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Le trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) concerne environ 3 % des adultes, d'après TDAH France. Angéline (@ange.agh) se confie sur son parcours et répond aux idées reçues sur ce trouble.
Transcription
00:00 et je ne comprends pas, tu n'es pas du tout hyperactive.
00:01 L'hyperactivité, ce n'est pas que physique, pour le coup, c'est mental.
00:05 Là, tu ne te rends pas compte, mais en fait, quand je suis en train de te parler,
00:08 actuellement, je pense à autre chose.
00:09 Je m'appelle Angéline, j'ai 24 ans, je suis créatrice de contenu et podcasteuse.
00:16 Et on va parler du TDAH.
00:17 Le TDAH, c'est le trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité.
00:22 Ça se manifeste dans la vie de tous les jours, dans le quotidien d'une personne.
00:26 Et c'est principalement le fait qu'on soit en manque de dopamine dans le cerveau.
00:30 Dans la vie de tous les jours, je me sentais différente
00:32 parce que je voyais que j'avais un certain décalage avec les autres.
00:36 Je n'étais pas aussi imprégnée dans tout ce que je faisais,
00:38 par exemple quand c'était en cours ou dans une discussion,
00:41 ou même dans mon hygiène de vie.
00:43 Je ne comprenais pas pourquoi, par exemple, je n'arrivais pas à avoir une chambre propre.
00:47 Pourquoi je n'étais pas organisée rien que dans ma tête ?
00:48 Alors en fait, le TDAH, on parle de trois principaux symptômes ou comportements.
00:54 On a l'inattention, l'impulsivité et l'hyperactivité.
00:58 L'hyperactivité mentale, ça, tout le monde l'a.
01:00 Il faut savoir qu'avant, il s'appelait TDA ou TDAH.
01:02 Maintenant, on a tout recoupé, c'est TDAH, parce que le H, c'est l'hyperactivité mentale.
01:07 Et du coup, moi, ça va se manifester au quotidien
01:09 parce qu'en fait, j'ai une pensée en arborescence.
01:12 Je ne suis jamais au repos, même dans le lit avant de dormir.
01:14 Je peux être ultra fatiguée physiquement,
01:17 mais quand je suis dans mon lit, ça va fuser, ça va fuser, fuser.
01:20 Quand je parle avec une personne, je n'ai jamais qu'un seul sujet de conversation.
01:23 J'ai toujours une autre voix qui me parle dans ma tête et qui pense à plein d'autres trucs.
01:27 Sinon, il y a beaucoup l'inattention qui m'handicape.
01:30 Par exemple, ce matin, je suis arrivée plus de 20 minutes en retard au travail
01:34 parce qu'en fait, si je ne fais pas les habitudes que je me suis créées,
01:39 du coup, ça me perturbe et je ne me retrouve plus du tout.
01:41 Donc là, en l'occurrence, je ne trouvais plus mes clés de voiture.
01:44 Et ça, c'est qu'un tout petit détail,
01:46 mais il y a tellement d'autres choses qui se passent
01:48 qu'on oublie dans la vie de tous les jours, en fait,
01:50 à cause du fait qu'on pense à autre chose dans notre tête.
01:52 Il y a des personnes qui vont être plus hyperactives physiquement que mentalement.
01:55 Et moi, ça va être dans ma tête.
01:57 Donc, je vais tout le temps avoir besoin de m'occuper.
01:59 Dans une conversation, il faut absolument que je...
02:01 Soit que je pense à autre chose ou soit qu'il faut que je touche quelque chose,
02:04 que j'ai une musique ou quelque chose pour que ma tête, mon cerveau, il soit comblé.
02:11 Je me prends des remarques, forcément, que ce soit sur les réseaux ou dans la vraie vie.
02:13 Dans la vraie vie, c'est juste des personnes qui vont me dire
02:17 "mais je ne comprends pas, tu n'es pas du tout hyperactive".
02:19 L'hyperactivité, ce n'est pas que physique, pour le coup.
02:22 C'est mental.
02:23 Là, tu ne te rends pas compte, mais en fait, quand je suis en train de te parler,
02:25 actuellement, je pense à autre chose.
02:27 Donc là, actuellement, je parle, mais je pense à autre chose dans ma tête.
02:29 Et c'est juste que ça ne se voit pas.
02:30 Et sur les réseaux sociaux, ça va être plus "mais tout le monde a ça".
02:35 Non, tout le monde n'a pas ça.
02:36 Donc, si tout le monde a des petits comportements comme ça de temps en temps, tous les jours,
02:40 sauf que ça ne va pas impacter réellement la vie de la personne qui n'a pas le TDAH.
