Faut-il encore coucher pour réussir ?

  • l’année dernière
Matthieu Delormeau vous donne rendez-vous tous les vendredis pour TPMP People ! Entouré de sa bande de chroniqueurs, toute l'actualité people n'aura plus de secrets pour vous !

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Transcript
00:00 Sophie, vous avez donné une interview incroyable dans Ici Paris.
00:02 Vous avez évoqué avoir été victime d'un viol à l'âge de 8 ans par un animateur
00:06 radio et malgré son traumatisme, évidemment vous ne voulez pas dévoiler son nom, on le
00:10 comprend, mais ce qui est fascinant, vous vous désolidarisez totalement du mouvement
00:14 MeToo.
00:15 Vous dites "je ne comprends pas toute cette femme qui attend 30 ans pour soudainement
00:18 accuser et dénoncer leur violeur au risque de choquer, j'en ai ras la touffe du mouvement
00:23 balance ton porc".
00:24 MeToo et compagnie, vous avez été victime de ces choses là, Catherine Deneuve, Fanny
00:32 Ardent, Adjani, toutes les actrices d'une autre génération sont un peu contre MeToo
00:38 aussi, alors qu'elles l'ont vécu et celles qui sont plus jeunes et qui le vivent moins
00:43 sont pour.
00:44 J'ai du mal à comprendre en fait.
00:45 Si, c'est parce que je pense qu'il y a eu beaucoup d'excès avec MeToo, c'est-à-dire
00:48 je pense qu'il y a plein de filles qui n'étaient peut-être pas forcément contre une aventure
00:52 avec des gens bien placés, qui ensuite ont dit "il a voulu me violer" etc. alors qu'en
00:57 fait, c'était peut-être pas exactement ça.
00:58 Donc je pense qu'il y a eu beaucoup d'excès.
01:00 Mais il est bien évident qu'une fille qui se fait agresser etc. c'est absolument inanimité.
01:05 J'ai deux questions, la première, d'abord, un, vous, vous avez été violée, vous le
01:09 dites ?
01:10 Non, enfin, je n'ai pas été violée, j'ai eu des attouchements quand j'étais petite
01:13 fille.
01:14 Pourquoi vous n'avez pas porté plainte ?
01:15 À l'époque, ça ne se faisait pas.
01:16 Je suis plus toute jeune, il n'y avait pas les raisons.
01:19 Vous n'allez pas nous dire qui est l'animateur ?
01:21 Ah non, jamais.
01:22 Il est vivant ?
01:23 Vous avez rencontré à 8 ans un animateur de radio célèbre ?
01:26 Célèbre, oui, très célèbre.
01:27 Mais comment à 8 ans on rencontre un animateur ?
01:29 Parce qu'en fait, c'était le voisin de mes parents.
01:31 Ah d'accord, d'accord.
01:32 C'était le voisin de mes parents.
01:33 Isabelle, elle sait qui c'est, l'animateur en question.
01:38 Non mais je comprends.
01:39 Pardon, je vais arriver aussi là, mais Sophie, j'ai une vraie question.
01:42 Sur le Me Too, vous dites, et je suis content de l'entendre aussi un petit peu, vous osez
01:48 dire ce que personne n'ose dire parce que sinon on serait massacrés.
01:51 Il y a aussi des filles qu'on a profité, qui étaient très jolies, qu'elles aient
01:54 une chambre d'hôtel.
01:55 Bien sûr, c'est une évidence.
01:57 Alors après, bien sûr, on me dit, oh là là, mais peut-être qu'elles n'étaient
02:01 pas tout à fait contre le fait d'être coincées.
02:02 Mais attention, il y a celles qui se font vraiment agresser.
02:05 Et puis dans ce milieu, c'est aussi un peu plus...
02:07 Alors au-delà de se faire agresser, est-ce que vous, en toute honnêteté, vraiment...
02:11 Vraiment, et je suis là pour ça.
02:13 Il vous est arrivé d'avoir une petite main sur la cuisse et vous ne l'avez pas enlevée
02:16 parce que ça vous arrangait ? Bien sûr.
02:19 Eh bien voilà l'honnêteté.
02:21 Non mais franchement, comment font les hommes aujourd'hui qui veulent draguer ? C'est terrible.
02:25 Oui mais c'est pour un boulot.
02:26 Pour un boulot, c'est pas draguer.
02:28 Là, c'était pour un boulot, j'imagine.
