nécessite...
01:18:52 Je ne sais pas si je réponds bien à la question, mais en tout cas, par rapport à ça...
01:18:56 Vous avez soutenu l'intelligence naturelle, face à l'intelligence artificielle, si je résume un peu.
01:19:01 Ne pas oublier l'intelligence naturelle.
01:19:13 Il faut être capable de traiter la masse de données.
01:19:21 On travaille aussi sur des projets avec des entreprises.
01:19:24 On parlait d'HPC Envirotech tout à l'heure, avec notre connaissance commune, Franck Carc, mon ancien PDG.
01:19:31 Je suis parti d'HPC il y a 6 ans.
01:19:36 On a commencé à se poser la question de la valorisation des données il y a à peu près 4 ans.
01:19:42 Avant, c'était un lot de données.
01:19:48 Vous avez des tas de données, mais personne n'avait vraiment songé à en faire quoi que ce soit.
01:19:55 On a mis un groupe d'une quinzaine d'étudiants,
01:20:05 en version informatique numérique, 15 ans de données.
01:20:10 Il a fallu qu'ils récupèrent tous les classeurs.
01:20:14 On a eu cette discussion, Esther dit qu'il y a énormément de données sur l'eau,
01:20:20 mais qu'on ne s'intéressait pas beaucoup.
01:20:23 Elles sont fouillies, mais c'est incroyable, on est vraiment au début d'un chantier qui est rationalisation.
01:20:28 La donnée en niveau de données est sensible, car la propriété est d'une date.
01:20:34 On a fait ce travail uniquement sur l'eau, et ça nous a pris 3 à 4 mois.
01:20:43 La main d'oeuvre est assez bon marché.
01:20:46 Une question dans les altitudes de l'amphithéâtre.
01:20:53 Tout à l'heure, vous parliez de mettre un prix sur l'eau,
01:20:57 mais quand on met un prix sur une ressource naturelle, ça profite toujours aux plus riches.
01:21:03 Comment mettre un prix sur l'eau tout en restant équitable par rapport à tout le monde ?
01:21:08 On est bien content qu'elle tombe.
01:21:14 C'est tout le problème du système capitaliste dans lequel on est.
01:21:21 Dès qu'il y a un prix, on pense marge, on pense profit,
01:21:25 et on pense à un système qui n'oeuvre pas pour le bien de la ressource,
01:21:30 mais qui va profiter à certains, à un petit nombre.
01:21:33 La question est vraiment complexe, on ne va pas la résoudre aujourd'hui.
01:21:36 On ne parle pas ici d'un prix.
01:21:39 Déjà, plusieurs choses. L'eau n'appartient pas à Veolia ou à Suez.
01:21:43 L'important, c'est que Veolia ou Suez, par exemple, construisent les infrastructures
01:21:48 qui permettent d'aller capter l'eau, de la nettoyer, de la porter, de la récupérer,
01:21:52 puis de la rejeter éventuellement dans le système naturel.
01:21:54 Pour l'instant, quand vous payez l'eau chez vous, au mètre cube,
01:21:59 vous ne payez que ces infrastructures-là.
01:22:02 Ce que je propose, c'est de rajouter un prix de l'eau,
01:22:06 notamment pour les industriels et les agriculteurs,
01:22:10 qui serait un prix, non pas qui reviendrait à Veolia ou à Suez, ou à une entreprise,
01:22:14 mais qui sera un prix qui servira à plusieurs choses.
01:22:16 Un, qui réfléterait les externalités négatives de l'activité.
01:22:21 Les conséquences néfastes.
01:22:23 Merci.
01:22:24 Donc, ça veut dire que si vous polluez beaucoup, jusqu'à aujourd'hui,
01:22:28 vous payez pour nettoyer votre eau,
01:22:30 mais si vous polluez vraiment beaucoup,
01:22:32 et qu'on se rend compte que les conséquences de votre usine sont vraiment néfastes,
01:22:35 on vous taxe pour ça.
01:22:37 Et cet argent-là va servir notamment à nettoyer, etc.
01:22:39 C'est la première chose.
01:22:40 Deuxième chose, cet argent va servir potentiellement à nettoyer l'ensemble du système,
01:22:44 à investir dans des milieux d'infrastructures,
01:22:46 notamment pour limiter les fuites,
01:22:47 on n'en a pas parlé, mais on perd énormément d'eau à travers nos infrastructures.
01:22:50 Et puis, troisième chose, encore une fois,
01:22:52 quand vous mettez un prix, quand vous travaillez dans une grande entreprise,
01:22:55 et que vous avez votre colonne profit et votre colonne coût,
01:22:59 et que vous voyez tout ce que ça vous coûte,
01:23:01 je peux vous dire que vous faites vraiment des efforts, en disant
01:23:03 "Tiens, est-ce que je ne pourrais pas utiliser 30% en eau en moins,
01:23:05 vu que ça me coûte tant à la fin du mois ?"
01:23:07 Et c'est ce genre d'incitation qu'on veut donner.
01:23:09 Pourquoi est-ce que vous ne dites pas, plutôt que de dire
01:23:11 "Il faut mettre un prix à l'eau", qui effectivement, nous tous,
01:23:13 spontanément français, en tout cas nous hérisse un peu,
01:23:15 en disant "Oulala, on va commencer",
01:23:16 parce que vous avez dit "C'est ce qu'on fait sur le pétrole".
01:23:18 Bon, l'exemple du pétrole n'est quand même pas génial.
01:23:20 En termes de guerre pour les ressources pétrolifères,
01:23:23 ça ne donne pas tellement envie que ce soit l'eau qui vienne faire ça au XXIe siècle.
01:23:26 Mais pourquoi vous ne dites pas simplement "Il faut des taxes sur l'eau" ?
