Quel est le point commun entre JCVD, Street Fighter et Michael Jordan ? Ce sont des légendes !
Entouré d’experts triés sur le volet, Sébastien Abdelhamid vous invite Dans La Légende.
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00:00:00 Bonjour à tous et bienvenue dans La Légende.
00:00:02 Dans La Légende, c'est l'émission qui retrace l'histoire de vos émotions.
00:00:06 On parle de cinéma, de jeux vidéo, de manga, de musique, de sport,
00:00:10 bref, on parle de culture et aujourd'hui, attention, on s'attaque à une légende.
00:00:15 J'ai envie de lire, mais est-ce qu'on a besoin de le dire ?
00:00:17 On s'attaque à Michael Jordan.
00:00:19 Et cette émission ne sera pas en une partie, c'est sûr, c'est clair, c'est net.
00:00:24 On s'attaque aux G.O.A.T. !
00:00:26 [Générique]
00:00:36 Et pour parler du G.O.A.T. et ouais, je mets les pieds dans le plat tout de suite,
00:00:40 j'ai avec moi un plateau digne de la Dream Team.
00:00:43 Je vous demande évidemment d'applaudir Monsieur Georges Edi,
00:00:47 qui est avec nous, la voix de la NBA, du basket en France,
00:00:50 la voix qui a bercé notre enfance et je tiens à le dire, un homme incroyable.
00:00:54 Je suis très très très heureux que tu sois avec nous aujourd'hui.
00:00:58 Merci de m'avoir invité, c'est un sujet que je connais bien.
00:01:01 Ouais, je pense aussi.
00:01:02 À tes côtés, on a Bastien de Trash Talk.
00:01:05 Bienvenue évidemment, grand fan aussi, je kiffe votre travail.
00:01:08 De bons bouquins aussi, on tient à la rappeler, des événements, etc.
00:01:13 Bref, tu fais partie avec toute la team des gens qui portent la NBA
00:01:17 et le basket depuis de nombreuses années et je suis très content aussi que tu sois là avec nous.
00:01:21 Merci, c'est pour invitation, beau plateau.
00:01:23 Avec plaisir.
00:01:24 Et le dernier, attention, Kevin, on va dire le fan numéro 1 de MJ, mais pas que.
00:01:30 Tu as réalisé des documentaires et tu fais un truc très très cool,
00:01:34 le Jordan Tour que tu organises à Chicago, rencontrer les lieux mythiques autour de Jordan
00:01:40 et aussi des gens incroyables. Et tu en reviens d'ailleurs.
00:01:42 Ouais, tout à fait, j'en reviens depuis une semaine. Merci de m'avoir invité.
00:01:46 Avec plaisir.
00:01:47 Alors messieurs, on a du boulot, on ne va pas se mentir,
00:01:50 on n'aura pas le temps sur une émission parce que c'est Michael Jordan.
00:01:53 Il faut respecter quand même l'individu unique qu'il est.
00:01:58 Mais commençons par le début, commençons avant le basket, la jeunesse de Michael Jordan.
00:02:04 Alors messieurs, qui veut attaquer et commencer la jeunesse de Michael ?
00:02:13 Moi, je vais donner la prévision.
00:02:14 Georges, apparemment, tout le monde te lance le ballon.
00:02:17 Et qu'est-ce que vous voulez savoir sur la jeunesse de Michael ?
00:02:20 Quel petit garçon il était déjà ? Dans quel contexte familial il grandit ?
00:02:24 Puisqu'à la base, il est de New York, il naît à New York.
00:02:27 Oui, mais il a grandi en Caroline du Nord.
00:02:31 Et surtout, l'histoire que tout le monde raconte, c'est qu'il n'a pas été sélectionné dans son équipe du lycée sa première saison.
00:02:42 Donc ça l'a vexé et ça a commencé sa carrière au niveau de la motivation, la hargne, gagner tout à tout prix.
00:02:53 Et donc après, il a progressé, il fait partie de l'équipe, il devient le meilleur joueur de l'État.
00:03:00 Mais là, tu vas limite trop vite. Moi, je veux savoir ce qui se passe avant.
00:03:03 Parce que le basket, c'est pas... à la base, c'est pas le basket qu'il aime gagner, t'es d'accord ?
00:03:07 Non, à la base, c'est un joueur de baseball. Il commence le baseball à 8 ans.
00:03:14 Et très vite, ça devient un bon joueur de baseball. Il est très rapide.
00:03:19 Son premier surnom, c'est "Rabbit". Donc dû à ses oreilles et sa rapidité aussi déjà.
00:03:26 Je dis le lapin pour la prod.
00:03:28 Oui, ça veut dire lapin.
00:03:30 Et oui, apparemment, c'est un très bon lanceur aussi.
00:03:36 Et donc, il va se distinguer. Ils vont faire une finale d'État quand il aura 10-11 ans.
00:03:43 Sachant que son père, lui, est fan de baseball.
00:03:46 Voilà, son père est fan de baseball. Son coach de baseball bosse à la centrale électrique avec papa.
00:03:52 Tout le monde à Wilmington bosse ensemble. Donc, c'est une petite bourgade.
00:03:57 Et oui, c'est comme ça qu'il commence à faire son entrée dans le sport, avec le baseball.
00:04:03 Oui, parce qu'il y a le baseball. C'est un fan de sport à la base. Il est un peu doué dans différents sports.
00:04:08 C'est pour ça que Georges voulait aller direct sur le basket. On est impatients, nous aussi.
00:04:13 Mais c'est intéressant de savoir la graine qui a été plantée à la base.
00:04:17 Et il vit dans une famille. Comment ça se passe, le contexte familial, chez Jordan, à l'époque ?
00:04:22 Pour compléter les éléments qui ont été donnés, il y a cette...
00:04:27 Je peux appeler ça une rivalité avec son frère.
00:04:30 Il y a quelque chose qui a été beaucoup raconté sur comment il a été éduqué et à quel point ça devait être.
00:04:35 Je pense que tu le sais aussi. Il y a une difficulté dans le fait d'être dans l'ombre de ce frère
00:04:40 qui est comme un héros pour Jordan. Quand il va faire certaines tâches,
00:04:44 s'elles ne sont pas aussi bien faites, il va l'entendre.
00:04:46 Donc, je pense que ce côté compétitivité et rivalité, si il y en a qui ont des frères, connaissent bien ça.
00:04:51 Parce que je pense que c'est un petit peu cette première graine qu'on va retrouver par la suite dans ce qu'est Jordan en tant que personne.
00:04:57 Son rêve, c'était de battre son frère, j'ai l'impression, quand il était plus jeune.
00:05:02 Oui, absolument. Larry a été reconnu pour être un bon athlète.
00:05:10 Limite, c'est lui qui devait être l'athlète de la famille.
00:05:14 Oui, c'était l'athlète de la famille. Il faut savoir qu'il y a des joueurs en NBA, par exemple,
00:05:19 qui connaissaient Larry, qui l'avait croisé en université, au niveau universitaire.
00:05:29 Larry s'est flingué à un genou, donc il a arrêté le sport.
00:05:34 L'idiot a m'en croisé, tu connais.
00:05:36 Il y a une réputation avec lui, notamment sur les Playgrounds en Caroline du Nord,
00:05:42 où c'était un très bon dunker, un mec assez féroce et tout.
00:05:47 Donc, on comprend un peu pourquoi Jordan...
00:05:50 Il est né en 1985 pour la petite tournée Nike, qui est passée inaperçue à l'époque.
00:05:56 Il jouait avec son frère dans la salle de Boulogne-Biancourt devant quelques centaines de personnes.
00:06:03 C'était au tout début de sa carrière.
00:06:06 Il est passé inaperçu, il est venu, il a même fait un tour de bateau-mouche.
00:06:10 Personne ne le connaissait.
00:06:12 Michael et Larry à Boulogne-Biancourt, moi je suis pas né à l'époque, mais ça devait être incroyable.
00:06:16 En même temps, on a eu Travis Scott et Michael Douglas à Le Bras.
00:06:20 Il y a des consommateurs qui sont assez forts.
00:06:23 Michael Douglas, Travis Scott, Balkany, on ne comprend pas forcément.
00:06:28 C'est vrai que Jordan, à l'époque, j'avais 3 ans.
00:06:33 Ça aurait été compliqué.
00:06:35 Et donc, on arrive, finalement, il lâche tout ça pour se diriger vers le basket.
00:06:39 Comme tu le disais, il y a un truc qui fait que le lycée, on ne croit pas en lui au basket.
00:06:47 Au début, bon après il s'est imposé.
00:06:51 Mais comment il s'impose justement ? Comment il convainc les gens ?
00:06:54 Je pense que physiquement, il a mûri.
00:06:59 Et puis, il avait déjà son mental en acier pour jamais s'avouer vaincu.
00:07:08 Mais ça a l'air d'être ce qu'on appelle aux États-Unis "a late bloomer".
00:07:12 C'est plus vers les 2 dernières années de lycée qu'il commence à vraiment être intéressant.
00:07:17 Il a fait quelques camps très réputés, le Garfinkel Camp,
00:07:22 où il a rencontré d'autres joueurs du pays qui étaient de très haut niveau.
00:07:26 Et il a peut-être vu ce qu'il lui manquait pour avoir le top niveau lycéen.
00:07:34 Mais bon, il a plus ou moins atteint ce niveau-là
00:07:38 parce que North Carolina ne recrutait que les meilleurs joueurs du pays.
00:07:43 Mais même quand il arrive à North Carolina, il n'avait pas encore la cote qu'il a eue très rapidement.
00:07:49 Parce qu'ils ont vu que c'était un extraterrestre sur le plan physique.
00:07:53 C'est cette détente surtout qui a impressionné tout le monde.
00:07:56 Mais Dean Smith, qui est un des plus grands coachs avec John Wooden de l'histoire du basket universitaire,
00:08:02 lui, il a vu le potentiel.
00:08:05 Avec son académie de jeu et le fait que Jordan était d'accord pour accepter cette discipline,
00:08:13 tout ça a fait que Jordan a progressé à une vitesse gravée.
00:08:17 Je crois que c'est très vrai et c'est exactement ce que j'allais ajouter après ce que disait Georges.
00:08:22 Quand on a les plus grands athlètes de l'histoire,
00:08:24 souvent on pense qu'ils ont été très forts, dominants très tôt, très jeunes,
00:08:28 et qu'ils l'ont été tout au long de leur carrière.
00:08:30 C'est important pour les gens qui connaissent le très grand Jordan,
00:08:33 mais qui n'ont pas connu les débuts, que quand il arrive à l'université,
00:08:36 ce n'est pas la star numéro un et le gars qu'on veut absolument.
00:08:39 Il y a des gars à côté, dont on va peut-être pouvoir parler,
00:08:42 les Sam Perkins, les James Worsey, qui sont à l'époque, et qui vont devenir des grands joueurs NBA.
