Jeudi 20 avril 2023, SMART BOURSE reçoit Olivier de Royère (Gérant actions thématiques internationales, Montpensier Finance)
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00:00 (Générique)
00:09 Le dernier quart d'heure de Smartbourg chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
00:13 Le thème ce soir est celui de la santé et de l'investissement dans la santé.
00:17 Avec Olivier de Royer à mes côtés, gérant Action Internationale chez Mon Pensier Finance.
00:22 Bonsoir Olivier.
00:23 - Bonsoir Grégoire, bonsoir à tous.
00:24 - Merci beaucoup d'être avec nous.
00:26 Un mot peut-être pour rappeler les grands drivers ?
00:29 Qu'est-ce qui intéresse fondamentalement quand on investit dans le secteur de la santé globalement,
00:34 aujourd'hui dans le monde Olivier ?
00:35 - D'abord il faut savoir qu'il y a vraiment une vague d'innovation impressionnante en ce moment
00:39 dans le domaine de la santé,
00:40 avec beaucoup de nouvelles modalités de traitement qui sont apparues ces dernières années.
00:44 Alors l'ARN messager en a beaucoup parlé avec le Covid.
00:46 Bon c'est vrai que maintenant on commence à en parler pour les vaccins anti-cancer personnalisés.
00:50 Il y a des sujets comme la thérapie génique, la thérapie cellulaire,
00:54 même des sujets peut-être un peu moins connus comme les anticorps complexes,
00:57 c'est-à-dire les anticorps dits bispécifiques ou dits conjugués,
01:00 anticorps conjugués notamment qui devraient remplacer pratiquement toutes les chimiothérapies
01:04 dans les 10-15 prochaines années.
01:06 Donc tout ça c'est des domaines dans lesquels on a des perspectives de croissance
01:10 qui sont de au moins 20% quand on regarde les attentes jusqu'en 2030,
01:13 donc de croissance par an.
01:15 Donc c'est très impressionnant.
01:16 Il y a aussi des progrès qui sont liés à la technologie,
01:18 puisque effectivement tout ce qui est algorithme d'intelligence artificielle,
01:22 pour le diagnostic notamment par imagerie,
01:24 on est capable de beaucoup plus voir des tâches à l'imagerie et de caractériser la tâche.
01:28 On sait que pour la détection et le traitement des cancers à stade précoce,
01:33 c'est quelque chose qui est extrêmement important,
01:35 c'est beaucoup mieux traité à stade précoce.
01:37 Et puis on est capable aussi finalement, grâce à des cibles thérapeutiques validées,
01:42 c'est un peu technique, mais de mettre au point grâce aux algorithmes finalement
01:45 des candidats médicaments qu'ensuite on va tester,
01:47 mais on est capable d'en faire beaucoup plus qu'avant.
01:49 Et donc ça c'est vrai que c'est quelque chose d'extrêmement porteur.
01:51 Et donc cette révolution fait qu'on a des perspectives de croissance dans le secteur
01:55 qui sont extrêmement fortes.
01:56 Alors si on essaie de segmenter,
01:58 nous on trouve qu'il y a beaucoup d'innovation dans le domaine du diagnostic,
02:03 je parlais de l'imagerie médicale, mais également de la biologie,
02:06 avec le séquençage notamment génétique des tumeurs,
02:09 ça c'est un premier champ très important.
02:11 Deuxième chose, tout ce qui est découverte de médicaments,
02:14 avec toutes ces nouvelles modalités de traitement
02:15 qu'il faut effectivement transformer le plus vite possible
02:18 en médicaments pour le compte des patients.
02:21 Et c'est vrai que grâce au Covid on est capable d'aller plus vite.
02:23 Et certains médicaments maintenant on peut peut-être les mettre sur le marché
02:26 en 4-5 ans au lieu de 8-10 ans avant, donc ça c'est une bonne nouvelle.
02:29 - Quand on a vu ce qu'on était capable de faire pendant le Covid,
02:32 vous dites ça va accélérer quand même peut-être beaucoup le protocole de processus ?
