Les 4 vérités - Geneviève Darrieussecq

  • l’année dernière
Chroniqueur : Thomas Sotto 


Thomas Sotto reçoit Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée chargée des personnes handicapées dans les 4 vérités. 

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Transcript
00:00 Bonjour et bienvenue dans les 4V, Geneviève Dariosec.
00:04 Bonjour.
00:05 Il y aura tout à l'heure une conférence sur le handicap, la 6ème à l'Elysée, sujet
00:09 ô combien important car privé de fait de certains droits, de certains accès, les
00:13 personnes handicapées se retrouvent bien souvent traitées comme des citoyens de seconde
00:16 zone dans notre pays.
00:17 Sous tous les gouvernements, sous tous les présidents, de toutes les couleurs politiques,
00:21 de gauche, de droite ou d'ailleurs, c'est toujours très bien fait ce genre de conférences.
00:23 C'est plein de bonnes intentions qui sont sincères mais qui trop souvent ne se traduisent
00:28 pas dans le quotidien des personnes handicapées.
00:30 Moi j'ai une question toute simple pour commencer.
00:31 Est-ce qu'on est sûr que le palais de l'Elysée est accessible aux personnes handicapées ?
00:34 Oui bien sûr, il a été rendu accessible pour cette conférence nationale du handicap
00:41 avec des aménagements simples qui sont mis en œuvre chaque fois qu'il y a des grandes
00:47 manifestations à l'Elysée.
00:48 Mais ça veut dire que si demain nous élisons un président ou une présidente en fauteuil
00:51 roulant, ils pourront avoir accès au bureau du président à l'étage ou pas ?
00:55 Écoutez, je ne suis pas suffisamment au courant de la géographie parfaite de l'Elysée,
01:05 des plans de l'Elysée.
01:06 Ce que je sais c'est que le rez-de-chaussée sera accessible.
01:09 C'est déjà ça, c'est déjà mieux que rien.
01:11 Parce que l'accessibilité, Geneviève Dario sait que c'est la base de tout.
01:14 La loi du 11 février 2005, ça date pas d'hier, donnait 10 ans pour que ce principe de l'accessibilité
01:19 pour tous soit accompli.
01:21 Là, on a déjà presque 10 ans de retard sur la date limite.
01:25 Le Conseil de l'Europe a reconnu la violation des droits des personnes handicapées par
01:28 l'État français.
01:29 Il estime que notre pays ne respecte pas leurs droits fondamentaux.
01:31 Est-ce qu'aujourd'hui vous êtes d'accord avec ça ? Est-ce qu'aujourd'hui on a encore
01:34 énormément de chemin à faire ?
01:36 Je suis d'accord sur le fait que nous avons du retard sur les sujets d'accessibilité.
01:40 Dès 2014, il y a eu des préconisations données aux communes en particulier, données également
01:49 aux privés qui reçoivent du public, les établissements recevant du public, les commerces, les restaurants,
01:54 les cabinets médicaux, etc. de mettre en accessibilité tous leurs espaces publics
02:00 et tout cet environnement recevant du public.
02:03 La date limite est fin 2024 pour mettre en accessibilité et je pense que nous avons du
02:09 retard.
02:10 Alors il y a eu le Covid, mais ça n'explique pas tout.
02:13 Et vous avez raison, les sujets d'accessibilité, en fait, il n'y a pas que l'État.
02:19 L'État est responsable de ces infrastructures, mais nous avons aussi les transporteurs, nous
02:25 avons aussi les privés, nous avons également les communes.
02:29 Donc tout un panel de responsables qui doivent aller vers l'accessibilité complète pour
02:36 pouvoir avancer mieux.
02:37 On va prendre la journée type, on commence par prendre les transports le matin.
02:41 C'est souvent une tannée, je le disais tout à l'heure à Paris, on sait que le métro
02:44 est ancien, 3% de stations qui sont accessibles à 500 jours des Jeux Paralympiques, ça ne
02:50 fait pas beaucoup.
02:51 Sur le point des transports, au-delà même du métro parisien, de quelle manière allez-vous
02:54 prendre le taureau par les cornes ? Qu'est-ce qui va changer ? Qu'est-ce que vous allez
02:57 annoncer ?
02:58 Par exemple, nous avons des gares nationales.
03:01 Toutes les gares nationales doivent être accessibles.
03:03 Ce n'est pas le cas aujourd'hui.
03:04 Il y en a près de 160 à peu près.
03:06 La moitié sont aujourd'hui accessibles, totalement.
03:09 Alors accessibles, ce sont les quais, c'est l'accès aux quais, mais c'est aussi la
03:13 billetterie, c'est aussi l'accessibilité sonore, visuelle pour tous les types de déficits.
03:18 Il n'y a pas que des déficits moteurs, il y a aussi des déficits sensitifs.
03:22 L'objectif pour nous, c'est que toutes les gares nationales soient mises en accessibilité
03:29 complète en 2027.
03:31 Cela sera traduit.