00:08:46 Mais à l'époque, ce sont eux les stars qui sont en couverture des Sports Illustrated, etc.
00:08:51 On n'a pas du tout un Jordan qui est option numéro un.
00:08:53 Ça va se développer avec le temps et avec tous ces échelons de
00:08:57 "un obstacle, je passe au-dessus, un obstacle, je passe au-dessus".
00:09:01 Sachant qu'en plus, Jordan, à la base, il avait un petit problème de taille.
00:09:04 Oui, justement, ça c'est un fait marquant dans son cursus lycéen.
00:09:10 Entre sa seconde année et sa dernière, donc sa troisième année,
00:09:14 il va prendre 12 cm, je crois, tout en jouant,
00:09:20 ce qu'il faut savoir avec Jordan, c'est qu'il jouait meneur au lycée.
00:09:24 Donc il était poste 1, contrairement à la légende.
00:09:29 Donc il savait faire des passes.
00:09:31 - T'avais besoin de le casser. - J'étais obligé.
00:09:35 Et donc, il jouait sa troisième année en étant meneur en faisant 1m92, déjà.
00:09:43 Et avec les grandes paluches, les mecs que j'ai interviewés,
00:09:47 qui ont joué contre lui à l'époque du lycée, m'ont dit qu'il avait déjà des mitaines gigantesques.
00:09:53 Et donc, comme disait Georges physiquement,
00:09:57 il mettait tout le monde d'accord en termes de détente, tout ça.
00:10:00 Mais ouais, c'est un "lead bloomer".
00:10:03 Et je pense que c'est aussi une volonté d'Inn Smith de l'avoir scouté en secret avec Coach Williams,
00:10:11 et de l'avoir caché.
00:10:14 Il y a une histoire qui est très connue, d'ailleurs, où il a fait...
00:10:18 Georges parlait des camps. Il a fait le "5 stars camp".
00:10:23 Et c'est un camp qui l'a rendu, qui lui a donné un peu de lumière au niveau médiatique.
00:10:31 Et ça, Dean Smith ne voulait pas. Il voulait garder secret pour la fac et tout.
00:10:36 - L'arme secrète, il cache sa pépite. - C'est l'arme secrète.
00:10:38 - Wilmington, c'est quand même une ville de plus qu'il faut reconnaître.
00:10:41 - Ah oui, c'est la Cambrouche. - C'est vraiment la fin rond de la campagne.
00:10:46 - Donc, pour se cacher, il n'y a pas mieux.
00:10:49 - Vas-y, Georges, sens-nous un équivalent. Foncez à Newington.
00:10:52 - Ah non, tu es avec ces personnes. - Asbrook.
00:10:55 - Non, mais tu peux faire un parallèle avec Superman.
00:10:59 Superman, il vient aussi d'une ville de plouc, avec sa cape rouge.
00:11:03 Là, tu as Jordan, qui vient d'une ville de plouc, avec un dire-zé rouge.
00:11:07 - Et il y a un truc qu'il faut rappeler pour les gens qui ne sont peut-être pas au fait,
00:11:10 que le sport universitaire aux États-Unis, c'est extrêmement important.
00:11:13 Et c'est évidemment l'incubateur du sport professionnel de haut niveau par la suite.
00:11:18 - Et davantage à cette époque-là. - Oui, complètement.
00:11:21 - Maintenant, beaucoup moins, parce que maintenant, les meilleurs joueurs vont jouer un an,
00:11:25 voire une demi-saison, et partir tout de suite en NBA.
00:11:28 Tandis que Jordan, il a fait trois saisons à l'université.
00:11:31 Donc, ça veut dire qu'il est arrivé beaucoup plus mûr sur les terrains de la NBA.
00:11:36 - Tu as raison de le mentionner. C'est un aspect qui, comme le dit Georges, a beaucoup évolué.
00:11:40 Mais culturellement, aux États-Unis, ça reste très fort.
00:11:43 C'est impossible de passer le mois de mars aux États-Unis sans entendre parler de March Madness,
00:11:47 avec cette folie du basket universitaire, où les gens, je parle du boulanger en bas jusqu'à Obama,
00:11:53 ou Biden, ou qui que ce soit, doit remplir son tableau universitaire pour savoir qui va finir numéro un.
00:11:57 Donc, c'est vrai que le basket universitaire est tellement important qu'à l'époque,
00:12:01 il faut essayer de représenter sa fac et même son coin de plouc, ou moins plouc.
00:12:06 - C'est très fort. Identitairement, tu fais les Sweet Sixteen ou le Final Four, même aujourd'hui.
00:12:14 Et c'est d'autant plus fort, même, je dirais, que la NBA.
00:12:18 C'est-à-dire que là, c'est vraiment... Tu vois les familles, en fait.
00:12:21 - Le pays est en pause. - Voilà. Tu vois les enfants qui sont là.
00:12:24 - Il y a un côté local très, très puissant. - Bien sûr.
00:12:26 - Puis tout le monde porte ses couleurs, de son état ou de son équipe.
00:12:30 - Et c'est devenu carrément des marques. On peut penser à UCLA, par exemple.
00:12:32 - Ah oui. - À Duke.
00:12:34 - Et puis, ils adorent les petites histoires. Vous en avez connu beaucoup plus que moi.
00:12:38 Mais ce qu'on appelle les histoires Cinderella. C'est-à-dire vraiment le côté...
00:12:42 On a eu ça en foot en France, avec les petits clubs en Coupe de France
00:12:45 qui arrivent jusqu'au Stade de France alors qu'ils étaient tout en bas.
00:12:47 Le côté Georges universitaire, c'est aussi la possibilité, peut-être pas tous les ans,
00:12:51 mais régulièrement, d'avoir une espèce de petite fac de deuxième ou troisième division
00:12:55 qui monte toujours haut. C'est un peu un truc à l'américaine de David contre Goliath, j'ai l'impression.
00:12:59 - Oui, oui. Complètement. Et cette année, ce qui est étonnant,
00:13:03 c'est que le tournoi féminin a été plus regardé à la télé américaine
00:13:08 que le tournoi masculin parce qu'il y a une joueuse, Caitlin Clark,
00:13:13 qui est une sorte de Stephen Curry femme.
00:13:18 - C'est vrai. - Et qui sera peut-être
00:13:20 une des plus grandes joueuses de l'histoire. Sur deux matchs de suite en tournoi,
00:13:24 elle fait 41 points. Donc, le basket universitaire, ça reste très important.
00:13:29 Et peut-être encore plus important chez les femmes parce qu'elles restent 3 ou 4 ans
00:13:34 encore chez les femmes à l'université. C'est un peu dommage d'ailleurs
00:13:39 que les joueurs arrivent si tôt. Ils sont pas vraiment prêts.
00:13:43 Et il y a beaucoup de casse. Il y a beaucoup de casse aussi dans le système AAU
00:13:47 où les jeunes vont partir le week-end et jouer 8 matchs. Ils vont s'user.
00:13:52 Et c'est pour ça qu'on voit malheureusement beaucoup de très jeunes joueurs
00:13:56 qui se blessent assez grièvement dans la NBA, dans les premières années de leur carrière.
00:14:01 Donc, il y a plein de choses à revoir dans leur système.
00:14:04 - Et puis, t'as aussi, on n'en parle pas, mais les coachs de l'époque de Jordan
00:14:09 quand il est en NCA, c'est des coachs aussi légendaires que certains coachs NBA.
00:14:15 - Voire plus. - Voire même plus.
00:14:18 - Oui, parce que Woodin et Dean Smith… - C'est les Rolls Royce de jeu.
00:14:23 - Il va avoir des relations en plus très fortes. - Voilà.
00:14:26 - C'est une relation paternelle. - Et du coup, pour revenir sur l'université de Jordan,
00:14:32 North Carolina, c'est une université à l'époque dans le basket qui pèse déjà beaucoup.
00:14:38 - Oui, le sang bleu en fait, donc le sang royal comme ils disaient à l'époque.
00:14:45 Et oui, c'est monumental.
00:14:49 - C'est en lignée directe avec celui qui a inventé le basket.
00:14:53 - Oui. - D'accord.
00:14:54 - C'était James Naismith, le Canadien.
00:14:57 Parce que lui, il a formé un coach Fogg Allen à Kansas
00:15:01 et Dean Smith est un pur produit de cette école-là.
00:15:05 Vous vous rendez compte de… - C'est la lignée.
00:15:08 - Oui, c'est ça. C'est un héritage surpuissant.
00:15:12 Mais en plus, moi, j'ai fait un documentaire sur Dean Smith
00:15:16 et cet homme-là était tellement exemplaire sur le plan moral,
00:15:21 comme John Wooden d'ailleurs.
00:15:22 C'est vraiment au niveau des valeurs morales, la valeur du collectif,
00:15:26 toujours priorité aux aînés dans l'équipe de North Carolina.
00:15:30 Donc, il faut attendre son heure, pas être trop conditieux.
00:15:36 - Il y a un respect. - Et Jordan a respecté tout ça.
00:15:39 Et c'est pour ça que je pense qu'en tant que joueur, en tant qu'homme,
00:15:43 il a vraiment eu le parcours parfait.
00:15:46 - Bien sûr. - Il y a une révérence totale.
00:15:48 C'est exactement ça. Il y a une révérence quand on voit
00:15:50 quelqu'un comme Jordan, que ce soit lors de son entrée au Hall of Fame
00:15:53 ou dans des discours. Il y a une différence quand lui parle de Dean Smith
00:15:57 et quand il parle des autres, pour des Phil Jackson,
00:15:59 pour des Scottie Bell, etc. - C'est pour ça que je disais
00:16:00 qu'il y avait une relation encore très… - Une relation paternelle.
00:16:02 - On est sur du paternel, exactement.
00:16:04 Donc, Dean Smith a cet espèce de côté très discret,
00:16:07 pas trop exubérant, charismatique, il est dans le coin,
00:16:10 mais dans le décor. Pas trop proche, mais pas trop loin non plus.
00:16:13 Et ce qui fait qu'il va aider à passionner cette espèce de bond atomique du basket.
00:16:17 Donc, il y a vraiment… Quand on voit Jordan parler de Dean Smith,
00:16:20 il y a une espèce de regard de petit garçon, parfois, qui ressort.
00:16:23 - C'est ce que je disais. Il y a vraiment une relation paternelle,
00:16:26 une filiation à ce niveau-là. - Dean Smith a fait venir,
00:16:29 par exemple, des Joueurs Noirs pour la première fois
00:16:31 à l'Université de North Carolina. - Bien sûr.
00:16:33 - Et on sait qu'avec l'histoire du racisme aux États-Unis…
00:16:36 - Bien sûr. - Et en Caroline.
00:16:37 - Caroline, oui. - Moderne, même avant,
00:16:40 a fait la même chose dans l'Indiana.
