Série MASQUE(s) - Interview du réalisateur

  • l’année dernière
Entretien avec Lionel Baillemont, le réalisateur de la série web MASQUE(s), dont le premier épisode intitulé "La Femme qui tuait des Hommes"
est disponible sur YouTube grâce au lien suivant :
https://youtu.be/elJP4F9K6hU
Cast: Thomas SHIROU, Alixia BUSCH, Lia NICKS
Music: Serge Pavkin, Scott Buckley, Saverio Blasi (Savfk), Kris Klavenes, Aaron Ken, Per Kiilstofte, Paul Velchev
Assistant: Claudia Zeischka
Screenwriter and director: Lionel BAILLEMONT
© 2023 opheliafilm@yahoo.com
https://opheliafilm.com/
Transcript
00:00 [Musique]
00:26 Effectivement, qui n'est pas fasciné par l'Égypte ?
00:30 Qu'on soit petit, grand, on a toujours, je pense, à tous les âges, eu une fascination pour l'Égypte.
00:35 Moi comme les autres, c'est un pays dans lequel je me suis rendu cinq fois, que j'ai visité,
00:40 et c'est vrai qu'on a le sentiment qu'on n'en a jamais vraiment fait le tour.
00:45 J'ai eu beau passer trois jours dans le musée du Caire,
00:50 j'avais l'impression de ne pas avoir vu tout ce qu'il y avait à voir
00:53 et de ne pas vraiment réaliser l'importance de tout ça.
00:57 Alors, ils étaient en avance absolument sur tout, tout ce qu'ils faisaient semblait merveilleux,
01:03 et depuis ce mythe perdure, donc ça faisait très longtemps que je voulais créer quelque chose autour de l'Égypte.
01:09 J'avais les costumes, il ne me manquait plus que l'histoire, ce qui était déjà pas mal,
01:14 et donc j'ai essayé de créer quelque chose dans lequel l'Égypte soit présente,
01:19 d'une façon contemporaine, pas nécessairement quelque chose d'ancien.
01:23 Je pense qu'il aurait été très difficile, pour ne pas dire impossible,
01:26 de recréer vraiment l'Égypte tel qu'on la voit au début de La Momie, le film La Momie par exemple,
01:31 avec Brendan Fraser, qui est vraiment une scène d'entrée absolument sublime sur l'Égypte,
01:35 et donc j'ai essayé une autre approche, plus contemporaine.
01:38 On se cache tous derrière un masque.
01:45 C'est le sous-titre qui apparaît au début sur le générique,
01:49 et ça semble, en toute apparence, être une vérité,
01:54 puisque qui peut dire vraiment la vérité sur toutes ses opinions,
01:59 qui peut dire ce qu'il ressent à chaque instant, sans vexer les uns et les autres, c'est quasiment impossible.
02:04 Donc on est tous, je crois que c'est une vérité, dissimulés et bien cachés derrière un masque.
02:11 Alors, ce film exploite aussi cette histoire,
02:15 parce que cette femme et cet homme qui se retrouvent face à face, en fait, portent tous les deux un masque,
02:20 donc qui, là-dedans, comment on va dire ça, détient la vérité et qui ne la détient pas,
02:27 c'est pas évident à deviner.
02:29 Et je crois que dans la vie, c'est exactement la même chose.
02:31 Quand on est confronté à quelqu'un qu'on ne connaît pas, on ne sait pas ce qu'il pense.
02:35 On est vraiment un peu sur la prudence, si on peut dire,
02:39 et en même temps, on est attiré de savoir qu'est-ce qu'il y a vraiment derrière ce personnage.
02:43 Donc on est ambigu, on veut savoir et en même temps on est effrayé
02:46 parce qu'il peut se cacher derrière le masque de quelqu'un.
02:49 Donc on a choisi, à mon avis au départ, peut-être à titre de défense,
02:54 de porter tous un visage, de montrer un visage,
02:57 qui n'est pas nécessairement ce que nous ressentons profondément, ce que nous sommes profondément.
