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"Si les engagements" demandés à Sanofi "n'étaient pas pris", le gouvernement peut "bloquer" la vente de la filiale de production de Doliprane, affirme Marc Ferracci, ministre délégué chargé de l'Industrie, invité du Grand entretien de France Inter. "Cette option est sur la table", dit-il.

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00:00Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin le ministre de l'Industrie dans le grand
00:04entretien du 7-10, question-réaction, 0145 24 7000, et via l'application Radio France.
00:12Marc Ferracci, bonjour ! Et bienvenue sur Inter, beaucoup de sujets à aborder avec
00:17vous ce matin, le budget 2025 dont l'examen commence cette semaine à l'Assemblée Nationale,
00:23la mauvaise passe de l'industrie automobile, les prix de l'énergie, mais d'abord le premier
00:29gros dossier sur votre bureau, c'est Sanofi qui entend céder au Fonds d'Investissement
00:35Américain, CDER, le contrôle de sa filiale Opéla, qui fabrique les médicaments grand
00:41public comme le Doliprane, l'alizopaine ou encore le malox, tous les groupes politiques
00:47se sont emparés du sujet et craignent un nouvel Alstom, vous étiez hier à Lisieux
00:53aux côtés du ministre de l'Économie Antoine Armand sur l'un des sites de production du
00:58Doliprane, pouvez-vous vous opposer, question simple Marc Ferracci, pouvez-vous vous opposer
01:05à cette vente ? Juridiquement nous le pouvons, avec Antoine Armand nous sommes bien conscients
01:10des enjeux de ce dossier, le Doliprane et les autres médicaments que vous avez cités
01:14sont au cœur du quotidien des Français, sont au cœur de leur vie, on a tous pris
01:17du Doliprane un jour ou l'autre parce qu'on avait mal à la tête, parce qu'on avait mal
01:20ailleurs, et donc il y a une préoccupation bien légitime des Français mais aussi des
01:25forces politiques autour de cette opération, par rapport à ça nous ce qu'on a dit hier
01:29aux salariés, parce qu'on est d'abord allé voir les salariés à Lisieux, c'est
01:33que nous avions deux objectifs extrêmement clairs, le premier c'était la sécurité
01:37sanitaire des Français donc la sécurité d'approvisionnement, le deuxième c'était
01:41de maintenir ce qu'on appelle l'empreinte industrielle, les emplois mais aussi la recherche
01:44et développement en France, ces deux objectifs ne sont pas négociables, ces deux objectifs
01:48nous allons nous donner les moyens de les atteindre et pour ça nous allons demander
01:53à Sanofi et au fonds d'investissement qui apparemment est retenu parce que l'opération
01:59n'est pas encore signée, des engagements, des engagements sur l'emploi industriel,
02:03ça c'est essentiel, des engagements sur les volumes produits parce que pour maintenir
02:08l'emploi il faut aussi s'engager sur des volumes, des engagements sur la recherche
02:11et développement qui n'est pas à Lisieux mais qui est à Compiègne, et puis aussi
02:14des engagements, c'est important, sur les sous-traitants parce que si vous déstabilisez
02:18votre réseau de sous-traitants, vous avez des problèmes.
02:20Donc voilà ce que nous allons demander et effectivement pour répondre à votre question,
02:24si ces engagements n'étaient pas pris, il y a aujourd'hui dans le code monétaire
02:28et financier une possibilité de bloquer cette vente.
02:30Et si ces engagements n'étaient pas pris, vous bloqueriez cette vente ?
02:33Écoutez, effectivement, c'est les objectifs qu'on s'est fixés et donc nous avons cette
02:37option qui est tout à fait sur la table.
02:38Mais pour qu'on comprenne bien, il y avait deux offres sur la table, une américaine
02:42donc et une autre d'un fonds français, PAI, dont 50% des investissements sont faits en
02:47France, dont le siège est en France, Sanofi a choisi d'entrer en négociation exclusive
02:52avec l'américain, avec CDR, qui n'investit que 1% de ses fonds en France.
