Gavin's Clemente Ruiz nous raconte le stade du premier mai en Corée du Nord.
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00:00 "Europe 1, historiquement vôtre" avec Stéphane Bern.
00:04 Mais à y'a quel époque, mais à y'a quel époque...
00:07 Oui mais à y'a quel époque, une époque et même plusieurs qu'on vous raconte chaque jour pendant deux heures.
00:11 Toujours avec Jean-Luc Lemoine, David Cassez-Lopez qu'on retrouve dans un instant.
00:14 Et aujourd'hui avec vous, eh bien, Gavins Clemente-Ruiz, notre globe-trotteur de l'histoire.
00:19 Ça s'est passé dans le passé, on remonte à la fin du XXe siècle en Corée du Nord,
00:24 à la découverte d'une dictature qu'il n'a pas l'habitude de faire dans la demi-mesure.
00:28 La preuve, s'il en fallait une, avec ce stade du 1er mai construit en 1989 à Pyongyang, la capitale de la Corée du Nord.
00:35 Exactement Stéphane, ce stade du 1er mai, c'est un peu la réponse énervée de la dictature de Corée du Nord,
00:41 vexée parce que son ennemi juré la Corée du Sud s'est vu attribuer l'organisation des Jeux Olympiques d'été à Séoul en 1988.
00:48 Alors, en guise de réponse, la Corée du Nord s'est mise à construire tout plein d'infrastructures,
00:54 toutes plus gigantesques les unes que les autres, et c'est comme ça qu'est sorti de terre le stade du 1er mai.
00:59 1er mai, j'imagine, c'est en hommage à la fête du travail ?
01:02 Oui, aussi parce que, tout simplement, c'était son jour d'inauguration, on ne va pas chercher loin dans les dictatures.
01:06 Et il faut dire que les symboles dans les dictatures en général, et en Corée du Nord en particulier, ça compte énormément.
01:12 Et de ce côté-là, on est assez gâté avec ce stade.
01:14 Alors déjà, le stade du 1er mai de Pyongyang, il est tout simplement le plus grand du monde aujourd'hui encore.
01:20 Alors imaginez, il peut accueillir 150 000 personnes.
01:23 À titre de comparaison, devinez, sur cette table, combien de spectateurs le Stade de France peut accueillir ?
01:30 80 000 ?
01:31 80 000 ?
01:32 80 000 ?
01:33 80 000, moi je dis 80 000.
01:35 100 000 ?
01:36 Non, 80 000.
01:37 80 000, parfait.
01:38 J'aime le foot.
01:39 Vous aimez les couilles, ça.
01:40 Et il y a 49 000 pour le Parc des Princes aussi, pour vous donner un petit ordre de comparaison.
01:46 Ça vous donne une idée aussi du gigantisme de cette construction et de cette course à l'échalote dans laquelle s'est lancé le régime totalitaire de Pyongyang
01:53 après cette annonce attribuée, les JO, à Séoul en 1988.
01:57 À part la grandeur, ce stade, qu'est-ce qu'il a de plus ?
02:00 C'est son architecture.
02:01 Alors, les tribunes sont surmontées de 16 arches.
02:04 Les plus critiques vis-à-vis de l'architecture nord-coréenne diront que ça ressemble à 16 parachutes, quand on les voit de loin.
02:10 Les fans de l'architecture nord-coréenne, parce que ça doit certainement exister, voient plutôt une immense fleur de magnolia.
02:16 Ah oui, pourquoi le magnolia ?
02:17 C'est tout simplement la fleur nationale nord-coréenne.
02:21 Ah, je ne savais pas.
02:22 J'ai une si belle fleur pour une dictature.
02:24 Mais qu'est-ce qu'on y voit dans ce stade ? Il y a des matchs de foot, des concerts.
02:29 Là encore, Stéphane, le régime totalitaire ne fait pas les choses à moitié.
02:33 Le jour de l'inauguration, c'est un show à la coréenne, très polissé, très coloré, à la gloire du dirigeant qui a été présenté.
02:40 Tout ça sous couvert de fêtes de la jeunesse, c'est comme ça qu'on appelle ça.
02:44 De quoi rappeler aussi les rassemblements de la jeunesse hitlérienne en Allemagne-Lasie.
02:48 Quand on voit les images, c'est un vrai outil de propagande.
02:51 Et le plus souvent, en effet, on y organise aussi des compétitions sportives, de gym, de taekwondo.
02:56 Et à chaque fois, le show est presque plus impressionnant dans les gradins plutôt que sur la piste.
03:01 Pourquoi ?
03:02 Tout est très quadrillé, c'est une organisation au cordeau, on est dans une dictature, n'oublions pas.
03:07 L'ordre doit régner. Dans ce cadre-là, chacun des 150 000 spectateurs, dans ce stade du 1er mai à Pyongyang,
03:12 se voit remettre un petit livret qui comporte plusieurs pages colorées.
03:16 Et à des moments précis, comme dans un ballet, les spectateurs tournent les pages pour former une image mouvante.
03:22 C'est un peu comme si chaque personnage, chaque personne dans le stade devenait un pixel vivant, si je devais un peu résumer.
03:27 - Mais ceux qui se trompent, ils les exécutent. - N'exagérons rien, mais presque.
03:33 Mais bien souvent, quand on regarde ces images de ces petites pages qui se tournent,
03:38 c'est le visage de Kim Jong-un qui apparaît, bien sûr, ou alors c'est le portrait d'un petit papy bien souriant
03:44 qui tient une jeune fille encore plus souriante avec un petit drapeau de la Corée du Nord dans ses bras et dans ses mains.
03:50 Ça sent la propagande à plein nez, mais l'idée, c'est bien de montrer que le collectif domine sur l'individualisme.
03:57 - Mais on n'y voit que du sport dans le plus grand stade du monde ? - Eh bien non, c'est aussi une vitrine diplomatique
04:02 pour montrer au monde la puissance nord-coréenne. Parfois, le stade devient une vraie arène politique.
04:07 Les dirigeants sud-coréens y ont été conviés pour des rencontres très médiatisées.
04:11 On a même vu à l'époque où Bill Clinton dirigeait les Etats-Unis,
04:14 Madeleine Albright, qui était alors secrétaire d'État américaine, venir rencontrer le dirigeant nord-coréen
04:19 en plein milieu de ce stade du 1er mai, toujours prenant soin de montrer la puissance nord-coréenne
04:24 par le nombre et la rigueur de l'encadrement en soi, toutes les marques, en quelque sorte, de la dictature.
04:29 - Eh bien merci beaucoup, Gavins, pour cette visite du plus grand stade au monde, construit en Corée du Nord,
04:34 un vrai outil à la solde de la dictature en place dans ce pays d'Asie.
04:37 Mais vous y êtes allé déjà ? - Ah non, je ne suis jamais allé en Corée du Nord.
04:41 - Jamais ? - Non. - Bah, cela dit, c'est mieux pour vous.
04:44 - Je n'ai pas le sens de la fête. - Non, mais il risque de vous garder.
04:48 - Je ne suis pas très coordonné pour tourner les pages de mon petit livret, vous savez.
04:51 - En tout cas, merci beaucoup, Gavins, mes aïeux qu'à l'époque.
04:55 Et dans un instant, c'est le début de la fin, ou le début tout court,
04:58 puisqu'avant de partir, on remonte aux origines avec David Cassé-Lopez et son appli Shazam.