Après l'adoption de la loi relative à l'accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires à proximité de sites nucléaires existants et au fonctionnement des installations existantes, à l'Assemblée Nationale le 21 mars 2023, la commission mixte paritaire se réunit ce jeudi 4 mai. Le projet du gouvernement aura fait couler beaucoup d'encres, défrayant les chroniques, entre la publication des conclusions de la Commission nationale du débat public (CNDP) sur la relance du nucléaire et la construction de six EPR (EDF a trois mois pour répondre), mercredi 26 avril, puis la diffusion d'un rapport du Groupement des industriels français de l'énergie nucléaire (Gifen) sur les besoins et capacités industrielles de la filière. Fin mars, une commission d'enquête parlementaire rendait également un rapport visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la France. Un sujet qui rappelle la formule célèbre du général De Gaulle : "le nucléaire garantit l'indépendance énergétique de la France". La phrase répétée depuis par les politiques et les éditorialistes cache la réalité d'une industrie dépendante de filières étrangères, qui alimentent le nucléaire français. Le Média décrypte.
Retrouvez l'article complet :
https://www.lemediatv.fr/articles/2023/le-nucleaire-une-menace-pour-la-souverainete-de-la-france-3nKmyWhkSrKjKTgke0ulQA
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00:00 Récemment, le Parlement français a voté une loi d'accélération du nucléaire en France.
00:05 Également, il y a quelques semaines vient de s'achever un débat public
00:08 concernant cette relance du nucléaire en France.
00:11 Et dans la foulée, le principal syndicat des industriels du métier du nucléaire
00:17 a publié un rapport dans lequel il dit que pour faire cette relance de la filière,
00:22 il y a un besoin massif de main-d'œuvre qualifiée.
00:25 On entend souvent parler à propos de cette relance du nucléaire,
00:29 de l'indépendance présupposée de la France grâce à l'énergie nucléaire.
00:33 Du coup, le Média s'est penché sur cette question de l'indépendance énergétique de la France par le nucléaire.
00:38 Et vous pouvez retrouver cet article sur le site du Média.
00:41 Le nucléaire garantit l'indépendance énergétique de la France.
00:52 Cette formule quasiment magique a été popularisée au lancement du programme nucléaire français,
00:57 puis répétée au moment des chocs pétroliers.
00:59 Alors qu'en réalité, lorsque l'on regarde le fonctionnement de l'industrie nucléaire dans le détail,
01:05 on se rend compte qu'elle ne pourrait pas fonctionner
01:07 sans la participation d'une multitude de pays étrangers.
01:10 Ça va être par exemple pour les matières premières, le combustible.
01:13 Ça va être également pour les technologies, donc les brevets,
01:17 mais aussi pour les compétences, les travailleurs.
01:19 Et enfin, pour les équipements dont certains sont cruciaux pour la sûreté des installations.
01:24 Délocaliser l'extraction de l'uranium dans des pays étrangers
01:28 présente aussi un autre avantage pour Orano.
01:31 C'est celui de déménager hors de France toutes les externalités négatives qui sont liées à l'extraction.
01:36 Ce qu'il faut savoir, c'est que dans le monde,
01:38 70% de l'uranium est extrait de terres ou de communautés autochtones.
01:43 Et en réalité, cette extraction aussi massive et à des coûts aussi bas
01:47 ne pourrait pas être possible dans des pays réellement démocratiques,
01:50 avec des normes sanitaires et environnementales beaucoup plus hautes
01:54 que dans certains pays comme le Niger par exemple.
01:56 Lorsque son parc fonctionne normalement,
01:58 le nucléaire permet de produire 70% de l'électricité consommée par les Français.
02:03 En revanche, le nucléaire ne représente que 17% de l'énergie finale consommée par les Français.
02:09 Si bien que les ménages et les entreprises demeurent en fait très largement dépendants
02:13 des produits pétroliers et du gaz qui eux sont importés.
02:17 Pour faire fonctionner ces réacteurs nucléaires, EDF a besoin de combustibles.
