L'invité de RTL Matin du 27 avril 2023

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Regardez L'invité de RTL du 27 avril 2023 avec Amandine Bégot.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h44, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Bégaud vous recevez donc ce matin la nouvelle secrétaire générale de la CGT
00:13 Sophie Binet.
00:14 Elisabeth Born a donc présenté hier sa feuille de route pour les 100 prochains jours. La première ministre dit vouloir tondre la main à
00:19 toutes les bonnes volontés, je la cite, que ce soit parmi les parlementaires, les élus locaux ou les partenaires sociaux. Êtes-vous prête ce matin Sophie Binet
00:27 à saisir cette main tendue ?
00:28 La question c'est main tendue sur quoi ? Si c'est main tendue pour venir discuter de la mise sous
00:33 conditionnalité du RSA et de la stigmatisation des personnes qui sont privées d'emploi, pour nous c'est non.
00:38 Si c'est pour venir parler emploi des seniors
00:42 alors qu'on a une réforme qui s'applique de façon extrêmement violente
00:46 au 1er septembre et qui va reporter l'âge de départ pour des milliers de personnes sans qu'il n'y ait aucune mesure pour les seniors,
00:52 c'est pas non plus sur quoi on est demandeur. Dans un premier temps, dans un premier temps l'idée
00:57 dit la première ministre, c'est de construire un agenda social. Elle veut aboutir à la construction d'un calendrier
01:03 d'ici à la mi-juillet. Ça vous êtes ok pour y aller ?
01:06 En fait, comme nous le disons depuis le début, si il n'y a pas de retraite cette réforme des retraites, il y a un contexte de défiance
01:12 très fort vis-à-vis de l'exécutif, à la fois des salariés du pays, ça se voit, à la fois des organisations syndicales
01:18 et la page sera compliquée à tourner. Et donc ce qu'il faut c'est que l'on puisse
01:23 retirer cette réforme pour retrouver une sérénité et puis parler des vrais sujets, à savoir par exemple la question des salaires.
01:29 La page sera compliquée à tourner dites-vous ce matin, mais vous ne me dites pas,
01:32 elle ne se tournera pas. Ça veut dire que vous continuez à demander le retrait de cette réforme avec quand même en tête
01:38 le fait que cette réforme elle sera pas retirée et qu'il va quand même à un moment ou un autre falloir retourner autour d'une table.
01:44 Ça veut dire que nous continuons à nous battre pour le retrait de cette réforme. Nous avons bien
01:47 identifié le 8 juin prochain qu'il y avait une proposition de loi qui a été déposée à l'Assemblée Nationale qui serait examinée sur l'abrogation de la réforme.
01:53 Nous appelons les députés d'ailleurs à voter pour cette proposition de loi pour permettre une sortie de crise parce qu'on voit bien qu'à l'évidence
02:00 il n'y aura pas de retour à la normale si la réforme n'est pas retirée.
02:04 Donc vous n'irez pas à l'Elysée
02:05 pour une réunion avec les autres syndicats, avec le patronat, avant ce 8 juin ?
02:12 Ça dépend pour parler de quoi et encore une fois la décision sera prise en intersyndical.
02:16 Si c'est pour parler augmentation des salaires immédiates, c'est une proposition qu'on examinera.
02:21 Mais pour l'instant ce n'est pas du tout les propositions de la Première Ministre qui nous demandent de parler de sujets clivants,
02:25 qui nous demandent de venir parler de stigmatisation des chômeurs, alors que je rappelle qu'il y a toujours 5 millions de personnes privées d'emploi
02:31 dont la moitié ne sont pas couvertes par les allocations chômage,
02:35 qui nous demandent de venir parler de la réforme du lycée professionnel alors qu'elle est combattue par les enseignants et par les élèves puisqu'elle
02:41 diminue les volumes horaires pour les élèves les plus en difficulté.
02:44 Ce n'est pas avec ce type de sujet qu'on tend la main.
02:47 Mais elle a parlé rémunération hier.