03:01 Et si des fois on a le malheur de le montrer,
03:04 ça peut engendrer des conséquences assez graves sur notre vie
03:09 et sur la vie peut-être même d'autrui,
03:11 parce que si quelqu'un sait tout le mal qu'on pense de lui,
03:13 peut-être il n'a pas envie de venir nous inviter à manger
03:16 ou de nous serrer la main le lendemain.
03:18 Alors qu'en fait, on a le droit aussi.
03:20 On a le droit de penser du mal de quelqu'un, on a le droit de...
03:23 Alors, comme au 18e siècle, quand on disait "Monsieur, je n'aime pas ce que vous dites",
03:27 on avait le courage de dire aux gens ce qu'on pensait intérieurement.
03:31 Aujourd'hui, c'est quand même un petit peu plus difficile.
03:34 Alors, j'ai essayé dans ce court film
03:43 d'avoir une approche différente, visuelle,
03:46 de la façon que j'ai de travailler.
03:50 Alors, en quoi se prétend-elle différente ?
03:54 Elle se prétend différente peut-être par une certaine modernité.
03:57 J'ai essayé de changer un peu ma façon de faire des plans,
04:01 de monter des scènes, etc.,
04:03 d'accélérer des musiques plus modernes,
04:06 même si j'en avais déjà mis des très modernes dans "Libertas".
04:09 Là, j'ai essayé aussi de mettre quelque chose d'un peu...
04:12 actuel, si je peux dire,
04:15 et donc essayer aussi d'avoir un montage un tout petit peu plus rapide
04:18 et une approche plus rapide.
04:20 Autrement, la véritable révolution de ce film,
04:24 c'est que c'est mon premier film contemporain.
04:26 Je n'ai jamais fait d'histoire qui se passe aujourd'hui.
04:29 Je n'ai jamais eu de scénario, je n'ai jamais développé un scénario
04:32 qui se passe dans une actualité, on va dire, moderne.
04:35 Et donc, c'est un peu les deux révolutions.
04:38 C'est d'abord un film qui se passe aujourd'hui
04:41 et aussi essayer d'avoir une approche visuelle un tout petit peu différente
04:44 du travail que je fais habituellement.
04:46 La question récurrente des films historiques, c'est le décor.
04:50 Et il est évident que trouver aujourd'hui des décors
04:54 qui peuvent permettre de tourner du 18e siècle, du 19e siècle, du 16e, etc.,
04:58 c'est compliqué.
05:00 Autant, alors là, le 20e, on a beaucoup moins de difficultés,
05:03 puisque là, on est vraiment dans l'actualité complète.
05:06 Donc là, ce n'est pas un problème, ça, de trouver des décors.
05:09 Donc là, j'ai néanmoins essayé de trouver un décor
05:12 qui soit en adéquation, ni trop moderne,
05:15 ni trop daté en même temps,
05:17 de manière à ce que les personnages, habillés en égyptien,
05:20 ne se retrouvent pas au milieu d'un carrefour
05:23 ou quelque chose dans une maison très, très moderne.
05:26 Donc c'est vrai que la piscine et le plan d'eau,
05:29 c'est un petit peu quelque chose d'un peu éternel.
05:32 Et là, en plus, on a tourné la nuit avec des flambeaux et des bougies.
05:36 Donc on a réussi, je pense, à pallier à quelque chose
05:40 qui serait trop moderne.
05:42 Même si le décor, on a bien conscience que quand on voit la lumière
05:46 dans le fond de la piscine, on a bien conscience qu'on est aujourd'hui.
05:50 Mais pour autant, je n'ai pas voulu faire quelque chose d'ultra-moderne,
05:54 c'est-à-dire mettre derrière les personnages en égyptien
05:57 quelque chose qui fasse tâche, qui soit choquant.
06:00 Et là, je pense qu'on a trouvé le bon équilibre
06:03 entre une approche, on va dire, historique
06:06 et une approche dite moderne.
06:08 Je pense que le challenge pour ça a été bien mené.
06:11 Sous-titrage Société Radio-Canada
06:13 [SILENCE]

Recommandée