01:23:28 Parce qu'en fait, c'est des taxes dont vous parlez.
01:23:30 C'est des taxes. En fait, j'ai peur de me prononcer sur un terme ou un autre,
01:23:33 parce que je réfléchis aussi beaucoup en termes internationaux.
01:23:36 Et quand on parle de taxes en France, ça veut dire quelque chose de très spécifique,
01:23:39 ça veut dire autre chose aux Etats-Unis, ça veut dire autre chose en Israël.
01:23:42 C'est vrai qu'en Israël, par exemple, ils sont très très forts
01:23:44 pour utiliser la moindre goutte d'eau, et elle a un prix,
01:23:47 parce qu'elle reflète en fait toutes les conséquences qu'on peut avoir dessus.
01:23:50 L'eau est complètement gratuite. La nature nous rend un service en nous la donnant,
01:23:53 et nous on la prend n'importe comment, et on la rejette n'importe comment.
01:23:57 Donc il faut trouver une solution, et malheureusement aujourd'hui,
01:24:00 dans notre système capitaliste, mettre un coût à quelque chose nous influe sur notre comportement.
01:24:06 Attention, je ne parle pas d'un système boursier,
01:24:09 je ne dis pas que l'eau doit devenir un produit marchand qu'on pourrait échanger.
01:24:14 Je ne peux pas vous acheter vos crédits d'eau.
01:24:16 Vous me dites que le mois prochain, vous allez prendre deux douches en moins.
01:24:18 Je vous les achète comme ça, moi je peux en prendre deux en plus, ou je peux prendre un bain.
01:24:21 Ce n'est pas ça du tout le système.
01:24:23 Donc il faut faire attention, la comparaison avec le carbone ici est compliquée.
01:24:26 Je ne pense pas qu'il faut aller vers un système de crédit eau,
01:24:30 qu'on puisse échanger et acheter, parce que tout ça permet aux entreprises
01:24:34 de pouvoir polluer impunément, parce qu'elles se disent "tiens j'ai payé mon carbone, c'est bon".
01:24:39 Comme je suis très riche, je peux le faire.
01:24:42 Absolument.
01:24:44 Est-ce qu'il y a peut-être une dernière question avant de passer à la deuxième conversation ?
01:24:48 Ah il y a deux questions.
01:24:50 On va faire la loi de proximité, ce sera monsieur en premier.
01:24:53 Il faut que vous ayez un micro, parce que comme on est filmé, on ne vous entendra pas sinon.
01:24:57 Non parce qu'on est filmé, les gens qui vont vous regarder en replay doivent vous entendre aussi.
01:25:03 Ça marche ?
01:25:05 Un litre de carburant c'est 2 euros.
01:25:08 Un mètre cube d'eau c'est 3 euros.
01:25:11 Quel sera le prix de l'eau en 2049 ?
01:25:16 Courte et incisive.
01:25:18 Je vais passer le micro, ça dépendra d'où vous êtes dans la France,
01:25:22 et ça dépendra pour quel usage, je l'espère.
01:25:25 Si c'est pour boire, j'espère qu'on sera en dessous de ce que vous venez de dire,
01:25:28 par contre si c'est pour votre piscine, ça devrait être bien bien au-dessus, voire interdit.
01:25:32 Ça dépendra de vos usages et de votre localisation.
01:25:35 Je suis complètement d'accord avec Esther.
01:25:38 J'ai eu l'occasion de faire une conférence il y a quelques jours sur un autre campus à Rennes.
01:25:44 Le thème c'était "Si un jour notre robinet s'arrêtait de couler", je voulais envoyer Arnaud.
01:25:49 La conclusion de tout ça c'est finalement, j'ai un regard assez pessimiste là-dessus, pardon, excusez-moi,
01:25:55 mais je me dis que quand on regarde la façon dont a géré l'essence il y a quelques mois,
01:26:01 quand on voit la façon dont a géré la moutarde ou le papier toilette pendant le Covid,
01:26:07 je me dis que le jour où il faudra se battre pour l'eau, on ne sera pas bien.
01:26:12 Nous on a une plateforme hydro-géologique, on pourra peut-être vous en vendre.
01:26:16 Dernière intervention ici, monsieur.
01:26:23 On va faire passer le micro.
01:26:25 Bonjour, Ange Djegan Unis la salle.
01:26:40 Je me pose une question par rapport à tout ce que vous venez d'expliquer, puis merci pour votre exposé et tout.
01:26:45 Pourrait-on réellement manquer d'eau un jour avec toutes les ressources que nous avons autour,
01:26:51 on parle de la mer, la pluie, comme vous parlez du cycle et tout, est-ce qu'on pourrait manquer réellement d'eau un jour ?
01:26:57 Qu'est-ce que vous voulez dire par "est-ce qu'on pourrait en manquer un jour" ?
01:27:01 Qui est "on" déjà ?
01:27:02 On est déjà en situation de... Vous parlez de quoi en fait ?
01:27:06 Parce qu'on manque déjà d'eau, enfin pardon.
01:27:07 Manquer d'eau à boire vous voulez dire ?
01:27:08 Oui, manquer d'eau à boire, manquer d'eau pour l'utilisation et tout, puisque apparemment certains pourraient se battre pour de l'eau.
01:27:16 Est-ce qu'on pourrait y manquer véritablement un jour ?
01:27:21 On pourrait arriver un jour à se dire "on n'a plus d'eau".
01:27:25 C'est le fameux robinet vide dont parlait Mickaël Goujon, dont il a parlé à Rennes en plus qui n'est pas forcément la ville qu'on imagine la plus...
01:27:32 De toute façon c'est simple, il suffit de regarder les prédictions, les scénarios du GIEC sur le climat.