02:29 Ah oui.
02:30 Ah non, pas moi, non pas spécialement.
02:32 Oui, j'ai eu des propositions dans ce sens-là, mais je n'ai jamais couché, sinon ça se
02:36 ferait.
02:37 Guillux, non.
02:38 Patrick Sébastien, non.
02:39 Non, non, non.
02:40 Guillux, il a tenté un petit coup.
02:41 Guillux, il a tenté un petit coup.
02:42 Guillux, il était un peu cavaleur.
02:43 Ah pas du tout.
02:44 Moi, il aimait les filles avec des gros seins et un gros derrière.
02:47 Et moi...
02:48 Non ! Qu'est-ce qu'on apprend comme chose ?
02:51 Il aurait dû vivre maintenant.
02:54 Quand Delon, qu'elle tire la phrase.
02:57 Tu sais, il finit toujours par la vanne.
02:59 Et pas le cul.
03:01 Merci, Philou.
03:02 C'est bon, fait des poques.
03:03 Fiona, vous, vous me dites franchement, le cinéma, on le savait, ça marchait quasiment
03:08 comme ça.
03:09 À mon époque, ça a été comme ça.
03:11 Mais comment ça se concrétisait ? C'est ça ce que je veux savoir.
03:14 Il ne vous disait pas "couche avec moi".
03:15 Non, non, moi je suis arrivée, il m'a dit "je t'invite à dîner à la maison".
03:18 Il me souvient, il y avait un gros bol de caviar.
03:20 Ah comment ?
03:21 Oui, il a mis la main.
03:23 C'est un gros producteur qui est encore vivant, donc je te dirais le nom.
03:25 Il a mis la main sur ma cuisse, il m'a dit "bon, on couche".
03:28 Je lui disais "il n'y a pas de possible".
03:29 Il m'a tiré par les cheveux, il m'a viré par la porte.
03:31 C'est une blague ?
03:32 Non.
03:33 C'était difficile pour ma maman, j'étais un sex-symbole.
03:37 Vous étiez évidemment très belle aussi.
03:39 Et vous dites "c'est pour ça que je suis devenu écrivain de moi-même parce qu'il y avait
03:42 trop de promotions canapés à l'époque.
03:44 Si tu ne couchais pas, on t'interdisait de faire du cinéma".
03:48 Et comme moi, très vite, j'avais cette réputation de ne pas coucher, on ne m'a plus rien proposé.
03:52 Mais c'est horrible.
03:53 Il y a eu ça, il y a eu aussi le fait que j'ai déconné, je travaillais peu.
03:57 Par contre, j'ai fait beaucoup de théâtre.
03:59 Mais c'est vrai que c'était quelqu'un d'extrêmement important.
04:02 Et puis, je me suis dit "tu ne feras plus de cinéma".
04:03 Et c'est vrai que j'ai galéré.
04:04 Là, je retourne au mois d'octobre, mais ça a pris du temps.
04:07 Oui, parce qu'en plus, une fois qu'on a...
04:08 Alors après, c'est vrai que vous le dites, vous avez des soucis d'alcool, tout ça, tout
04:11 ça est réglé maintenant.
04:12 Mais c'est vrai que quand on dit en fait "cette fille-là, méfie-toi, pas de promotions canapés,
04:16 elle peut te dénoncer et en plus elle est un peu fragile, terminez votre métier, ça
04:19 va vite".
04:20 Est-ce que grâce à vous, très honnêtement, que vous l'ayez fait ou pas fait...
04:24 Très honnêtement, jamais.
04:25 C'est une autre époque ?
04:26 Jamais.
04:27 Mais je crois que...
04:28 On ne vous a jamais rien...
04:29 On ne vous a jamais fait comprendre quelque chose ?
04:31 Non.
04:32 Ou alors je ne m'en suis pas aperçue.
04:34 Décidément.
04:35 Jamais, mais avec un regard, je peux refroidir.
04:39 C'est ma mère qui m'a appris ça.
04:43 C'est vrai ?
04:44 Oui.
04:45 La chatte sort ses griffes.
04:46 Elles sont bien limées.
04:49 Quand vous me dites par exemple "je suis avec un acteur, il faut embrasser un peu, il me
04:55 roule une énorme pelle et ça fait marrer tout le monde".
04:57 Quelque part, déjà ça, vous pouvez lui mettre une claque.
