Bruce Toussaint : « Oui, j'ai des grands moments de tristesse »

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Bruce Toussaint : « Oui, j'ai des grands moments de tristesse »

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Transcription
00:00 Ce livre n'est pas un livre de plus, mais un livre en plus sur la perte de nos parents,
00:13 ce vide abyssal qui s'installe tout à coup et fait basculer notre vie.
00:16 Quel que soit notre âge, quel que soit notre réussite, un livre différent des autres
00:27 car il pointe au-delà de son histoire personnelle, et de son double deuil, celui de son père,
00:32 décédé en mai 2016, à l'âge de 68 ans, d'un cancer foudroyant et de sa mère, partie
00:38 en octobre 2021, à 73 ans, d'un accident cardiaque en pleine rue à Paris, un sentiment
00:45 universel, hélas trop souvent tuant en société, ce chagrin abyssal dont on ose peu parler,
00:50 au fil du temps, pour ne pas déranger.
00:52 Comme si la tristesse comportait une date limite de consommation.
00:59 J'ai choisi d'écrire pour partager cette douleur, ce manque, que nous sommes si nombreux
01:06 à vivre en silence, écrit ce journaliste de talent de BFM Télévision, plus habitué
01:11 à tendre le micro qu'à livrer son intimité.
01:14 Ce jour-là, Bruce arrive à notre rendez-vous, non sans appréhension.
01:21 Très vite, il s'en tire de notre ressenti à la lecture de son ouvrage qui ne se veut
01:28 ni pleure ni charre, ni donneur de leçons.
01:30 L'histoire tristement banale, juge-t-il à tort, d'un homme d'une quarantaine d'années
01:38 qui redeuille un enfant, au moment où il doit dire adieu à ses parents.
01:41 Du jour au lendemain, vous n'êtes plus l'enfant de personne et ce deuil est impossible.
01:49 Croyant, juste, ancré dans la vie.
01:55 Un entretien que l'on tente de tenir à distance, mais qui vous revient comme un boomerang.
02:03 Et finalement vous apaise.
02:08 Car Bruce Toussaint sait trouver les bons mots pour le dire.
02:13 Gala, le chapitre sur la disparition de votre maman Mercedes dont vous étiez très proche,
02:22 fusionnelle même, nous prend aux tripes.
02:27 Racontez-nous ce jour où votre vie a basculé.
02:30 Bruce Toussaint, si est-il un lundi tout à fait banal.
02:37 Je me repose chez moi, ma soeur m'appelle pour me dire que notre mère a fait un malaise
02:44 dans une rue du 15ème arrondissement de Paris.
02:48 Les informations dont elle dispose alors, ne nous permettent pas de réaliser la gravité
02:54 de la situation.
02:55 Donc, je me mets doucement en route avec mon fils.
03:04 Sur place, je la découvre, étendue par terre, sur le dos, le chemisier ouvert, avec un médecin
03:11 qui pratique un massage cardiaque, entouré des pompiers, du SAMU.
03:17 Et là, je passe à l'état de sidération.
03:21 Je comprends que ma mère, à moitié nue sur le bitume, ne respire plus.
03:30 A chaque pulsion, j'ai l'impression qu'il va lui casser une côte.
03:36 Et ça dure une demi-heure.
03:39 Sous mes yeux.
03:42 Et je vais vous dire une chose, j'ai vraiment cru qu'elle allait revenir à la vie.
03:49 Je me disais, un peu naïvement que s'il continuait ses massages cardiaques, si est-il
03:54 qu'il y croyait.
03:55 Mais enfin non.
04:00 Si est-il le protocole, il faut aller jusqu'au bout.
04:05 La mort, si est-il toujours horrible, mais nous n'avons pas été épargnés par les
04:11 circonstances.
04:12 Gala, pourtant, dans le cadre de votre métier, vous érodez à ce genre de drame.
04:19 Bété, je comprends cette question.
04:25 Nous racontons les malheurs du monde mais je veux vous dire que je n'ai pas de résistance
04:32 particulière à cet exercice.
04:33 La distance n'empêche pas l'émotion, la compassion.