01:27:37 C'est aussi simple que ça, c'est que à la fin du siècle on va avoir un climat qui n'aura absolument plus rien à voir avec ce qu'on a aujourd'hui.
01:27:47 L'Espagne va être complètement désertifiée, ils vont avoir un problème énorme et nous en France on va avoir un climat qui va beaucoup se réchauffer.
01:27:58 Donc oui, c'est... Voilà, je sais pas...
01:28:03 Allez-y Esther, vous voulez ?
01:28:04 De toute façon c'est extrêmement lié au climat, bien sûr à l'évolution du climat et aussi au réservoir même qu'il y a sous les pieds de chacun.
01:28:13 La géologie ou l'hydrogéologie en fonction d'où vous vous trouvez dans le monde elle est extrêmement différente.
01:28:18 Il y a des pays qui souffrent déjà de ça. On en parlait avec Arnaud il y a quelques jours, j'espère que c'était un poisson d'avril,
01:28:25 sur LinkedIn et tout un tas de réseaux, il parlait d'échanger par le biais de tankeurs de l'eau potable ou de l'eau douce contre du pétrole.
01:28:35 Si on en est vraiment arrivé là, j'espère que c'était un poisson d'avril franchement, mais ça dépend d'où on est.
01:28:44 Pour ajouter à l'ironie du sort, c'est qu'en fait on a assez d'eau sur Terre pour tous nos usages, pour produire à manger, des biens et puis en boire.
01:28:54 Je rappelle qu'on perd 30% de l'eau à l'échelle de la planète chaque année, on la gaspille et on gaspille aussi 30% de ce qu'on mange.
01:29:01 Donc encore une fois, il y a plein d'eau dans ce que vous mangez, donc vous gaspillez encore plus d'eau.
01:29:05 Dans le fond, il y a tout ce qu'il faut pour qu'on ne meurt pas de soif et qu'on produise tout ce qu'il faut, c'est juste qu'on l'utilise mal, c'est triste.
01:29:11 C'est pour ça qu'il faut absolument qu'on fasse des choses sur tous les points de vue et vous êtes tous des acteurs dans votre quotidien là-dessus.
01:29:19 Merci à tous les trois, merci beaucoup.
01:29:23 Nous allons passer à la table, à la conférence suivante qui sera une conversation cette fois avec David Vall, que j'invite à rejoindre le plateau.
01:29:48 David Vall, bonjour. Bonjour David Vall, merci d'être avec nous.
01:29:52 C'est un plaisir, merci.
01:29:53 Alors là, on ne va plus parler de l'eau douce, on a été très focalisé sur l'eau douce évidemment et ses enjeux.
01:29:58 On va se mettre à parler de l'eau salée, très salée, très très salée et même très, on peut dire aussi froide et très froide.
01:30:03 On va parler des grands fonds, des grands fonds marins.
01:30:07 Je rappelle que vous êtes dramaturge, que vous êtes auteur, que vous avez écrit de nombreux spectacles, dont plusieurs se rapportent à l'expédition,
01:30:15 parce qu'il s'agit là d'une expédition dont nous allons parler.
01:30:18 Il y a notamment un spectacle qui s'appelait "Spluge" en 2019.
01:30:23 On dit ça, on prononce comme ça, "Spluge".
01:30:25 C'était des spectacles "Spluge" et "Donvore" qui étaient tirés, qui est une adaptation de ce texte là.
01:30:29 C'est ça, et de "Donvore" en 2020.
01:30:31 Tout ça est en collaboration, vous avez donc travaillé en collaboration scientifique avec l'IFROMER.
01:30:35 L'IFROMER, ça veut dire l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer.
01:30:39 Effectivement, on va évoquer avec vous un très beau récit.
01:30:43 Est-ce que vous en avez un exemplaire ? Vous avez un exemplaire du livre avec vous ou pas ?
01:30:46 Zut, on a oublié de l'amener.
01:30:47 Un très beau récit que vous avez écrit, dont vous êtes l'auteur, et qui s'appelle "La vie profonde",
01:30:52 et qui a été publié il y a une dizaine de jours aux éditions Artaud.
01:30:58 Exact.
01:30:59 Il y a un prix, mais c'est pas grave, c'est le prix de celui-là.
01:31:02 Ah, il est là !
01:31:05 Bah oui, bien sûr, on n'a pas besoin de le montrer. Merci Eric.
01:31:07 Oui, on ne voit pas ce qui se passe au-dessus de nous.
01:31:10 Alors, dites-nous un mot de cette expédition, parce que "La vie profonde" parle de deux expéditions plus exactement,
01:31:16 mais il y en a une qui prend une place.
01:31:18 C'est deux mouvements d'une seule expédition.
01:31:19 C'est en fait une grande expédition.
01:31:21 Vous êtes, donc on l'a dit, dramaturge, écrivain.
01:31:23 Comment vous vous êtes retrouvé à explorer les fonds marins,
01:31:27 et des fonds marins qui sont inédits, incroyablement inconnus ?
01:31:32 Les sources hydrothermales, qui sont des oasis situées dans des zones très profondes de l'océan,
01:31:37 situées sur les dorsales océaniques, c'est-à-dire les zones de faille qui partagent l'océan Atlantique en deux parties.
01:31:44 On est à combien là, de profondeur ?
01:31:46 Là, le site principal, Lucky Strike, c'est 1700 mètres, et Menesguez, l'autre qu'on a fait au retour, 1800 mètres.
01:31:52 C'est pas proprement parlé la zone abyssale, puisque scientifiquement parlant, la zone abyssale commence à -4000 mètres,
01:31:59 mais littérairement, puisque je suis écrivain et je ne suis pas scientifique de profession,
01:32:05 on peut parler des abysses au sens littéraire, c'est-à-dire des zones très froides, sans lumière,
01:32:11 avec des pressions très fortes, qui ressemblent comme des gouttes d'eau aux zones abyssales de 4000 mètres.