05:01 Qu'est-ce qu'on fait quand on est une femme ?
05:03 Vous mieux.
05:04 Le mouvement #MeToo, vous deux.
05:06 Puisque Sophie Daren, ça l'agace un petit peu.
05:08 Catherine Deneuve aussi, c'était un peu tout ce côté "laissez-nous aussi avoir le droit
05:12 d'être draguées, d'être aimées".
05:15 Si je vous disais "vous êtes très belles et que je viens aujourd'hui vous embrasser
05:20 sur la joue sans vous demander vos consentements", la séquence serait coupée.
05:23 Vous le savez ça.
05:24 Est-ce que le mouvement #MeToo vous trouvez formidable ?
05:27 J'ai écrit ma poésie, donc j'ai pas entendu parler du mouvement #MeToo.
05:32 #MeToo, vous en entendez parler un petit peu quand même ?
05:34 Très peu, franchement.
05:35 Ah, ça fait 3-4 ans ?
05:36 Le #MeToo, c'est les actrices qui sont...
05:41 En fait, c'est la protection vraiment des actrices.
05:43 Qu'est-ce que vous en pensez grâce vous aujourd'hui ?
05:45 Je suis un peu comme Fiona, j'apprends.
05:48 On s'intéresse à plein de choses, mais ça on est passé à côté.
05:54 C'est vrai ?
05:55 Oui.
05:56 Et est-ce que vous regrettez, alors j'ai une autre question Fiona, est-ce que vous
05:58 regrettez, parce que vous avez fait du cinéma, évidemment vous avez tourné avec des grands
06:01 acteurs, vous avez fait beaucoup de cinéma plus jeune, notamment de long je crois aussi.
06:05 Oui, avec Alain.
06:06 Ça s'est bien passé avec Alain ?
06:07 Formidable.
06:08 Bon, ça c'est d'avoir mon truc.
06:10 D'Alain ? Ah quand même Alain !
06:12 Il s'est supporté, il s'est resté un ami.
06:14 Très bien.
06:15 Et est-ce qu'il n'y a pas un moment où vous avez peut-être regretté un petit peu en
06:19 disant "si j'avais été un petit peu moins stricte" ?
06:22 Non, non, non, surtout pas.
06:24 Est-ce que parfois, ça sort un peu sur ses valeurs ?
06:27 Non, non, non, c'est moi qui...
06:28 C'est pas des valeurs.
06:29 Quand je porte les pantalons, c'est hors de question.
06:31 Franchement, ça m'a vachement choquée.
06:32 D'accord.
06:33 Ça m'a vraiment tiré par les cheveux, j'étais dehors, je me dis "tu ne feras pas de cinéma".
06:36 Cet exemple-là, oui, je parle bien sûr que ça.
06:39 Non, je vous parle de quand vous vous sentez dragouillé.
06:41 Parce que c'est vrai qu'on parlait de producteurs, Sophie.
06:43 À Cannes, le nombre de producteurs qui ont dit "viens dans ma chambre à minuit, on parlera
06:47 du scénario".
06:48 À moins que l'actrice soit totalement idiote.
06:51 Eh bien, vous savez quoi ?
06:52 Alors attention, les femmes de Rebelle.
06:54 Isabelle Carin en a parlé de ça.
06:55 Vous savez que toutes les chambres, au Festival de Cannes, etc., deviennent des bureaux.
07:00 Donc en vrai, une chambre n'est pas juste une chambre pour dormir ou faire je ne sais quoi.
07:04 Un producteur vous invite dans sa chambre, c'est un peu les bureaux qui font office.
07:08 Mais si, si, c'est les chambres qui font office de bureaux.
07:10 Si c'est à minuit qu'il dort au peignoir.
07:11 Enfin à minuit, il est en peignoir et il est dans une bouteille de champagne.
07:14 À moins qu'on signe un contrat avec M6 ou C8 pour un doc.
07:17 Mathieu, justement, je pense que c'est ça la limite.
07:20 C'est un peu pas évident, je pense, pour une jeune comédienne, pour une jeune actrice,
07:24 de se retrouver.
07:25 On parlait de l'affaire #MeToo, c'est avec Weinstein et c'est très intéressant.
07:29 Il y a justement un film qui vient de sortir qui s'appelle She Said, sur les deux journalistes
07:34 qui ont percé à jour cette affaire et qui ont dénoncé avec des Rosemack Gowan, avec Gwyneth Paltrow,
07:42 avec toutes ces femmes-là qui ont dit "Voilà comment s'est comporté un des grands producteurs de Miramax".