02:56Est-ce que vous comprenez ce choix ? Alors que Sanofi a reçu 400 millions d'euros récemment
03:02pour construire sa nouvelle usine de vaccins, qui a été inaugurée d'ailleurs le mois
03:06dernier par Emmanuel Macron, qu'elle a reçu plus d'un milliard d'euros en dix ans via
03:10le crédit Impôt Recherche, est-ce qu'il n'y a pas un défaut de patriotisme de Sanofi
03:15de choisir l'offre américaine plutôt que l'offre française quand ils en ont deux
03:19à peu près égales sur la table ? Alors, d'abord, moi en tant que ministre, il ne m'appartient
03:22pas de commenter les choix d'entreprises privées qui rachètent des entreprises privées.
03:26Ce n'est pas comme ça que je conçois mon rôle de ministre.
03:28Et puis, le deuxième élément qu'il faut signaler, c'est que Sanofi va rester actionnaire
03:33à hauteur de 50%.
03:34Et ça, c'est un élément extrêmement important.
03:35Au conseil d'administration de Opéra, dans la future structure, il y aura 50% pour Sanofi.
03:40C'est très important.
03:41Et le troisième élément que je veux signaler, c'est que l'autre fond, PAI, on l'appelle
03:48comme ça, il n'est pas tout seul.
03:50C'est un fond français, mais il est associé à trois autres fonds qui sont, eux, des fonds
03:53étrangers.
03:54Donc, moi, je ne commande pas.
03:55Ça n'est pas mon sujet.
03:56Ce qui m'intéresse, c'est encore une fois les engagements que nous allons écrire noir
04:00sur blanc et que nous allons faire respecter avec un certain nombre de leviers dont on
04:04va parler.
04:05Parce que signer des engagements, ça n'est pas forcément la fin de l'histoire.
04:07Il faut aussi les faire respecter.
04:09Mais s'agissant du choix, je n'ai pas de commentaire à faire.
04:11Ce qui m'intéresse, c'est surtout les perspectives d'investissement et de création d'emplois
04:15industriels au terme de cette opération.
04:16Vous n'avez pas de commentaire à faire, mais tout de même, c'est une entreprise privée
04:19qui vend à une autre entreprise privée.
04:21Vous avez raison.
04:22Mais c'est une entreprise privée qui a reçu énormément d'aides de l'État.
04:25Vous avez raison.
04:26Peut-être que vous avez un mot à dire quand même.
04:27Vous avez raison.
04:28Ce sont des aides qui ont également servi à Sanofi, mais d'ailleurs à toute la filière
04:33pharmaceutique, à investir et à créer un écosystème qui est aujourd'hui un écosystème
04:38performant qui fait qu'on exporte des médicaments en France.
04:40C'est une filière performante.
04:41Donc moi, j'assume assez bien le fait, de manière générale, pas que sur le médicament,
04:46le fait d'aider l'industrie.
04:47Nous l'avons fait beaucoup depuis 2017 et l'emploi industriel est revenu en France.
04:50Donc ça, c'est quelque chose que j'assume en tant que ministre de l'Industrie et au
04:53titre de ce qu'ont fait mes prédécesseurs.
04:55Énormément de réactions, Marc Ferracci, la vente à la découpe de la France se poursuit,
05:02Jordan Bardella, « Aucune leçon n'aura été tirée du Covid », Marine Tondelier.
05:07Une honte, encore un symbole de notre perte de souveraineté, Fabien Roussel.
05:12Mais il n'y a pas que la gauche et le RN.
05:14L'opération pose un enjeu très préoccupant pour notre sécurité nationale, écrivent
05:19une soixantaine de députés issus des groupes Ensemble pour la République, Horizon, Modem,
05:25Droite Républicaine, Liott.
05:26Parmi les signataires, Gérald Darmanin ou le chef du groupe Horizon, Laurent Marcangeli.
05:33Question, Emmanuel Macron et ses gouvernements successifs disaient faire de la souveraineté
05:40sanitaire un axe-clé de leur politique, pour ensuite laisser faire des opérations de ce type ?
05:47Vous avez raison, c'est un sujet de souveraineté.
05:49C'est un sujet de souveraineté, la question c'est de savoir si…
05:51Est-ce qu'elle n'est pas bradée, là ?