01:32:17 C'était une vraie surprise pour moi de participer à cette exploration,
01:32:22 qui fait partie des expéditions des derniers territoires inexplorés de notre pays.
01:32:28 Donc c'est extraordinaire de pouvoir intégrer une expédition pareille à bord d'un navire océanographique fabuleux,
01:32:35 déjà, qui s'appelle le Pourquoi pas.
01:32:38 Si j'ai participé à cette expédition, c'est grâce à l'idée un peu farfelue de deux scientifiques diffrémaires,
01:32:45 Pierre-Marie Saradin et José Sarazin.
01:32:48 Le premier est chimiste marin, responsable de l'unité de recherche écologique et biologie des écosystèmes marins profonds.
01:32:55 La deuxième, José, est chercheuse en écologie bintique.
01:32:59 Bintique, c'est ce qui signifie qui vit au fond.
01:33:03 Le bentos, c'est l'ensemble de la faune vraiment profonde.
01:33:10 Tout à fait.
01:33:11 Profonde, profonde.
01:33:12 Très, très profonde, qui est collée au plancher océanique.
01:33:15 Ces deux scientifiques, chimiste et biologiste, avaient envie qu'ils prennent part à cette expédition des artistes,
01:33:25 afin que nous puissions parler au public des enjeux touchants à ces environnements marins profonds,
01:33:32 qui, comme vous le savez, sont à la fois en ce moment en train d'être découverts, en train d'être inventoriés.
01:33:38 Très peu, on connaît très peu ces endroits-là, mais qui commencent et qui attirent,
01:33:44 pas qui commencent, qui attirent depuis quelque temps déjà, l'avidité de l'homme,
01:33:48 parce qu'ils sont riches en ressources minérales et minières.
01:33:54 Qu'est-ce qu'il y a là-dessous, a priori ?
01:33:56 Il y a énormément de choses.
01:33:57 On ne sait pas, mais approximativement, qu'est-ce qu'on pourrait y trouver qui est guisant les appétits ?
01:34:01 On sait qu'ils s'en trouvent, on ignore la quantité en revanche.
01:34:06 Il y a du cobalt, il y a du zinc, il y a du lithium, il y a du cuivre, il y a du fer,
01:34:10 il y a les fameux nodules polymétalliques.
01:34:12 Il y a trois types de ressources dans les fonds sous-marins.
01:34:15 Je ne suis pas du tout géologue ni scientifique, donc je parle vraiment sous...
01:34:18 Il y a les sources hydrothermales, ces fameux écosystèmes dont on va parler,
01:34:22 qui se constituent autour de fumeurs noirs, qui sont ces fabuleuses cheminées.
01:34:29 On appelle ça des fumeurs noirs parce que ce sont des cheminées qui fument sous l'océan,
01:34:34 ce qui est assez étonnant quand on voit ça, de la fumer dans de l'eau.
01:34:38 C'est 350 degrés, je crois.
01:34:39 350 degrés Celsius.
01:34:41 Ces cheminées peuvent atteindre des hauteurs faramineuses.
01:34:45 Il y en a certaines qui font plus de 10 mètres, 20 mètres.
01:34:48 Elles sont formées par la précipitation de ces fameux liquides sulfurés
01:34:52 qui en sortent et qui attirent la convoitise des industriels et des Etats.
01:34:56 Les liquides sulfurés, ce sont des liquides où il y a des associations moléculaires de métaux.
01:35:03 Ils sont riches en métaux, ces liquides sulfurés.
01:35:06 C'est le premier type de ressource.
01:35:08 Il y a les nodules polymétalliques qui sont beaucoup plus médiatisés.
01:35:11 C'est ces petites pépites, on dirait des œufs, qui sont très riches en métaux,
01:35:15 métaux rares, cuivre zinc.
01:35:18 Et il y a les plaines cobaltifères, les croûtes cobaltifères.
01:35:23 Ce sont des croûtes riches en cobalt.
01:35:26 Bien sûr, tous ces métaux servent aux moteurs électriques, aux téléphones, aux ordinateurs.
01:35:36 Ça attire beaucoup les gens, au nom de la fameuse transition environnementale.
01:35:42 Ce qui est fou, c'est que vous accompagnez en tant qu'écrivain cette expédition,
01:35:48 qui est une expédition à la fois scientifique pour aller mesurer...
01:35:50 Une expédition scientifique qui observe un champ hydrothermal qui s'appelle Lucky Strike
01:35:55 qui étudie la faune sous l'angle de sa résilience.
01:35:57 On est en 2017.
01:35:59 On me demande, on demande à une compagnie de théâtre bretonne, le théâtre Pibat,
01:36:06 d'imaginer un spectacle.
01:36:08 Et le théâtre Pibat me demande à moi, auteur, qui est une autre compagnie,
01:36:12 je travaille avec des scientifiques, des biologistes, je suis auteur associé à Oceanopolis,
01:36:16 et me demande de participer à cette expédition.
01:36:18 Donc je pars et je propose de tenir le journal de bord de cette expédition,
01:36:25 pour faire à la fois quelque chose de littéraire, qui va faire l'objet,
01:36:29 mais à l'époque on en est encore loin d'une édition,
01:36:31 et qui va être adapté aussi au théâtre pour toucher un public de manière différente.
01:36:36 Et le projet va devenir un projet pilote de livre-mer.
01:36:40 Et c'est ce qui explique ma présence à bord de ce navire.
01:36:43 C'est la première fois qu'une expédition, je le dis parce que c'est vraiment
01:36:47 un très bel exemple de transdisciplinarité entre les arts et les sciences,
01:36:51 même si je n'aime pas trop ce rapport arts-sciences,
01:36:54 parce que c'est devenu un projet pilote de livre-mer,
01:36:57 et c'est la première fois qu'un écrivain chronique une expédition
01:37:02 sur les sources hydrothermales.
