Jo-Wilfried Tsonga, qui a mis un terme à sa carrière de tennisman professionnel après Roland-Garros 2022, est toujours très proche du monde tennistique aux côtés de ses amis et associés, Thierry Ascione et Patrick Bouchet, à l'initiative du ALL in Country Club de Lyon, toujours en construction à Décines-Charpieu. Un site très ambitieux qui accueillera, à quelques mètres du Groupama Stadium, un complexe sportif de 32 000 mètres carrés unique en son genre en France proposant des infrastructures multipubliques, de la famille aux académiciens (tennis, padel, fitness, piscine, bien-être... en espérant y attirer d'ici à trois ans, au moins 1 200 membres et pour une adhésion à un peu moins de 200 euros par mois). Le projet est ambitieux et vise à former les champions de demain, en s'appuyant sur l'expérience et les compétences des deux anciens joueurs professionnels. Ce complexe prévoit également à ses futurs adhérents des installations supplémentaires (maquettes ci-dessous) : terrains de padel, spa, et service de restauration. Les trois hommes à l'origine de ce projet se sont donc présentés aux médias ce jeudi 27 avril pour communiquer sur l'avancée des travaux, qui seront terminés avant l'ouverture du site prévu pour juillet 2023. Jo-Wilfried Tsonga, ex numéro 5 mondial et finaliste de l'Open d'Australie 2008, en a également profité pour revenir, au micro de Tennis Actu, sur l'actualité tennistique : Roland-Garros qui approche, son envie de rejouer au tennis ou encore son goût du challenge, qui l'a mené là où il est aujourd'hui.
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00:00 On y est, on y est, on est très heureux, on va pouvoir ouvrir dans de très bonnes conditions.
00:09 Le but, c'est vraiment pas de faire une académie, parce que c'est là qu'on nous
00:19 parle beaucoup de notre académie, notre académie, notre académie.
00:21 Aujourd'hui on a un groupe qui a différentes activités, évidemment on est porté sur
00:27 le haut niveau, c'est notre ADN.
00:29 Mais aujourd'hui on construit aussi des infrastructures pour le loisir, pour le bien-être.
00:34 Il y en a pour tout le monde, il y en a surtout pour les familles.
00:36 Ce sera destiné à nos membres, ça reste d'une certaine manière un club privé, en
00:44 dehors du restaurant et du magasin qui seront ouverts au grand public.
00:49 On se réjouit vraiment du moment où on va pouvoir commencer l'exploitation et voir
00:59 les premières personnes arriver et s'éclater sur les infrastructures.
01:03 Bonjour, on est chez toi, on est chez vous, c'est quoi le sentiment ? On est à trois
01:11 mois de l'ouverture, c'est impressionnant, il reste du boulot quand même ?
01:15 Oui bien sûr, il reste pas mal de boulot, mais c'est vrai que ça va très vite.
01:19 En fait le gros du boulot c'est souvent les fondations.
01:21 Là on est très contents de la tournure que ça prend, de la vitesse à laquelle ça
01:28 a été.
01:29 Parce que c'est vrai que même si on ne dirait pas comme ça, on n'est vraiment pas
01:33 loin du dénouement et de la possibilité de pouvoir exploiter le site.
01:39 Donc on se réjouit, en même temps on est très heureux et évidemment très fiers de
01:45 ce qu'on a pu réaliser.
01:47 Je n'aurais jamais pensé que j'aurais été capable un jour de pondre un projet comme
01:54 celui-là, parce qu'il faut savoir qu'on a vraiment travaillé dessus pendant le Covid.
02:02 On a été des heures et des heures sur nos ordinateurs, en visio, à penser le projet,
02:13 à le mettre en forme, à trouver les moyens de financement, à être 24 heures sur 24
02:22 presque sans dodo à penser à ça.
02:25 Et donc aujourd'hui on y arrive bientôt et on est juste hyper heureux et on espère
02:31 que les gens vont pouvoir y passer du bon temps, comme nous on se l'est imaginé dans
02:36 nos têtes.
02:37 Tu l'as dit il y a eu le Covid, il y a eu une conjoncture économique pas facile, c'est
02:40 quand même culotté de lancer ça quand même non ?
