Un mois dans les médias - 04/05/2023 - Partie 2
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00:00 [Générique]
00:04 Un mois dans les médias, partie 2, toujours avec Delphine Noyon, rédactrice en chef Hedge Fund.
00:09 Nouvelle République et un nouvel invitant, invité Benjamin Briot, alias Nota Bene, bonjour.
00:14 Bonjour.
00:15 Nota Bene, c'est le pseudo de votre succès, vous êtes YouTuber, vulgarisateur de l'histoire, chasseur de fake news.
00:22 2 millions de personnes vous suivent sur votre compte et votre voix compte.
00:27 Je suis ravi de vous accueillir sur notre plateau.
00:30 Qu'est-ce qui fait votre succès ? Quelle est votre responsabilité avec une telle audience ?
00:34 On en parlera tout à l'heure, dans un instant, mais tout de suite, c'est la deuxième partie de notre récap de l'info du mois d'avril.
00:40 [Générique]
00:45 Du côté d'Egypte, d'Indre-et-Loire et de l'Ouacher, le taux d'occupation pour les vacances de printemps haussit entre 77 et 88%.
00:54 J'imagine que c'est en lien avec la décision du Conseil constitutionnel qui va intervenir aujourd'hui.
01:00 Mais je déplore bien évidemment cette attaque à une propriété privée.
01:04 La rue Voltaire a retrouvé son calme 48 heures après le drame qui s'est produit au numéro 24.
01:10 À ce jour, on ne sait toujours pas pourquoi ce père de 45 ans s'en serait pris à sa fille à coups de couteau.
01:15 C'est à la suite d'un conseil métropolitain que Frédéric Ogis aurait dérapé envers Cédric De Oliveira.
01:21 Alors une nouvelle crise politique est-elle en marche à Tour Métropole ?
01:25 La droite est-elle aujourd'hui formellement divisée ?
01:29 Après trois semaines de suspense, Brice Raviey vient de se porter candidat pour la prochaine élection municipale d'Amboise.
01:36 Claire se remet à peine du jugement. Pas de condamnation pour Airbus et Air France dans l'affaire du crash du vol Rio-Paris.
01:44 Ça a été quelque chose de catastrophique. On a été écœurés. Tout le monde a pleuré.
01:49 Les Wildcats d'Epinal remportent leur troisième match de finale et deviennent les champions de France 2023 de Division 1.
01:58 Le site de conditionnement stérile avait été choisi en 2021 pour la production du vaccin anti-Covid de l'américain Moderna.
02:06 Deux ans plus tard, les commandes ont cessé.
02:09 C'est dans la nuit de vendredi à samedi que le centre LGBTI de Touraine a été vandalisé.
02:14 C'est la quatrième dégradation en deux mois et une pré-plainte a été déposée.
02:17 Il y a quelques heures, ici se trouvaient plusieurs centaines de manifestants.
02:21 Emmanuel Macron ne les a peut-être pas vus, mais il les a très certainement entendus.
02:25 Ils étaient tenus à distance avec un périmètre de sécurité.
02:29 Si son succès décolle, Kiona n'en garde pas moins les pieds sur terre et maintient le cap sur une de ses priorités, le Bac de français en fin d'année.
02:44 Benjamin, vous êtes consommateur d'infos locales ?
02:47 Oh oui, ça m'arrive, je lis la léonard quand je peux, en tout cas, j'aime bien me tenir au courant.
02:52 On va parler de Nota Bene, cette chaîne aux 2 millions d'abonnés, avec des vidéos qui montent jusqu'à 8 millions de vues,
02:57 plus de 8 millions de vues sur l'une de vos plus anciennes vidéos.
03:00 Votre vidéo la plus populaire, justement, concerne le sexe au Moyen-Âge.
03:04 A chaque fois, c'est un carton, même quand on parle du goulag, des conflits meurtriers ou de la Commune de Paris,
03:10 qui est plutôt quelque chose de très particulier.
03:12 La recette, c'est quoi ? C'est parler en apparence de manière légère de sujets extrêmement sérieux ?
03:16 Oui, alors, ce n'est pas forcément que légère, mais ce qui a fait le succès aussi de l'émission, je pense,
03:21 c'est que j'alterne entre des sujets qui peuvent être très légers, les morts insolites des rois,
03:25 l'espoir extrême dans l'histoire, c'est ce qui m'a fait connaître, et des sujets vraiment de fond qui sont sérieux.
