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00:00 Il est 7h45, Tiffany Ankovia, qu'on vous écoute ce matin sur le sujet du harcèlement scolaire.
00:05 Pensez-vous que vos enfants sont à l'abri de ce phénomène ?
00:08 Que pensez-vous du questionnaire anonyme soumis aujourd'hui aux élèves du CE2 jusqu'à la terminale
00:13 pour déceler des signes de harcèlement scolaire ?
00:15 Vous nous le dites au 04 77 10 0 0 10 et vous pouvez aussi réagir aux propos de Vincent Rousset.
00:20 Bonjour.
00:21 Bonjour.
00:22 Vous êtes directeur d'école à Saint-Etienne, à l'école Thuolier.
00:25 Vous êtes également membre de l'équipe ressources sur le harcèlement scolaire pour la circonscription de Saint-Etienne-Ouest.
00:31 Ce questionnaire qui est soumis à partir d'aujourd'hui aux élèves dès le CE2,
00:35 est-ce que c'est vraiment un outil concret pour déceler des situations de harcèlement à l'école ?
00:39 Je pense que c'est l'objectif effectivement de faire un petit point sur l'état de bien-être qui peut y avoir dans les écoles.
00:46 Donc en tout cas on va l'utiliser dans cette optique-là.
00:48 Quel genre de questions par exemple sont posées aux élèves et est-ce que c'est compréhensible dès le plus jeune âge ?
00:52 Parce qu'on parle des élèves dès le CE2.
00:54 Alors je pense que c'est compréhensible effectivement. Il s'agit de 24 questions.
00:57 Il est bien indiqué aux enfants qu'ils peuvent se référer à l'enseignant s'ils ne comprennent pas ou s'ils ne sont pas à l'aise avec telle ou telle question.
01:03 Et on est vraiment sur le bien-être. Est-ce que vous avez déjà été embêté par un enfant ?
01:09 Est-ce que vous vous sentez mal à l'aise de venir à l'école ?
01:10 On est sur tous les temps, avant d'aller à l'école, sur le temps scolaire et après l'école,
01:16 sur le mal-être que peut ressentir l'enfant en ayant peur d'aller à l'école le matin ou après sa journée.
01:21 Est-ce que ça risque pas aussi d'effrayer peut-être certains élèves les plus jeunes
01:24 qui ont peut-être entendu ce mot de harcèlement scolaire mais n'ont peut-être pas une image très précise de ce que c'est ?
01:30 Alors c'est pas un questionnaire qui arrive comme ça de rien.
01:34 C'est quelque chose qu'on a préparé en amont depuis un an.
01:37 On est très mobilisés sur ce sujet-là.
01:41 Donc voilà, c'est pas quelque chose qui arrive comme un cheveu sur la soupe.
01:46 Ils ont déjà entendu parler de tout ça et ils savent qu'on est attentifs à leur bien-être.
01:50 Dans vos messages, justement, en tant que directeur d'école et avec votre équipe enseignante,
01:54 comment vous adressez à des enfants de 8, 9 ou 10 ans pour parler de ce sujet qui peut être très difficile, très douloureux ?
02:01 Alors on a plein de petits éléments.
02:04 On a mis des petites boîtes, par exemple, dans les classes où les enfants, de façon anonyme, peuvent écrire s'ils rencontrent tel ou tel problème.
02:13 On a mis en place des choses pour régler les conflits.
02:16 Dès qu'il y a un petit conflit ou quelque chose qui est en train de naître entre deux ou plusieurs élèves,
02:21 on a mis en place quelque chose qui s'appelle des messages clairs.
02:23 On mobilise les enfants qui sont en conflit pour qu'ils s'expriment franchement sur ce qu'ils ont ressenti, par exemple,
02:30 pour que l'autre enfant puisse comprendre ce qu'il ressente et donc fasse attention un petit peu aux autres.
02:34 Donc voilà, c'est vraiment un sujet sur lequel on est rodé.
02:38 Effectivement, on l'entend en tout cas dans le quotidien avec les enfants.
02:41 Vous faites partie, à Saint-Etienne, de l'équipe locale du programme de lutte contre le harcèlement.
02:45 C'est quoi votre rôle exactement ?
02:48 Est-ce que vous avez le sentiment qu'on avance, que le protocole peut-être est plus clair aujourd'hui qu'il y a quelques mois, qu'il y a quelques années ?
02:54 Alors oui, on avance très clairement depuis au moins l'année dernière.
02:57 Un protocole a été mis en place sur le plan national dans le cadre de cette lutte contre le harcèlement
03:03 et qui est décliné depuis l'année dernière au plus près du terrain.
03:07 Donc, dans chaque circonscription, qui est pilotée par un inspecteur d'éducation nationale,
03:13 on a une équipe ressource qui est composée généralement de conseillers pédagogiques,
03:17 de personnels chargés de l'informatique aussi, parce qu'il y a la problématique du cyberharcèlement qui est importante,
03:23 et d'un directeur d'école.
03:25 Là-dessus, on a été formé, rodé sur le protocole.
03:30 Et depuis un peu plus d'un an, les équipes d'école de circonscription savent qu'elles peuvent compter sur nous,
03:36 on peut intervenir.
03:38 L'idée, c'est de ne pas en rester là, c'est que chaque école puisse intervenir de façon autonome.
03:42 Donc là, on passe à la phase 2 cette année, où, entre la fin de l'année scolaire dernière et depuis septembre,
03:49 dans les conseils des maîtres, chaque équipe rédige son protocole propre à l'école.