00:16:42 Donc, pour plein de raisons, ces gens-là sont des…
00:16:46 - Des très meilleurs. - Ça, c'est des vrais stars,
00:16:48 pour moi. - Et la joke sur la relation Jordan-Dean Smith,
00:16:54 la joke qui tournait dans le basket, c'est le seul homme dans l'histoire
00:16:58 à avoir maintenu Jordan en dessous des 20 points.
00:17:01 (Rires)
00:17:03 - Et justement, comment ça se passe ?
00:17:05 Jordan, sa première année à l'université et les années qui en découlent,
00:17:08 est-ce que tout de suite, il est au-dessus du lot
00:17:11 ou c'est compliqué au début ?
00:17:13 - Il intègre… Dean Smith, fait très rare,
00:17:19 Dean Smith lui fait intégrer le 5 majeur de l'équipe dès son arrivée, en fait.
00:17:25 Donc ça, c'est pas courant dans le basket.
00:17:28 Genre, j'expliquais tout à l'heure, avec Dean Smith,
00:17:31 il faut respecter un cadre, chacun… Les anciens passent d'abord,
00:17:35 puis tu évolues. - Alors, comment ça se fait que…
00:17:37 - Lui, il le fait rentrer dans son 5 majeur.
00:17:39 - Parce que c'était un joueur unique et même Dean Smith a remis en question
00:17:44 ses principes parce que ce joueur était tellement fort physiquement
00:17:48 qu'il fallait absolument qu'il soit sur le terrain.
00:17:51 Et en plus, il met le peignet de la victoire pour gagner
00:17:55 le premier titre universitaire dans l'histoire de Dean Smith
00:17:58 et de North Carolina, quand il était dans sa première année.
00:18:02 Donc la preuve que Smith a eu raison. - Contre qui ?
00:18:05 - Georgetown. - Georgetown, c'est ça.
00:18:07 - De Patrick Ewing, tout à fait. Bien sûr qu'on va retrouver…
00:18:10 - Avec un coach légendaire. - Avec le début d'un running gag
00:18:14 avec Patrick Ewing qui va être très présent, entre les deux.
00:18:16 - C'est pour ça que je tenais à le souligner quand même,
00:18:18 parce que c'est assez rigolo. Et ça devient le premier titre
00:18:21 de North Carolina quand Jordan arrive ?
00:18:24 - Je crois, sans me tromper. - Oui, c'est le premier.
00:18:28 - Donc déjà, il marque l'histoire dans sa première année
00:18:32 avec l'université. - Et c'est marrant quand Jordan
00:18:36 évoque ce tir et en parle, t'as l'impression que dans les grands
00:18:39 moments forts, on parle souvent des shoots contre Utah en NBA,
00:18:42 les grands exploits qu'il a pu faire face à l'NBA.
00:18:44 Mais je vous laisse confirmer, mais j'ai l'impression que
00:18:47 la manière dont il parle de ce tir, c'est qu'il y avait
00:18:50 Michael, Jeffrey Jordan, prénom complet, avant ce tir,
00:18:56 et ensuite ça devient MJ. C'est-à-dire que ce tir lui donne
00:19:00 une espèce de confiance de "OK, je suis capable, je fais le travail,
00:19:03 j'ai du talent, mais je suis capable d'être responsabilisé
00:19:06 et de répondre présent dans ce genre de moment, plus rien ne va m'arrêter".
00:19:09 Parce que dans la suite, qu'est-ce qui se passe ? Dès qu'il arrive
00:19:11 en NBA, on va en parler, mais il n'y a même pas de transition.
00:19:13 C'est-à-dire qu'il arrive et en fait, ce shoot lui donne un tel niveau
00:19:16 de confiance... - Non mais je suis d'accord.
00:19:18 - C'est le déclic absolu. - Il y a un switch en fait.
00:19:21 - En plus, moi dans mon travail de prospection, à chaque fois
00:19:27 que j'ai interrogé quelqu'un qui a joué avec ou contre Jordan,
00:19:32 il y a toujours ce point-là, comme une base qui revient,
00:19:37 où les gens me disent "j'ai vu le shoot de Jordan à la télé".
00:19:43 C'est-à-dire en 82, donc en finale NCAA, je pense que tout le monde
00:19:47 l'a vu aux États-Unis et d'ailleurs, la petite anecdote,
00:19:51 il me semble que l'audience sur place, les téléspectateurs,
00:19:56 c'est toujours un record. Il y a 62 000 spectateurs
00:20:01 ou quelque chose comme ça et ça tient toujours en fait,
00:20:05 comme étant un record. - Sachant que les gens n'avaient pas
00:20:08 encore vraiment entendu parler de Jordan avant, c'est vraiment
00:20:11 à ce moment-là où il y a... - Donc tu vois, il y a vraiment
00:20:13 un taux de pénétration, comme on dit, sur ce dernier shoot-là,
00:20:18 où tu as l'impression, comme disait Bastien, qu'il y a un avant
00:20:21 et un après, il est rentré dans la maison de tout le monde
00:20:24 avec ce shoot. - Et puis les meilleures histoires,
00:20:27 c'est celles où les planètes s'alignent parfaitement.
00:20:30 Donc au moment où il y a une star universitaire clinquante,
00:20:34 spectaculaire, qui est capable un petit peu de prendre le dessus,
00:20:38 la NBA est en transition, essaie d'avoir un nouveau directeur
00:20:42 David Stern, dont on va parler par la suite, qui a la recherche
00:20:46 de la pépite et en plus de ça, j'ai l'impression, Georges,
00:20:49 qu'on est aussi sur une erreur en NBA. On a laissé la place
00:20:52 de J.E. Serving et on a aussi besoin, en plus de Bird et de Magic,
00:20:56 de cette nouvelle superstar autour de laquelle on pourrait construire,
00:20:58 j'ai l'impression, dans ces années 80. - Oui, oui, tout à fait.
00:21:02 Mais c'est à cause de son jeu unique, spectaculaire, aérien,
00:21:07 qu'à la limite, ça sautait aux yeux que c'est celui qui allait
00:21:10 s'imposer. Et c'est vrai que Stern arrive le même année
00:21:14 que Jordan comme patron de la NBA. Bon, lui, il veut nettoyer
00:21:18 les histoires de drogue, internationaliser,
00:21:23 réconquérir le marché télévisuel où c'était devenu compliqué
00:21:27 à cause d'une mauvaise image de la NBA. Et donc, il avait déjà
00:21:31 la rivalité Bird-Magic qui était la base et s'enchaîne
00:21:37 avec les exploits de Jordan. Et en plus, c'est la première année
00:21:42 où Canna+ existe et diffuse la NBA en France.
00:21:46 Donc, on a eu la chance de... C'est vraiment l'alignement
00:21:49 des planètes à tous les niveaux. - Complètement. Et on va en revenir
00:21:52 juste après sur ce point-là parce qu'il est extrêmement important.
00:21:55 Comme tu disais, Georges, avant, la NBA, c'est les États-Unis.
00:21:59 La France, on n'a pas de diffusion. - On connaissait pas.
00:22:01 - On connaît pas. C'est vraiment David Stern qui va tout changer
00:22:04 à ce niveau-là. - Absolument.
00:22:06 - Mais comment se fait justement... Parce qu'il faut quand même
00:22:08 parler de sa draft. Je pense qu'elle est...
00:22:11 - Oui, justement, il y a un événement fort, en fait,
00:22:14 un événement international qui se déroule juste après sa date,
00:22:19 à sa draft, pardon. Et c'est les Jeux olympiques.
00:22:23 Et en plus, les Jeux olympiques à domicile, donc à Los Angeles.
00:22:27 Et ça va donner l'occasion à Jordan d'avoir une lumière
00:22:32 internationale. Et alors, le fait comique de ça,
00:22:38 si je puis dire, c'est la draft ayant eu lieu avant
00:22:43 les Jeux olympiques. - Il y en a qui vont s'en mordre
00:22:46 les doigts. - On a une draft où Jordan...
00:22:49 - Parce qu'il faut le rappeler, il n'est pas du tout drafté
00:22:51 en premier. - Il est troisième.
00:22:53 - Il est troisième. - Alors, le premier spot,
00:22:55 c'est logique. C'est-à-dire, il est incontestable.
00:22:58 Il y a Hakim Olajuwon qui est drafté par...
00:23:00 - Hakim The Dream, évidemment, par Houston.
00:23:02 - Voilà, c'est logique. Il a fait toute sa fac à Houston,
00:23:06 donc il n'y a pas de problème. - Et à l'époque, on draftait
00:23:08 des pivots, en généralité. - C'est exactement ça.
00:23:11 - C'est le contraire, aujourd'hui. - Exactement. Dans la NBA
00:23:13 des années 80, et même quand on regarde la plupart
00:23:15 de l'histoire, les plus grands sont des joueurs vraiment
00:23:17 intérieurs, dominants, ce qu'on a pu avoir encore
00:23:19 jusqu'à aujourd'hui. Et anecdote par rapport à ça, justement,
00:23:22 quand il y en a qui disent "Mais pourquoi est-ce que je devrais
00:23:24 drafter Jordan ? J'ai besoin d'un pivot." Il y en a qui disent
00:23:27 "Mais prends Jordan et mets-le au poste de pivot,
00:23:29 parce que le mec est juste beaucoup trop fort.
00:23:31 Tu n'es pas obligé de... - Est-ce que tu penses
00:23:33 à Portland ? - Je pense à Portland.
00:23:35 - Ah oui, très fort. - Il est donc très connu pour être
00:23:37 numéro 2 et hésite, justement, à le prendre, mais...
00:23:39 - Sachant que... Excuse-moi, je te coupe. - Bien sûr, je t'en prie.
00:23:41 - Il y a évidemment Drexler à Portland. - Drexler qui est déjà là,
00:23:45 ils vont se recroiser tous les deux. - Et du coup, il est décalé
00:23:47 en trois. - Exactement. Tout le monde dit "Mais pourquoi ?
00:23:49 Vous n'avez pas fait cohabiter les deux ?"
00:23:51 - Ils auraient même pu faire le one-two punch
00:23:53 Lebron Wade, mais genre 25 ans avant.
00:23:57 - Sachant que Drexler, arrêtez-moi si je me trompe,
00:23:59 c'était pendant longtemps, dans les années 90,
00:24:01 ça a été, on va dire, celui qui rivalisait,
00:24:06 ou on disait qu'il pouvait rivaliser avec Jordan,
00:24:08 mais ça a toujours été des rendez-vous manqués.
00:24:10 Mais il avait un tel niveau aussi, voilà.
00:24:13 - Non, bien sûr, il est quand même énorme.
00:24:15 C'est un Hall of Famer, après je vois qu'il fait l'amour,
00:24:17 parce qu'on ne mélange pas les torches dans les serviettes.
00:24:19 - Non, mais alors, si on se rappelle bien, moi, à l'époque,
00:24:21 en tout cas, c'est ce que je lisais, ce que j'entendais,
00:24:24 on disait "Drexler, c'est..."
