Un tableau polémique vandalisé au Palais de Tokyo, à Paris

  • l’année dernière
Il s'agit du tableau "Fuck abstraction!", objet de polémique car il représente une personne aux mains liées, contrainte à une fellation par un homme sans visage. Pour ses détracteurs, la victime est un enfant, ce que dément l'artiste Miriam Cahn. 

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Transcription
00:00 Edouard, tu voulais nous raconter ce matin l'histoire de cette œuvre d'art vandalisée hier par un homme au Palais de Tokyo.
00:05 Que s'est-il passé ?
00:06 Exactement. Alors vous savez, on voit de plus en plus ces images dans les musées de jeunes activistes
00:10 qui aspergent les tableaux de peinture ou de nourriture.
00:12 Sauf que là, c'est pour défendre une cause écologiste.
00:14 Ce qui s'est passé hier au Palais de Tokyo n'a rien à voir.
00:17 En fait, un homme hier, un octogénaire, se promenait dans les allées du musée.
00:21 Il visitait l'exposition « Ma pensée sérielle » de l'artiste suisse Myriam Kahn,
00:26 qui se tient d'ailleurs au Palais de Tokyo.
00:27 Il a réussi à déjouer la sécurité et il a jeté de la peinture mauve sur une œuvre.
00:33 Sur l'œuvre « Fuck Abstraction ».
00:35 Comme on voit là, il avait dissimulé cette peinture dans une bouteille de médicaments.
00:38 « Fuck Abstraction », c'est le titre de l'œuvre ?
00:41 Oui, exactement.
00:42 Alors, il a été placé en garde-à-vue.
00:43 Mais pourquoi en fait il s'en est pris à cette œuvre ?
00:47 Une œuvre qui fait l'objet de polémiques depuis un moment.
00:49 Qui fait l'objet de nombreuses polémiques, exactement.
00:51 Alors, il a expliqué visiblement, très simplement, aux enquêteurs
00:54 qu'il était mécontent de la mise en scène sexuelle d'un enfant et d'un adulte représenté,
00:59 selon lui, sur ce tableau.
01:00 Alors, effectivement, vous l'avez dit Christophe,
01:01 cette œuvre, ce n'est pas la première fois qu'elle est au centre d'une polémique.
01:04 En fait, « Fuck Abstraction » est une œuvre, on le voit sur ces images, très difficile.
01:08 Elle représente un homme qui impose une fellation à une jeune victime.
01:11 Mais l'artiste dit que ce n'est pas un enfant.
01:13 Pourtant, dès le début de l'exposition,
01:15 elle a fait réagir les associations de défense des droits à l'enfant,
01:19 qui demandaient le décrochage du tableau, car selon eux, il représente un viol.
01:22 Mais le tribunal administratif et le Conseil d'État
01:25 avaient rejeté, il y a deux semaines, cette demande.
01:28 Une pétition en ligne a aussi été créée par une association.
01:31 Elle a été signée par plus de 14 000 personnes pour demander le retrait de l'œuvre.
01:35 Et au mois de mars, la députée du Rassemblement national,
01:38 Caroline Parmentier, avait interpellé la ministre de la Culture
01:41 dans une vidéo qu'elle avait postée sur son compte Twitter.
01:44 Alors, le son n'est pas très bon, mais je vous ai laissé la vidéo.
01:46 En fait, elle explique que c'est effectivement une image
01:49 qui ne devrait pas se trouver dans un musée,
01:51 puisque c'est une œuvre, selon elle, pédopornographique,
01:53 et elle demande le retrait de l'œuvre.
01:55 Et à ce moment-là, il y a la ministre de la Culture,
01:57 Reema Abdelmalak, qui avait dénoncé cette vidéo
02:00 en parlant d'une instrumentalisation de l'œuvre.
02:02 Est-ce qu'elle a réagi depuis les événements d'hier ?
02:04 Absolument.
02:05 Tout à fait, elle s'est rendue d'ailleurs tout de suite sur place
02:08 et elle a publié un communiqué.
02:10 Elle s'est offusquée, bien sûr, de cet acte.
02:12 Elle dit que c'est une attaque directe contre la liberté d'expression.
02:15 C'est vraiment très important pour la ministre de la Culture.
02:18 Elle le répète souvent.
02:19 Ces œuvres sont certes très dures,
02:21 mais elles partent d'une intention qui est de dénoncer
02:23 les horreurs de la guerre.
02:24 Parce que rappelons que l'artiste affirme que le tableau
02:26 ne représente en aucun cas un acte pédopornographique.
02:30 Elle invoque la représentation du viol comme arme de guerre
02:33 et crime contre l'humanité.
02:35 Alors, le musée regrette bien sûr ce geste,
02:37 mais a décidé, en accord avec l'artiste,
02:39 de continuer à exposer l'œuvre dégradée.
02:42 Une manière de soutenir l'art et, je cite,
02:45 "une manière d'enthousiasme, conscience et responsabilité
02:48 envers tous les publics".
02:50 Quant au monsieur qui a dégradé l'œuvre,
02:52 quand même, on va penser un peu à lui,
02:54 il risque, tenez-vous bien, 7 ans de prison
02:56 et 100 000 euros d'amende.
02:57 Mathieu, on va avoir une grille de lecture quand même
02:59 pour comprendre ce type d'œuvre.
03:00 On peut juger ce qu'on veut de l'œuvre présentée.
03:05 À mon avis, quand on commence à encadrer la création artistique,
03:08 ça pose toujours un problème,
03:09 parce qu'il ne faut pas contraindre les artistes.
03:11 Ce n'est pas de la promotion de la pédopornographie,
03:13 c'est une œuvre qui dénonce et qui choque,
03:15 comme souvent les œuvres sont faites par les artistes.
03:17 Pour cela, ce n'est pas en encadrant
03:19 et en restreignant la création artistique
03:21 qu'on arrivera à régler ce type de problème.
03:25 Surtout que je précise qu'évidemment,
03:26 il y a des cartons qui disent qu'il y a des œuvres choquantes
03:29 qu'on peut voir dans ce musée.
03:31 Tous les publics ne sont pas invités.
03:32 Il y a un message de prévention.

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