05:52Je ne le pense pas, parce que je pense que le sujet de la souveraineté, c'est justement
05:57d'avoir la maîtrise de son destin, et avoir la maîtrise de son destin, en l'occurrence,
06:01d'être certain qu'on aura des médicaments quand on en a besoin, qu'on maintiendra
06:04les emplois parce que ces emplois, ils irriguent nos territoires, j'ai été hier à Lisieux,
06:08pas simplement au contact des salariés, mais aussi au contact des élus locaux qui sont
06:11préoccupés par tout ça, et donc la souveraineté, pour moi, c'est faire respecter ces deux
06:15objectifs fondamentaux, la sécurité sanitaire, le maintien de l'empreinte industrielle,
06:19et c'est ce que nous nous donnons comme objectif.
06:21Mais vous vous souvenez des engagements pris par l'Indien Mittal au moment du rachat
06:25d'Arcelor, c'était de maintenir les emplois en France, on se souvient de ça, deux ans
06:29après ils ont fermé une première à Syrie, deux ans après ils ont fermé un premier
06:33au Fourneau, et quatre ans après c'était la fermeture définitive de tous les hauts
06:36fourneaux.
06:37Les engagements pris par les Américains de maintenir l'emploi en France, comment on
06:41peut être sûr qu'ils vont les maintenir ?
06:44Eh bien, d'abord on va les écrire noir sur blanc, et on va les assortir d'un certain
06:47nombre de leviers, en particulier de sanctions, qui pourront prendre la forme de sanctions
06:52pécuniaires.
06:53Ensuite, nous réfléchissons, et n'excluons pas, de faire rentrer au capital d'Opéla
06:59un acteur public, afin, dans la gouvernance, d'avoir une forme de droit de regard qui permettra
07:05de voir ce que sont les projets, de voir ce que sont les projets d'investissement, et
07:09faire en sorte que ces objectifs de maintien de l'emploi de l'empreinte industrielle soient
07:15préservés.
07:16Et j'ajoute quand même qu'il y a un élément qu'il faut avoir en tête, c'est que le Doliprane,
07:20qui est un petit peu le médicament blématique dans cette affaire, le Doliprane est produit
07:25quasiment exclusivement pour la France, 97% des ventes de Doliprane se font en France.
07:30Donc il y a un intérêt, me semble-t-il, à maintenir la localisation en France, mais
07:34cet intérêt ne suffit pas, et ne nous suffit pas, nous voulons également des engagements
07:37écrits.
07:38On a encore beaucoup de questions à vous poser sur d'autres sujets, mais convenez
07:41que la politique c'est aussi des symboles, que le premier signal politique de ce nouveau
07:48gouvernement c'est de laisser vendre le Doliprane aux Américains, convenez que c'est
07:52pas...
07:53En termes de signal politique, quand Emmanuel Macron défendait encore il y a six mois la
07:59souveraineté sanitaire, ça pose question.
08:01Vous savez, moi en tant que ministre de l'Industrie, je me donne pour objectif, avec le ministre
08:06de l'Economie, Antoine Armand, de protéger les emplois industriels, de protéger les
08:11emplois tout court.
08:12Mais nous nous donnons aussi un autre objectif, qui est de créer des emplois, de faire en
08:17sorte que les investissements étrangers en France se maintiennent.
08:19Vous savez que la France est pour la cinquième année le pays d'Europe le plus attractif
08:22pour les investissements étrangers, et nous ne voulons pas dévier de ce cap.
08:25Donc nous devons tenir au fond de Reine, c'est protéger, et nous allons le faire dans cette
08:29affaire, et nous nous y engageons, le Doliprane continuera d'être produit en France, mais
08:33aussi envoyer à toutes celles et ceux qui veulent investir en France le signal qu'il
08:37est bon d'investir en France, il est bon de créer des usines, il est bon de créer
08:40des emplois dans notre pays, et c'est de ce point de vue quelque chose de tout à fait
08:43cohérent avec les gouvernements précédents.
08:46Il y a eu l'an dernier des pénuries de médicaments, notamment les antibiotiques, et les antibiotiques
08:51pour enfants.
08:52Faut-il se préparer à d'autres pénuries cet hiver ?
08:56Tout est mis en œuvre pour que ça ne soit pas le cas, il y a en particulier une législation
09:00qui impose aux laboratoires et à l'ensemble de la chaîne du médicament de réaliser des
09:04stocks.