07:48 Donc ça a commencé comme ça.
07:49 Et j'imagine bien que quand on est avec Dieu le Père, parce que c'était Dieu le Père,
07:54 et qu'on a 20 ans ou 25 ans et que le type nous dit "Bon bah voilà, tu vas avoir un rôle, ma chérie, dans telle et telle série".
08:01 Mais de toute façon, les filles, pardon.
08:02 Évidemment que la jeune fille...
08:04 Je cours un petit peu parce que tu es la fille aînée d'Isabelle, mais c'est très intéressant.
08:09 Qu'est-ce que vous dites aux actrices aujourd'hui, les nouvelles actrices qui, elles, le dénoncent beaucoup,
08:14 les américaines qui le dénoncent, il y en a pas mal, même pour des séries télé.
08:18 Les chroniqueuses aussi, tout le monde, tout le monde dans les médias sont touchés.
08:22 T'es touché toi ?
08:23 Non.
08:24 Moi, j'ai essayé de coucher mais ils ont jamais voulu.
08:26 Non mais Benoît, c'est un sujet sérieux, Benoît.
08:29 Mais c'est vrai.
08:30 Mais pour le coup, c'est sérieux.
08:32 Ben non, mais c'est vrai.
08:34 Benoît, c'est un sujet sérieux, là, quand même.
08:35 Moi aussi, je suis sérieux.
08:36 Il y a des filles qui se prennent les mains sur la cuisse et si elles le font pas,
08:39 elles ont plus de boulot pour bouffer.
08:40 Toi, tu me dis "J'ai essayé de coucher avec quelqu'un".
08:42 Ils ont dit non.
08:44 Ils continuent, les bougres.
08:46 Non, mais pardon, qu'est-ce que vous aimeriez passer comme déborateur à la parole,
08:50 peut-être comme message aux jeunes actrices aujourd'hui ?
08:52 Qu'il faut pas le faire.
08:53 Qu'il faut pas le faire.
08:54 Surtout pas.
08:55 Jamais.
08:56 Jamais.
08:57 Ou alors il faut que le contrat soit signé d'abord.
08:59 Philippe, merde ! Avec Benoît !
09:01 Bon, Philippe, Benoît, allez, merci. Au revoir.
09:05 Au revoir, terminé Rideau.
09:07 C'est comme des situations difficiles.
09:09 Non mais c'est sérieux, les gars.
09:11 Je pensais par exemple à certaines actrices comme Léa Seydoux ou Adèle Exarpeau-Poulos
09:15 qui ont dénoncé par exemple des manières de faire aussi de certains réalisateurs.
09:18 Par exemple Kéchiche qui refait faire la scène 50 fois de "vas-y, je te doigte, je te mets..."
09:24 Non mais c'était ça, parce que c'était deux lesbiennes et elles étaient en train de faire une scène d'amour
09:27 et le baiser et on va le refaire 45 fois.
09:30 À un moment donné, on parle de Vanessa Paradis dans "Noce blanche" aussi où elle a vécu ça.
09:34 Je pense, je suis pas comédienne, mais je pense que c'est difficile quoi, à la limite, de dire non.
09:38 De dire "bah non, en fait, moi j'ai pas envie de retourner la scène pendant 3 heures,
09:42 j'ai pas envie de rouler des pavés pendant 3 heures".
09:44 Alors, je te donne la parole dans une seconde, mais j'ai vraiment une question, après je vais l'oublier.
09:47 Si à vos enfants, filles, elles vous disent "maman, je veux être actrice",
09:54 quand vous savez qu'aujourd'hui, il y a du harcèlement, qu'il faut parfois coucher,
09:59 que c'est très dur de vieillir quand on est une actrice.
10:02 Un mec à 40 ans, il fait des films, une fille à 45 ans, comme les miumiou,
10:06 on vous donne un rôle de grand-mère...
10:07 - Mais il y en a partout, la caissière aussi, il se fait méfier de ma mère...
10:09 - Tu es actrice, elle aussi, à 100 000 euros par mois ?
10:11 Est-ce que vous leur donnez...
10:13 - Il y a moyen de profiter...
10:14 - Il y a moyen de profiter de ce que tu dis, parce que j'ai eu la chance de faire les 4 derniers films de Jean-Pierre Mocky.