02:21 Sur son site internet, on peut lire qu'une grande partie de son combustible
02:25 est acheté au géant américain Westington House
02:28 et qu'une autre partie est achetée notamment à un partenaire allemand
02:32 qui utilise de l'hexafluorure d'uranium,
02:35 qui rentre dans la composition des combustibles, à la Russie,
02:38 donc au géant russe Rosatom.
02:40 Ce qui est vrai, c'est que la France possède sa propre usine d'enrichissement
02:45 et de conversion de l'uranium.
02:47 Elle est exploitée par l'entreprise Orano.
02:49 Ensuite, c'est l'entreprise française Framatome qui construit ces combustibles.
02:53 Mais ce qu'il faut savoir, c'est qu'en France, la dernière mine d'uranium a fermé en 2001
02:57 et que depuis lors, la France dépend exclusivement et totalement de pays étrangers
03:03 pour importer les 9000 tonnes d'uranium frais
03:06 consommés chaque année par nos 56 réacteurs nucléaires.
03:09 Pendant très longtemps, cet uranium a été extrait du sous-sol du Niger.
03:13 Évidemment, ça a été facilité par la France-Afrique,
03:16 donc par les relations asymétriques qui existent entre la France et les pays d'Afrique.
03:21 Aujourd'hui, la France puise principalement son uranium de pays comme le Kazakhstan.
03:26 On se souvient notamment de François Hollande,
03:28 qui n'avait pas hésité à mettre cet espèce de chapka et ce manteau de fourrure
03:32 lors d'une visite officielle au Kazakhstan.
03:34 C'est parce que vraiment, le Kazakhstan est un des fournisseurs majeurs de la France en uranium.
03:39 Mais aussi, toujours aujourd'hui, le Niger, également l'Australie.
03:42 Orano détient des concessions minières en Mongolie.
03:45 Donc voilà, en tout cas, ce qui est sûr, c'est que 100% de l'uranium
03:48 utilisé par la France provient de pays étrangers.
03:52 Alors, ce qu'il faut savoir, c'est que les premiers réacteurs
03:54 qui ont été conçus et fabriqués par la France,
03:57 c'était des réacteurs de conception exclusivement française,
04:00 c'était des réacteurs qui fonctionnaient avec de l'uranium naturel.
04:03 Il se trouve qu'en réalité, ces quelques réacteurs qui ont été d'abord construits,
04:06 ils se sont avérés extrêmement dangereux et beaucoup moins compétitifs que leurs concurrents,
04:10 américains notamment.
04:12 Ce qui fait que dans les années 70, la France s'est rapprochée des États-Unis,
04:16 toujours de cette entreprise Westinghouse,
04:19 afin de créer l'entreprise franco-américaine Framatome.
04:23 En fait, ce qu'il faut savoir, c'est que les Américains ont finalement cédé une licence
04:28 pour fabriquer et construire les réacteurs nucléaires français
04:32 et que finalement, 54 des 58 réacteurs nucléaires français
04:36 ont été construits avec les plans des Américains.
04:39 Dans les années 90, la France s'est lancée d'abord en partenariat avec l'Allemand Siemens
04:44 dans un projet de réacteur européen pressurisé, donc l'EPR de Flamanville.
04:50 Finalement, l'Allemagne s'est retirée du projet,
04:52 ce qui fait que dans les années 2000, EDF s'est retrouvée maître d'œuvre et maître d'ouvrage,
04:56 donc seule à bord pour piloter ce chantier de l'EPR de Flamanville.
05:01 Et en fait, ce qu'on se rend compte, c'est qu'une fois que la France a été seule aux manettes pour ce chantier,
05:06 ça a été vraiment un fiasco, puisque la Cour des comptes a qualifié le chantier
05:10 d'échec opérationnel et de fiasco industriel.
05:13 Le chantier a accumulé un retard de 12 ans.
05:17 Il devait initialement coûter 3 milliards d'euros, finalement il en coûtera 21 milliards.
05:22 Alors, cet EPR de Flamanville devait sortir une électricité à un coût de 42 euros le mégawatt-heure.
05:27 Finalement, la Cour des comptes estime que le mégawatt-heure sortira pour un coût de 120 euros,
05:32 donc c'est plus du double des centrales d'ancienne génération.