09:05Dès lors que ces stocks descendent au-dessous d'un certain seuil, 4 mois par exemple, des
09:09pénalités financières sont appliquées, nous serons évidemment extrêmement vigilants
09:13à ce que tout cela fonctionne.
09:15Vous dites que mon objectif comme ministre de l'Industrie, c'est de créer des emplois,
09:19le cabinet Altares a dévoilé ce matin le chiffre des défaillances d'entreprises,
09:2366 000 entreprises touchées, plus 20% sur un an, 52 000 emplois menacés, des défaillances
09:29qui touchent les très petites entreprises mais aussi les PME.
09:32La situation est-elle inquiétante ? L'économie est-elle en train de caler ?
09:36La situation traduit d'abord une forme de retour à la normale, parce que vous savez
09:40que durant la période du Covid et un petit peu après, beaucoup d'entreprises ont été
09:44aidées avec les prêts garantis par l'Etat, avec beaucoup d'aide publique et il y a eu
09:48moins de défaillances à ce moment-là.
09:50Donc aujourd'hui, on a au fond une forme de rattrapage de ce phénomène.
09:54Nous regardons les chiffres évidemment avec beaucoup d'intérêt, avec beaucoup d'attention.
09:59Vous inquiétez des chiffres de ce matin ?
10:00Très sincèrement, quand je regarde la tendance de long terme, pour l'instant, je reste
10:08confiant dans la capacité de rebond de l'industrie française.
10:10On va avoir un rattrapage et on est en train de le constater, mais je pense que ça ne
10:13traduit pas une tendance de fond qui va se prolonger pendant des mois et des années.
10:17Marc Ferracci, quelques mots sur le salon de l'automobile qui ouvre ses portes au grand
10:22public aujourd'hui.
10:23Les inquiétudes sur le marché de l'automobile sont nombreuses en France.
10:27Les ventes de voitures neuves en septembre ont été les plus faibles enregistrées depuis
10:3220 ans.
10:33En Allemagne, Volkswagen annonce d'éventuelles fermetures d'usines.
10:37Stellantis a presque divisé par deux ses objectifs de profit pour 2024.
10:44L'industrie joue désormais sa survie, disait ce week-end Luc Châtel, le président de
10:51la PFA, c'est le lobby du secteur.
10:54Il a tort, Luc Châtel, il exagère.
10:58Vous lui dites quoi ?
10:59Il a raison de pointer le fait que la situation est préoccupante pour la filière automobile.
11:04Vous avez rappelé les chiffres, je ne vais pas y revenir.
11:06Mais ça survit, c'est un grand plus.
11:09Il y a des problèmes un peu structurels, notamment le problème de la compétition
11:13avec les Chinois et en particulier la compétition concernant les véhicules électriques.
11:18Face à ces problèmes, nous avons agi à la fois en français et en européen et nous
11:23allons continuer d'agir.
11:24Mais ce que je veux vous dire, c'est qu'il y a aussi des bonnes nouvelles quand même.
11:26J'étais hier au salon pour la pré-inauguration puisque l'ouverture au public a lieu aujourd'hui
11:31et on se rend compte que la transition vers l'électrique, qui est un objectif, vous
11:35savez qu'en 2035, il n'y aura plus de moteur thermique produit en Europe.
11:38Il faut le garder cet objectif de 2035, il faut le décaler.
11:41Il y a des débats.
11:42Il y a des débats au sein de la filière.
11:44Moi, pour l'instant, je discute avec tous les acteurs, je suis ministre depuis trois
11:47semaines, je suis en train de voir tous les acteurs de la filière, j'essaie de me faire
11:50mon idée.
11:51Il y a en Europe des débats, mais en tout état de cause, il ne faut pas changer de
11:55cap.
11:56Et ça, c'est très clair.
11:57Et tous les acteurs de la filière, vous évoquiez Luc Châtel, nous le disent, il ne faut pas
11:59changer de cap.
12:00Le rythme auquel on va vers l'électrique est une autre question, mais il ne faut pas
12:03changer de cap et il faut qu'on soutienne la filière.
12:06Et moi, je le dis en tant que ministre de l'Industrie, nous allons, avec le ministre
12:10de l'Économie, Antoine Armand, continuer de soutenir la filière automobile.