01:37:05 Et donc avec la liberté de l'écrivain.
01:37:07 C'est-à-dire qu'à la fois ce texte-là, "La vie profonde",
01:37:10 et l'histoire bien évidemment d'une expédition, avec ce qu'on y fait scientifiquement,
01:37:14 mais également, comme c'est un genre assez liquide,
01:37:17 le journal de bord, on peut vraiment lui donner plusieurs lectures
01:37:23 et plusieurs couches d'écriture.
01:37:25 C'est aussi comment on vit à bord sur un bateau.
01:37:28 Qu'est-ce que cela fait émotionnellement d'être le témoin
01:37:31 d'une des dernières grandes expéditions de notre époque ?
01:37:35 - Parce que ce qu'il faut préciser, on l'a peut-être dit,
01:37:37 mais il faut peut-être le redire, c'est qu'en fait, vous accompagnez
01:37:40 les scientifiques qui vont découvrir des espèces,
01:37:42 vraiment, quasiment, pour la première fois.
01:37:45 C'est-à-dire qu'il y a des surprises, on sait très peu de choses finalement.
01:37:49 - On sait très peu de choses, le site Lucky Strike est un peu plus référencé,
01:37:52 puisque c'est un site sur lequel Yves Premer revient tous les ans.
01:37:55 Lucky Strike, c'est entre Assor et Amérique,
01:37:57 on est le long de la dorsale atlantique.
01:38:00 Mais effectivement, on teste, on découvre des espèces,
01:38:05 on poursuit les analyses chimiques, géologiques de ces espaces-là.
01:38:11 - Vous savez, ces sources hydrothermales, c'est assez fascinant,
01:38:13 c'est presque les sources de notre monde.
01:38:15 Il y a des géothermistes et des chimistes qui travaillent sur ce bateau,
01:38:20 qui vous expliquent, moi c'est une découverte pour moi,
01:38:23 que c'est dans un environnement semblable à ceci,
01:38:25 un peu plus vers la terre, vers la surface,
01:38:30 qu'auraient pu naître les premières briques élémentaires de la vie.
01:38:36 Et que donc, la vie serait peut-être made in Earth,
01:38:39 et pas seulement venant de l'espace, comme on le dit,
01:38:42 et elle serait née dans des environnements similaires à ceux des sources hydrothermales.
01:38:47 Quand on pénètre dans ces endroits-là,
01:38:51 on est non seulement relié à un exemple extrêmement foudroyant
01:38:58 et émotionnellement très fort, jusqu'où des lents créateurs,
01:39:01 des lents vitales, pour reprendre Bergson,
01:39:04 voir la vie va s'adapter à des endroits,
01:39:06 c'est un hommage à la vie, c'est extraordinaire.
01:39:10 Ça nous amène à revisiter l'histoire de notre planète
01:39:14 et à montrer ce qu'on nomme mal environnement,
01:39:18 puisque l'environnement, par définition,
01:39:20 c'est ce qui donne l'impression d'environner,
01:39:22 alors que l'environnement nous fait, nous fonde.
01:39:24 On voit aussi d'où nous sommes issus,
01:39:27 et puis bien sûr, ça tise des parallèles avec l'espace, avec soi-même.
01:39:34 - Certaines espèces ne voient jamais la lumière du jour,
01:39:38 enfin la plupart des espèces dont vous parlez dans le livre
01:39:40 ne voient jamais l'espèce du jour,
01:39:42 et certaines subissent des pressions qui sont celles d'un herbus.
01:39:44 C'est ça que vous dites ?
01:39:46 - Toutes les espèces.
01:39:48 - On parle des crevettes grosses à peu près comme mon pouce,
01:39:50 et qui subissent une pression à peu près équivalente à celle d'un herbus.
01:39:53 - Un poisson de 10 cm, à 1700 m sous l'eau,
01:39:56 va avoir sur son corps de 10 cm le poids d'un herbus.
01:40:00 - A 320, je ne sais plus exactement.
01:40:02 - Je crois que c'est à 320.
01:40:04 - Et il nage avec la légèreté d'une plume.
01:40:07 - Vous chantez dans votre livre l'incroyable résilience du système marin,
01:40:14 mais vous prévenez aussi de sa fragilité.
01:40:16 On y revient parce que cette expédition sert à mesurer toutes les choses
01:40:20 que l'on est en train de dire,
01:40:22 mais elle sert aussi à mesurer les éventuels impacts
01:40:24 si jamais on commençait une exploitation minière.
01:40:27 Là, il y a un enjeu qui est évidemment écologique,
01:40:30 mais hyper politique, c'est que les chiffres
01:40:33 qui vont être donnés par les scientifiques
01:40:35 vont aussi permettre ou non d'entamer ou non
01:40:38 une exploitation minière des fonds marins.
01:40:41 Je pense qu'il y a un enjeu dont les scientifiques ont conscience.
01:40:45 - Effectivement, IFREMER travaille sur l'exploration,
01:40:50 mais également sur les conditions d'évaluation d'une future exploitation.
01:40:54 Ce qui ne veut pas dire qu'elle accompagne l'exploitation,
01:40:57 mais qu'elle pose scientifiquement le pour et le contre d'une exploitation.
01:41:02 En 2017, quand je monte à bord du Pourquoi pas,
01:41:06 la question qui transperce le récit de Partempart
01:41:10 et bien sûr toutes les consciences des scientifiques qui sont à bord,
01:41:13 c'est qu'on est à peu près certains, hélas,
01:41:16 et ça nous rend vraiment tristes,
01:41:19 on est à peu près certains, hélas,
01:41:21 de la prochaine exploitation des écosystèmes marins profonds
01:41:25 et sur hydrothermales.
