Il y aura un avant et un après Lille pour Arthur Bouquier. Sorti des qualifs du challenger nordiste, le Tricolore, 424e mondial, a vécu une semaine de rêve qui s'est achevée en apothéose avec un titre, même s'il aurait préféré que Lucas Pouille ne sorte pas en chaise roulante, victime d'une rupture du tendon d'Achille en finale. Dans le Nord, Bouquier a successivement battu le Russe Ivan Gakhov, l'Allemand Rudolf Molleker et quatre Bleus : Matteo Martineau, Benjamin Bonzi, Tom Paris et Calvin Hemery. Sur le plan comptable, c'est un gain de... 170 places pour être 254e mondial. Autant dire qu'il va pouvoir mettre de côté les Futures et fréquenter les Challengers. Sur le plan financier, il a touché un énorme chèque de 25 740 euros. Pour Tennis Actu, Arthur Bouquier, en plein doute avant Lille, est revenu sur sa folle semaine mais aussi sur son parcours et son apprentissage du tennis pro. ENTRETIEN.
Photos : @ATPChallenger /@PlayInChallenger/@FFT
« Le tennis, partout & toujours ici », sur
https://www.tennisactu.net / Tennis Actu
Photos : @ATPChallenger /@PlayInChallenger/@FFT
« Le tennis, partout & toujours ici », sur
https://www.tennisactu.net / Tennis Actu
Catégorie
🥇
SportTranscription
00:00Alors Arthur, tout simplement, comment vas-tu après les émotions dingues que tu as vécues
00:09à Lille la semaine dernière ?
00:10Bah écoute, ça va, j'arrive pas trop à m'en rendre compte, c'est vrai que j'ai fait
00:17une semaine assez incroyable, j'ai trouvé, j'ai jamais pensé que finalement je pouvais
00:23faire une semaine comme celle-là, surtout vu les conditions dans lesquelles j'étais
00:29ces dernières semaines, voire ces derniers mois, c'était assez compliqué pour moi,
00:35pas mal de problèmes perso en dehors et tout, donc voilà, j'en avais perdu un peu mon
00:40tennis et c'est vrai que le fait de faire une semaine comme celle-là, pour l'instant
00:46j'arrive pas trop, encore une fois, à m'en rendre compte, voilà, je sais pas d'où j'ai
00:51trouvé toutes ces ressources on va dire, après voilà, c'est pas du hasard non plus,
00:58la semaine juste avant je me suis bien entraîné, je me sentais un peu mieux, et du coup voilà,
01:05après je pensais pas non plus gagner le tournoi, alors oui la fin était assez triste, mais
01:14c'est vrai que les matchs d'avant, tout ça, c'est vrai que j'ai fait de très bons matchs
01:19et c'est vrai que sur la durée je me sentais pas avant capable de faire ça, déjà sur
01:25un tournoi, et en plus un tournoi comme celui-là, donc voilà, pour l'instant j'arrive pas
01:30trop à réaliser, on verra dans les prochains jours.
01:33Justement cette finale, tu l'as dit, ça finit pas comme tout le monde l'espérait, on pouvait
01:41être parti pour un beau combat, il y a la terrible blessure de Lucas, bon bah pas de
01:45surprise, la blessure est grave, raconte-nous un peu ce que tu t'es dit sur le moment et
01:50puis à la fin de ce match.
01:52Déjà j'étais très triste pour lui, parce que déjà, c'est vrai qu'il a quand même
01:58un donné hurlé de douleur, et d'autant plus devant ses proches, son public aussi, parce
02:05qu'il est de là-bas, donc c'est vrai que ça m'a fait vraiment de la peine, et c'est
02:12vrai que sur le moment j'ai pas trop réalisé, voilà, j'étais plus focus sur lui, directement
02:19après qu'il se soit écroulé, et après, bon, voilà, je m'étais dit que j'ai quand même
02:26gagné le tournoi, mais c'est vrai que voilà, dans un premier temps j'étais très triste
02:30pour lui, mais voilà, je sais pas trop quoi dire, je suis fin à bouffer.
