70 ans après sa mort, Jean "Django" Reinhardt reste un maître incontesté de la guitare, du jazz et plus généralement de la musique. Sa technique de jeu et ses compositions continuent, encore aujourd'hui, de donner du grain à moudre à tous les passionnés. Pourquoi ?
Django se lance dans la musique dès l'âge de 12 ans, en apprenant d'abord le violon, puis le banjo et, enfin, la guitare. Victime d'une grave brûlure à la main gauche, en 1928, il doit apprendre à jouer avec seulement deux doigts, ce qui le propulse au rang de "dieu de la guitare", explique Sébastien Llinares, guitariste et producteur à France Musique.
#djangoreinhardt #guitar #jazzmanouche #jazz #cultureprime
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Vidéo : Pierre-Yves Georges
Captation : Alexandra James
Responsable pôle vidéo : Lucie Bombled
Archives vidéo & audio : INA (Documentaliste : Haude Vassent)
Archive vidéo additionnelle : "Jazz Hot", documentaire non attribué de 1939
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Django se lance dans la musique dès l'âge de 12 ans, en apprenant d'abord le violon, puis le banjo et, enfin, la guitare. Victime d'une grave brûlure à la main gauche, en 1928, il doit apprendre à jouer avec seulement deux doigts, ce qui le propulse au rang de "dieu de la guitare", explique Sébastien Llinares, guitariste et producteur à France Musique.
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00:00 Ce qui est amusant chez Django, c'est que c'est un génie incontestable de la guitare.
00:08 C'est unanime que sa technique est toujours aussi admirable, aussi solide, que son inventivité
00:15 est toujours aussi forte.
00:16 Et c'est le seul musicien que je vois qui bénéficie de ce statut.
00:20 Django Reinhardt a explosé les frontières des styles.
00:35 Alors si son style de jeu et même de la musique qu'il a inventée continuent d'évoluer
00:40 aujourd'hui et sont encore vivantes, comme on le disait, je pense que son influence est
00:45 vraiment bien bien au-delà de la population des guitaristes jazz français.
00:51 Il y a ce fameux accident en 1928.
00:57 Sa roulotte prend feu et lui avec.
01:00 C'est-à-dire qu'il est gravement brûlé, la moitié du corps, pas que la main.
01:05 Il perd la mobilité de deux doigts de la main gauche.
01:08 Cette prouesse de résilience là qui va se passer, c'est-à-dire qu'il va réussir
01:12 à inventer des techniques, des techniques époustouflantes avec trois doigts.
01:17 Ça projette Django comme un espèce de dieu de la guitare.
01:22 Il y a un aspect un petit peu légendaire, aussi un petit peu mythologique dans la vie
01:35 de Django, non seulement parce que c'était quelqu'un qui était très attaché à sa
01:39 liberté et que selon les dires de ses collègues musiciens, il n'était pas rare qu'il
01:46 ne se pointe pas aux répétitions, qu'il ne se pointe pas aux séances de studio et
01:51 ni même aux concerts parfois.
01:53 C'est-à-dire que quand on lui attribue un rôle un peu trop enfermant, Django, il s'échappe.
01:58 Il avait d'ailleurs une espèce de spontanéité absolument radicale.
02:10 Les improvisations chez Django, c'est vraiment rien de préparé du tout.
02:13 Il y a plein de témoignages où il arrive dans une session d'enregistrement, il ne
02:19 sait pas ce qu'on joue, il s'assoit.
02:20 Et même si le thème est compliqué, même si c'est des très très grands musiciens,
02:26 il capte tout de suite ce qui se passe et il joue.
02:29 C'est exactement comme s'il parlait, mais avec les notes.
02:32 Techniquement, il y a quelque chose de très important, c'est que Django Reinhardt vient
02:42 du banjo.
02:43 Et ça a vraiment une conséquence très importante parce que quand on joue du musette à côté
02:50 d'un accordéon avec un banjo, pour se faire entendre, il faut vraiment développer un
02:55 coup de médiator, un coup de poignet très puissant pour que le son arrive à sortir
02:58 du spectre de l'accordéon.
03:01 Et Django a transposé cette technique-là qu'il avait apprise au banjo sur la guitare
03:08 jazz.
03:09 Donc Django utilise beaucoup ce coup de médiator vers le bas pour avoir beaucoup de puissance,
03:14 pour avoir une présence acoustique.
03:16 Et c'est aussi la base de la rythmique qui fait le socle de cette musique, c'est-à-dire
03:22 la pompe.
03:23 Le jeu en butée, c'est le fait, lorsqu'on pince une corde, de s'appuyer sur la corde
03:35 du dessous quand on joue avec les doigts, c'est-à-dire dans la musique espagnole.
03:39 On s'appuie sur la corde du dessous après avoir pincé pour donner un peu plus de puissance.
03:47 Django, il prend le médiator et il fait la même chose, mais dans l'autre sens, c'est-à-dire
03:51 que vers le bas, il va s'appuyer sur la corde du dessous pour donner plus de puissance.
03:58 Il perd l'usage et la mobilité, suite à son accident d'incendie, de roulotte, du
04:17 troisième et du quatrième doigt de la main gauche.
04:20 Il n'a plus que le pouce derrière le manche, donc il n'a plus que ses deux doigts pour
04:23 faire les gammes, pour faire les arpèges, pour faire les accords.
04:27 Par exemple, sur ces longues phrases qu'il fait souvent en glissando, c'est-à-dire
04:32 on parcourt toutes les cases de la guitare.
04:34 Nous, on ferait avec les quatre doigts.
04:40 Il va développer quelque chose ou il va faire… Son style est très riche et le moindre de
04:54 ses solos est chargé en harmonie, en inventivité, en technique, qui nous donne à nous tous
05:01 du grain à moudre pendant des années.
05:03 Il n'y a pas d'héritier de Django, ou alors il y en a des milliers.
05:09 C'est-à-dire qu'il est à la fois celui qu'on ne cesse d'imiter, que tout le monde
05:13 imite, et celui qui est inimitable.
05:15 [Musique]
05:34 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org