02:42 Oui, mais bon, voilà, c'est vrai que moi j'ai eu l'habitude qu'on me dise que ce
02:54 n'était pas possible.
02:55 Que ce n'était pas possible, désolé Joe, mais je ne suis pas sûr, tu es trop grand,
03:02 trop jeune, tu es trop costaud, tu es trop ci, tu es trop ça, tu n'arriveras pas.
03:07 Et j'ai toujours adoré ce challenge et moi ne serait-ce qu'être un joueur de tennis
03:15 professionnel, pour moi ça a été un challenge, pour moi ça c'était un nouveau challenge.
03:19 Quand j'ai dit on va construire en 18 mois, on m'a dit mais n'importe quoi, ce n'est
03:22 pas possible.
03:23 Ben voilà, on y est, il nous reste 3-4 mois, presque tout est terminé, il ne reste plus
03:28 finalement que des habillages pratiquement sur les intérieurs et sur les cours de tennis.
03:35 Donc voilà, je suis encore une fois assez fier et j'attends la prochaine fois où on
03:41 me dira que je ne suis pas capable.
03:42 Donc avec Joe tout est possible, tu nous fais la transition, il y a presque un an tu mettais
03:48 un terme à ta carrière à Roland-Garros, quelle année c'est passé quand même ?
03:52 Ah ouais, quelle année, parce qu'honnêtement pour moi ça n'a pas été facile, tous les
03:58 jours j'y pense encore, au fait d'être sur le terrain de temps en temps.
04:03 Mais j'ai eu la chance justement d'avoir un projet comme celui-là qui m'a tenu, on
04:09 va dire de façon constante, au niveau adrénaline.
04:18 Parce qu'il y avait du risque, parce qu'il y avait du travail.
04:22 Donc voilà, ça a remplacé un peu ce que je faisais avant.
04:27 Et comme avant, on se réjouit de pouvoir célébrer les victoires quand on a bien travaillé.
04:34 Aucune envie de reprendre en une année ?
04:36 Si je vous dis dans le meilleur des mondes, je me dis "Allez, dans deux ans, tout ça
04:41 ça tourne, je suis bien, j'y retourne".
04:44 J'adorais, j'adorais.
04:46 Mais non, ce n'est pas réaliste aujourd'hui.
04:48 Voilà, j'ai arrêté, je sais pourquoi j'ai arrêté.
04:51 J'ai arrêté premièrement parce que physiquement, j'ai commencé à vraiment tirer sur la machine
05:01 et à "hypothéquer" les années de vie qui me restent.
05:09 Tout simplement parce que j'ai envie de profiter au maximum de mes enfants, de pouvoir courir
05:15 avec eux tout le temps.
05:16 Et c'est vrai que j'avais les articulations qui commencent à être bien touchées.
05:19 Le but c'était évidemment de ne pas aller trop loin pour pouvoir profiter de la seconde
05:26 partie de ma vie, de mes enfants, de ma famille, de pouvoir faire de beaux projets comme ceux-là.
05:31 C'est cool parce que tu nous fais des transitions.
05:34 Tu parles des blessures.
05:35 On arrive à Roland-Garros, on va parler forcément de Rafa.
05:38 Inquié, pas inquié ? On a vu Amélie il y a quelques jours.
05:41 Elle n'est pas inquiète parce qu'avec Rafa, à Roland-Garros, tout est possible.
05:44 C'est un peu comme Joe dans sa vie.
05:45 C'est quoi ton sentiment toi ?
05:47 Moi, je ne suis pas inquiet pour Rafa.
05:51 J'invite tout le monde à ne pas l'être pour lui.
05:55 Tout va bien.
05:56 Tout va bien.
05:57 Non, mais des fois, il faut savoir prendre aussi du recul.
06:00 Je pense que pour lui, chaque année qui passe, c'est un plus.
06:06 S'il est capable de jouer, ce sera un plus.
06:09 S'il ne peut pas jouer, ce ne sera pas un moins.
06:11 Rafa, c'est 15 ans de victoire à Roland-Garros.
06:17 C'est une légende du tennis.