12:13Il y a plusieurs enjeux.
12:14Il y a un enjeu de soutenir ce qu'on appelle l'or, c'est-à-dire les investissements et
12:18en particulier les très lourds investissements dans la décarbonation des usines.
12:22La semaine dernière, il y a dix jours plus tôt, j'étais pour inaugurer une ligne de
12:26production de Stellantis à Sochaux qui produit des voitures électriques.
12:30C'est très emblématique, ces voitures électriques, leurs batteries sont produites en France,
12:34chez ACC, dans les Hauts-de-France, les moteurs sont produits en France, à Tremris, en Moselle.
12:39Et donc, c'est une transition qui s'est faite en quatre ou cinq ans.
12:42C'est ça la bonne nouvelle, c'est qu'on est en train d'y parvenir et la France est
12:44plutôt en avance, 18% de parts de marché pour le véhicule électrique en France contre
12:4912% en Europe.
12:50C'est là-dessus qu'il faut s'appuyer, mais c'est compliqué.
12:52Il faut soutenir la filière, c'est ce que j'ai dit et c'est ce que je vais continuer
12:56de dire.
12:57On va parler des malus.
12:58Carlos Tavares, comme vous l'avez vu il y a dix jours, parce qu'il s'est indigné
13:00hier de l'alourdissement du malus sur les voitures, compris dans le budget 2025, c'est
13:04la double peine, a-t-il dit.
13:05Est-ce vraiment le moment d'alourdir le malus CO2 et le malus poids des voitures comme
13:10prévu dans le budget 2025, franchement ?
13:12Beaucoup d'acteurs de la filière nous en ont parlé, et pas simplement Carlos Tavares.
13:16Sur ce sujet, on va peut-être se parler du budget après, on rentre déjà sur le sujet
13:22budgétaire.
13:23Je vous réponds sur le malus.
13:25Effectivement, le malus va être étendu et va toucher, dans la version initiale de ce
13:31projet de loi de finances, un nombre plus grand de véhicules.
13:33Moi, ce que je dis, c'est que ce budget, eh bien il va bouger, forcément, il va bouger.
13:40Il y a déjà un certain nombre de parlementaires, d'ailleurs des parlementaires du groupe politique
13:43auquel j'appartiens, Ensemble pour la République, qui se sont positionnés pour trouver des équilibres
13:47différents.
13:48La contrainte qu'on a sur le budget, c'est de faire 60 milliards d'économies, et dans
13:52ces 60 milliards, on peut trouver des équilibres différents.
13:55Un peu moins de malus, mais aussi, ça doit être compensé par des réductions de dépenses
14:00un peu plus fortes sur d'autres aspects.
14:01Donc les malus, ça va bouger ?
14:03En tout cas, je regarderai avec beaucoup d'attention, et j'ai envie de le dire avec l'esprit de
14:09le soutenir, les propositions qui viseront à soutenir la filière automobile dès lors
14:13qu'elles sont gagées sur d'autres réductions de dépenses.
14:15Alors, sur le budget, justement, il se fait dans une situation de crise grave, déficit
14:21public qui pourrait s'envoler au-delà de 6% d'ici la fin de l'année, une dette qui
14:26a atteint un nouveau record fin juin à 3228 milliards d'euros, soit presque 1000 milliards
14:34de plus qu'à l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Élysée en 2017.
14:38Vous êtes, Marc Ferracci, un intime d'Emmanuel Macron depuis très longtemps.
14:43Est-ce que vous reconnaissez que ces chiffres, que cette situation budgétaire, est à mettre
14:49au débit des mandats d'Emmanuel Macron, n'est-ce pas là une forme de trahison de
14:54la promesse macroniste des origines que d'aboutir ainsi à une impasse budgétaire ?
14:59D'abord, rappelez qu'on l'a un peu oublié, mais c'est sous Emmanuel Macron qu'on est,
15:06pour la dernière fois dans notre histoire économique, revenus sous 3% de déficit.
15:093% de déficit, c'était en 2018, et on est sortis à l'époque de ce qu'on appelle la
15:13procédure de déficit excessif de l'Union Européenne.