03:29 Ce n'est pas parce qu'on est sur Youtube qu'on a une obligation de faire rire ou d'être léger,
03:33 mais en tout cas, ça peut participer, même dans la formulation du langage, qui peut être un langage familier, proche,
03:39 la construction des phrases, où je vais faire des petites fautes de grammaire de temps en temps,
03:43 ça fait partie aussi du charme de cette proximité qu'on essaye d'instaurer avec le public.
03:48 Oui, Delphine ?
03:49 Oui, vous dites que les gens veulent de l'histoire. Comment vous expliquez ce besoin d'histoire ?
03:53 Est-ce que ça participe aussi de votre audience ?
03:56 Après, l'histoire, c'est aussi étudié d'où l'on vient, et ça, cette quête d'identité, elle a toujours été là.
04:03 Aujourd'hui, elle est très présente, d'ailleurs. Mais l'histoire, c'est plein de choses.
04:09 C'est aussi la découverte d'histoires au pluriel. Ça fait voyager, en fait. C'est ça aussi.
04:14 C'est un super divertissement, l'histoire. Au-delà de l'outil que ça peut représenter de la compréhension du monde actuel,
04:19 au-delà de l'outil à l'éducation critique, qui nous fait prendre du recul sur tout ce qu'on consomme,
04:25 qui nous fait prendre conscience que tout ce qu'on a autour de nous, au jour le jour, ça ne vient pas de nulle part,
04:31 ça reste aussi un formidable outil de divertissement.
04:34 Et je pense qu'on peut très bien s'épanouir en consommant de l'histoire, comme on va au cinéma ou au théâtre, en fait.
04:41 Les sujets, ils sont infinis, et l'histoire touche absolument à tout.
04:44 – Ouais, on se distrait en apprenant, en fait. Vous vous définissez comme un vulgarisateur ?
04:49 – Alors, c'est comme ça qu'on dit, maintenant. C'est vrai qu'il y a plein de noms.
04:52 Médiateur, vulgarisateur. En vrai, je fais du journalisme scientifique.
04:56 Voilà, je suis réalisateur, auteur. Il y a plein d'étiquettes.
04:59 Moi, j'aime bien dire que je participe à la transmission.
05:02 Disons que je fais de la médiation culturelle. Je me définirais plus comme ça.
05:06 – Avec plusieurs chaînes YouTube, des ouvrages aussi, on en parlera tout à l'heure.
05:10 Donc, vous avez développé votre panel, en fait, d'intervention.
05:13 – Oui, mais ça c'est important parce que j'étais présent au départ sur YouTube.
05:17 Mais c'est important de pouvoir aller ailleurs parce que les publics ne sont pas les mêmes.
05:21 Longtemps, on m'a dit "oui, Facebook, il ne faut pas y aller, c'est naze, en plus il n'y a que des vieux".
05:25 Bon, d'une part, c'est faux. D'autre part, c'est bien d'avoir des publics qui sont divers.
05:29 Donc, en allant sur Facebook ou sur TikTok ou en produisant des livres,
05:33 on ne touche pas du tout les mêmes publics et pas du tout de la même façon.
05:36 Et en plus, on touche à des formats de diffusion qui sont différents.
05:39 Donc, il faut adapter le discours.
05:41 On n'écrit pas, pareil, une vidéo TikTok et une vidéo YouTube.
05:44 On n'écrit pas dans un livre comme on écrit pour une vidéo YouTube.
05:47 – Alors, vous n'êtes pas seulement ce médiateur, vous êtes aussi chasseur de fake news.
05:50 Vous avez réagi aux propos de Maître Gims sur l'électricité dans les pyramides.
05:54 On va diffuser un petit extrait de cette vidéo, justement.
05:57 – Gims, avant toute chose, sache que je ne suis pas trop amateur des clashes nulles.
06:04 Donc, vraiment, ne le prends pas pour toi personnellement,
06:06 même si je vais revenir sur la responsabilité qu'on a quand on a une grosse audience comme la tienne.
06:11 En tout cas, je te le dis, tu fais danser mes gosses, ma famille, la France entière,
06:15 tu mets de la bonne humeur dans beaucoup de foyers.
06:17 Et cette vidéo, c'est ma façon aussi de te dire que si tu as besoin de monde, un de ces quatre,
06:23 pour parler d'histoire, et bien, sache qu'on est quand même plein à pouvoir te filer un coup de main avec grand plaisir.