02:36Ça prend au trip, j'imagine, un peu, quand t'entends le gars qui puisait un joueur que
02:41toi, t'as dû voir à la télé, t'as pris son doute, ça doit prendre au trip.
02:46Je lui ai dit, sur le discours de la fin, à la cérémonie, voilà, c'était un honneur
02:52pour moi de jouer contre lui ce jour-là, c'est vrai que depuis tout petit je le regardais
02:57faire ce qu'il a fait, monter jusqu'au dixième rang mondial, c'était très très beau,
03:04après, c'est vrai que en plus ça a l'air d'être un super mec, voilà, c'est un ami
03:10à mon coach en plus, donc voilà, tout était réuni finalement pour être triste, tout
03:20simplement, pour lui, mais bon, c'est comme ça aussi, je lui souhaite encore un bon courage
03:29surtout et j'espère qu'il reviendra le plus vite possible et encore plus fort.
03:35Et qu'est-ce qu'il t'a dit lui, justement, après ton titre, j'imagine qu'il a dû aussi
03:39un peu vouloir te remettre dans l'ambiance d'un titre et il a sûrement eu des mots sympas
03:45envers toi.
03:46Directement, moi j'ai pu se parler de sa blessure, je me suis un peu intéressé sur
03:53le banc quand il est venu à côté de moi avant la cérémonie, enfin, ce qu'il pensait
04:00que c'était, combien de temps aussi, et voilà, il m'a dit que pour lui c'était sûrement
04:08son dernier match de sa carrière, alors après, je ne sais pas s'il l'avait dit à chaud
04:13ou quoi, mais j'ai lu après 2-3 articles, il disait qu'il allait essayer de revenir
04:17en 2026, mais c'est vrai qu'à ce moment-là, c'était vraiment, voilà, encore une fois
04:24j'étais très triste parce que c'est vrai que le voir comme ça, dans cet état-là,
04:28puis sa famille, ses proches, tout ça, donc d'où il revenait, il revenait dans le top
04:34100, c'était déjà, enfin, c'était très beau, et c'est vrai que le voir dans cet
04:39état-là, ça faisait vraiment quelque chose, quoi.
04:42Et la joie, alors, elle est venue à quel moment ?
04:44Et après, du coup, il m'a parlé quand même, voilà, il m'a parlé, voilà, devant, avec
04:52le micro, à la cérémonie, il m'a dit qu'en gros, il fallait que je rêve grand parce
04:58qu'il y avait une possibilité de faire quelque chose de pas mal, donc voilà, il
05:04m'a dit que j'étais bien entouré avec mon coach et tout, bon, j'en ai plusieurs,
05:09mais cette semaine-là, c'était Sébastien, et voilà, et moi, ça m'a fait énormément
05:14plaisir, et ça m'a aussi donné conscience et confiance en moi aussi à ce moment-là.
05:20Oui, donc justement, cette joie, tu la ressens à quel moment ? Finalement, c'est un petit
05:25peu plus tard dans les vestiaires, c'est au moment du discours, est-ce que ça a été
05:30difficile de peut-être de retenir tes larmes, ou est-ce que justement, il y a eu des larmes ?
05:34Non, ouais, c'était assez particulier parce que finalement, les matchs d'avant, j'ai
05:39réussi à les célébrer comme il fallait, et en fait, là, c'est vrai que c'était
05:45spécial, quoi, on voyait avec qui, puis moi, je ne savais pas trop quoi dire, montrer ma
05:53joie ou pas, parce qu'au final, je trouvais que c'était un moment quand même assez triste
05:57pour lui, pour les gens aussi, parce qu'il est de là-bas, de base, de la région, donc
06:02non, moi, je ne savais pas trop quoi dire, finalement, c'est vrai que j'étais content
06:10de voir que mon classement, finalement, avait pas mal bougé, mais j'étais aussi content
06:16des matchs que j'avais fait avant, mais c'est vrai que sur le moment, je ne me suis pas
06:21dit, j'ai gagné le capouille, incroyable, quoi, non, c'était très spécial.