10:23 Il ne m'a donné que des contre-emplois, des moches, des grosses, des...
10:29 Mais quel bonheur !
10:32 - Oui, ça lui, c'est...
10:33 - Mais c'est, voilà...
10:34 - Grande zone, mais quelqu'un de bien, il n'était pas...
10:35 - Et grand dragueur.
10:36 - Mais grand dragueur !
10:37 - Grand dragueur, on vient de parler de quoi ?
10:38 - Alors, Desbaud et Sophie, je vous dis Sophie de Sophie, quand même, parce que ça m'intéresse, Sophie, aussi.
10:41 - Allez, Sophie, Sophie.
10:42 - Alors, Sophie, qu'est-ce que vous diriez-vous aux jeunes actrices aujourd'hui, ou aux jeunes filles de télé, aussi, pardon, parce que ça existe à la télé.
10:47 - Oui, absolument, c'est le même problème. La télé n'est plus du tout la même, il faut dire.
10:50 - Vous trouvez ?
10:51 - Ah bah non, ça n'a rien à voir, ne serait-ce déjà que pour les cachettes, n'est-ce pas ?
10:54 Moi, c'était la SFP, donc je ne voulais même pas dire combien je gagnais à l'époque, parce que c'est un gag, quoi, vraiment.
10:59 - Ah oui ?
11:00 - Mais, pardon, Sophie, mais vous trouvez que ça a changé ? Moi, je vais vous dire quelque chose. Dans ce qu'on a...
11:03 - Quand même, vous êtes mieux payée, quand même.
11:05 - Non, mais ce n'est pas une question d'argent. Dans ce qu'on appelle le fond gris, on voit des filles, Faustine Bollard, tout ça, mais sur les gros primes, le soir, c'est toujours des mecs, et éventuellement, il y a une fille à côté.
11:15 - Ah oui, toujours parce que...
11:16 - Vous trouvez vraiment que ça a changé ?
11:17 - De ce point de vue-là, non, c'est vrai, parce qu'effectivement, la fille doit être jolie, en fait, c'est décoratif.
11:23 - C'est toujours pas normal.
11:24 - C'est décoratif.
11:25 - Voilà, donc c'est vrai que c'est les mecs qui ont toujours les primes, ça, c'est sûr. En revanche, pour les journalistes, il y a beaucoup de femmes journalistes, mais...
11:32 - Oui, Dieu merci. Et elles sont très belles, en plus.
11:35 - Voilà, c'est ça. Mais c'est vrai que dans un autre domaine, c'est quand même les mecs, quoi. Il n'y a rien à dire.
11:40 - Est-ce qu'avec du recul, aujourd'hui, il y a des gens que vous auriez aimé dénoncer parce qu'ils ont eu une vie incroyable en faisant du mal à des femmes, que vous auriez dénoncé et vous ne l'avez pas fait ?
11:48 - Non. Franchement, je l'aurais fait si je m'étais trouvée devant une situation comme ça.
11:52 - Ce qui est très amusant, juste... Pas amusant, c'est pas du tout le mot. Ce qui est étonnant, vous et Isabelle, vous avez l'impression de parler de viol comme de rater un autobus à 8h le matin.
12:04 - Non, non, non, c'est pas ça du tout.
12:07 - Non, il y a une forme d'abord de pudeur orale, verbale.
12:09 - Absolument, oui.
12:10 - Et puis... Mais bon, une fois que le mal est fait, l'éternelle phrase complètement con, là, ce qui ne tue pas en plus fort, mais il y a quelque part quelque chose de ça.
12:20 - OK. Débo ?
12:21 - Désattouchement, c'est quand même pas exactement la même chose que d'être violée.
12:26 - Oui, mais Sophie, on est en 2023 et c'est vrai que vous avez un discours qui est touchant, mais désattouchement, c'est déjà quelque chose. Aujourd'hui, on ne peut plus permettre de...
12:32 - Je suis d'accord, bien sûr que c'est quelque chose.
12:33 - On ne peut pas dire ça.
12:34 - C'est pour ça que je l'ai dénoncé.
12:35 - On ne peut pas mettre la main sur la... Tu vois ?
12:37 - Moi, aujourd'hui, par exemple, toutes les trois, je vous adore. Il y a 10 ans, je serais venu faire un bisou dans le cou de Grâce de Capitanie parce que c'est les sous-doués, c'est toute mon enfance et je vous aime.
