Un sénateur plaide pour allonger le congé pour deuil de trois à cinq jours

  • l’année dernière

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Transcription
00:00 On va changer de sujet à présent.
00:02 Je voulais qu'on soit sur cette information.
00:06 Un sénateur plaide pour allonger le congé pour deuil de 3 à 5 jours.
00:11 Quand on perd son père ou quand on perd sa mère.
00:14 Bonjour Stéphane Lerue-Dulier.
00:16 - Bonjour.
00:17 - Vous êtes ce sénateur, sénateur Les Républicains des Bouches-du-Rhône.
00:20 Alors je vais rappeler la règle aujourd'hui des congés pour décès.
00:23 Je parle sous votre contrôle, mais je suis allé sur l'assurance maladie.
00:28 5 jours, 5 jours c'est le maximum.
00:31 Et c'est le plus dramatique, bien sûr, pour le décès d'un enfant.
00:34 Quand on perd un enfant.
00:35 3 jours pour le décès d'un conjoint, d'un partenaire de PAX ou d'un concubin.
00:41 3 jours pour le décès d'un père, d'une mère, d'un beau-père, d'une belle-mère
00:45 ou d'un frère ou d'une soeur.
00:47 Bon, ça c'est la règle actuelle.
00:50 Qu'est-ce que vous proposez vous ?
00:53 - Alors moi, je propose dès lors qu'on passe de 3 à 5 jours
00:57 pour effectivement les parents, les frères, les soeurs, les beaux-parents.
01:02 En fait, toute la filiation.
01:04 Pourquoi cela ?
01:06 Parce que je me suis rendu compte à travers notamment un témoignage
01:10 d'un de vos collègues, Bruce Toussaint, à travers un livre,
01:14 que le regard de la société sur la mort était quelque peu un sujet tabou.
01:21 On avait l'impression qu'il fallait vite sécher nos larmes,
01:26 ranger nos mouchoirs et reprendre vite le chemin du travail.
01:29 C'est la raison pour laquelle j'opte pour 5 jours.
01:32 Pourquoi 5 jours ?
01:33 Parce qu'on a une multitude de démarches administratives à gérer
01:37 qui nous tombent dessus,
01:38 avec notamment une improbable tournée des crocs morts
01:43 qui vous font chacun deux vies,
01:45 l'organisation des obstacles elles-mêmes,
01:47 la cérémonie religieuse ou civile,
01:49 les certificats de décès, les impôts,
01:50 presque toute une série de démarches administratives.
01:53 Et vous êtes dans un état de choc avec l'annonce du décès d'un de vos parents.
01:59 Et je pense que 3 jours, c'est largement insuffisant.
02:02 Je le dis parce que quand on regarde,
02:04 ne serait-ce que le nombre d'arrêts maladie,
02:07 des courts arrêts maladie qui ont été chiffrés à 700 millions d'euros
02:11 chaque année suite au décès d'un parent,
02:15 ça veut dire clairement que la réponse n'est pas à la hauteur de la douleur.
02:20 - Oui, effectivement, ça s'entend véritablement.
02:23 J'ai une question très terre à terre,
02:26 mais avec nos dettes, il faut se la poser,
02:29 qui payerait ?
02:30 Ce serait l'entreprise ?
02:31 Qui payerait les deux jours supplémentaires ?
02:33 - Ce serait l'entreprise ou l'État,
02:35 si dorénavant ce sont des fonctionnaires.
02:38 Mais au-delà du coût, je vous ai parlé des 700 millions,
02:41 je pense qu'il y a aussi un devoir moral.
02:45 Vous savez, je pense que la société est fracturée
02:48 et qu'il y a des mesures de bon sens
02:50 qui touchent au quotidien des Français
02:52 et qui seraient de nature à apaiser la société française.
02:56 Là où on demande de plus en plus de travailler plus longtemps,
03:00 je pense que sur ce sujet-là,
03:03 la société doit répondre de manière beaucoup plus positive.
03:07 Ça n'effacera pas la douleur physique,
03:09 la vague de tristesse, la détresse psychologique,
03:12 mais on donne un signal fort.
03:14 Et vous savez, ce qui m'a heurté,
03:16 c'est qu'on parle beaucoup, beaucoup de suicide assisté