15:16Ensuite, ça ne vous a pas échappé, nous avons connu des crises.
15:18Et ces crises, elles ont eu une réponse qu'on a appelée peut-être de manière impropre
15:25le quoiqu'il en coûte, qui a permis de protéger les entreprises et les Français, mais qui
15:29a dépensé beaucoup d'argent.
15:30A la fois le Covid, et puis aussi la crise ukrainienne avec le choc inflationniste.
15:33Je pense que tout n'a pas été bien fait, forcément, parce que sinon on ne serait pas
15:36dans cette situation-là.
15:37Il y a un certain nombre de dispositifs qui n'ont pas été débranchés assez tôt, qui
15:43ont coûté beaucoup d'argent public, mais il faut quand même avoir la perspective de
15:46tout cela.
15:47Maintenant, il y a aussi un élément qu'il faut avoir en tête, c'est que par rapport
15:51à d'autres pays, nous avons toujours une croissance positive, parce que nous avons
15:53préservé l'emploi et les entreprises.
15:55Et ça, c'est ce qui nous permet le rebond.
15:56On va y venir à la croissance, mais pardon de vous dire ce que vous dites juste sur les
16:003% avant le Covid, puis il y a eu le Covid, mais là, ce qui se pose comme question, c'est
16:04ce qui s'est passé cette dernière année, c'est-à-dire qu'on est quand même 3 ou
16:074 ans après le Covid.
16:08Comment on est passé de 5,5% de déficit public en 2023 à 6,1% en 2024 ? Soit un écart
16:15gigantesque de l'ordre de 52 milliards d'euros.
16:17Pierre Moscovici avait parlé d'un dérapage important.
16:20Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est vrai qu'on essaie de comprendre qui est responsable
16:26de ce qui s'est passé, de ce dérapage cette dernière année.
16:29Il y a d'abord une difficulté à prévoir les recettes.
16:33Vous savez que ce qui a manqué, c'est la capacité à prévoir correctement les recettes
16:38fiscales.
16:39Il y a eu un écart très important sur les recettes fiscales qui sont effectivement rentrées
16:43dans les caisses de l'État et des organismes de sécurité sociale, et ce qui était prévu.
16:48Je ne vais pas jeter la pierre à ceux qui font les modèles de prévision.
16:51C'est le regretté Pierre Dacq qui disait que les prévisions c'est difficile, surtout
16:56quand ça concerne l'avenir, mais fondamentalement, on a besoin d'interroger nos outils.
17:01Ensuite, on a besoin, je pense, d'avoir une approche qui soit basée de manière beaucoup
17:06plus systématique.
17:07Moi, en tant que parlementaire, j'ai fait des propositions là-dessus, sur l'évaluation
17:10des dépenses publiques.
17:11Il y a des dépenses publiques qui ne sont pas efficaces, des dépenses d'intervention,
17:13des aides, des prestations, des niches fiscales.
17:16On a sans doute mis trop de temps à s'attaquer à ces problèmes-là, et ils se sont probablement
17:21enquistés de manière un peu structurelle dans nos dépenses publiques.
17:24Maintenant, on est face à une équation difficile, je vous l'ai dit, il faut faire 60 milliards
17:28d'euros d'économie.
17:29Mais je pense qu'il faut aussi changer notre approche dans les dépenses publiques et l'évaluer
17:32de manière beaucoup plus systématique, et ne pas avoir peur de couper de manière drastique
17:36dans les dépenses qui sont inefficaces.
17:38En tout cas, les milieux économiques s'inquiètent de la baisse des allègements de charges patronales.
17:42Patrick Martin du Medef, la mesure détruira plusieurs centaines de milliers de postes.
17:48Et François Asselin de la CPME, qui dit la même chose et anticipe des licenciements
17:53et des défaillances d'entreprises, qu'est-ce que vous leur dites ce matin ?
17:57Je leur dis que leur préoccupation est légitime.
18:00Moi, je suis économiste de profession, économiste de formation, je me suis beaucoup intéressé
18:03au travail et je sais que le coût du travail est un déterminant très important dans les
18:07choix d'embaucher ou de se séparer de ses salariés.
18:09Donc ça, c'est un point de départ.