03:34 Donc dans 3 ans, 4 ans, il n'y aura plus de problème d'accès dans les grandes gares
03:38 nulle part.
03:39 Ni pour arriver aux quais, ni pour monter dans le train, ni pour accéder nulle part.
03:42 Ce sera fini ça.
03:43 Ça coûtera combien ?
03:44 Il y a une enveloppe qui est prévue, qui avait été annoncée d'ailleurs de 400 millions
03:49 d'euros, qui va être utilisée pour cela.
03:53 En fait, l'accessibilité, ce n'est pas utile que pour les personnes en situation
03:58 de handicap moteur.
04:00 C'est utile pour toute la population.
04:02 C'est utile pour les poussettes, pour les anciens.
04:05 Les seniors, les parents avec des poussettes.
04:07 Ça rend la vie plus facile à tout le monde.
04:10 C'est un investissement pour une vie plus agréable et plus facile.
04:13 Autre sujet problématique, c'est l'école.
04:15 On a progressé.
04:16 Il y a 430 000 élèves handicapés scolarisés en 2023.
04:18 Je crois qu'il y en avait 320 000 en 2017, presque 100 000 de plus aujourd'hui.
04:22 Combien restent sur la touche aujourd'hui ?
04:24 Il y a des enfants qui sont aussi dans les établissements médico-sociaux.
04:30 A peu près 150 000, mais ils ne sont pas sur la touche.
04:34 Ils sont aussi scolarisés dans les établissements médico-sociaux.
04:37 La critique qui est faite, c'est qu'il y a des scolarités imparfaites.
04:41 C'est-à-dire des enfants qui n'ont que quelques heures d'école,
04:44 voire une demi-journée par semaine pour certains,
04:48 parce que l'accueil ne peut pas être réalisé dans les meilleures conditions.
04:51 Nous allons continuer à mettre le paquet sur l'école.
04:54 Parce que pour moi, c'est un droit fondamental.
04:57 Les enfants de la République doivent aller à l'école de la République,
05:01 quelle que soit leur différence.
05:02 Mettre le paquet, ça veut dire quoi ?
05:04 Mettre le paquet, ça veut dire continuer à travailler pour une école inclusive
05:10 qui prenne mieux en charge les enfants.
05:13 Et ce qu'il manque aujourd'hui dans l'école,
05:15 il y a bien entendu les professeurs qui sont formés,
05:18 il y a les AESH qui entourent les enfants.
05:22 Mais il nous manque, parce qu'il nous manque aussi un chénon
05:28 qui devra être un peu plus présent,
05:30 ce sont tous les professionnels du médico-social.
05:33 Et le médico-social, ce sont des psychomotriciens,
05:36 ce sont des éducateurs spécialisés,
05:38 ce sont des ergothérapeutes,
05:40 ce sont... - Et alors vous allez les faire rentrer dans l'école ?
05:42 - Ils pourront rentrer dans l'école pour aider la communauté éducative
05:45 à prendre en charge ses enfants et mieux accompagner ses enfants.
05:48 - C'est-à-dire qu'ils seront au quotidien à l'école ?
05:50 - Alors certains pourront être...
05:51 C'est déjà le cas, dans certaines unités autistes par exemple,
05:55 il y a des professionnels du médico-social en permanence dans les écoles.
06:00 Et d'ailleurs... - Mais ça c'est dans les établissements spécialisés ?
06:02 - Non, non, non, dans les écoles maternelles ou primaires,
06:06 il y a des unités pour accueillir des enfants autistes
06:09 où des professionnels du médico-social sont présents.
06:12 Et d'ailleurs, cela rejaillit un petit peu leur expérience,
06:16 permet de sécuriser un petit peu tout l'écosystème de l'école
06:23 pour tous les enfants et je trouve que c'est un bon moyen.
06:25 - Et ces professionnels, ils vont être recrutés par l'Education nationale
06:28 ou par un ministère,
06:29 ou ils viendront en complément de leur activité à côté ?
06:32 - Non, ils viendront, ce seront des équipes dédiées
06:34 qui pourront intervenir dans les écoles
06:36 pour aider les enseignants et les professionnels qui sont dans les écoles
06:43 à accompagner ces enfants de la meilleure des façons.
06:46 - Ils seront combien et ce sera à partir de quand ?
06:49 - Combien ? Nous avons beaucoup d'écoles, de collèges et de lycées dans notre pays.
06:56 Ce qui est certain, c'est que ces équipes seront déployées progressivement.
06:59 Nous allons commencer dans certains départements et le déployer ensuite.
07:03 L'objectif étant qu'en 2027, dans trois ans,
07:07 nous ayons pu déployer cela dans une majorité d'écoles.
07:11 - A chaque âge de la vie, son problème quand on est handicapé,
07:13 madame la ministre, la recherche d'un travail n'est pas le moindre
07:16 et l'administration ne fait rien pour leur simplifier la vie.
07:18 Aujourd'hui, si une personne travaille plus qu'un mi-temps,
07:21 elle perd son allocation adulte handicapé.