02:36 - Voilà, on ne pourra pas faire aussi vite parce qu'on a financé des phases en parallèle,
02:39 qu'on a jeté des essais à la poubelle, enfin on était prêt à le faire si ça ne marchait pas.
02:42 Mais quand même on peut gagner du temps.
02:44 Bon ça c'est un point positif.
02:45 Et puis tout ça c'est une complexité énorme en termes de production.
02:49 Et donc tous les acteurs spécialisés de la production,
02:52 les équipementiers de production, les bioprocess,
02:55 ce sont des secteurs qui sont externalisés aujourd'hui à peu près à 40%.
02:58 Et donc la complexité fait qu'il y a un appel d'air à l'externalisation.
03:02 Et donc ils vont bénéficier de la croissance du secteur avec en plus un surcroît de croissance.
03:06 Donc ça c'est un peu les éléments importants.
03:08 Et je dirais que c'est pour ça que nous on a décidé avec cette opportunité
03:11 de lancer un fonds en 2021, un ESCULAP-SRI dans le domaine de la santé,
03:16 qui est un fonds qui est en plus labellisé ISR.
03:18 C'est un secteur qui globalement cherche à faire du bien.
03:21 Et donc c'était normal d'être labellisé ISR et classé article 9.
03:25 Donc pour profiter effectivement de toutes ces tendances,
03:27 on a mis ce fonds en place chez Mon Pensil.
03:29 Quand vous décrivez ces moteurs d'innovation et ces régimes de croissance de 20% par an,
03:34 ça veut dire quand même qu'on a un secteur qui fonctionne,
03:37 alors je vais dire à deux vitesses,
03:39 parce que je ne retrouve pas 20% de croissance par an chez Sanofi par exemple.
03:43 Ça veut dire que vous nous parlez effectivement d'un segment de la santé très particulier
03:50 autour d'entreprises beaucoup plus dynamiques que les grandes pharmas.
03:55 Alors chacune a de l'intérêt, c'est intéressant,
03:59 j'imagine peut-être sur le plan de l'investissement de détenir des pharmas pour telle ou telle raison.
04:03 Mais là vous nous parlez d'autre chose.
04:05 Oui, alors les pharmas d'abord ça équilibre un portefeuille en termes de volatilité,
04:09 c'est extrêmement défensif.
04:11 Et puis bon, il y en a quand même, à partir du moment où elles sont vraiment concentrées
04:14 et où elles concentrent leur force sur quelques franchises thérapeutiques,
04:17 sont capables de nouer les meilleurs partenariats avec les meilleures biotech,
04:20 il y en a finalement comme Novo Nord dit, qui ont des croissances très fortes.
04:23 Mais c'est sûr que là je parle des modalités de traitement les plus pointues, les plus innovantes,
04:27 l'ensemble du secteur pharma, globalement, enfin santé,
04:29 c'est plutôt du 7-8% de croissance au niveau mondial, ce qui est quand même déjà très fort.
04:32 C'est deux fois la croissance mondiale, oui.
04:34 Mais ce n'est pas 20%, on est d'accord.
04:36 Là c'est pour tout ce qui est plus pointu, plus innovant,
04:39 et c'est ce qu'on va chercher à capter le plus.
04:42 Le thème M&A est toujours très présent dans le secteur de la santé,
04:45 puisqu'on sait que les grands labos, en l'occurrence, ont un firepower toujours important,
04:51 c'est peut-être des enveloppes de 10-15 milliards chaque année.
04:54 Est-ce que là on a une dynamique particulière en ce moment autour du M&A, de la fusion ?
04:59 Oui, on a un vrai retour d'appétit des pharmas qui achètent des biotech.
05:04 C'est vrai que vous avez peut-être vu l'acquisition de Prometheus,
05:06 c'est quand même 10 milliards de dollars la semaine dernière par Merck.
05:10 Il faut savoir que c'est quand même une société qui n'a pas de produits sur le marché encore aujourd'hui.
05:14 À titre de comparaison d'ailleurs, la petite française Abivac,
05:16 c'est un produit qui finalement est relativement au même stade d'avancement dans le parcours clinique,
05:20 et ça vaut 20 fois moins.