00:24:27 - Le Flanner, quoi.
00:24:29 - Bien sûr, bien sûr. - The Glide.
00:24:31 - Mais c'est vrai que, comme tu le dis, et genre je le soulignais là,
00:24:33 dans les années 80, il faut comprendre qu'on,
00:24:35 par rapport à la NBA que les gens voient aujourd'hui,
00:24:37 on voit les Stephen Curry, les joueurs plus petits
00:24:39 qui sont draftés, prendre un grand,
00:24:42 ou plutôt je dirais ne pas prendre de pivot,
00:24:44 c'est un motif de licenciement quasiment pour un manager.
00:24:47 - Ah, c'est un blasphème.
00:24:48 - Mais oui, parce que le jeu était différent, même le jeu.
00:24:50 - C'est ça. - Même le jeu...
00:24:52 - Ça se passait tous dans la raquette, sous le peignet.
00:24:54 On voit les images d'un match des années 80,
00:24:56 vous avez 10 joueurs dans la peinture.
00:24:59 - C'est un péage. - Oui.
00:25:00 - Et maintenant, les 10 sont à 3 points.
00:25:02 - À l'extérieur. - Exactement.
00:25:03 Il y a eu une vraie différence.
00:25:05 Et donc, c'est Chicago, finalement, qui va faire le bondit.
00:25:07 - C'est Chicago qui le prend, et Chicago a tenté
00:25:11 de faire des tractations pour le faire partir.
00:25:14 - Sympa. - Voilà.
00:25:16 - Sachant que Chicago, à l'époque, excuse-moi, je te coupe,
00:25:18 mais il n'y a eu personne. - C'est le fond de la cale.
00:25:20 - Il n'y a eu personne. - Il y a 800 spectateurs
00:25:22 au stadium, quoi. Enfin, je veux dire,
00:25:24 ils n'existent pas, ils sont personne.
00:25:27 Et que Jordan arrive...
00:25:30 - Oui, bien sûr, j'allais dire, c'est le commentateur
00:25:32 des Lakers-Chicken qui disait, avant les Bulls,
00:25:35 avant l'arrivée de Jordan, c'était les vaches.
00:25:37 C'est pas du tout les taureaux, à l'époque,
00:25:38 on se fout de leur gueule. Il n'y a pas du tout d'histoire,
00:25:41 hormis les tout débuts de la NBA, mais il n'y a pas de palmarès.
00:25:44 - Il n'y a pas de titre. - C'est les années 70 de Chicago.
00:25:46 - Très peu, très peu. - Ils avaient quand même
00:25:48 une bonne équipe avec Jerry Sloan et Norm Verneer,
00:25:51 mais pas un champion, pas du tout du même niveau
00:25:54 que les Bulls de Jordan, c'est évident.
00:25:56 - Et justement, Georges, comment tu l'as vécu, cette draft, toi ?
00:25:59 - De toute manière, je crois que la plupart des gens
00:26:03 étaient totalement surpris de voir que Portland
00:26:06 a préféré Sam Bowie de Kentucky, que j'ai vu jouer,
00:26:10 parce qu'il jouait au même temps que j'étais
00:26:12 à l'Université de Floride. C'était dans le SEC,
00:26:16 la conférence South East. Donc c'était une grande tige,
00:26:21 mais qui ne faisait pas des statistiques extraordinaires,
00:26:24 déjà, à l'Université de Kentucky.
00:26:27 En fait, c'est un peu drafté à cause de sa taille
00:26:31 et de son potentiel. Le problème, c'est qu'il avait aussi
00:26:35 des potentiels à être blessé tout le temps.
00:26:38 Et c'est ça qui a cassé sa carrière.
00:26:40 Mais déjà, vous comparez Jordan, ses statistiques
00:26:45 et son palmarès avec Sam Bowie, et franchement,
00:26:49 il faut être un idiot pour préférer Sam Bowie.
00:26:52 Donc beaucoup de gens ont été surpris.
00:26:55 - C'est toute la difficulté, chaque année, de la draft,
00:26:57 cette espèce de grande messe où on essaie de faire
00:26:59 des pronostics, et à chaque fois, on dit,
00:27:01 mais c'est une évidence, c'est une évidence, c'est une évidence.
00:27:03 Et puis parfois, on revoit des drafts 5, 10, 15 ans après,
00:27:05 on dit, mais pourquoi est-ce qu'il était en 5, lui ?
00:27:07 Pourquoi est-ce qu'il était en 12e ?
00:27:09 Et là, c'est vrai que pour Jordan, il y avait un côté un peu évident,
00:27:11 mais à l'époque, il fallait avoir le culot.
00:27:13 Même quand, dans les années 2010, on va voir une équipe
00:27:16 comme Golden State qui va dire, non, nous, on va construire
00:27:19 avec un meneur qui va chuter de loin, on les prend
00:27:21 pour des malades, les types. On se dit, mais jamais
00:27:23 on gagne un titre comme ça. À l'époque, de drafter un arrière,
00:27:26 c'est vrai que c'était pas aussi bien vu que de prendre un pivot.
00:27:28 - C'est très comparable avec le draft de Curry,
00:27:31 parce qu'ils ont drafté Minnesota.
00:27:34 - Je vais boire. - Le fameux propriétaire
00:27:36 de Paris Basket Club, David Cohn,
00:27:39 qui prend deux meneurs.
00:27:43 - Deux grands, Steph. - Et sans prendre Stephen Curry.
00:27:46 Il prend Ricky Rubio et Johnny Flynn.
00:27:48 - Mon Dieu. - Rubio a fait une grande carrière,
00:27:51 et Johnny Flynn, on sait même plus où il est maintenant.
00:27:53 - Tout à fait. - Et sans prendre Curry,
00:27:55 qui devient le meilleur joueur de sa génération.
00:27:58 Il y a plein d'exemples de ça à travers l'histoire de l'NBA.
00:28:01 - Mais là, Jordan... - En plus, Sam Bowie,
00:28:03 il a caché une blessure.
00:28:06 - Personne ne se souvient de lui.
00:28:09 - Tout le monde se souvient, mais pas pour les bonnes raisons.
00:28:11 - C'est vrai. - C'est compliqué.
00:28:13 Il y a eu des documentaires formidables qui ont été faits sur lui,
00:28:15 parce qu'il a vécu avec ça.
00:28:17 C'est un type qui a vécu avec cette étiquette,
00:28:19 des freestyles de rap, des bouquins qui ont été faits,
00:28:22 des freestyles où on dit vraiment,
00:28:24 le synonyme même de la défaite, c'est d'être pris avant...
00:28:26 - T'es raté comme Sam Bowie. - C'est fou.
00:28:28 - Pris avant le goutte, mais on en parlera.
00:28:30 - Ça fait similaire à Greg Oden,
00:28:33 qui a été drafté avant Kevin Durant.
00:28:35 C'est la même situation. - C'est exactement ça.
00:28:38 - Peut-être qu'on va pouvoir parler de la NBA maintenant,
00:28:41 et la première année de MJ chez les Bulls.
00:28:45 On a parlé du basket universitaire, etc.,
00:28:52 mais là, les choses sérieuses commencent, j'ai envie de dire.
00:28:55 Il arrive en NBA, on l'a dit en même temps que David Stern,
00:28:59 on va dire que c'est la révolution, en fait.
00:29:01 Une révolution qui se prépare, qui est déjà en gestation.
00:29:04 Et Georges, tu disais, première année de Canal+,
00:29:06 et donc de la diffusion de la NBA en France.
00:29:10 Comment déjà, toi, de l'intérieur, tu te dis,
00:29:14 on va diffuser et je vais commenter la NBA.
00:29:17 T'es déjà en France depuis combien de temps ?
00:29:19 - J'ai arrivé en France en 77, donc ça faisait 8 ans.
00:29:23 Mais la grande chance que j'ai eue, c'est qu'André Buffière
00:29:26 m'a recruté pour le Racing Paris,
00:29:29 pour essayer de monter le club en première division.
00:29:32 Et donc, ça veut dire que je vivais à Paris
00:29:34 quand Canal+ a commencé à exister et à diffuser.
00:29:37 Et moi, qui en avais marre de regarder les chaînes publiques
00:29:40 qui fermaient à 23h, quand j'ai vu qu'il allait avoir
00:29:44 une chaîne privée avec des films et des sports américains,
00:29:47 j'étais dans les premiers abonnés à m'inscrire.
00:29:50 Et en voyant dans la documentation qu'ils allaient diffuser la NBA,
00:29:55 je me suis dit, qui en France, en 85, connaît assez bien le sujet
00:30:00 pour être consultant ?
00:30:02 Et je me suis dit, moi, par exemple.
00:30:05 Et en plus, je parle français correctement.
00:30:07 Et j'habite à Paris, donc j'envoie la lettre à Charles Beatty
00:30:11 pour proposer mes services.
00:30:13 Lui, il avait vu des vedettes comme Eric Dubuisson,
00:30:16 Jean-Michel Senegal, en pensant à eux pour être consultant.
00:30:19 Mais il s'est rendu compte qu'il connaissait pas si bien la NBA.
00:30:22 - Ils avaient pas de son expertise.
00:30:23 - En France, on disait basket américain à cette époque-là.
00:30:26 Et les gens disaient, oui, bien sûr, les Harlem Globetrotters.
00:30:29 Et la NBA n'existait pas du tout.
00:30:31 Sauf que pour des mini-microcosmes de journalistes
00:30:36 comme Terry Brutal et Jean-Jacques Malval
00:30:38 qui ont écrit un livre magnifique, mais je veux dire,
00:30:41 totalement inconnu.
00:30:43 - Et donc toi, t'arrives, tu débarques là.
00:30:45 D'ailleurs, je tiens à souligner un excellent documentaire
00:30:48 qui retrace un petit peu ta carrière et ta vie,
00:30:51 qui est disponible sur myKanal, que je recommande.
00:30:54 J'étais très content qu'on te rende hommage de cette manière-là.
00:30:58 Parce que, bon, je vais me répéter.
00:31:00 (rires)
00:31:02 Mais comme beaucoup de ma génération et les générations d'après,
00:31:07 t'as participé énormément à l'essor de la NBA en France
00:31:11 et à l'amour qu'on pouvait avoir de se réveiller la nuit
00:31:14 ou de regarder des cassettes enregistrées chez des copains
00:31:16 et de kiffer sur "T'es d'accord avec moi ?"
00:31:18 - C'est indissociable.
00:31:20 - Oui, pour moi, vraiment.
00:31:22 - C'est indissociable.
00:31:23 - Vraiment. Alors, participer, c'est limite...
00:31:26 Enfin, Georges a posé les bases.
00:31:28 - Eh oui.
00:31:29 - Que les gens se rendent bien compte.