07:23 Est-ce que vous trouvez ça juste ? Est-ce que ça va changer ?
07:26 - Non, je ne trouve pas ça même ridicule.
07:29 - C'est 950 euros la allocation handicapée.
07:32 - Il faut inciter à reprendre le travail, inciter à travailler.
07:36 Et vous savez, le travail, c'est un objectif pour les personnes qui vivent avec un handicap.
07:41 Et d'ailleurs, nous avons eu d'excellents résultats ces dernières années
07:45 puisque le taux de chômage a nettement diminué.
07:47 On est passé de 19% à 13%.
07:50 - C'est quasiment le double de la population globale.
07:53 - Notre objectif, c'est le plein emploi aussi pour les personnes en situation de handicap.
07:56 - Mais sur cette question de l'allocation adulte handicapée et du travail à mi-temps,
07:59 est-ce que vous allez revenir là-dessus ?
08:00 - Et sur cette question-là, il faut effectivement que nous favorisions,
08:06 incitions à reprendre le travail dans de bonnes conditions
08:09 et on doit gagner plus d'argent quand on travaille que quand on ne travaille pas.
08:13 - Mais est-ce que demain, pardon, je vous repose ma question,
08:15 quand on travaille à mi-temps, on pourra garder son allocation adulte handicapée
08:17 sachant que ce sont des gens qui ne roulent pas sur l'or ?
08:19 - Je pense que oui.
08:20 - Vous le souhaitez.
08:21 - Le président de la République annoncera cela cet après-midi, je l'espère.
08:25 Nous pourrons agir dans ce sens.
08:28 Ça fait partie quand même des évolutions qui sont, je vais dire, logiques et évidentes qu'il faut porter.
08:35 - Parmi les évidences aussi, il n'y a pas de bloc opératoire adapté au handicap
08:40 dans tous les hôpitaux, dans tous les CHU de la ville, même pas dans toutes les régions.
08:43 Est-ce que là-dessus, il y a un effort qui va être fait ou pas ?
08:45 - Oui, l'accès à la santé est une priorité pour le ministre de la Santé également.
08:50 C'est une priorité.
08:51 Aujourd'hui, ce droit à l'accès aux soins n'est pas parfaitement respecté.
08:58 Donc, nous devons multiplier les handi-blocs, c'est-à-dire des blocs opératoires en capacité de prendre en charge.
09:04 - Ça veut dire qu'il y en aura quoi dans tous les CHU, dans tous les départements, dans toutes les régions ?
09:07 C'est quoi ?
09:07 - Il y a l'idée d'en avoir un par région.
09:09 - Un par région.
09:09 - Et que nous ayons dans chaque département les capacités à accueillir des personnes en situation de handicap.
09:16 Beaucoup de handicaps sont des handicaps invisibles, 80 %,
09:19 qui nécessitent des prises en charge particulières, qui nécessitent des consultations plus longues,
09:24 qui nécessitent de préparer les interventions, donc qui nécessitent des formations des professionnels de santé.
09:30 Et nous avons véritablement la volonté d'avancer dans ce domaine-là.
09:34 - Et le handi-bloc, ce sera 2027 aussi ? C'est la même échéance ?
09:37 - Oui, les échéances que nous donnons avec cette conférence nationale du handicap, ce sera 2028.
09:43 Nous ferons un plan pluriannuel sur cinq ans.
09:47 Et je pense que c'est ce qu'attendent les associations.
09:50 Elles ont raison.
09:51 - Elles seront là, les associations, ou pas ?
09:53 - Bien sûr qu'elles seront là.
09:54 - Elles seront là cet après-midi, parce qu'elles ont menacé de boycotter la réunion,
09:56 elles n'ont dit pas assez de concertation.
09:59 Le collectif handicap, il sera là cet après-midi ?
10:00 - Alors le collectif handicap est composé d'une cinquantaine d'associations,
10:06 dont une très grande partie sera présente cet après-midi.
10:11 Alors, nous avons travaillé depuis six mois.
10:14 Il y a eu des groupes de travail, 500 personnes qui se sont concertées.
10:17 Tout ce qui va être annoncé aujourd'hui est le fruit de cette concertation
10:21 qui a été rigoureuse, comme toujours dans le handicap,
10:24 puisque c'est une des politiques qui, depuis toujours,
10:26 se construit avec les personnes concernées et les associations.
10:29 - Merci beaucoup.
10:30 Je termine en disant qu'il y a quelques jours, la défenseure des droits a noté une hausse de réclamation
10:33 en matière de lutte contre les discriminations.
10:36 Ce qui a fait dire à l'Ancien des Nuls,
10:37 les producteurs Dominique Farruggia sur Instagram, ceci.
10:39 Le handicap reste le premier motif des discriminations en France depuis six ans.
10:43 On espère que ça pourra changer.
10:44 Merci à vous d'être venu, Madame la Ministre.
10:45 - Merci beaucoup.

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