06:19 Il risque de le rester pour des années et des années.
06:23 Il le restera pour toujours, mais il risque de rester le premier ou le deuxième joueur
06:32 de tous les temps sur des dizaines d'années.
06:36 Honnêtement, je ne suis pas inquiet pour Rafa.
06:40 Ce que je lui souhaite, en tout cas, c'est d'être bien dans ses baskets.
06:44 Je pense qu'il l'est largement.
06:46 Il est au top, Rafa.
06:49 Ça ne sert à rien de polémiquer sur le fait qu'il fasse à Roland plus ou de moins.
06:55 Ça ne changera pas grand-chose à ce qu'il est.
06:57 Pas inquiet non plus pour Djokovic, qui est un peu gêné par son coude.
07:01 Pas inquiet non plus pour Novak.
07:04 Pour les mêmes raisons.
07:05 Je pense que c'est un joueur exceptionnel.
07:09 Il y a deux joueurs exceptionnels.
07:10 Pour les avoir côtoyés toutes ces années, je ne sais pas si c'est par chance ou par
07:15 malchance, mais ça a été des joueurs incroyables.
07:20 Et sur le terrain et en dehors.
07:21 Pour les connaître personnellement.
07:24 Aujourd'hui, je ne suis pas inquiet pour eux.
07:29 C'est sûr que si on parle de carrière tennistique, on peut se poser les questions.
07:36 Est-ce qu'il y en a un qui va jouer ? Est-ce que les deux ne vont pas jouer ?
07:39 Il n'y a qu'eux qui peuvent répondre à ça.
07:44 Et encore.
07:45 Côté français, est-ce qu'on a enfin trouvé la génération dorée qui vient après vous
07:50 en la personne d'Arthur Fyss et Lucas Van Hach en attendant que le futur numéro un
07:55 français sorte de la All-In ?
07:57 Déjà, je ne savais pas que nous, on avait été une génération dorée.
08:00 J'aurais bien voulu que je sois champion.
08:03 Les fameux mousquetaires.
08:05 J'aurais voulu être champion olympique, gagner 6-7 grands chelèmes minimum.
08:11 Non, nous, on est une génération qui effectivement a très bien joué au tennis.
08:17 Qui a, je pense, inspiré beaucoup de jeunes aussi.
08:23 On a joué dans une génération, je pense, hors normes, exceptionnelle.
08:31 C'était hors normes le mot, pas dorée.
08:32 Hors normes.
08:33 C'est vrai qu'on s'est tiré la bourre.
08:38 Aujourd'hui, c'est ce qu'il faut pour nos jeunes.
08:40 C'est qu'ils soient capables de se tirer la bourre et d'aller chercher les plus grands
08:47 joueurs au monde.
08:48 Moi, j'ai toujours pensé que c'était une histoire de cycle.
08:53 Il y a des bons joueurs qui s'en vont, d'autres qui y arrivent.
08:59 Ça prend plus ou moins de temps.
09:01 La chance qu'on a en France, c'est d'avoir un vivier exceptionnel.
09:04 Une fédération qui ratisse très large, qui loupe pas beaucoup de talents.
09:10 Aujourd'hui, oui, je pense qu'on va être susceptible d'avoir des champions.
09:20 Mais on en a déjà, entre guillemets, mais des très très forts.
09:25 On les attend.
09:27 On a des jeunes qui sont très bons.
09:29 Qu'est-ce qui leur manque ?
09:32 Qu'est-ce qui leur manque ? Ah ben du temps.
09:34 Le temps, c'est le nerf de la guerre.
09:39 Si vous avez 16 ans, vous n'allez pas être champion tout de suite, a priori.
09:42 Si vous avez 18, vous en rapprochez.
09:46 Si vous avez 19, vous pouvez l'être.
09:48 Mais il faut leur donner le temps.
09:51 Aujourd'hui, on ne claque pas des doigts.
09:54 On dit « demain, il y a un champion ». Non.
09:56 Même un gars qui fait une super performance la semaine prochaine, ce n'est pas sûr
09:59 qu'il réédite, il peut se blesser, il peut avoir des problèmes familiaux, il peut se
10:05 passer plein de choses.