00:31:31 Moi, évidemment, je suis né dans les années 90,
00:31:34 donc j'ai vécu aussi la chose différemment,
00:31:36 mais moi, par exemple, mon taf n'a pas lieu,
00:31:38 et cette émission n'a pas lieu, si Georges ne pose pas les bases.
00:31:40 - Voilà.
00:31:41 Je peux dire la même chose.
00:31:44 - C'est clair là-dessus, je pense.
00:31:46 Et je dis ça vraiment, déjà, pour un hommage,
00:31:48 mais aussi sur le fait que, comme pour chaque discipline,
00:31:50 il a fallu que des personnes prennent des risques,
00:31:53 soient curieux, et disent à ce moment-là,
00:31:55 c'était un vrai pari, quoi.
00:31:57 Ça aurait pu ne pas marcher.
00:31:58 - Tout à fait.
00:31:59 Ça, c'est Charles Biettri.
00:32:01 En fait, ça marchait en Italie, déjà.
00:32:03 Et le commentateur, c'était Dan Peterson,
00:32:05 qui est un des plus grands coachs dans l'histoire du basket européen.
00:32:08 Il commentait tous seuls les matchs, en plus,
00:32:10 depuis 83 ou 82.
00:32:13 Et donc, Biettri a dit, bon, en Italie,
00:32:15 c'est devenu un produit populaire.
00:32:18 En plus, ça coûte pas cher.
00:32:20 C'est bien filmé.
00:32:21 C'est les meilleurs joueurs au monde.
00:32:23 C'est des salles de 20 000 places qui sont remplies à ras-bord.
00:32:26 Je ne vois pas pourquoi ça marcherait pas en France aussi.
00:32:29 Et moi, j'ai eu la chance d'être au bon endroit,
00:32:31 au bon moment, pour accompagner le mouvement.
00:32:33 Mais les gens oublient qu'à cette époque-là,
00:32:35 il n'y a pas la télé par satellite,
00:32:37 il n'y a pas Internet et tout ça.
00:32:39 Donc, on diffusait des matchs qui avaient deux semaines de retard.
00:32:44 - Mais on n'avait pas moyen d'avoir les résultats,
00:32:46 si ce n'est avec les journaux et encore...
00:32:48 - Deux jours après, dans les Herald Tribune.
00:32:50 Il n'y avait même pas encore les USA Today.
00:32:52 On avait le Sports Illustrated avec deux semaines de retard,
00:32:56 des matchs avec deux semaines de retard.
00:32:58 Mais à la limite, c'était pas grave,
00:33:00 parce que personne ne connaissait le produit NBA.
00:33:02 Donc, le simple fait d'avoir des matchs à regarder
00:33:05 à la télévision française, c'était déjà une révolution.
00:33:08 - Et puis, des matchs avec Jordan.
00:33:10 C'est ça qu'il faut dire.
00:33:12 On l'a dit, diffusés en France,
00:33:14 David Stern qui est en NBA pour internationaliser
00:33:17 et rendre ça aussi clinquant et...
00:33:20 - Attractif. - Attractif.
00:33:22 - International. Mais il faut se rendre compte d'un truc,
00:33:25 parce qu'aujourd'hui, on parle de Michael Jordan,
00:33:28 mais pour des quadras comme moi, par exemple,
00:33:31 je ne peux pas dissocier Michael Jordan de Georges Hedy.
00:33:34 - Oui, bien sûr. On va le voir après.
00:33:37 On va en parler encore après.
00:33:39 - Tu as le joueur qui fait des trucs extraordinaires,
00:33:42 mais tu as le commentateur qui dit des choses aussi...
00:33:45 - Sur les playgrounds, on se retrouvait...
00:33:47 - Voilà. - Dans nos bouches, il y avait quoi ?
00:33:49 - Et on le répétait. - Il y avait Georges Hedy.
00:33:51 Quand on jouait... - On répétait.
00:33:53 - Bien sûr. - Et moi, j'allais sur les playgrounds
00:33:55 à Paris et je piquais des phrases comme "go your time".
00:33:59 Quand on ne les fait pas, c'est quelqu'un sur un playground
00:34:02 à Toulbiac qui a dit ça. J'ai dit "Ah, ça, c'est pas mal,
00:34:05 je vais l'utiliser ce week-end".
00:34:07 - On tient la balle comme un pamplemousse.
00:34:10 - Oui. - Tu vois, c'est Georges.
00:34:12 - Pour revenir à MJ, première année en NBA,
00:34:17 combien de matchs avant qu'on se rende compte
00:34:20 que là, attention, on a une star mondiale ?
00:34:24 - 3, 5, 1... - Oui, parce qu'il met 30 points
00:34:28 par match d'entrée de jeu. Il est dans une équipe faible,
00:34:31 il a tous les ballons. - La première semaine, en fait.
00:34:34 - Oui, la première semaine, il y a des phénomènes qui débarquent
00:34:37 dans leur sport et au bout de la première semaine, tu comprends.
00:34:40 C'est rarissime, mais là, avec Jordan, de ce que j'ai pu voir,
00:34:43 encore, je ne l'ai pas vécu, mais de ce que j'ai pu lire,
00:34:46 me renseigner, etc., tu as le sentiment que dès la première semaine,
00:34:49 pour lui, pour la ville, pour la région, pour la Ligue,
00:34:53 il y a un avant et un après. Lui, il va faire une saison incroyable
00:34:57 et aujourd'hui, lorsqu'il y a des jeunes qui débarquent,
00:34:59 on verra pour Victor et Maniama, quand il y a un jeune qui débarque,
00:35:02 on le voit tout de suite à la fin de saison, qui sont les joueurs
00:35:04 qui ont fait les meilleures premières saisons de l'histoire de l'NBA.
00:35:06 T'arrives, il y a Jordan qui est en fait direct dans la conversation
00:35:09 parce qu'il arrive avec quelques années universitaires dans le sac à dos,
00:35:12 donc du coup, il n'a pas le côté 18 ans qu'on peut voir aujourd'hui
00:35:15 avec certains qui débarquent qui n'ont pas la même expérience.
00:35:17 - Il a déjà une petite expérience. - Et en fait, vu qu'on est plus
00:35:19 dans une équipe de Chicago, on parlait d'alimentation de planète,
00:35:21 il y a qui à Chicago ? Les rênes lui sont donnés dès Day One
00:35:25 parce que quand entraînement, les premiers entraînements,
00:35:27 les mecs disent "Bon, tu sais quoi ? Les gens ne sont pas prêts,
00:35:30 il est trop fort, on lui donne les clés du camptar."
00:35:32 - Alors, excuse-moi, mais les amis, je me permets de m'arrêter sur ce point.
00:35:36 Il n'y a personne réellement avec lui à Chicago, ça peut être un avantage,
00:35:40 comme là, tu le décris, mais ça peut être aussi un handicap.
00:35:43 - Ça va l'être. - Bien sûr.
00:35:45 - Ça va l'être. - C'était un handicap pour faire
00:35:47 des résultats collectifs, mais par contre, il avait tous les parents en attaque,
00:35:51 donc il avait les clés du camion. - C'est ça, et puis bon,
00:35:56 il faut se rappeler aussi, Georges, tu diras, c'est l'histoire,
00:36:02 il parlait des joueurs de l'époque où il y avait beaucoup de cocaïne dans la ligue.
00:36:06 - Comme Orlando Weirich, son coéquipier. - Voilà.
00:36:09 - C'était un exemple. - Il y en a qui ont le nez dans la farine.
00:36:13 - C'était trois quarts de l'indien, 315 % étaient drogués à la coke ou à autre chose.
00:36:20 C'est terrible. - Donc c'est un problème, quoi,
00:36:22 parce qu'il a des... - On voit que lui a toujours
00:36:25 refusé, justement. Il est même arrivé un jour où il y a des gens qui y prenaient.
00:36:29 - Et quelque part, Dean Smith, il a fait son travail même jusqu'au bout,
00:36:33 puisqu'il a beaucoup préservé la famille, l'éthique, voilà, clean.
00:36:39 - Jordan, c'est le vin de Bordeaux, sa drogue. - Voilà.
00:36:42 - Et les cigares. - Et les cigares.
00:36:45 Mais oui, il arrive dans une ville moribonde où c'est d'autres sports
00:36:51 qui tiennent l'affiche et non pas le basket.
00:36:54 - Et là, on commence, donc, dès les premiers matchs, tu le disais,
00:36:58 la ville commence à un petit peu rentrer en ébullition.
00:37:00 - Il y a Bill Simmons qui a dit il n'y a pas longtemps, lorsque Jordan est arrivé,
00:37:06 c'est un peu comme si une tornade arrivait dans la ligue et...
00:37:11 - C'est marrant de dire ça parce que Chicago a un surnom par rapport au vent.
00:37:16 - Au vent et à la Windy City. - Windy City, oui.
00:37:18 - C'est la ville du vent et lui, il débarque et il y a un côté très...
00:37:21 Alors, c'est le vent, mais c'est aussi très glacial.
00:37:24 Quand les gens parlent aussi de Chicago, en tout cas de ce qu'il racontait,
00:37:27 c'est que ce n'est pas non plus funky, station balnéaire, on y va, c'est génial.
00:37:31 - Pas du tout. - Je pense que tu peux le confirmer.
00:37:33 - Je confirme, j'étais, il faisait un bon -15. - Ressentiment.
00:37:37 - Et donc, il y a un côté très col bleu, on y va, au taf,
00:37:40 les quartiers de Chicago qui ne sont pas faciles autour du centre.
00:37:43 - Et puis, il y a une réputation de ville du crime.
00:37:45 - Ville du crime qui est compliquée et au milieu de ça, tu vas mettre un diamant.
00:37:48 Donc, les gens ont une raison aussi de se ramener au stade.
00:37:51 Les gens ont vraiment, tu peux venir de partout, mais il y a une raison d'avoir chaud, en fait.
00:37:56 C'est très simple comme image, mais c'est juste de se dire, OK,
00:37:59 il y a un truc qui va ramener toute la ville autour d'un même produit.
00:38:02 Et le produit est juste incroyable.
00:38:03 - Et donc, Jordan va cristalliser toute la tension dès sa première année,
00:38:06 parce qu'on a quand même des stars, déjà en NBA.
00:38:09 On a Magic qui est là, qui est aussi...
00:38:13 On a évidemment Larry Bird aussi.
00:38:17 J'ai l'impression qu'à cette époque-là, c'est plus Larry Bird, Magic qu'on va observer
00:38:22 jusqu'à l'ascension de Michael Van Halen.
00:38:24 - Oui, beaucoup plus.
00:38:25 Jordan, c'est un phénomène individuel.
00:38:27 C'est-à-dire, en fait, on pourrait dire qu'il a inventé le principe des highlights.
00:38:33 C'est-à-dire que le lendemain matin, on raconte le résultat,
00:38:37 mais surtout, on regarde les trois ou quatre peignées.
00:38:39 - Tu t'abuses de l'affaire.