06:28Raconte-nous un peu alors ce parcours, parce que bon, la finale, on en a parlé, mais la
06:34semaine à l'extraordinaire, t'arrives en manque de confiance, t'as des défaites quand
06:39même pas bonnes avant ça, et là, t'arrives dans le Nord, t'écliques, tu sors en top
06:46100 alors que t'avais jamais battu de top 200, Benjamin Bonzi en plus, qui est redoutable,
06:51en tchat en France, et puis, de toute façon, au niveau ATP, c'est incroyable.
06:58Non, comme je l'ai dit, j'étais pas bien, voilà, les semaines d'avant, je pense que
07:03les résultats mauvais étaient dus à ça, j'étais vraiment pas présent, quoi, quand
07:12j'allais sur le terrain, j'étais triste, je pensais à autre chose, voilà, je pensais
07:18à mes problèmes, tout ça, donc c'était vraiment dur, je sentais que plus les jours
07:24et plus les semaines avançaient, finalement, je sentais mon projet m'échapper, en fait,
07:30et c'est vrai que j'avais bien joué l'année dernière en future à cette époque-là en
07:36plus, donc plus les semaines avançaient, plus je voyais que j'allais perdre des points,
07:40et je me sentais pas en fait capable de gagner un match, quoi, c'était terrible comme sensation,
07:47et voilà, et comme je l'ai dit, après, j'ai fait en sorte que ça aille mieux, voilà,
07:52j'ai eu pas mal de spécialistes aussi pour essayer de m'en sortir, j'ai beaucoup parlé
07:59aussi à mes coachs, à mes amis aussi, à mes parents, voilà, j'ai énormément parlé,
08:07j'ai vu un ostéopathe, je sais plus comment on appelle ça, mais un ostéopathe émotionnel,
08:14voilà, j'ai essayé des choses, en fait, j'ai essayé des choses, donc je m'appréconnais
08:21ça, donc j'ai essayé, et puis en fait, finalement, je sais pas si c'est dû à ça, mais ouais,
08:27ça m'a vraiment fait du bien à ce moment-là, j'ai fait une semaine, je me sentais bien
08:34physiquement, je sentais que je frappais mieux dans la balle, et j'avais envie d'aller à Lille,
08:41parce que j'aimais bien ce tournoi déjà, et je me rappelle, la dernière, j'avais passé les
08:45califs d'ailleurs, et j'avais adoré, du coup, j'étais vraiment motivé à aller là-bas, c'est
08:53vrai que le premier match était assez compliqué, parce que manque de repères un peu, devant le
09:00score, voilà, je commençais un peu stressé, paniqué, tout ça, parce que je gagnais pas
09:07beaucoup de matchs en ce moment, et j'ai l'impression de ne plus savoir comment finir,
09:10voilà, des essais, des breaks, enfin bref, du coup, le premier match était compliqué,
09:16mais finalement, quand j'ai gagné ce premier match, je me sentais vraiment bien à la fin,
09:21et après, je sais pas, je suis resté dans le moment présent, j'ai kiffé mes journées là-bas,
09:30j'ai essayé de faire un peu une journée pour essayer d'optimiser un peu le max de mon temps,
09:41voilà, comme je l'ai dit, je suis allé faire des magasins, je suis allé manger au resto,
09:45j'ai bougé un coup dans Lille avec mon coach, voilà, c'était assez chill, finalement,
09:53ces journées, je me suis pas trop pris la tête, pas resté trop dans le tennis,
09:56et je suis arrivé sur mes matchs, voilà, je me sentais très bien, pas plus de pression que ça,
10:03et c'est vrai que pour le coup, en fin de tournage, je me suis rendu compte que j'ai
10:09réussi sur tous mes matchs à être constant, mentalement, physiquement, tennis, enfin voilà,
10:15tout était réuni, j'ai trouvé, et voilà, je me retrouve à gagner le tournoi, sans,
10:22sans, voilà, avoir de pensées négatives, ou même positives, finalement, quand tu es devant
10:32le score, prêt à gagner le match, et finalement, tu as cette petite pression qui arrive, mais j'ai
10:37jamais ressenti ça, quoi, j'ai jamais ressenti ça, et c'est vrai que le match, je pense, le plus