18:10Ensuite, je leur dis que, comme je vous l'ai dit tout à l'heure à propos du malus, cette
18:15disposition qui figure dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale, c'est
18:19une disposition qui peut être amenée à évoluer.
18:21Et là aussi, je le dis en tant que ministre appartenant au ministère de l'Economie, des
18:27Finances et de l'Industrie, je serai en soutien des propositions qui, tout en restant dans
18:32cette enveloppe de 60 milliards d'euros, allègent justement le coût du travail par rapport
18:37à ce qui est prévu et donc remettent en place un certain nombre d'exonérations, notamment
18:41au niveau du SMIC, parce que c'est au niveau du SMIC que l'emploi bouge le plus quand on
18:45bouge le coût du travail, mais toujours avec le souci d'aller chercher des recettes ailleurs
18:49ou d'aller chercher des réductions de dépenses ailleurs.
18:51Le débat parlementaire va commencer, d'ailleurs, mon groupe, le groupe dont je suis issu, s'est
18:56déjà positionné sur ce sujet et a dit que c'était un point de préoccupation important.
19:00Eh bien, nous allons regarder leurs propositions avec beaucoup d'attention.
19:02Les patrons s'inquiètent de la baisse des allègements de charges patronales, ils s'inquiètent
19:05aussi de la nouvelle taxation prévue pour les grandes entreprises qui font des profits.
19:08On le précise, ce n'est pas toutes les grandes entreprises, c'est celles qui font des profits.
19:11Marc Ferrati, vous qui êtes un libéral assumé, ça ne vous gêne pas ces hausses d'impôts
19:15sur les entreprises ?
19:16C'est amusant parce que quand je mets en place un bonus-malus contre la précarité
19:20des contrats courts, on ne dit pas que je suis un libéral assumé, on dit que je suis
19:24quelqu'un qui penche à gauche.
19:26Vous-même, vous dites que vous êtes libéral, que c'est votre logiciel.
19:29J'assume le fait d'être un peu les deux et c'est peut-être ce qui me caractérise
19:32et ce qui fait que je suis depuis sept ans dans cette aventure.
19:34Mais je vous réponds.
19:35D'abord, ces hausses, ce ne sont pas des hausses du taux de l'imposition sur les sociétés
19:43et ce ne sont pas surtout des hausses pérennes.
19:45Ce sont des hausses temporaires et exceptionnelles.
19:47On va faire ce qu'on appelle une surtaxe pour les entreprises qui font plus de 1 milliard
19:51d'euros de chiffre d'affaires.
19:52On va leur demander un effort pendant deux ans et deux ans seulement et cette durée
19:56sera inscrite dans la loi.
19:57Nous sommes conscients également que cet effort ne doit pas, d'une part, s'inscrire
20:03dans la durée, il ne doit pas avoir de conséquences sur les stratégies d'investissement, sur
20:07les stratégies de création d'emplois.
20:08Mais nous, comme nous l'avons fait d'ailleurs il y a quelques années…
20:11Cela n'a pas cassé la croissance tout ça ?
20:14Écoutez, je ne pense pas, en tout cas ce n'est pas ce que disent les prévisions
20:16aujourd'hui.
20:17Ah bah attendez, là vous vous référez aux prévisions maintenant ?
20:19Vous savez, il faut s'appuyer sur ce dont on dispose.
20:23Cela ne veut pas dire que les prévisions sont toujours exactes.
20:25Mais ce qui est important, je vous réponds quand même, pour ne pas casser la croissance,
20:29il faut bien choisir les dépenses dans lesquelles on coupe.
20:31Il y a des dépenses qui génèrent des effets d'aubaine.
20:33Moi j'ai milité pendant un certain temps pour que les aides à l'apprentissage, les
20:37aides à l'embauche des apprentis, qui coûtent aujourd'hui plus de 4 milliards d'euros
20:40par an, qu'on a introduites pendant le Covid de manière provisoire pour éviter
20:44que le système d'apprentissage ne s'effondre, et bien qu'elles soient recentrées sur les
20:48bas niveaux de qualifications, sur les niveaux CAP, BTS, Bac Pro.
20:51Et bien ça, je pense que ce sont des dépenses qu'on peut réduire sans nuire à la croissance.