12:50 Je ne le ferais pas maintenant ou alors je vous demanderais l'autorisation. Je l'aime.
12:53 - Tant mieux.
12:54 - Pourquoi pas, Débo ?
12:56 - Vas-y, Débo, rapporte ta question.
12:58 - Non, ce n'était pas une question.
12:59 - Je crois que c'est ta question.
13:00 - Non, non, c'était...
13:01 - C'est vrai que l'histoire de la belle au bois dormant, qu'ils doivent couper la scène parce qu'il lui fallait danser pour la ressusciter.
13:08 - Oui, mais ça, c'est débile.
13:10 - C'est débile.
13:11 - Mais j'adore que ce soit des femmes qui soient choquées par tout ça.
13:13 - Oui, mais on rigole et c'est un peu léger, etc. depuis tout à l'heure. Mais disons quand même aux jeunes filles et aux jeunes femmes que ce n'est pas parce que tu ne cèdes pas que tu es rayée à vie et que tu ne pourras plus jamais rien faire.
13:24 - Mais c'est ce qu'elles ont dit toutes les deux.
13:25 - À l'époque, vous aviez une Sharon Stone, par exemple, quand elle tournait "Basic Instinct" et qu'elle avait sa... qu'on voyait cette scène avec la culotte.
13:31 - Sans culotte.
13:32 - Elle raconte que...
13:33 - Sans culotte, c'est important.
13:34 - Que tous les hommes ont été invités à regarder la scène alors qu'ils n'avaient absolument rien à voir avec le film, c'est-à-dire les avocats, les hommes du ménage, les hommes... absolument tous les mecs étaient là.
13:45 - Et elle a un peu tapé du pan sur la table. La scène a été un peu adoucie parce qu'elle était un peu plus hardcore à la base et elle a fait une carrière de fou jusqu'à maintenant.
13:55 - Mais j'entends ce que tu dis, mais pardon, j'aimerais quand même rappeler quelque chose. Parce que c'est un problème dans l'oreillette. On me dit que c'est un sujet important.
14:01 - Mais je viens de rappeler quand même que "Grâce de Capitanie", à qui je viens de demander "Qu'est-ce que vous dériez, jeune fille ?" Vous m'avez dit "Ne cédez jamais".
14:09 - Ah ouais, le message.
14:10 - C'est le message. Parce que je ne suis pas sûr que tout le monde ait bien entendu. On ne prend pas ça, elle est légère du tout.
14:13 - Oui.
14:14 - Moi, je voulais poser une question à "Grâce de Capitanie" que je me suis toujours posée à propos de promotion canapé. Parce qu'à l'époque, vous avez dénoncé dans une comédie, certes, mais vous avez dénoncé quelque chose d'inacceptable.
14:23 - Comment ça a été pris à l'époque ? C'est-à-dire comment la société, les hommes surtout, ont été... Quel impact...
14:29 - Oui, parce que ça existait en fait. Vous dénonciez quelque chose qui existait.
14:32 - Oui.
14:33 - C'était drôle, mais c'était grave ce que vous dénonciez.
14:35 - Oui, oui. C'est vrai, mais on a fait des entrées incroyables.
14:40 - Mais oui, mais...
14:41 - Je l'entends grave. On est sur un sujet quand même...
14:43 - Est-ce que les hommes se sont sentis concernés ?
14:45 - Oui. Ah, ça, je le sais.
14:47 - Le plus jeune de mes deux fils me demande "Maman, pourquoi tu as fait ce métier ?"
14:51 D'abord, moi, je ne me qualifie jamais d'actrice, mais de comédienne. Et je lui ai répondu "Pourquoi j'ai choisi ce métier ? Pour être quelqu'un d'autre."
15:02 - Ah, bah c'est joli.
15:03 - C'est ça.
15:04 - Voilà.
15:05 - C'est beau.
15:06 - Ah, il m'a plus posé de questions après.
15:07 - Non, c'est beau, mais pour être quelqu'un d'autre, il faut ajouter virgule et être respecté.
15:10 - Mais oui.
15:11 - C'est très important, les cibles de force.
15:12 - Ce qui est génial dans ce métier, c'est de faire apparaître un autre personnage.
15:15 C'est sûr que Natacha dans "Les Ripoux", elle parle pas comme la Célimène dans "Le Misanthrope".