10:06 Il faut du temps pour fabriquer des champions.
10:11 Je pense que c'est important de les accompagner là-dedans en leur disant que ce n'est pas
10:19 demain.
10:20 Le but, c'est d'avoir un beau projet, de s'y tenir, de ne pas regarder à droite
10:25 et à gauche et de foncer tout droit.
10:27 Il y en a un qui prend son temps, c'est Richard Gasquet.
10:29 Il est toujours le numéro un français, il est toujours là.
10:31 Oui, oui, oui.
10:32 C'est l'avenir.
10:33 C'est l'avenir du tennis français.
10:36 C'est incroyable.
10:37 En même temps, ce n'est pas surprenant.
10:41 Moi, ça ne me surprend pas.
10:43 Je sais qu'il est passionné, je sais qu'il adore ça, je sais qu'il adore cette vie-là.
10:47 Donc, ça ne me surprend pas.
10:49 Je suis ravi que mon pote s'éclate sur le terrain comme il le fait.
10:56 Mon fils, là, m'en fous.
10:59 On parlait tout à l'heure des blessures de Nadal, Djokovic.
11:02 Là, par contre, c'est peut-être plus dur parce que le corps, ils sont vraiment lâchés.
11:05 Un peu comme vous, à l'époque ?
11:06 Oui, un peu comme tous les joueurs qui arrivent à un âge où ça commence à piquer un petit
11:15 peu.
11:16 Je n'étais pas une "exception".
11:19 Tout le monde a son lot de problèmes, de blessures.
11:22 Après, Gaël, c'est une longévité incroyable aussi.
11:28 C'est comme Rafa, comme Novak, comme d'autres.
11:33 C'est la génération 86-87.
11:35 C'est assez exceptionnel ce qu'ils font quand même.
11:41 Moi, je pense que c'est ça qu'il faut saluer.
11:43 Après, le fait qu'il fasse un rôle en de plus, un de moins ou deux de plus, je ne sais
11:48 pas si ça changera la donne sur ce qu'il a fait et ce qu'il a réalisé.
11:51 Peut-être s'il va gagner.
11:54 Après, si jamais un de ses joueurs venait à gagner à ces âges-là, ce serait quand
12:01 même aussi une petite révolution.
12:04 De Roland-Garros 2023, on va fêter les 40 ans de la victoire d'un certain Yannick Noa.
12:10 Vous serez là ?
12:11 A Roland-Garros ?
12:12 Oui, je serai présent.
12:13 J'ai eu quelques oui-dires, mais voilà.
12:16 40 ans de la victoire d'Yannick Noa, quand même.
12:18 C'est quelque chose.
12:20 Déjà, c'est quelque chose, parce que c'est le seul qui a gagné en grand-chelème en
12:27 France.
12:28 Évidemment qu'on est tous fiers et admiratifs de ce qu'il a pu faire dans le passé.
12:36 Et ce qu'il fait toujours, d'ailleurs.
12:39 Il faut savoir qu'Yannick est toujours hyper actif.
12:44 Même si, finalement, je trouve qu'on n'en parle pas beaucoup, il fait quand même beaucoup
12:49 de choses ici et là.
12:52 Donc, voilà.
12:53 Je suis ravi de pouvoir être là pour les 40 ans de la victoire de Yannick.
12:59 Et puis, j'espère que ça va être une belle fête.
13:01 Et puis, j'espère surtout que ça va annoncer d'autres victoires à Roland-Garros.
13:04 Vous ne serez pas sur le cours, mais vous ne pouvez pas dire encore où vous serez ?
13:07 Comment ça, je serai ?
13:09 Lors de ce Roland-Garros.
13:10 Je ne serai pas sur le terrain, mais je serai sur le site.
13:13 Suspense.
13:15 Vous reconnaissez votre rôle sur ce Roland-Garros 2023 ?
13:18 Moi, je viens jouer.
13:21 Je viens jouer.
13:22 Le retour est proche.
13:25 Non, je ne viens pas jouer du tout.
13:28 Je viens regarder les matchs.
13:29 Merci, Lou.