02:45 Donc, nous, ça va être très handicapant.
02:47 Professionnellement parlant, à l'école, dans la vie perso,
02:50 dans sa propre hygiène de vie,
02:52 et donc, ce n'est pas comparable de dire "oui, moi, de temps en temps, je suis fatiguée".
02:56 Oui, moi aussi, ça m'arrive d'oublier d'éteindre la lumière quand je sors d'une pièce.
03:01 Il y en a beaucoup qui pensent que le TDAH, c'est un effet de mode.
03:04 Et en fait, du coup, vu que c'est amené sur des plateformes où il y a des traînes, etc.,
03:08 les gens, ils prennent peut-être ça moins au sérieux.
03:10 Mais il faut savoir que le TDAH a été écrit pour la première fois dans la littérature médicale en 1775.
03:19 Et vous imaginez bien qu'au 18e siècle, il n'y avait pas les réseaux sociaux.
03:22 Il faut le vivre pour le comprendre.
03:25 Et c'est très compliqué de se faire prendre au sérieux quand la société pense comme ça.
03:29 Je suis tombée sur une vidéo d'une fille qui parlait du TDAH.
03:32 J'en avais déjà entendu parler quand j'avais 17 ans.
03:35 Et puis, un beau jour, je suis retombée sur une vidéo, du coup, d'une fille qui en parlait.
03:39 Et à ce moment-là, j'ai commencé à me poser des questions.
03:41 Et je vivais TDAH à partir de ce moment-là.
03:44 Je me suis dit "bon, ben, c'est peut-être ça que j'ai".
03:46 Et j'ai tout fait pour me faire diagnostiquer.
03:49 C'est pas du tout facile de trouver un psychiatre aussi rapidement que ça.
03:53 Parce qu'en fait, tout est bouché, il y a beaucoup de monde.
03:55 Et déjà, c'est pas facile en premier lieu de se faire prendre au sérieux.
03:58 Puisque mon médecin généraliste m'avait dit que "ben non, c'est que les enfants qui sont diagnostiqués".
04:03 Donc, si tu l'avais, tu aurais été diagnostiqué quand tu étais petite.
04:06 Or, c'est faux.
04:08 Donc, même quand on est adulte, on peut se faire diagnostiquer.
04:09 Ça, c'est très important de le savoir.
04:11 Je lui ai dit "est-ce que vous pouvez au moins me donner un courrier ?".
04:14 Et puis, je me débrouille avec ça.
04:15 Et du coup, je me suis trouvé un psychiatre qui est diagnostiqué via l'échange de mail.
04:21 Donc, pour l'instant, j'ai été diagnostiqué par mail.
04:24 Et là, je suis en attente depuis plus d'un an d'un rendez-vous à l'hôpital
04:28 pour avoir un diagnostic plus détaillé.
04:29 Dans la vie de tous les jours, j'ai maintenant des réflexes.
04:32 Donc, par exemple, pour l'exemple des clés, en fait, dès que je rentre à la maison,
04:35 il faut absolument que...
04:37 Il faut pas que je me laisse aller en mode "bon, allez, je la flemme, je laisse les clés dans mon sac".
04:40 Parce que je sais personnellement que cette pensée-là de "je laisse les clés dans mon sac",
04:43 le lendemain, j'aurai complètement oublié.
04:45 Du coup, dès que je rentre, j'accroche mes clés dans le porte-clés.
04:49 Et il faut que ce soit un rituel tous les jours qui soit sans cesse refait, refait, refait.
04:53 Et ce qui est compliqué à gérer maintenant, c'est...
04:57 En fait, quand je suis seule, je vais réussir à avoir certaines habitudes.
05:00 Mais dès qu'il y a quelqu'un, ça va tout perturber.
05:02 Donc, je travaille de jour en jour pour savoir
05:06 quelles techniques, quelles habitudes je peux adapter encore.
05:09 Il y en a beaucoup qui sont très complexés à cause de leur TDAH.
05:13 Ils pensent que c'est une certaine forme de faiblesse, que je peux tout à fait comprendre.
05:17 Mais moi, je le vois plus comme une force.
05:19 Parce qu'être neuroatypique, ça veut dire qu'on peut apporter des idées différentes
05:24 dans la vie de tous les jours.
05:25 Et que c'est pas parce qu'il y a toute une société où il y a plus de neurotypiques
05:30 que les neuroatypiques, ils ont pas leur place.
05:32 Donc, c'est une très grande force de pouvoir apporter de la nouveauté
05:36 et une grande créativité surtout.
05:39 [SILENCE]

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