01:41:27 On disait même à l'époque que les premiers permis
01:41:30 avaient été déposés et que l'exploitation allait certainement commencer en 2029.
01:41:37 Jamais, je dois le dire, à l'époque, c'est-à-dire il y a 4 ans et demi,
01:41:41 je n'aurais cru possible ce qui s'est passé cet hiver
01:41:45 pendant justement que je rédigeais l'avant-propos de ce livre,
01:41:48 puisque le 7 novembre, la présidence de la République,
01:41:51 l'État français, Emmanuel Macron, a annoncé
01:41:54 que la France allait protéger
01:41:57 ses environnements marins profonds, ses écosystèmes,
01:42:02 et allait en retarder, voire même essayer d'interdire l'exploitation minière.
01:42:08 Pourquoi c'est si important qu'Emmanuel Macron se prononce dessus ?
01:42:10 Parce qu'on n'est pas non plus le...
01:42:12 En fait, ce qu'on découvre dans votre livre, c'est que la France est la première,
01:42:15 la plus large, enfin vous dites la deuxième,
01:42:18 mais entre-temps il y a d'autres calculs qui montrent que ça pourrait être la première,
01:42:21 le premier territoire sous-marin mondial en fait.
01:42:24 Alors moi je pensais que c'était la seconde, mais c'est vous qui m'avez invité.
01:42:27 La France, effectivement, est à la tête de la deuxième, voire maintenant première,
01:42:31 zone économique exclusive maritime mondiale.
01:42:35 C'est-à-dire que ça inclut tous les hectares qui se trouvent sous terre, sous la mer.
01:42:40 Et en fait, évidemment, avec l'ensemble des îles qui composent le territoire français,
01:42:44 en fait la France a plus de 11,6 millions de kilomètres carrés,
01:42:49 ça fait le premier territoire mondial.
01:42:51 C'est absolument gigantesque.
01:42:52 Donc si la France se prononce contre l'exploitation de ses propres fonds,
01:42:55 elle peut jouer un rôle d'exemple.
01:42:57 Ça ne réglera pas le problème, parce que dans l'océan tout communique,
01:43:00 et qu'un pays seul interdise l'exploitation de ses environnements marins profonds,
01:43:04 ça ne suffira pas, bien sûr, à sauver ces écosystèmes-là,
01:43:07 et aussi les autres écosystèmes.
01:43:10 Enfin notre écosystème, c'est le même, et on serait très impacté par une exploitation,
01:43:15 enfin d'après les études, elles le montrent de plus en plus en tout cas,
01:43:19 la majorité de l'océan, c'est la haute mer.
01:43:23 Et ça c'est géré par l'IFM, l'Autorité internationale des fonds marins.
01:43:28 Et c'est vrai que la France espère peser, je dis ça,
01:43:33 tout ça est très récent, la déclaration d'Emmanuel Macron, c'est le 7 novembre,
01:43:37 l'Assemblée nationale en janvier s'est prononcée pour un moratoire,
01:43:40 c'est-à-dire un délai pour dire, écoutez, avant d'exploiter,
01:43:44 on n'a pas assez d'informations, attendons avant d'aller y creuser,
01:43:47 parce que ça va poser des problèmes, on n'est pas sûr des conséquences,
01:43:52 donc attendons, mais je crois que l'IUFM, après c'est des sujets très compliqués,
01:43:57 et encore une fois, je répète ce que les scientifiques autour de moi disent,
01:44:01 mais l'AIFM va se prononcer en juillet, sur une réglementation minière,
01:44:05 donc on a 100 jours pour peser sur le débat, ce qui est très peu,
01:44:08 mais le jeu en vaut vraiment la chandelle, et la France pourrait effectivement
01:44:12 espérer peser sur le débat international, tout en sachant que d'autres pays,
01:44:17 eux, ne veulent absolument pas abandonner l'idée de cette exploitation des métaux rares,
01:44:23 comme le Japon par exemple, qui est très intéressé à cette transition.
01:44:27 Après, effectivement, c'est le...
01:44:35 On en discutait tout à l'heure, moi je trouve que les termes du débat sont très biaisés,
01:44:42 de dire que pour la transition environnementale...
01:44:45 Alors expliquez-nous pourquoi les promoteurs d'une exploitation minière,
01:44:48 évidemment ils ont tout intérêt à dire que ça n'a pas d'impact, etc.,
01:44:51 mais pourquoi est-ce qu'ils disent que ça soutiendrait la transition ?
01:44:54 Parce que ça permet de faire des composants de moteurs de voitures, de batteries électriques,
01:44:58 de nouvelles technologies qui entrent dans la conception que l'on a
01:45:03 des énergies dites propres du futur.
01:45:06 Or, c'est pas ça la transition environnementale ou énergétique,
01:45:12 c'est pas simplement une évolution technologique,
01:45:15 sinon on appellerait ça une révolution industrielle, ça s'est déjà produit.
01:45:18 En fait, ça doit s'accompagner de nouveaux usages et d'une nouvelle culture.
01:45:22 Dire que pour la transition environnementale, on va foutre en l'air la dernière partie inviolée
01:45:26 et saine de notre planète, me semble vraiment, je vais même être un peu vulgaire,
01:45:31 c'est même pas du greenwashing, c'est presque du foutage de gueule,
01:45:34 parce qu'on sait que les impacts sont extrêmement négatifs,
01:45:37 à la petite échelle bien sûr, parce que, en fait, c'est ce que je mets à la post-fa,
01:45:42 elle peut sembler un peu byzantine, j'écris, et ça c'est vraiment,
01:45:47 avec les scientifiques, on sait que les impacts, malgré le manque flagrant de connaissances,
01:45:52 on sait que les impacts vont être dangereux, vont être importants.