02:49 Elle dit d'ailleurs que le gouvernement a fait sa part, le SMIC va être revalorisé à partir de lundi,
02:54 plus 2,19%, on est à près de 6% sur un an, c'est presque le niveau de l'inflation.
03:00 Ça c'est une bonne chose, le gouvernement, il faut le rappeler, n'était pas obligé d'augmenter ce SMIC au 1er mai.
03:04 C'est les mesures relativement automatiques d'augmentation via l'inflation.
03:08 Le problème c'est que le gouvernement dit que c'est de la responsabilité des employeurs de travailler sur les salaires,
03:13 et ne met en place aucune mesure.
03:14 Mais le gouvernement ne peut pas obliger les entreprises à augmenter les salaires.
03:17 Eh bien si, il pourrait mettre en place une indexation automatique des salaires sur les prix,
03:21 c'est ce qui existait en France jusqu'en 1983, c'est ce qui existe toujours en Belgique,
03:25 et qui protège les salariés belges de l'inflation.
03:28 Mais ça voudrait dire que quand les prix augmentent les salaires augmentent,
03:30 mais quand les prix baissent les salaires baissent.
03:32 Ah non, c'est une indexation vers le haut, c'est ce qui existe en Belgique et avant 1983,
03:36 les prix baissent assez rarement quand même.
03:38 Et ça ne risque pas d'alimenter l'inflation ça ?
03:40 Non, là on voit qu'on a une inflation...
03:42 C'est l'argument de ceux qui sont contre cette mesure là ?
03:44 C'est ça, mais dans ce cas là je leur demande pourquoi il y a de l'inflation aujourd'hui.
03:46 Aujourd'hui il y a 20% d'augmentation des prix alimentaires,
03:49 par contre il n'y a pas d'augmentation des salaires.
03:51 Donc on voit bien que l'inflation elle n'est pas générée par l'augmentation des salaires, c'est complètement faux.
03:55 Donc Sophie Binet, pour être très claire,
03:57 si le gouvernement ne dit pas "on indexe les salaires sur l'inflation", vous n'allez pas à l'Elysée ?
04:05 Si le gouvernement n'ouvre pas des discussions sur des sujets qui nous intéressent,
04:09 par exemple la question des salaires, par exemple la question des conditions de travail,
04:13 de la démocratie sociale, comment est-ce qu'on prévient les accidents du travail,
04:17 nous n'irons pas à l'Elysée pour parler de mesures agressives, ça c'est sûr.
04:21 En attendant vous allez continuer la mobilisation, on l'a compris.
04:23 Il y a ces concerts de casseroles, notamment à chaque déplacement de ministres.
04:27 Je voulais vous faire entendre Gabriel Attal, le ministre des Comptes publics,
04:30 qui était ici sur RTL à votre place avant-hier.
04:32 Écoutez ce qu'il disait de ceux qui viennent protester à coup de casserole.
04:36 Il est 7h43, je pense qu'il y a des personnes qui nous écoutent,
04:39 qui sont en train d'aller travailler ou qui s'occupent de leurs enfants avant de les amener à l'école.
04:42 Il y en a probablement qui sont inquiètes ou qui sont en colère.
04:45 Je ne suis pas sûr que ce soit des personnes qui peuvent se permettre
04:48 d'aller de 14h à 18h en pleine semaine attendre un ministre.
04:51 Moi ce qui m'intéresse c'est de répondre aux inquiétudes, aux angoisses,
04:54 à la colère des Français qui travaillent.
04:56 Sophie Binet, que répondez-vous ce matin à Gabriel Attal ?
04:59 Ce n'est pas la France qui travaille, qui participe à ces concerts de casserole ?
05:01 Ça montre que le gouvernement n'a toujours rien compris de ce qui se passait dans le pays.
05:04 Il y a 95% des salariés qui rejettent cette réforme des retraites.
05:07 Il faut revenir à la raison et la retirer, sinon il n'y aura pas de retour à la normale.
05:11 En même temps quand on travaille, ce n'est pas simple de se libérer entre 14h et 18h
05:14 pour attendre un ministre.
