“Zoli Kér”, la fresque géante du graffeur Réunionnais qui orne une façade du lycée de Vincendo à Saint-Joseph fait l’objet d’une polémique depuis plusieurs jours. L’artiste s’explique.
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00:00 Le titre du projet en lui-même, c'est "Celui qui oublie ses racines n'atteint pas sa destination".
00:05 C'est Zoliker, il apprend le français, il apprend l'histoire de France, qu'il accepte,
00:09 mais il veut retrouver lui aussi en tant que créole, en tant que réunionnais,
00:12 avec son bonne valeur qu'il en a aussi.
00:14 Il y en a trois livres.
00:17 Le premier livre, en fait, c'est un livre d'histoire, d'histoire de France.
00:20 Zoliker, le seul moyen qu'il a encore pour montrer qu'il n'est pas d'accord
00:23 et poser la question où ça l'est, c'est de rayer le livre
00:27 et de mettre, et de réécrire en gros son histoire.
00:30 C'est-à-dire, lui seul livre à voir aussi dans son livre d'histoire de France,
00:34 c'est les histoires à la réunion, son histoire à lui, son histoire, il ressemble à lui.
00:39 Sur les deux autres livres, il y en a un, il écrit "Mon pays bateau fou".
00:42 Zoliker, il comprend dans quel système nous sommes.
00:44 Et après, le livre du milieu, "Créole, mon langue",
00:46 où là, oui, il apprend le français avec son bon professeur,
00:50 comme il a appris l'histoire de France,
00:52 mais il veut aussi qu'il apprenne son langue aussi.
00:57 Pour moi, ma passe de message contre la France
01:03 n'a pas atteint les valeurs de la République pendant la réalisation de la fresque.
01:08 On reste là-bas 19 jours.
01:10 En fait, pendant une semaine et demie, on avait toutes les écoles autour qui étaient bien.
01:14 Et moi, ça explique en fait à ces marmelles-là l'histoire de Zoliker.
01:17 Et pourquoi il a barré le livre ?
01:19 Oui, nous les relier à la France.
01:21 Oui, nous avons notre histoire par rapport à la France,
01:23 mais nous avons aussi notre propre histoire spécifique,
01:26 qu'il ne faut pas oublier.
01:27 Et que nous avons notre langue aussi, le créole,
01:30 qui ne peut pas être la honte de cause créole.
01:32 Parce qu'il faut ça être transmis de génération en génération
01:35 si on ne veut pas que nous meurent.
01:37 Cette polémique-là a été déclenchée par des professeurs.
01:44 Le livre de l'histoire de France, que m'a rayé,
01:47 a offusqué ces professeurs-là.
01:49 Et du coup, le professeur l'a fait remonter au proviseur.
01:52 Ce que je regrette vraiment, c'est que ces gens-là,
01:55 ils n'avaient jamais eu un main.
01:57 Sachant qu'entre la fresque et la porte des professeurs,
02:01 il y avait 18 mètres exactement.
02:03 Il m'a toujours dit, par le biais du proviseur,
02:06 par le biais d'autres personnes que son professeur ou agent du lycée,
02:11 "Eh bien, dis-moi, tu as un main. Dis-moi, tu as un main."
02:15 Non, je n'ai pas eu un main.
02:19 Il m'a eu un premier coup de pression,
02:21 on va dire ça, avant les vacances de mars, pour rectifier.
02:24 Il m'a dit non.
02:24 Il m'a proposé un panneau explicatif
02:27 avec l'histoire de Jolicoeur en créole et en français
02:29 pour que tout le monde y comprenne.
02:30 Donc, il a dit, maintenant,
02:32 je vais envoyer l'histoire de Jolicoeur et une argumentation
02:35 pour que ça se distribue aux marmais et aux professeurs
02:38 pour que ça lance la polémique,
02:39 pour qu'ils comprennent qu'il n'y a aucune attaque.
02:41 Je me suis mis en demeure par rapport au projet.
02:43 Et le chantage, on va dire, c'est que
02:45 s'il ne modifie pas la fresque, je ne vais pas payer.
02:48 Moi, je voudrais bien juste que tout ça arrête
02:51 et que Bonne Marmaille garde sa fresque
02:53 parce que, en fait, ce n'est pas la fresque de Méo,
02:55 c'est la fresque de Bonne Marmaille aussi.
02:57 Quand on connaît ou vous passe un certain message
03:02 et que les mâles comprennent et qu'ils savent aussi loin,
03:06 tu fais mal.
03:06 Je me suis remis beaucoup en question.
03:08 Je me suis demandé, est-ce que le message que je lui ai passé,
03:11 est-ce que c'est le bon ?
03:12 C'est pour ça aussi que je suis allé voir pas mal d'autres artistes
03:16 qui étaient engagés aussi.
03:17 Que ce soit dans la musique, que ce soit dans la peinture,
03:20 je me suis demandé ce qu'ils pensaient.
03:21 Est-ce qu'ils m'ont bien fait ?
03:23 Et là, le confort est un peu dans mon idée.
03:26 Le problème ne venait pas de moi,
03:28 mais le problème vient du profond de ces gens-là.
03:32 À nous, en tant qu'artistes de La Réunion,
03:34 tout confondu, chants, danses, peu importe,
03:38 quel rôle on a vraiment
03:40 quand on veut transmettre l'histoire de notre pays ?
03:43 Quel rôle on a encore si à chaque fois,
03:44 on essaie de couper dans notre élan ou censurer
03:47 parce qu'il ne plaît pas à certaines personnes ?
03:50 [Musique]