10:44dur a été contre Tom, Paris, parce que voilà, la veille, Benjamin, en 3-7, c'était, c'était beaucoup
10:55d'émotions, déjà, et c'est vrai que quand j'ai vu que Tom avait gagné, juste après, en fait,
11:01c'est vite redescendu, j'étais déjà focus sur le match, j'avais énormément de pression, voilà,
11:06j'avais perdu deux fois contre lui d'affilée, donc voilà, je pense que ce match-là a été le plus
11:12dur à gérer, en tout cas, j'en ai pas beaucoup dormi la nuit, la veille, mais voilà, après, j'ai
11:18su gérer sur le moment présent, et voilà, c'était très positif, en tout cas. Et donc, tu as parlé de
11:25problèmes, est-ce que c'est quelque chose dont tu peux parler, ou tu préfères que ce soit pas? Non, je
11:30préfère, non, je préfère, mes proches le savent, en tout cas, s'il y en a qui verront la vidéo, le
11:36sauront, mais non, après, je pense que c'est pas très utile à le dire ici. Et en tout cas, c'était des
11:44soucis perso qui pouvaient t'amener à potentiellement arrêter ta carrière? Non, pas arrêter, mais pas du
11:51tout arrêter, mais c'est vrai que ça m'a affecté beaucoup, ça m'a affecté beaucoup, et moi, je suis
11:57quand même quelqu'un de très sensible, et finalement, je pensais pas que ça allait prendre autant
12:02d'ampleur, mais voilà, comme j'ai dit, ça va mieux, enfin, ça va un peu mieux, et voilà,
12:12encore une fois, les personnes que j'ai vues avant m'ont aussi fait du bien, je pense, et voilà,
12:19ça m'a fait prendre un peu de recul aussi là-dessus, sur cette histoire, donc voilà, tant mieux,
12:25il faut continuer. On a parlé du sportif, mais il y a aussi l'aspect financier, tu gagnes 25 000 euros,
12:33si je ne me trompe pas, ça doit représenter un tiers de ton prize avant de la semaine à Lille,
12:38donc c'est quand même incroyable, ça aussi, ça doit faire du bien. Oui, bien sûr, bien sûr,
12:43bon alors, je t'avoue que j'ai pas regardé le prize monnaie que j'avais totalement, mais c'est
12:49vrai que d'un coup, ça fait énormément de bien, parce que c'est vrai que sur les futures,
12:52cette somme-là, tu la gagnes des fois limite pas en une année, donc c'est vrai que quand elle
12:59arrive d'un coup sur le compte, c'est tout de suite un soulagement pour mes parents et pour
13:05moi aussi, voilà, et en plus, à vrai dire, j'y ai même pas pensé finalement pendant le tournoi,
13:12c'est vrai que j'étais tellement content de jouer, de m'amuser, de jouer dans les gens,
13:18voilà, puis les personnes de l'organisation étaient top, donc finalement, j'ai pas eu cette
13:23pression, on va dire, même de points finalement, de points et de prize monnaie, donc finalement,
13:30ouais, c'est un bonus qui est arrivé d'un coup et j'en suis content. Ouais, ça doit changer,
13:36j'imagine, ça facilite sans doute les plans pour l'année et puis je sais pas comment tu t'organises,
13:41tu vois avec tes parents pour financer ta saison ? Ouais, mes parents m'aident,
13:46mes parents m'aident beaucoup, après moi, j'essaie de faire le max aussi de mon côté,
13:50mais voilà, tout ce que j'essaie de payer, tout ce que je peux payer, en tout cas,
13:54j'essaie de le faire, mais mes parents m'aident aussi à côté, donc là, ça va aussi un peu les
14:00soulager. Ouais, parce qu'on le répète, on l'a souvent dit avec les joueurs qui sont habitués
14:06du circuit secondaire, c'est aussi un fardeau cet aspect financier de se dire qu'on peut aller en
14:11tournoi, perdre de l'argent, mais qu'il faut le faire pour quelques points, c'est quand même
14:16une épée de Damoclès aussi constamment au-dessus de la tête des joueurs. Ouais,
14:22bien sûr, et c'est vrai que quand tu as tout d'un coup qui arrive en mi-semaine, parce que
