L'interview d'actualité - Christophe Robert

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Ce mardi 9 mai 2023, Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, aurait dû co-animer le Conseil National de la Refondation Logement pour soumettre des propositions au gouvernement face à la crise qui sévit depuis plusieurs années. Cette réunion majeure a finalement été reportée alors que pendant plus de cinq mois, des centaines d’acteurs du logement se sont mobilisés pour trouver des solutions et définir ensemble une nouvelle politique du logement. Une changement de programme inattendu qui crispe notre invité d’autant plus que la Première ministre, Élisabeth Borne, avait promis le 26 avril dernier de s'attaquer à la question du logement lorsqu’elle avait présenté sa nouvelle feuille de route. Est-ce encore une priorité pour le gouvernement ? Comment redresser ce chantier colossal ? La réponse avec Christophe Robert.

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Transcript
00:00 Bientôt 8h15 lors de l'interview d'actualité et Julia vous recevait ce matin Christophe Robert, le délégué général de la fondation AB Pierre.
00:06 Bonjour Christophe Robert, merci d'avoir accepté l'invitation de Télé Matins.
00:10 Alors hier le 9 mai, vous auriez dû présenter en tant que co-animateur du CNR, donc le Conseil National de la Refondation Logement,
00:19 des propositions au gouvernement et cette réunion a été décalée à une date ultérieure, pourquoi ?
00:25 Écoutez, ça nous a un petit peu surpris parce que pendant plus de cinq mois, 200 acteurs du logement,
00:30 bailleurs sociaux, associations, promoteurs, spécialistes, chercheurs, élus, se sont mobilisés pour définir les contours d'une nouvelle politique du logement.
00:39 Les propositions devaient être présentées hier, de notre point de vue tout était prêt et on attendait les arbitrages, les décisions auxquelles ça allait conduire
00:47 et on nous annonce vendredi que c'est annulé. Alors écoutez, il y a deux hypothèses, on nous dit que c'est des problèmes d'agenda,
00:51 peut-être que les arbitrages n'étaient pas complètement établis, si c'est ça, très bien, mais il faut que très rapidement une nouvelle date soit fixée.
00:58 Vous n'avez pas de nouvelle date qui a été fixée, même pas un ordre d'idée, ça se joue en semaines, en mois ?
01:02 On nous a dit que ce serait dans une dizaine de jours, je pense que ce serait bien. Vous savez, ça passe vite un quinquennat,
01:06 ça fait déjà plus d'un an que le quinquennat a commencé, on a besoin de savoir où le gouvernement veut aller en matière de politique du logement,
01:13 les besoins sont énormes, il faut maintenant les réponses.
01:15 D'autant plus que le 26 avril dernier, Elisabeth Borne a promis de s'attaquer à la question du logement quand elle a annoncé sa nouvelle feuille de route.
01:22 Est-ce qu'on peut penser que ce n'est pas tout à fait la priorité du gouvernement, le logement ?
01:27 Il y a deux choses, c'est que pendant 5-6 ans, on a tous constaté que le logement n'était pas du tout la priorité du gouvernement.
01:33 Le logement a servi plutôt à faire baisser les dépenses de l'État pendant les cinq premières années, enfin le premier quinquennat,
01:40 et dès la première année du deuxième quinquennat, on a vu encore des coupes importantes sur les bailleurs sociaux.
01:45 Donc il y a un moment où on se dit, ce sujet qui est prioritaire pour les Français,
01:49 parce que c'est le premier poste de dépense des ménages, ça a un impact sur la santé, sur l'école, sur l'écologie qui est considérable,
01:55 et non pas que rien ne se fasse, mais on n'est pas du tout à l'ampleur des enjeux que pose le logement dans notre pays aujourd'hui.
02:01 Parce que l'objectif du CNR c'était quoi ? C'était mettre finalement la fin de la crise du logement ? C'est ça votre objectif ?
02:08 C'est le président de la République qui est au CNR de Marcoussis quand il lance cette nouvelle méthode de gouvernance,
02:13 en disant maintenant on va gouverner avec tous les acteurs, constate qu'autour de la table les gens disent "mais le logement c'est très très important".
02:20 Donc il dit "ok on fait un CNR logement". Il nous le confie avec Véronique Bédard qui est directrice de Nexity,
02:25 on mobilise énormément d'énergie pendant cinq mois, et l'idée c'est quoi ? C'est de définir les contours d'une nouvelle politique du logement.
02:32 Donc une politique qui soit plus sociale, plus écologique, qui réponde mieux aux besoins de nos concitoyens, au développement des territoires.
02:38 Il faut quand même se dire que ça peut avoir un impact considérable sur l'emploi, sur la vie quotidienne de nos concitoyens.
02:44 Donc maintenant le travail a été fait, il nous faut les réponses politiques, mais il ne faut pas tarder.
02:49 Je veux dire c'est un grand paquebot le logement, on ne change pas comme ça la politique du logement.
02:52 Il y a beaucoup de sujets, notamment le sujet des logements sociaux. On est vraiment très très en dessous de ce qu'il faudrait ?