20:55Marc Ferracci, le gouvernement a prévu d'augmenter la taxe sur l'électricité dont le montant
21:00avait été réduit durant la crise inflationniste.
21:03Elle augmentera en février au-delà de son niveau d'avant l'instauration du bouclier
21:09des tarifaires.
21:10Pour parler simplement, les factures d'électricité des ménages et des entreprises vont augmenter
21:15de combien ? C'est quoi la fourchette ?
21:17Eh bien justement, les factures n'ont pas vocation à augmenter, elles ont même vocation
21:22à baisser.
21:23Pourquoi ? Parce qu'en face de cette augmentation de la taxe, il y a des baisses de prix qui
21:28vont intervenir.
21:29Et les simulations qui sont faites aujourd'hui montrent que les factures des Français, compte
21:34tenu de l'augmentation de la taxe mais compte tenu aussi des baisses de prix, se stabiliseront
21:39voire baisseront de l'ordre de 9%.
21:41Donc on assume le fait qu'on a besoin de faire rentrer des recettes fiscales, on a besoin
21:46de financer nos services publics, on a besoin de financer notre modèle social et on a besoin
21:49de réduire notre dette.
21:50Vous dites que ce sera neutre à l'arrivée ?
21:51Ce sera neutre, voire dans un certain nombre de cas, pour les 80% de Français qui sont
21:56à ce que l'on appelle le tarif réglementé, eh bien ça a vocation à baisser parce que
22:00les baisses de prix excéderont l'augmentation de la taxe.
22:02Et il ne nous reste même pas 30 secondes, Elisabeth Borne est officiellement candidate
22:06pour reprendre la tête de Renaissance, votre parti, c'est une bonne candidate ?
22:09C'est une candidate que j'estime, j'espère que les candidatures à la tête du parti
22:15tiennent en compte le fait qu'un parti c'est deux choses, c'est d'abord une base militante,
22:20on a besoin d'avoir une base militante très forte et enthousiaste pour préparer les prochaines
22:23échéances électorales, et puis c'est un endroit où se produisent des idées.
22:28Et on a besoin, je pense, je le dis très tranquillement, de réactualiser dans ma famille politique
22:33un certain nombre d'idées, la France a changé, le monde a changé, la société française…
22:36Vous manquez d'idées là.
22:37Renaissance manque d'idées.
22:38Je ne sais pas, mais il faut les consolider et les mettre sur la table, et moi je serai
22:41très attentif à ce que les candidats à la tête de Renaissance posent des solutions
22:46et des propositions sur ces deux sujets.
22:48Gabriel Attal devrait annoncer sa candidature cette semaine, votre cœur balance ? Votre
22:50choix est fait ?
22:51Je me déterminerai en fonction de ces deux critères, et en particulier les idées.
22:55Gabriel Attal qui estimait hier à notre micro qu'une nouvelle loi sur l'immigration
22:59annoncée pour 2025 ne lui semblait pas totalement prioritaire, quel est votre avis ?
23:02Moi je pense que les lois sur l'immigration il y en a eu beaucoup dans notre histoire
23:06Je pense qu'il faut les évaluer, il faut déjà les mettre en œuvre parce que tous
23:10les décrets n'ont pas été pris, et puis je veux quand même le dire, en tant que ministre
23:13de l'Industrie, l'immigration, en particulier l'immigration de travail, c'est une nécessité.
23:17Quand j'étais chez Stellantis il y a dix jours, j'ai pu constater que sur la chaîne
23:21de production il y avait 58 nationalités.
23:23Donc à un moment, je le dis en tant que ministre de l'Industrie, sans l'immigration on ne
23:26sait pas faire dans l'industrie.
23:27Donc c'est une chance l'immigration ?
23:28À certains égards oui, mais il faut aussi combattre l'immigration illégale et se
23:31donner tous les moyens de la réduire.
23:33Ce que j'entends ce matin c'est que pour vous non plus, une nouvelle loi sur l'immigration
23:36n'est pas prioritaire ?
23:37Je pense qu'il faut se donner les moyens, il faut se donner le temps d'évaluer l'existant
23:41et surtout de mettre en œuvre l'existant.
23:42Merci Marc Ferracci, ministre de l'Industrie d'avoir été un autre micro ce matin.

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