06:29 Voilà, je crois qu'on a donc posé les bases.
06:32 Et maintenant, on va pouvoir attaquer la vidéo que tu as publiée et qui pose tout de même quelques problèmes.
06:37 – Oui, vous avez réagi très rapidement, en moins de 48 heures, à la vidéo justement où on voyait Gims
06:44 donner ses fausses informations sur l'électricité au temps des pyramides.
06:49 Pourquoi ce besoin de réagir vite, ça vous paraissait essentiel ?
06:52 – Oui, ça me paraissait essentiel parce qu'à partir du moment où ces propos sont lâchés,
06:56 ils vont se répandre très facilement et de façon très massive.
06:59 Et on le sait toujours, quand on va apporter une réponse à ça,
07:03 souvent la réponse est beaucoup moins vue que le message original.
07:06 Donc, il fallait pouvoir répondre vite et en même temps, on ne prépare pas une vidéo YouTube comme ça.
07:12 Il faut pouvoir se baser sur du scientifique, éviter nous-mêmes de rajouter la désinformation à la désinformation.
07:20 Et quand on va trop vite, c'est le problème auquel on peut être confronté.
07:24 Et puis, on voyait beaucoup de médias qui commençaient à réagir extrêmement vite dans les heures.
07:28 Certains vidéastes aussi qui ont réagi dans les heures qui suivaient
07:31 et qui, selon moi, n'avaient peut-être pas la bonne attitude.
07:36 Moi, ce que j'avais envie de faire, et c'est ce qu'on a montré là dans l'extrait,
07:39 ce n'est pas de prendre tout ça de haut, de ne pas être trop pédant.
07:43 Il y a souvent un problème avec ce qu'on appelle le "debunk" je trouve,
07:47 c'est-à-dire essayer d'aller traquer la fausse info et d'aller la contredire.
07:53 C'est qu'on prend les gens de haut.
07:55 Souvent, on leur dit "vous êtes un peu débile, vous n'avez pas compris, on va vous expliquer".
07:59 Et ça, je n'avais pas envie parce qu'au-delà du correctif à apporter sur toutes les informations erronées,
08:07 il y a la question du pourquoi.
08:09 Pourquoi Gims a repris ces informations-là et quel est le message général derrière tout ça ?
08:15 Et tout ça prend son sel dans un contexte que je précise à la fin de la vidéo,
08:19 qui est le fait qu'aujourd'hui, on a toute une population noire qui cherche aussi ses racines,
08:25 qui cherche sa "légitimité", sa place dans l'histoire.
08:28 Il y a eu des propos par le passé, politiques, en disant "l'Afrique n'est jamais rentrée dans l'histoire".
08:32 Ça a blessé énormément de gens.
08:33 L'histoire de l'Afrique est passionnante et elle est extrêmement riche.
08:37 Et moi, ce que j'essaye de montrer dans la vidéo, c'est de dire
08:40 qu'en fait, il n'y a pas besoin de fantasmer cette histoire de l'Afrique pour montrer qu'elle est magnifique.
08:44 Elle existe, elle est là.
08:45 Par contre, il suffit de s'en abonner.
08:46 – Il faut pouvoir lui donner une tribune, c'est sûr.
08:47 Et ça, aujourd'hui, on n'en parle pas beaucoup, l'histoire de l'Afrique.
08:49 – Par contre, c'est vrai que Gims, c'est 11 millions d'abonnés sur YouTube.
08:54 Vous, vous en avez 2 millions, c'est aussi très important.
08:57 Vous dites vous-même qu'il y a une responsabilité, justement,
08:59 des personnalités qui sont connues ou qui ont comme ça une notoriété à dire la vérité.
09:05 C'est une obligation de prudence ? Comment vous voyez ça ?
09:11 – Ça, de toute façon, chacun va le faire à sa sauce.
09:13 Il y a des gens qui vont dire "mais moi, de toute façon, je ne parle que pour moi-même,
09:15 ça n'engage que moi".
09:16 Bon, le fait est que, de facto, quand on a une très grosse audience,
09:19 dès qu'on dit quelque chose, ça va avoir une caisse de résonance.
09:21 C'est évident.