03:54 Et l'idée, c'est qu'ils soient autonomes, qu'ils n'aient pas à passer par l'équipe ressource.
03:58 Voilà, donc là, on en est là, à peu près dans toutes les écoles.
04:01 L'équipe ressource est là si jamais il y a besoin, évidemment.
04:04 Et puis, on présente tous ça, normalement, on est dans le timing,
04:08 aux conseillers d'école, aux parents aussi, chaque école doit présenter son protocole.
04:11 On entend bien, donc, qu'il y a des outils concrets pour les équipes enseignants, pour l'encadrement.
04:16 Je vous propose d'écouter Vincent Rousset, témoignage d'une maman,
04:19 recueillie par nos confrères de France Bleu, Béarnes.
04:21 Au départ, quand ils m'ont dit "mais votre fils est un harceleur",
04:24 pour moi, ça a été un cataclysme.
04:25 J'ai dit "mais c'est pas possible, comment j'ai pas pu le voir,
04:28 sachant que son frère avait été harcelé, comment je suis passée à côté ?"
04:31 Quels conseils vous pouvez donner aux parents d'enfants harcelés ou harceleurs,
04:35 qui ont le sentiment parfois de passer à côté, ce qui se passe dans le temps scolaire ?
04:40 - Alors, ce qu'il faut, c'est qu'on travaille main dans la main entre école et parents.
04:44 On a des choses qui s'appellent des signaux faibles,
04:48 où on peut repérer doucement le mal-être d'un enfant,
04:51 que ça soit du côté parent, à la maison, un enfant qui n'aurait plus envie de venir à l'école, etc.
04:56 Il faut pas qu'ils hésitent à venir en parler à l'école, je pense.
05:00 Moi, c'est quelque chose que j'ai relayé en réunion de parents,
05:02 en disant que même quelque chose qui peut paraître anodin, soit...
05:06 et bien c'est effectivement anodin et...
05:07 - Il vaut mieux en parler même si ça semble pas important ?
05:10 - Au pire, on en rigole deux heures après, et puis c'était pas grand-chose,
05:12 et puis on le règle, et c'est ce qui se passe dans 90% des cas, et bien heureusement.
05:16 Et puis peut-être, à ce moment-là, on peut soulever quelque chose d'un peu plus grave,
05:18 et il vaut mieux le soulever tout de suite qu'attendre que ça soit beaucoup plus profond.
05:22 Donc, généralement, les équipes d'école sont très disponibles,
05:25 et peuvent recevoir, et entendre, et échanger.
05:28 - Et toujours par rapport aux parents, écoutez cette inquiétude de Laurent,
05:31 qui est parent d'élève à Rouen.
05:33 - Tout ce qui est cyber-harcèlement, je suis un peu détaché de tout ça, ouais.
05:35 J'ai du mal à m'y mettre dedans.
05:37 Heureusement qu'il y a une sensibilisation pour, justement, et les jeunes, et les parents,
05:41 parce que nous, on est toujours un peu en décalage aussi.
05:43 - C'est quelque chose dont vous parlez de plus en plus aujourd'hui,
05:45 dans les établissements scolaires, le harcèlement qui se passe aussi sur les smartphones, sur Internet.
05:50 - Alors c'est quelque chose qu'on évoque, mais qui est plus compliqué pour nous,
05:53 dans le sens où c'est quelque chose qui nous échappe, et qui sort de l'école.
05:56 C'est-à-dire que quelqu'un qui "cyber-harcèle",
05:59 le fait le matin, peut le faire le soir, peut le faire en dehors de l'école,
06:02 sur des temps qui nous échappent complètement.
06:04 Donc ça c'est pareil, on travaille beaucoup avec les parents.
06:08 Il y a des parents qui ne savent pas ce que font leurs enfants avec une tablette ou un téléphone,
06:12 donc on les alerte un petit peu là-dessus.
06:14 On a aussi des choses qui existent sur les classes de CM1, CM2,
06:19 pour apprendre ce qu'on peut faire à téléphone, ce qu'on peut ne pas faire,
06:22 ce qu'on peut laisser comme photo, comme image, voilà, l'utilisation du téléphone.
06:26 Il existe aussi, avec les services de police et de gendarmerie, un permis Internet,
06:30 qui explique, voilà, donc nous on a utilisé ça l'année dernière parce qu'on avait eu quelques soucis sur le sujet.
06:37 Et puis voilà, moi toutes les années je fais un petit rappel aussi à la loi, aussi, aux parents.
06:43 Pas dans le sens de... - Ça fonctionne, c'est entendu, ça, ouais.
06:45 - Voilà, pas menacé, mais c'est au moins informatif,
06:47 il y a beaucoup de gens qui ne savent pas qu'on ne peut pas avoir...
06:50 être titulaire d'un compte de réseau social à 8, 9, 10 ans.
06:55 Donc c'est bien de le savoir aussi.
06:57 - Donc on entend bien, effectivement, que vous essayez d'intervenir dans tous les domaines,
07:01 et qu'il y a de l'avancement, c'est ce que vous nous dites aussi, dans cette lutte contre le harcèlement scolaire.
07:05 Merci d'être venu en parler ce matin, Vincent Rousset,
07:07 je rappelle que vous êtes directeur d'école à Saint-Etienne, à l'école Thiolier,
07:11 et membre de cette équipe ressource pour lutter contre le harcèlement scolaire
07:14 sur la circonscription ouest de Saint-Etienne.

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