05:21 Il y a des raisons qui peuvent l'expliquer, mais en tout cas c'était quand même une opération transformante.
05:26 Il y a eu aussi une acquisition de GSK.
05:29 Et puis si on regarde un peu les chiffres, qu'on prend un peu de recul,
05:31 on était tombés au premier trimestre 2022 avec des valorisations élevées,
05:35 des craintes sur le financement à 2 deals seulement annoncés dans le secteur.
05:39 Et puis on est remonté graduellement vers 9-10 deals T2-T3 l'année dernière,
05:43 et puis on est revenu maintenant à 15 à la fois sur le quatrième trimestre et le premier trimestre 2023.
05:47 Qui est un régime de croisière.
05:48 Qui est un régime de croisière, on voit qu'il y a une vraie accélération.
05:51 Il y a quand même certains grands laboratoires pharmaceutiques qui font face à des échéances brevetaires,
05:55 notamment tout ce qui est les domaines de l'inflammation, de l'immunité,
05:59 avec des gros produits, notamment Humira qui est le plus gros produit de la pharma.
06:04 Et donc ils ont quand même besoin de remplacer, de retrouver de la croissance.
06:07 Et comme il y a de l'innovation et que les prix des biotech ont beaucoup baissé l'année dernière,
06:10 clairement ça crée un appel d'air.
06:13 Après, il ne faut pas acheter tout et n'importe quoi.
06:15 Nous on essaie d'avoir un process de sélection vraiment chez mon pensier assez rigoureux,
06:19 avec une focalisation sur des équipes de management expérimentées,
06:23 sur des sociétés qui ont quand même au moins deux ans de visibilité de cash.
06:26 Sinon les valorisations baissent assez fortement.
06:29 Et avec vraiment des preuves de concept sur des produits qui ont démontré quelque chose de significatif.
06:34 Quand même, ça m'intéresse.
06:35 Prometheus et Abivax, vous dites Abivax a un stade plus avancé sur son...
06:40 Un stade légèrement plus avancé.
06:43 On rachète pour 10 milliards de valeur d'entreprise Prometheus.
06:46 Abivax, je n'ai pas vu la capille, mais forcément c'est sous le milliard.
06:50 Mais si, c'est quand même une question.
06:52 C'est une vraie question.
06:53 Pourquoi ?
06:54 Pourquoi ? Parce que malheureusement en France, l'écosystème n'a pas toujours délivré...
06:58 En France, c'est l'Europe quoi.
07:00 Oui, en Europe, il y a quand même des très beaux succès.
07:02 En Europe, il y a des succès.
07:04 Quand on voit une société comme Genmab, qui est une biopharma,
07:07 qui a eu un succès phénoménal avec une plateforme d'anticorps qui est impressionnante
07:10 et qui est aujourd'hui la première biopharma européenne, il y a des succès.
07:13 En France, ça a été plus difficile.
07:15 Mais ce qu'on espère justement, grâce à des initiatives comme les nôtres,
07:19 grâce à un financement aussi public, avec notamment l'initiative Tibi,
07:23 qui prend pas mal de soutien et pour laquelle on est qualifié.
07:26 On espère que ça va permettre, grâce à un meilleur financement,
07:29 d'avoir des essais cliniques qui vont être plus pertinents,
07:31 qui vont permettre de tester plus de choses et d'avoir plus de résultats.
07:34 Voilà, c'est tout ce qu'on espère.
07:35 Avec toujours cette notion d'expertise.
07:37 Ça fait 10 ans que je parle des biothèques et des introductions en bourse, etc.
07:41 C'est ce besoin d'expertise aussi, c'est-à-dire d'avoir la casquette de financier,
07:46 d'avoir aussi l'expertise ou accès à l'expertise médicale et d'analyse médicale.
07:52 Je veux dire que nous, dans notre process, on essaye au maximum d'avoir des contacts
07:55 aussi avec des médecins, il y a des analystes, mais d'avoir des médecins, des praticiens
07:59 qui permettent vraiment de valider nos thèses d'investissement.
08:03 Comment se comporte le secteur en bourse ?
08:06 Alors, il y a la question de la valorisation, parce que quand on parle de 20% de croissance et plus,
08:10 ça peut impliquer des valorisations parfois importantes.