15:21 - Mais grâce, grâce, chère grâce, on est d'accord.
15:24 Tout ce que j'essaie de faire sur ce plateau, c'est de dire, parce que vous avez l'impression de dire tout ça,
15:28 à part Fiona qui est plus brutale et qui dit "Moi, tant pis pour le cinéma, tant pis pour mon rêve, tant pis pour ma carrière, mais non pas Sarane, comme on dit."
15:36 - Il y avait aussi le délégué de théâtre, ça m'a permis de me mettre à l'écriture. C'est hors de question.
15:42 - Même question, pourquoi ne pas parler plus tôt ?
15:46 - C'est les 30 ans qui te posent problème.
15:50 - Bah non, non, non, c'est de me dire, est-ce que Fiona a eu peur malgré tout de certaines représailles à l'époque ?
15:56 - J'ai peur de rien, j'suis cash.
15:58 - Vous l'avez recroisé ce monsieur là ?
16:00 - Mais pardon, parce qu'à l'époque, moi je viens de cette époque-là, personne n'aurait parlé de ça.
16:05 - Mais non, c'était pas du tout pareil.
16:07 - Là où les 30 ans des viols, je trouve que le côté un peu, pardon Sophie, pourquoi on attend 30 ans ?
16:14 - Bah parce que psychologiquement c'est...
16:16 - Mais franchement, je pense qu'il ne faut pas laisser passer ce message, pardon de le dire,
16:20 - mais parce que les filles qui sont violées, elles peuvent passer 10 ans, 15 ans sans parler, elles ont le droit.
16:24 - Et quand elles ont envie de parler, elles parlent. Donc le viol c'est autre chose.
16:27 - Là, c'est autre chose, c'est une époque où tous les mecs voulaient coucher avec toutes les filles.
16:30 - Mais c'est en ça que Me Too justement a libéré la parole, il y a un avant Me Too et un après.
16:35 - Mais vous savez, c'est le principe Sophie, de la psy, pardon, mais c'est qu'à un moment donné,
16:39 - moi je l'avais très courte, j'ai vu un premier psy, pendant 10 séances, je lui mentais.
16:43 - Je lui disais un one man, ça n'avait aucun intérêt.
16:46 - Et puis un jour, je me suis dit, il était très gentil, il m'a dit "maintenant on arrête le sketch,
16:50 - dites-moi vos pires hontes, dites-moi tout, je suis là pour ça, vous avez violé quelqu'un, vous avez fait quelque chose".
16:56 - Et là tout d'un coup, vous mettez des mots sur l'horreur.
16:58 - Et j'ai vu que moi aussi depuis 10 ans, il y a des mots que je ne mettais pas et que j'ai mis.
17:02 - Donc le viol, tout ça c'est pareil, c'est pas un truc où on va à la police et on dit "j'ai été violé".
17:06 - Parce qu'on a d'abord une honte intérieure, on ne le reconnaît pas, on le nie.
17:10 - Ce que je voulais dire moi, c'est que je ne l'ai jamais dit à mes parents, jamais.
17:13 - C'est vrai ?
17:14 - Jamais je ne l'ai dit à mes parents.
17:15 - Mais vous avez attendu combien de temps là ?
17:16 - Je ne l'ai même pas dit à mon ex-mari, c'est seulement le monsieur avec lequel je vis aujourd'hui,
17:21 - à qui je l'ai dit, mais sinon c'était encore pour moi une honte, je ne vous ai pas parlé.
17:25 - Et bien voilà, c'est ça que je veux entendre Sophie, pardon.
17:28 - Je viens fait le dire alors.
17:29 - Mais oui, parce que depuis tout à l'heure vous dites un peu "ah bah c'était comme ça, c'était l'époque".
17:32 - Bah non, même si encore une fois on ne juge pas ces gens parce que c'était une autre époque et tout ça,
17:37 - mais malgré tout...
17:39 - C'est ça qu'il y a d'entendre dire, c'est que malgré la honte, malgré la culpabilité, vous restez victime.
17:43 - Bah oui, bien sûr.
17:45 - Y compris ceux qui choisissent de se taire, restent victime.
17:47 - Bien sûr.
17:48 - Absolument, oui, pardon, je regardais parce que je crois qu'il y a une anecdote avec quelqu'un aussi.
17:52 - Je voulais juste savoir, Claude François,
17:54 - Voilà, c'est ça, c'est là où je voulais venir.
