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00:00 Et il est 7h15, c'est la semaine des primeurs, 7000 experts du vin rassemblés en Gironde
00:04 pour goûter les vins pas encore mis en bouteille.
00:06 On reçoit ce matin un expert dans l'analyse des nouveaux millésimes, Stéphane de Renoncourt,
00:12 consultant pour 150 châteaux dans le Bordelais et à travers le monde, et notre invité Thomas
00:16 Cognac.
00:17 Bonjour Stéphane de Renoncourt.
00:18 Bonjour.
00:19 On entendait ce matin sur France B Gironde un négociant bordelais qui nous parlait d'un
00:21 millésime 2022 stratosphérique.
00:24 Est-ce qu'il va être aussi bon que ça ?
00:26 Il va être très bon.
00:27 En fait, vous savez, le monde du vin, ce n'est pas très compliqué si vous vous rappelez
00:31 l'été qu'on a passé.
00:32 Merveilleux, sec, ensoleillé, ça fait des bons raisins.
00:36 Et en fait, pour faire des bons vins, il faut des bons raisins.
00:38 Donc oui, c'est un millésime assez exceptionnel.
00:40 Par rapport à quoi ? Parce que le 2021 n'était pas génial, c'est ça ?
00:44 Il n'était pas génial du tout parce que c'était un millésime froid.
00:46 Donc justement, on a du mal à acquérir des bonnes maturités.
00:49 Alors que d'une part, c'était beaucoup plus facile.
00:52 Un millésime qui a eu sa magie aussi puisque finalement, c'était la succession de trois
00:56 vagues de chaleur qui ont été ponctuées par des orages et qui ont permis à la vigne
01:00 de recevoir l'eau suffisante dans la plupart des cas pour pouvoir avoir un cycle harmonieux,
01:05 ne pas bloquer et amener au bout des raisins de grande maturité, ce qui est relativement
01:10 rare.
01:11 Donc 2022, grande année qu'on n'a pas connue depuis quand à peu près ?
01:15 Ce sont des millésimes qu'on peut comparer à tous, des millésimes un peu légendaires
01:18 qui étaient 2016, 2010, 2005 jusqu'en 82.
01:23 Mais c'est surtout un millésime qui, pour moi, porte une grande symbolique parce que
01:29 finalement, dans ces conditions un petit peu nouvelles, c'est-à-dire qu'on est tous un
01:36 peu concernés par ce réchauffement climatique, on se pose des questions sur la durabilité
01:40 de nos cépages, est-ce qu'il faudra un jour les changer ? Est-ce qu'on pourra continuer
01:43 comme ça, à continuer à faire des vins qui ont ce goût-là, ou va-t-il falloir changer
01:48 ? On se rend compte qu'il y a un travail de la part des vignerons qui fait que la vigne
01:54 finalement s'adapte pas mal.
01:56 Et pour moi, c'est un peu la grande leçon de ce millésime, c'est qu'au-delà de sa
02:00 qualité exceptionnelle, il y a toute une qualité symbolique qui fait que c'est extrêmement
02:06 rassurant pour l'avenir de la viticulture à Bordeaux.
02:08 Adaptation aux conditions climatiques, il y a une adaptation aussi à faire aux habitudes
02:12 des consommateurs qui change, de nouvelles attentes peut-être de vins un peu plus faciles
02:16 à boire, est-ce que ça va être ça le challenge millésime après millésime des prochaines
02:20 années ? C'est un challenge qui a déjà commencé
02:22 parce que la consommation a déjà changé un peu pour diverses raisons.
02:27 La principale raison c'est qu'aujourd'hui l'accessibilité au vin est très facile,
02:31 avec un smartphone et une carte de crédit vous pouvez obtenir n'importe quelle bouteille,
02:35 que les gens n'ont plus le temps, que les gens n'ont plus la place et que donc ils
02:39 boivent les vins plus vite, et pour boire les vins plus vite il faut qu'ils soient un
02:41 peu moins riches.
02:42 Donc c'est vrai qu'on va vers des vins plus appétants, on aime moins l'alcool, on aime
02:46 moins les tannins, on veut des vins plus accessibles.
02:48 À 7h18 sur France, Bleu Gironde, les Prémeures, on en parle ce matin avec notre invité Stéphane
02:53 de Renoncourt, consultant pour 150 châteaux dans le Bordelais et à travers le monde.
02:56 Et justement on parle désormais d'arrachage parce qu'on produit trop de Bordeaux par
03:00 rapport à ce que l'on vend, est-ce que ça veut dire que Bordeaux s'est trompé quelque
03:03 part il y a quelques années, n'a pas su anticiper ce changement d'habitude ?
03:05 Je crois que Bordeaux a mis un peu de temps à rentrer dans le nouveau siècle, ça c'est
03:08 une chose, parce qu'il vivait un peu sur des lauriers, parce que jusqu'à la fin du
03:13 siècle précédent il a été un peu une espèce d'hégémonie.
03:17 Parallèlement à cela, le vin c'est devenu aussi un reflet de la société, c'est un
03:22 étendard pour un pays et les progrès de la viticulture font qu'on a une concurrence
03:26 mondiale beaucoup plus forte qu'avant, on fait du vin partout aujourd'hui.
03:29 Donc tous ces vins arrivent sur le marché et forcément ça secoue un peu les habitudes
03:33 et dans les modes de consommation on boit moins, on boit moins, mais on boit mieux.
03:37 Donc tout ce qui est un petit peu consommation de base et vin de qualité d'entrée de gamme,
03:45 ça a tendance un petit peu à disparaître et on est effectivement la plus grande appellation
03:49 de France.
03:50 Trop grande, arrachée, c'est un mal nécessaire ?
03:51 Oui je pense que c'est un mal nécessaire, je pense que c'est un mal nécessaire, je
03:57 pense que Bordeaux souffre depuis une vingtaine d'années, on a parlé du Bordeaux bashing,
04:02 ça a permis une remise en cause sur cette génération très forte où les gens se sont
04:09 appliqués, où les vins sont aujourd'hui très bien, ils sont très bien placés sur
04:12 les marchés parce que je pense qu'on fait aujourd'hui à Bordeaux peut-être les meilleurs
04:15 rapports qualité prix au monde.
04:17 Donc cette place est forte mais peut-être qu'il y a un peu moins de marché donc il
04:23 faut réguler tout ça.
04:24 Et merci d'être venu nous en parler en pleine semaine des primeurs.
04:27 Stéphane Derenoncourt, consultant pour 150 châteaux dans le Bordelais, vous vous organisez
04:30 vos primeurs à Léognan, ça continue encore ?
04:32 Exactement, jusqu'à demain soir.
04:34 Au Château Lutil, merci et bonne journée à vous.

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