04:39 Mais, ce jour-là, j'ai séparé complètement les deux univers.
04:46 Quand je suis dans cette rue, au milieu de tous les badeaux, je redeviens un enfant qui
04:54 voit son deuxième parent partir sous ses yeux.
04:56 Je suis ébêtée, sidérée, désespérée.
05:02 Gala, et, par la suite, vos amis vos proches ne cessent de vous dire, heureusement, elle
05:11 n'a pas souffert qui est le titre de votre livre.
05:13 Une phrase lourde de sens.
05:18 Bété, oui elle induit l'idée qu'il faut tout faire pour minimiser ce qu'il cesse de
05:26 passer et presque mettre la poussière sous le tapis.
05:28 Vous comprenez ? Gala, oui.
05:36 Bété, si est-il une façon de me dire, elle est morte sur le coup, elle n'a pas souffert.
05:42 Si est-il déjà super, ça doit apaiser, ça doit aider à surmonter.
05:46 En réalité, cela a eu l'effet inverse.
05:52 Et cela dit beaucoup de choses sur ce que la société pense du deuil.
05:59 Gala, oui et vous écrivez dans votre livre, nous sommes tous confrontés à ces disparitions
06:06 et condamnés à se la boucler pour ne pas déranger.
06:09 Bété, alors, bien sûr, je peux en parler avec ma femme qui a été profondément bouleversée
06:17 par la mort de ma mère.
06:18 Et si est-il d'ailleurs très intéressant de voir que ces deux femmes qui étaient souvent
06:25 en rivalité, avaient quand même quelque chose de très fort entre elles.
06:29 Mais au fond, je veux dire je ne peux pas en parler spontanément autour de moi, j'aurais
06:37 l'impression de déranger.
06:40 Je ne vais pas appeler tel ami ou tel autre pour lui dire, bon ben écoute, aujourd'hui
06:46 je me sens mal, j'ai envie de chialer toutes les cinq minutes.
06:49 Gala, si est-il fréquent, Bété, oui, très souvent, mais pas de pleurer, car j'ai un
07:02 problème de canal lacrymal, ça ne sort pas, rire.
07:06 Mais oui, j'ai des grands moments de tristesse.
07:11 Un sentiment d'abattement qui m'envahit d'un coup quand, par exemple, j'ai envie de l'appeler
07:19 comme je n'avais l'habitude chaque jour.
07:21 On est seul face à ça.
07:26 Alors, j'essaie de relativiser parce que je sais qu'il y a des gens qui perdent leurs
07:30 parents beaucoup plus jeunes que moi et pour qui si est-il beaucoup plus dur.
07:36 Gala, donc, même dans le deuil, il y a une hiérarchie ? Bété, oui et celui et celle
07:45 qui perdent leur enfant sont vraiment dans l'horreur absolue.
07:47 Ce qui m'est arrivé est considéré comme naturel par la société.
07:54 Mais, pour ma part, si est-il une situation à laquelle je ne m'étais pas préparée
08:06 et que je vis mal encore aujourd'hui.
08:08 Comment continuer à sourire, à vivre quand on a perdu ceux qui nous ont donné la vie.
08:15 Une question cruciale dont je parle beaucoup avec mon psy.
08:21 Gala, vous lui avez d'ailleurs dit, docteur, je ne sais pas si je peux vivre sans ma mère.
08:27 Bété, oui, silence.
08:31 Si est-il la question.
08:33 J'ai entamé une psychothérapie quand mon père est tombé malade et à son décès,
08:41 j'ai fait une analyse que je poursuis encore aujourd'hui et qui me fait beaucoup de bien.
08:45 Je ne veux faire de prosélytisme, mais encore une fois, les politiques et la société civile
08:53 doivent repenser le deuil, dans sa prise en charge, tant en termes de congé que dans
08:57 l'accompagnement psychologique.
08:59 J'ouvre modestement le débat.
09:03 Heureusement, elle n'a pas souffert de brousse toussaint.
09:09 Stock, cet article est à retrouver dans Gala N°1558, disponible dans tous les kiosques
09:16 dès ce jeudi 20 avril 2023.
09:18 Crédit photo, AFP
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