00:38:40 - Impressemblable, les dunks que Jordan a fait.
00:38:43 À l'époque, il ne shootait pratiquement pas à mi-distance.
00:38:46 Il fonçait toujours tête baissée vers le peignier et restait en l'air pendant trois heures.
00:38:51 Depuis Julius Irving, on n'avait jamais vu un phénomène comme ça.
00:38:54 D'ailleurs, Irving, c'était son idole.
00:38:56 Il avait un peu le même style de jeu.
00:38:58 Ça, ça a révolutionné aussi le basket un peu des blancs, un peu statique de la NBA
00:39:06 pour aller à une autre dimension.
00:39:09 Mais les Bulls n'étaient pas particulièrement brillants.
00:39:12 C'est vraiment Jordan lui-même, ses stats et ses highlights qui font qu'on parle de lui.
00:39:20 - On est sur une révérence à l'époque, vraiment, comme le dit Georges,
00:39:23 de les anciens qui ont des bons résultats.
00:39:26 Si tu es très, très fort individuellement, que tu fais des bons trucs,
00:39:28 mais alors que tu ne passes pas le premier tour des phases finales, donc des playoffs,
00:39:31 merci, mais tu es un rigolo.
00:39:33 C'est-à-dire que la NBA s'est construite avec des légendes,
00:39:35 Bill Russell, Will Chamberlain, Jerry West et compagnie et compagnie,
00:39:38 qui étaient vraiment dans…
00:39:39 Tu es fort, OK, mais est-ce que tu es dans la victoire ?
00:39:41 Donc c'est Bill Russell et ensuite c'est Larry, Magic, Mercy.
00:39:45 C'est leur place.
00:39:46 Et d'ailleurs, quand Jordan les croise, c'est vraiment,
00:39:48 j'espère atteindre leur niveau un jour, on va voir.
00:39:51 Donc oui, comme dit Georges, il y a ce côté basket qui est très proche du sol.
00:39:56 C'est-à-dire qu'il y a des joueurs qui ont vraiment des détentes, il y en a certains.
00:39:58 Mais c'est un peu les rigolos des années 70.
00:40:00 Je schématise, mais il y a les David Thompson, hyper important dans la carrière de Michael Jordan.
00:40:04 On voit du serving, mais il y a aussi une image de ligue compétitive de la NBA
00:40:08 qui ensuite s'est rattachée avec la NBA.
00:40:10 Donc on ne sait pas trop ce que ça donne.
00:40:12 C'est un peu l'Amérique puritaine qui voit le playground débarquer dans son beau basket
00:40:17 et qui dit "on prend ou on ne prend pas ?"
00:40:19 Parce que la NBA va dire "on y va, on prend les gars, on prend,
00:40:22 on lui donne de l'audience si on peut, on le met en avant parce que,
00:40:25 oui, il n'y aura peut-être pas les résultats, mais vous allez voir ce soir
00:40:29 un truc que vous n'aurez jamais vu auparavant".
00:40:31 Et ça, ça se vend.
00:40:32 Et puis, il est…
00:40:34 On n'en parle pas assez, mais…
00:40:36 Enfin si, Georges l'a dit tout à l'heure, mais il est spectaculaire.
00:40:39 C'est quoi son gros surnom ? Ce n'est pas Superman ?
00:40:42 Oui, il y a Superman, il y a Black Cat,
00:40:47 bon après il y aura Black Jésus,
00:40:51 enfin Mister June, qui est tout le temps en film.
00:40:55 Mais, oui, non, il faut…
00:40:58 Ce qui est bien avec Jordan, c'est qu'il va coller parfaitement dès le départ
00:41:05 un produit télévisuel de par son jeu.
00:41:09 Ça va être le héros d'une époque, en fait.
00:41:11 Il va être spectaculaire, en fait, et il va faire des choses,
00:41:16 c'est un joueur de pénétration, donc on va commencer à avoir des dunks,
00:41:20 du hangtime, comme disait Georges, il reste 10 secondes en l'air.
00:41:25 Voilà, c'est ça aussi qui est marquant, c'est important de le rappeler.
00:41:28 C'est ce qui le différencie pour moi de Juju Service.
00:41:31 Je suis d'accord, il y a un côté spectaculaire et il a une détente qui est incroyable
00:41:36 et on a l'impression, en fait, qu'il vole, tout simplement, on ne va pas se mentir.
00:41:40 Et Air Jordan.
00:41:42 On fera un petit chapitre complet sur Air Jordan, ce que ça a donné,
00:41:46 les contrats équipementiers, etc., parce que ça mérite,
00:41:49 mais c'est vrai qu'on est abasourdis quand on voit Jordan.
00:41:55 Nous, on fait, enfin moi quand je dis nous, c'est entre guillemets,
00:41:58 que ce soit dans Trash Talk ou d'autres médias, quand tu fais, même aujourd'hui en 2023,
00:42:01 que tu fais des classements à la con, tu sais, que tu ranges les voitures, top 10, etc.,
00:42:05 même aujourd'hui encore, sans avoir de HD et de format en 4K qu'on peut avoir,
00:42:10 si tu classes les joueurs les plus beaux visuellement, c'est très subjectif,
00:42:14 mais si tu classes aujourd'hui les joueurs les plus beaux à avoir été sur un parquet
00:42:18 ou les plus spectaculaires, il y a lui et après on discute.
00:42:22 Mais c'est les années 80, enfin je veux dire, et à ce moment-là,
00:42:25 on parlait d'alignement de planète, on a dit David Stern, machin,
00:42:28 il y a les droits qui sont pris dans des pays où en fait lui, il n'en a même pas conscience.
00:42:31 En Argentine, pendant ce temps-là, David Stern est en Amérique du Sud,
00:42:34 il dit prenez les droits, c'est gratuit, ou il envoyait eux-mêmes des cassettes en Chine
00:42:37 pour qu'ils puissent diffuser en disant c'était pour une poignée de pain,
00:42:40 c'est vraiment pour rien du tout, vous allez avoir les droits, donc allez-y à fond.
00:42:45 Donc en fait, c'est un gars qui même dans 10 ans, dans 15 ans,
00:42:48 on continuera à mettre les fameux highlights dont on parlait de Georges,
00:42:51 parce que peut-être que personne ne pourra reproduire un tel niveau artistique de jeu.
00:42:55 En tout cas, ce n'est pas arrivé encore.
00:42:57 Il y a des gens qui ne comprennent rien du basket aujourd'hui ou à cette époque,
00:43:00 tu vas voir ce mec faire un truc que aucun autre être humain ne peut faire.
00:43:04 Ça ne demande même pas de savoir point rebond pas sous les règles.
00:43:07 C'est un truc où visuellement tu vas te dire, mais attends,
00:43:09 il est vraiment resté deux secondes en l'air là, ou dix secondes en l'air, c'est pas possible.
00:43:12 Notamment, tu sais, il monte au lay-up, puis il y a un joueur qui vient le contrer,
00:43:20 il recule souvent, le joueur passe en contre, puis il revire, puis il le met.
00:43:24 En fait, on dirait qu'il a mis pause et qu'il n'est pas à la même vitesse que…
00:43:27 Tu as l'air d'aller boire un café.
00:43:29 C'est étudié par des gens qui sont dans l'art, dans la danse,
00:43:31 qui disent on dirait un balai aérien.
00:43:33 Tu ne comprends rien, tu te dis, mais attends, c'est incroyable.
00:43:36 Il est beau en plus visuellement parce qu'il y a des joueurs qui sont beaux,
00:43:38 mais il faut aussi qu'ils soient beaux.
00:43:40 Après, ça c'est chacun son avis, mais il y a un côté très beau sourire,
00:43:44 regard perçant, muscles saillants, il est parfaitement mesuré.
00:43:47 On commence à dire que l'athlète parfait c'est 1,99 pour 99 kilos.
00:43:51 En gros, il coche les cases, on dit, s'il fallait qu'on fasse un mec dans un laboratoire,
00:43:55 ce serait lui.
00:43:57 On voit, c'est beau, il score beaucoup, il a des stats de fou,
00:44:02 mais ça gagne quand en fait, à partir de quand ?
00:44:05 C'est toute l'histoire.
00:44:07 D'ailleurs, c'est toujours avec le Parallèles Canal+,
00:44:10 donc au début, c'est des matchs avec deux semaines de différé,
00:44:14 et chaque saison, on monte un peu en puissance,
00:44:19 à l'image de Jordan, parce que pendant 7 ans,
00:44:22 il va se casser les dents, notamment sur les pistons de détroit,
00:44:27 qu'il élimine plusieurs fois de suite.
00:44:30 Mais il progresse et il commence à comprendre qu'il ne peut pas tout faire tout seul,
00:44:35 et qu'il faut mettre en valeur Pippen et Horace Grant notamment,
00:44:40 que ces consoles-là vont être plus fortes et vraiment performantes,
00:44:45 que moi, j'aurais la possibilité d'aller chercher ce fameux titre,
00:44:49 parce que pendant 7 ans, à mettre 35 points par match tout seul,
00:44:53 à la limite, on avait sa claque des performances individuelles,
00:44:57 et il lui fallait absolument un titre collectif,
00:45:00 donc il a évolué dans sa tête, dans son jeu,
00:45:03 il met en valeur les autres, ça c'est un peu la différence
00:45:06 entre Bill Russel et Will Chamberlain, ou un Magic Johnson,
00:45:10 parce que Magic, dès le début, son job, c'était de mettre les autres en valeur,
00:45:14 d'avoir tout le monde très fort autour de lui,
00:45:17 et Jordan il a mis un peu de temps, il faut dire aussi que Magic avait des joueurs plus forts,
00:45:21 déjà, comme Jabba, autour de lui, James Worthy,
00:45:24 et au début, Jordan n'avait pas des joueurs de ce type,
00:45:27 mais quand ils ont récruté notamment Pippen et Grant,
00:45:30 là, il sentait qu'il pouvait passer le cap des pistons,
00:45:34 et en plus, pour Canard, quand le premier final arrive en 91,
00:45:38 donc c'est Jordan face à Magic,
00:45:41 ça tombe bien que Canard décide aussi d'aller aux Etats-Unis,
00:45:45 couvrir les matchs en direct, commenter les matchs de la finale en direct,
00:45:49 - Moi je m'en rappelle. - Donc là, c'est un tournoi majeur.
00:45:53 - C'est incroyable, j'avais 9 ans, je m'en rappelle.
00:45:56 - Tu vois, c'est ça le truc, c'est justement toute l'histoire,
00:46:00 l'introduction de Jordan, finalement, à NBA,
00:46:03 c'est j'arrive dans un endroit où il n'y a personne pour m'entourer,
00:46:07 et à côté de ça, tu as les grands princes de la ligue
00:46:11 qui sont entourés d'une ribambelle de Hall of Famers,
00:46:15 on ne le dit pas assez, mais que ce soit Magic ou Bird,
00:46:19 autour d'eux, c'est des armadas, même Isaiah Thomas.