05:36 Ce qu'il faut savoir aussi, c'est que l'autorité de sûreté nucléaire,
05:38 donc qui est le gendarme du nucléaire en France, a décelé au fil du chantier de très graves malfaçons,
05:44 notamment sur le béton, sur les soudures, mais également sur la cuve.
05:48 La cuve est un élément central pour la sûreté du réacteur.
05:52 Alors, ironie de l'histoire, c'est que la seule partie conforme de cette cuve,
05:56 donc la partie centrale de la cuve, elle a été forgée dans une usine qui se trouve au Japon.
06:01 Et la seule usine au monde assez grande pour forger les cuves des EPR,
06:06 donc qui sont extrêmement volumineuses, elle est au Japon.
06:09 Donc la France, sans le concours du Japon, ne pourrait pas construire ces nouveaux réacteurs.
06:14 Et l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire a récemment déclaré
06:18 qu'en plus de malfaçons sur la fabrication,
06:20 cette cuve de l'EPR comportait aussi des défauts d'ingénierie, de conception.
06:24 Donc en fait, on se rend compte que la France n'est plus capable ni de concevoir,
06:28 ni de construire, ni d'exploiter ces réacteurs nucléaires sans l'aide de pays étrangers.
06:33 L'industrie nucléaire française aime à dire que le nucléaire est une énergie propre
06:39 parce qu'elle serait recyclée.
06:41 En réalité, ce qu'on se rend compte, c'est que les combustibles usés,
06:43 une fois qu'ils sont passés dans les réacteurs nucléaires,
06:45 ils sont envoyés dans l'usine de retraitement de la Hague, donc dans le Cotentin.
06:49 Une fois sur place, les combustibles sont séparés.
06:52 Donc vous avez les produits de fission qui sont des déchets ultimes.
06:55 Vous avez le plutonium qui est retiré notamment pour fabriquer des bombes atomiques.
06:59 Et vous avez ce qu'on appelle l'uranium de retraitement.
07:01 Mais en réalité, la France n'a pas d'usine capable de faire ce retraitement
07:05 parce que c'est extrêmement difficile à manipuler, c'est très dangereux
07:09 et surtout, ça coûte extrêmement cher.
07:10 Donc depuis des décennies maintenant, la France a un partenariat
07:14 avec une usine secrète située en Russie, en Sibérie.
07:17 Elle envoie chaque année plusieurs milliers de tonnes d'uranium de retraitement
07:22 afin que la Russie le retraite, en sachant que très peu de ce combustible
07:27 est finalement réutilisé dans les centrales nucléaires françaises.
07:31 Donc au final, ce qu'on peut dire, c'est que la France a vraiment besoin
07:34 de ce partenaire russe, non seulement pour retraiter une toute petite partie
07:37 de ces combustibles, mais surtout pour légitimer sa communication,
07:41 comme quoi le nucléaire serait recyclé.
07:44 Un autre équipement crucial pour la sûreté des réacteurs provient de l'étranger.
07:48 Alors ce sont des gros diesels qu'on appelle "diesels d'ultime secours".
07:52 En fait, ce sont d'immenses groupes électrogènes qui sont censés prendre le relais
07:56 pour refroidir les réacteurs nucléaires en cas d'accident
07:59 et de perte d'alimentation électrique.
08:01 En fait, ces diesels d'ultime secours ont été installés par EDF
08:04 sur l'ensemble de ces réacteurs après la catastrophe de Fukushima.
08:08 Ces diesels d'ultime secours ont été achetés à une grande entreprise américaine.
08:12 D'ailleurs, récemment, EDF s'est rendu compte de problèmes de surchauffe
08:16 et même de départ d'incendie sur plusieurs de ces groupes électrogènes.
08:20 Et en fait, elle s'est retrouvée à devoir appeler cette entreprise américaine
08:24 parce qu'elle n'était pas en mesure elle-même de savoir d'où venait le problème
08:27 et de le solutionner.
08:29 Finalement, l'industrie nucléaire française ne pourrait pas fonctionner
08:32 sans la participation d'une multitude de pays, comme on vient de le voir.
08:36 Et il est en fait factuellement faux d'affirmer
08:39 que la France serait indépendante grâce au nucléaire.
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08:44 [Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org]
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