14:30finalement, même mon classement, j'avais jamais eu autant de points d'un coup, parce que je crois
14:34que je n'ai même pas dépassé les 115 points au total, donc c'est vrai que d'un coup, j'ai en
14:40plus 125 points qui arrivent, donc c'est vrai que ça jamboule un peu toute la prog finalement,
14:47mais tant mieux, parce que c'est aussi l'objectif, mais c'est vrai que pour l'instant, comme je t'ai
14:54dit, je n'arrive pas trop à réaliser, parce que pour moi, j'allais retourner sur les 15000 dollars
14:58dès la semaine prochaine, et finalement, là, je me retrouve à jouer des tableaux finaux de
15:06challengers, pratiquement, peut-être tout le temps, je ne connais pas encore les cuts en
15:11général, mais en tout cas, je me rapproche doucement de ces choses-là. C'est aussi l'occasion de te
15:19découvrir, raconte-nous un petit peu comment tu es venu au tennis, et puis comment s'est passé
15:24un petit peu ton parcours, on va dire, dans l'adolescence dans le tennis ? J'ai été mis au
15:31tennis par mon père, qui est entraîneur, et infirmier psychiatrique aussi, comme ma mère,
15:39et voilà, en fait, il m'a mis au tennis parce que j'arrivais pas à dormir, et il voulait me
15:48fatiguer le plus possible, parce que j'étais infernal le soir, et du coup, bon, ça n'a pas
15:56marché apparemment, mais non, voilà, j'ai commencé le tennis grâce à lui, et ensuite, j'ai été
16:03détecté très rapidement par la ligue, vers 5-6 ans, donc j'ai fait mes premiers stages, voilà,
16:08à la ligue, ensuite j'ai intégré un peu l'espoir à Besançon, j'y suis resté trois années, j'ai fait
16:16une année chez moi, au collège normal, voilà, parce que pour diverses raisons, et ensuite j'ai
16:24intégré la structure à Montbéliard, enfin à Belfort, et là, ça va faire, je crois, ma huitième année,
16:31j'y suis, ou neuvième, je sais plus, et depuis, voilà, je suis toujours resté là-bas, et j'ai
16:40toujours les mêmes coachs, voilà, bon, il y en a un ou deux qui ont changé, mais c'est toujours,
16:44en tout cas, les mêmes, le même directeur, et voilà, et tout se passe bien, et actuellement,
16:51tout se passe bien, bien sûr, dans les années, les années ont défilé, et on a dû changer des
16:57trucs, même moi aussi, j'ai dû changer, parce qu'il y a encore deux ans, c'était un peu catastrophique,
17:04comment je m'organisais, voilà, ce que je faisais aussi en dehors, tout ça, donc j'essaie de me
17:12structurer, et pour essayer au moins d'avancer le plus possible, parce que je voyais qu'à un moment donné,
17:19ça freinait, tu veux dire dans ta vie personnelle, les sorties, c'est ça exactement, voilà, j'étais pas
17:30assez rigoureux, voire même pas du tout, voilà, j'ai fait pas mal, voilà, j'ai fait pas mal de
17:39sorties, on va dire, au mauvais moment, voilà, après bon, c'est pas anodin, je pense qu'il y a
17:49eu aussi quelques problèmes, on va dire, là-haut, dans ma tête, je pense que c'est, à l'époque, je parlais
17:58d'une petite dépression, on va dire, je pense, je voulais plus de l'eau tennis, mais ma seule
18:05envie, c'était de sortir, et voilà, d'être le plus loin possible du cours, donc quand je
18:11pouvais le faire, voilà, je le faisais, et d'ailleurs, ces années-là, je me rappelle, on me chariait
18:18beaucoup sur le fait que je perdais tout le temps en quart de finale, en futur, et c'est vrai que plus
18:24les semaines s'enchaînaient, plus je faisais des quarts de finale, et au bout d'un moment, voilà, dès que
18:29j'ai eu l'opportunité de faire une demi, je coulais, quoi, et voilà, et donc c'était un peu, c'était une
18:36période assez dure, quand même, mais voilà, après, j'ai su, je pense que la maturité est
18:43arrivée aussi un peu plus tard chez moi, et je le ressens actuellement, voilà, je pense que ça fait