01:45:57 Pourquoi ? Parce que j'ai participé à ces petites expériences.
01:46:00 Les scientifiques, quand ils font une expérience sur le terrain,
01:46:03 ils le font sur 30 cm par 30 cm, donc on a des données scientifiques,
01:46:07 on parlait de l'importance des données tout à l'heure,
01:46:09 on a des données sur des petites surfaces, et on sait, par exemple,
01:46:12 je vous donne l'exemple d'une expérience qu'on a faite sur ce site Lucky Strike,
01:46:17 avec les biologistes, on dénude une petite partie de la faune,
01:46:20 comme s'il y avait eu des rejets miniers, en tout cas un impact anthropique sur la zone,
01:46:27 et hop, les animaux partent.
01:46:29 Donc on dénude comme si on avait jeté de l'acide chlorhydrique dessus.
01:46:32 Exactement, comme c'est des équilibres très stables et très fragiles,
01:46:37 il suffit que la composition chimique soit un peu désordonnée
01:46:41 pour que ça ait un impact sur la faune, donc voilà, là on a créé un désordre,
01:46:45 et la faune, on l'a retirée.
01:46:48 J'ai parlé à Josée Sarrazin il y a trois semaines,
01:46:51 elle y est retournée sur les endroits que nous avions dénudés en 2017.
01:46:55 En 2022, les animaux n'étaient toujours pas revenus.
01:47:01 Alors qu'on imagine que ça grouille là-dessous de vie.
01:47:05 Donc là maintenant, on a la réponse, ça se résilie très mal.
01:47:08 Après c'est vrai que les industriels disent "non mais vous n'avez fait ça que sur des toutes petites zones,
01:47:12 donc c'est pas sérieux, c'est pas sérieux", mais en vérité c'est très sérieux.
01:47:16 On sait surtout que l'exploitation minière terrestre, ce qu'elle a donné,
01:47:19 l'exploitation minière sous la domaine...
01:47:21 Oui, et puis protéger ces environnements marins profonds,
01:47:23 ça nous permet d'inverser la balle.
01:47:25 On passe notre vie à réparer les environnements dégradés.
01:47:31 Là on pourrait protéger les environnements avant qu'ils soient dégradés,
01:47:34 c'est quand même une bonne idée dans ce sens.
01:47:37 Est-ce qu'il y a des questions, des remarques, sur ce que vient de dire David ?
01:47:45 Monsieur ? Attendez, le micro arrive.
01:47:49 C'est vrai, c'est sous la pression de la technologie actuelle, notamment des terres rares,
01:48:05 que l'exploitation des nodules sous-marins survient.
01:48:09 Il y a 20-30 ans, il y avait déjà des études au CEA, au commissariat de l'énergie atomique,
01:48:14 sur les nodules sous-marins.
01:48:16 Je pense que c'est la pression technologique, de nouvelles technologies,
01:48:20 qui sont consommatrices de ces terres rares, de ces métaux.
01:48:25 C'est une suite logique.
01:48:28 Oui, c'est une suite logique, mais d'autres scientifiques vous diront que...
01:48:33 D'autres scientifiques vous diront que la technologie évolue très vite.
01:48:38 Là, par exemple, j'entendais un scientifique sur France Culture dire, il y a quelques mois,
01:48:42 que la recherche avance tellement vite que les batteries électriques d'aujourd'hui,
01:48:48 qui nécessitent ces fameux métaux rares, le temps qu'on aille les chercher,
01:48:53 parce qu'il faut savoir que c'est très coûteux, et on ne sait même pas la quantité qu'il y a là-dessous.
01:48:57 Les conditions d'évaluation sont encore à l'étude.
01:49:01 Les moteurs, les batteries pourraient changer.
01:49:04 On travaille actuellement sur des batteries au sodium, par exemple.
01:49:07 Donc, vraiment, les questions qu'on peut se poser, c'est, est-ce que le jeu en vaut la chandelle,
01:49:12 même pour l'innovation technologique ?
01:49:15 On n'en est même plus très sûr à discuter avec certains scientifiques.
01:49:20 Et encore une fois, l'innovation technologique, pour moi, mais c'est facile de le dire,
01:49:25 et puis, la transition environnementale, c'est aussi un changement d'usage.
01:49:30 Ce qui est désirable et durable, ce n'est pas forcément une innovation technologique
01:49:34 détachée d'une culture et d'usage.
01:49:37 Si on doit faire, pour remplacer la voiture thermique, autant, voire plus de voitures
01:49:43 qui durent aussi peu de temps, et conserver les mobilités qui sont les nôtres à notre époque,
01:49:49 c'est pour ça que la transition environnementale, elle doit être accompagnée politiquement et culturellement.
01:49:53 Et vous donnez un exemple qui, pour le coup, date d'il y a bien longtemps,
01:49:57 qui pourrait être l'exemple suivi par le monde, qui devrait être l'exemple suivi par le monde,
01:50:01 c'est l'exemple de l'Antarctique, par exemple.
01:50:03 Parce qu'en fait, on se dit, de toute façon, l'humain ne sait que détruire,
01:50:07 et c'est rare qu'il sache ne pas détruire.
01:50:09 Mais il y a quand même un exemple que vous donnez dans votre livre, qui est l'Antarctique.
01:50:12 C'est ce qu'on appelle une Terranoulius.
01:50:14 Oui, c'est une Terranoulius, la Lune l'est aussi, mais apparemment, ça ne regroupe pas tout à fait les mêmes choses.
01:50:20 L'Antarctique, pour moi, c'est vraiment... parce que quand même, il faut rester espérant.
01:50:26 Et c'est vrai que l'homme n'est pas qu'une brute à détruire.
01:50:31 Il fait aussi d'autres choses.