08:15 Dans un moment où là, on terminait le tour de table tout à l'heure,
08:18 juste avant vous Olivier, où tout le monde nous dit "il faut être défensif",
08:22 comment se comporte la santé dans cette phase de marché ?
08:24 En tout cas, la santé c'est clairement un secteur défensif.
08:26 Alors, en début de l'année, le marché était moins défensif,
08:28 donc c'est vrai que les big pharma ont baissé, les sociétés plus innovantes sont globalement mieux comportées,
08:32 mais globalement, sur le plan économique, il n'y a pas de débat, c'est un des secteurs les plus défensifs.
08:36 C'est-à-dire que 90% du secteur est défensif, les seules sociétés qui ne le sont pas vraiment,
08:41 c'est celles qui sont dépendantes éventuellement des investissements, des hôpitaux,
08:44 s'il y a un peu de "credit crunch", mais l'essentiel du secteur est défensif économiquement.
08:48 Boursièrement, l'année dernière, ça a été un peu plus complexe,
08:51 parce que les laboratoires pharma pas chers ont été très défensifs,
08:55 les sociétés innovantes plus chères ont été moins défensives.
08:58 Mais maintenant, on arrive au bout du cycle monétaire,
08:59 il y aura peut-être encore une douze de taux, peu importe, mais globalement, on est au bout.
09:03 Et donc, effectivement, on voit que même dans les journées de marché compliquées,
09:06 globalement, la plupart des sociétés du secteur sont défensives,
09:10 parce qu'effectivement, elles ont cette croissance défensive, elles ont cette qualité défensive.
09:14 Et donc, on a aujourd'hui un secteur qui a une forte croissance,
09:16 et c'est quand même la croissance bénéficiaire qui fait la performance,
09:19 en termes, sur les marchés, ça, on le sait bien.
09:20 Donc, une forte croissance, et également, aujourd'hui, une grande résilience par rapport au marché.
09:24 Donc, c'est quelque chose qui nous semble attractif,
09:26 alors que le secteur était plutôt en plus un peu en retard depuis le début de l'année.
09:29 Il y a des grands résultats cliniques, là, qui vont marquer les prochains mois, les prochains trimestres.
09:33 Enfin, tout le monde a des calendriers en tête, j'imagine, quand on suit le secteur de la santé.
09:37 Mais il y aura des grands résultats importants, là, devant nous ?
09:39 Oui, bien sûr. Alors, il va y avoir des résultats de cardiovasculaire,
09:44 d'efficacité cardiovasculaire, des fameuses molécules GLP1,
09:47 dont vous parliez avant-hier sur le plateau.
09:49 L'anti-obésité, hein ? Marchez l'anti-obésité. Allez réécouter l'interview d'avant-hier.
09:54 Exactement. Anti-obésité. Il va y avoir des résultats dans l'Alzheimer.
09:58 L'Alzheimer, c'est quand même... La neurologie, c'était le cimetière de la pharmacie,
10:02 et c'est en train de devenir sa nouvelle frontière.
10:04 Il commence à avoir des succès, ce qui n'était pas le cas jusque-là.
10:06 Il y a eu une première molécule, alors, ce n'est pas un miracle, là, encore, il ne faut pas se leurer,
10:09 ça retarde les symptômes d'Alzheimer.
10:11 Mais il y en a une deuxième qui pourrait même peut-être être un peu meilleure,
10:14 où on attend quand même des résultats dans les mois à venir,
10:16 et d'autres, ce serait vrai que dans la maladie d'Alzheimer,
10:18 on commence à avoir un début de quelque chose, et ça, c'est quand même encourageant.
10:22 Merci beaucoup, Olivier. Merci pour ces perspectives et cette analyse
10:25 du secteur de la santé que vous nous avez apporté ce soir.
10:27 Olivier de Royer, gérant chez Mon Pensée Finance,
10:30 qui est avec nous l'invité du quart d'heure thématique de Smart Bourse.
10:33 Voilà pour cette édition. Nous nous retrouvons demain à 12h30 en direct sur Bsmart.
10:38 [Musique]