18:49un an et demi que je commence à être plus mature sur certains points, et je pense que ça se voit
18:55aussi, donc après, voilà, je suis pas totalement arrivé à mon objectif, mais en tout cas,
19:02voilà, je m'y rapproche, et c'est pas du hasard, je pense. Non, finalement, t'es devenu
19:08professionnel, et est-ce que tu peux nous dire rapidement juste avec qui tu travailles, et puis un
19:15petit peu ta structure ? Ouais, je m'entraîne, alors mon premier coach de la structure, c'est Thierry Kvarskava,
19:22le directeur, après, j'ai Pierre Evunier, en Suisse, qui travaille en France, c'est pas tous les jours qu'on voit ça,
19:32lui aussi est prépa mental, surtout, mais aussi est entraîneur, et j'ai Sébastien Boltz, qui est arrivé
19:42il y a deux ans dans la structure, et voilà, et j'ai un préparateur physique, il s'appelle Jean-Marc
19:50Stark, aussi, et on est un groupe, voilà, de dix joueurs, à peu près, dix ou douze joueurs, dont des mecs entre
19:58moins 4 et 0-4, voilà, et puis, voilà, moi, j'ai toujours voulu rester dans ma région, parce que
20:08j'y mets beaucoup d'importance, et c'est vrai que j'ai toujours voulu, en fait, rester quand même proche de
20:15chez moi, voilà, j'ai besoin, quand je rentre de tournois, au bout de tant de semaines, voilà, de retrouver mes
20:21proches, de rentrer un coup chez moi, et voilà, parce que mentalement, ça me fait du bien, je trouve, et j'ai
20:28l'impression que j'ai besoin de ça de plus en plus, quoi.
20:30Une structure à Belfort ?
20:32Ouais, c'est ça.
20:34Oui, donc, tout à l'heure, tu parlais un petit peu de ton évolution, tu disais qu'il y avait des années compliquées,
20:41et c'est vrai qu'en regardant un petit peu ton parcours, on voit que t'as coincé quand même quelques saisons entre 700 et 500,
20:47et il y a eu finalement, l'année dernière, un premier déclic, avec deux titres, en 15 000, j'imagine que là, il s'est déjà passé
20:57quelque chose, avant même qu'il y ait l'ampleur de la semaine dernière.
21:01Ouais, bien sûr, je m'en rappelle, l'année dernière, avant de partir à Brésuire, voilà, mes parents, ils m'avaient pris entre
21:10quatre yeux, et ils m'ont dit, écoute, on fait quoi maintenant ? Parce qu'ils voyaient que je stagnais, donc finalement, je pense
21:19que pour tout parent, voyant son fils stagner, c'est une question qu'il fallait se poser. Voilà, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
21:28Je commençais aussi à me parler un peu du DE, tout ça, et puis moi, j'étais vraiment pas chaud, quoi. Vraiment pas chaud, et finalement,
21:37on avait fait une réunion avec le directeur chez moi en août dernier, avant le début de septembre, et donc on s'était dit, voilà,
21:49qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Est-ce qu'on met ça, ça, ça en place ? Pour voir ce que ça peut donner, tout ça.
21:56Donc voilà, de septembre à décembre, il n'y avait pas trop de résultats, mais voilà, on avait mis des choses en place. Je sentais que je
22:05commençais vraiment à mieux jouer, à mieux me structurer aussi, à être un peu plus sérieux en dehors, et faire moins ces conneries que
22:13j'avais faites auparavant. Et voilà, et en fait, j'ai eu cette discussion du coup avec mes parents, avant Brésuire, donc en janvier, je crois,
22:21après les fêtes, et moi, ça m'a mis quand même pas mal de pression, quoi, parce que je me dis, bon, ils me parlent de ça deux jours avant
22:29d'aller en tournoi et tout, c'est pas l'idéal, quoi. Et finalement, voilà, je fais ma première finale sur le circuit futur, je perds sur
22:39ma lige. Mais voilà, semaine positive, en fait, tout s'est enchaîné, en fait, j'ai gagné mon premier titre la semaine d'après, je crois, à Végie.