05:16 Bien sûr, mais c'est une diversité de personnes qui se mobilisent.
05:19 Celles et ceux qui se travaillent font des manifestations aussi le soir.
05:22 Il y a des rassemblements le soir à 20h.
05:25 Et puis effectivement, il y a plein de personnes qui ne peuvent pas matériellement
05:28 participer aux mobilisations, qui le souhaiteraient, parce qu'on voit
05:31 que le soutien à la mobilisation est très fort et très populaire.
05:34 Et donc nous appelons tout le monde à venir manifester le 1er mai.
05:36 Une mobilisation massive, historique, dit le renseignement territorial,
05:41 qui redoute quand même des débordements entre 1 000 et 2 000 éléments perturbateurs
05:46 et sans doute très violents.
05:48 Ça vous inquiète, ça Sophie Binet ?
05:50 La mobilisation du 1er mai, elle sera inédite et exceptionnelle.
05:53 C'est la première fois que l'ensemble des organisations syndicales appellent à manifester.
05:57 Ça sera familial, populaire, festif, puisque je rappelle que dans les cortèges syndicaux,
06:04 la sécurité des manifestants et manifestantes est toujours assurée.
06:08 Et puis il y aura aussi une dimension internationale au 1er mai,
06:11 puisqu'il y aura près de 100 syndicalistes des cinq continents
06:14 qui vont venir nous soutenir pour dire ensemble combien la mobilisation française
06:18 est importante aussi pour eux dans leur pays.
06:21 Parce que si on tire les droits des Françaises et des Françaises vers le bas,
06:24 c'est l'ensemble des droits des travailleurs du monde qui sont atteints.
06:27 Mais quand les autorités font fuiter cette note des renseignements,
06:30 vous dites quoi ? C'est une espèce de manipulation pour dissuader les gens d'aller manifester ?
06:35 Oui, c'est ça. C'est encore les stratégies classiques de démobilisation pour faire peur.
06:38 Mais je pense que chacune et chacun sait que dans les cortèges syndicaux,
06:42 il n'y a rien à craindre et qu'il faut être extrêmement nombreux le 1er mai
06:47 pour que nos messages soient entendus.
06:48 Donc j'appelle vraiment à venir en nombre le 1er mai avec la famille,
06:52 les enfants, les parents, les amis, pour que nous soyons le plus nombreux
06:55 et nombreuses possible à la manif le 1er mai.
06:57 D'un mot, il nous reste une minute. Parmi les images qui ont choqué ces derniers jours,
07:00 il y a eu ce mannequin, l'effigie d'Emmanuel Macron, qui a été roué de coups,
07:03 puis brûlé à Grenoble. La justice a ouvert une enquête.
07:06 Est-ce que vous condamnez ce genre d'action ?
07:08 Nous condamnons toutes les actions violentes sur les personnes.
07:11 Ce ne sont pas des militants de la CGT qui ont fait ça ?
07:14 Je ne sais pas. J'avoue que vous m'apprenez cette action.
07:17 Ce que nous disons depuis le début, c'est qu'il y a une colère très forte dans le pays
07:21 qui ne cesse de monter face au passage en force du gouvernement
07:24 avec cette réforme qui n'a aucune justification économique
07:27 et qui n'a aucune légitimité démocratique.
07:29 Et que par sa politique, le gouvernement accentue cette colère.
07:33 Et que là, la seule stratégie du gouvernement, c'est de jouer le pourrissement,
07:36 ce qui est extrêmement grave, pour ensuite faire peur,
07:39 essayer de décrédibiliser les mobilisations. Mais on voit bien que ça ne marche pas.
07:41 Le président qui est attendu dimanche au Stade de France pour la finale de la Coupe de France,
07:45 les syndicats de Seine-Saint-Denis ont l'intention de distribuer 30 000 cartons rouges
07:48 et 10 000 sifflets. Vous nous le confirmez ce matin ?
07:51 Je leur fais toute confiance.
07:53 Merci beaucoup Sophie Binet.
07:55 - Merci. - Merci.
07:56 [SILENCE]

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