02:58 Bien sûr. En fait le nombre de logements sociaux pour vous donner une idée, il est passé de 125 000 à moins de 100 000 au cours du dernier quinquennat.
03:06 Et globalement la production de logements a baissé. Et le coût du logement n'a pas cessé d'augmenter simultanément.
03:12 Donc ça devient un problème considérable. Pour nous c'est un problème de même nature que l'emploi, la justice, la santé et la question scolaire.
03:20 Or cette question du logement n'est pas considérée par le gouvernement à cette juste mesure.
03:25 Et dites-moi, tout ce qui est passoire énergétique, est-ce que vous pensez qu'on est bien accompagné ?
03:30 Est-ce que le gouvernement a bien fait de faire passer ça alors que même qu'il est très difficile pour les Français de pouvoir rénover leur logement ?
03:38 Est-ce qu'on est suffisamment accompagné ?
03:40 Alors non. C'est-à-dire que c'est un des domaines où il y a eu des efforts qui ont été faits avec le dispositif MaPrimeRénov' qui aide les ménages à rénover leur logement.
03:48 Mais ce qui nous manque, et le CNR le dira, c'est de pouvoir faire des rénovations qui sont vraiment performantes.
03:54 Qu'il faut vraiment réduire la facture des ménages en termes de charges et réduire nos émissions de gaz à effet de serre. C'est ça les deux objectifs.
04:00 C'est un des axes forts du CNR, c'est de dire, il faut aider les ménages, les accompagner, développer une filière qui va fonctionner pendant 10 ans,
04:08 se fixer des objectifs, donner plus de moyens pour rénover plus globalement, de manière plus performante les passoires thermiques,
04:14 et permettre aux ménages modestes qui n'ont pas forcément de quoi rajouter les 10 000, 20 000 euros, de pouvoir faire ces travaux absolument nécessaires.
04:21 Et pour ceux qui veulent accéder à la propriété, c'est un problème aussi, puisqu'on le voit bien, les banques, on est d'accord, ne prêtent plus.
04:26 C'est quoi le problème ? C'est les taux d'intérêt qui augmentent ou les banques qui ne prêtent plus ?
04:29 Pourquoi les Français, les jeunes couples notamment, ne peuvent plus accéder à la propriété ?
04:32 Le premier problème, c'est que c'est trop cher. C'est-à-dire qu'il y a 40 ans, il y avait des ouvriers, des classes moyennes inférieures qui pouvaient accéder à la propriété,
04:38 qui ne le peuvent pas aujourd'hui. Donc il faut faire baisser les prix du logement.
04:42 Dans le CNR, il y a la volonté de faire baisser le coût du logement, par exemple en maîtrisant mieux le foncier, qui a une part importante dans le coût du logement.
04:49 Et vous savez, ce CNR, il va des personnes sans domicile, dont je rappelle que le nombre a doublé en 10 ans, vous vous rendez compte,
04:55 dans un pays comme le nôtre, on a doublé le nombre de personnes sans domicile jusqu'aux accès dans la propriété.
05:00 C'est parce que c'est toute cette chaîne qu'il faut, à qui il faut donner maintenant de la dynamique. Les acteurs, ils sont là.
05:07 Y compris dans la location d'ailleurs, parce que là, on parle de l'accession au logement, mais il y a des gens qui n'arrivent même plus à louer d'appartement,
05:11 je pense aux étudiants notamment. Alors c'est quoi ?
05:13 Vous vous rendez compte, vous avez vu les prix ? 700 euros pour un studio, ça veut dire qu'il n'y a que ceux qui ont des garants,
05:18 ça veut dire qu'il n'y a que ceux qui ont des ressources considérables qui peuvent se loger aujourd'hui. On ne peut pas l'accepter.
05:22 Juste quand vous évoquez la question des garants, eh bien justement, il y a un dispositif qui s'appelle le dispositif VISA.
05:27 Eh bien nous, on propose dans le CNR de l'élargir. Mais il faut augmenter la production de logements sociaux.
05:31 Mais il faut faire monter en puissance le politique du logement d'abord aussi pour les personnes sans domicile.
05:36 Ce dispositif dont vous parlez, on est d'accord que c'est finalement quand on n'a pas de garant, on demande, c'est ça, la garantie à quelqu'un d'autre qui gère ?
05:42 Oui, action logement en l'occurrence. En fait, c'est quoi l'idée ? C'est de dire que vous pouvez être aidé par vos parents, vous vous en sortez,
05:47 ou la famille ou quelqu'un, ou quand vous avez les ressources, il n'y a pas de problème. Mais quand vous êtes seul, quand vous ne pouvez pas être aidé,
05:52 et qu'un propriétaire vous dit "moi, il me faut un garant", eh bien je n'en ai pas. Il faut développer une aide publique qui s'appelle donc aujourd'hui garantie VISA,
06:00 qui est gérée par action logement. Mais action logement couvre une partie du public. Eh bien nous, nous proposons de l'élargir.
06:06 Et c'était la seule promesse d'Emmanuel Macron sur la politique du logement pendant sa campagne 2022. Mais depuis un an, on n'en a pas entendu parler.
06:13 Eh bien il nous faut les réponses à partir de, j'espère la semaine prochaine, autour du futur CNR Logement.
06:18 Eh bien nous espérons que vous serez entendu. Merci beaucoup Christophe Robert d'avoir accepté l'invitation de ce matin.

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