09:22 Donc, à chacun de prendre ses responsabilités quand il communique sur quelque chose
09:27 et d'en prendre acte, c'est-à-dire que quand on fait une erreur
09:32 et qu'on est confronté à cette erreur, il faut pouvoir l'assumer, la retirer ou l'expliquer.
09:38 Voilà, ça me semble assez important.
09:40 Après, quand il y a une grosse production de contenu,
09:43 on ne peut pas répondre à toutes les demandes.
09:45 Certaines, d'ailleurs, sont légitimes, d'autres non.
09:47 Il y a des critiques qui sont légitimes, d'autres non.
09:49 Et il faut savoir peser le pour et le contre.
09:52 Mais il faut prendre ses responsabilités parce que, moi, typiquement,
09:55 si du jour au lendemain, je commençais à vriller un petit peu
09:58 et à verser dans l'histoire complotiste ou très orientée idéologiquement,
10:05 en vrai, je pourrais embarquer beaucoup de gens
10:07 parce que beaucoup de gens font confiance à l'émission
10:10 qui, depuis neuf ans, essaie de produire du contenu, on va dire, un peu intelligent,
10:14 sourcé, avec des scientifiques.
10:16 Et on essaie de montrer pas de blanche.
10:18 – Voilà, c'est une transition, justement, sur l'ouvrage de Benjamin.
10:21 – Puisque vous avez collégué avec un professeur Tourangeau
10:24 un livre intitulé "Les complots connus ou méconnus de l'histoire".
10:27 Et justement, vous l'aviez présenté au rendez-vous de l'Histoire à Blois, d'ailleurs.
10:30 – Mais c'est un complot, oui.
10:32 – Je me posais la question sur, est-ce qu'on peut différencier
10:35 les complots de l'Histoire et les théories complotistes
10:37 qu'on voit aujourd'hui sur Internet ?
10:39 – Alors, on en parle un peu dans le bouquin,
10:42 parce qu'en fait, le bouquin qui s'appelle "Mais c'est un complot",
10:44 on parle à la fois des vrais complots historiques, mais aussi de théories du complot.
10:48 En fait, aujourd'hui, le terme "complot", on met énormément de choses dedans,
10:51 et donc nous, on voulait traiter un petit peu de tout ça
10:53 pour essayer de faire comprendre.
10:55 Mais les théories du complot, c'est pas nouveau, il y en a toujours eu.
10:58 Et on en parle dans le bouquin, il y a un chapitre
11:01 qui est consacré au protocole des sages de Sion,
11:04 qui est vraiment la grosse fake news début XXème siècle
11:09 sur les Juifs qui veulent dominer le monde, etc.
11:11 qui très vite a été contredite, c'est-à-dire que très, très vite,
11:15 il y a des journalistes, des scientifiques,
11:17 plein de gens qui sont arrivés en disant "écoutez, c'est faux,
11:20 tout ce qu'elle racontait dedans, on va vous montrer par A+B pourquoi c'est faux".
11:24 Ça a été admis, et pourtant la théorie a continué de se répandre,
11:27 a eu des mouvements comme ça, et aujourd'hui encore,
11:31 elle est mise sur le devant de la scène par certains pays
11:34 ou certains mouvements politiques ou idéologiques,
11:37 et ils disent "regardez les protocoles des sages de Sion, c'est ce qu'ils disent".
11:40 Or, ça fait 100 ans qu'on sait que c'est un faux document.
11:42 – Oui, d'où l'importance d'une histoire justement partagée au plus grand nombre,
11:46 vérifiée pour éviter ces théories du complot qui pullulent.
11:51 On a l'impression que parfois c'est un combat presque perdu d'avance,
11:54 mais il faut garder espoir peut-être.
11:56 – Le truc c'est qu'on ne peut pas rester non plus sans rien faire,
11:58 la meilleure chose à faire je pense c'est de répandre la connaissance du mieux qu'on peut
12:02 pour essayer de renforcer cet esprit critique et faire en sorte
12:04 que les gens prennent un petit peu de recul et se disent
12:06 "bon, je vais peut-être vérifier avant de plonger dedans".
12:09 – Merci Benjamin, merci Delphine, un mois dans les médias c'est déjà terminé,
12:13 je vous remercie d'avoir participé à cette émission,
12:15 merci Mathieu qui était là en première partie,
12:18 merci à vous de nous avoir suivis,
12:20 on se retrouve très prochainement pour un nouveau numéro.
12:23 [Musique]