22:50Après, j'ai fait pas mal, j'ai joué beaucoup, en fait, j'ai fait des CNGT futur, et j'ai gagné beaucoup de matchs, ça m'a mis énormément
22:58en confiance, et finalement, voilà, sur six mois, on va dire, j'ai fait sept finales, une en 25 000 avant de me blesser aussi. Donc voilà, et je sentais
23:11que je progressais, pour une fois, ce que j'avais pas ressenti depuis, on va dire, deux, trois ans. Et voilà, et en fait, je me blesse à ce moment-là,
23:20fracture de fatigue, et pendant trois mois, voilà, je fais rien du tout. Je fais rien du tout, j'étais chez moi, je pouvais plus marcher, c'était un peu ennuyant,
23:30mais bon, voilà, j'étais content d'être chez moi, je faisais d'autres choses. Et après ma blessure, j'ai réattaqué direct sur les Challengers en France, là,
23:37tout ce qui était Ren, Rohan, voilà, tout ça. Sauf que je sentais qu'il manquait un truc, quoi. Depuis ma blessure, voilà, je sentais que je frappais pas bien
23:50dans la balle et tout. Mon état d'esprit était bon, mais voilà, je sentais que je jouais pas bien. Et voilà, et en fait, on a pas trop lâché l'affaire, quoi.
24:00J'ai eu après, voilà, ces problèmes un peu en dehors, mais où j'étais, voilà, très triste pendant deux, trois mois. Et voilà, là, j'ai réussi à, comme je t'ai dit tout à l'heure,
24:12à en parler, tout ça. Et puis j'ai fait cette semaine-là incroyable, donc voilà. Là, voilà, je te dis pas que je vais faire ça toutes les semaines, bien sûr, j'aimerais bien,
24:20mais après, je pense qu'il faut que je reste dans le présent, du moins, il faut pas que je me projette, surtout, et on verra par la suite ce qui peut se passer.
24:30Ouais, là, t'as l'air quand même d'avoir tourné la page, on va dire, des moments compliqués, une nouvelle dynamique. T'es 254e, quels sont les plans maintenant pour la suite ?
24:41J'imagine que les qualifs de Grand Chelem, on en les a forcément en tête.
24:45Ouais, bien sûr, mais après, comme je t'ai dit, je connais pas du tout ce genre de tournoi, finalement. J'en ai fait très peu, et c'est vrai que me rapprocher de tous ces trucs-là, Grand Chelem et tout,
25:01tu te dis que c'est un truc que tu penses depuis des années, voire depuis tout petit, et là, c'est proche, je dis pas encore, mais c'est proche.
25:13Et puis même, j'avais fait une programmation de futur, finalement, les prochaines semaines, avec mes coachs, pour essayer de regagner des matchs, et finalement, là, je me retrouve à devoir tout switcher,
25:27donc c'est très bien, mais par contre, hier, j'ai eu un rendez-vous important, comme je t'ai dit hier, et j'ai pas eu le temps déjà de réaliser ce que j'ai fait la semaine dernière.
25:45Là, je viens de rentrer ce matin, j'ai pas eu le temps non plus de parler de ma prog, je repars à Toulouse tout à l'heure, je vais m'entraîner avec Axel Garcia jusqu'à Pau, donc j'ai l'impression que je peux pas souffler, mais tant mieux.
26:03C'est la dynamique qui se prolonge, non ?
26:05C'est la dynamique, ouais. Après, là, avec la route, tout ça, je me sens un peu fatigué, mais faut que je reprenne un peu un rythme de semaine, ça ira.
26:13Et ça te fait peur, cette suite ? J'étais un mec de futur, et d'un coup, je deviens un mec de tchat, qui est déjà un autre monde, quand même. On se rapproche de l'ATP, et puis il y a des beaux rendez-vous, ça te fait un peu peur ?
26:27Bah, c'est vrai que ça fait un peu peur. C'est vrai que j'ai pas trop confiance en moi de base, et puis là, le fait de me voir proche de tout ça, finalement, comme je t'ai dit, je m'en rends pas trop compte.
26:39Mais bon, je pense que je vais devoir prendre un peu plus confiance en moi, parce que j'ai l'impression qu'on me l'a souvent dit, et encore dernièrement, et par pas mal de joueurs aussi.