01:50:33 Et c'est même plutôt bien.
01:50:35 Enfin, on a aussi les capacités de pouvoir inverser les choses
01:50:41 et de n'être pas les victimes de notre propre raison, de notre propre fatalisme.
01:50:47 Et l'Antarctique, il y a eu ce fameux traité de l'Antarctique, vous savez,
01:50:50 quand l'Antarctique a été, voilà, on va dire, bien découvert.
01:50:56 Elle a été découverte en 1820.
01:50:58 Et puis dans les années 50 du XXe siècle, on va signer, les nations vont se mettre d'accord
01:51:02 pour signer ce fameux traité de l'Antarctique qui déclare la Terre australe Terranoulius,
01:51:09 c'est-à-dire juridiquement une Terre inoccupée sans maître, et qu'il serait bon que cela reste ainsi.
01:51:13 Et que ce continent ne doit être réservé que pour des scientifiques.
01:51:21 Et aucune armée de guerre, enfin... et ça, c'est vraiment quelque chose, c'est un très beau modèle.
01:51:27 C'est-à-dire, je sais qu'en ce moment c'est remis en question,
01:51:30 qu'on va re-signer ce traité dans les années à venir,
01:51:34 mais c'est un exemple que parfois l'homme, les êtres humains,
01:51:38 arrivent à se mettre d'accord pour préserver quelque chose et en faire des...
01:51:44 voilà, et avoir une relation différente avec le monde.
01:51:49 Est-ce qu'il y a une autre question, une autre remarque ?
01:51:52 Marie-Laure Vercambre, on se connaît le nom de la personne qui va poser une question.
01:51:57 Oui, non, c'est juste pour abonder dans le sens de David Vall.
01:52:02 C'est effectivement l'Antarctique, le moratoire sur l'Antarctique,
01:52:06 il a été quand même arraché, mais il a eu lieu.
01:52:09 Maintenant, il va être négocié, et puis on peut aussi parler de l'exploitation de l'Arctique, etc.
01:52:16 Il y a beaucoup de raisons d'être déprimé.
01:52:20 Mais parallèlement, il y a des annonces comme la France qui décide de sanctuariser ses fonds marins.
01:52:28 Le traité de la haute mer.
01:52:31 Et d'un côté, on peut pleurer, on peut se dire, en 1992, le protocole de Kyoto,
01:52:38 on est à des années-lumières d'avoir ce genre de consensus international
01:52:42 où on va prendre des mesures vraiment ambitieuses pour le climat,
01:52:45 et finalement, on n'en est pas là.
01:52:48 Regardez ce qui se passe avec l'accord de Paris, on n'en est pas là du tout.
01:52:51 Mais il y a des initiatives de pays importants, de pays qui comptent,
01:52:55 les États-Unis, quand ils vont plutôt dans le bon sens pour les enjeux environnementaux.
01:53:01 Et puis là, même au niveau des COP, on va aller vers des décisions qui vont être plus régionalisées.
01:53:08 On sait que l'Europe a un plan sur le climat qui est ambitieux.
01:53:12 Donc il faut savoir encourager et se réjouir de bonnes initiatives comme ça.
01:53:19 Pour la petite histoire, quand je rédigeais l'avant-propos, j'étais à la campagne,
01:53:26 à côté d'ailleurs d'un endroit tristement célèbre en ce moment,
01:53:30 qui serait juste à côté du fameux projet de la mine de Lition, à ciel ouvert,
01:53:34 mais qui, pour des problèmes d'eau, mais c'est très actuel par rapport à ce qu'on a dit,
01:53:38 donc il y avait une effervescence dans cette région.
01:53:43 Et j'entends la nouvelle du discours d'Emmanuel Macron sur la préservation.
01:53:52 Ça m'a fait un... C'est vrai que j'ai...
01:53:56 Dites-le, dites-le, qu'est-ce que vous avez fait ?
01:53:58 Non mais j'étais hyper ému, j'ai pleuré, j'étais hyper ému que...
01:54:02 Emmanuel Macron fait ça aussi.
01:54:04 Alors c'est pré... Mais je me suis dit, mais en fait...
01:54:07 Alors bien sûr, il faut qu'il y ait un texte... C'est une parole, pour l'instant.
01:54:12 On ne sait pas, c'est comme le traité de Haute-Mer, comment est-ce qu'on met ça en pratique ?
01:54:15 Mais je me suis dit, mais ça se trouve, c'est possible,
01:54:18 ça se trouve que peut-être que la révolution viendra de l'océan.
01:54:21 En tout cas, moi je le crois, parce que c'est vrai que là, sur l'océan, cette année,
01:54:24 on a accumulé, bien sûr, parmi les mauvaises nouvelles,
01:54:28 on a quand même accumulé des bonnes nouvelles.
01:54:30 Le traité de Haute-Mer, les accords sur la biodiversité, sur les ressources génétiques,
01:54:34 c'est quand même étonnant ce qui se passe cette année.
01:54:36 Ça fait du bien, de temps en temps, de marquer une pause dans notre pessimisme et notre...
01:54:42 Solastalgie.
01:54:44 Solastalgie, oui.
01:54:45 Ne boudons pas notre plaisir. Merci David Val, merci beaucoup.
01:54:48 Et c'est donc la fin de cette conférence sur l'eau,
01:54:56 que vous pourrez retrouver sur le site de l'Obs, dans les pages de l'Obs déjà,
01:55:00 la semaine prochaine, grâce à Thierry Noiset, ici présent,
01:55:02 qui va en faire un compte-rendu circonstancié,
01:55:05 et sur le site de l'Obs, parce que ça a été filmé, vous pourrez le voir.
01:55:08 Merci à tous d'avoir été avec nous cet après-midi.
01:55:11 (Applaudissements)