03:19 ou d'euthanasie dans le cadre de la Convention sur la fin de vie.
03:22 Il y a un projet de loi en préparation,
03:25 mais on n'a rien pour ceux qui restent.
03:27 On n'a pas pensé à ceux qui restent et qui vont vivre la suite.
03:31 Et donc, c'est la raison pour laquelle je lance l'appel au gouvernement
03:34 d'introduire dans le projet de loi
03:37 cette proposition de loi pour aussi penser à ceux qui restent.
03:41 - On est en direct avec Yasmine,
03:43 qui, à 39 ans, est en congé maternité.
03:47 Bonjour, Yasmine.
03:48 - Oui, bonjour à tous.
03:50 - Merci beaucoup d'être en direct avec nous.
03:53 Vous voulez intervenir sur l'antenne ?
03:56 - Oui, à propos de ce sujet, justement.
04:00 Déjà, remercier le sénateur qui a mis cette proposition...
04:04 - Stéphane Leraudulier, oui.
04:06 - Voilà, donc merci, M. Leraudulier.
04:10 Pour moi, il faut savoir qu'il y a quand même deux aspects,
04:12 comme l'a très bien précisé le sénateur,
04:16 à savoir qu'il y a l'aspect émotionnel,
04:18 mais il y a aussi l'aspect administratif.
04:20 - Oui.
04:21 - Préduire tous les organismes,
04:23 de dire que la personne n'est plus,
04:27 prévenir aussi les banques,
04:29 enfin, tous les papiers qu'il faut faire,
04:33 même si on a un petit délai, il faut quand même les faire.
04:36 Il y a aussi l'aspect pratique,
04:39 réunir toute la famille autour du dessin,
04:42 c'est très rare,
04:45 ça arrive que la personne aimée
04:48 se trouve à des milliers de kilomètres de chez nous,
04:51 que je sois dans un autre pays,
04:53 ou même que je sois en France.
04:55 Donc, rassembler toutes ces familles,
04:58 ça demande un peu plus que trois jours.
05:01 - Donc, vous êtes plutôt favorable au passage à cinq jours
05:05 en cas de décès d'un père ou d'une mère,
05:08 beau-père ou belle-mère.
05:11 - Totalement.
05:13 Moi, je sais que j'ai perdu mon père.
05:15 Pour faire tout ce qu'on avait à faire,
05:18 l'organisation de l'enterrement,
05:19 comme l'a très bien dit M. le sénateur,
05:21 l'organisation de l'enterrement, qu'il soit civil ou religieux,
05:26 réunir toute la famille, faire les papiers,
05:29 ça ne demande pas que trois jours.
05:31 Et ce côté aussi de choc émotionnel,
05:34 là, on rentre du côté un peu plus humain,
05:37 à savoir qu'on n'accepte pas, comment dire,
05:40 l'annonce, je ne parle pas du travail de deuil en lui-même,
05:44 je parle juste de l'annonce,
05:45 de nous dire qu'on ne reverra plus ses parents.
05:48 C'est terrible, quand même.
05:50 Et là, on nous demande qu'au bout de trois jours,
05:52 on puisse être productif.
05:54 Alors, je comprends bien que l'aspect économique
05:57 est très important pour les entreprises,
05:59 c'est grâce à cela qu'elles survivent,
06:01 mais comment pouvez-vous demander à une personne
06:03 qui vient de perdre la personne qu'il a élevée,
06:06 qui l'a aimée, la personne qu'il a fait naître,
06:10 de revenir au travail au bout de trois jours
06:14 et faire ce qu'il a à faire ?
06:16 - Oui.
06:17 - J'entends bien qu'il y a certaines personnes
06:19 qui ont besoin de travailler justement pour s'aider,
06:23 mais il y en a d'autres qui ont besoin aussi
06:26 de se retrouver en famille un peu plus longtemps.
06:30 Moi, personnellement, je demanderais carrément une semaine.
06:32 Je sais que, excusez-moi, je termine juste avec ça,
06:34 que pour mon père, pendant une semaine,
06:38 j'étais incapable de faire quoi que ce soit.
06:40 J'ai pleuré dans ma chambre et je ne me sens rien.
06:42 - Et souvent, et du coup, ça devient un arrêt maladie
06:47 au-delà des trois jours.
06:48 Merci beaucoup, Yasmine, d'avoir appelé le 39 21.

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