00:46:22 - Et des trois ! - C'est des armadas avec des coachs légendaires,
00:46:27 Jordan, il arrive, il y a une chaise musicale de coach,
00:46:33 avant d'arriver à Phil Jackson, Jake Spalter.
00:46:36 - Est-ce que, après quelques années, on ne se dit pas,
00:46:40 Jordan, c'est un incroyable athlète, mais pas forcément un gagnant ?
00:46:46 - C'est pas un winner, c'est ce qu'on disait.
00:46:48 - C'est un sport illustrative.
00:46:50 - Il se pose beaucoup de questions sur lui, mais l'histoire, du coup,
00:46:54 on revient à quelque chose de tribal, tout le monde peut se rattacher à ça.
00:46:59 C'est comme un vieux téléfilm, tu vois les quarterbacks de l'équipe,
00:47:05 et le petit gars qui est trop fort, qui a trop de talent,
00:47:08 et on suit sa carrière, on se dit, est-ce qu'il va arriver à les détrôner ?
00:47:11 C'est un schéma de téléfilm, de docu, auquel les gens peuvent se rattacher.
00:47:15 Ou il y en a qui vont dire, il est soliste, il n'arrive pas à rendre les autres meilleurs,
00:47:19 et en même temps, s'il arrive à les dépasser, tout le monde va pouvoir se rattacher à ça,
00:47:22 parce que c'est le gars qui a été fort, qui est venu dans l'adversité.
00:47:24 - C'est du shonen, pour en parler dans le cas, c'est du shonen.
00:47:27 - Exactement, donc c'est facile aussi comme scénario,
00:47:29 par rapport à d'autres qui sont arrivés et tout de suite ils ont gagné.
00:47:32 Là, on apprécie un peu moins. - Magic.
00:47:34 - Magic, on apprécie un peu moins. - Champion de première année.
00:47:36 - Kobe aussi. - Il est très fort au début, Magic, il gagne.
00:47:39 Très vite aussi, on va dire, comment ça, il y a des coachs qui commencent à changer,
00:47:42 la cote, elle n'est plus aussi belle.
00:47:44 Cette montée aussi, tout le monde peut monter dans le wagon,
00:47:46 et se dire, moi aussi, je suis dans un coin un peu moins fort,
00:47:49 je ne suis pas Los Angeles, je ne suis pas Boston, je suis Chicago en fait.
00:47:52 Et moi aussi, je suis un Afro-Américain qui a envie de dominer dans mon sport.
00:47:55 - Et justement, qu'est-ce qui fait que Jordan, à ce moment-là,
00:47:58 il ne se dit pas, j'en ai ma claque, je vais aller voir ailleurs.
00:48:00 Qu'est-ce qui fait que dans sa tête, il se dit...
00:48:03 - Tu ne poses pas la question.
00:48:05 La première chose qu'il dit quand il signe son contrat,
00:48:08 et qu'il est avec Reinsdorf à côté de lui,
00:48:12 qui signe son contrat, il dit, moi mon objectif,
00:48:16 avant d'arrêter le basket, c'est de ramener un titre à Chicago.
00:48:20 Donc il annonce la couleur, il ne partira pas,
00:48:25 tant qu'il n'aura pas gagné le titre avec Chicago.
00:48:28 - Et il était su payer, parce que Reinsdorf était le radin numéro un des propriétaires.
00:48:33 - Exactement.
00:48:35 Pour faire une digression, Reinsdorf lui aurait dit,
00:48:39 lorsqu'il le paye la saison à 30 millions, la première en 97,
00:48:44 il dit, tu ne mérites pas cet argent, mais je suis obligé de te le donner.
00:48:48 En 97.
00:48:50 - Le mec connaît bien le métier.
00:48:52 - Et puis ce n'est pas trop dans les normes par rapport à aujourd'hui,
00:48:54 où il y a cette liberté de mouvement, que ce soit dans le sport ou ailleurs,
00:48:57 dans la culture ou dans quoi que ce soit, quel que soit le domaine de travail.
00:49:00 A l'époque, dans les règles NBA, dans les mœurs, ce sont des codes non écrits,
00:49:04 mais tu as eu le privilège d'être drafté, tu es dans une équipe,
00:49:07 reste-y, tu n'as pas commencé à te barrer à droite à gauche.
00:49:10 - Franchise player.
00:49:12 - Il y a un truc qui est chouette, on l'a dit tout à l'heure,
00:49:15 Chicago n'a pas d'histoire.
00:49:16 - Il faut tout construire.
00:49:18 - Au bout de 3 ans, 4 ans, 5 ans, il pourrait se dire…
00:49:22 - Tu lui donnes une toile et tu lui dis, vas-y, fais une peinture,
00:49:26 c'est toi qui vas faire la peinture.
00:49:28 - Jusqu'au jour où il va la peindre, cette toile.
00:49:30 - Je trouve qu'il a eu cette intelligence-là et une forme de patience,
00:49:34 qui est de dire, il y a des joueurs qui sont très forts,
00:49:36 des athlètes qui sont très forts, mais ils doivent apprendre à être coachés.
00:49:39 Et au moment où il fait cette bascule dont on va parler aussi
00:49:44 de devenir vraiment le champion incontestable,
00:49:46 c'est qu'il connaît aussi les règles en NBA.
00:49:49 Il sait aussi qui il a autour de lui, il sait qui il a et qui il n'a pas.
00:49:52 Il sait que les mecs qui sont en train de dominer,
00:49:54 ils ont une armada autour de lui, c'est à son tour bientôt.
00:49:59 Mais il faut aussi faire confiance aux gens qui sont autour.
00:50:02 On a parlé de Reinsdorf, on parle à la tête de Jerry Crowes,
00:50:04 qui fait partie évidemment des grands architectes,
00:50:06 parce qu'aucun grand joueur ne domine sans avoir un grand architecte autour de lui.
00:50:10 Il y en a un qui, dans l'ombre, est en train d'avancer des pièces,
00:50:12 de drafter des bons phénomènes pour dire, attends, j'ai bien compris,
00:50:16 tu es une pépite, j'ai compris aussi les règles du jeu, comme à Monopoly,
00:50:18 pour que tu puisses gagner, je vais te mettre ça.
00:50:20 Il va commencer à avoir les pièces et à la fin des années 80,
00:50:22 on commence à sentir que le vent va tourner.
00:50:24 - Là, j'ai l'impression que le premier titre va aussi basculer l'NBA
00:50:28 dans autre chose encore, peut-être dans un jeu plus spectaculaire,
00:50:33 mais généralisé. On parlait d'armada et j'ai l'impression
00:50:35 que ces armada se retrouvent dans quasiment toutes les franchises.
00:50:39 C'est-à-dire que quasiment tout a des armada qui vont se constituer
00:50:44 et tout le monde va vouloir avoir une figure de proue pour contrer Jordan
00:50:48 en termes d'image, en termes de notoriété, en termes de jeu.
00:50:51 Il y a un changement, j'ai l'impression, avec ce premier titre.
00:50:54 - Disons que Jordan et les Bulls ont mis la barre très haute,
00:50:58 parce qu'ils étaient comme Golden State plus récemment,
00:51:01 aussi fort en attaque qu'en défense.
00:51:03 Et les années 90, c'était les années où la défense primait
00:51:07 à l'image des Bad Boys de Détroit.
00:51:09 - Bien sûr.
00:51:10 - C'était pas le style que je préférais, mais bon, les Bulls,
00:51:14 ils pouvaient stopper l'adversaire aussi bien que mettre plus de points
00:51:17 que l'adversaire. Et c'était très important.
00:51:20 Et heureusement qu'il y avait les arabesques de Jordan et Pippen
00:51:24 pour rendre ce jeu hyper défensif plus spectaculaire.
00:51:28 Et c'est là où tu as raison de dire que c'était un tournant.
00:51:33 Parce que c'est vrai que dès qu'une équipe gagne plusieurs titres,
00:51:36 tout le monde veut copier un peu leur style de jeu,
00:51:39 chercher le même type de joueurs.
00:51:41 Mais le problème, c'est que Jordan était unique.
00:51:43 Donc on ne trouvait pas des Jordan.
00:51:45 Bon, Kobe, après, c'était un peu le joueur qui ressemblait beaucoup à lui.
00:51:49 Mais toutes ces choses-là, à mon avis, ont fait avancer la NBA.
00:51:55 Ce style de jeu, ce basket total.
00:51:58 Et Phil Jackson y est pour beaucoup.
00:52:01 Parce que son système en triangle, vous êtes obligés de partager le ballon
00:52:04 et obligés de laisser tout le monde toucher le ballon sur chaque attaque.
00:52:08 Et il fallait bien qu'un individualiste et meilleur marqueur plus de fois de suite
00:52:12 de la NBA comme Jordan, accepte de jouer dans ce système-là.
00:52:15 S'il voulait faire le diva, il aurait pu dire « Oh non, non, non, non, non !
00:52:18 Quand on a besoin d'un peignet, vous vous écartez,
00:52:21 vous me donnez le ballon et je m'occupe de tout. »
00:52:23 Et ce n'était pas du tout ça.
00:52:25 C'est ça, oui. C'est son coach d'avant qui agissait comme ça,
00:52:30 en disant « Vous, vous poussez tout, vous lui donnez le ballon
00:52:33 et puis il va mettre 50 points. »
00:52:35 Mais oui, en 1991, en fait, avec Chicago, c'est un peu le...
00:52:41 On n'est plus dans le basket caricature.
00:52:45 Je m'explique là-dessus.
00:52:47 C'est-à-dire soit le tout défensif à l'Est, soit le tout offensif...
00:52:51 - Le tout violent même des distance.
00:52:53 - Là, on a vraiment une équipe, avec les Bulls, qui est très équilibrée
00:52:58 et qui peut te faire mal offensivement et défensivement.
00:53:01 Comme le disait Georges, avec un système où la balle tourne,
00:53:05 elle vit, donc avec le triangle.
00:53:08 - Ça va tout changer. - Ça change tout.
00:53:11 - C'est pour ça, je schématise un petit peu, je vulgarise,
00:53:14 mais j'ai l'impression que les débuts de Jordan en NBA,
00:53:18 ça va être le tournant des années 80 pour la NBA,
00:53:23 dans sa reconstruction et dans son remodelage.
00:53:27 Et le titre de champion, ça va être le début des années 90 de la NBA.
00:53:33 On va être dans quelque chose où ça va exploser de partout.
00:53:37 On voit, je pense à Shaq, à Seattle, à Shonkem, bien sûr.
00:53:44 - Une internationalisation. - Bien sûr.
00:53:46 - On va faire un gros chapitre, on est bientôt à la fin de cette première partie.
00:53:49 On réattaquera avec, je pense, la Dream Team sur la deuxième partie, évidemment.
00:53:53 Mais voilà, il y a un truc qui se produit.