26:50Donc finalement, il faut que j'essaie au moins de mettre ça dans le crâne, pour essayer de faire quelque chose de pas mal.
27:00Et là, t'as plus d'excuses, parce que maintenant, tu t'es prouvé que t'étais capable de battre un genre du top 100, et des mecs de niveau challenger ?
27:08Ouais, bien sûr. Mais encore une fois, Benjamin Bonzi, je l'avais joué en équipe, je l'avais gagné, mais c'était quand même un contexte différent.
27:19Et puis moi, j'adore les équipes. Mais ouais, encore une fois, toute la semaine a été incroyable, dans le sens où j'ai réussi à enchaîner chaque match un peu de la même façon.
27:32Et mon niveau de jeu était très bon, j'ai trouvé, et mon état d'esprit surtout aussi. Et je pense que l'état d'esprit a fait en sorte que mon niveau de jeu était bon aussi.
27:43Donc ouais, je vais essayer de prendre le temps de réaliser, et puis après, on verra par la suite les tournois qu'on va pouvoir faire.
27:54Après, j'ai vu qu'il y en avait en France, pas mal, donc je pense déjà qu'on va rester en France, parce que les organisations en France sont très bonnes, je trouve qu'elles sont incroyables.
28:05Et puis après, comme je t'ai dit, on verra, on ne va pas s'affoler, on va faire chaque semaine un peu tous les jours.
28:18En tout cas, on va prendre le temps surtout, je pense, parce qu'il ne faut pas non plus se précipiter et faire n'importe quoi.
28:28Est-ce qu'il y a un rêve particulier que tu as en tête, un truc qui te ferait vraiment kiffer en tant que joueur de tennis ?
28:37Déjà, mon rêve, c'est d'intégrer le Top 100 et de monter le plus possible.
28:46Après, j'ai toujours voulu vivre de ma passion, donc le tennis.
28:52Et sinon, ce qui me ferait kiffer, ce serait de jouer en Coupe Davis, parce que j'adore cette ambiance d'équipe.
29:03Vraiment, j'aurais voulu faire un sport coach, mais je ne pouvais pas tout faire.
29:10De temps en temps, je joue au basket, mais j'essaie de jouer le moins possible pour ne pas me blesser.
29:17La Coupe Davis, ce serait vraiment un rêve, de jouer en équipe pour la France.
29:25Et sinon, personnel, ce serait de participer à une deuxième semaine de Grand Chemin, je pense.
29:37C'est des beaux rêves, c'est bien, c'est ambitieux.
29:39Et les qualifs de Roland, c'est du concret aussi, ça pourrait se passer en mai, ça représenterait quoi ?
29:46De jouer en France, c'est incroyable.
29:50Encore une fois, ça me fait peur de parler de Roland maintenant, parce que je n'ai pas envie de me projeter, d'être déçu.
29:59Donc, j'essaie de faire le max avant.
30:03Je pense que Roland, je ne joue pas trop sur terre ces dernières années.
30:09Je n'ai pas majeur junior, mais très peu ces dernières années sur le circuit futur.
30:14Donc, c'est vrai que ça me fait peur, pas du fait que je ne sais pas jouer sur terre, mais plus de parler de Roland.
30:21Parce que c'est vrai que j'ai déjà joué à Roland pour les championnats de France ou quoi, mais ça n'a rien à voir.
30:26Donc, j'y suis déjà allé en tant que spectateur.
30:29Mais bon, si j'y vais, ça sera très, très bien.
30:35Je serai très content et mes proches aussi sont très contents.
30:39Mais voilà, en tout cas, pour l'instant, je n'y pense pas.
30:42J'essaie déjà de penser à ce que j'ai fait la semaine dernière, ça sera déjà bien.
30:46Mais voilà, en tout cas, si ça arrive, en tout cas, j'irai volontiers.
30:52Écoute, on va te souhaiter le meilleur.
30:55On va te souhaiter les meilleures performances possibles, que tu continues de t'éclater sur le circuit.
30:59Et puis, on va continuer à te suivre, tout simplement.
31:02C'est gentil. Merci.