17:56 - Apparemment à l'époque, avait été extrêmement, on va dire, goujat avec vous.
18:00 - Disons qu'il était très très très énervé, mais ça c'est pas une nouveauté.
18:06 - Donc c'est-à-dire que j'étais en tournée avec lui, j'étais toute minette, c'était avant que je fasse de la télé et tout ça,
18:12 - je présentais son spectacle et il m'a dit "écoute, il faut absolument que tu viennes dans ma chambre,
18:16 - j'ai un nouveau système de purificateur".
18:19 - Ah non mais, alors, c'est pas drôle.
18:21 - Pardon, c'est pas drôle.
18:23 - Il n'y avait pas de caviar, rien du tout.
18:25 - Ah !
18:26 - J'ai dit "tu crois ?" et il m'a dit "si, si, je t'assure, tu vas voir, c'est un truc complètement révolutionnaire".
18:30 - Vous aviez quel âge ?
18:31 - J'avais 25 ans, un truc comme ça, j'étais très âgée quand même.
18:35 - Ah, c'est vrai, je me souviens plus.
18:37 - Et donc je suis allée visiter dans sa chambre avec son secrétaire.
18:40 - Et à partir de ce moment-là, il a demandé au secrétaire de partir et il m'a jetée sur son lit avec des intentions assez précises.
18:46 - Mais non !
18:47 - Et moi, j'ai pas voulu, en fait, ça me disait rien du tout, je ne sais pas, j'avais pas envie,
18:51 j'ai dit oui à d'autres, je suis plus vierge.
18:54 - Mais lui, je sais pas, il y avait...
18:56 - Et là, ça a été vraiment, je disais au secrétaire "reste là", Claude lui disait "casse-toi", etc.
19:01 - Enfin bon, finalement, je m'en suis sortie et ce que je voulais dire, c'est qu'après,
19:05 comme j'ai démarré la télé, je l'ai vu plein de fois, je le présentais et tout ça,
19:09 et il avait beaucoup d'humour parce qu'il me disait "tu sais, finalement, j'étais le meilleur coup de ta vie,
19:14 il t'aurait dû accepter, tu sais pas ce que t'as raté, etc."
19:17 - Ah oui, il avait même pas de regret.
19:18 - Sophie, Sophie, vous me faites peur, Sophie.
19:21 Non mais parce qu'il y a beaucoup de pudeur chez vous et c'est vrai, il faut bien expliquer aux gens
19:26 qu'encore une fois, c'était une autre époque et qu'à cette époque-là, vous ne vous posez pas des questions,
19:30 c'est le fameux Michel Leib que je veux inviter ici, qui ne veut pas venir parce que le pauvre,
19:33 il est tétanisé maintenant, on pense qu'on veut lui parler du sketch de l'Africain.
19:37 Il y a 30 ans, on en riait tous.
19:39 - J'ai moins qu'il ait fait démarrer à la télé.
19:40 - Ah oui, c'est vrai.
19:41 - Avec Patrick Sébastien.
19:42 - Vous n'avez pas couché avec Michel Leib, quand même ?
19:43 - Ah non.
19:44 - Non mais voilà, c'est pour vous dire qu'on ne juge pas les gens, c'était une autre époque.
19:48 Mais ce que je voudrais dire, Sophie, c'est que Claude François vous met sur un lit et essaye de faire des choses avec vous,
19:55 vous réussissez à quitter la pièce tant bien que mal.
19:58 - Le secrétaire n'est pas parti.
20:00 - Vous ne pouvez pas rester nuette, quand même.
20:03 - Je l'ai dit à mes parents, j'étais avec mes parents.
20:05 - Et vos parents ont rien dit ?
20:06 - Mes parents ont râlé.
20:07 - Ils ont râlé ?
20:08 - Oui.
20:09 Ils ne sont plus... Il n'a pas violé, quoi.
20:11 - Mais il a tenté.
20:12 - Ah, il a tenté.
20:13 - Il a tenté, c'est comme...
20:14 - Il a tenté.
20:15 - Mais vous...
20:16 - Il n'a pas tenté de violer, il a tenté de coucher avec elle.
20:19 - Ce n'est pas pareil.
20:20 - Non, c'est vrai.
20:21 - Il a tenté de me céder.
20:22 - En tout cas, il n'avait pas de purifique.
20:24 - Il n'y avait pas.
20:25 ...

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