00:53:56 Toi, Georges, premier titre de Jordan, donc les années 90, début des années 90.
00:54:02 Comment tu as cette perception en France, avant la Dream Team ?
00:54:06 Est-ce que tu vois déjà une grosse différence avec,
00:54:09 quelques années avant, l'arrivée de la NBA en France ?
00:54:11 - Bien sûr. En santé, c'est une passation de pouvoir
00:54:15 entre Bird Magic et Jordan. Ça, c'est évident.
00:54:19 Mais moi, je l'ai déjà vu en 90, quand il vient en France.
00:54:23 Il y a 10 000 personnes qui se pointent dans la petite salle de Gérard André
00:54:26 pour voir Jordan dans un match d'exhibition
00:54:29 avec une équipe française et une équipe allemande.
00:54:32 Nous, on était dedans. En plus, j'ai bossé dans les magazines.
00:54:36 On a créé New Sport, 5 Majors, tout ça.
00:54:39 Et donc, on sentait l'engouement qui était d'abord grâce à Jordan,
00:54:45 à cause de Jordan et sa façon de faire.
00:54:50 Donc, en 90 déjà, c'est avant le premier titre.
00:54:54 J'avais dit à Mike, attention, Jordan, c'est une méga-star mondiale.
00:54:59 Même s'il n'a pas encore de titre, vous allez avoir beaucoup de monde pour le voir.
00:55:03 Et eux, ils disaient oui, mais en 85, il y avait 200 personnes dans la salle de Boulogne-Biancourt.
00:55:09 Donc, une salle de 2 500 places, c'est largement suffisant.
00:55:13 Bim, il y a 10 000 personnes qui se pointent et il faut dire aux trois quarts de rentrer chez eux.
00:55:18 Et je me fais huer comme jamais de toute ma vie.
00:55:21 Et en plus, Jordan voit le baie vitrée exploser, qu'il y a trop de monde.
00:55:26 Et il dit, non, non, on a nu tout. Ils vont me sauter dessus.
00:55:30 Ils vont arracher mes vêtements. Il va y avoir des graves accidents.
00:55:33 Les gens vont se... Il y aura des bousculades et tout ça.
00:55:37 Heureusement, on a convaincu Jordan qu'on allait bien l'entourer
00:55:41 et que les gens allaient rester à leur place et bien disciplinés.
00:55:44 Et c'était le cas. Et c'est un de mes plus grands souvenirs d'être près de Jordan,
00:55:49 dans son entourage proche pour cet événement.
00:55:53 Et ça a fini par bien se passer.
00:55:55 Mais bon, là déjà, on a vu que Jordan, c'était quelque chose.
00:55:58 Et après, avec le titre, le fait que Canard nous envoie sur place...
00:56:02 Parce que moi, ça faisait six ans que je commentais des matchs en cabine,
00:56:07 qui avaient deux semaines de retard.
00:56:10 Donc je sentais que c'était une révolution à tous les niveaux.
00:56:14 Audiovisuel, sportivement, la NBA, Jordan, le style de jeu des bouts, tout, tout.
00:56:19 Et après, on enchaîne avec le Dream Team. Donc c'était une période incroyable.
00:56:23 - C'est pour ça que c'est important de replacer l'église au milieu du village, j'ai envie de dire.
00:56:27 - Le contexte. - Parce que Jordan, il ne va pas seulement révolutionner le basket.
00:56:31 Il ne va pas révolutionner seulement le sport.
00:56:34 Il va révolutionner plein de domaines différents.
00:56:37 Je ne veux pas m'avancer trop. Tu parlais tout à l'heure de magazine.
00:56:40 Ça va être l'émergence en France, et je pense que Jordan y participe énormément.
00:56:45 Ça va être l'émergence de beaucoup de magazines de basket.
00:56:48 Je l'ai déjà dit et je m'en excuse, encore une fois.
00:56:51 Je n'avais pas d'argent à l'époque. Pardon. Je volais les magazines de basket.
00:56:56 Je suis extrêmement désolé. Ne le faites pas.
00:57:00 Surtout pas. Mais en fait, je vous dis, moi, je me rappelle même des posters taille réelle
00:57:06 de Jordan, de Shaq, etc. Et je n'avais pas d'argent. J'allais lire.
00:57:10 Et je ne pouvais pas... - Vous étiez pas le seul.
00:57:16 - Moi, je me rappelle, pour vous dire à quel point Jordan a révolutionné les choses,
00:57:21 c'est que j'ai une de mes tantes qui a 20 ans de plus que moi, qui était fan de Jordan.
00:57:26 Et elle, elle a acheté tous les cinq majeurs. Quand j'allais chez elle,
00:57:29 j'étais comme un fou, quoi. Et je me rappelle la sensation.
00:57:33 Donc tout ça pour dire que Jordan, il va amener quelque chose de mondial.
00:57:39 Et c'est pour ça. Pour moi, on en parlera peut-être tout à l'heure,
00:57:42 mais c'est peut-être l'athlète et peut-être la plus grande star mondiale,
00:57:45 avec Michael Jackson, qui a su révolutionner tant de choses
00:57:49 à tant de niveaux différents. C'est pour ça que je te posais la question.
00:57:53 Est-ce que tu vois l'avant et l'après ? - Oui, oui.
00:57:55 Et il y a aussi le phénomène des playgrounds. - Bien sûr, bien sûr.
00:57:58 - On ne se souvient pas. - Ah là là, assis.
00:58:00 Les tournois blacktop. - Parce qu'il y a des centaines
00:58:02 et des centaines de terrains qui ont été construits,
00:58:05 et notamment dans les banlieues, mais pas seulement, dans la campagne aussi.
00:58:10 Et tout ça a été alimenté par Jordan et ses exploits sur le terrain,
00:58:15 mais aussi par le marketing de Nike. - Alors, pas que Nike.
00:58:18 Alors, je tiens à dire, Nike a été très fort sur le phénomène des playgrounds,
00:58:21 notamment avec la sortie de la Nike Air Red, qui avait été faite
00:58:24 pour concurrencer la blacktop, mais Reebok avait extrêmement bien géré le truc.
00:58:29 - Adidas aussi. - Et c'était les premiers.
00:58:30 Et Adidas, c'était même eux qui ont… - Il y avait même Convélas aussi.
00:58:33 - Streetball. Il y avait effectivement… - Il y avait des tournois, d'ailleurs,
00:58:36 parisiens. - Des tournois dans toute la France.
00:58:38 Dans toute la France. - Dans toute la France,
00:58:39 mais ceux à Paris étaient mis sous caméra. - Voilà, parce que c'est la capitale.
00:58:44 - Et puis t'avais des joueurs qui venaient aussi. - Bien sûr.
00:58:47 - T'avais des tournois à la Défense, t'avais des tournois…
00:58:49 - Il y avait Adouard et même Bilbault, par exemple, qui jouaient dans ces tournois.
00:58:52 - Bien sûr. Non, on a eu vraiment une effervescence autour du basket.
00:58:57 Tout ça, pour moi, ça a été driveé par Jordan.
00:59:00 Alors, avant de conclure, est-ce qu'on peut dire à ce moment-là que Jordan,
00:59:08 on sait tous que ça va devenir le multiple champion par la suite ?
00:59:12 Après son premier titre… - 91.
00:59:15 - Voilà. Est-ce qu'on sait que ça va s'enchaîner ou on se dit
00:59:18 « c'est arrivé une fois, après… » ?
00:59:21 - En tout cas, pour ma part, de ce que j'en ai vu, moi, j'avais pas de doute.
00:59:27 Une fois qu'il a gagné, je me suis dit « bon, il va enchaîner, logiquement,
00:59:31 l'équipe est trop forte, personne va le stopper ».
00:59:34 Mais dans la presse US, il fallait faire le back-to-back.
00:59:42 C'est-à-dire, vraiment, ce qui est le séparé de Magic
00:59:48 ou d'autres légendes qui l'ont précédé…
00:59:52 - Le parallèle avec Magic est bon, je trouve.
00:59:55 - Il fallait réitérer. - Confirmer.
00:59:58 - Pour pas que ça soit un coup de chance.
01:00:00 - Magic avait 5 titres. - Il fallait le réitérer, ce qu'il a fait.
01:00:06 - Parce qu'on parlait de Jordan, l'impact qu'il a eu en France,
01:00:10 mais comme je le disais en rentaine tout à l'heure,
01:00:13 moi aussi, il y a Jordan, mais il y avait aussi Magic qui était très populaire,
01:00:17 et limite, on le voyait un petit peu plus grand que Jordan au début,
01:00:21 même en France.
01:00:23 - Si tu regardes… En plus, on est à une période, à ce moment-là,
01:00:26 où il y a tellement de chamboulements, parce que même si c'est hors parquet,
01:00:30 la conférence de presse de Magic, qui annonce sa série aux positivités,
01:00:36 c'est la star mondiale du basket,
01:00:41 mais un des plus grands sportifs dans le monde.
01:00:44 Et d'avoir, à ce moment-là, ce qui s'est passé,
01:00:46 donc, finale NBA, cette conférence de presse, Jordan,
01:00:49 on est encore une fois sur un aléament des planètes, parce que oui, il faut…
01:00:52 Bon, moi, je n'ai pas trop de souvenirs, j'ai 11 mois à l'époque,
01:00:54 j'étais un peu dégué, donc je ne peux pas vous dire, à l'époque,
01:00:56 oui, moi, je croyais que le back-to-back, ça allait le faire,
01:00:58 mais c'est vrai qu'il fallait, à ce moment-là, rejoindre les légendes,
01:01:01 parce que pour rejoindre les plus grands, il fallait gagner plusieurs fois,
01:01:04 et encore une fois, comme il y a eu récemment avec des Stephen Curry,
01:01:08 on est sur un nouveau modèle, c'est-à-dire qu'un joueur
01:01:11 qui est à ce poste-là, derrière, et d'être le patron d'une équipe
01:01:14 qui gagne plusieurs fois, ça n'existe pas.
01:01:17 On a vu, certes, des ailiers, on a vu, certes, un meneur,
01:01:20 mais très, très bien entouré, on a vu des pivots,
01:01:22 ça n'existe pas au poste derrière.
01:01:24 Donc, à ce moment-là, ce qu'on demande, c'est, un, c'est bien,
01:01:26 deux, on va voir.
01:01:28 - Alors, messieurs, c'est la conclusion parfaite
01:01:31 pour la fin de cette première partie, parce qu'on se l'est dit,
01:01:35 on ne peut pas boucler Jordan en une seule partie.
01:01:37 - On fait ça comme lui, en trois parties, non ?
01:01:39 - Oui, moi, je suis au paix, et on reprendra sur, évidemment, la Dream Team.
01:01:44 Merci beaucoup, messieurs, à très vite, et on se retrouve très bientôt
01:01:48 pour un nouvel épisode de Dans la Légende.
01:01:50 (Générique)