Maman au thé - La chronique d'Hippolyte Girardot

  • l’année dernière
Aujourd'hui, Hippolyte Girardot nous parle de son rapport avec le thé.

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Amusant
Transcription
00:00 Alors je voulais faire votre chronique sur le thé.
00:02 Oui c'est vous !
00:02 Oui alors je voulais dire que le thé effectivement a une âme à lui, c'est unique, c'est mythique,
00:07 c'est secret, c'est magique.
00:08 Moi c'est… Ma mère buvait du thé, voilà.
00:10 En fait c'est ça le truc.
00:12 Beaucoup de thé, une sorte d'aficionada du thé, toujours à demander un thé.
00:15 À nous dire de prendre un petit thé avant de partir ou de boire un petit thé avant d'y aller.
00:20 À demander au restaurant "est-ce que vous avez du thé ?"
00:22 Alors que moi je bois du café.
00:24 Moi comme mon père quand on buvait des litres qu'il préparait dans une grande clafière à filtre en papier
00:27 qu'il goûtait dès le matin, avec la radio dans le fond là.
00:30 La même que celle où aujourd'hui je parle.
00:32 Le son en grandes ondes avec l'odeur du café c'était pour moi une sorte de potion pour rentrer dans l'âge des grands.
00:38 Et puis après il y a le petit café, le petit noir qu'on disait aussi au bar,
00:41 quand on a des poils au menton et ailleurs et ensuite à la fin du repas un petit café même, même,
00:45 si t'avais pas encore droit, à la prune.
00:48 Le thé, non ça c'était impossible le thé.
00:50 Le thé c'était une concession majeure à une part mystérieuse de soi pour tout dire,
00:54 sa part de féminité, voilà.
00:57 Car les filles, elles aimaient le thé en général.
00:59 Le thé était à la boisson, ce que la couleur rose était aux pyjamas de bébés.
01:03 C'était un moyen de marquer son territoire.
01:06 Inviter une fille dans sa piôle et lui proposer du pinard, ça arrivait, parfois,
01:18 c'est en plein après-midi avant l'arrivée de la petite machine à expresso là,
01:22 offrir un thé ça vous donnait quand même quelques bons points.
01:25 En boire et dire que t'aimais ça, trouver un goût un peu raffiné,
01:29 on annonçait qu'on parlerait pas que de foot.
01:31 Voilà, le thé c'est presque un pays, c'est un territoire en tout cas.
01:34 Dans le fond, ça a commencé à changer je trouve, moi, avec le maoïsme, faut le savoir.
01:38 Parce que Mao a été star en Occident, faut se rappeler de ça pendant quelques années.
01:42 On a eu des candidats maoïstes quand même aux élections, faut le savoir,
01:44 alors que c'était un pur tyran, une sorte de modèle de tyran d'ailleurs.
01:48 Mais tous ces gars en varose militaire avec une petite étoile rouge au revers,
01:52 qui avaient fait la longue marche en buvant du thé.
01:54 Que du thé, du thé, du thé.
01:56 On les voyait tenant leur petite tasse comme on voyait le ché fumer un cigare.
02:00 Le thé devenait un peu viril en un mot.
02:02 Boisson de guerrier, matinée de sagesse quand l'Inde est devenue à la mode grâce,
02:07 évidemment, aux anglais et notamment aux Beatles qui ajoutaient du citard aux guitares.
02:11 D'ailleurs, les rockers anglais buvaient du thé, les Beatles par exemple.
02:15 *Musique*
02:25 - Vous allez vous venir prendre un petit peu de thé avec moi ?
02:28 - Oui, volonté.
02:30 - Et même les diaboliques, soi-disant Stones en fait,
02:36 qui ne se distinguaient que par l'heure du tea time.
02:38 *Musique*
02:40 - C'est Pog, un chat un peu majillet.
02:42 *Musique*
02:47 - Je prends le thé à 3h.
02:49 *Musique*
02:53 Ma mère buvait beaucoup de thé et ce fut une sorte d'héritage qu'elle a laissé à ses petites filles
02:57 parce qu'elle n'avait eu que des garçons qui buvaient du café.
02:59 Ma mère envoyait des mélanges de thé faits en France à ses copines qui habitaient loin
03:03 et qui n'y avaient pas accès à l'époque.
03:05 Un message d'amour, d'amitié.
03:07 Ma mère buvait beaucoup de thé et quand elle est partie, on s'est tous partagé, c'était hier.
03:10 Comme si, à l'instar de la lampe d'Aladin, il suffisait de jeter quelques feuilles dans de l'eau chaude
03:15 pour en faire sortir son âme.
03:17 - Oh, Ecolite, joli !
03:19 - Joli !

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